Chapitre 22


Le dimanche matin suivant, donc, et après avoir fait savoir à Lupin qu'il était hors de question qu'il sacrifier encore un dimanche, le brun annonça à Dumbledore que Drago et lui se rendaient au Manoir Malefoy pour l'après-midi et qu'ils pensaient rentre dans la soirée.

Harry et Malefoy partirent du château à treize heures et transplanèrent sur le Chemin de Traverse car le Serpentard voulait acheter quelque chose pour sa mère, un bouquet de roses noires en l'occurrence, ses préférées. Cela n'étonna pas Harry outre mesure...

— On peut y aller ? demanda Harry. Il est bientôt seize heures... On va finir par arriver pour le thé...

— Oui, dit Drago en regardant la nouvelle montre venait de s'offrir. On y va, pas de panique.

Harry sourit puis ils transplanèrent tous deux jusqu'au Manoir et reparurent sur le chemin qui y menait.

— Ce sont des chevaux là-bas ? demanda Harry en plissant les yeux, tourné sur la droite du Manoir qui se dressait, majestueux, devant eux.

— Oui, dit Drago en regardant à son tour dans la même direction. Ce sont nos chevaux, ajouta-t-il. Je te les montrerai si tu veux et peut-être même qu'on pourra monter...

Harry se sentit pâlir aussitôt et se détourna des animaux.

— Tu sais, si on ne peut pas, c'est pas grave... dit-il en s'éloignant.

Drago sourit et posa une main sur sa hanche.

— Est-ce que le grand Harry Potter aurait peur des chevaux, par hasard ? se moqua-t-il doucement.

— Non, même pas... se défendit le Gryffondor. Je suis déjà monté une fois sur cheval... non, un poney, en fait. Un poney de manège qui ne savait rien faire d'autre que de tourner en rond...

— J'imagine d'ici le tableau, dit Drago en souriant. Aller, viens, on est suffisamment en retard.

Il marqua une pause en prenant la main de son compagnon, et ajouta :

— Peut-être que mon père me laissera monter son cheval...

— Pourquoi tu ne pourrais pas ? s'étonna Harry.

— C'est un étalon, répondit Drago. La dernière fois que j'ai voulu le monter, j'ai fait un vol plané... J'en ait encore le derrière douloureux.

Harry sourit puis il donna une tape sur la fesse droite et le Serpentard sursauta.

— Hey ! Bas les pattes, tu veux ? siffla-t-il. Mes parents n'apprécient pas ce genre de démonstration, tu le sais auss bien que moi.

Harry sourit puis lui fit un clin d'œil et Drago l'entraîna alors après lui jusqu'au perron du Manoir.

— Narcissa ! s'exclama Monsieur Malefoy depuis son bureau.

— Oui ? demanda la ténébreuse femme blonde en entrant dans le bureau.

— Tu peux m'apporter un verre de cognac ?

Narcissa fit la moue et croisa les bras.

— Tu ne pourrais pas demander à Meched, ou non, mieux, te lever ?

Le ton était amer mais Lucius ne releva pas.

— Tu ne devrais pas boire autant, dit-elle néanmoins en allant lui chercher son verre, dans les bouteilles n'était qu'à quelques mètres de l'homme blond.

— De quoi je me mêle ? grogna celui-ci.

— Pardonne-moi, cher mari, de penser à ta santé en te disant cela...

Lucius leva les yeux sur sa femme qui le regardait, les bras croisés. Il soupira alors profondément puis se leva alors et la prit dans ses bras. Narcissa soupira contre son épaule puis recula et soudain, eut un frisson. La cloche de l'entrée retentit alors dans le hall puis une petite voix s'exclama :

— Maître Drago ! Monsieur Potter ! Maître, maître ! Venez vite voir qui vient rendre visite au Maître ! s'exclama la petite voix flûtée de Meched, l'Elfe de Maison.

Lucius et Narcissa se jetèrent un regard surpris puis se rendirent dans le hall. Drago eut juste le temps de mettre les roses en sûreté en les jetant dans les bras de l'Elfe de Maison avant que sa mère ne le prenne dans ses bras et le serre à l'en étouffer. Harry, lui, eut droit à une brève accolade un peu raide, et Lucius s'approcha ensuite pour serrer la main des deux garçons.

— Bonjour père, dit Drago.

— Bonjour Drago, répondit Lucius. Monsieur Potter...

Harry inclina la tête et Narcissa se racla alors la gorge.

