Chapitre 24
— Toi... siffla Drago en voyant la jeune femme entrer. Qu'est-ce que tu viens fiche ici ?
— Je... Je viens te faire des excuses, Drago, dit alors Hermione en baissant la tête.
Elle la releva et fit quelques pas en direction de Drago, se planta devant lui et tendit les mains, les yeux humides. Le Serpentard recula d'un pas et Hermione sentit son visage se défaire.
— Drago, je t'en supplie, pardonne-moi... Je ne voulais pas... Je n'ai jamais voulu te faire de mal... Pardon...
— C'est impossible ! répliqua Malefoy en se détournant.
La jeune femme recula d'un pas et trébucha. Elle perdit l'équilibre et tomba sur les genoux. Elle baissa alors la tête et se mit à sangloter. Elle sentait la présence de Harry dans la pièce mais il ne vint pas vers elle pour l'aider à se relever.
— Tu as brisé ma famille ! Tu entends ? Brisé ! s'exclama alors Malefoy en pivotant brusquement.
— Drago, je t'en prie, calme-toi, dit Harry. Crier ne sert à rien.
Drago se tendit et s'éloigna vers la fenêtre. Il s'y appuya puis soudain, il se redressa et donna un violent coup de poing contre la pierre et se blessa. Il regarda la blessure et serra les mâchoires.
— C'est fini... Ma famille est brisée... Comme les os de ma main... Ma mère est partie... dit-il, le ton dur.
Il se retourna alors brusquement et pointa Hermione du doigt.
— C'est de ta faute ! Tout est de ta faite !
— Non ! hurla Hermione en se relevant. Ce n'est pas vrai ! Tu mens, tu mens, tu mens !!
Elle regarda Harry en quête de soutient mais n'en trouvant pas, elle quitta le bureau en courant.
Hermione s'assit dans son lit en étouffant un cri et porta ses mains à sa bouche. Elle fondit aussitôt en larmes et se roula en boule sous les couvertures. Une main se posa alors sur son épaule et, d'un coup de rein, la jeune femme pivota et se blotti contre le large torse de Lucius qui l'enserra dans ses bras.
— Ce n'est rien, dit-il. Ce n'est qu'un cauchemar...
Hermione se calma, renifla, puis se dégagea des bras forts et s'assit au bord du lit. Elle attrapa sa robe et l'enfila puis elle se leva en enfila son dessous.
— Hermione...
— Je vous en prie, je...
Hermione se figea, soupira, puis se retourna et observa l'homme assis dans le lit. Elle se mordit la lèvre puis s'assit au bord du matelas et il posa une main sur son genou.
— Une bonne discussion avec mon fils et Potter s'impose, dit-il en lui caressant le menton. Voilà trois semaines qu'ils sont partis, ils devraient logiquement rentrer la semaine prochaine, prenez votre courage à deux mains et allez leur expliquer.
— Qu'y a-t-il à expliquer ? demanda Hermione en baissant la tête. Nous sommes amants depuis trois semaines...
Elle haussa les épaules et Lucius soupira par le nez.
— Vous devez cesser de faire ces cauchemars qui n'ont ni queue ni tête et qui rendent notre relation encore plus compliquée qu'elle ne l'est déjà, répondit-il en quittant le lit à son tour.
Il s'habilla d'un geste de sa baguette puis pivota et Hermione l'observa. Elle lui adressa un mince sourire, il inclina la tête puis quitta la chambre et Hermione se retrouva seule. Elle regarda alors autour d'elle et passa une main dans ses cheveux.
Afin de ne mettre personne en porte-à-faux, ils se retrouvaient dans un des nombreux hôtels de Londres, différent à chaque fois, quand ils avaient envie de se voir.
S'ébrouant, Hermione récupéra ses affaires et quitta la chambre à son tour. Elle transplana dans le couloir et reparut à Pré-au-Lard. Elle découvrit avec surprise Ron qui observait la vitrine de Zonko.
