Chapitre 12

Après deux longues semaines passées à l'Infirmerie de Poudlard, les trois anciens Mangemorts pouvaient enfin quitter leurs lits et rentrer chez eux. Ils auraient pu partir plus tôt si Pomfresh ne les avait pas contraints à garder le lit quelques jours de plus pour des examens supplémentaires...

Néanmoins, ce laps de temps n'avait changé entre le père et le fils. Les deux Malefoy étaient toujours en froid et quand Narcissa débarqua pour venir chercher Lucius, elle fut si surprise par la glace entre son mari et son fils qu'elle ne trouva rien à dire pendant quelques secondes avant de se jeter au cou de son mari, en larmes.

Drago, qui se tenait assit sur son lit, Harry debout devant lui, préféra détourner les yeux et il fit une moue de dégoût. Harry posa une main sur son épaule et observa le couple enlacé.

— Viens Lucius, rentrons à la maison... dit alors Narcissa en relâchant son époux qui la retint par la main. Où sont tes affaires ? Ah, les voilà...

Elle se tourna alors vers Drago et l'observa un moment.

— Tu rentres avec nous ou... tu restes ici ? tu n'es plus en danger maintenant et... tu as une femme et un fils à pleurer...

Malefoy serra les mâchoires et tourna la tête. Il soupira ensuite et regarda sa mère.

— Dumbledore m'a expliqué pour votre relation, dit alors celle-ci en regardant Harry. Je comprendrais très bien que tu veuilles rester ici. Je ne te forcerais pas à rentrer avec nous au Manoir. Du moins, pas définitivement. Malgré les mois écoulés, nous avons toujours des funérailles à célébrer, mon fils... Et j'y tiens.

Malefoy fils inclina le menton et sa mère hocha la tête.

— Je te recontacte donc quand tout sera réglé, dit-elle.

— Merci, mère, dit le Serpentard. J'apprécie... Je n'aurais pas la force de m'en occuper.

Narcissa inclina le menton puis se tourna vers son mari.

— Lucius ? demanda ensuite Narcissa. Pouvons-nous rentrer à présent ?

Monsieur Malefoy se leva et regarda son fils. Il avait le menton relevé et son air patibulaire habituel mais quelque chose dans son regard indiquait que le désir de son fils de rester à Poudlard, le blessait. Celui-ci quitta alors son lit et sa mère le serra brièvement dans ses bras. Elle l'embrassa sur le front et lui chuchota quelque chose qui le fit sourire, puis elle prit le bras de son mari et ils quittèrent l'Infirmerie.

— Potter... dit alors la voix de Rogue.

Harry se retourna vers son ancien professeur de Potions, assis au bord de son lit, occupé à fermer son veston.

— Je crois que je dois vous remercier d'avoir risqué votre vie pour nous... dit l'homme en tirant sur le bas du gilet.

— Ce n'est pas la peine, répondit Harry. C'est normal... Poudlard est ma maison et ses habitants sont ma famille...

Rogue haussa un sourcil et Drago glissa alors quelque chose à l'oreille du Gryffondor qui le fit sourire.

— Néanmoins, dit-il. J'apprécierai que vous vous rendiez sur la tombe de mes parents... juste de temps en temps.

Rogue haussa les sourcils puis inclina la tête.

— Je le ferai, dit Rogue. J'irais dès que j'aurais un moment. C'est une promesse... et je tiens mes promesses.

Se souvenant de ses propres mots, Harry sourit puis Rogue ajusta sa cape et sortit de l'infirmerie à grands pas. Un cri retentit soudain dans le couloir et Harry se tourna vers la porte.

— Sofia... soupira la voix de Rogue.

— Severus ! s'exclama une voix de femme. Tu m'as fichu une de ces trouilles !

Malefoy et Harry se regardèrent, perplexes puis se mirent à rire et Malefoy prit alors Harry dans ses bras et le serra contre lui.

— Tu ne peux pas savoir comme je suis content de te retrouver, dit Harry en nouant ses bras autour du cou de Malefoy.

— Et moi donc ! s'exclama Malefoy.

Il l'embrassa alors du bout de lèvres et Harry prolongea le baiser jusqu'à plus d'air.

— Dites, les tourtereaux, dit soudain une voix.

Harry recula et regarda Pomfresh avec un sourire, le rouge aux joues.

— Va falloir penser à libérer, dit Pomfresh en lui renvoyant son sourire.

Harry pouffa puis lâcha Malefoy et ils sortirent de la salle. En passant devant l'infirmière, les deux garçons s'exclamèrent :

— Oui, Pompom !

— Et arrêtez de m'appeler comme ça ! s'exclama Pomfresh en riant, les poings sur les hanches.

Harry et Malefoy se mirent à rire puis sortirent de l'infirmerie, parés pour affronter les élèves qui, sans parfois le montrer, s'étaient fait pas mal de soucis.

Le soir même, au dîner, Malefoy vira Hermione de sa place et s'y installa pour se retrouver à côté d'Harry.

— Ça ne te dérange pas, j'espère... Hermy ?

Pour toute réponse, Hermione lui tira la langue.

— De toute façon, je ne peux pas y faire grand-chose, si ?

Malefoy sourit puis Hermione soupira et s'appuya contre son dossier en effleurant sa blessure du bout des doigts.

— Tu as mal ? demanda Ron assis à côté d'elle. Pomfresh n'a pas regardé ?

— Si, répondit Hermione. Mais d'ici quelques jours ça ira mieux. Je n'ai pas voulu qu'elle m'ôte la douleur... Une sorte de souvenir.

— Vous devriez suivre mon conseil, Miss, dit alors Dumbledore en se penchant en avant pour voir Hermione. Rentrez chez vous et reposez-vous. Vous reviendrez travailler quand vous serez parfaitement remise.

— Merci, professeur, dit Hermione avec un sourire. Mais...

— Si vous pensez à moi, Miss, dit McGonagall en se tournant vers elle. Oubliez-moi un moment, je sais très bien gérer des élèves... J'arriverais bien à me débrouiller, mais je dois reconnaître que votre présence m'a considérablement aidée ces dernières années.

