Chapitre 21


— Eh bien, Jok, dit la jeune femme. Qu'est-ce que tu fais là ?

Hermione lui prit la lettre avant de lui donner un bout du gras de la viande qu'elle était en train de préparer. Le hibou s'en alla ensuite et Alexandre entra au même moment dans la pièce, une serviette autour de reins et une autre sur la tête.

— C'est qui ? demanda-t-il en ajustant la serviette autour de son cou et en resserrant celle qui dissimulait le bas de sa personne.

— Le professeur Dumbledore, dit Hermione en reconnaissant le sceau de Poudlard. Je suppose que c'est pour me rappeler que je dois être au collège demain au plus tôt...

— Et par au plus tôt, il entend... ?

— Six heures trente, au plus, pour la réunion du lundi matin, répondit Hermione en souriant.

Alexandre soupira et Hermione déposa la lettre et alla lui prendre la main.

— Je sais qu'une semaine c'est court, mon amour, mais je te promets de revenir vite. Peut-être pas ce week-end parce que les examens approchent, mais le week-end suivant, je ferai en sorte de venir.

— Deux semaines loin de toi... Encore.

— Écoute, dit alors Hermione en retournant vers la cuisinière. En septembre, je t'ai proposé de venir vivre avec moi au château mais tu as refusé...

— Je ne suis pas un sorcier, moi, dit Alexandre. Un tas de choses me sont refusées...

Hermione soupira.

— Écoute, je fini cette année scolaire et après on se marrie...

— Ça fait déjà un an et demi qu'on parle de se marier, Mione...

— Oui, mais là, je suis décidée.

Elle marqua une pause puis ajouta :

— Demain je dirais aux professeurs que je ne souhaite pas renouveler mon contrat en septembre, pendant au moins deux ans. Après, je verrais bien... Mais, je te jure sur l'honneur des sorciers que je ne retourne pas à Poudlard en septembre et que je reste avec toi pour au minimum deux ans, sans travailler.

Alexandre grimaça puis hocha lentement la tête.

— Deux ans. Pas un jour de moins, d'accord ?

— Je te le jure, parole de sorcière !

— Je te crois, dit Alexandre en souriant.

— Aller, dit soudain Hermione en le frappant gentiment sur les abdos. Va t'habiller, je ne voudrais pas qu'Alyna et Serena te voient ainsi comme ça.

Alexandre l'embrassa rapidement puis grimpa quatre à quatre à l'étage. Hermione étouffa un rire et se remit à sa cuisine. Elle eut juste le temps de terminer quand un grand bruit de vent se fit entendre dans le salon.

— Salut !! s'exclama-t-on soudain.

Hermione reconnut la voix de Serena et elle se dirigea vers le salon en souriant. Elle avait invité ses deux amies sorcières à venir déjeuner et passer l'après-midi avec elle. Alexandre ayant un rendez-vous très important de golf avec ses amis, les trois jeunes femmes seraient donc seules pour médire sur leurs hommes respectifs.

Le lendemain, Hermione était au rendez-vous dans le bureau de Dumbledore, elle fut même la première à arriver, via la cheminée de celui-ci.

— Bonjour, Monsieur ! Merci de me laisser utiliser votre cheminée, c'est tellement plus simple !

— Bonjour Hermione, dit Dumbledore avec un grand sourire. Ces vacances forcées semblent t'avoir fait un bien fou, tu es remontée à bloc, on dirait !

Hermione sourit puis Dumbledore envoya voler vers elle un livre et une plume. Hermione signa le registre avec le sourire puis accepta une tasse de thé en attendant les autres professeurs qui ne tardèrent pas à faire leur apparition.

Une bonne heure plus tard, les professeurs quittaient le vieux directeur pour aller prendre le petit-déjeuner. En chemin, Harry, Ron et Hermione retrouvèrent Drago qui revenait d'une promenade matinale autour du lac.

— Bonjour ! s'exclama Hermione.

— Heu... Bonjour, répondit Drago, légèrement déstabilisé par ce soudain étalage de bonne humeur. Tu as l'air de très bonne humeur, toi...

