Partie III - Chapitre 65
Chapitre 65
Remus désarma son assaillant et le ligota dans la foulée. Derrière lui, Martin haletait sous l'effort. Il avait été touché au thorax et respirait difficilement depuis. Remus aurait aimé l'envoyer se mettre en sûreté, mais c'était malheureusement impossible. Les Mangemorts ne cessaient d'arriver vers eux. Néanmoins ils n'étaient toujours pas submergés, au grand étonnement de Remus. Alors qu'il enchaînait les sorts et maléfices, il se rendit compte que leurs adversaires n'étaient pas de grands combattants. Ils attaquaient comme des forcenés, de manière brutale et irréfléchie, se défendaient à peine et possédaient un répertoire de sorts plutôt réduits par rapport à ce que Remus avait déjà pu observer lors de précédentes batailles.
L'un de ses sorts atteignit un Mangemort à la tête et sa cagoule vola. Le visage qui se trouvait derrière ne lui disait rien ; c'était un homme blond, dans la trentaine, au visage assez quelconque. Il ne l'avait jamais vu avant cela. Il le stupéfixa avant qu'il n'ait eu une chance de se relever et se baissa juste à temps pour éviter un sort perdu. Lorsqu'il se redressa, le Mangemort avait disparu. Il jura, persuadé qu'il avait déjà été libéré de son sort, avant d'apercevoir James, à cinq mètres de là, qui se faufilait au milieu des combattants avec le Mangemort inconscient sur le dos. Remus vit des silhouettes encapuchonnées courir vers lui, aussi se précipita-t-il à sa rescousse. Il les envoya voler contre le mur avant qu'ils n'atteignent James, qui courut jusqu'à une porte au fond de la pièce, la déverrouilla et fit de grands gestes à Remus pour qu'il le rejoigne.
Une fois la porte refermée derrière eux, il eut la surprise de découvrir un tas d'hommes et de femmes inconscients et ligotés dans un couloir sombre, uniquement éclairé par une lanterne accrochée au mur. James lui expliqua succinctement son plan.
- C'est complètement tordu, commenta-t-il lorsqu'il eut fini.
- On fait ce qu'on peut.
- Et tu dis qu'aucun Mangemort n'a franchi cette porte ?
- Non. Même quand ils me poursuivent jusque-là, ils n'essaient pas de la forcer ensuite. Soit on leur a défendu d'y aller, soit ce sont juste des imbéciles.
- Je pencherais plutôt pour la première option.
James s'adossa à la porte pour achever de reprendre son souffle. Il avait toujours du sang sur le visage dû au coup qu'il avait pris dans le nez au tout début de la bataille et il ne s'appuyait pas sur sa jambe gauche, mais à part cela il ne semblait pas trop amoché.
- Dans ce cas, pourquoi ?
- Ça m'intrigue aussi, mais je pense que l'urgence est plutôt de ce côté-là, fit remarquer James en indiquant du pouce le hall d'entrée. On devrait y retourner.
Remus hésita avant de demander :
- Ça te dérange beaucoup si je vais jeter un coup d'œil par-là ?
James sourit.
- Toujours besoin de comprendre les choses, hein Lunard ? Vas-y, j'ai l'impression qu'ils déferlent moins en masse. Fais attention.
- Toi aussi. J'ensorcellerai à nouveau la porte derrière toi.
James se détourna, déverrouilla la porte et se rua à nouveau dans la mêlée. Remus jeta le sort de fermeture avant de décrocher la lanterne pour éclairer sa route. Il longea le couloir et ouvrit plusieurs portes qui débouchaient sur des pièces entièrement vides. C'était à se demander si quelqu'un avait jamais vécu dans ce manoir. Il avait l'impression que l'écho de ses pas se répercutait dans toute la maison, couvrant tout juste les battements effrénés de son cœur. Sa plus grande terreur était que quelqu'un jaillisse des ténèbres.
Il atteignit un escalier, qui permettait aussi bien de monter que de descendre. Il considéra le puits sombre qui menait au sous-sol et frissonna. Les Mangemorts arrivaient d'en bas. S'il descendait, il risquait de tomber sur tout un contingent. S'ils avaient été plusieurs, ils se seraient sans doute lancés, mais en l'occurrence, cela tenait plutôt du suicide.