— Oui, dit Lupin, assit à côté d'Harry, entre celui-ci et Dumbledore. Je le reconnais. Avoir un assistant, c'est idéal pour faire corriger les copies jusqu'à pas d'heure !

Harry tira la langue à Lupin qui lui décocha un sourire. Depuis trois ans, le professeur de Défense n'avait presque plus corrigé de copies, toutes échouaient sur le bureau du Gryffondor et il lui était arrivé d'y passer des nuits entières...

— Aller, dit soudain Dumbledore. Mangeons !

À ces mots, les plats apparurent et les élèves installés à leurs tables respectives attaquèrent leur dîner, pour la première fois depuis deux semaines, l'esprit tranquille.

Après le repas, Hermione, Ron, Malefoy et Harry sortirent se promener dans la roseraie, chose qu'ils n'avaient pas faite depuis la venue de leurs amis, voilà presque un mois.

Harry marchait à côté de Malefoy, et Ron et Hermione se trouvaient de chaque côté d'eux deux.

— Malefoy, dit soudain Hermione, brisant ainsi le silence.

Malefoy fut surprit qu'elle l'appelle par son nom de famille mais il ne dit rien et la jeune femme continua :

— Excuse-moi si ma question va te paraître étrange mais peux-tu nous dire pourquoi tu es si... heu... glacial avec ton père ?

Malefoy sembla réfléchir un instant et Hermione songea à regretter ses dires mais Malefoy prit la parole :

— Tu as parfaitement le droit de savoir, ce n'est pas un secret.

— Tu es sûr ? demanda alors Harry, légèrement inquiet.

Malefoy le regarda et Harry détourna la tête.

— Il y a plusieurs raisons pour lesquelles je déteste mon père, reprit Malefoy. La première, c'est qu'il est trop sévère envers ma mère et moi. Depuis que je suis petit, j'ai droit aux sermons, au moins un tous les jours. « Tiens-toi droit ! Un Malefoy ne met pas les coudes sur la table ! » ou encore « Ne parles pas sur ce ton à ta mère et dis-nous « vous » ! ». Que des trucs dans le genre. C'est pourquoi je suis si « distingué ». Ma mère en prend pour son grade, elle aussi, mais elle est amoureuse et pour elle, tout ce que fait mon père est grâce.

Malefoy leva les mains et Harry étouffa un rire.

— Ne rit pas Harry, dit Hermione. Il a raison. Je trouve qu'il est plutôt bien élevé pour un Serpentard.

— Merci, dit Malefoy avec un sourire.

— Et quelles sont les autres raisons ? demanda alors Ron.

— Je ne vais pas m'amuser à toutes vous les raconter, dit Malefoy. Mais les plus importantes sont surtout le fait qu'il a toujours été très sévère et aussi le fait qu'il me « corrigeait » souvent, trop souvent à mon goût.

— Qu'entends-tu par « corriger » ? demanda Hermione.

— Il le battait, dit alors Harry d'une voix sombre.

— Pardon ? s'étrangla Ron.

— Il a raison, dit Malefoy. Pendant de nombreuses années mon père m'a battu, avec sa canne, sa ceinture ou encore en me lançant le Doloris. Je ne comprenais pas toujours pourquoi il faisait ça. Ce dont je suis sûr, c'est que quand il était en prison, j'ai été tranquille. Je ne sais pas comment il a fait pour en sortir mais si j'avais un seul et unique souhait à formuler, c'est qu'il y retourne et qu'il y crève !

— Drago ! s'exclama Harry. Tu n'as pas le droit de dire une telle chose !

— Quoi ? Et pourquoi pas ?

— C'est ton père et tu n'as pas le droit de souhaiter sa mort ! répliqua Harry. Tu devrais être fier d'avoir tes deux parents !

— Harry, arrêtes de crier, je t'en prie, dit Hermione.

— Tu as vu mes plaies, tu les as soignées, je pensais que tu me comprenais ! répliqua Malefoy.

— Évidemment que je comprends la haine que tu peux avoir envers lui, dit Harry. Regarde-moi ! Si je devais souhaiter la mort des Dursley à chaque fois qu'ils m'ont maltraité, ils seraient des cas médicaux extrêmement spéciaux ! J'ai pardonné à mes Moldus leur mauvais traitement et je pense que tu devrais en faire autant ! Sur ce, j'en ai assez entendu et je vais me coucher ! Bonne nuit !

— Harry, attends ! s'exclama Ron en reculant d'un pas pour récupérer son équilibre dangereusement contrarié quand Harry le bouscula pour passer.

Hermione attrapa la main de Ron pour lui éviter de tomber dans les roses puis elle attrapa ensuite la main de Malefoy pour l'empêcher de suivre Harry.

— Laisse-le, dit-elle. Il est épuisé, ses nerfs sont à cran, laisse-le. Vous arrangerez tout ça demain.

— Mais, Hermy...

— Oh, je t'en prie... Tu es le mieux placé pour le comprendre... dit alors Ron.

— Mais...

— Drago, dit Hermione. Voldemort est décédé devant lui, sous ses yeux sans rien qu'il n'ait eu à faire... C'est ton père qui a soigné la blessure que j'ai sur les côtes... Et puis, tu es son ami... Essaye de te mettre à sa place une seconde...

Malefoy soupira puis posa sa main sur celle d'Hermione.

— Je ne vois pas vraiment où tu veux en venir, Hermione, dit-il. Mais je crois avoir compris le principal.

— C'est bien, dit Hermione avec un sourire. Aller, venez les garçons, allons finir notre balade avant la ronde.

Malefoy et Ron acquiescèrent et ils se dirigèrent tous trois vers le stade de Quidditch plongé dans le noir.

Deux bonnes heures plus tard, ils se rassemblèrent dans le hall pour effectuer la ronde quotidienne et Rogue ne manqua pas de faire remarquer l'absence d'Harry.

— Tiens, je vois que Potter a déserté, dit-il de son habituel ton railleur.

