Chapitre 19
Assis en tailleur sur son lit, le Serpentard lisait tranquillement, ignorait le tumulte des élèves un peu partout dans le château. Bientôt, ce serait les vacances d'été et certains allaient passer leurs examens, les cinquièmes et les septièmes années.
Des pas retentirent soudain dans les escaliers et la tête de Harry se pointa dans l'entrebâillement de la trappe.
— Tu pourrais répondre quand je t'appelle, dit le Gryffondor en montant dans la chambre. Tu te caches ?
— Tu m'as appelé ? dit Drago en se redressant. Désolé, je n'ai pas entendu...
— Je trouve que tu es plutôt dans les nuages ces derniers temps, dit Harry en s'asseyant au bord du lit. C'est la nouvelle découverte de toi-même qui te préoccupe tant ?
— Oui et non, répondit Drago en s'asseyant au bord du matelas. Oui parce que j'ai découvert après vingt ans de silence que je suis doté d'une particularité génétique qui pourrait mettre ma vie toute entière ne péril, et non parce que je vais sans doute finir ma vie avec toi que si cette particularité génétique se déclenche, nous pourrons avoir au moins un enfant, même s'il n'est pas officiellement issu de toi.
— Je vois, oui, c'est une bonne façon de raisonner... Au fait, tu sais quand ton père vient te chercher ?
— Dix heures, il a dit.
La pendule sonna au même moment et des coups retentirent contre la porte de la tour. Les deux garçons se regardèrent puis éclatèrent de rire et descendirent. Harry alla faire entrer l'homme qui le toisa de sa hauteur, comme à l'habitude, puis il s'excusa, ramassa ses affaires et souhaita une bonne journée aux deux Malefoy.
— Bonjour père, dit alors Malefoy junior. Pouvons-nous y aller ?
— As-tu des appréhensions ?
— C'est normal, non ?
— Oui, bien entendu...
Un blanc s'installa et Drago endossa sa cape en soupirant. Lucius posa alors une main sur son épaule qui se voulait rassurante, mais le petit rat qui grignotait les entrailles de son fils, ne daigna pas pour autant s'en aller...
Après un transplanage jusqu'à Londres et quelques rues parcourues à pieds, les deux sorciers finirent pas arriver à destination.
— Nous y sommes, dit Monsieur Malefoy en regardant devant lui.
Ils étaient devant la vitrine d'un ancien magasin de vêtements qui avait été condamné. S'approchant, Lucius tapota la vitre poussiéreuse et l'un des mannequins abandonnés dans la citrine, le regarda et papillota des yeux un instant. Il inclina ensuite la tête et les autorisa à passer. Ils se retrouvèrent intensément dans un vaste hall d'hôpital carrelé de blanc et parcouru par des centaines d'infirmières et de médecins.
— Par ici, dit Lucius en se dirigeant vers un long comptoir posé au milieu du hall.
Intrigués, Drago regardait autour de lui d'un air un peu craintif. Il n'était encore jamais venu à St-Mangouste et il n'avait pas envie d'y venir. Il détestait les hôpitaux et cette odeur de détergent qui lui piquait le nez.
Lucius s'approcha du comptoir et tapota de sa canne contre le bord. La sorcière de l'autre côté leva les yeux, intriguée, et l'homme blond se présenta. La sorcière lui indiqua de patienter. Un petit papier s'envola alors en battant des ailes pour aller prévenir quelqu'un d'une information, et Lucius poussa son fils jusqu'à un banc où ils s'assirent tous les deux pour patienter.
Ils attendirent une bonne vingtaine de minutes avant qu'un homme ne s'approche, vêtu d'une blouse blanche. Quand Lucius se leva pour l'enlacer brièvement, Drago resta interdit.
— Quel bon vent t'amène, mon vieux Lucius ! s'exclama le médecin. Oh, serait-ce ton fils ?
— Oui, c'est lui. Tu ne l'as encore jamais vu, je me trompe ?
— Hum, il devait avoir deux ou trois mois, si, il me semble...
Lucius esquissa un sourire et posa sa main sur l'épaule de son fils qui était tendu comme un arc.
L'homme leur fit ensuite signe de le suivre et les conduisit dans un bureau spacieux, tout confort, et leur indiqua de s'installer, qu'il revenait.
— Père, dit Drago une fois qu'ils furent dans le bureau, à l'abri des oreilles indiscrètes.
Lucius se tourna vers son fils.
— Père, est-ce que cet homme est au courant ?
Lucius opina.
— Oui, fils, il est au courant, répondit-il. C'est un ancien collègue à moi quand j'étais Medicomage. Nous étions de jeunes Mangemorts à l'époque et nous avons eu notre lot de blessures... Je lui ai parlé de cette particularité avant qu'il ne la découvre dans une analyse de sang et ne me pose des questions gênantes.
