Chapitre 2

Harry se leva en souriant et sauta dans la douche. Les élèves n'étant pas encore levés, l'eau était chaude et Harry resta un bon moment. Ce fut Malefoy qui le tira de ses pensées en frappant à la porte.

— Potter, dit-il. Tu t'es noyé ?

— Non, répondit Harry. Pourquoi ?

— Dommage, répondit Malefoy. Aller, sors de là !

Harry sourit au ton de la voix du Serpentard et il se dépêcha de finir. Il noua une serviette autour de sa taille puis sortit de la salle de bains en frottant ses cheveux pour essayer de les discipliner. De la vapeur s'échappa par la porte ouverte et Malefoy regarda Harry de haut en bas.

— Quoi, demanda Harry. Oh, je suis désolé, des habitudes de solitaire...

— Pas grave, dit Malefoy. On est des mecs, on a l'habitude. Je m'étonnais juste de ta musculature. Dans mon souvenir, tu n'étais pas comme ça...

— Je suis un joueur de Quidditch, Malefoy, rappela Harry avec un sourire. J'ai essayé tous les postes et j'ai développé des muscles un peu partout.

Malefoy secoua la tête puis s'enferma dans la salle de bains.

— Presse-toi, dit Harry en allant s'habiller. Aujourd'hui, on retourna sur le Chemin de Traverse, enfin si tu veux venir. Comme c'est dimanche, j'ai quelques achats à faire. Le Portoloin nous attend dans une heure.

— Un Portoloin ? s'étonna Malefoy par-dessus le bruit de la douche. Tu ne transplanes pas ?

Il songea alors qu'ils avaient utilisé une cheminée pour se rendre dans l'allée marchande, la semaine précédente.

— Bien sûr que si, répondit Harry en enfilant un jean. Mais je ne suis pas très bon pour les atterrissages alors j'évite autant que possible de l'utiliser.

— Pas très bon ? Tu entends quoi par-là ? demanda Malefoy.

— Quelques mètres, répondit Harry en tirant sur son pull pour passer la tête.

— Ce n'est pas très grave, dit Malefoy en sortant de la salle de bain, lui aussi avec une serviette autour de la taille.

— C'est toi qui le dis, dit Harry en souriant. Imagine que je doive me rendre à un endroit où il y a un lac... Je décide de transplaner et je rate mon atterrissage de deux mètres. Au choix, ma réception se fait sur la terre ou dans l'eau. Chouette... C'est pourquoi je préfère m'abstenir d'utiliser le transplanage... Du moins tant que je n'arriverais pas à atterrir pile au bon endroit.

— Et comment tu as fait pour avoir ton permis ? demanda le blond en sortant de la salle de bains, enveloppé dans un peignoir vert.

— J'ai eu de la chance, dit Harry. Je suis tombé sur un examinateur qui avait une marge d'erreur assez large...

Malefoy sourit puis Harry l'envoya s'habiller.

Quand Malefoy redescendit, vêtu d'un jean noir et d'une chemise blanche, il trouva Harry affalé sur son lit, en plein dans ses souvenirs.

— Hé, dit Malefoy en tapotant le cadran de sa montre. On y va ou pas ?

— Oui, bien sûr, répondit le brun en se levant.

Il ferma le livre qu'il feuilletait et décocha un sourire au Serpentard.

Intrigué, Malefoy s'approcha et regarda le livre. C'est un album photo, celui-là même que Hagrid lui avait donné à la fin de sa première année.

— C'est ta famille ? demanda Malefoy en désignant une large photo avec beaucoup de sorciers qui souriaient et faisaient des signes de la main.

— Ouais, répondit Harry. Les Potter au complet. Maintenant, il n'y en a plus qu'un et c'est moi.

— Un seul ? Avec une famille pareille, tu es le dernier ? s'étonna Malefoy. Remarque, moi aussi...

— Ta mère est toujours en vie, non ? dit Harry en refermant le livre.

— Oui mais ce n'est pas une Malefoy, enfin si, depuis qu'elle a épousé mon père... Mais même si elle se remarie et qu'elle a des enfants de cette union, ce ne seront pas des Malefoy. À moins qu'elle épouse un cousin de mon père, ce qui serait tout à probable.

— Il ne tient qu'à toi de perpétuer ta famille, dit alors Harry. Comme moi.

— Mouais, dit Malefoy. Plus facile à dire qu'à faire, hein !

— Tu l'as dit, dit Harry en attrapant une cape. Bon, on y va ? On a juste le temps d'aller à Pré-au-Lard...

— Pas besoin de se presser, on va transplaner, dit Malefoy en enfilant le pull noir qu'il torturait depuis un bon moment entre ses doigts.

Harry rentra le menton.

— Je t'ai dit que...

— Je sais bien, je n'ai pas la mémoire d'une passoire, dit Malefoy en fronçant les sourcils. Je vais transplaner et tu viens avec moi.

Harry regarda Malefoy puis soupira.

— Bon, très bien... Étrangement, je te fais confiance sur ce coup-là alors si on finit dans une vitrine, tu paieras les dégâts !

— Aucun risque ! s'exclama le blond en passant un sac en travers de son torse. Les Mangemorts... savent parfaitement où ils vont, toujours.

Harry lui fit une grimace puis ils descendirent dans le bureau. Ils s'enroulèrent dans leurs capes puis rejoignirent le hall d'entrée. Au milieu des élèves, ils tombèrent sur Dumbledore, qui semblai surveiller les environs.