— Salut ! lui lança-t-elle comme si de rien n'était. Qu'est-ce que tu fais là, tu ne m'as pas dit que tu descendais !
— Salut, Mione, et je ne savais pas ce que tu faisais cet après-midi alors...
Hermione haussa un sourcil.
— Comment ça, ce que je faisais ?
Ron lui jeta un regard en biais.
— Ne me prend pas pour un idiot, dit-il en délaissant la vitrine. Tu crois que je n'ai pas remarqué que tu files à l'anglaise trois fois par semaine depuis que tu es allée chez les Malefoy ?
Hermione se mordit les lèvres. Elle se sentit rougir et Ron râla en se détournant.
— Si Harry et Malefoy l'apprennent, tu vas passer un sale quart d'heure, tu sais ?
— C'est ma vie, Ron, répondit Hermione en fronçant les sourcils. Si j'ai envie d'avoir pour amant un homme marié, c'est moi que ça regarde.
— Ok, d'accord avec le principe, mais pas le père d'un ami !
Hermione, soudain agacée, soupira et tourna les talons. Ron la regarda disparaître sur le chemin qui menait à Poudlard, et pinça la bouche.
— Ne vous en faites, pas, Weasley, elle saura garder le secret aussi longtemps qu'il le faudra.
Ron leva la tête et observa le profil aigu de Rogue.
— Pourquoi lui ? lui demanda-t-il.
— Je ne sais pas... Vous avez raison, elle aurait sans doute trouvé mieux que Lucius, mais il a ce quelque chose qui fait que les femmes ne peuvent lui résister...
Rogue croisa les bras et un mince sourire étira sa bouche.
— Quand nous étions jeunes, dit-il. Bien avant qu'il ne soit marié à Narcissa, il faisait tomber toutes les filles du collège sous son charme, de la même manière que son fils. Il n'avait jamais la même fille chaque semaine.
— Vous étiez à Poudlard avec lui ? Il est plus âgé que vous, non, professeur ?
Rogue fit mine de réfléchir.
— Une année seulement. Il était en septième année quand je suis arrivé, mais je me souviendrais toujours de cette impression que j'ai eu la première fois que j'ai vu cette espèce d'armoire à glace aux longs cheveux blonds, hautain et sûr de lui.
Ron eut un sourire et secoua ensuite la tête.
— Est-ce que... ce sont ses gènes de Vélane qui le rendent si attirant auprès des filles ?
— Hm, possible. Les Vélanes attirent les hommes avec leurs charmes, alors il est tout à fait possible qu'une infime partie de leurs pouvoirs se retrouve dans le sang de Lucius, de ses aïeuls et de son fils. Le fait que Drago soit épris de Potter reste cependant un mystère...
Ron rigola. Rogue lui souhaita alors une bonne fin d'après-midi puis, ses achats sous le bras, il remonta au château à son tour.
C'était la mi-août et il faisait une chaleur de tous les enfers. Toutes les fenêtres étaient soigneusement calfeutrées et un sortilège de courant d'air parcourait les couloirs du château en permanence pour ne pas que ses habitants meurent de chaud.
Dans son appartement, Hermione avait installé un ventilateur au plafond qui dispensait une brise fraîche agréable partout dans la pièce à vivre. Dans sa chambre, elle avait disposé une grande vasque avec de la neige éternelle dedans. En plus d'être joli, ça permettait de rafraîchir agréablement cette petite pièce sans fenêtre...
Avec un coup d'œil sur le calendrier, la jeune femme nota que la date de retour de ses deux amis approchait, en effet. Ils avaient quitté Poudlard plus tôt que prévu à cause d'elle, et la soupe à la grimace allait sans doute continuer quand ils allaient rentrer, même la tête farcie de souvenirs inoubliables.
