Partie 7 : Grimoire

   Quelque chose le sortit de son sommeil et lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit son frère au dessus de lui. Il avait l'air paniqué. Saijo se rendit compte qu'il était essoufflé, fiévreux et que son corps pesait une tonne. Il voulut bouger pour se redresser mais la douleur l'envahit beaucoup trop vite. Il coupa sa respiration en se recouchant.

- Respire !

- Doucement Sao, laisse lui le temps de reprendre ses esprits.

   La femme aux cheveux noirs marcha vers eux et s'assit sur le lit. C'était l'infirmière. Saijo tremblait mais reprenait son souffle. Il se rappela alors ce qu'il s'était passé dans la ruelle.

- Où sommes-nous? Comment...

- Calme toi, dit doucement Yvana à voix basse. Tu es à l'infirmerie où ton frère et Tsuki t'ont amené après t'avoir trouvé inconscient dans la ruelle.

- Sai, qu'est-ce qu'il s'est passé?

   Le visage du plus jeune se crispa sur un demi-sourire nerveux. Il ne voulait pas dire à son frère ce qu'il s'était passé, ne pas l'impliquer dans tout ça. Le protéger à sa manière.

- Je... je... bégaya-t-il, je suis tombé...

- Saijo, ne mens pas.

- Je dis la vérité !

- Tsuki a vu que tu t'étais fait frapper !

- Et ben c'est pas vrai !

   Il se leva précipitamment et courut, malgré la douleur, hors de la salle.

- Saijo !

- Sao, laisse-le.

- Mais...

- Je pense que ton frère ne veut pas t'impliquer, il t'a trop vu souffrir pour recommencer à le faire. Il veut te protéger, comprends-le c'est important.

- D'accord.

   Elle lui sourit et embrassa son front avant de lui ébouriffer les cheveux. Elle regarda l'heure puis décida de le laisser partir.

- Aller, vas le voir.

- Oui, madame.

   Il quitta ensuite la soignante, partant à la recherche de son frère. Une fois dehors, le bruit d'une émeute éclata : il comprit rapidement ce que c'était et suivit les clameurs. Il ne pouvait s'empêcher de penser à son frère. Il ne voulait plus le retrouver dans le même état que précédemment.

   Il accéléra le pas jusqu'à l'attroupement.

- Ton gardien n'est pas à tes côtés ?

- Monstre !

- Dégage !

- Tu portes malheur !

   Au milieu des insultes et des cris de révoltes se trouvaient le petit garçon aux cheveux d'ébène. Il était replié sur lui-même, cloué au sol sous le poids des mots. Les enfants le pointaient du doigts tandis que les moqueries et les menaces fusaient. Il ne pouvait que se boucher les oreilles et se protéger la tête d'un éventuel coup.

- CA SUFFIT ! hurla son frère en bousculant les autres pour arriver jusqu'à lui. ARRETEZ IMMEDIATEMENT !

   Tous le regardèrent et il put voir le visage des tortionnaires : ses fameux nouveaux « amis ».

- Sao... dit l'un d'entre eux en se rapprochant de lui et posant sa main sur son épaule.

- Ne me touche pas, dit l'Ange, les poings serrés.

- Hein ?

- J'ai dit ne. Me. Touche. Pas !

   Il poussa le garçon aux cheveux blond si violemment qu'il tomba au sol. Ce dernier le fusilla du regard : il se releva et lança son poing dans le visage de Sao qui se prépara à se protéger mais cela fut inutile, quelque chose bloqua la main du petit blondinet. Il se tourna vers Saijo et le vit le fixait de ses yeux rouge étincelant. Ses iris ressemblaient à une fournaise impossible à éteindre, qui venait des Enfers même. Celui-ci chuchotait un langage qui leur était inconnu. Il ne semblait plus conscient de ce qu'il faisait.

   Le bras de l'assaillant plia sous une force surnaturelle avant de passer derrière son dos et de le bloquait au sol. Il ne pouvait plus bouger. Son bras produit un léger craquement et lui arracha un cri de douleur.

- Stop ! hurlait-il en le suppliant, les joues sillonnées pas des ruisseaux de larmes.

   Sao enveloppa son frère dans ses bras, caressa ses cheveux et murmura à son oreille :

- Arrête Saijo, ne fais pas ça... S'il te plaît.

   La pression disparut tout à coup, le Diable observa les autres aider celui à terre et s'enfuir en courant. Il semblait vide, ses pupilles fixaient un point imaginaire.

- Saijo, hé !

   Son jumeau le secoua doucement et le regarda dans les yeux.

- Reviens à toi !

   Il reprit d'un coup une grande inspiration. Il parut effrayé.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu m'as défendu contre celui qui voulait me frapper mais tu parlais une langue étrange.

- Je... je ne m'en souviens pas...

   Sao le serra contre lui et caressa ses cheveux. Les autres étaient partis, ils ne risquaient plus rien. Ils n'étaient plus que tous les deux.

- Viens, rentrons au dortoir.