— Ne fais pas attention à elle, dit Harry en passant un bras autour de sa taille. Les vacances lui ont vraiment fait du bien, Ce matin, elle était la première dans le bureau de Dumbledore pour la réunion.

— Ça fait plaisir de voir qu'elle est de nouveau calme et détendue, dit Drago en souriant.

Harry hocha la tête puis ils se dirigèrent tous vers la Grande Salle, déjà bondée d'élèves encore un peu froissés.

Hermione fut la première étonnée de la pêche qu'elle avait. Une simple semaine de vacances passées auprès d'Alexandre semblait lui avait redonné un peps qu'elle ignorait voir, ou qu'elle avait oublié avoir depuis très longtemps. Elle enchaîna donc les journées avec bonne humeur et même les pires copies d'élèves ne suffirent pas à lui faire perdre sa bonne humeur.

Le week-end suivant, cependant, la jeune femme eut la surprise de voir débarquer à Poudlard le couple Malefoy, Narcissa et Lucius, venus voir leur fils. Cela surprit la Gryffondor, mais aussi Drago, et Harry, qui n'avaient pas vraiment prévu de voir les deux sorciers débarquer comme ça sans prévenir pour prendre le thé.

Alors qu'elle déambulait dans les couloirs en ce dimanche, Hermione, les bras chargés de parchemins roulés, songeait à Lucius Malefoy et à leur rencontre, sur le Chemin de Traverse, quinze jours en arrière.

Depuis leur aventure non préméditée sur l'île de Sanday, la jeune femme avait su mettre ses griefs de côtés pour ne plus voir l'arrogant Lucius Malefoy, mais plutôt l'homme qui se cachait derrière, un homme simple, un peu fier parfois, suivant le sujet de la discussion, mais qui, contrairement aux souvenirs de la jeune femme, ne semblait pas s'emporter si facilement que ça. Était-ce dû au fait qu'il avait frôlé la mort, peut-être, ou alors au fait que son fils unique soit amoureux d'un garçon ? Sans doute aussi. Toujours est-il que lorsqu'ils avaient fait cette promenade dans Londres, la jeune femme avait apprécié et s'était souvent dit, ces derniers jours, qu'elle recommencerait bien.

Hermione fut cependant sortie de ses pensées en entendant des voix provenant d'un couloir perpendiculaire. Pendant à des élèves, elle s'apprêta à leur faire une remarque quand elle reconnut l'une des deux voix.

— Je sais que tu es venu pour elle, Lucius. Depuis que Potter t'a ramassé et emmené avec lui sur l'île de Fair, tu n'as plus d'yeux que pour cette gamine. Tu me fais honte, tu sais ?

Madame Malefoy ? songea la Gryffondor en sa cachant derrière une immense amphore en grès contenant une plante.

— Tu as eu des douzaines d'amants pendant que j'étais en prison, et tu oses me faire la leçon ?

Et voilà Monsieur Malefoy... continua Hermione. Minute, il a parlé d'amants ?

Hermione referma la bouche et soudain, sentit ses joues s'échauffer. Narcissa était purement et simplement en train de réprimander son propre mari sur le choix de ses amantes ! Et par amantes, il fallait comprendre, amante au singulier ! Elle, en l'occurrence ! Elle, Hermione Granger !

Hermione n'en revenait pas !

Choquée d'apprendre une telle chose, la jeune femme s'éloigna à grands pas, les parchemins serrés entre ses bras. Elle s'enferma dans le bureau de McGonagall et s'effondra sur une chaise.

Misère ! s'exclama-t-elle mentalement. Ce n'est pas vrai !

Non, elle ne pouvait pas laisser une telle méprise se passer ! Elle n'était pas l'amante de Lucius, elle n'aspirait pas à l'être ! Elle était fiancée, Alexandre et elle avaient prévu de se marier, ils le prévoyaient depuis des années !

— Je dois... régler le problème.