— On va sur le Chemin de Traverse, Monsieur, dit Harry au Directeur.

— Harry, tu sais ce que je t'ai dit, répondit celui-ci.

— Oui, professeur... soupira Harry en souriant. Je n'ai peut-être plus de parents mais vous m'y faites penser drôlement... Du moins à un vieux grand-père un peu rabâcheur...

— Harry... soupira Dumbledore.

— Oui, professeur, répondit Harry. Je serais prudent, c'est promis !

Dumbledore leva les yeux au ciel puis regarda Malefoy.

— Drago, essayez de faire en sorte qu'il revienne entier, et vous aussi par la même occasion...

— Oui, Monsieur, dit Malefoy avec un sourire, touché que quelqu'un se préoccupe de sa vie.

— Aller, bonne journée, les enfants, dit alors Dumbledore en entrant dans la Grande Salle.

Les deux garçons quittèrent ensuite le château et alors qu'ils passaient la grande porte d'entrée, ils entendirent plusieurs élèves descendre prendre leur petit déjeuner.

— Il est si tôt que ça ? demanda Malefoy en regardant derrière lui. Je croyais qu'ils étaient déjà tous dans la Grande Salle...

Harry regarda sa montre.

— Il est sept heures et demi... Ça fait trop tôt pour sortir ?

Malefoy regarda sa montre à son tour et secoua le poignet.

— Elle est arrêtée. Pour changer... Ça fait deux mois que je dois la changer mais je n'y pense jamais...

Harry sourit puis descendit l'escalier de pierre du perron du château.

— Bonjour Harry ! s'exclama soudain la grosse voix de Hagrid.

— Bonjour Hagrid ! répondit Harry en lui faisant un signe de la main.

— Tu vas te promener ? demanda Hagrid. Soyez prudents, tous les deux !

— Je vais à Londres pour la journée, dit Harry en baissant la voix au fur et à mesure que le demi-géant approchait. J'emmène Malefoy, ça le sort un peu.

Hagrid opina lentement. Il regarda ensuite les deux jeunes hommes s'éloigner et, à peine le portail passé, Malefoy s'arrêta et dit et leva son bras droit à l'horizontale.

— On y va ? demanda-t-il.

Harry hésita un instant puis posa sa main sur celle du blond et la seconde suivante, ils furent happés par le tourbillon du transplanage.

Dumbledore, qui observait les deux garçons depuis l'entrée du château, les vit disparaître et il soupira. Il savait bien que ce n'était pas du tout prudent, ni pour l'un, ni pour l'autre, d'aller à Londres sans au moins un vrai adulte pour les surveiller, mais de toute façon, quoi qu'il dise, il ne pourra pas les garder enfermés. Autant lui-même pouvait passer des jours sans sortir de son bureau, autant Harry et Malefoy deviendraient vite fous, d'autant plus qu'ils étaient les plus grands ennemis de leur promotion et qu'ils étaient de maisons aux idées totalement opposées. Le fait qu'ils cohabitent ensemble depuis une semaine sans se taper dessus était déjà un exploit en soi, et Dumbledore les surveillait de près.

Harry et Malefoy réapparurent juste devant Gringotts, dans une zone sécurisée, et Harry s'éloigna aussitôt en levant la tête vers le frotton de la banque.

— Merci... dit-il en regardant l'allée du Chemin de Traverse pratiquement vide. Transplaner avec un Mangemort est très bizarre comme sensation...

Malefoy haussa les épaules. Il n'avait appris à transplaner qu'après être devenu un Mangemort et de ce fait, il ne connaissait que cette façon. Heureusement, l'allée marchande étant quasiment vide et la zone sécurisée un peu en retrait du passage, personne n'avait vu le gros nuage s'abattre sur le parvis de Gringotts...

— Tu dois aller à la banque ? demanda alors Malefoy en regardant Harry.

— Oui, dit Harry en cherchant la clé de son coffre dans son sac. Tu viens avec moi ?

— Pour quoi faire ?

Harry haussa les épaules.

— Tu peux tout aussi bien m'attendre ici, tu as raison. J'en ai pour une minute.

Malefoy regarda alors autour de lui puis emboîte le pas du Gryffondor.

— Ok, ça va, je viens...

La chaleur du hall d'entrée accueillit les deux garçons comme une chape de béton et le brun souffla puis se dirigea aussitôt vers Gripsec, un gobelin à l'aspect revêche, juché sur une chaise, en train d'écrire nerveusement.

— Bienvenue à Gringotts, dit le gobelin sans le regarder. Je suis à vous dans deux secondes.

Harry hocha la tête puis regarda autour de lui. Il n'y avait quasiment personne dans le vaste hall de marbre et de bois. Malefoy s'éloigna de quelques pas, pour lire des affichettes placardées sur un grand mur.

— Je ne me souvenais pas que c'était si grand, dit-il en regardant Harry.

Harry haussa un sourcil.

— Je n'y suis venu qu'une seule fois, avec mon père... dit le blond. Il voulait me montrer notre immense « fortune » ...

Harry hocha la tête puis Gripsec l'interpella et il se tourna vers le comptoir.

— C'est pour quoi ? demanda le gobelin en se penchant légèrement par-dessus son comptoir bien qu'Harry parvienne sans problèmes à voir au-dessus. Oh, Monsieur Potter...