— Mais qu'est-ce que vous venez faire ici ? demanda-t-elle, surprise. Vous auriez pu prévenir, nous...

— Drago avait envie de venir vous voir, dit Harry. Mais si vous aviez prévu de partir, nous repasseront un autre jour, ce n'est pas...

— Non, non, nous n'avions rien de prévu, répondit Narcissa. Mais entrez, venez vous asseoir, il fait plus frais au salon. Meched, apporte à boire, tu veux ?

L'Elfe opina puis disparu avec le bouquet de roses dans les bras. Malefoy se tourna alors vers son père après avoir jeté un coup d'œil à Harry.

— Père ? demanda-t-il. En arrivant, nous avons vu les chevaux dans le parc...

— Vous voulez y aller ? demanda Narcissa. Il est vrai qu'il y a bien longtemps que tu n'as vu ta jument, mon chéri, elle va être heureuse de te revoir !

— D'ailleurs, elle a eu un petit, au printemps, dit Lucius en grognant un peu.

— Donc elle ne court pas cette saison ? demanda Drago.

— Non, c'est dommage d'ailleurs, nous aurions bien eut besoin d'un peu d'extras en ce moment, dit Lucius en se détournant soudain. Narcissa, prépare-nous du thé, tu veux ? Venez, jeunes gens, allons aux écuries.

Narcissa haussa les sourcils puis Meched apparut près d'elle avec un service et des boissons fraîches, mais il regard les trois sorciers s'en aller sans comprendre.

— Maîtresse ? demanda-t-il un peu timidement.

— Ce n'est rien, répondit Narcissa. Viens, allons préparer du thé...

La petite créature semblait peinée de voir sa Maîtresse exclue de la sorte, mais il ne dit rien et retourna à la cuisine en compagnie de la sorcière qui, il l'avait remarqué, passait beaucoup de temps en sa compagnie, ces dernières semaines.

— Est-elle toujours au même endroit qu'avant ? demanda Drago en se dirigeant vers un grand bâtiment de vieille pierre grise.

Les trois hommes venaient de traverser le grand jardin du manoir, longeant un chemin dallé qui serpentait entre les massifs de rosiers.

— Oui, dit Lucius. Onzième box à gauche en entrant... Quand tu étais petit, tu aurais pu aller la voir les yeux fermés, dit-il. C'était amusant de te voir courir dans l'allée et t'arrêter pile devant son box...

— Père, dit Drago en poussant la grande porte de bois. Cela remonte à plusieurs années...

— Montez-vous à cheval, Potter ? demanda alors Lucius.

— Non, répondit Harry. À vrai dire, je suis monté une fois mais c'était un poney de manège, dans les foires Moldues...

— Je vois... dit Malefoy senior en plissant le nez. Si vous voulez, vous pourrez monter la jument de Drago, il ne fera pas le difficile je pense...

— C'est gentil mais...

— Harry ! Amène-toi ! Viens voir ma belle fille !

Harry haussa les sourcils puis sourit et Lucius le poussa alors dans le dos.

— Viens vite voir cette beauté, dit Drago. Elle n'a pas changé, ma belle Ellébore !

— Ellébore ? s'étonna Harry en s'approchant prudemment du box.

— Sa mère a mis bas dans un de nos près autour du Manoir, expliqua Lucius. Il y avait quantité d'Ellébores dans ce champ, voilà d'où lui vient son nom...

Il leva alors la main et Harry le regarder la poser sur le chanfrein d'un superbe cheval noir.

— Son père c'est Aron, dit Drago. L'étalon de mon père...

— Ah oui celui qui t'a...

— Envoyé promené, oui, celui-là même, dit Lucius en ôtant sa main et en s'éloignant. Le voici...

Il ouvrit la moitié supérieur d'une porte de box, et un cheval, aussi noir que le premier, passa la tête par l'ouverture.

— Voici Aron, mon premier cheval, dit Lucius en caressant tendrement le nez de l'animal qui prolongea le câlin en s'appuyant contre l'épaule de son maître. Il est vieux à présent, il a plus de vingt ans, mais je le garde par sentiments.

— Père, dit alors Drago.

— Oui ?

— Puis-je monter Ellébore ?

— Eh bien... il faudrait voir avec le palefrenier, dit Lucius. Il fait très chaud et les chevaux sont mieux à l'intérieur mais...

— Il n'y aura pas de soucis, maître, dit alors une voix cassée dans le dos de Harry qui se raidit. Pas trop longtemps et pas de folies, jeune maître.