Drago opina lentement et inspira alors profondément. Au même moment la porte du bureau se rouvrit et l'ami de Lucius reparut, une tasse de café dans la main. L'homme alla s'asseoir derrière le bureau et observa ensuite les deux sorciers en face de lui.
— C'est impressionnant comme il te ressemble ! s'exclama-t-il alors.
Drago rougit immédiatement et Lucius rigola.
— Bon, et sinon, qu'est-ce qui t'amène, mon brave Lucius ? Il y a bien des années que je n'ai pas de nouvelles de toi...
Lucius pinça la bouche et hocha la tête.
— Je suis navré, j'avais... à faire, ces dernières années, et j'ai mis de côté beaucoup de choses, mais nous en parlerons un autre jour, si tu veux. En fait, je suis venu te voir avec mon fils parce qu'il vient de découvrir qu'il est comme moi et il se pose des questions. Il a été marié, il y a quelques années, mais sa femme et leur fils sont morts sous la main de Voldemort, et depuis, il vit avec quelqu'un d'autre et cette récente découverte l'inquiète.
— Je vois...
Steller sortit alors sa baguette magique et lança un sort de silence sur la pièce. Il se tourna ensuite vers le Serpentard qui rentra le menton, terriblement mal à l'aise sous le regard noire de cet homme qui était un Mangemort.
— Alors comme ça, le jeune Malefoy junior serait un demi-Vélane ? dit alors Steller.
Drago se raidit et recula au fond de son siège. Son père se racla la gorge puis expliqua la situation à la place de son fils, soudain muet. Quand Steller apprit que Drago avait fui Voldemort après que sa femme et son fils aient été tués, et qu'il avait trouvé refuge à Poudlard auprès de Harry Potter, il s'étonna silencieusement. Quand Lucius en fait au fait que les deux garçons, après plusieurs semaines à vivre u même endroit, avaient réalisé qu'ils ne pourraient plus vivre l'un sans l'autre, Steller changea de figure.
— Et cela ne te dérange pas que ton fils soit avec un garçon ? demanda Steller en regardant le plus jeune des Malefoy qui ne semblait avoir qu'une envie, disparaître sous terre.
— Au début, j'ai tiqué, mais plus maintenant, dit Lucius. Je l'ai accepté, de toute façon, je n'avais pas vraiment le choix. Soit j'acceptais Potter soit je perdais mon fils... Et puis, il a déjà fait son devoir en &épousant une femme que je lui avais choisie et en lui donnant un enfant, même si le destin a été peu clément avec lui...
Monsieur Malefoy sourit légèrement et Steller regarda Drago un peu trop longuement au goût de celui-ci qui finit par baisser les yeux.
— Depuis quand sais-tu que tu as cette particularité génétique ? demanda le médecin.
— Depuis trois mois environ, dit Drago, mal à l'aise face à cet homme presque aussi imposant que son père qui ne lui inspirait pas confiance.
— Je vois...
— Moi je le savais depuis longtemps, dit Lucius en se tournant vers son ami. Mais j'avais oublié tout cela, jusqu'à ce que j'y repense, je ne sais pourquoi, il y a plusieurs mois de cela. J'ignorais cependant que mon ami, Severus Rogue, en avait parlé à mon fils avant moi...
— Rogue est au courant ? De mieux en mieux...
— Il est mon meilleur ami, Steller, gronda Malefoy en fronçant les sourcils. Passons. Je suis venu te voir pour que tu répondes aux questions de mon fils, pas pour que tu m'accuses de mon absence ces dernières années.
— Bien, bien, nous allons passer sur tout cela et je vais tâcher de répondre à ce garçon aussi fidèlement que possible, mais sache, jeune homme, que je ne suis qu'un sorcier, comme toi, comme ton père, que je n'ai pas la science infuse et qu'il se peut que je me trompe sur certains sujets.
— Entendu, répondit Drago, qui lâchait son premier mot depuis leur arrivée.
Lucius hocha la tête mais pendant les deux heures qui suivirent, il se rendit bien compte que Steller faisait tout le boulot. Son fils parlait à peine, il marmonnait ses questions quand il en avait, et écoutait les réponses. Steller parlait beaucoup aussi, longtemps, et le blond était pendu à ses lèvres.
— Je crois que nous avons fait le tour...
Steller déposa sur le bureau une feuille de plastique et Lucius la fit glisser vers lui.
— Alors tous les sorciers avec une inclusion Vélane dans leur sang sont ainsi ? demanda-t-il en inspectant le cliché radiographique.
