Chapitre 15

Le lendemain matin, Harry se leva avec une belle gueule de bois et n'importe quel bruit le faisait souffrir.

— Moins fort, je vous en supplie... marmonna-t-il au petit déjeuner ce matin-là alors qu'il n'y avait que les professeurs de présents dans la Grande Salle à cette heure aussi matinale.

Il était sept heures moins le quart et pourtant, la grande pièce était terriblement silencieuse.

— Pardon ? demanda Dumbledore.

— Je suis désolé, Monsieur, dit alors Malefoy avec un sourire. Mais Harry a un peu forcé sur l'alcool hier soir et il a de ce fait une MIGRAINE !

Il avait crié ce dernier mot et Harry rentra la tête dans les épaules en se jurant de ne plus jamais toucher à une bouteille d'alcool.

— Oh je vois, dit Dumbledore avec un sourire.

— Ce n'est pas drôle, Monsieur, maugréa Harry en se tenant la tête avec les mains. Bien, vous m'excuserez mais il y a trop de bruit ici...

— J'ai l'impression que vous devrez vous passer de votre assistant aujourd'hui, Remus, dit alors Dumbledore à Lupin.

— Ce n'est pas grave, assura Lupin en regardant Harry qui se levait.

— Tu veux que quelqu'un te raccompagne ? demanda alors Ron, légèrement inquiet en voyant Harry s'agripper au rebord de la table.

— Non, non, ça ira...

Mais à peine avait-il dit ces mots qu'il vacilla. Hermione, assise juste à côté de lui, se précipita et l'attrapa par le bras.

— Je te raccompagne, décida-t-elle sur un ton qui n'invitait pas à la réplique.

— Encore un qui ne retouchera jamais une bouteille d'alcool, dit McGonagall en regardant Hermione et Harry s'éloigner, Hermione soutenant Harry par le bras. Qu'a-t-il bu au fait, Monsieur Malefoy ?

— Du Ogden's Old Firewhisky, dit le Serpentard en reposant sa tasse de café. Les trois quart d'une bouteille normale.

— Eh bien, dit Ron. Je crois qu'il est grand temps qu'il fasse une pause...

— Ne t'en fait pas, Weasley, on va la faire cette pause.

— On ? s'étonna Dumbledore.

— Hermione et moi sommes en train de nous organiser un petit voyage loin d'ici pour Harry et moi... dit Malefoy.

— Oh je vois, dit Dumbledore avec un petit sourire. Un voyage en amoureux ?

— Monsieur ! s'indigna McGonagall en voyant que Drago avait soudain plongé dans sa tasse.

— Oh mais je vous taquine, Drago, dit alors Dumbledore en souriant.

Malefoy sourit à Dumbledore puis Ron le bourra soudain d'un coup de coude qui n'avait rien d'amical.

— Ouaille ! s'exclama le Serpentard. Mais fait gaffe Weasley... Qu'est-ce qu'il y a ?

— Regardes un peu devant, dit alors Ron. Tu as de la visite on dirait...

Les professeurs, étonnés, tournèrent la tête vers les portes de la Grande Salle et Dumbledore se leva soudain en disant :

— Monsieur et Madame Malefoy ?

— En personne, dit Lucius Malefoy en s'avançant, toujours aussi arrogant.

— Père ? Mère ? dit Drago en se levant lentement. Qu'est-ce que vous faites ici ? Personne ne vous a invité il me semble !

Le ton sec du Serpentard surprit tout le monde, même ses parents.

— Bonjour mon fils, dit alors Lucius. Enchanté de te revoir...

Malefoy grommela quelque chose et Ron posa une main sur son épaule en se voulant apaisant.

— Ne m'en veux pas mon fils, dit alors Narcissa. Je n'ai rien pu faire...

— Silence, femme ! s'exclama Lucius. Aller Drago, rentrons maintenant.

Drago ne bougea pas et Dumbledore dit :

— Excusez-moi, Lucius mais...

— Professeur Dumbledore, dit Lucius. Il ne me semble pas vous avoir adressé la parole. En revanche, j'ai parlé à mon fils et je souhaiterais qu'il obéisse.

— Et moi je ne le souhaite pas, dit Drago en se rasseyant tranquillement sur sa chaise pour finir de petit-déjeuner.