Tiraillé, il descendit tout de même quelques marches de l'étroit escalier en bois et tendit l'oreille. Aucun son ne lui parvenait. Il posa sa lanterne sur le palier afin de ne pas manifester sa présence par de la lumière et continua sa descente. Une marche grinça sous son poids et il se figea, le cœur battant. Il patienta de longues secondes, mais rien n'indiquait qu'on l'ait entendu. Remus reprit donc son chemin. Au bout d'un temps qui lui parut infini, il posa enfin le pied sur un sol de pierres. Il posa les mains sur le mur pour se stabiliser et grimaça. Il était humide et poisseux, sans doute à cause du marais sur lequel il était bâti.
Comme aucun son ne lui parvenait, il se décida à allumer sa baguette. La faible lueur semblait absorbée par le froid ambiant et il ne voyait qu'à quelques pas devant lui. Il avançait donc prudemment, les yeux rivés au sol mais tous ses sens aux aguets.
Remus se figea soudain. Du bout du couloir lui parvenaient des voix. Après inspection, il se rendit compte qu'une lourde porte bloquait l'accès au reste de la coursive. Les individus se trouvaient de l'autre côté. Il dressa un rapide plan du manoir dans sa tête et finit par en conclure qu'elle était le pendant de la porte de James, à l'étage supérieur. Si les Mangemorts avaient effectivement interdiction de la franchir, peut-être était-ce la même chose pour celle-ci.
Décidé à ne pas tenter le diable, il revint sur ses pas et, ce faisant, aperçut une autre porte. Après avoir écouté attentivement, il en conclut qu'a priori, personne ne se trouvait de l'autre côté. Le cœur battant, il éteignit sa baguette et posa sa main sur la poignée. Comme rien ne se produisit, il essaya « Alohomora », toujours sans résultat. Quoi qu'il y ait derrière cette porte, cela valait apparemment la peine d'être protégé. Il essaya plusieurs sorts de serrurerie plus complexe, jusqu'à ce qu'enfin un « clic » satisfaisant se fasse entendre. Il poussa doucement le battant, baguette brandie, mais rien ne vint. Il ralluma donc sa baguette et contempla l'intérieur de la pièce, surpris.
Des barils et des caisses y étaient entassés. Une odeur qu'il n'arrivait pas encore à définir saturait l'air. C'en était presque irrespirable pour lui. Néanmoins, il s'approcha et souleva le couvercle d'un caisson. Il était rempli d'une matière noire. Perplexe, Remus y plongea les doigts. C'était de la poudre.
La réalité le frappa comme un cognard. Cette odeur, c'était celle de la poudre à canon. La pièce en était pleine. Il n'y connaissait rien en artillerie, mais il était à peu près persuadé qu'il y en avait suffisamment pour faire exploser Buckingham Palace.
Il se recula précipitamment et s'essuya les doigts tant bien que mal sur le mur. Hors de question qu'il garde un seul grain de poudre sur lui alors que les sorts incendiaires étaient monnaie courante sur le champ de bataille. Alors qu'il tentait frénétiquement de s'en débarrasser, il s'aperçut que le mur n'était pas du tout aussi humide qu'à l'extérieur de la pièce. Au contraire, il était même tout à fait sec, tout comme l'était l'air. Quelqu'un s'était donné beaucoup de mal pour que la poudre soit conservée dans de bonnes conditions.
Remus quitta la réserve, referma derrière et s'adossa contre le battant, l'esprit en ébullition. Il ne comprenait pas. Les barils et caissons étaient trop nombreux pour être déplacés jusqu'au hall, alors qu'allait-on en faire ici ? Ou bien était-ce prévu pour une opération future ? Il secoua la tête. Ils avaient été piégés, aussi n'y avait-il pas de raison que les Mangemorts laissent une arme prévue pour plus tard dans un manoir qu'ils ne pourraient plus jamais utiliser. Et que penser des autres Mangemorts qui, semblait-il, n'avaient pas le droit de venir dans cette partie-ci du bâtiment ?
De plus en plus perplexe, Remus finit par regagner l'escalier. Il n'avait pas les réponses et ne tenait pas particulièrement à rester plus longtemps que nécessaire près de la poudrière.