La jeune femme bondit de sa chaise et laissa un mot à McGonagall près des parchemins. C'était des ébauches de QCM pour les BUSEs et McGonagall devait lui donner son approbation ou son refus pour les faire éditer en grande quantité pour chaque élève, pour le jour J. Mais la Gryffondor avait plus urgent à faire pour l'instant...

Sachant parfaitement, toutefois, qu'elle risquait de s'embarquer sur une pente bien plus glissante qu'elle ne l'imaginait, la jeune femme entreprit de retrouver Lucius et pour cela, elle servit d'un sortilège de localisation en espérant qu'il n'était pas avec Harry ou Malefoy, et encore moins avec sa propre femme...

Elle le dénicha dans la Salle des Trophées, seul, à observer les vitrines. Afin de ne pas avoir à justifier de sa présence dans cette pièce un dimanche après-midi, la jeune femme invoqua un trophée éphémère et entra dans la grande pièce comme si de rien n'était en chantonnant. Très réaliste, elle bondit de frayeur en voyant Lucius.

— Monsieur Malefoy ! s'exclama-t-elle, une main sur le cœur. Bon sang, vous m'avez fichu une de ces trouilles ! Je pensais qu'il n'y avait personne ici, je...

L'homme la regardait comme s'il venait de voir un fantôme, et Hermione se tut, surprise.

— Tout va bien ? demanda-t-elle. Monsieur Malefoy, est-ce que tout va bien ?

La Gryffondor, se souvenant du trophée éphémère dans sa main, alla le déposer dans la première vitrine qu'elle trouva. Il disparaîtrait d'ici deux ou trois heures. Elle pivota ensuite et regarda Lucius.

— Vous... voulez que j'appelle quelqu'un ? demanda-t-elle.

Mais l'homme semblait figé. Soudain, il s'ébroua et se racla la gorge.

— Non, je... Je suis désolé, Miss Granger, vous m'avez surpris, et...

Il secoua la tête et Hermione fronça les sourcils. Elle rentra alors le menton et se mordit les lèvres.

— Monsieur Malefoy, je... J'aimerai vous parler de quelque chose... que je viens d'entendre et...

Lucius regarda la jeune femme en haussant les sourcils puis se détourna.

— Ma femme m'attend, dit-il. Je suis navré, Miss Granger, je n'ai pas de temps à vous accorder, passez une bonne journée...

Il se détourna et se dirigea vers la porte mais Hermione fut plus leste que lui et lui saisit le bras. Quand il se retourna pour lui faire face et que leurs regards s'accrochèrent, Hermione oublia complètement qu'elle était fiancée...

Assise par terre, tout au fond de la Salle des Trophées, vers la grande cheminée éteinte, Hermione était pensive. Dans son dos, appuyé contre le mur, Lucius était tout aussi silencieux. Ils venaient d'avoir une longue conversation sur ce que la jeune femme avait entendu quelques heures plus tôt et, à la surprise d'Hermione, Lucius lui avait révélé qu'il n'avait en rien démenti qu'elle était sa maîtresse.

— Pourquoi ? demanda soudain Hermione en émiettant soigneusement la margelle de l'âtre du bout de l'ongle. Pourquoi ne pas avoir démenti... Il n'y a rien entre nous et il n'y aura rien parce que vous êtes marié, parce que je suis fiancée et parce que... je suis une Née-Moldue.

Dans son dos, l'homme resta silencieux. Hermione pivota alors et observa son profil.

— Monsieur Malefoy... insista-t-elle.

— Vous m'avez sauvé la vie, dit-il alors. Vous m'avez sauvé la vie, Miss Granger...

Il pivota à son tour et la regarda.

— Et j'avais tort de vous juger quand vous étiez plus jeune parce que vous êtes devenue une sorcière très puissante et très respectée et j'ai terriblement honte de mon comportement.

Hermione fronça les sourcils.

— La prison vous a changé, dit-elle doucement. Vous n'êtes plus l'homme arrogant que j'ai connu quand j'avais treize ans...

— Vous n'êtes plus non plus la même personne...

Hermione esquissa un sourire.

— Encore heureux ! s'exclama-t-elle. Quoi qu'il en soit, je ne veux pas devenir votre maîtresse, je ne veux pas faire de tort à votre femme et à Drago, il est mon ami et cela jetterai un froid entre Harry et lui et...