Monsieur Malefoy ne dit rien sur le moment puis ajouta en regardant son fils :

— Drago Lucius Malefoy, je te somme de te lever sur l'instant et de nous suivre.

— J'ai dit non, dit Drago sans lever les yeux d'une tartine qu'il était en train de se beurrer, exactement de la même façon que s'il parlait avec quelqu'un au téléphone.

Cette fois-ci, Dumbledore sentit bien que Lucius commençait à s'échauffer aussi il crut bon intervenir en contactant Hermione à l'aide d'un petit sortilège qui inscrivait sa pensée sur une surface plane.

La jeune femme, dans la chambre de Harry, occupée à le veiller un moment, découvrit avec surprise les quelques mots sur les pages du livre qu'elle lisait et, s'excusant auprès de Harry en lui disant que Drago allait bientôt monter, elle s'éclipsa et redescendit dans la Grande Salle où elle trouva Lucius et Narcissa, debout devant la table des professeurs, eux aussi debout, tous sauf Drago qui remuait lentement son café avec un cuillère tout en fixant son père.

— Mais que... ? dit-elle, figée sur place.

Monsieur Malefoy se retourna et soudain son air dur fondit et il redevint le Lucius Malefoy qu'Hermione avant connu durant le voyage avec Harry et Ron.

— Miss Granger, dit-il. Cela me fait plaisir de vous voir. J'espère que vous êtes remise de votre blessure, je...

— C'est de la vieille histoire, coups la jeune femme.

— Tant mieux alors, dit Monsieur Malefoy.

— Que nous vaut votre visite ? demanda plutôt Hermione.

— C'est pour moi, dit Drago en regardant Hermione.

— Mais ?

— Ils sont simplement venus me chercher, ajouta-t-il. Mais je n'ai absolument pas l'intention de quitter ce château, du moins pas dans l'immédiat.

— Et quand alors ? demanda Lucius en se retournant vers son fils.

— Pour vous, père, jamais, assena Drago en vidant son bol et en se levant. Bien, je resterais bien plus longtemps mais j'ai autre chose à faire.

Et il descendit de l'estrade, passa devant sa mère qui ne bougea pas puis devant son père. Là, celui-ci agrippa soudain le bras du jeune sorcier et Drago se retourna violemment, faisant lâcher prise à son père.

— De quel droit ose-tu me toucher ? demanda-t-il sur un ton sec sans réaliser qu'il venait de tutoyer son père.

— Mais je... bafouilla Lucius en regardant Drago, légèrement déstabilisé par le regard de glace que lui dardait le garçon.

Drago le fixa encore un instant puis fit volte-face et s'éloigna. Monsieur Malefoy, se reprenant, s'exclama :

— Drago, reviens ici immédiatement !

Drago ne l'écouta pas et passa devant Hermione qui le regarda s'éloigner d'un pas décidé.

Attracto ! s'exclama soudain Monsieur Malefoy, ayant sorti sa baguette magique.

Drago se sentit alors tiré vers l'arrière, comme si une main invisible l'avait accroché par le dos de sa robe de sorcier et il commença à reculer contre son gré.

— Arrêtez ça ! hurla-t-il à son père.

Finite Incantatem, dit soudain Hermione.

Aussitôt, le sort fut brisé et Hermione attrapa Drago par le bras pour l'aider à retrouver son équilibre. Puis elle regarda Lucius et dit :

— Il ne partira pas d'ici. C'est clair non ?

Malefoy senior pinça les lèvres puis, se redressant, il dit :

— Miss Granger, veuillez-vous écarter de mon fils.

Hermione resta sans bouger.

— Aller, va-t'en, dit-elle au blond. Je m'occupe d'eux.

Drago ne se le fit pas dire deux fois et il s'éloigna à reculons jusqu'à la porte. Une fois dans le hall, il fila ventre à terre jusqu'à la Tour Sud.

— Reviens ici ! hurla Monsieur Malefoy en avançant de quelques pas.

— N'avancez pas, prévint alors Hermione.

— Ne me donnez pas d'ordres, fille de Moldus ! répliqua Monsieur Malefoy sèchement.

— Alors là... dit Ron à voix basse. Ce n'était pas la chose à dire...