Inspirant profondément, Hermione se repassa mentalement les innombrables discussions qu'elle s'était inventées depuis leur départ. Toutes se terminaient par des échecs cuisants, une honte, ou bien carrément, une porte qui claque ou un dos tourné... Aucune ne se finissait bien, dans aucune de ces discussions mentales, elle ne parvenait à faire comprendre à Malefoy, et à Harry, qu'elle n'avait rien fait de particulier pour devenir la maîtresse d'un homme marié.
Alors certes, et elle le savait, et elle était suffisamment intelligente pour ça, elle aurait très bien pu dire non, repoussa Monsieur Malefoy, et tenter de reconquérir Alexandre, mais le jeune homme lui avait bien fait comprendre que si elle ne parvenait pas à lever le pied et à être plus présente pour lui, alors leur pause deviendrait une rupture définitive.
Hermione soupira en s'asseyant dans le canapé. Elle attrapa un coussin et le serra contre sa poitrine. Que devait-elle faire ? Rompre avec Lucius et se retrouver seule, pour ne pas perdre l'amitié de Harry et Drago, ou bien continuer à voir cet homme et à entretenir une liaison avec lui, avec le consentement sa propre épouse... au risque de perdre l'amitié si précieuse de Harry.
Je suis perdue, je ne sais plus quoi penser de toute cette histoire... songea la jeune femme. Est-ce que j'ai fait une erreur ? Est-ce que... Non, ma relation avec Alexandre prenait déjà l'eau depuis longtemps... Mon attirance pour Lucius n'a fait que la précipiter dans les abîmes mais...
Hermione soupira alors et renversa la tête en arrière en regardant le plafond. Elle n'avait aucune idée de la bonne chose à faire et elle se torturait le cerveau depuis des semaines sans jamais trouver une solution, même juste satisfaisante...
Afin de ne pas être encore plus perturbée et incapable de penser rationnellement, Hermione prit la décision de ne plus voir Lucius jusqu'à ce qu'elle ait pu parler avec Harry et Malefoy. L'homme comprit et durant la semaine qui suivit, elle ne reçut aucune lettre. Harry et Malefoy revint le week-end suivant, le dernier avant la rentrée, après un mois de vacances au Japon tous frais payés, et Hermione fut parfaitement incapable d'aller les voir pour leur parler. Elle laissa donc passer une semaine supplémentaire, puis ce fut la rentrée, et là, plus personne n'eut le temps pour personne, au grand dam de la jeune femme qui éprouvait un manque grandissant de réconfort de la part de son amant...
Après un mois entier sans avoir vu Monsieur Malefoy, Hermione était presque fébrile mais elle tenait bon. Et l'homme ne la harcelait pas non plus. Il comprenait qu'elle avait besoin, non pas d'air, mais de faire le vide dans sa tête pour penser correctement et mettre enfin au clair cette histoire.
Elle n'espérait aucun pardon de la part de Drago, cependant, mais au moins celui de Harry car lui, il la connaissait bien mieux que le Serpentard...
Ce matin-là, donc seize septembre, Hermione se rendit en classe de Métamorphose pour faire cours à des élèves de première année. En effet, McGonagall, depuis la rentrée, lui avait confié, à sa plus grande surprise, tous les cours de Métamorphose des premières années, et songeait même à lui confier ceux des deuxièmes années.
Quand la jeune femme entra dans la grande salle, les élèves déjà installés se turent instantanément.
— Bonjour, tout le monde. Vous avez bien dormi ? Parce que moi oui, je suis de bonne humeur, et vous savez ce que ça veut dire ?
Hermione déposa ses livres sur le bureau et se retourna ensuite. Elle fronça alors les sourcils et s'appuya contre le bureau comme sa vision se trouvait. Elle porta sa main à son front et secoua la tête.
— Alors ? demanda-t-elle en regardant les jeunes sorciers et sorcières devant elle.
Un bras timide se leva et Hermione inclina le menton en regardant le jeune garçon.