— Je viens prendre de l'or dans mon coffre, dit Harry.

— La clef ? demanda le gobelin.

Harry tendit la petite clef d'or et le gobelin la prit dans ses doigts noueux.

— Suivez-moi, dit le gobelin en descendant de son tabouret.

Il contourna le bureau puis se dirigea vers une grande porte au bout du hall. Quelques minutes plus tard, Harry, Malefoy et lui-même étaient dans un wagonnet et descendaient à grande vitesse dans les tréfonds du monde magique.

Le wagon s'arrêta dans un crissement de freins devant un quai sombre et couvert de lianes et autre verdure.

— Coffre 440, dit le gobelin en descendant du wagon.

Harry le suivit et Malefoy resta dans le wagon, ne jugeant pas utile de descendre pour suivre Harry comme un toutou. Néanmoins, le Serpentard ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil dans le coffre quand la porte de celui-ci s'ouvrit. Et il resta bouche bée en voyant le monticule d'or qui était plus haut que Harry ! La fortune des Malefoy devait en avoisiner la taille, c'est tout dire ! Et il y avait aussi des sacs et des objets sur des étagères, sans doute quelques reliques des parents Potter...

Plus tard, quand les deux garçons sortirent de la banque, Malefoy, silencieux pendant tout le trajet retour, se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres.

— Il vient d'où tout cet or ?

— Je m'attendais à cette question, dit Harry en attachant la bourse à présent rebondie à sa ceinture. Une partie de cet or était déjà là quand j'ai ouvert le coffre pour la première fois, il y a dix ans, c'était la petite fortune que mes parents m'avaient laissée. L'autre partie, la plus importante, appartenait à Sirius. Il me l'a léguée à sa mort mais je suis sûr que tout n'est pas là... Ceci dit, j'aurais largement de quoi vivre sans travailler, mais je ne suis pas quelqu'un qui laisse faire.

Malefoy hocha lentement la tête, surpris. Jamais il n'aurait pensé que le Gryffondor soit si riche. Il n'en laissait rien voir en tous cas.

— Je dois t'avouer que tu me surprends, Potter, dit Malefoy comme ils reprenaient la direction des boutiques de l'allée marchande.

— Et en quoi ?

— Ta fortune doit égaler celle de ma famille...

Harry sourit. Il savait que les Malefoy étaient une riche et puissante famille dans le monde magique mais de là à égaler leur fortune...

— Tu vois, dit Harry en descendant les marches d'albâtre de Gringotts. Ce que tu dis m'étonne. Je veux dire, je sais que les Malefoy sont riches, voire même très riches, mais de là à ce que ma misérable fortune... l'égale ?

— Misérable c'est vite dit ! dit Malefoy en le suivant. Attend, tu as un monticule de Gallions aussi haut que toi quand même ! Et j'ai aussi vu des sacs et des objets...

Harry sourit puis ils s'engagèrent dans l'allée du Chemin de Traverse pour rejoindre la sortie vers le monde Moldu, à savoir le Chaudron Baveur. Au passage, Harry acheta un livre et de la nourriture pour ses animaux puis ils atteignirent l'arcade de pierre. Deux minutes plus tard, ils débouchaient dans une rue de Londres bien plus animée que le Chemin de Traverse.

— Ces Moldus sont incroyables, dit Malefoy en reculant d'un pas pour laisser passer un homme chargé d'un gros sac de farine qui disparut dans l'arrière-boutique la plus proche.

— Et en quoi ? demanda Harry en le rejoignant près du Chaudron Baveur.

Malefoy ne répondit pas et Harry l'entraîna dans sa ville, celle qu'il arpentait librement depuis maintenant trois ans et dont il connaissait les moindres recoins, des coins branchés aux endroits malfamés.

— Tu connais cette ville comme ta poche, dit Malefoy en remontant à la hauteur d'Harry quand celui-ci s'arrêta devant un immeuble immense. Si je ne savais pas que tu es un sorcier, je te prendrais pour un vrai Moldu.

— C'est sympa... railla Harry avec un sourire de travers.

— Ho, ho, dit Malefoy en souriant. J'ai réussi à froisser le grand Harry Potter !

— T'a fini de faire le malin ? dit Harry.

Malefoy le regarda alors avec un petit sourire en coin. Harry en fut presque déstabilisé. Ce n'était pas son sourire habituel. Il n'y avait aucune trace d'ironie ou de condescendance. C'était juste un sourire, un simple sourire, mais un sourire franc et sincère.

Harry sourit alors puis tous deux reprirent leur chemin sans se douter qu'un sorcier les suivait depuis Poudlard, déguisé en simple Moldu.

Ce sorcier, c'était un espion de Dumbledore. Enfin... un espion, c'est vite dit. C'était en fait un élève de septième année, Rigellus Nowfalk, un Gryffondor.

Doué dans toutes les matières, y compris les potions et la botanique, Rigellus avait eu l'insigne honneur d'être élu Préfet-en-Chef et, avec une fille de Serdaigle, ils faisaient régner la paix dans les couloirs de Poudlard. À eux deux, ils étaient un peu l'équivalent d'Hermione Granger à l'époque et Dumbledore leur faisait confiance pour faire régner l'ordre dans son école.