Hermione serra son poing valide puis elle agita imperceptiblement l'index et Monsieur Malefoy fut violemment projeté contre la table de Serdaigle.

— Ce n'est qu'un avertissement, Monsieur Malefoy, dit-elle en le regardant haineusement. Je déteste quand on touche à mes amis. Et même si vous êtes les parents de Drago, il a décidé de rester ici alors il restera. Maintenant je vous prie de quitter ce château.

— Faites ce qu'elle vous a dit, dit alors Dumbledore. Je sais de quoi elle est capable et je serais vous je ne m'essayerais pas à la mettre en colère plus qu'elle ne l'est déjà. C'est un conseil, Lucius...

— Je ne quitterais pas ce château sans mon fils, dit Monsieur Malefoy.

— Ne m'obligez pas à vous faire du mal, Monsieur Malefoy, je n'en ai aucune envie, dit alors Hermione.

— Je suis venu dans l'intention de récupérer mon unique fils et je ne repartirais pas sans, dit Monsieur Malefoy, déterminé.

Hermione, sachant qu'elle n'aurait pas le dernier mot, dit :

— Très bien, dans ce cas, montons chez eux et allons demander leur avis à tous les deux.

— Tous les deux ? dit Monsieur Malefoy.

— Harry a aussi son mot à dire dans l'histoire, non ? dit McGonagall.

Lucius regarda la vieille sorcière, puis Hermione, et croisa ensuite le regarda de son épouse.

— Chéri, dit alors Narcissa. Abandonne cette idée... Le petit est très bien ici...

— Tais-toi, dit Lucius. Ne te mêle pas de mes affaires.

Hermione commença alors à s'éloigner et il la suivit. Dumbledore, McGonagall, Rogue, Narcissa et Ron les suivirent eux aussi et ils furent rapidement devant la porte de la Tour Sud.

Hermione frappa du poing contre le panneau de bois et une voix l'autorisa à entrer.

— C'est nous, dit Hermione en entrebâillant la porte.

Soudain Monsieur Malefoy la poussa et elle s'ouvrit largement.

— Père... dit Malefoy en se refrognant. Que faites-vous ici ?

Il regarda ensuite les autres personnes présentes puis dit :

— Eh bien, ne restez pas sur le palier, entrez et fermez la porte car je sens qu'il va y avoir des cris.

Il se leva ensuite du fauteuil de Harry où il était installé, en train de lire la Gazette et, montant les premières marches de l'escalier, il dit :

— Harry ! On a de la visite !

Monsieur Malefoy tiqua sévèrement mais ne dit rien et la trappe s'ouvrit. Le bas de la robe de sorcier d'Harry apparu puis Harry en entier, un peu plus dispos que lors du petit-déjeuner.

— Qui donc... ? commença Harry en regardant Drago.

Il se tut en voyant les parents Malefoy debout dans son bureau puis il regarda Drago avec incrédulité.

— Mais ? Que font-ils là ? demanda-t-il.

— Je n'en sais absolument rien, répondit Drago, défiant son père du regard.

— Nous sommes venus récupérer notre fils, dit alors Lucius en faisant un pas en avant.

— Mais ? dit Harry. Récupérer ? Mais comment ça ?

— Récupérer, dit l'homme blond. Narcissa et moi sommes venus pour ramener Drago chez nous.

— Mais non, voyons, personne n'a demandé à partir... dit Harry, surpris.

— Ne cherche pas à comprendre, Harry, dit alors Drago en lui prenant la main. Aller vient, reste pas dans l'escalier.

Obéissant, Harry descendit les marches de pierre puis, lâchant la main de Drago il s'approcha de Lucius.

— Je pensais que vous nous seriez reconnaissant de vous avoir tiré du bourbier où nous vous avons trouvé, Monsieur Malefoy... dit-il.

— Mais je le suis, dit Lucius en regardant Harry de haut.

Étant légèrement plus grand que le Gryffondor, il n'avait pas de mal. Harry leva légèrement les yeux puis se tourna vers Drago et dit :

— Choisi.

— Choisir ? s'étonna Drago.

— Oui, mon fils, dit Monsieur Malefoy. Choisir.

— Fait ton choix, mon chéri, dit alors Narcissa. Soit tu restes ici soit tu rentres avec nous au Manoir.