— Severus... dit McGonagall.

— Quoi ?

— Taisez-vous, soupira le professeur de Métamorphose.

Rogue se renfrogna puis McGonagall dispersa tout le monde et, accompagnée de Dumbledore, elle partit de son côté.

Cependant, Harry était remonté dans la tour Sud et il fulminait. Naoko, l'aigle noir, le regardait tourner en rond autour de la pièce en marmonnant quand soudain, il lança un cria aiguë qui eut pour effet d'immobiliser Harry. Mais le regard que le sorcier lui lança lui fit ravaler un autre cri et il préféra s'installer pour dormir.

— Et vous ? demanda Harry, sur les nerfs aux trois autres oiseaux qui le regardaient avec étonnement. Vous avez quelque chose à dire, aussi ?

Edwige fit rouler une note dans sa gorge en forme de point d'interrogation et Harry fit un geste du bras, celui qui veut dire « Laissez tomber ! ». Il monta les marches de pierres jusqu'à sa chambre et s'affala sur son lit avec un soupir. Il dû s'endormir car quand il se réveilla, sa bougie était pratiquement éteinte et il y avait de la lumière sous la porte de la salle d'eau.

Harry soupira puis se cacha à demi le visage dans ses draps quand la porte s'ouvrit, laissant apparaître un Malefoy en bas de pyjama, une serviette sur l'épaule, le torse encore brillant d'eau, les cheveux défaits et encore humides de sa douche. Sentant un regard sur lui, Malefoy tourna la tête et Harry se tourna sur le côté, feignant de dormir.

— Harry... dit Malefoy en s'approchant. Je sais que tu ne dors pas...

— Non, plus maintenant, répliqua Harry avec humeur en se mettant sur le dos.

Cela ne surprit pas Malefoy qui s'assit sur le lit. D'un geste tendre, il repoussa des mèches du front d'Harry et passa son doigt là où se trouvait avant la cicatrice en forme d'éclair.

— Je vais la regretter, dit-il alors.

Harry soupira profondément et prit la main du blond dans la sienne.

— Tu me pardonnes ? demanda alors Malefoy en se redressant légèrement.

— Je ne sais pas, dit Harry en détournant les yeux. Ce que tu as dit était vraiment blessant et, même si ce n'était pas pour moi, ça m'a fait mal de t'entendre parler ainsi. Tu sais que ton père peut être sympa ?

— Sûrement, dit Malefoy en se redressant et en se détournant.

— Il a proposé de lui-même de soigner Hermione quand elle s'est blessée en essayant de m'empêcher d'aller chez Voldemort. Il savait qu'il pouvait mourir s'il le faisait mais il l'a fait. Il était déjà faible mais il l'a fait quand même...

— Tu l'as déjà dit, rappela Malefoy. Et qu'est-ce que ça peut me faire ? J'ai toujours les années qu'il a passé à me punir gravées sur le corps et dans ma tête et ça, je ne les oublierai jamais.

— Je le sais bien, soupira Harry en s'asseyant. Mais je t'en prie... Essaie de faire un effort...

Malefoy resta muet et Harry lui caressa la joue. Le blond se détourna et Harry posa ses mains sur ses épaules humides.

— Même pas pour moi ? demanda-t-il en lui embrassant l'épaule.

Malefoy soupira puis posa ses mains sur celles d'Harry qu'il caressa distraitement avant de se retourner. Il le regarda dans les yeux puis alla chercher ses lèvres et l'embrassa vivement. Harry lui rendit son baiser puis l'attira à lui et se retrouva étendu contre lui...

Le lendemain matin, quand Harry ouvrit les yeux, il sentit un courant d'air froid sur son corps et réalisa qu'il était nu et que les couvertures n'étaient plus sur le lit. Il était entortillé dans le drap et il se redressa en se frottant un œil. Il regarda autour de lui et découvrit alors un autre corps entortillé dans les draps et il sourit en secouant la tête. Étrangement, passer la nuit avec Malefoy, même s'il en avait de délicieux souvenirs, ne le rendait pas si euphorique qu'il ne l'avait imaginé tous ces derniers mois.

Se libérant du drap, Harry attrapa sa robe de chambre et s'enveloppa en quittant le lit. Il fit un stage à la salle de bains puis descendit dans son bureau et regarda l'heure. Il était à peine sept heures. Heureusement, c'était dimanche aujourd'hui. Il aurait pu rester couché mais il avait du travail et n'avait pas envie de...

— Harry ?

— Je suis en bas...

Malefoy apparut alors, vêtu de son bas de pyjama, torse nu, et il regarda le Gryffondor avec étonnement.

— Pourquoi tu es déjà levé ? demanda-t-il. Reviens te coucher...

Harry sourit doucement et Malefoy s'approcha du bureau. Il se pencha et le brun lui rendit son baiser puis secoua la tête.

— Je suis désolé, dit-il alors. Quelques... mauvais souvenirs ont refait surface et...

Il secoua de nouveau la tête et Malefoy passa sa main dans ses mèches blondes et pinça la bouche.

— Je suis désolé, dit-il alors. Hier soir...

— Non, dit Harry. Il n'y a absolument rien à redire sur hier soir. C'était parfait, d'accord ? C'est moi, juste moi et... mon passé.

Malefoy prit la main du brun puis opina.

— Je retourne me coucher, dit-il alors. Et si tu veux en parler, je suis là, ok ?

Harry esquissa un sourire, serra les doigts, puis regarda le Serpentard remonter à l'étage. Quand il entendit la seconde trappe se refermer, le Gryffondor soupira. Ils avaient couché ensemble, oui, et ça avait été fantastique, mais ça avait aussi ravivé de terribles souvenirs déterrés du passé de Harry...

Afin de les mettre de côté, le Gryffondor attrapa une pile de parchemins et entreprit de corriger des copies de Serdaigle...

— Hermione, dit Ron en la retenant par le bras en bas des escaliers de la tour Sud. C'est dimanche, laisse-les dormir, je t'en prie...