Hermione n'eut pas le loisir de continuer à jacasser, Lucius venait de lui ravir la bouche dans un baiser passionné qui propulsa la jeune femme sur le sol de pierres froides...

La semaine qui suivit fut parfaitement intolérable car les BUSEs et les ASPICs avaient lieu en même temps que les cours de Métamorphose pour les autres niveaux, et Hermione n'eut aucun moment de libre car le professeur McGonagall l'abrutissait sous le travail. Il y avait des dizaines de QCM à dupliquer, pour chacune des classes et des maisons, et ensuite, il fallut les corriger, un à un, sans parler des devoirs des autres classes qui elles, ne passaient pas leurs examens...

Le week-end suivant, celui que la jeune Gryffondor avait promis de passer avec Alexandre, passa donc à la trappe car elle était trop épuisée pour transplaner à Londres et retrouver son fiancé... Alexandre n'apprécia pas mais Hermione eut beau s'excuser, rien n'y fit. Le plus dur à entendre dans la conversation téléphonique qu'eut le couple, fut quand Alexandre prononça le mot « pause » ...

Le vendredi soir, Drago vint frapper à la porte d'Hermione et, n'entendant aucun bruit, il se permit d'entrer. Il trouva la jeune femme recroquevillée dans un des fauteuils, la tête dans les bras. Étonné, il s'en approcha et Hermione releva la tête au même moment. Elle étouffa un cri de surprise et s'essuya les joues du plat de la main.

— Drago ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? dit-elle en se redressant. Tu aurais pu frapper et...

— J'ai frappé mais comme je n'entendais pas de réponse, je me suis permit d'entrer... dit le Serpentard. Est-ce que tu... pleurais ?

Hermione déglutit et tourna la tête.

— Non, non, ce n'est rien... C'est juste... personnel.

— Mione, je sais reconnaître des larmes quand j'en voit, dit alors Drago en empêchant la jeune femme de se lever. Qu'est-ce que tu as ? C'est Alexandre ? Vous vous êtes disputés ?

— Non, non, pas du tout, ça n'a rien à voir... menti-elle.

Hermione déplia ses jambes du fauteuil et soupira.

— Et sinon, tu venais pour quoi ?

— Je voulais juste savoir si tu t'en sortais avec le voyage... répondit le blond en haussant les épaules. Je n'ai pas de nouvelles depuis un moment et j'ai commencé à me renseigner de mon côté mais je ne comprends rien à tous ces organismes de voyages organisés alors...

— Ha oui... le voyage, soupira alors la Gryffondor. Je... je suis désolée... Avec les examens, je n'ai pas...

— Hermione... Ne me dit pas que tu as oublié...

— Non, ne t'en fait pas... Tout est dans le classeur noir là-bas, sur le bureau, mais je n'ai rien vérifié, je ne...

Drago regarda le bureau d'Hermione qui croulait sous les parchemins à corriger et les livres et il se dirigea vers le meuble. Passant derrière, il avisa deux classeurs noirs, l'un étant ouvert sur un parchemin orange écrit à l'encre noire.

Bien que peu curieux, Drago ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil sur le parchemin tout en prenant l'autre classeur, juste histoire de s'assurer que ce n'était pas ce qu'il cherchait. Ce qu'il vit alors lui fit froncer les sourcils et il regarda Hermione.

— Dis-moi, Mione... C'est quoi ces analyses sanguines sur ton bureau ? demanda-t-il en revenant vers la jeune femme. Tu es malade ?

— Tu n'avais pas à les lire, répliqua alors sèchement Hermione.

— Ce n'était pas intentionnel, je regardais juste... Écoute, si tu es malade, tu dois nous le dire, hein...

Hermione quitta le fauteuil et s'enroula dans sa couverture.

— Ce n'est pas grave, je te dis, dit-elle. Maintenant, tu t'en vas, je voudrais rester tranquille. La semaine a été longue et j'ai envie de calme.

— Très bien... Comme tu voudras, dit Drago.