Et c'est précisément pour cette raison que ce garçon, abandonnant ses cours une journée sur ordre de Dumbledore en personne, que le jeune homme suivait Harry et Malefoy dans les rues de Londres, déguisé en Moldu. Il devait surveiller les deux hommes et, sa baguette magique serrée dans ses doigts, au fond de sa poche, il jetait des coups d'œil partout pour s'assurer qu'aucun individu louche ne s'approche des deux garçons.

Dumbledore lui faisait confiance, la même confiance qu'il accordait à Rogue, ce qui est peu dire...

Malefoy ne cessa de taquiner Harry durant une bonne partie de la matinée, Harry lui rendant la pareille, mais sans jamais hausser le ton. Ils se renvoyaient la balle, attendant que l'autre ait une réplique à lancer ou une anecdote sur leur passé commun qui passait à présent pour la pire des âneries à leurs yeux d'adultes.

— Tu te souviens quand...

— Et toi... Tu te rappelles quand...

Les souvenirs allaient bon train et, oubliant leurs rancunes mutuelles pour quelques heures, les deux garçons s'enfoncèrent un peu plus dans Londres et les souvenirs.

Le souvenir sur lequel ils restèrent tous deux le plus longtemps fut sans doute la relation, éphémère, entre Malefoy et Hermione alors qu'ils étaient tous deux Préfets-en-Chef, lors de leur septième et dernière année en tant que collégiens.

— Je me souviendrais toujours du jour où Hermione s'est pointée dans la Grande Salle avec toi à ses côtés, dit Harry.

— Moi aussi, dit Malefoy en pinçant la bouche. Le silence qui était tombé sur les élèves avait été impressionnant...

— Un Serpentard avec une Gryffondor, pire, Hermione Granger avec Drago Malefoy, ça ne s'était jamais vu de mémoire de Poudlard ! dit Harry.

— Pourtant, il faut un début un tout, dit Malefoy en regardant le Gryffondor.

— Oui, bien entendu, mais dis-moi... Tu m'as dit ne pas te souvenir de la façon dont votre brève histoire avait commencé...

— C'est vrai, mais j'y ai repensé toute la semaine et ça m'est revenu, répondit Malefoy. En fait, en tant que Préfets-en-Chef, nous avions nos propres appartements mais, hélas pour moi et aussi pour elle, ils étaient mitoyens et nous nous croisions tous les jours dans notre Salle Commune et, comble de l'horreur, nous devions nous partager la salle de bains. Je me souviens que je n'arrêtais pas de l'asticoter...

— Version très puérile de la drague, dit Harry.

— Oui, dit Malefoy avec un sourire. Je savais qu'elle détestait certaines choses et je faisais exprès de l'ennuyer avec. Et puis un soir de... mars, je crois... oui, mars... elle s'est mise à me répondre, ce qu'elle n'avait jamais fait avant. Son comportement a changé du jour au lendemain...

— Je l'avais moi aussi remarqué, dit Harry. Mais elle n'a jamais voulu le reconnaître devant Ron et moi. Elle disait que c'était la pression des examens et on a fini par la croire.

— Oui, c'était bien possible. Toujours est-il qu'elle s'est mise à rechercher ma compagnie, ce qui m'avait alors grandement étonné. Je pensais à ce moment-là qu'elle me provoquait mais en fait, elle en avait simplement marre de devoir endurer mes sarcasmes en s'enfermant dans sa chambre. Elle ne me l'a jamais dit mais je pense que c'était cela.

— Sûrement, dit Harry en haussant les épaules. Hermione n'a jamais été très douée pour montrer ses sentiments. Elle était plutôt gauche avec les garçons et elle l'est d'ailleurs toujours. Son compagnon actuel...

— Elle est avec quelqu'un ? s'étonna Malefoy, comme si c'était la plus grande nouvelle du monde.

— Oui, depuis trois ans maintenant. Il ne vit pas au château, c'est un Moldu, mais elle va souvent le voir, trop souvent au goût du professeur McGonagall. Enfin... continue, je t'en prie...

Malefoy hocha la tête puis il continua de raconter tout en marchant, comment Hermione était devenue tout à coup presque « aimable » avec lui. Elle lui adressait des sourires du matin au soir, passait le plus clair de son temps dans leur Salle Commune à l'observer. Malefoy expliqua qu'il en avait vite eut assez de cette attitude nouvelle et forte gênante, si bien qu'un soir, il posa la question fatale, à savoir, pourquoi elle était soudain comme ça. Hermione avait alors demandé comment elle était devenue soudain et, par un subtil jeu de mots, elle parvint à faire dire des compliments à Malefoy. Avant même qu'il ne s'en rende compte, elle était à quelques centimètres de lui, son regard brun plongé dans les yeux couleur de lune du Serpentard.

— C'est après ce soir-là que je me suis vraiment mis à la regarder sous un autre jour, dit Malefoy en s'asseyant sur un banc. Elle avait vraiment changé, elle était à présent une femme et...

— Nous, pauvres garçons, nous ne nous en étions pas aperçus ! continua Harry en souriant.

— Tu as eu droit au sermon aussi ?

Harry hocha la tête avec un sourire.

— L'après-midi avant que vous ne vous pointiez au dîner côte à côte. Est-ce toi qui lui a demandé ou elle ?