— Ron, il est onze heures et demie maintenant, dit Hermione en montrant sa montre. Ils ont assez dormi, crois-moi !

Ron secoua la tête en faisant une grimace puis Hermione monta les marches deux à deux.

— Ouf ! souffla Ron en arrivant près d'elle en haut du troisième et dernier escalier. Tu as beau avoir quelques côtes éraflées, tu es inépuisable !

Hermione lui sourit puis elle frappa à la porte de bois.

— Entrez ! répondit la voix de Harry.

— Bonjour, les marmottes ! s'exclama la jeune femme en entrant.

Ron la suivit et referma la porte.

— Bonjour, Hermione, bonjour Ron, dit Harry en lâchant Moka par la fenêtre, chargé d'une lettre. Qu'est-ce qui vous amène ?

— À qui tu écris, demanda Ron en regardant l'oiseau s'envoler dans le ciel bleu d'une journée qui s'annonçait bien.

— Aux Dursley, répondit Harry. Ils doivent se poser des questions, ça fait un mois que je ne suis pas allé les voir...

— Et lui, il vient pour quoi, demanda Hermione en regardant l'aigle entrer par l'autre fenêtre.

— Alors ça, dit Harry. Je n'en sais rien. Viens, dit-il à l'oiseau en levant le bras.

Naoko se posa en douceur sur le bras d'Harry et baissa la tête pour que le sorcier décroche la lettre attachée à son cou par un ruban rouge et or. Harry déposa ensuite l'aigle sur son perchoir et alla s'asseoir derrière son bureau pour lire la lettre. Il chaussa ses lunettes et au moment où il s'emparait de son coupe papier, un rire étouffé lui parvint et lui fit lever la tête.

— Arrête de me le dévergonder, dit Harry à Hermione qui agitait son index devant l'aigle qui suivit cette étrange chose mouvante en se tordant le cou.

— Mais c'est lui, dit Hermione en souriant. Regarde...

Elle leva la main et l'aigle leva la tête. Elle l'abaissa et l'aigle suivit le mouvement. Elle fit ensuite un cercle et l'oiseau l'imita.

— Il est génial, dit Hermione en le flattant d'une caresse sur le crâne. On ne croirait pas qu'il appartenait à Voldemort.

Harry hocha la tête puis décacheta l'enveloppe qui, au passage, n'avait pas de sceau sur le bouton de cire noire.

— Tu sais qui c'est ? demanda Ron en s'approchant derrière Harry, essayant de lire par-dessus son épaule.

— Pas du tout, répondit Harry en sortant le parchemin de l'enveloppe. D'habitude, j'identifie les expéditeurs à leur sceau mais comme il n'y en a pas... Voyons voir...

Il déplia la lettre et la lut rapidement, sautant plusieurs passages et allant directement à la signature.

— C'est étrange, dit Harry. C'est le tribunal magique de Londres...

— Tribunal ? dit Hermione en s'approchant du bureau.

— Oui, écoutez... « Cher Monsieur Potter, nous vous prions de vous rendre au Tribunal Fernand Brulefeu, à Londres, 785 Chemin de Traverse, aujourd'hui même à seize heures trente précises. Ne soyez pas en retard. Nous vous donnerons de plus amples détails une fois sur place, amicalement, Maître Dragonneau, avocat à la cour et huissier de la justice magique de Londres. »

— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Ron quand son ami se tut. Tu as eu des ennuis avec la justice, récemment ?

— Non, pas que je me souvienne, répondit Harry en retournant la lettre au cas où il y aurait quelque chose d'inscrit derrière.

Mais le dos du parchemin était vierge et Harry le reposa sur le bureau. Il l'observa un moment, fouillant dans sa mémoire, puis haussa les épaules.

— Bonjour, vous deux, dit alors une voix derrière Hermione.

Celle-ci et Ron se retournèrent et virent Malefoy qui descendait l'escalier de pierre en remettant ses mèches en place.

— Bonjour Malefoy, dit Ron.

— Salut, dit Hermione en souriant. Bien dormi ?

Malefoy hocha la tête puis posa ses yeux sur son compagnon qui fixait un point au-delà de son bureau, les mains croisées coincées sous son menton.

— Qu'est-ce qu'il a ? demanda Malefoy à Hermione.

— On ne sait pas, répondit Hermione. Il vient de recevoir une lettre d'un tribunal de justice magique à Londres qui lui dit de se rendre là-bas à seize heures cet après-midi...

— Pour quelle raison ? demanda Malefoy, étonné.

— J'aimerais bien le savoir, crois-moi, dit alors Harry en se levant. Il n'y a rien d'indiqué dans cette lettre... vous croyez que je peux l'ignorer ?

— Je ne ferais pas ça, répondit Hermione en secouant la tête. Ce n'est pas une blague, c'est bien le papier en-tête du tribunal magique de Londres et je connais cet avocat... il a fait la Une de plusieurs journaux ces dernières années.

Harry opina puis prit la lettre et l'enveloppe et se dirigea vers la porte.

— Où tu vas ? demanda Ron.

— Voir Dumbledore, il saura peut-être ce que c'est.

— Faut venir ? demanda Hermione.

— Pas la peine, si j'ai besoin de vous, je vous ferais chercher, répondit Harry en sortant de la tour.

— Mais qu'est-ce que ça peut bien être ? demanda Malefoy en se servant un petit verre d'alcool.

Hermione le regarda et haussa les épaules puis dit :

— Je n'ai jamais entendu Harry parler d'un quelconque problème avec la justice magique ou Moldue qui soit assez grave pour susciter un rendez-vous dans un tribunal... il a reçu beaucoup de lettres du Ministère, mais aucune d'un tribunal...

— C'est peut-être un héritage à confirmer, tenta Ron.

— Non, je ne pense pas, dit Hermione. Si c'était le cas, la lettre viendrait d'un notaire, pas d'un tribunal. Non, je pense que c'est plus grave. Peut-être que quelqu'un a déposé plainte contre lui, allez savoir ?