   Saijo acquiesça, se leva avec lui et alla jusqu'à leur chambre. Ils ne parlèrent pas pendant le trajet, chacun pensait aux événements récents. Sao mourrait d'envie de questionner son frère mais n'osait pas. Il ne voulait pas qu'il se braque et se referme sur lui même. Il devait attendre qu'il accepte de se confier à lui. La patience serait sa plus grande alliée.

   Ils arrivèrent finalement chez Tsuki et montèrent dans leur chambre. Sao aida son jumeau à se coucher et s'assit à côté de lui. Il finit par laisser tomber l'attente et demanda à son frère :

- Saijo... De quoi as-tu rêvé ? Tu te débattais tellement violemment...

- Je... je crois que je l'ai vu...

- Qui ?

- Celui qui me parlait dans mes cauchemars.

   Il fut pris de tremblements de peur. L'idée de revoir la bête le terrifiait.

- Et Il... Ressemblait à quoi ?

- Attends...

   Il se leva et regarda sous son lit : il en sortit un vieux grimoire poussiéreux dont les pages étaient craquelées. Un scorpion noir qui venait de tuer un papillon bleu se tenait sur la couverture couleur sang. Un cadenas le maintenait fermé et pour cause, une aura menaçante s'en dégageait.

   Saijo s'empara de la petite clé qu'il avait toujours eu autour du cou et la glissa dans la serrure qui déclencha l'ouverture. Sao connaissait ce livre, il ne comprenait pas son langage malgré ses efforts, seul son frère y parvenait. Ils avaient toujours eu le grimoire, par conséquent cela ne les choquait pas.

   Le petit brun feuilleta le précieux ouvrage et arriva jusqu'à une page intitulée « Oni : Sasori ». Le démon de son cauchemar était représenté sur le jaune du papier. Saijo recula légèrement...

- C'est lui que j'ai vu... il m'empêchait de respirer et juste avant que je ne me réveille, il a dit « Tu céderas bientôt »...

   L'aîné aux cheveux blancs et yeux noirs alla vers son frère et le prit dans ses bras.

- Il ne t'aura pas, je vais rester avec toi.

   Sao regarda la page : étrangement, celle-ci lui était lisible mais lui donna une migraine épouvantable et il entendit des chuchotements s'en échapper. Des voix incompréhensibles mais pourtant bien réelles. Elles ressemblaient à un brouhaha de murmures ou encore au crissement du papier de verre sur une pierre polie. Il prit le livre et le referma avec précaution, n'aillant aucune envie qu'une page craque et laisse s'échapper un chuchotement permanent.

   S'emparant du cadenas, il le passa dans les petites boucles de la couverture et de la quatrième face puis le ferma avec un « clic » métallique.

- Tout va bien ? demanda Saijo, inquiété par le comportement de son frère.

- Tu n'entends pas ?

- De quoi ?

- Les chuchotements. Les pages chuchotaient...

- Non, elles ne chuchotent pas, elles parlent à voix haute tu sais.

- Hein ?

- Elles sont gentilles, tu sais ? Elles m'ont déjà aidé.

- Comment ça ?

- C'est grâce à elles que je peux me calmer et te défendre.

- Saijo...

- Oui ?

- Je ne veux plus que tu ouvres ce livre.

- Mais...

- Pas de mais. Il est dangereux, je le sens. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

- D'accord...

- On donnera le livre au papa de Tsuki demain.

- Non, Sao... Je sens que je dois le garder avec moi... Je sais que tu ne veux pas que je le lise mais je sais aussi que je ne dois pas le laisser à quelqu'un d'autre... Souviens-toi ce qui s'est passé à l'orphelinat...

- C'est vrai que le fait de le donner à la directrice t'avait causé des crises mais...

- Je ne parle pas de ça mais du feu. C'est le livre qui a tout déclenché, ce sont les voix qui l'ont brûlée.

- Saijo, arrête, tu me fais peur.

- Désolé Onii-san...

   Le brun prit le grimoire et le rangea en dessous du lit, enroulé dans un morceau de tissu. Ceci fait, il se coucha. Sao se pencha au dessus de lui et le regarda :

- Saijo... Je ne voulais pas te blesser...

- Ne t'inquiète pas... Vas manger, je n'ai pas faim...

- Mais tu n'as rien mangé ce midi...

- Ça va... Vas-y...

   Sao se releva lentement après avoir embrassé son front. Il marcha jusqu'à la porte avant de s'arrêter après l'avoir ouverte.

- Je vais quand même te ramener quelque chose.

   Il partit ensuite et ferma la porte.

   Saijo se mit en boule dans son lit, sous la couverture. C'était une journée pleine d'émotion. Trop pleine justement. Malgré l'arrangement de leur situation, rien n'allait pour lui. Repensant à ses seuls nouveaux amis, il sombra dans un sommeil sans rêve.

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   Je n'ai pas posté sur mon ordinateur cette fois-ci par conséquent le texte n'est pas comme voulu, désolée ^^' j'espère que cette longue partie vous aura plu. La partie 10 est actuellement en cours d'écriture et j'essaye de m'y atteler le plus possible afin de pouvoir la poster rapidement après la 9 ^^ en tout cas, merci d'être là et bonne lecture ^^

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