— Eh bien, tu ne vas pas me croire, mais c'est elle ! dit Malefoy. Le jour du printemps, le vingt et un mars, elle s'est pointée dans notre Salle Commune après les cours, pressée pour changer et je suis sorti de ma chambre pour lui dire que Dumbledore voulait nous voir. Elle m'a répondu qu'elle n'avait pas le temps de discuter pour l'instant et, telle une tornade, elle a récupéré livres et parchemins avant de s'en aller. J'allais retourner dans ma chambre quand j'ai senti deux bras m'agripper le cou. Je me suis retourné brusquement et j'ai rencontré le regard chocolat d'Hermione. Elle me tenait à sa merci et elle m'a donné rendez-vous, comme ça, de but en blanc, pour l'heure suivante, dans la roseraie.

— Eh ben ! s'étonna Harry. Tu es allé à son rendez-vous ?

— Après qu'elle m'ait furtivement embrassé, je ne pouvais pas refuser... dit Malefoy en plissant le nez.

— En effet, dit Harry avec un sourire. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé pour qu'elle devienne comme ça brusquement mais j'avoue volontiers que je la préfère comme ça plutôt que toujours le nez dans un bouquin.

Malefoy rigola doucement.

— Tout s'est passé si vite après... reprit-il. On est sortis ensembles pendant un mois, un mois que je n'ai même pas vu défiler... J4avais l'impression que c'était normal de passer la soirée avec elle dans mes bras, de manger en face d'elle et de la prendre dans mes bras quand j'en avais envie...

— Et après, vous vous êtes séparés, dit Harry. Mais pourquoi ?

Le Serpentard regarda Harry avec surprise.

— Hermione ne t'a rien dit ? demanda-t-il. Pourtant...

— Non, elle n'a rien voulu raconter et on s'est fait envoyer promener, Ron et moi. Aujourd'hui, quand on lui pose la question, elle répond que vous n'étiez finalement pas si compatibles que ça et elle en reste là.

— La pression, avoua Malefoy en baissant les yeux. Et puis nous avions des idées opposées... Mais c'était surtout le fait que tout le monde ne parlait plus que de nous. Partout où nous allions il y avait quelqu'un pour nous demander si nous arrivions à nous supporter malgré notre appartenance à deux maisons différentes. Si nous voulions être tranquilles, nous devions nous enfermer dans notre Salle Commune mais, même là, on était dérangés. Par les professeurs, notamment qui, et je les soupçonne d'avoir voulu en savoir plus, semblaient se relayer pour venir chez nous nous déranger. Même Rogue est passé un soir. Il était avec Flitwick et ils sont restés presque une heure à nous poser des questions comme si on était un couple de célébrités...

— Je sais ce que c'est, dit Harry en montrant sa cicatrice de plus en plus visible au fil des ans. J'ai l'habitude qu'on m'aborde sans crier gare...

Malefoy regarda la cicatrice en forme d'éclair et fut soudain prit de remords pour le fait que ce soit son Maître qui avait tué James et Lily Potter, faisant d'Harry ce qu'il est aujourd'hui. Il soupira puis regarda autour de lui. Les Moldus vaquaient tranquillement à leurs occupations, des femmes passaient devant eux, accompagnées de leurs enfants trop jeunes pour aller à l'école, un chien fouillait dans une poubelle, ne laissant dépasser que sa queue de couleur feu qui battait l'air.

Harry soupira alors profondément.

— Comme tu dis, dit Malefoy en appuyant ses coudes sur ses genoux et en calant ses mains sous son menton.

Ils s'étaient assis sur un petit muret pour profiter du soleil. Harry regarda alors sa montre et soupira.

— Quelle heure est-il ? demanda Malefoy.

— Onze heures, dit Harry. On devrait peut-être chercher un endroit où manger...

En disant cela, il regarda autour de lui mais il n'y avait pas un café en vue.

— Allons sur le Chemin de Traverse, dit alors Malefoy en se levant.

— Chez Florian Fortarôme ? demanda Harry. Pourquoi pas.

— Au moins, on pourra prendre ce qu'on aime...

Harry sourit puis tous deux reprirent la rue en sens inverse pour rejoindre celle du Chaudron Baveur.

— Enfin ! soupira Harry en se laissant tomber sur un des chaises de paille devant chez Florian Fortarôme.

Malefoy s'assit en face de lui en soupirant et appuya ses coudes sur la table. Harry le regarda et esquissa un sourire.

— Je te croyais bien élevé, Malefoy...

— Mais je le suis, dit le Serpentard. Mais uniquement en présence de mes parents.

Harry sourit et Florian s'approcha alors d'eux, un carnet à la main. Il leur demanda ce qu'ils désiraient et Harry demanda le plat du jour, Malefoy aussi.

Tout en mangeant, Harry regardait autour de lui. Les sorciers et sorcières présents sur le Chemin de Traverse lui rappelèrent combien le monde Moldu était fade plat par rapport à toute cette agitation et ces tourbillons de couleurs.

Malefoy, de son côté, regardait lui aussi autour de lui. Mais sûrement pas pour les mêmes raisons qu'Harry. En réalité, il avait peur de voir débarquer un ou plusieurs Mangemorts venus lui faire sa fête. Il éprouva rapidement un malaise et, terminant son assiette, il enjoignit Harry à se presser.

— Harry, nous devrions faire vite... Je ne suis pas à l'aise...

Harry se posa des questions durant quelques secondes quand soudain Malefoy posa sa main gauche sur son avant-bras droit et fit une grimace de douleur.

— Des Mangemorts ? chuchota Harry.

— J'en ai bien peur, dit Malefoy en regardant autour de lui.