— Mais qui ? demanda Malefoy. Et surtout, pourquoi ?

— Tes parents, peut-être ? hasarda Ron.

— Pourquoi mes parents déposeraient plainte contre Harry ? demanda Malefoy, étonné. C'est possible, oui, mais pourquoi ? Je veux dire, je suis ici de mon plein gré, il ne me retient pas prisonnier que je sache...

— Je ne sais pas, dit Ron en haussant les épaules. Peut-être pour te récupérer...

— Je ne suis pas prisonnier, je viens de le dire, Weasley...

— Connaissant Narcissa et Lucius, je ne pense pas qu'ils iraient aussi loin, dit alors Hermione.

— Tu ne les connais pas bien alors, dit Malefoy. Ils sont capables de tout mais tu as tout de même raison sur ce point, Hermy. Ils n'ont rien à gagner à traîner Potter devant un tribunal, surtout si la raison est qu'il m'empêche de rentrer chez eux, ce qui est faux.

— Quand même... dit Hermione. Bon, changeons de sujet, dit-elle alors. On fait quoi ? On attend Harry comme des poteaux de buts où on va se promener ?

— Où ? demanda Ron.

— Je ne sais pas, on pourrait aller voir Hagrid, dit Hermione. J'ai entendu des élèves dire qu'il avait de nouvelles bestioles...

Elle regarda Malefoy qui fit une grimace.

— Sans moi, dit-il. Je vais aller voir Rogue. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé discuter avec lui étant donné que nous étions tous les deux à moitié morts dans nos lits...

— Tu peux toujours essayer, dit Hermione. Mais je ne sais pas si tu le trouveras chez lui, j'ai vu Miss Herridge ce matin.

— Mouais, dit Malefoy en plissant le nez. Bah, je peux toujours aller voir, ça ne me coûtera rien et puis ça me sortira !

Hermione hocha la tête puis Malefoy enfila un pull et sa robe de sorcier puis, attrapant sa cape, tous trois descendirent de la tour Sud et se séparèrent dans le grand hall.

Au même moment, Harry entrait dans le bureau de Dumbledore et malheureusement, il y avait aussi d'autres personnes.

— Harry Potter ? demanda un officier de police vêtu d'une longue robe de sorcier bleu nuit et d'un képi de la même couleur coincé sous le bras.

— Heu... oui, c'est moi, dit Harry qui venait d'entrer dans le bureau. Professeur, que font-ils ici ?

— Je ne sais pas, Harry, dit Dumbledore. Je ne comprends pas la raison de leur présence ici. J'allais t'appeler mais...

— Monsieur Potter, dit le policier. Vous devez nous suivre au Ministère, Monsieur Fudge souhaite vous parler en tête à tête.

— Et pourquoi donc ? demanda Dumbledore en se levant. Fudge ne connaît-il pas le chemin de mon collège pour se permettre de venir m'enlever un professeur ? Un dimanche, en plus ?

— Calmez-vous, Monsieur le Directeur, dit le second policier. Ce n'est qu'un entretient tout simple...

— Justement, en parlant d'entretien, dit alors Harry. Regardez ce que j'ai reçu ce matin, Monsieur.

Ignorant les deux policiers, il tendit la lettre à Dumbledore qui la prit avec étonnement.

— Qu'est-ce donc ? demanda-t-il.

— Lisez et vous saurez, dit Harry en croisant les bras.

Dumbledore ajusta ses lunettes et lut la lettre.

— Qu'est-ce que cela, Harry ? demanda le vieux sorcier en regardant son protégé par-dessus ses lunettes. As-tu eu des ennuis avec la justice magique dont tu ne m'aurais pas parlé ?

— Bien sûr que non, dit Harry sur un ton calme. Vous savez bien que je ne vous cache rien et de toute façon, à quoi bon ?

— Je te crois, dit Dumbledore en repliant la lettre. Bien, suis ces messieurs, pour commencer, et quand tu rentreras, nous irons tous les deux au tribunal pour éclaircir cette affaire.

— Comme vous voudrez, dit Harry.

— Monsieur Potter, suivez-nous, nous allons utiliser le Réseau des Cheminées, ce sera plus rapide, dit le policier en enfonçant son képi sur son crâne recouvert d'épais cheveux bruns. Nous le permettez-vous, professeur ?

— Allez-y, dit Dumbledore en montrant la cheminée de la main. Harry, ne traîne pas, il est déjà midi, ajouta-t-il.

— Je vais essayer de faire vite, dit Harry en hochant la tête.

Il entra ensuite dans la cheminée, entre les deux policiers et le plus vieux des deux cria :

— Bureau de Monsieur le Ministre, Ministère de la Magie, Londres !

Et il jeta une poignée de Poudre de Cheminette dans les cendres. Aussitôt dit, aussitôt fait, quelques secondes plus tard, ils réapparaissaient tous les trois dans l'antichambre du bureau de Fudge, au Ministère de la Magie, à plusieurs centaines de kilomètres de Poudlard.

— Nous vous prions d'attendre le Ministre ici, dit le policier. Bonne journée, Monsieur Potter.

Harry fit un signe de tête puis s'assit sur une banquette pour patienter. L

'antichambre était affreusement silencieuse, seul le léger grattement de la plume de la secrétaire dans la pièce adjacente se faisait entendre. Le jeune sorcier n'osait pas bouger. Il était mal à l'aise et il sentait ses mains devenir moites dans ses manches jointes.

— Bien, Monsieur, je le lui dirais, comptez sur moi, dit soudain une voix.

Harry leva les yeux vers la grande double porte à sa droite qui s'était ouverte et un homme apparut, suivit par le Ministre de la Magie, Cornelius Fudge, en personne.

— Au revoir alors, dit Fudge en serrant la main de l'homme.

L'homme fit un signe de tête puis fit volte-face et s'en alla. En passant devant Harry, il lui fit un signe de tête auquel Harry répondit par politesse puis Fudge le remarqua et dit :

— Ha ! Harry Potter ! Venez, entrez !

