Chapitre 1
Je cours. A bout de souffle, j'arrive au premier passage piéton. Je m'arrête, essoufflée, les paumes appuyées sur les genoux.
Haletante, j'inspire de grandes bouffées d'air qui s'engouffrent dans mes narines, dans ma gorge, puis, dans mes poumons. L'air est frais, ça me donne mal à la tête et à la gorge, mais je me redresse et lutte contre l'épuisement. Je jette un coup d'œil à ma montre, je dois continuer à courir si je veux arriver à l'heure. Il y a deux passages piétons à traverser, je franchis le premier. Je suis en train de franchir le deuxième quand je vois les phares d'une voiture m'éblouir. Les pneus crissent et je me sens heurter par le par-chocs, sans comprendre la situation. Un trou noir m'entraîne, je ne vois rien; je suis dans le noir complet et j'ai cette horrible impression de tomber. Mes paupières sont lourdes. Malgré ma lutte contre le sommeil, je ferme les yeux de plus en plus. Cette envie de dormir devient oppressante.
- Dors !, m'ordonne une voix parfaitement inconnue.
Je ne comprend rien, qui vient de me parler ? Je sens mes paupières devenir de plus en plus lourdes...
J'ouvre les yeux. Je regarde autour de moi, je me demande où je peux bien être ?
- Chez toi, très chère, m'annonce une voix qui me fait sursauter.
La même voix qui m'a ordonné de dormir. Je me lève, nauséeuse, en posant mes doigts sur ma tempe, faute d'un mal de tête intense. L'homme s'approche de moi, pose sa paume sur ma tempe, et ferme les yeux. Il retire ses doigts; je remarque que je n'ai plus mal à la tête, je me sens mieux.
- Qui êtes vous ?, je demande.
- Je m'appelle James, répond-il. Ne pose aucune question, nous t'expliquerons tout ce que tu dois savoir dans quelques instants.
"Nous" ? Il a dit "nous". Quelqu'un d'autre va arriver ? Qui donc ?
- C'est Etienne, mon frère.
Plus je passe de temps dans cet endroit, plus j'ai ce rêve devient étrange. Je crois que c'est la première fois que je fais un rêve aussi... mystérieux. En plus, James lit dans mes pensée, enfin, il me semble.
- Exactement, tu as tout compris.
Je me met à rire, nerveusement. L'homme secoue la tête, agacé. Il y a un silence pesant.
-C'est donc elle la nouvelle ?
- Quoi ?
James ne répond pas. Je remarque qu'il ne s'adresse pas à moi, mais à une autre personne, derrière moi. Je me retourne et vois un homme qui semble avoir le même âge que James, une trentaine d'année. L'inconnu me fixe. Je le détaille du regard et comprends que c'est Etienne, le frère de James. Il a une ressemblance frappante avec ce dernier. Ça doit être son frère jumeau
- Oui, oui c'est bien elle, répond-il, interrompant mes pensées. C'est l'élue.
L'élue ? Mais de quoi parlent-ils ? Je ne comprends rien. J'ai un mauvais pressentiment...
-Lindsay, commence Etienne, je suis navré, tu vas devoir affronter une épreuve plutôt douloureuse. Je remarque son sourire, un sourire qui me semble alors machiavélique. Pétrifiée, je reste bouche bée devant les paroles d'Etienne. Ce que remarque son frère.
- Il exagère, me rassure James. Ce n'est rien, ça va juste faire légèrement mal, mais c'est tout. Et puis, si ça peut te convaincre que tu n'es pas en train de rêver, alors tant mieux !
- Comment ça ? De quelle épreuve parlez-vous ?
Je suis complètement terrorisée. Aucun des deux frères ne répond. Le silence me glace le sang. Tout-à-coup, James recule de quelques pas et ferme les yeux pendant quelques secondes. Quand il les rouvre, ceux-ci sont rouge sang. J'ai peur, très peur. James va-t-il me faire du mal ? Que va-t-il faire ? Paniquée, je recule. Plus je recule, plus James avance vers moi. Je me mets à courir.
- Rattrape-la, Etienne !
Je regarde derrière moi, Etienne ne risque pas de me rattraper; il est loin derrière moi, et n'a pas commencé à courir.
J'ai de l'avance sur lui.
Je me retourne et je sursaute: l'homme se tient face à moi, alors qu'il se tenait derrière moi il y a une fraction de secondes.
Comment a-t-il fait ? C'est impossible !
Il m'attrape avec une telle poigne que je ne peux pas me dégager de son emprise.
Mais que vont-ils faire ?!
Cette question résonne en boucle dans ma tête, je n'ose pas leur demander, tellement j'ai peur de la réponse.
Vont-ils... me tuer ?!
J'avale difficilement ma salive. J'ai bien peur que oui, ils veulent me tuer.
À présent, nous nous rapprochons de James. Je suis contrainte d'avancer, Etienne ne me laisse pas le choix. Ce dernier me fait m'asseoir contre un tronc d'arbre. Il me dégage les bras, puis m'attache au tronc d'arbre avec une corde extrêmement solide. Je ne peux évidemment pas la défaire, ce serait trop beau...