Un petit homme bouscula alors légèrement Harry et lui passa devant.

— Pardon, Monsieur Potter. Je suis heureux de vous revoir, maître Drago, ajouta-t-il de sa voix cassée. Cela fait tellement longtemps...

— Et moi donc, Bob, dit Drago. Croyez-moi, je suis content de revenir ici après tant d'années difficiles.

Le vieil homme offrit un sourire édenté puis il ouvrit la porte du box de la jument.

— Si Maître Drago veut se donner la peine de sortir sa beauté...

— Mais avec joie, répondit Malefoy junior en souriant.

Il prit la longe que le vieux Bob avait passé autour du cou de la jument puis il la sortit de son box et Harry pu voir juste derrière la jument, un petit poulain brun. Ce dernier contourna sa mère et s'approcha de Harry.

— On dirait que tu l'intrigues, dit alors Drago en mettant sa jument le long des boxes.

Harry regarda le poulain qui était presque à sa hauteur et le petit animal s'approcha un peu plus. Harry recula d'un pas, étonné et il sentit quelque chose de grand et dur dans son dos. Il découvrit Monsieur Malefoy en se retournant.

— Il ne faut jamais reculer devant un cheval, aussi petit soit-il, Potter... Laissez-le vous sentir. Il ne vous connaît pas, il est intrigué, c'est normal...

— Tu ne devrais pas avoir peur d'un poulain, dit alors Drago. Pense à Buck, il était deux fois plus grand lui et tu n'as pas hésité en l'approchant...

Harry regarda son compagnon puis soudain Monsieur Malefoy lui prit le poignet et approcha la main de Harry près du poulain.

— Approche, Corazon, approche... dit Monsieur Malefoy.

Le poulain leva ses yeux noirs sur Monsieur Malefoy et Harry tenta de reculer mais la haute stature de Monsieur Malefoy l'en dissuada.

— Harry, dit alors Drago. Bob, tenez-la-moi un instant...

Le vieux Bob prit la longe de la jument et Drago s'approcha du poulain. Il passa un bras sur son dos puis il dit :

— Regarde Harry, il n'est pas méchant...

— Je m'en doute bien mais je n'ai pas confiance, dit Harry en se libérant de la poigne de Monsieur Malefoy qui soupira.

— Drago, ne le force pas, dit-il.

— Il fallait me le dire que tu avais peur des chevaux, dit alors Drago, ignorant la remarque de son père.

— Je n'ai pas peur d'eux, c'est juste que je n'ai pas confiance... Leurs sabots peuvent tuer, tu sais ?

Drago fit une moue puis il se tourna vers le vieux Bob, prit la longe de la jument et la sortit des écuries. Harry soupira et croisa les bras.

— Ne vous en faites pas, il est simplement froissé, répondit Lucius en s'éloignant vers son cheval.

— Oh, je ne m'en fais pas, dit Harry. C'est juste que depuis hier, il est étrange...

— Ça va lui passer. Aller, venez Potter, allons-voir comment il se débrouille après tant d'années sans pratiquer...

L'homme blond sortit des écuries et Harry et Harry le suivit, un peu sceptique et mal à l'aise. Dehors, au soleil, Drago terminait de seller la jument tandis que le vieux Bob ajustait une bride sur la tête de la magnifique bête. Harry ne put s'empêcher d'être émerveillé par une étalage de tant de puissance alliée à autant de beauté.

— Aller, en selle ! dit alors Lucius en prenant son fils par la cheville.

Le blond se hissa sans aucun effort et s'installa dans la selle blanche. Il sourit en retrouvant ses habitudes et chaussa les étriers. Harry remarqua alors qu'il s'était changé et ne portait plus son jean et son t-shirt mais un pantalon d'équitation noir et un sweat à manches longues.

— Maître Drago, dit alors le vieux Bob. Faites seulement quelques tours tranquillement. Il fait très chaud et elle n'est pas sortie depuis plusieurs jours.

— Entendu.

Le blond dirigea ensuite sa jument dans la carrière de sable blanc qui s'étendait devant eux, tandis que Lucius retenait le poulain qui n'avait qu'une envie, rejoindre sa mère.

Harry s'accouda à la barrière et il suivit des yeux la jument noire et Drago marcher tranquillement le long de la barrière. Il jeta ensuite un œil vers le poulain et regrettait d'avoir refusé de le toucher mais ce genre d'animal ne lui inspirait plus beaucoup de confiance depuis ce fameux anniversaire de Dudley où les Dursley les avaient emmenés tous deux à la foire de Londres.