Harry regarda Fudge puis se leva et suivit le Ministre dans son bureau qui referma la porte à peine Harry passé.

Au même moment, à Poudlard, Drago cherchait Rogue. Ne l'ayant pas trouvé chez lui, il se rendit auprès de Dumbledore.

— Entrez ? dit Dumbledore quand Malefoy frappa à la porte. Ha, Drago. Que se passe-t-il ? Si vous cherchez Harry, il...

— Bonjour, professeur, dit Malefoy en fermant la porte. Non, je cherche le professeur Rogue. Est-ce que vous souriez où il est ?

— Et pourquoi le cherche-tu ? demanda Dumbledore.

— Comme ça, répondit Malefoy en haussant les épaules. Il y a longtemps que nous n'avons pas discuté tous les deux, à cause de cette maladie, alors...

— Et bien je suppose qu'il est chez lui...

Malefoy secoua la tête.

— Non, j'en viens, il n'y a personne...

— Dans ce cas il doit être à Pré-au-Lard mais Miss Herridge est ici aussi... Elle passe le week-end à Poudlard. De plus en souvent... Trop, si tu vois ce que je veux dire.

— Je vois... dit Malefoy avec un sourire.

— Drago, dit alors Dumbledore.

— Mhm ?

— Sais-tu pourquoi Harry a reçu cette lettre ce matin ?

— Pas le moins du monde, répondit Malefoy. Il n'a rien dit et ne semblait au courant de rien, pourquoi ?

— Parce que je ne sais pas du tout ce que c'est que cette histoire de Tribunal. Harry m'a dit qu'il n'avait aucun problème avec la justice magique, je le crois et je vais l'accompagner tout à l'heure à Londres.

— Heu... Professeur ?

— Mais oui, tu peux venir, dit Dumbledore avec un sourire. Je ne pense pas qu'Harry y voit une quelconque objection d'autant plus que je sais qu'il n'aime pas être seul dans ce genre de situations. Nous quittons le château à quinze heures trente précises.

— J'y serais, dit Malefoy. Au fait, où est Harry ? Il n'est pas remonté à la tour et je ne l'ai pas croisé en venant...

— Au Ministère, répondit Dumbledore en retournant à sa lecture.

— Ah bon ? Pour quelle raison ?

— Deux policiers sont venus le chercher il y a une vingtaine de minutes, Cornelius Fudge désire lui parler, en privé...

— Et, le Ministre ne connaît pas le chemin du collège ? demanda Malefoy en haussant les sourcils.

— C'est ce que j'ai demandé mais le policier a tenu à emmener Harry, répondit Dumbledore en regardant le Serpentard. Enfin bon, il sera vite là, je ne pense pas qu'il s'éternisera. Aller, Monsieur Malefoy, sortez donc promener, j'ai du travail.

Malefoy hocha la tête puis sortit du bureau et redescendit dans le château, pensif.

— Comment pouvez-vous dire une telle chose ? Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé sur cette fichue île ! dit Harry, surpris. Je n'ai encore raconté les faits à personne !

— Monsieur Potter, calmez-vous ! répliqua Fudge.

— Je ne vous autorise pas à bafouer son souvenir ainsi !

— Je ne vous comprends pas, Potter, dit Fudge en s'asseyant sur son bureau. Il a tué vos parents, vous a défiguré puis tué votre parrain, comment pouvez-vous le protéger ainsi ?

Harry ne répondit pas et tourna la tête vers la fenêtre.

— Monsieur Potter, je vous parle !

— Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur le Ministre, dit Harry. Merde !

— Oh !

Fudge eut un mouvement de recul puis il se reprit et dit :

— Depuis que vous fréquentez Dumbledore, vous vous ramollissez ! Vous auriez dû accepter mon offre à la sortie de Poudlard !

— Pour quoi faire ? demanda Harry. Devenir comme vous ? Non merci ! Je préfère encore vivre dans ma tour, avec mes amis !

— Faites comme vous voulez, Monsieur Potter, dit Fudge en se levant. Mais votre entêtement ne m'empêchera pas de construire sur cette île une attraction pour les touristes.

— Je vous l'interdit ! s'exclama Harry en faisant volte-face.

— Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'un gamin ! répliqua Fudge. Cette île ne vous appartient pas, elle appartient au Ministère Moldu de Grande-Bretagne !

— Plus maintenant, dit Harry.

Une idée tordue venait de germer dans son esprit et il regarda Fudge avec son regard le plus dur. Fudge grogna puis Harry lui souhaita une bonne journée et transplana jusqu'au Chemin de Traverse.

— Mais quel abrutit ! dit Harry en réapparaissant tout près de Fleury&Bott.

— Pardon ? demanda une voix.

Harry regarda la personne qui se tenait derrière lui et s'excusa :

— Pardon, Monsieur, je ne vous parlais pas, rassurez-vous. Je suis juste un peu sur les nerfs en ce moment.

— Oh, mais vous êtes Harry Potter ?

— Lui-même, dit Harry. Désolé d'avoir atterrit juste devant vous...

— Ce n'est pas grave, assura l'homme avec un grand sourire.

Puis le sorcier rentra dans une boutique et Harry se dirigea vers Gringotts, le cœur un peu plus léger.

Harry ne rentra à Poudlard qu'en début d'après-midi et monta directement à la Tour Sud où il trouva Malefoy assit dans un fauteuil, une cigarette à la bouche et la Gazette du Sorcier étalée sur la table basse.

Ignorant le Serpentard, Harry lui passa devant et monta l'escalier de pierre jusque dans sa chambre. Étonné, Malefoy le suivit du regard puis se leva, jeta sa cigarette par la fenêtre et le suivit dans l'escalier. Quand il entra dans la chambre du Gryffondor, il trouva celui-ci affalé sur son lit, les yeux perdus dans le vide.

— Hé ben alors... Tu en fait une tête... dit-il en s'agenouillant à côté du lit. Ça s'est mal passé, au Ministère ?

Harry ne répondit pas.

— Hey... Tu es avec moi ?

— Hein ? Oh pardon, Drago...