Harry leva les yeux et vit un groupe d'homme, le visage masqué par une large capuche et une grosse corde autour de la taille, stationner au bout de l'allée.

— Ce ne sont sûrement pas des moines, dit-il.

— Qui ? demanda Malefoy.

— Ne te retournes pas, dit Harry. Viens, allons-nous en...

Discrètement mais néanmoins naturellement, tous deux se levèrent de table, laissant deux Gallions dans le cendrier et se dirigèrent d'un pas rapide mais naturel vers une ruelle moins fréquentée.

Comme ils s'adossaient à un mur près d'un tas d'ordures, Harry regarda Malefoy. Celui-ci semblait soudain paniqué à l'idée de se faire pincer.

— Malefoy, dit Harry en posant sa main sur le bras du Serpentard. Calme-toi...

— Mais je suis calme, marmonna Malefoy en regardant fébrilement autour de lui.

La main d'Harry resserra son étreinte sur son bras et Malefoy regarda Harry.

— Calme-toi, répéta Harry. Je t'ai dit que je sais me défendre...

— C'est plus fort que moi... dit Malefoy. Tu n'as pas l'air de comprendre que s'ils me trouvent, ils me tuent ? Et toi aussi par la même occasion ? Imagine un peu le plaisir de Voldemort si ses hommes nous ramènent tous les deux devant lui...

— Je le sais très bien, Malefoy... dit Harry en cherchant à accrocher son regard fou. Malefoy !

Malefoy s'arrêta soudain de bouger et il regarda Harry fixement.

— On s'en va, dit alors Harry.

— Mais...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'Harry transplana, l'emmenant avec lui, juste à temps car les faux moines passaient au même moment devant la ruelle où ils se trouvaient voilà deux secondes.

Au grand étonnement de Malefoy, ils réapparurent juste devant la porte de la maison des Dursley. Harry avait songé à son ancienne maison juste avant de transplaner et son arrivée avait été parfaite.

Solidement agrippé au bras d'Harry, Malefoy ne semblait pas décidé à le lâcher. Le brun lui fit doucement lâcher prise.

— C'est bon, c'est fini... On est loin maintenant, dit-il.

Malefoy eut un soubresaut, comme s'il était à présent reconnecté avec le monde des vivants.

— Potter... bafouilla-t-il.

— Ça va aller ? demanda Harry.

— Je... Je pense... dit Malefoy en regardant autour de lui. On est où ?

— Chez mes Moldus, dit Harry en lâchant le bras de Malefoy.

Il regarda sa main puis ajouta :

— Ta marque est brûlante, Malefoy...

— Ça va passer, assura Malefoy. C'est ce qui se passe quand des Mangemort s'approchent l'un de l'autre...

Il se passa alors la main sur le visage et Harry compris que Malefoy, sous ses airs de dur, n'était qu'un homme comme un autre, la preuve était devant lui quand, sur le Chemin de Traverse, les Mangemorts avaient soudain fait leur apparition...

— Tu veux aller faire un tour avant que j'aille voir les Dursley ? demanda Harry en regardant Malefoy qui avait sa main sur ses yeux.

Malefoy baissa soudain sa main et souffla un grand coup.

— Non, c'est bon, ça va aller... Aller, allons voir à quoi ressemble ta famille !

Harry sourit au ton dur de Malefoy. Il avait retrouvé le Malefoy qu'il connaissait et, soulagé, il appuya sur la sonnette. Un chien se fit entendre puis des pas, un ordre, et le cliquetis du verrou de la porte.

— Black ! s'exclama la grosse voix de l'oncle Vernon. Silence !

Harry regarda Malefoy et sourit. La porte s'ouvrit enfin et le visage de l'oncle Vernon s'illumina en voyant Harry.

— Harry ! dit-il en le prenant par les épaules. Entre donc !

Harry regarda Malefoy et l'oncle Vernon ne fit pas le difficile : il les fit entrer tous les deux.

Un gros chien noir sauta alors sur Harry et celui-ci lui attrapa la peau du coup et le secoua en le câlinant. Le chien lui décocha des léchouilles sur le visage puis fit un bond et disparu dans la cuisine. Harry le regarda sautiller partout, content de voir du monde. Le chien et son nom étaient un hommage à son parrain décédé cinq années auparavant et Harry était certain que Sirius s'était réincarné en ce chien tellement il était cabot.

— Pétunia ! tonna alors l'oncle Vernon. Viens-voir, c'est Harry ! Et il a amené un ami ! Entrez, entrez !

Un bruit retentit dans la cuisine et la tante Pétunia déboula dans l'entrée. Elle saisit Harry par les épaules et le serra contre elle.

— Comment ça va ? demanda alors Harry.

— Ça pourrait aller mieux, dit l'oncle Vernon. Nous venons de passer l'anniversaire de sa...

Il ne put se résoudre à dire le mot « mort » mais Harry, tout comme Malefoy, comprirent.

— Qui est-ce Harry ? demanda alors Pétunia en regardant Malefoy de haut en bas.

— Drago Malefoy, dit Harry. Malefoy, voici mon oncle et ma tante, Monsieur et Madame Dursley.

— Enchanté de vous connaître, dit Malefoy avec la politesse légèrement exagérée des Malefoy.

— Mais que faites-vous ici ? demanda alors l'oncle Vernon. Tu ne nous as pas prévenus, Harry.