Je me mets à crier, à hurler de toutes mes forces.
- Ça ne sert a rien de crier, personne ne t'entendra. Il n'y a que nous trois, ici, m'informe James.
Les larmes coulent sur mes joues. Pourquoi tout cela m'arrive à moi ? Je ne veux pas mourir, je n'ai que seize ans, c'est beaucoup trop jeune !
- Calme-toi, reprend James, ne t'inquiète pas, tu ne vas pas mourir. Cesse de te poser autant de questions et donne-moi ton poignet.
J'hésite.
- Dépêche-toi, Lindsay, voyons ! Je n'ai pas que ça à faire ! Plus vite tu me donnera ton poignet, plus vite tu seras libérée.
Sans hésiter une nouvelle fois, je tend mon bras droit vers lui.
- Parfait, ça risque d'être douloureux, comme Étienne te l'a dit, m'explique-t-il en tenant fermement mon bras. Mais ne t'inquiète pas, ça ne durera qu'une dizaine de secondes.
James a toujours les yeux rouges, peu rassurant. Il sourit, d'un sourire effrayant, dévoilant des dents d'une parfaite blancheur. J'aperçois deux grandes canines pointues, très pointues même. Affolée, je tente de retirer mon bras de son emprise mais il le serre encore plus fort. Il penche la tête sur mon poignet; ses canines transpercent et atteignent une de mes veines. Je hurle de douleur, une douleur a en mourir. Le sang qui circule dans mes veines me brûle, je le ressent dans tout mon corps. James relève la tête et lâche mon poignet. La douleur s'arrête net. Je regarde mon poignet, seuls deux petits trous sont visibles, et encore, ils semblent avoir cicatrisé.
Dingue ! Comment la morsure a pu cicatriser aussi vite ?
Je lève la tête vers James et remarque que ses yeux ont repris leur couleur habituelle.
- Lindsay, tes yeux ont aussi changé de couleur.
Quoi ?!
D'un geste rapide, je saisis mon portable dans la poche de ma veste, et regarde mes yeux. Je reste interdite. Mes yeux... ils sont dorés !
- Cela signifie, annonce James, que ta transformation a commencé.
Quelle transformation ?!
Étienne prend la parole:
- Tu es l'une des nôtres à présent, Lindsay. Tu es un vampire.
Il sourit en disant cela, comme s'il croyait que j'allais sauter de joie, ou quelque chose comme ça. Faudrait-il d'abord que je comprenne quelque chose à toute cette histoire. C'est totalement incompréhensible. Les deux frères me dévisagent. Ils devinent sans doute que je suis sous le choc.
- Je sais que ça te semble invraisemblable, mais c'est pourtant vrai. Ton accident était, en quelque sorte, programmé.
Ils me fixent. Ils s'attendent à quoi, à ce que j'acquiesce tout sourire. La blague !
Je ne répond rien. J'ai l'impression d'être un genre de personnage de film, tellement ça semble démesuré. Un vampire ! Et puis quoi encore ?!
- Tu as également un don.
Un don ?!
- Non ne savons pas quel don exactement. Tu seras la première à le savoir...
Je ris, nerveuse. Je récapitule mentalement tout ce qui m'est arrivé depuis ce matin, pour tenter de comprendre. J'étais en retard, je me suis fait renversée par une voiture, j'ai traversé un trou noir et je suis arrivée là. Une chose m'intrigue: je me suis fait renverser par une voiture. L'accident aurait dû me casser quelque chose de grave, ou me tuer. À moins que...
- Tu as survécu, finit James à ma place. C'est vrai que tu es censée être morte, à l'heure qu'il est. Mais tu as survécu, en entrant dans ce monde. Car tu es l'Elue.
- L'Elue, mais de quoi ?!
Long silence. Étienne prend la parole :
- Nous avons voulu faire une "petite expérience ". Nous voulions transformer un humain en vampire, pour voir ce que cela donnerait. Nous t'avons donc choisi toi, ma chère Lindsay. Tu étais la personne idéale, idéale pour cette transformation.
Je suis un cobaye en fait, une pauvre ado sur qui on a voulu tenter une expérience. Pour je ne sais quelle raison encore plus absurde. Je veux sortir d'ici, immédiatement.
- Tu es dans un monde parallèle, ma petite. Tu ne peux partir qu'en prenant le passage du portail.
Je consulte ma montre : une demi-heure est passée depuis l'accident. Il faut que j'aille en cours.
- Tu t'en doute, il n'y a pas le même espace spatio-temporel entre les deux mondes. Une heure de ce monde équivaut à une dizaine de minutes sur la Terre.
Le portail apparaît.
- Nous nous reverrons très bientôt, m'informe James.
Je traverse le portail, et me retrouve sur Terre, sur le passage piéton. Je file vers le lycée, comme si rien ne s'était passé.
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