Malefoy fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que tu as ? Tu m'as passé devant sans même me voir... Tu as l'air, au choix, désemparé, ou furieux.

— Oh Merlin, dit alors Harry en se tournant sur le dos. J'en ai marre de ce Ministre à la noix...

Drago sourit puis s'assit sur le lit et Harry l'imita. Le brun l'embrassa alors doucement puis quitta le lit.

— Ce n'est pas grave, dit-il. Aller, je dois aller voir Dumbledore pour régler cette histoire de tribunal...

— Ah, oui, d'ailleurs, il m'a autorisé à aller avec vous.

— Ah ? Ma foi, ça nous fera une balade. Va te préparer.

Malefoy opina et disparu dans sa chambre. Harry s'enferma dans la salle de bains et, quelques minutes plus tard, ils toquaient chez Dumbledore.

— Vous êtes en avance, les garçons, dit le Directeur en les regardant entrer.

Harry hocha la tête puis il remarqua Rogue près de la fenêtre, dans l'ombre. Il lui lança un regard puis se détourna et Rogue eut un mouvement de recul.

— Je vais faire un tour dehors, dit Harry en sortant du bureau.

— Albus... dit alors Rogue. C'est moi où je viens d'essuyer un regard glacial ?

— Je crois que vous ne rêvez pas, dit Malefoy. Excusez-le, professeur. Il est de mauvaise humeur depuis qu'il est rentré du Ministère.

— Severus, dit alors Dumbledore. Vous pouvez partir.

Rogue hocha la tête puis quitta le bureau dans un tourbillon de capes noires.

— Je ne le comprendrais jamais, soupira Dumbledore quand la porte se fut fermée.

— Moi non plus, dit Malefoy en s'asseyant. Professeur ?

— Mhm ?

— Pouvez appeler Harry, s'il vous plait ?

— Inutile, il arrive, dit Dumbledore.

La porte s'ouvrit alors et Malefoy regarda Harry prendre place sur le siège à côté du sien.

— Il va être l'heure de partir pour Londres, dit Dumbledore en se levant. J'ai contacté cet avocat et il nous attend. Il a été très étonné d'apprendre que je « mêlais des affaires de mes enseignants » ...

Harry haussa un sourcil étonna puis soupira.

— Comment y allons-nous ?

— Nous allons utiliser Fumseck, dit Dumbledore en s'approchant du Phénix. Je t'aurais bien proposé d'utiliser ton propre Phénix, mais il est encore un peu trop jeune.

— Je ne sais même pas s'il sait se téléporter, avoua Harry. Et puis, comme il ne vole pas...

— Tu me l'amèneras ce soir ou demain, je le confronterais à sa mère, dit Dumbledore.

— Si vous voulez, dit Harry.

— Bien... Fumseck ! dit Dumbledore. Viens !

Le gros Phénix orange s'approcha alors en volant et se posa sur le bras de Dumbledore.

— Tu nous emmène à Londres, s'il te plait ?

Le Phénix sembla acquiescer en penchant la tête sur le côté, puis Dumbledore s'approcha d'Harry et posa sa main sur son épaule. Malefoy s'empara de la main d'Harry puis tous droit disparurent sans un bruit. Ils réapparurent sur le Chemin de Traverse, à quelques pas du Tribunal dont l'architecture pourrait rivaliser avec le Ministère.

— C'est gigantesque, dit Harry. Comment est-ce que j'ai bien pu faire pour ne pas le voir pendant toutes ces années ?

— Tu n'y faisais pas attention, c'est tout, dit Dumbledore avec un sourire. Aller, Fumseck, retourne au Château, nous rentrerons en transplanant.

Le Phénix cligna des yeux puis s'envola. Harry le suivit du regard mais une secousse sur son bras lui signala qu'il fallait avancer. Il suivit donc Malefoy et Dumbledore à l'intérieur de l'immense bâtiment et un sorcier en livrée vert bouteille vint à leur rencontre.

— Puis-vous aider, messieurs ? demanda-t-il avec une extrême politesse, un peu trop extrême peut-être.

— Bonjour, brave homme, dit Dumbledore. Je suis le professeur Albus Dumbledore, Directeur du Collège Poudlard et voici Monsieur Harry Potter et Monsieur Drago Malefoy. Nous avons rendez-vous avec Maître Dragonneau pour seize heures.

— Bien sûr, dit le portier avec un sourire. Suivez-moi, je vais vous conduire dans son bureau. Il n'est pas ici pour l'instant mais il ne devrait plus tarder.

— Il est vrai que nous sommes un peu en avance, dit Dumbledore.

— Ce n'est pas grave, monsieur, dit le portier. Si vous voulez me suivre...

Dumbledore, Harry et Malefoy suivirent donc l'homme en livrée le long de plusieurs couloirs jusqu'à une grande double porte en bois noir brillant.

— J'ai la vilaine impression d'être au Manoir Malefoy, dit Malefoy à voix basse à Harry.

— C'est juste une impression, Monsieur Malefoy, dit Dumbledore.

— Heureusement, souffla Harry avec un sourire.

— Entrez je vous prie, dit le portier. Maître Dragonneau ne devrait plus tarder.

— Merci, dit Dumbledore en passant la porte.

Harry et Malefoy le suivirent et ils découvrir un bureau gigantesque, encore plus grand que celui de Dumbledore qui, lui-même, était surpris par la taille de la pièce.

— Merlin... dit Harry.

— Regardez, il y a quelqu'un là-bas... dit alors Malefoy en lui montrant une ravissante jeune femme assise sur une chaise, près du bureau.

— Allons la voir, dit alors Dumbledore.

Ils s'en approchèrent et Dumbledore demanda :

— Bien le bonjour, Mademoiselle. Vous avez rendez-vous avec Maître Dragonneau ?

— Oui, monsieur, dit la jeune femme en lui décochant un sourire à faire fondre la banquise. À seize heures...

— Ah bon ? s'étonna Dumbledore.

— Cela vous étonne-t-il ? demanda la jeune femme, surprise.