— Je n'ai pas eu le temps, s'excusa Harry. Notre... heu... destination n'a pas été programmée...

— Tu veux dire que vous vous êtes retrouvés à Privet Drive, devant notre porte... par hasard ? s'étonna la tante Pétunia.

— Laissez tomber, dit alors Harry avec un geste de la main. Cela me concerne moi et... enfin... mon monde...

Le visage de l'oncle Vernon se renfrogna et la tante Pétunia proposa alors quelque chose à grignoter qu'Harry et Malefoy refusèrent poliment, venant de déjeuner. Ils acceptèrent cependant à boire, volontiers.

— Ils ne sont pas si terribles que ça, dit Malefoy alors que lui et Harry quittaient les Dursley, une heure plus tard.

— Maintenant non, dit Harry en faisant un signe de la main à la tante Pétunia, debout sur le perron de la maison.

— Depuis la mort de leur fils ? demanda Malefoy.

— Oui, répondit Harry. Dudley était peut-être une brute mais il ne méritait pas une mort pareille... Je pense que Voldemort voulait me faire comprendre qu'il n'hésiterait pas à tuer mes proches pour m'avoir.

— Avada Kedavra ? demanda Malefoy.

Une seconde, Harry eut peur qu'il ne lui jette le sort puis il se ressaisit et hocha la tête en signe d'acquiescement.

— Viens, on va passer près de l'endroit où ça s'est passé, dit-il alors en bifurquant soudain sur la gauche.

— Tu es sûr ? demanda Malefoy en le suivant.

Mais Harry ne répondit pas et continua sa route en silence.

— C'est ici, dit-il au bout d'un quart d'heure de marche rapide. On l'a retrouvé ici... mort...

Malefoy leva les yeux sur un parc pour enfants, vide et cerclé par un épais cordon noir.

— Il était seul ? demanda Malefoy en posant les yeux sur un banc recouvert de fleurs.

— Oui, dit Harry. Il attendait ses copains, ils devaient aller « ravager » un autre parc...

Soudain la voix d'Harry se cassa et Malefoy se tourna vers lui.

— Ça va aller ? demanda-t-il. Potter...

Harry hocha la tête et s'éloigna. Il passa sous le cordon noir et s'approcha du banc. Malefoy préféra rester à l'écart et regarda Harry se baisser devant le banc et passer le doigt sur l'entourage d'un cadre en argent contenant la photo de Dudley, souriant.

Mal à l'aise, Malefoy trépigna et se retourna pour observer la rue. Il aperçut alors un mouvement derrière une voiture et il regarda vers Harry.

— Potter, dit-il en passant sous le cordon. Potter...

— Quoi ? demanda Harry en se relevant.

Il regarda autour de lui et Malefoy dit :

— Là-bas, derrière cette voiture, il y a quelqu'un qui nous épie.

— Je sais, dit Harry. Il nous suit depuis le Chemin de Traverse...

Malefoy regarda Harry avec un air incrédule.

— Et tu n'as pas jugé bon de m'en parler ? demanda-t-il.

— Je l'avais oublié, s'excusa Harry en souriant. Bon ! dit-il soudain. On rentre au collège ?

Malefoy regarda le Gryffondor puis le banc avec les fleurs et de nouveau Harry. Celui-ci soupira puis s'éloigna, les bras croisés. Malefoy le suivit et après avoir un rapide signe de croix devant le portrait, le rattrapa et ajusta son pas à celui du Gryffondor.

— Ne dis rien, je te prie, dit alors Harry. C'est assez dur comme ça...

— Comme tu veux, dit Malefoy en regardant devant lui.

Les deux garçons se glissèrent ensuite derrière le mur d'une maison et, automatiquement, Harry saisit le poignet de Malefoy pour le transplanage mais son étreinte fut bien différente de la première. Malefoy le ressentit mais ne dit rien et en une seconde, ils se retrouvèrent devant les grilles du château. Un claquement se fit entendre derrière eux et Harry, revenant à la réalité, poussa Malefoy derrière les grilles et recula à son tour.

— Qui va là, dit-il en sortant sa baguette magique.

Un grand garçon sortit alors de l'ombre d'un arbre et, levant les mains, il montra son insigne de Préfet-en-Chef épinglée sur son blouson.

— Nowfalk... soupira Harry en baissant sa baguette magique. La prochaine fois, prévenez avant d'apparaître ainsi.

— Désolé, professeur, dit Nowfalk.

— Mais dites donc, dit alors Harry en réalisant. Que faites-vous en dehors du collègue à cette heure-ci ? Vous devriez être en cours de... Potions... non ?

Malefoy jeta à Harry un regard admiratif. Harry avait en tête tous les emplois du temps des sept années et des quatre maisons, on dirait, et c'était toujours impressionnant de l'entendre sortir les plannings comme s'il en avait un sous les yeux.

— C'est ma faute, dit alors la voix de Dumbledore dans le dos de Malefoy et Harry qui se retournèrent.

— Professeur Dumbledore ? dit Harry.

— Nowfalk travaille pour moi, dit Dumbledore.

— Travaille ? s'étonna Harry.

— Je lui ai demandé de vous suivre, Harry, tous les deux, au cas où, répondit Dumbledore. Je n'étais guère rassuré de vous savoir tous seuls tous les deux à Londres...

— C'est gentil de penser à nous, professeur, dit Harry. Mais nous savons tous deux nous défendre et...