Il se dirigea vers la porte, jeta un dernier coup d'œil à Hermione qui restait immobile, le regard fixé sur la table basse devant elle, puis il quitta la pièce en refermant la porte après lui, le classeur serré dans les bras.

Un peu plus tard, Drago prit Harry à part alors qu'ils se rendaient à la Grande Salle pour dîner.

— Harry, il faut que je te parle... fit-il à son compagnon. C'est au sujet d'Hermione.

— Ça ne peut pas attendre la fin du repas ? demanda Harry.

— Non, c'est à propos d'Hermione, je te dis... Elle m'inquiète.

Harry fronça les sourcils.

— Très bien, je t'écoute... dit-il en agitant la main. Qu'est-ce qu'elle a notre Hermione nationale ?

— Je suis allé la voir pour lui demander quelque chose, tout à l'heure, et je l'ai trouvée recroquevillée dans un fauteuil, entrain de pleurer...

Harry haussa les sourcils, surpris, puis les fronça.

— Hermione ? Pleurer ? Ce n'est pas son style...

— Je l'ai surprise mais elle a nié en disant que tout allait bien puis elle m'a demandé de lui donner chose sur son bureau et, quand je suis allé chercher le parchemin, j'ai vu une analyse sanguine qui venait de St-Mangouste...

— Une analyse de sang ?

— Je n'ai pas voulu lire, Harry, je t'assure mais j'ai dû poser les yeux dessus pour voir si ce n'était pas ce qu'elle me demandait... se défendit le Serpentard. J'ai essayé de la faire parler mais elle m'a envoyé promener...

— Tu voudrais que j'essaie de lui parler ?

— Non, pas la peine, elle ne te dira rien. Mais j'ai l'impression qu'Hermione nous cache quelque chose et j'aimerais bien savoir... Si elle est malade, on doit le savoir, tu ne crois pas ?

— Oui, mais ce n'est sûrement pas grave, dit Harry en posant ses mains sur les épaules du blond. Et si jamais ça l'est, elle nous le dira d'elle-même. Maintenant, si tu veux bien allons manger avant qu'il n'y ait plus rien.

Drago acquiesça mollement, inquiet, puis ils entrèrent dans la Grande Salle et rejoignirent les professeurs à la longue table au bout de la pièce. Hermione étant présente et souriante, Harry ne fit aucune réflexion mais les paroles de son compagnon demeurèrent dans son esprit une bonne partie de la soirée.

Le lendemain samedi, Harry et Drago descendirent à Pré-au-Lard en compagnie de toute une ribambelle d'élèves mais, exceptionnellement, Harry n'était pas accompagnateur comme d'habitude mais avait chargé Ron de l'être à sa place.

— Potter ? demanda Malefoy alors que les deux garçons étaient arrêtés devant une boutique de bibelots comme il y en a beaucoup à Pré-au-Lard. Tu veux... acheter un nid à poussière ?

— Oui ? dit Harry en suivant des yeux un petit joueur de Quidditch monté sur son balai qui tournoyait dans une grande bulle de verre, essayant d'attraper un vif d'or minuscule. Euh non, pas besoin, j'en ai assez. Je réfléchissais, c'est tout. Tu disais ?

— Viens, allons aux Trois Balais... Il fera moins chaud qu'ici.

Harry opina en s'essuyant le front contre la manche de son t-shirt et ils se réfugièrent dans le pub sorcier avec plaisir, appréciant la fraîcheur du bâtiment en grosses pierres de taille.

— Je vous sert quelque chose ? demanda Madame Rosmerta, la barmaid, en les voyant entrer puis se diriger vers une table au fond de la salle.

— Non, pas pour l'instant, dit Drago avant que Harry n'ait pu ouvrir la bouche.

— Mais... ? s'étonna le Gryffondor. Malefoy...

— Attends, dit Drago. J'ai juste un truc à te dire avant... Hermione et moi on bosse dessus depuis des semaines et...

— Hermione et toi ? s'étonna Harry. Plusieurs semaines ? Mais de quoi tu me parles ?