— Ça veut dire qu'on va avoir une interrogation ? demanda-t-il tout doucement.
Hermione sentit sa bouche s'étirer et il y aussitôt des protestations mais la jeune femme leva les mains.
— Je sais que ma réputation me précède, dit-elle. Je sais que vous avez tous entendu parler de moi un jour ou l'autre, mais je suis convaincue qu'on ne peut apprendre efficacement quelque chose sans pratiquer régulièrement et apprendre de ses erreurs. Vous allez tous vous mettre par deux et vous allez vous entraîner à transformer un animal en verre à pied. J'ai vu beaucoup d'entre vous y arriver, depuis la rentrée, donc concentrez-vous, et vous vous en sortirez. Celui qui aura le mieux réussi recevra dix points pour sa maison... et un bonbon.
Il y eut des rires puis les élèves changèrent de place et Hermione alla s'asseoir à son bureau. Elle se frotta le front, regarda le sol puis par la fenêtre, mais sa vision était redevenue nette et elle n'avait mal nulle part. Elle repensa alors à un même événement, deux jours en arrière, alors qu'elle déjeunait avec les autres professeurs. Elle avait vu trouble, avait eu un genre de mini malaise sans perte de connaissance, puis n'avait plus eut envie de manger.
Si ça recommence, j'irais à St-Mangouste faire une prise de sang... songea la Gryffondor. J'espère que je ne suis pas encore enceinte, parce que là, Drago ne me le pardonnera pas...
Avec un soupir, Hermione mit cette histoire de côté et se concentra sur ses cours de la journée.
Au dîner, la Gryffondor n'eut pas le loisir de discuter avec Malefoy ou Harry car depuis la rentrée, deux semaines plus tôt, ces deux-là s'étaient installés à l'autre bout de la table, et cela l'avait terriblement blessée. Ron lui avait assuré que ça n'avait rien à voir avec ce qui se passait entre eux, mais Hermione était certaine que si, qu'ils la punissaient en l'isolant, en la snobant, et ça, c'était pire que tout...
Un peu plus tard dans la soirée, alors qu'elle profitait des dernières lueurs du jour, Hermione se promenait dans le parc du château, simplement avec un petit châle en laine sur les épaules, perdue dans ses pensées. Elle en fut tirée quand elle approcha de la Roseraie, attenante aux serres où officiait Madame Pomfresh et, entendant des voix, la jeune femme se rencogna dans les ombres.
Harry, Ron et Malefoy étaient là, tous les trois, à discuter, qui debout, qui assis sur un tonneau, qui sur les premières d'un escabeau.
Ils sont tous les trois, là à discuter, et moi... et moi je suis là, toute seule et...
Hermione sentit sa gorge se serrer et sa vue se brouilla. Elle avait donc raison, ils l'isolaient bien, mais pourquoi Ron était avec eux ? Il était de son côté, plus ou moins car il ne comprenait pas tout, mais il l'avait soutenue tout l'été et...
— Après, moi, ce que j'en dis...
Hermione tendit l'oreille. Harry s'était appuyé contre une pile de bacs de fleur en bois et avait croisé les bras.
— Tu crois qu'on a le droit de continuer comme ça ? Je veux dire, tu nous as dit que ça lui faisait du mal, Ron...
Ils parlent de moi ! s'exclama Hermione avec un sursaut.
— Écoute, Potter, elle n'a pas été cool, répondit Malefoy. Elle couche avec mon père, merde !
— Je sais, je sais, mais Hermione n'est pas une nana sans cervelle ! répliqua Harry. Je veux dire, elle sait ce qu'elle veut, et elle sait quand elle doit arrêter. Ron, tu n'es pas d'accord ?
— Oui. Elle n'est pas allée le voir puis plus d'un mois.
Il me surveille... gronda Hermione en fronçant les sourcils.
— Mais ça ne veut rien dit, répondit Malefoy.