Une fois revenu au rez-de-chaussée, il s'engagea dans la partie supérieure de l'escalier. Cette fois-ci, il déboucha dans un couloir aux murs couverts de lambris et beaucoup trop éclairé à son goût. Il s'empressa de se cacher sous un sort de Désillusion puis entreprit son exploration. Au bout de quelques mètres, il atteignit une porte qui s'ouvrit sans problème et l'amena dans un couloir luxueux. Des portes taillées dans du beau bois se succédaient. Sans doute menaient-elles à des chambres. Remus resta figé sur le pas de la porte, indécis. A sa gauche, quelques mètres plus loin, se trouvaient les débris d'une porte à deux battants, celle de la coursive supérieure du hall. Les Mangemorts l'avait fait exploser en attaquant. Les bruits de la bataille lui glacèrent le sang. Il se força néanmoins à se détourner pour considérer l'autre extrémité du couloir. Il se prolongeait sur quelques mètres avant de faire un coude sur la gauche. Il allait s'engager dans cette direction lorsque des voix lui parvinrent. Paniqué, il s'accroupit et se plaqua du mieux qu'il put contre la porte. Le sortilège de Désillusion fonctionnerait mieux s'il restait parfaitement immobile.
Un petit groupe arrivait dans sa direction. Un homme brun à la mine altière menait la marche. Derrière lui se trouvait un jeune homme blond que Remus identifia sans peine, sidéré. C'était Sven, l'émissaire de Voldemort auprès des loups-garous. Quand il vit qui se trouvait à ses côtés, son cœur se brisa. Ethel marchait le dos droit, le visage fermé. Remus observa leur visage avec stupéfaction. Il n'avait pas réalisé, en voyant Sven seul, qu'il ressemblait à Ethel. Ils ne pouvaient qu'être frère et sœur.
Les oreilles de Remus bourdonnaient alors que son incompréhension se faisait plus grande. Le frère d'Ethel était un Mangemort, soit. Mais quel était le rôle d'Ethel dans tout ça ? Ses réflexions sur le fait que cette bataille était un piège lui revinrent et son sang se figea dans ses veines. Le traître... Le traître dont ils soupçonnaient l'existence depuis des semaines, c'était elle ? Sirius ne s'en remettrait jamais. Si Remus avait pu, il aurait bondi pour la secouer dans tous les sens et lui demander des comptes. Malheureusement l'heure n'était pas aux reproches ; ils passèrent devant lui sans le remarquer et s'immobilisèrent à deux mètres de la porte enfoncée.
- Tu n'as pas oublié ? Demanda l'homme brun.
Ethel secoua la tête et fit tourner sa baguette entre ses mains. Elle se détourna avec raideur des deux hommes et gagna le champ de bataille. Après quelques instants, Sven demanda :
- Il reste combien de temps ?
L'autre homme sortit une montre à gousset de sa poche.
- Trente-quatre minutes exactement. Maintenant va surveiller ta sœur pendant que je garde ta mère sous la main.
Sven hocha la tête et emboîta le pas à Ethel. Le brun rebroussa chemin d'un pas rapide et disparut au coin du couloir. Dès qu'il fut seul, Remus sortit sa propre montre. Il était deux heures du matin et sept minutes. Il avait sans doute fallu une minute à l'homme pour disparaître de son champ de vision... Quoi qu'ils aient prévu, cela adviendrait à deux heures quarante.
***
Lestrange afficha un sourire de prédateur. Il joignit ses doigts et posa son menton dessus.
- J'ai encore une condition, afin que tu nous prouves que toutes les attaches te retenant à l'Ordre sont bel et bien brisées.
Ethel ne broncha pas. Elle attendait simplement que la sentence tombe. Le fait qu'il la tutoie alors qu'il la vouvoyait quelques instants plus tôt lui indiqua qu'il la considérait à présent comme son larbin, au même titre que son frère.
- James Potter aurait dû mourir il y a de cela un an. Le Seigneur des Ténèbres a été assez... agacé par sa survie et a un temps projeté de le tuer de sa main, après l'avoir fait suffisamment souffrir. Tu te doutes bien qu'il a à présent d'autres idées en tête, mais il me sera reconnaissant de l'avoir débarrassé de cet imbécile traître à son sang. On ne peut pas faire confiance à ce genre de vermine.