— Il n'y a pas à choisir, dit Drago. Je reste ici. Et vous ne me ferez pas changer d'avis, quoi que vous fassiez père...

Monsieur Malefoy tiqua une nouvelle fois puis il s'approcha de Drago et le regarda de haut. Soudain, il leva la main et gifla violemment le garçon, provoquant la surprise de tout le monde et Drago le premier. Cela faisait des années qu'il n'avait pas reçu de coups.

Sonné, Drago fit quelques pas en arrière et Harry se précipita sur lui. Le Serpentard reprit ses esprits et s'assit sur la première marche de l'escalier en se frottant la joue.

— Mais ça ne va pas la tête, non ! s'exclama Harry. Pour qui vous vous prenez ?

— Fermez-la Potter, dit Malefoy sur un ton rude. Je n'ai aucun compte à vous rendre.

— Vous êtes chez moi ici ! répliqua Harry. Je peux vous mettre dehors si j'en ai envie !

— Harry, dit alors Drago. Laisse tomber...

— Comment ça ? Toi aussi tu as perdu l'esprit ?

Drago se leva alors et fit quelques pas vers sa mère. Il la regarda dans les yeux puis soudain, il dit :

— Très bien, rentrons.

Ces trois mots figèrent l'assemblée et Harry resta sur place, sans bouger pendant de longues secondes qui lui parurent une éternité. Quand enfin il réalisa ce que venait de dire le Serpentard, il se secoua et dit :

— Drago...

Malefoy junior se retourna à demi et dit :

— Je suis désolé, Harry... Je ne veux pas qu'il s'en prenne à toi... Il en est capable...

— Non ! s'exclama le Gryffondor alors que Narcissa passait un bras autour de ses épaules et l'entraînait avec elle. Attends !

Drago ne se retourna pas et ferma les yeux.

— Aller, viens mon fils, rentrons à la maison, dit alors Narcissa sans un regard pour le Gryffondor.

— Drago, dit alors Hermione en se mettant devant la porte. Attends, tu ne peux pas partir comme ça... Et le voyage, tu l'as oublié ?

— Le voyage ? dit Harry. Mais ?

— Plus tard Harry, dit Ron en venant à ses côtés.

— Drago, je t'en prie, tu ne peux pas partir comme ça... dit Hermione en lui prenant un bras, repoussant de ce fait Narcissa qui grommela.

— Hermione... dit Drago en lui prenant la main. Tu es une amie formidable mais je dois obéir à mes parents...

Lucius se sentit obligé de se redresser pour paraître fier puis, repoussant Hermione avec sa canne, il s'éloigna et sortit de la tour, Drago devant lui.

— Drago ! s'exclama soudain Harry en s'élançant derrière eux dans les escaliers, bousculant au passage McGonagall, Narcissa et Rogue.

— Potter, bon sang ! s'exclama Rogue.

Mais Harry dévala l'escalier et attrapa Drago par le dos de sa robe de sorcier.

— Drago, chéri, je t'en prie, ne pars pas comme ça !

Les larmes de Malefoy redoublèrent et Lucius entraîna alors son fils avec lui, obligeant Harry à lâcher prise. Ils sortirent tous deux dans le premier couloir et les quelques élèves présents s'écartèrent prudemment en reconnaissant Monsieur Malefoy – du moins pour ceux qui le connaissaient. Tout à coup, ils virent Harry débouler et attraper Drago par le bras.

— Restes, je t'en supplie... Pourquoi tu pars ?

— Harry... dit Drago en lui prenant le bras pour qu'il le lâche. Je n'ai pas le choix. Je ne veux pas qu'il te fasse du mal...

— Drago, bouge-toi, cingla alors Lucius en tirant sur le bras de Drago pour qu'il avance.

Drago recula d'un pas puis soudain Harry, les larmes aux yeux, se précipita sur lui et l'étreignit solidement.

— Ne pars pas, s'il te plaît...

Le Serpentard hésita puis repoussa son amant et le regarda dans les yeux. Il lui adressa un mince sourire puis se détourna.

— Que se passe-t-il ? demanda une Gryffondor de sixième année à Hermione.

— Monsieur Malefoy est simplement venu récupérer son fils, dit Hermione. Aller, allez prendre votre petit-déjeuner maintenant, Miss Johns.