Ron baissa le nez puis haussa les épaules, les mains dans les poches de son jean.
— De toute façon, c'est notre amie, on a tout fait ensemble depuis qu'on a onze ans, on ne peut pas la mettre de côté comme ça, si ?
— Non, répondit Harry. Tu as raison. Écoute, Drago, je sais que ça t'énerve tout cette histoire, mais tu as bien vu que tes parents sont toujours ensemble...
Malefoy grimaça.
— Oui, admit-il. Je sais, et ma mère m'a assuré qu'elle savait et qu'elle avait autorisé mon père à avoir une maîtresse, mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi elle ? Pourquoi Hermione et pas une autre femme inconnue ?
— Va savoir !
Ron remua et Hermione grimaça. Elle ferma alors les yeux et tourna les talons. Elle n'avait aucune envie d'en entendre plus.
— Mione ! Attend, s'il te plaît...
La jeune femme se figea et se redressa, les mâchoires serrées. C'était Harry et quand elle se retourna, à sa demande, elle le toisa un peu durement.
— Je sais, dit le brun en levant les mains. Je sais, on a été durs avec toi, mais...
— Il n'y a pas de mais ! répliqua aussitôt la Gryffondor. Je suis adulte, je suis majeure, je fais ce que je veux avec qui je veux ! J'aurais sans doute mieux fait de ne rien dire à personne, mais je suis comme ça, beaucoup honnête avec les gens !
La jeune femme regarda alors Malefoy qui se tenait à l'entrée de la serre, à deux mètres de Harry. Ron, lui, s'approcha de son amie et elle lui jeta un regard dur.
— Je te croyais de mon côté, Ron, dit-elle en plissant le nez.
— Je le suis...
— Il l'est, dit Harry. Il est venu nous parler parce qu'il craint que notre amitié n'en prenne un coup si on continue à te snober comme ça...
Hermione le regarda en haussant les sourcils.
— Je sais que c'est de ma faute, dit-elle. Et je sais que tu es influencé par Malefoy, mais bon dieu, pourquoi est-ce que vous, vous auriez le droit de vive comme voulez et pas moi ? Je suis sans doute l'une des personnes les plus stables de ce collège après Dumbledore ou McGonagall ! Vous n'avez pas le droit de me battre froid comme ça parce que j'ai décidé que ma vie serait mieux avec un homme qui a le double de mon âge !
— Mione, écoute...
— Arrête, Harry, par pitié, arrête, le coupa Hermione en levant une main. D'accord ? Arrête de faire semblant. Ma relation avec Lucius vous dégoûte tous, je le sais, je le vois bien, et vous me punissez en m'isolant. Je peux le comprendre, mais ne faites pas semblant que tout va bien alors que je n'ai pas l'intention de briser cette relation.
Malefoy détourna la tête et serra les mâchoires. Soudain, il s'avança et Harry le retint par le bras. Surprise, Hermione recula d'un pas.
— Soit ! dit alors le blond. Ok, fais ce que tu veux, couche avec mon père, je n'en ai rien à foutre, mais je te préviens, si jamais tu tombes enceinte de lui, là, tu vas passer un sale moment !
Hermione haussa un sourcil puis souffla par le nez et sa bouche s'étira en un rictus mauvais. Elle croisa les bras.
— Et pourquoi ? demanda-t-elle. Tu n'es même pas foutu de donner des petits-enfants à tes parents ! répliqua-t-elle.
— Hermione ! s'exclama Harry.
La brunette le regarda.
— Non, je ne blâme pas votre relation, je la trouve remarquable, mais reconnais Harry, qu'il y a peu de chances, voire pas du tout, que Môssieur Malefoy déclenche ses gènes de Vélane !
— Tu n'as pas le droit de dire ça ! répliqua aussitôt Malefoy. Tu entends ?
Il s'était dégagé de la main de Harry et Hermione s'adossa à un arbre en reculant. Elle rentra le menton et le blond se pencha vers elle.