La jeune femme commença à comprendre où il voulait en venir. Son cœur s'emballa mais elle tâcha de ne pas le montrer.
- Tue Potter, et ta mère et toi serez libres de partir... Pour le moment. Ton service auprès de nous ne prendra fin qu'à ta mort, j'espère que tu en as conscience.
Ethel se contenta de le fixer de ses yeux de glace. Il tiqua et brandit sa baguette d'un geste fluide. Sans qu'il n'ait prononcé un mot, la mère des deux jeunes gens s'écroula avec un hurlement de douleur.
- C'est compris, acquiesça-t-elle aussitôt. Jusqu'à ma mort.
- Et si tu ne tues pas Potter, ta mère souffrira mille morts sous tes yeux avant de mourir, puis ton frère, puis tu subiras le même sort. C'est bien compris ?
Elle hocha gravement la tête. Le sang battait dans ses tempes. Sven aida leur mère à se relever et lui adressa un regard suppliant. Il voulait qu'elle le fasse.
- Sven, tu surveilleras qu'elle fait bien ce que je dis. Tu vois, je te fais confiance.
Son frère acquiesça en murmurant un vague remerciement.
- Je vais avoir besoin de ma baguette, intervint Ethel.
D'un geste lent, Lestrange sortit l'objet demandé d'un tiroir de son bureau et la lui remit.
- Pas d'entourloupe, prévint-il alors qu'ils tenaient chacun une extrémité de la mince tige de bois.
De l'autre main, il visait Mrs. Hansen.
- C'est promis.
- Alors allons-y. Sven, ramène ta mère dans sa cellule.
Le jeune homme s'exécuta et revint quelques minutes plus tard. Pendant sa courte absence, Ethel ferma les yeux pour se concentrer sur la suite des évènements. Lorsque son frère revint, elle était prête. Ils quittèrent tous les trois le bureau et s'arrêtèrent devant la double porte défoncée. Ethel considéra la bataille qui se déroulait dans le hall d'un œil vide. Les membres de l'Ordre étaient peu nombreux mais plus agiles que les Mangemorts qu'ils combattaient. Elle aperçut Benjy contrer trois assaillants en même temps. Il riait comme un maniaque. Sirius était à quelques mètres de lui et semblait bien s'en sortir, aidé de William. Son regard dériva encore un peu et elle trouva James, qui désarma son adversaire avec un cri de joie, vite transformé en cri de douleur quand un maléfice paralysa son bras droit.
- Tu n'as pas oublié ? Menaça Lestrange.
Elle secoua la tête, les yeux rivés sur sa cible. L'atteindre serait facile ; Rabastan ne lui en tiendrait pas rigueur si elle assommait quelques Mangemorts pour faire croire à sa loyauté encore un peu. Elle tripota un instant sa baguette entre ses doigts avant de s'avancer sur la coursive. Elle entendit les deux hommes échanger quelques mots dans son dos, puis Sven lui emboîta le pas.
Sans plus lui prêter attention, elle dévala l'escalier au bout duquel se tenait Benjy.
- Hansen ? s'exclama-t-il avant d'insulter copieusement un adversaire, qui alla s'écraser contre un mur. Mais où est-ce que tu étais ?
- J'ai exploré le sous-sol, lui cria-t-elle en le doublant.
- Quoi ? Mais les Mangemorts arrivent tous de là ! Hansen !
Elle passa son chemin. L'heure n'était pas aux justifications. James se tenait près de l'un des escaliers, acculé devant une statue de Perséphone grandeur nature, perchée sur un piédestal. Un coup d'œil vers le haut lui indiqua que Sven l'épiait depuis la coursive. Il y avait tant de témoins que jamais il ne pourrait mentir à Lestrange si elle n'exécutait pas ses ordres.
Un Mangemort tenta de l'agresser mais elle le repoussa aisément. Elle ignorait quels étaient les plans exacts de Lestrange, mais il n'avait pas envoyé ses meilleures recrues. Du coin de l'oeil, elle aperçut Sirius, qui lui tournait le dos. Sans plus attendre, elle assomma le Mangemort contre qui James se battait et les deux jeunes gens se retrouvèrent face à face. James était hors d'haleine, son bras droit inerte contre son flanc, le visage maculé de sang séché.
