Partie 14 : Rakuen

Lucio fixait le ciel. Rien bougeait, tout était calme depuis le départ de son amant. Trop calme. Ce dernier lui manquait horriblement. Il avait besoin de lui pour vivre. Son absence avait laissé un vide en lui. Un sentiment de déchirement l'avait envahi dès qu'il l'avait vu disparaître au loin à l'aube de leur amour.

Donc il fixait le ciel qui lui semblait fade, sans couleur. Un simple mouvement. C'était tout ce qu'il demandait. Cela faisait maintenant une semaine qu'ils étaient partis. L'inquiétude se transformait peu à peu en désespoir. Alors il recommença. Il partit comme tous les jours hors de cette île où tout le monde se réjouissait du départ du Diable. Personne ne le comprenait. Eux et leur joie face à lui et son désespoir... Ça lui faisait mal. Comment pouvait-on détester un garçon aussi génial que son Sai ? Seulement parce qu'il était différent ? Cela n'est-il pas idiot et dépourvu de sens ? Tout ça parce qu'il avait les yeux rouges. Et ceux qui l'avaient battu ? Et ceux qui l'avaient détruit ? Et ceux à cause de qui il avait dû partir ? N'était-ce pas eux les monstres ?

Il passa sur le pont et sauta dans le vide avant de siffler. Quelques secondes de chute plus tard, Heiwa apparut et le rattrapa, le laissant saisir son plumage violet. Seule elle le comprenait dans sa douleur. Elle connaissait par cœur le chemin que prenait son jeune maître depuis une semaine. L'île de la Déesse Megami. Celle du sceau où tout avait commencé. À cause lui. De cette pourriture qui y était enfermée. Tout était de sa faute. S'Il n'avait jamais existé, il serait à ses côtés en ce moment même.

Après un vol d'une dizaine de minutes, il arriva à l'île et s'y posa. Une prière pour les protéger... C'était tout ce qu'il pouvait faire de là où il était. Il ne pouvait ni les rejoindre, ni les aider ici. Il leur était inutile. Trop faible. Ces deux mots résonnaient dans sa tête tous les matins depuis son départ. Ils virevoltaint dans son esprit, le persécutaient.

- Tu veux le retrouver, n'est-ce pas ? demanda une voix féminine derrière lui.

Le garçon à la mèche blanche sursauta. Ses muscles se tendirent. Il avait peur. La personne derrière lui dégageait une aura familière et pourtant terrifiante tant elle était menaçante. Prenant son courage à deux mains, il se retourna lentement : une femme aux très longs cheveux noirs se tenait devant lui, un sourire rassurant qui contrastait avec l'atmosphère autour d'elle. Ses iris rouges se figèrent dans celles du bleu qui se surprit à voir son amant à sa place. Revenant à lui, il balaya l'illusion en secouant la tête puis prit la parole :

- Qui êtes-vous ?

- Moi ? Je me nomme Belize. Et toi mon petit ?

La jaugeant, il hésita quelques secondes. Pouvait-il lui faire confiance ? Après tout, il ne la connaissait pas mais... Malgré son aura, elle n'avait pas l'air si dangereuse que ça.

- Lucio.

- Enchantée.

Elle lui sourit puis se tourna vers la statue de Megami. Belize semblait l'observer, lui demandait si elle pouvait continuer cette discussion. Ce fut le décoloré qui reprit la parole :

- Vous... Vous faites parti du village ?

Il désigna le rubis écarlate qui habillait son cou pâle.

- Oh, non. Enfin si ! Mais je vis sur une autre île, sourit-elle.

- À cause de...

- Mes yeux ? Oui.

- Comme mon Saijo... Lui aussi, tout le monde le déteste pour ses yeux. Pourtant ça n'a rien à voir avec lui...

- Je sais. L'Homme peut se montrer cruel avec ses semblables pour des choses futiles. C'en est déprimant.

- Oui...

Légèrement fatigué et abattu, le jeune homme alla s'asseoir sur une marche. Cette femme... Il ne la connaissait pas pourtant elle pensait comme lui. Il avait l'impression de l'avoir toujours connu et pourtant, ce n'est pas vraiment le cas. Un mouvement sur sa droite le fit sortir de ses pensées.

- Pourquoi es-tu venu ici ? demanda Belize en s'installant à côté de lui.

- Je... Je venais prier pour la protection de mes amis et de mon petit-ami.

- Ah bon ? Pourquoi ? Ils sont en danger ?

Il poussa un gros soupire comme pour expulser la peur de son corps.

- Eh bien... Mon petit-ami est touché par une malédiction et pour le sauver, lui, son frère et une amie sont partis dans les Terres Oubliées de Buruji.

- Et toi ? Tu n'as pas voulu y aller ?

- Si... Mais je n'ai pas pu. Le chef n'était pas d'accord. Il dit que je suis trop fragile mentalement pour y aller.

Sentant ses larmes monter dans ses yeux bleus, il prit sa tête entre ses mains. Il lui était inutile. Sa faiblesse l'empêchait de se tenir à ses côtés. Elle l'en empêcherait sûrement toute sa vie.

- Pourquoi ne les rejoins-tu pas ? L'avis de ton chef ne compte pas, si ?

- Non mais je ne peux pas le rejoindre pour autant. Avec la barrière...

- Je peux t'aider.

Elle se leva en souriant puis se tourna vers lui.

- Je peux t'aider à la passer et à le sauver.

- C'est vrai ?

- Bien sûr. C'est mon rôle après tout.

Belize tendit la main. Elle pouvait l'aider, le sauver de ce désespoir. S'il saisissait sa main, il se tiendrait à ses côtés. S'il saisissait sa main, il pourrait le protéger. S'il la saisissait, il s'échapperait de ce monde abominable pour rejoindre son Saijo.

Lucio n'hésita pas ; il se leva d'un bond et saisit la paume tendue dans la sienne. C'est alors qu'une aura noire se détacha d'elle et les entoura. Un sourire cruel et étrangement grand défigura le bas de son visage, là où quelques secondes auparavant se tenaient ses lèvres carmins. Ses iris écarlates n'étaient plus que deux villes sanglantes dans les ténèbres étouffantes. Ses cheveux flottaient, leurs pointes vers Lucio comme des serpents se préparant à attaquer leur proie enfin à leur merci.

Le blanc fut pris d'une terreur tétanisante. Il savait à présent qui était cette femme. Il ne se maudissait qu'intérieurement d'avoir été si naïf. On ne lui avait que trop parler de cette femme. Celle à cause de qui tout avait commencé. La première porteuse du mal. Belize, la prêtresse de Sasori.

- Je vois que tu viens de comprendre. Malheureusement pour toi, il est trop tard.

Une lueur de tristesse fut visible dans son regard, comme si elle était elle-même désolée pour lui.

- Ton âme lui appartient maintenant.

Un violent choc parcourut son corps dont la conscience s'échappa peu à peu, s'enfonçant dans un abîme obscure.

-----------------------------------------

Heya ! Comment allez-vous ?

Voilà le chapitre 14 :3 j'espère qu'il vous plaît, moi j'ai bien aimé l'écrire même si j'avoue avoir bien galéré 😂

Sur ce, je vous laisse, bonne journée/soirée/nuit :3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top