Dumbledore secoua alors la tête de droite à gauche et Harry sut qu'il était inutile de continuer de parler.

— Retournez chez vous, dit alors Dumbledore. Je préfère vous savoir ici.

Harry hocha la tête puis lui et Malefoy remontèrent dans la tour Sud.

— Il m'énerve ! s'exclama Harry dans l'escalier. Mais il m'énerve quand il s'y met !

— Qui ? demanda Malefoy.

— Dumbledore, pardi ! répliqua Harry.

— Oh ! s'exclama Malefoy. Tu vas me parler sur un autre ton pour commencer !

Le soudain changement de ton de Malefoy surprit Harry et il baissa les yeux en s'excusant puis continua de monter l'escalier deux à deux. Il fut rapidement hors de vue et quand Malefoy entra dans l'appartement de Harry, il le trouva assit dans un fauteuil, entrain de ruminer de sombres pensées.

Le laissant en paix, Malefoy monta chez lui et y resta suffisamment longtemps pour qu'Harry se calme les nerfs d'une quelconque façon.

Quand il redescendit, une bonne heure plus tard, il trouva le Gryffondor entrain de corriger des copies, parfaitement calme.

— Ça va mieux ? demanda-t-il prudemment en s'approchant du bureau. T'es calmé ?

— Oui, dit Harry en le regardant. Je crois que certaines choses vont s'en souvenir, ajouta-t-il avec malice. Et je suis désolé de t'avoir crié dessus.

Malefoy regarda autour de lui et vit quelques éclats de verre jonchant le sol.

Harry regarda les débris puis d'un coup de baguette, il reconstitua ce qui ressemblait à un Hippogriffe qui reprit sa place sur l'étagère. Malefoy hocha alors la tête puis alla s'accouder à la fenêtre. Il tira une cigarette de sa poche et l'alluma en laissant vagabonder son esprit.

Il ignora combien de minutes passèrent mais ce fut Harry qui le tira de ses pensées en se levant de son fauteuil.

Malefoy se tourna en lançant son mégot par la fenêtre et regarda Harry qui lui tournait le dos en suivant du doigt une rangée de livres. Le Serpentard fut alors pris d'un étrange sentiment. Il avait « envie » d'un câlin, comme quand il était petit avec sa mère super protectrice. Il avait soudain envie que quelqu'un le serre dans ses bras... Il baissa les yeux en évitant de continuer à regarder Harry et il sentit le regard de celui-ci sur lui.

— Tout va bien ? lui demanda le brun. Malefoy... ?

Harry avait un livre de Défense contre les Forces du mal dans les mains. Il observa le Serpentard, puis posa le livre sur son bureau et s'approcha.

— Hey... Ça ne va pas ?

Harry posa sa main sur l'épaule du blond qui leva la tête. Avec un profond soupira, Harry l'attira alors à lui et l'étreignit une longue seconde. D'abord un peu raide, Malefoy finit par passer ses bras dans son dos et il écrasa son visage dans l'épaule du Gryffondor.

Je ne sais pas ce que tu as, Drago Malefoy, pensa-t-il. Mais je compte bien découvrir la raison de cet abattement si soudain... tu n'es pas venu me demander mon aide juste parce que tu es traqué par des Mangemorts, c'est une évidence...

Malefoy repoussa soudain Harry et s'en alla, presque en courant. Il monta l'escalier et Harry entendit la seconde trappe se refermer. Il soupira puis

S'appuya contre l'étagère la plus proche et leva les mains vers son visage. Elles tremblaient.

— Mais qu'est-ce qui m'arrive ? demanda-t-il à voix basse.

Le Phénix leva la tête et le regarda.

— Tu sais toi ? demanda-t-il l'oiseau.

L'oiseau fit rouler un son dans sa gorge, comme une question puis regarda par la fenêtre au moment où un grand-duc noir entrait.

— Moka, dit Harry en s'approchant de l'oiseau osé sur son perchoir. J'espère que tu m'apporte de bonnes nouvelles.

Il prit le parchemin noué à la patte de l'oiseau puis retourna derrière son bureau. Il le déroula et sourit en voyant l'entête.

— Neville... dit-il. Ça faisait si longtemps...

Il lut la lettre de l'ancien Gryffondor et découvrit que Neville Longdubas, l'éternel maladroit de Poudlard, venait de se marier. Une photo accompagnait la lettre et Harry pu admirer à sa guise la belle jeune femme qui, au bras de Neville et entourée de sa famille, arborait un ventre rond.

— Hé, hé, dit Harry en prenant un parchemin et sa plume de Phénix. Cachottier, va !

Il répondit à Neville en le félicitant et en le remerciant pour la photo. Il lui raconta un peu les nouvelles de Poudlard, et aussi comment avaient évoluées les choses, en Angleterre, car Neville vivait à présent en Belgique où il était un botaniste renommé, et là-bas, Voldemort et les Mangemorts n'avaient aucune emprise. Les sorciers de ce pays n'ignoraient pas qu'un puissant Mage Noir faisait régner la terreur en Angleterre, mais ils ne faisaient rien pour aider la grande île à l'éradiquer.

Après avoir écrit presque trente centimètres de parchemin, omettant volontairement la présence de Malefoy chez lui, Harry roula la feuille et l'Expedia via sa cheminée. Il retourna ensuite à son bureau et reprit ses corrections mais son esprit était un peu perturbé par le soudain mal-être de son colocataire.

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