- Ethel ? s'exclama-t-il, stupéfait. Mais où est-ce que tu étais ?
La jeune femme prit une profonde inspiration avant de pointer sa baguette sur lui. Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent et elle se demanda un bref instant quel effet cela lui faisait, d'être à nouveau acculé, une baguette dirigée contre lui. Une lueur de panique brilla un instant dans ses yeux.
- Eth...
- Avada Kedavra !
Elle avait crié bien plus fort que nécessaire, pour que tous l'entendent. Jeter ce sort fut bien plus facile qu'elle ne l'imaginait. Lever sa baguette cinq centimètres trop haut le fut encore plus.
***
Sirius se redressa en grommelant. Le Mangemort avait réussi à le jeter à terre, mais Sirius l'avait stupéfixé dans sa chute. Il jeta un coup d'oeil autour de lui pour voir où on était les autres et se figea. Ethel se tenait à trois mètres de lui, son profil fin et altier reconnaissable entre tous. Sa baguette était pointée sur James. Stupéfait, Sirius chercha du regard le Mangemort qu'elle visait réellement, mais il n'y avait personne d'autre. Seulement James, les bras ballants, qui fixait Ethel sans comprendre. Elle ouvrit alors la bouche et hurla le sort. Sirius ne voyait plus qu'elle, ses cheveux blonds ébouriffés, sa baguette tendue et la lueur verte et malsaine qui l'enveloppa. Une fureur sans nom l'envahit alors que deux pensées envahissaient son esprit : elle l'avait trahi, et elle venait de tuer James.
Il l'attaqua sans même s'en rendre compte, les oreilles bourdonnantes, la vision trouble. La colère qui bouillonnait en lui concentra toute l'énergie magique qu'il possédait et l'envoya contre Ethel. Son corps, tel un pantin désarticulé, alla s'écraser contre le mur, deux mètres plus loin. Il resta un moment immobile, les yeux fixés sur l'impact qu'avait fait le corps d'Ethel sur le mur, incapable de bouger. S'il faisait le moindre geste, la vie reprendrait ses droits et il serait obligé d'affronter la mort de James.
Ce fut finalement la voix d'un autre de ses meilleurs amis qui tira Sirius de sa torpeur.
- JAMES ! James, non !
Il se tourna lentement et aperçut Remus, qui se frayait un chemin au milieu du chaos pour atteindre l'endroit où James se tenait encore quelques secondes auparavant. Comme au ralenti, Sirius posa un pied devant l'autre pour le rejoindre. Il trouva Remus devant un tas de gravats. Son ami contemplait les ruines d'une statue, les larmes aux yeux. Ils apercevaient les jambes et un bras de James sous les décombres. La bataille faisait rage derrière eux. Si les autres avaient entendu la formule fatale, sans doute ignoraient-ils qui avait été touché et n'avaient-ils pas le temps de s'en préoccuper.
- Il faut... il faut qu'on le sorte de là, balbutia Remus.
Sirius haussa les épaules. Le monde semblait toujours tourner au ralenti devant ses yeux. Il vit Remus se diriger vers les gravats et soulever quelques pierres. La tignasse de James apparut, empoissée de sang. Alors que Sirius sentait qu'il n'allait plus tenir le coup très longtemps, Remus poussa un cri.
- Il est vivant !
- Quoi ? Bégaya Sirius d'une voix étranglée.
- Elle... Elle a dû le rater ! Merlin... James, allez ! Réveille-toi !
Sirius s'approcha à grands pas, faillit trébucher sur son propre pied et se retrouva finalement à genoux à côté de Remus, qui tapotait les joues de leur meilleur ami.
- Allez, gronda-t-il entre ses dents, réveille-toi.
Enfin, ses paupières papillonnèrent. Il ouvrit un œil vitreux.
- Encore ? Dit-il d'une voix faible.
- Encore quoi, crétin ? Interrogea Sirius, la gorge nouée.
- Encore vivant alors qu'on a encore essayé de me tuer, expliqua-t-il en tentant de se redresser. Oh Merlin, ma tête...
- Ne bouge pas, tu saignes plus qu'un porc égorgé.
- La banane de Lily... Potion pour arrêter les hémorragies dedans.