— Tombe enceinte de lui, et je te tue... siffla-t-il.
— Malefoy ! s'exclamèrent Ron et Harry d'une même voix horrifiée.
Hermione plissa les yeux puis soudain, lui décocha une violente gifle qui le fit reculer et vaciller.
— De quel droit... ! siffla Hermione, les dents serrées. De quel doit ose-tu me dire ce que j'ai à faire ? De quel droit décide-tu de ma vie ?! Ton père a été là au pire moment de ma vie ! s'exclama-t-elle. Il était à côté de moi quand j'ai perdu mon bébé !
Ron et Harry eurent un hoquet de surprise et se regardèrent.
— Mione, tu... commença Harry.
Ron soupira alors et glissa ses mains dans ses poches.
— Tu le savais ? demanda Malefoy au rouquin.
— Oui, elle m'en a parlé après que vous soyez partis, répondit Ron. Elle avait l'intention de vous en parler quand vous avez « discuté », sur le balcon, mais vous l'avez tellement malmenée qu'elle n'en a pas eu le temps.
— Mione, dit alors Harry. Pourquoi tu n'as rien dit ?
— Parce que tu crois que c'est facile de balancer ça dans la tête de tes amis alors que ça fait à peine trois heures que s'est arrivé ? répliqua la brunette, mauvaise.
Malefoy croisa les bras et un sourire suffisant étira sa bouche.
— En tous cas, ça n'a pas l'air de te faire un grand effet !
Hermione le regarda, surprise, puis soupira par le nez, lèvres serrées.
— Tu as raison, dit-elle. J'ai perdu un bébé, oui, mais j'étais enceinte d'une semaine, à peine deux. Ce n'était qu'un amas de cellules. Et de toute façon, Alexandre m'a jetée juste après, tu voudrais que je réagisse comment ? Je ne suis pas du genre à me lamenter sur mon sort. Alexandre ne veut plus de moi tant que je n'aurais pas trouvé un moyen de passer plus de temps à ses côtés, et c'est comme ça, je ne vais pas aller pleurnicher devant sa porte pour qu'il me reprenne, sûrement pas ! Et ce n'est pas avec le coup du « je suis enceinte et si tu me jettes maintenant, tu ne le verras jamais » !
— Est-ce qu'il le sait, au moins ?
— Non, répondit Hermione. Il ne le sait pas et il ne le saura jamais. Les seules personnes qui savaient que j'étais enceinte alors, c'était Lucius, et Rogue, et uniquement parce qu'il m'a forcée à parler, quand vous m'avez si bien traitée, tous les deux.
Harry regarda Malefoy qui détourna la tête en passant sa langue contre ses dents.
— Mais aujourd'hui, et même si ça me fait mal de vous voir me snober comme ça depuis un mois, je vous le dis. Je m'en fiche, reprit la Gryffondor. Je n'en ai rien à faire que vous n'acceptiez pas ma relation avec Lucius, surtout toi, Malefoy. Je n'en ai rien à faire de tes menaces et si je tombe enceinte de Lucius, j'aurai cet enfant, que tu sois d'accord ou pas.
— Hermione...
La jeune femme regarda Ron qui la suppliait du regard. Elle serra les lèvres puis releva le menton.
— Il mérite d'être heureux, Malefoy, reprit-t-elle. Et tu n'as pas fait ce qu'il fallait jusqu'à maintenant. Et tu ne le feras peut-être jamais.
— Mione... Je t'en prie, arrête...
— Arrêter quoi, Harry ? Je suis adulte, je sais ce que je fais, et j'aime être avec Lucius ! C'est si compliqué que ça ? Notre relation est légale, c'est le pire dans l'histoire ! Narcissa est d'accord et peu importe combien de temps durera ma relation avec ton père, Malefoy, je n'ai aucun compte à te rendre.
— C'est mon père !
— Et c'est mon amant !