— Oui, Madame, dit la jeune fille, étonnée.

Serrant ses livres contre sa poitrine, elle regarda Harry, planté au milieu du couloir.

— Drago... supplia-t-il. Tout ce que j'ai fait pour toi ces derniers moi, ça ne compte pas ?

— Je ne peux pas, Harry... dit Drago en reculant encore d'un pas.

— Ne me laisses pas tomber comme ça...

Soudain Monsieur Malefoy en eut marre et, entourant le torse de son fils avec son bras, il l'entraîna de force derrière lui, obligeant Harry à le lâcher.

— Je vais revenir Harry, je te le promets ! s'exclama Drago en tendant un bras vers Harry qui le suivait en marchant.

— Je ne veux pas que tu reviennes ! s'exclama Harry. Je veux que tu restes ici !

Soudain une main agrippa le bras d'Harry et le Gryffondor se retourna pour faire face à Narcissa qui semblait perdue.

— Potter, je suis grandement désolée de cette histoire, dit-elle de sa douce voix. Mais mon époux est un rustre. Quand il a quelque chose en tête, il ne le lâche plus. Cela fait des jours qu'il dit qu'il veut de Drago revienne à la maison... Je suis vraiment navrée de briser votre... heu... enfin ce qu'il y avait entre vous... d'une si douloureuse façon mais ...

— Narcissa !! s'exclama alors Lucius du bout du couloir.

— Il reviendra, je vous en donne ma parole et la parole d'un Black est infaillible, dit alors Narcissa en s'éloignant. Je viens, Lucius !

Harry se figea alors et les autres le rejoignirent. Hermione s'accrocha à son bras et Ron posa une main sur son épaule en guise de réconfort.

— Potter, dit alors McGonagall. Je suis navrée... Je ne pensais pas que...

— Vous n'y êtes pour rien, assura Harry en essuyant ses joues avec le plat de ses mains. Il a fait son choix...

— Mais Harry ? s'étonna Hermione. Comment tu peux dire une chose pareille ? Ne l'aime-tu plus ?

— Bien sûr que si, dit Harry. Mais je ne peux rien contre sa volonté...

— Imbécile ! s'exclama soudain Hermione, hors d'elle. Tu n'es qu'un crétin de première, Harry Potter !

— Voyons Miss Granger, calmez-vous, dit Dumbledore en s'approchant.

— Je ne peux pas rester ainsi sans rien faire, Monsieur ! s'exclama Hermione en se tournant vers le vieux sorcier. Mes deux amis sont entrain de foutre leur vie en l'air à cause d'un foutu sorcier prétentieux !

— Miss Granger ! s'indigna Rogue. Surveillez votre langage.

Ignorant Rogue, Hermione se tourna brusquement vers Harry et, à la surprise de tout le monde, elle le gifla brutalement. Harry vacilla puis s'appuya contre le mur.

— Mais Hermione, qu'est-ce qu'il te prend ? balbutia-t-il, la main sur la joue.

Il regarda Hermione avec incrédulité.

— Va le chercher ! s'exclama-t-elle soudain. Tu as encore une chance de ne pas le perdre ! Si tu l'aimes va le chercher ! Cours-lui après, bon sang ! Par Merlin, réagi !

Abasourdis par l'éclat de colère de la jeune femme, personne ne bougea plus puis soudain Harry se redressa et Hermione sourit.

— Aller, bouge ! s'exclama-t-elle. Ils ne doivent pas encore avoir quitté le parc ! Dépêche-toi bon sang !

— Tu as raison ! s'exclama Harry en retour, faisant sourire les personnes autour d'eux.

— Aller ! le pressa Hermione.

Sur ce, Harry fit volte-face et partit en courant le long des couloirs.

— Miss Granger, dit Dumbledore. Je vous félicite, vous savez être très persuasive des fois.

— Je ne le suis pas, dit Hermione. Je n'ai fait que le secouer. Il a été abasourdi par le départ de Drago et je n'ai fait que le reconnecter avec la réalité.

— Bon, dit soudain Ron, muet depuis l'entrevue dans la Tour. Je ne sais pas vous, mais moi je veux voir la tête de Monsieur Malefoy quand Harry déboulera...