— Eh bien, je dois l'avouer, oui, répondit Dumbledore. Ces garçons et moi-même avons rendez-vous à la même heure avec Maître Dragonneau...

— Oh ! s'exclama soudain la jeune femme. Je vois... Voyez-vous, je suis ici pour avoir des informations sur l'un de mes amis... Sirius Black...

— Hein ? s'exclama Harry.

— Excusez-moi, jeune homme, dit la jeune femme sur un ton sec. Mais il ne me semble pas vous avoir parlé.

Harry rougit puis se détourna et regarda Dumbledore en quête de soutient.

— Mademoiselle, je vous présente Harry Potter...

La jeune femme parut alors s'étrangler puis elle bafouilla des excuses et enfin dit :

— Pardonnez-moi. Je me présente, je suis Bridget Grimmer. J'étais une très bonne amie de Sirius Black et...

— Écoutez Mademoiselle, dit alors Harry. Mon parrain est mort depuis cinq ans maintenant. Si vous vouliez des nouvelles de lui, il fallait le faire plus tôt. Sur ce, je m'en vais. J'ai autre chose à faire que de discuter d'un passé que j'ai mis des mois à mettre de côté !

Et il transplana, laissant Malefoy et Dumbledore comme deux ronds de flan. Maître Dragonneau choisit ce moment-là pour arriver et il fut étonné de ne pas voir Harry – qu'il connaissait de vue, comme une grande partie des sorciers d'Angleterre le connaissaient de nom – ayant rendez-vous avec lui et non les deux personnes inconnues devant lui.

— Messieurs, à qui ai-je à faire ? demanda-t-il en allant s'asseoir derrière son bureau. Il me semblait avoir rendez-vous avec Monsieur Potter... ?

— Je suis le professeur Albus Dumbledore, Directeur de l'École de Sorcellerie de Poudlard et voici Drago Malefoy, un ami de Harry. Nous sommes... eh bien, là pour représenter Monsieur Potter, j'en ai peur.

— Ah bon ? Il était là ?

— Il y a quelques minutes, mais sa rencontre avec cette demoiselle ne lui a pas... comment dire... plu, répondit Dumbledore. Il a donc préféré rentrer. Veuillez l'excuser.

— Bon, dit l'avocat. Ce n'est pas grave, je vous connais, Monsieur Dumbledore, je sais que vous lui relaterez notre discussion. Bien ! Je suis Maître Dragonneau, avocat de la justice magique et nous sommes ici sur une demande formulée par Miss Grimmer, ici présente...

L'entrevue fut rapide : en clair, Miss Grimmer souhaitait avoir des nouvelles de Sirius Black, ne vivant pas en Angleterre, mais en Amérique, à New York et, ne sachant à qui s'adresser, elle s'était dirigée vers la Justice, meilleur moyen pour retrouver quelqu'un, même si, d'après Malefoy, un simple Détective Privé aurait fait l'affaire et aurait sans doute coûté beaucoup moins cher à la jeune femme.

Une heure après leur arrivée, Malefoy et Dumbledore quittaient le tribunal et sortaient dans les rues Moldues de Londres.

— Bien, dit Malefoy. C'était étrange, non ?

— Oui, répondit Dumbledore. À vrai dire, je connais Sirius et depuis longtemps, mais je n'avais jamais entendu parler de cette femme.

— Il y a quelque chose qui me chiffonne quand je la regarde... On dirait qu'elle ment. Vous ne trouvez pas ? C'est bizarre.

— L'accuser de mensonge sans en être sûr, c'est dangereux, Drago, mais tu as raison, elle est étrange. Bon, aller, rentrons.

Dumbledore posa sa main sur l'épaule de Drago et ils transplanèrent tous deux jusqu'au château. Ils réapparurent devant la grille et Malefoy soupira en regardant la tour Sud dont on voyait le toit depuis l'entrée du collège.

— Il doit être furax, dit-il.

— Il n'est pas là-haut, dit alors Dumbledore en ouvrant la grille.

— Ah bon ?

— Je ne ressens pas d'ondes magiques dans votre tour... Il doit être dans la Forêt Interdite, sous sa forme Animagi... Malgré mon interdiction, il aime bien y aller. Au moins, il est sûr d'y être tranquille.

— Ha... Et comment je fais pour le retrouver ? demanda Malefoy en jetant un regard vers la Forêt Interdite. Je ne suis pas très courageux, vous savez...

— Je le sais, Drago, je le sais, dit Dumbledore en souriant. Mais ne t'inquiète pas, il finira par rentrer...

Malefoy baissa le nez puis Dumbledore le laissa. Le Serpentard hésita alors en regardant les arbres menaçants de la Forêt Interdite puis il décida d'aller attendre Harry dans la Tour Sud.

Le Gryffondor ne rentra que bien après l'heure du thé et le blond, s'il ne s'était pas inquiété outre mesure, chercha immédiatement à savoir ce que son compagnon avait mais Harry ne semblait pas d'humeur et il alla s'enfermer dans sa chambre après avoir grommelé à Malefoy de se mêler de ses affaires.

À l'heure du dîner, Malefoy abandonna l'idée de demander à Harry s'il descendait avec lui et il se rendit dans la Grande Salle seul où il retrouva les élèves, les professeurs et Ron et Hermione.

— Harry n'est pas avec toi ? lui demanda aussitôt celle-ci.

— Il est... comment dire, pas dans son assiette ce soir.

— C'est cette histoire de tribunal ? demanda Ron. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Rien d'important, mais en découvrant que la femme qui nous attendait dans le bureau de l'avocat, voulait des informations sur Black, Harry a pété un câble et transplané. Il est rentré après l'heure du thé et il n'a rien dit depuis...

Hermione pinça la bouche et jeta un œil à Dumbledore.

— Je vous expliquerai tout après le repas, dit alors Malefoy. J'ai un mauvais pressentiment sur cette nana...

— Qui ?

— Miss Grimmer...

Ron et Hermione opinèrent puis le dîner commença et la conversation changea de sujet.

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