— Oui. Les gènes Vélanes qui parcourent votre ADN ont transformé à la fois votre ADN en lui-même, mais aussi votre corps. C'est très rare de voir une modification physique suite une mutation génétique due à un mélange de deux races. Dans la majorité des cas, la mutation reste au stade dormant, elle ne s'active jamais, comme pour toi, Lucius, et tes ancêtres. Il se peut qu'un jour, ton fils déclenche un état gravidique qui n'aura, bien entendu, aucun lien avec sa relation avec Potter, puisqu'il n'y a pas, dans ce cas, d'échange de fluides physiques pour la procréation. Tout se fait en interne, le corps du sorcier contaminé par les gènes de la Vélane s'autoféconde, c'est un peu comme s'il y avait une autre entité en vous, une Vélane vivante, capable de se reproduire elle-même comme elle le ferait dans la nature.
— C'est proprement terrifiant, dit Drago.
— Je te l'accorde, répondit Steller. En tant qu'homme, surtout, avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, est tout simplement terrifiant, mais malheureusement, il n'y a rien à faire, il n'existe pas de sortilège qui bloque cette partie de toi, qui la supprime... Tu devras faire avec et t'attendre un matin à te lever en attendant un petit...
Drago déglutit et soudain, se leva et quitta le bureau. Jusqu'à maintenant, ne faire que discuter de cette probabilité ne lui avait rien fait, mais là, de savoir, de voir sur les clichés radiographiques de son propre corps, qu'il était capable de porter un enfant comme une femme normale, il avait du mal à l'encaisser.
— C'est donc ici que l'enfant se logera ?
Steller regarda Lucius et hocha la tête.
— Cette membrane que tu vois nichée au milieu des intestins de ton fils, est un équivalent à l'utérus de la femme. Il est suffisamment solide pour protéger un fœtus et le mener à terme, mais pour ce qui est du temps de gestation, impossible à dire. Du fait de la configuration de l'homme, avec ces muscles abdominaux solides, il se peut qu'un état gravidique ne soit pas détecté avant les premiers signes annonciateurs d'une délivrance. Ton fils pourrait attendre un petit sans même le savoir.
— Tu es sérieux ?
— Oui, mais en fait non, car je l'aurai vu sur les clichés, mais si je n'en avais pas fait, le doute serait permis. Bien entendu, l'enfant qui naîtra de ton fils n'aura pas un gène de Harry Potter... Comme je l'ai expliqué, la Vélane créera un enfant d'elle-même, comme pour ton grand-père, Malefoy, dit Steller. Mais il se peut aussi que je me trompe...
Un silence pesant s'installa et soudain, Steller soupira.
— Tu sais quoi, Malefoy ?
— Non ? répondit l'homme blond.
— Je trouve que ce séjour en prison t'a transformé, dit Steller avec un sourire. Tu n'es plus le Malefoy que j'avais connu. Tu es moins froid, moins hautain... plus humain. Autrefois tu aurais tué ton fils s'il t'avait annoncé être tombé amoureux d'un garçon, et pis encore, s'il avait fui les Mangemorts, terrassé par la peur.
— Je sais, répondit Lucius. Je sais bien, mais le Maître est mort maintenant, et si j'ai survécu au poison, c'est grâce à Potter qui est allé chercher le contrepoison directement dans l'antre du Lord, alors... ais-je le droit de l'empêcher de voir mon fils alors qu'il m'a sauvé la vie, à moi, moi qui l'ai tourmenté pendant des années quand il était jeune ?
— Tu sas sans doute raison. Mais reste prudent quand même, concernant ton fils. S'il déclenche son gène, et qu'un enfant en naît, Potter pourrait ne pas être capable de l'assumer.
— Ils en ont longuement discuté, ils...
— Discuter c'est bien, mais j'ai bien vu ton fils aujourd'hui, dit Steller, les sourcils froncés. Il s'est littéralement décomposé au fur et à mesure de mes explications. Pourquoi crois-tu qu'il soit sorti ? Les paroles, c'est bien, mais quand elles se calquent sur des faits qui deviennent brusquement réel, comme cette simple radiographie, alors tout change et la peur prend le relais....
Lucius grimaça. Il se leva alors et Steller lui serra la main.
— Tu me tiens au courant ? demanda-t-il. Et s'il veut me poser d'autres questions, qu'il n'hésite pas à m'envoyer un hibou.
— Très bien, je le lui dirais. Merci de nous avoir accordé un peu de temps.
Lucius s'en alla sortit ensuite dans le couloir mais ne trouva pas son fils et le pensa retourné dans la rue. Il le trouva assis sur des poubelles vides, le regard perdu dans le lointain, et son approche le fit sursauter.
— Tout va bien, mon fils ?
— Oui, je... Je pense que c'était un peu trop à encaisser... Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça de venir, au final, j'aurai peut-être dû rester dans l'ignorance et...
— Tu dis des âneries, Drago. Aller, descend de là et allons manger une glace sur la Chemin de Traverse, dit alors Lucius. Il fait une chaleur à mourir, j'ai vraiment besoin d'air !
Drago regarda son père un peu de travers puis finit par sourire et ils transplanèrent sur le Chemin de Traverse pour s'offrir une glace chez Florian Fortarôme.
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