— Oui, Monsieur Weasley, vous avez raison, dit Dumbledore.

— Je peux venir avec vous, dit alors McGonagall. Je n'ai pas de cours avant dix heures...

— Moi non plus, dit Rogue.

— Eh bien, allons-y alors, dit Dumbledore en faisant un grand geste du bras.

Tout le monde partit alors au petit trot à la suite d'Harry dans les couloirs à présent déserts.

Mettant à profit ses aptitudes de sportif, Harry arriva dans le hall d'entrée avant les Malefoy et repartit en sens inverse pour leur couper la route dans un couloir. Il les dénicha à une centaine de mètre de la porte d'entrée.

— Arrêtez ! dit-il en se plantant au milieu du couloir.

— Monsieur Potter, je vous conseille de ne pas vous mettre en travers de mon chemin ! gronda aussitôt Lucius en attrapant sa canne. Il se pourrait que je vous fasse du mal sans le vouloir, alors sortez-vous de là !

— Non, répondit le brun. Je vous en prie, Monsieur Malefoy, Madame Malefoy, écoutez-moi...

— Monsieur Potter, nous devons partir, dit Narcissa sur un ton doux. Drago est notre fils, il doit revenir chez nous et faire le deuil de sa famille convenablement.

Harry serra les mâchoires.

— Il l'a déjà fait, dit-il alors.

Le regard du Serpentard croisa celui du Gryffondor et le blond avala alors sa salive et, doucement, se dégagea de la prise de sa mère.

— Drago, tu...

— Drago, si tu fais un pas de plus... menaça alors Lucius.

— Et quoi ? dit le blond. Vous allez me rouer de coups, comme il y a cinq ans ? Non, père, je ne suis plus cet ado arrogant et prétentieux que vous avez tenté de façonner à votre image. J'ai été marié, j'ai eu un enfant, j'ai fait mon job. Malheureusement, aujourd'hui, ma femme et mon fils sont morts, et j'ai passé les pires mois de ma vie après ça, mais...

Malefoy se tut et s'approcha de Harry. Il posa une main sur son épaule, le regarda, puis pivota.

— Mais il m'a aidé, reprit-il. Potter m'a aidé à remonter la pente, il a été là quand j'allais mal, il a été là tout le temps alors que vous deux... Vous n'étiez pas là ! Mes propres parents étaient aux abonnés absents quand j'ai eu le plus besoin d'eux !

Le blond serra les mâchoires et renifla.

— Maman, c'est votre petit-fils qui a trouvé la mort ce jour-là, dit-il. Ce petit-fils que vous rêviez d'avoir depuis si longtemps !

— Mais Drago...

— Non, répondit le blond. Je ne veux plus jamais revivre ça...

Il laissa glisser sa main de l'épaule de Harry et lui attrapa les doigts. Le Gryffondor, muet, glissa sa main dans la sienne.

— Père, j'ai décidé, dit alors Malefoy. Vous m'aviez dit de choisir et j'ai choisi... Je l'ai choisi, lui, pour finir ma vie, s'il le veut, bien entendu.

Harry sourit au blond en hochant la tête et Malefoy se retourna vers ses parents. Tous deux étaient plantés au milieu du couloir, immobiles, abasourdis.

— Mais Drago... dit alors Monsieur Malefoy après de longues secondes de silence. C'est un homme... Je veux dire... Cette union ne sera pas productive, vous n'aurez jamais l'occasion de perpétuer votre sang, vous...

La voix de Narcissa s'éleva alors et Lucius se tut.

— Et alors ? dit-elle doucement. Et alors, Lucius ? répéta-t-elle.

— Mais... s'étonna l'homme blond. Cette union...

— Oui Harry est un homme, reprit alors Narcissa en s'approchant du jeune couple qui se lâcha la main. Et alors ? Où est le mal ? Nous sommes en Angleterre, Lucius. Ce genre de couple est toléré et ils peuvent même se marier... Notre fils a choisi de faire sa vie avec un homme, après avoir enduré l'enfer, nous devrions plutôt lui souhaiter le bonheur, tu ne crois pas ? Il a fait son devoir comme il l'a dit. Il s'est marié avec la femme que nous lui avions choisie, il l'a aimée et elle lui a donné un enfant. Hélas, paix à leurs âmes, ils sont aujourd'hui décédés tous les deux, alors à quoi bon souffrir de nouveau en cherchant une nouvelle compagne ? Celle-ci tentera de prendre la place de Norya et de l'enfant dans son cœur. Harry lui, ne prend la place de personne...