Remus s'empressa de vider le contenu de la fiole en question sur sa tête. Le sang coagula presque aussitôt. Sirius contemplait la scène sans vraiment la voir. James était vivant, mais Ethel l'avait tout de même trahi. Les avait tous trahis. Il se redressa et chercha du regard la jeune femme. Elle avait glissé contre le mur et reposait, inerte, le menton posé sur sa poitrine. Il détourna aussitôt le regard et aperçut Gideon, qui envoya valser un Mangemort avant de s'adresser à lui, furieux.
- Mais qu'est-ce que vous foutez ? On est pas là pour prendre le thé !
Au moment où il terminait sa phrase, d'autres Mangemorts débarquèrent par les portes situées sous les escaliers. Frank et Emmeline avaient cessé de les bloquer depuis bien longtemps. Sirius jura puis tourna la tête vers ses deux amis. James était à présent assis et avalait le contenu d'une nouvelle fiole.
- Lunard, on a un problème ! Interpella Sirius en désignant la nouvelle vague d'ennemis.
Un groupe de trois Mangemorts se dirigeait vers eux. Remus s'empressa de remettre James sur ses pieds et l'entraîna vers la double porte du fond. Sirius se campa fermement sur ses pieds. Toute la rage accumulée contre Ethel lui serait utile pour s'en sortir à un contre trois.
Alors qu'il s'était déjà débarrassé d'un adversaire mais souffrait terriblement à cause d'un sortilège cuisant, Remus vola à son secours.
- Quelque chose se prépare ! Cria ce dernier tout en se protégeant d'un bouclier. Dans vingt minutes !
- Quoi ?
L'opposant de Sirius évita habilement un maléfice et riposta de façon virulente.
- Là-haut, un type a dit ça ! Et ils ont une poudrière au sous-sol !
- Quoi ?!
- Merlin !
Remus envoya voler plus loin le Mangemort qu'il affrontait, immobilisa l'adversaire de Sirius, pris par surprise, et lui raconta la scène à laquelle il avait assisté à l'étage.
- Baisse-toi ! Coupa soudain Sirius.
Il régla son compte au Mangemort qui avait attaqué Remus par derrière et entraîna ce dernier dans un coin reculé de la pièce avant de résumer :
- Il y a une salle pleine de poudre sous nos pieds et quelque chose de spécial doit arriver à deux heures quarante ?
- Dans quinze minutes, acquiesça Remus.
- Ils vont faire sauter le manoir ? Réalisa Sirius, horrifié.
Toute cette agitation l'empêchait de trop penser à Ethel. Ses méninges tournaient à toute allure.
- Ils nous envoient toujours plus de monde pour être sûrs qu'on sera toujours là quand ça pétera... Mais leurs hommes ?
- C'est loin d'être l'élite, fit remarquer Remus. A mon avis, ils s'en fichent.
- Il faut qu'on se tire ! Si ces Mangemorts ne sont que de la chair à canon alors on s'en fiche de les capturer, il faut lever le sort anti-transplanage et déguerpir !
Remus désigna le champ de bataille, l'air paniqué.
- Et comment on fait ça ? Seul Fabian peut lever le sort parce qu'il l'a trafiqué, et tout le monde est aux prises avec quelqu'un.
- Pas de temps à perdre alors, rétorqua Sirius. Je rassemble tous les membres qui sont dans la partie gauche de la pièce, toi tu fais la droite. Je préviens Fabian avant.
***
Martin s'appuya un court instant contre un mur, à bout de souffle. Sa jambe gauche lui faisait souffrir le martyre. Un Mangemort massif arriva vers lui, baguette brandie. Le jeune homme leva mollement la sienne. Sa tête tournait, sans doute à cause de tout le sang qui s'écoulait de sa cuisse.
- Protego !
Sally jaillit devant lui et le maléfice ricocha sur son bouclier. Elle semblait elle aussi mal en point ; une partie de ses vêtements était brûlée, ainsi sans doute que la chair en-dessous. Martin y puisa la force de se redresser pour l'aider à résister au Mangemort et ils en vinrent enfin à bout.
- Il faut... Il faut qu'on se rassemble, haleta Sally. Ordre de Benjy. Rendez-vous près de la porte d'entrée.
- Il sonne la retraite ? Grogna Martin en contemplant le hall d'entrée, jonché de corps.