— D'un voyage, Harry, dit alors Drago en souriant.

Les deux garçons s'assirent dans un coin à l'écart des autres clients et Harry fronça les sourcils.

— Un voyage ? Mais comment ça ?

— Chéri, je te propose de partir en voyage, tous les deux, pendant les grandes vacances... C'est-à-dire, à partir de la semaine prochaine et...

— Tous les deux ? Mais Drago...

— Chut, dit Drago avec un sourire. C'est un cadeau d'Hermione. Par contre, ce que je n'avais pas prévu c'est que tout le monde donne quelque chose pour que nous partions tous les deux...

— Tout le monde ?

— Oui, dit Drago en sortant une feuille pliée de sa cape de sorcier. Regarde...

Il déplia le parchemin et le déposa devant Harry, sur la table. Celui-ci eut alors tout le loisir de voir que les signatures de plusieurs professeurs s'étalaient les unes en dessous des autres dans un tableau et que la somme en Gallions qu'ils avaient donnée était inscrite dans une colonne à droite du tableau.

— Vingt Gallions... Cinquante Gallions... dit Harry en suivant des yeux le tableau. Mais... ce sont des sommes énormes !

— C'est ce que j'ai voulu dire à Dumbledore quand j'ai vu combien lui, McGonagall, Rogue, Chourave et Lupin, entre autres, avaient donné mais je n'ai trouvé aucun d'eux dans leurs bureaux, à croire qu'ils m'évitaient...

— Ce ne serait pas impossible, tu sais, dit alors une voix devant eux.

Surpris, Harry et Drago levèrent les yeux et ils tombèrent sur Lupin accompagné de Hagrid.

— On peut s'asseoir ? demanda le demi-géant.

— Bien sûr, dit Harry en désignant les deux chaises vides en face d'eux. Professeur, Hagrid... Pourquoi ?

Et il désigna le parchemin. Lupin se mit alors à se torturer les mains et Hagrid grogna.

— C'est Dumbledore qui a eu l'idée de ça, dit-il. Chacun de nous a donné un petit peu d'argent pour vous payer ce voyage à tous les deux, sans que, comme Hermione nous l'a dit, que ce soit toi, Malefoy qui en paie une partie, comme c'était prévu au départ.

Harry ouvrit des yeux ronds, abasourdi.

— Drago, tu...

— Au début Hermione voulait tout payer et je lui ai dit qu'il en était hors de question alors j'ai décidé de payer une partie du prix mais visiblement, cela n'est plus d'actualité, répondit le blond en levant la main.

— C'est à dire ?

— Regarde donc la somme des « donations » de nos chers professeurs... dit Drago.

Harry baissa les yeux sur le parchemin et il dit :

— Cinq cents Gallions ! Mais c'est une somme astronomique ! Il y a bien plus que le prix du voyage là-dedans !

— Oui Harry, dit Hagrid avec un sourire paternel plaqué sur le visage. Dumbledore a pensé qu'un voyage loin de Poudlard, rien que tous les deux, ne vous ferait que le plus grand bien, aussi, nous avons quelque peu changé les plans d'Hermione... Disons que vous aurez de quoi nous ramener des cadeaux...

— En effet, dit Lupin. Avec ça, vous pourrez partir... plusieurs semaines. Où que vous vouliez...

Malefoy était abasourdi. Jamais une telle sommes, et encore moins que tous les professeurs donnent quelque chose, n'avait été prévu ! Il avait l'intention d'emmener le Gryffondor à Tokyo, au Japon, le plus loin qu'il était possible d'aller, et avec cet argent... C'était plus que faisable !

— Je ne saurai jamais comment vous remercier, dit alors Malefoy en prenant le parchemin.

— Tu n'en a pas besoin, répondit Lupin. Tant que tu ne fais pas de mal à mon filleul, ça me va.

Harry sourit au loup-garou. Depuis la mort de Sirius, Lupin s'était auto désigné parrain du jeune Gryffondor, et celui-ci appréciait la relation particulière qu'il avait le professeur de Défense.