— Mais, Narcissa... tenta Lucius.

— Je t'en prie, mon amour, dit alors la femme en revenant vers lui, lui prenant le bras. Tu ne le vois pas ? Tu ne vois pas comme notre fils semble plus heureux auprès de Monsieur Potter ? Alors, certes, tu as raison sur un point...

La femme se tourna vers les deux garçons.

— Ils ne pourront pas avoir d'enfants, dit-elle. Pas de leur sang, du moins, mais qu'importe ? Ils sont tous les deux des sorciers, des sang-purs, si cela a encore une quelconque valeur à présent...

Harry doucement à Narcissa et prit la main de Malefoy dans la sienne. Le blond lui sourit puis le lâcha et s'approcha de sa mère pour l'enlacer.

— Merci, mère, dit-il en reculant légèrement. Merci de croire en moi...

— Mais, Drago, ce...

Le Serpentard recula et se tourna vers son père. Lucius semblait complètement perdu. La situation lui avait échappé, quand il l'ignorait, mais toujours est-il qu'il n'avait plus aucun pouvoir présentement.

— Père, dit alors son fils. Ce n'est pas parce que je ne viens pas avec vous et mère que vous n'êtes plus mes parents, au contraire. Je sais que mon choix vous sidère, je le vois bien, mais je n'ai plus de compte à vous rendre, à présent... J'ai été marié, j'ai aimé Norya de tout mon cœur, et nous avons eu un bébé ensemble, mais la vie n'a pas voulu que je les garde, elle les a repris de la pire façon qui soit. Ces images ne hanteront toute ma vie mais grâce à Harry, elles seront de moins en moins douloureuses au fils du temps...

Lucius regarda sa femme, puis son regard de glace se posa sur Harry qui fit un pas en avant.

— Vous avez ma parole, Monsieur Malefoy, dit le brun. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir effacer des souvenirs de votre fils, ces mois de chagrin qui l'ont forcé à venir se réfugier ici. Je ne lui ferai jamais de mal, vous avez ma parole !

Lucius serra les mâchoires en relevant le menton. Soudain, comme un ballon crevé, il sembla se dégonfler en soupirant longuement.

— Très bien, abdiqua-t-il. Très bien, j'abandonne. Prenez mon fils, Monsieur Potter. Prenez-la cela vous chante, mais ne vous avisez pas de me le ramener quand vous en serez lassé.

Sur ce, l'homme contourna sa femme et s'éloigna à grands pas. Harry le suivit du regard et avisa alors Ron, Hermione, McGonagall, Dumbledore et Rogue, planqués au coin du couloir. Il leur adressa un sourire puis entendit remuer et se retourna vers Malefoy et sa mère.

— Prend soin de toi, mon chéri, dit la femme en l'enlaçant. Et si tu as le moindre problème, la porte t'es toujours ouverte.

Le jeune homme lui sourit puis la serra dans ses bras et quand la voix de Lucius retentit au loin, la femme l'embrassa longuement sur la joue puis le relâcha. Elle lui caressa la joue tendrement puis tourna les talons et regarda Harry un moment. Le brun inclina la tête. Narcissa lui sourit puis rejoignit son mari et ils sortirent sur le perron du château.

Tous les autres les y accompagnèrent et quand le couple eut marché jusqu'au portail puis transplané, le groupe resta silencieux.

— On rentre ? demanda soudain Hermione.

Les autres acquiescèrent et Harry regarda son compagnon.

— Tu viens ? demanda-t-il.

— Dans une minute, répondit le blond avec un sourire. Je vous rejoins...

Harry hocha la tête puis disparu aux côtés de Dumbledore qui posa un bras sur ses épaules en lui souriant avec la tendresse d'un grand-père pour son petit-fils.

Malefoy, lui, resta dehors sur les marches du perron à observer le paysage. Il finit par sourire, hocha la tête, puis tourna les talons et rentra dans le château, certain que sa vie allait enfin commencer.

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