Le poney sur lequel s'était retrouvé Harry était stressé si bien que Dudley en avait profité pour jouer un tour de plus à son cousin. Il avait sorti une bille de la poche de son pantalon et l'avait catapultée sur la croupe du poney qui avait rué et éjecté Harry loin devant lui. Pétunia, bien que n'aimant pas Harry, n'avait pu s'empêcher d'aller le relever et elle avait réprimandé Dudley qui en avait eu cure. Depuis, Harry se méfiait des chevaux et ce poulain devant lui, quelques minutes plus tôt, avait fait ressurgir ce douloureux souvenir.

— Un penny pour vos pensées, Monsieur Potter, dit soudain une voix à sa droite.

Harry leva les yeux sur Monsieur Malefoy et il soupira en secouant la tête.

— Oh, elles ne valent pas aussi cher...

— Je ne vous crois pas, dit Lucius. Mais je ne peux vous forcer à me dire le fond de votre pensée... Outre les chevaux, vous méfiez-vous aussi de moi ?

Harry hausa les sourcils.

— Pourquoi une telle question ?

— Juste par curiosité, dit Lucius en se tournant vers Drago qui était à présent au petit galop. Disons que je n'ai pas été très compréhensif quand j'ai su que mon fils et vous entreteniez une relation qui ne me permettrait pas d'avoir de petits-enfants...

— Pourtant, à présent que vous savez que Drago est doté des gênes des Vélanes...

— Je sais, répondit Lucius. Mais je préfère ne pas avoir trop d'espoirs en cela car, si on regarde l'histoire de ma famille, il n'y a qu'une seule fois où les gènes se sont déclenchés, une seule fois sur plus de deux cents ans, Monsieur Potter.

— Ne vous inquiétez pas, Monsieur Malefoy, si jamais Drago avait une quelconque nouvelle à nous apprendre, je pense que j'en serait le premier au courant, non ? dit alors le brun.

— Sûrement...

— Aller maître Drago, dit soudain le vieux Bob. Passez ce croisillon, là !

— Un croisillon ? répondit le Serpentard en se renfrognant.

— Ne faites pas le difficile, Maître Drago, dit le vieux Bob.

Drago soupira et Harry sourit, amusé, en croisant les bras.

— Drago a toujours détesté qu'on lui donne des ordres...

— Et ça ne changera pas, croyez-moi, dit Lucius en venant s'accouder à la gauche de Harry.

Harry secoua la tête et regarda son compagnon obéir aux ordres du palefrenier.

— Bravo maître Drago ! s'exclama le vieux Bob. Celui-ci maintenant !

Harry suivit des yeux la jument noire et Drago la positionna face à un autre croisillon un peu plus haut qu'elle passa sans problèmes.

— Fils, dit soudain Lucius. Je crois que ça ira pour aujourd'hui...

— Mais père ! dit Drago en mettant la jument au trot puis au pas et en revenant vers la barrière. Ça ne fait qu'une poignée de minutes...

— Ne discute pas, dit Lucius. Il fait beaucoup trop chaud pour continuer à la faire travailler en laissant son petit dehors. Descend et rentrons.

Drago bougonna mais mit pied à terre et le vieux Bob prit les rênes de la jument tandis que Drago passait sous la barrière. Harry lui prit le bras et le blond lui décocha un sourire.

Le vieux Bob ramena ensuite jument et poulain dans les écuries tandis que Malefoy junior se changeait d'un coup de baguette magique et que tous retournaient au Manoir. Là, Narcissa leur avait préparé un petit festin avec thé et petits gâteaux tout juste sortis du four.

Harry nota cependant que la sorcière semblait contrariée et se demanda bien pourquoi, même s'il se souvenait que Lucius l'avait franchement bannie de la petite sortie qu'ils venaient de faire.

Il ne comprenait pas pourquoi d'ailleurs car la dernière fois qu'il avait vu le couple, soit le week-end dernier à Poudlard, ils avaient l'air de bien s'entendre, même si tout est relatif entre deux sorciers aristocrates à qui on a enseigné pendant des années à ne jamais montrer ses émotions en public.

Haussant les épaules, Harry décida de laisser tomber. Les hauts et les bas des parents de son compagnon n'étaient pas ses affaires, il avait assez à faire avec son propre couple.

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