À la nuit tombante, Harry et Drago rentrèrent à Poudlard et montèrent aussitôt dans leur Tour. Encore abasourdi par le cadeau de son compagnon, Harry avait du mal à se concentrer, et pourtant, tout comme Hermione, la semaine avait été terriblement longue et épuisante, et il avait des centaines de devoirs à corriger. Mais il n'en avait absolument pas le courage...

— Tu sais quoi, dit soudain Malefoy en retirant le nœud de soie qui retenait le bout d'une longue tresse lui battant les omoplates. Je sais où on va partir en vacances.

— Où ça ? Pas en France, hein !

Malefoy rigola et secoua la tête.

— Non... Au Japon.

Harry pâlit.

— T'es sérieux ?

Malefoy opina vivement et le brun se jeta à son cou.

— Quand j'étais gosse, je rêvais d'y aller ! dit-il en l'embrassant. T'es un amour ! Et avec tout cet argent, on va pouvoir ramener plein de trucs que personne n'a jamais vus !

Malefoy le serra contre lui en rigolant et, comme son compagnon se faisait un peu pressant, il calma ses ardeurs en lui disant qu'il n'était pas question de partir où que ce soit avant que tous les devoir soient corrigés...

Cela eut l'effet d'une douche froide sur Harry qui se renfrogna et alla à son bureau en maugréant, un peu plus motivé mais pas trop quand même.

Dimanche matin, Hermione eut du mal à se lever. Toute la soirée, elle avait sangloté dans son fauteuil, ressassant les paroles d'Alexandre au téléphone, le vendredi soir. Il saturait. Il en avait assez d'être fiancé à une femme qu'il ne voyait que deux fois dans l'année, et seulement quelques semaines à chaque fois. Au début, il avait accepté, amoureux éperdu de cette sorcière super intelligente mais si maladroite pour les choses de l'amour ! Et puis la passion s'était fanée, les longues absences de la jeune femme avaient calmé les ardeurs de son fiancé et même s'il l'aimait toujours autant, quand elle revenait à la maison, ce n'était plus pareil. Il ne l'avait jamais trompée, il n'était jamais sorti avec une autre femme, et pourtant, il aurait pu, elle n'en aurait rien sut, mais non, il ne l'avait jamais fait. Et aujourd'hui, après trois ans d'engagement et de vie de couple, il avait eu le courage de lui parler de ce qu'il pensait depuis longtemps : de faire une pause dans leur relation.

Et Hermione avait un mal de chien à l'accepter. Elle aimait Alexandre de tout son être, elle se mettrait devant le danger pour lui, mais d'un autre côté, elle savait qu'il avait ses raisons de penser ça. Ils ne se voyaient que deux fois dans l'année, à Noël et aux vacances d'été, et encore, quand elle n'était pas retenue par une quelconque tâche qu'en tant que Moldu, il ne comprenait pas....

Et puis, il y avait cette « histoire » avec Monsieur Malefoy, et ça, Hermione était parfaitement incapable de le gérer. Elle, jeune femme intello, rat de bibliothèque, qui n'avait eu son premier petit-ami qu'à dix-huit ans bien sonnés en la personne de Ron Weasley, avant qu'ils ne rompent parce qu'ils se connaissaient trop bien... Depuis, elle avait Alexandre, et maintenant...

— Non, maintenant, je n'ai plus personne, et il n'est pas question de me jeter dans les bras de L... de Monsieur Malefoy !

Elle avait failli l'appeler par son prénom, ce qui aurait été logique après les quelques minutes intimes qu'ils avaient passées dans la Salle des Trophées, mais non. De toute façon, elle l'avait repoussé car elle avait senti ses intentions... Elle s'était laissé embrasser, rien de mal à ça, d'un certain point de vue, mais elle avait refusé qu'il fasse d'elle sa maîtresse. Elle était fiancée, et elle avait bien l'intention d'épouser Alexandre, un jour ou l'autre, même s'ils devaient passer par la case « break » pour cela.

Et puis, il y avait cette analyse sanguine, aussi... Ces quelques chiffres sur une feuille orange à l'en-tête de St-Mangouste, qui lui indiquait qu'elle était très probablement enceinte...