Malefoy rentra le menton puis soudain, il se détourna et disparu dans les ombres. Harry se retint de le suivre, sachant parfaitement qu'il se ferait jeter de toute façon.
— Pourquoi tu le provoques comme ça ? Il a le droit de ne pas accepter que son père ait une maîtresse. Ça pourrait être quelqu'un d'autre, ce serait la même chose...
— Non, répondit Hermione avec un mince sourire sans joie. Il l'a dit lui-même...
Un silence s'installa et Ron et Harry se regardèrent. Hermione soupira.
— Je ne l'ai pas vu depuis un mois, dit-elle alors. Je lui ai demandé de me laisser un peu d'espace pour que je règle mes problèmes avec Malefoy et toi, Harry, mais visiblement, nous sommes dans une impasse.
Elle se mordit les lèvres et secoua la tête.
— Il se pourrait que je sois déjà enceinte, lâcha-t-elle alors.
Les deux garçons se regardèrent avec effarement et Harry tendit la main vers son amie mais Hermione recula d'un pas.
— Parle-lui, dit-elle simplement. Parle à Drago, fais-lui comprendre que la relation que j'ai avec son père, c'est juste physique. Je n'ai pas l'intention de briser sa famille. Dès que Lucius sera lassé de moi, tout sera terminé.
— Si tu es enceinte... commença Ron.
— Alors Drago aura un petit frère ou une petite sœur et ses parents auront de quoi s'occuper pendant quelques années supplémentaires. Ce bébé n'est pas désiré, j'aime toujours Alexandre mais je dois trouver le moyen de me rendre plus disponible pour lui. En attendant, j'ai besoin d'affection et Lucius aussi.
— Pourquoi ? Il a sa femme, pourquoi...
Harry leva les mains sans comprendre. Hermione soupira alors et expliqua à ses deux amis que Narcissa avait eu de nombreux amants pendant que Lucius était en prison et que pour se faire « pardonner », elle lui avait autorisé une maîtresse. Elle n'appréciait cependant pas le choix de ladite maîtresse mais elle n'avait pas voix au chapitre.
Un silence s'installa quand la jeune femme eut fini de parler et Harry s'inquiéta alors pour son compagnon et s'excusa. Ron et Hermione restèrent alors seuls et le rouquin prit le bras de son amie et l'entraîna vers le château.
— Alors, tu es de nouveau enceinte ? demanda-t-il comme ils approchaient du perron.
— Je ne sais pas, mais j'ai fait deux malaises dont un ce matin, et certains aliments me dégoûtent, répondit la brunette. Si je suis enceinte, je vais le garder, Ron...
— Oui, on l'a bien compris, mais tu ne crois pas que Malefoy doit le savoir ?
— Le père ou le fils ?
— Les deux ?
Hermione opina.
— Je vais en parler avec Lucius, il ne va très certainement pas apprécier, mais il ne m'a rien dit sur le sujet, donc j'imagine qu'il va simplement crier puis me tourner le dos... quelques temps.
— Et sa femme ?
— Narcissa ? Oui, elle doit le savoir, elle aussi, et je devrais peut-être lui parler à elle en premier, non ?
— Pour ?
— Parce que c'est elle qui a autorisé son mari à avoir une maîtresse...
— Oh, tu veux donc tout lui mettre sur le dos ?
Hermione secoua la tête.
— Non, pas du tout, simplement, je voudrais qu'elle fasse face à ce qu'elle a demandé à son mari. D'accord, Lucius n'était pas obligé d'accepter, et encore moins de me choisir, moi, mais maintenant, c'est fait, le mal est fait, si je puis dire, donc, il faut que tout le monde assume. Narcissa, Lucius, moi, on a un tous un rôle à jouer dans l'histoire, même Alexandre !
Ron haussa un sourcil.
— Je ne te suis plus... Que vient faire Alexandre dans l'histoire ?