- Aucune idée mais...
- Bougez-vous ! Hurla Remus en passant à côté d'eux au pas de course. Il n'y a pas une minute à perdre !
Sans plus discuter, Sally glissa son bras sous les épaules de Martin pour le soutenir. Ils avançaient à une allure d'escargot alors qu'autour d'eux, c'était la panique. Mangemorts et membres de l'Ordre couraient en tous sens. Personne ne leur prêtait attention, au grand soulagement de Martin.
Mais alors qu'ils passaient devant l'une des portes dérobées, Sally poussa un hurlement. Martin chancela lorsqu'elle fut éloignée de lui et tomba à genoux avec un cri de douleur. Le Mangemort qu'ils avaient assommé avait été libéré du sort qui le retenait. Il tenait à présent Sally contre lui, un bras serré contre sa gorge, l'autre main posée à l'arrière de son crâne. La jeune fille se débattait en hurlant, tentait de le mordre mais sans résultat. Martin essaya de se redresser mais il ne sentait plus sa jambe. Quant à sa baguette, elle avait glissé loin de lui lors de sa chute. Il tenta de ramper pour la rattraper. Seulement, avant qu'il n'y parvienne, les cris de Sally cessèrent brusquement. Lorsqu'il tourna la tête vers son agresseur, il ne put que retenir son souffle, horrifié.
La tête de Sally reposait, inerte, sur le bras du Mangemort. Ses yeux grands ouverts ne laissaient aucun doute sur le fait qu'elle était morte, la nuque brisée. Son assassin laissa glisser le corps au sol avant de se diriger à pas lents vers Martin, qui peinait toujours à se mouvoir. Mais alors qu'il allait l'atteindre, un sort le percuta de plein fouet et l'envoya contre le mur. Il s'affaissa au sol, stupéfixé.
- Allez Ranger, on se tire, lança une voix près du jeune homme.
Toujours sous le choc, celui-ci détacha son regard du cadavre de Sally pour tourner des yeux humides de larmes vers Gideon. Ce dernier l'attrapa sous les aisselles et le jeta sur son épaule sans délicatesse. La jambe blessée de Martin rebondit douloureusement contre le corps de son sauveur mais il y prêta à peine attention.
- Sally, balbutia-t-il. On doit... on doit la ramener...
- Pas le temps, répondit Gideon tout en traversant le hall à grands pas.
Il déposa son fardeau aux pieds de Marlène, qui voulut aussitôt examiner sa jambe.
- Pas le temps ! Répéta Gideon de façon plus pressante. Est-ce que tout le monde est là ?
- Il manque Sally, signala Margaret.
- Morte. Quelqu'un d'autre ?
Un bref silence choqué lui répondit avant que Peter ne balbutie :
- Il manque aussi Ethel.
- Quelqu'un l'a vue ? Interrogea l'aîné des Prewett.
- Probablement morte, répondit Sirius d'une voix froide. En tout cas elle n'a pas bougé depuis qu'elle s'est prise ce mur. Oh, et traîtresse à la botte des Mangemorts.
Un choeur de « quoi ? » stupéfaits lui répondit. Martin ne dit rien, trop sonné pour réagir à toutes ces informations. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se passait. Marlène, accroupie près de lui, lui tenait la main et lui parlait, sans doute pour s'assurer qu'il ne s'évanouirait pas.
- Plus que trois minutes ! Rugit soudain Gideon, coupant court à toutes les questions adressées à Sirius. Mais que fait Potter ?
Comme s'il avait entendu, ce dernier jaillit d'une double porte située au fond de la pièce, courant à toutes jambes. Peu après, une dizaine de Mangemorts suivie, tous apparemment bien décidés à lui faire la peau.
- Transplane ! Cria Remus alors qu'un premier sort fendait l'air. On te suit !
Sans demander son reste, James s'exécuta. Les Mangemort lancés à ses trousses s'immobilisèrent, perplexe. Autour de Martin, tous les membres commençaient à transplaner. Il entendit Remus lancer à leurs ennemis :
- Ça va sauter ! Le sort anti-transplanage a été levé, allez-vous-en !
Martin ne put pas voir leur réaction car Marlène le remit sur ses pieds avec l'aide de Frank, passa son bras sous le sien et transplana à son tour.
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