Pas du tout au courant des tergiversations de sa meilleure amie, cependant, à l'autre bout de château, Harry et Malefoy venaient de se lever et Harry avait proposé à son compagnon qu'ils partent à Londres pour la journée, mais le Serpentard avait refusé la proposition.

— J'ai une soudaine envie d'aller au Manoir, dit Drago en posant la tasse de café de son petit-déjeuner. Voir mes parents.

— Ah bon ? Et ça te prend comme ça ? dit Harry, étonné. Tu es allé voir ton père il n'y a pas longtemps, pour aller à St-Mangouste... Et je crois qu'ils sont venus la semaine dernière, aussi, non ?

— Oui mais...

Malefoy haussa les épaules et Harry sourit.

— Nous irons cet après-midi, alors, dit-il. Après tout, ce sont tes parents, et puis... disons que je n'ai pas encore officiellement rencontré ma belle-famille...

Drago sourit puis il se pencha au-dessus de la table et embrassa le jeune homme avec ferveur. Ils reprirent ensuite leur petit-déjeuner et, alors que Malefoy se beurrait un toast, il songea à quelque chose.

— Dis-moi, dit-il en prenant la Gazette du Sorcier, le toast entre les dents. Tu as des nouvelles de cette femme, là, celle qui t'avais fait convoquer au tribunal...

Harry le regarda un peu de travers et cligna des paupières.

— Non, pas la moindre, dit Harry. Pourquoi tu penses à ça, brusquement ?

Malefoy haussa les épaules.

— Non, comme ça, juste pour savoir... Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à elle, tout d'un coup...

Harry grimaça et versa un peu de lait dans son thé noir.

— Tu sais, tout ce qu'elle dira ne fera pas revenir Sirius, dit-il en prenant un toast à son tour. Il est mort, nous l'avons enterré, à présent, on en parle plus. On ne l'oublie pas pour autant mais on n'en parle plus, d'accord ?

— Comme tu voudras, dit Drago en haussant les épaules.

Il marqua une pause, le temps d'ouvrir le journal, et ajouta :

— Au fait... Il reste une semaine de classe, tu voudrais qu'on parte quand ?

— Partir ? Euh, eh bien, je pensai...

Malefoy haussa un sourcil et lui jeta un regard par-dessus le journal.

— Mon anniversaire est le trente-et-un juillet, alors...

Le blond observa son compagnon un moment puis replia le journal et termina son toast.

— Fin juillet, dit-il. Et jusqu'à quand ?

— Euh, je... Vous n'avez rien décidé de ça, avec Hermione ?

— Si, mais comme je ne pensai pas partir au Japon...

C'était un mensonge car il avait décidé il y a bien longtemps que leurs vacances d'été se feraient sur l'île du Soleil Levant.

— Avec l'argent qu'on a, on peut partir combien de temps ?

— Si on convertit l'argent Livres Sterling pour partir depuis Heathrow...

Le blond tira sa baguette magique et entreprit de faire quelques calculs sur la table.

— On a cinq cents Gallions, dit-il. À quelques Mornilles près. En Livres, ça nous donne deux mille cinq-cents Livres. Hermione nous a déniché un vol Heathrow Tokyo à un peu moins de trois cent quatre-vingt-dix livres, pour deux. Ça nous fait donc sept cent quatre-vingt livres aller-retour. Soit... cent cinquante-six Gallions précisément.

Harry cligna des paupières et s'ébroua soudain.

— Alors avec cinq cents Gallions...

— On a largement de quoi partir un bon mois en trouvant un hôtel de bonne facture, ou une auberge de jeunesse, comme Hermione l'a mentionné dans ses recherches. Et avec ça de faire des sorties et en plus, de ramener des cadeaux à tout le monde !

Un large sourire un peu niais étira alors la bouche de Harry et il se mit soudain à rire un peu bizarrement. Malefoy le regarda en haussant un sourcil et se contenta de sourire, amusé de voir son compagnon se comporter comme si on venait de lui offrir le plus beau cadeau de sa vie.

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