— C'est quand il a voulu me quitter que j'ai compris que notre relation était en train de mourir et ce depuis longtemps, répondit la brunette en secouant la tête. Je ne le voyais que deux fois dans l'année et, étrangement, je n'avais pas besoin de lui autant que lui avait besoin de moi. Il m'aimait, Ron, et je l'aime toujours, mais si je veux le récupérer, je dois faire en sorte d'avoir moins de choses à faire ici, et de rentrer plus souvent, seulement, je ne peux pas demander une telle chose à McGonagall.
Ron pinça la bouche et resta silencieux. Ils montèrent tous deux les marches du perron en croisant quelques élèves qui les saluèrent, puis ils montèrent le grand escalier de marbre et, une fois en haut, s'arrêtèrent.
— Je dois faire quoi ? demanda alors Hermione.
— Parler à Narcissa, puis à Lucius, et ensuite, à Drago. Si la première accepte ton état, alors le second aussi, et le troisième n'aura pas le choix.
— Tu crois ? Il m'a fait peur tout à l'heure... Il est capable de me faire du mal dans un accès de colère...
— Tu avais l'air pourtant très sûre de toi...
Hermione sourit doucement. Elle secoua la tête puis les deux amis se séparèrent. Ce soir-là, ils n'étaient pas de ronde, les professeurs avaient décidé de ne plus les impliquer dans leurs activités nocturnes afin de leur laisser un peu de repos étant donné qu'ils avaient changé les emplois du temps de deux d'entre eux.
À quelques étages de là, cependant, Malefoy ruminait. Il était furieux mais ce n'était ni contre son père, ni contre Hermione, mais contre lui, et contre tout ce qui lui était arrivé par le passé et qui avait, inconsciemment, conduit à cette situation.
— À quoi est-ce que tu penses ?
Malefoy soupira. Harry ferma la porte de la Tour Sud dans son dos et s'approcha de son compagnon.
— Tu es en colère, je peux le sentir, dit-il doucement. Mais tu n'as pas à t'en prendre à Hermione, elle...
Malefoy détourna la tête.
— Je suis en colère contre moi-même, dit-il alors. Et contre tout ce qui a conduit à une telle situation, comme la mort de ma femme et de mon fils.
Harry serra les lèvres. Il posa une main sur le bras du blond qui lui coula un regard en biais.
— Mon père va s'occuper d'Hermione, si elle tombe enceinte, dit-il. Il va tout prendre en charge, et tu sais pourquoi ?
— Non...
— Parce que j'ai fait tuer mon fils, Harry... C'est de ma faute si Norya a été tuée et si notre enfant est mort dans la foulée. Si je n'avais pas résisté au Lord, si j'avais obéi, Norya serait encore vivante et...
Harry soupira en fermant les yeux et prit le Serpentard dans ses bras. Malefoy l'entoura de ses bras et posa son menton sur son épaule.
— J'irais m'excuser, dit-il alors en se redressant. J'irais m'excuser et tu le devrais toi aussi.
— Je n'ai pas eu à le faire, c'est ma meilleure amie, répondit Harry. Elle sait que tu m'influences beaucoup et que j'ai tendance à être de ton côté, mais Hermione est presque une sœur pour moi, et elle sait que même si je suis méchant avec elle, je ne le pense pas.
Malefoy renifla et grimaça.
— Elle avait tort, tu sais ?
— Je sais... Tu as fait ton travail, Malefoy, répondit Harry en lui prenant les mains. Tu t'es marié, tu as eu un enfant... Tu as fait ce que tes parents attendaient de toi, et si Merlin est de notre côté, alors tu recommenceras.
Malefoy mâchonna ses dents et se détourna soudain.
— Je vais me coucher, dit-il.
— Chez toi ?
Le blond opina lentement, un pied sur la première marche de l'escalier. Il regarda Harry qui lui fit un sourire, puis il disparut et le brun entendit la seconde trappe se refermer et soupira.
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