Partie III - Chapitre 64
Chapitre 64
Lily enveloppa une nouvelle fiole dans un morceau de tissu. Si James tombait dessus ça ne l'empêcherait sans doute pas de se briser, mais c'était déjà une protection. Elle la cala dans une pochette en cuir et soupira. Quatre fioles, un pot de pommade. C'était tout ce qu'elle pouvait donner à James pour qu'il sorte de ce traquenard vivant. Deux solutions de force, deux potions destinées à arrêter une hémorragie, une pommade en cas de brûlure. C'était déjà plus que ce qu'avaient les autres ; James était le seul à qui elle avait imposé d'attacher cette pochette en cuir à sa ceinture. Il avait geint pendant un temps fou en assurant qu'il aurait l'air ridicule, mais Lily n'en avait pas tenu compte.
Margaret et Ethel partaient chacune avec une sacoche en cuir pleine de remèdes en tout genre, mais on ne savait jamais ce qui pouvait arriver lors d'une bataille. Elles pouvaient être séparées du reste du groupe, un blessé pouvait se retrouver pris sous des décombres, immobilisé dans un coin... Quoi qu'il arrive à James, il aurait au moins un moyen de réduire la gravité de ses blessures. Du moins l'espérait-elle.
- Lily ?
La jeune femme tourna la tête vers l'entrée de l'infirmerie mais ne parvint pas à s'arracher un sourire pour son mari.
- Tu as fini avec la banane de la honte ?
- Ce n'est pas une banane, râla-t-elle.
- Bien sûr que si.
Il attrapa l'objet incriminé et défit sa ceinture pour la glisser dans les passants. La pochette reposait à présent sur sa hanche.
- Tu vois, lança-t-elle. Ce n'est pas si affreux.
- C'est moins encombrant que je ne le pensais, admit James. Mais ça reste une banane.
Elle le fusilla du regard et entreprit de ranger son matériel en prenant soin de claquer les battants des armoires. Alors qu'elle rangeait le dernier bocal, James plaça ses mains sur son ventre et appuya sa joue contre sa tempe. Elle s'immobilisa, les larmes aux yeux.
- Je ne peux pas te promettre en toute honnêteté que ça va bien se passer, murmura-t-il. Mais je ferai tout pour que ce soit le cas. Tu te rappelles quand je t'ai demandé en mariage ?
Elle hocha la tête, la gorge trop serrée pour parler.
- Tu me reprochais de jouer avec ma vie sans y faire attention, et je t'ai promis que je ferai tout mon possible pour toujours te revenir. (Il déposa un baiser sur sa tempe). Je n'ai pas oublié, tu sais. J'y pense chaque fois que je pars en mission, et je me bats pour ça à chaque fois. Pour toi, et maintenant pour le bébé.
- Je ne peux pas... (la voix de Lily se brisa. Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre:) Je ne peux pas avoir ce bébé toute seule, James.
Il resserra ses bras autour d'elle et caressa doucement son ventre.
- Bien sûr que tu peux, murmura-t-il. Tu es bien assez forte pour ça. Mais je ferai ce que je peux pour que ça n'arrive pas, parce que tu le transformerais en rat de bibliothèque bizarre et associable.
Malgré elle, un rire franchit ses lèvres. Elle glissa sa main sur la sienne.
- Ne meurs pas, supplia-t-elle. Pas...
- Si tu dis « pas encore », je ne prends pas la banane, prévint-il.
Elle rit à nouveau et se dégagea légèrement de son étreinte pour pouvoir lui faire face. Il souriait tendrement, l'air serein. D'une façon ou d'une autre, il parvint à lui communiquer son calme.
- Très bien, alors je dirai juste « Je t'aime, bon vent, ne fais rien de stupide ».
Il lui adressa un clin d'œil canaille et, un instant, Lily retrouva le garçon insouciant qui l'entraînait en courant dans les couloirs de Poudlard pour échapper à l'ire de Rusard. Cette escapade s'était terminée en une terrible dispute, mais ils avaient dépassé cela... Comme ils avaient dépassé tout ce qui leur était arrivé depuis. Cette fois encore, ils s'en sortiraient. James s'en sortirait.
Elle prit son visage entre ses mains pour l'embrasser puis lui sourit.
- Tu vas finir par rater le départ.
- Ce serait trop bête, railla-t-il avant de se pencher pour plaquer un baiser sur son ventre.
Elle leva les yeux au ciel et le poussa vers la porte.
- Arrête de vouer une religion à mon ventre ! Ça devient bizarre !
- Tu es juste jalouse, rétorqua-t-il en se dirigeant à grands pas vers l'escalier.
- C'est ça, oui. Tire-toi Potter !
- Je t'aime ! s'écria-t-il avant de filer vers le rez-de-chaussée.
Un sourire sur les lèvres, elle regagna leur chambre. Elle aurait pu descendre pour les voir tous partir, mais elle craignait de déprimer une nouvelle fois. Vingt minutes plus tard, à une heure du matin, le groupe quitta le manoir. Elle les distinguait à peine dans l'obscurité mais savait très bien quels membres étaient présents. Même si elle ne participait pas à l'opération, elle connaissait le plan par cœur. Tous les habitants du QG participaient à la mission, ainsi que Frank, Benjy et Marlène. Lorsqu'ils eurent tous transplanés, elle se résolut à sortir de sa chambre pour trouver quelque chose à manger. Alors qu'elle déprimait seule devant la cheminée du salon, la porte d'entrée s'ouvrit et Alice fit son apparition.
- Je devenais folle, toute seule chez nous, annonça-t-elle en guise de salutation.
Lily sauta sur ses pieds et l'enlaça, plus que ravie d'avoir quelqu'un pour lui tenir compagnie.
***
- Tout le monde se rappelle du plan ?
Les membres de l'Ordre grognèrent. Frank les avait forcés à répéter chaque étape les uns après les autres, jusqu'à ce qu'ils le connaissent tous sur le bout des doigts. Ils n'avaient jamais été aussi préparés.
- S'il nous pose la question encore une fois, je le cogne, marmonna Sirius.
James ricana.
- Tu risques d'être privé de mission si tu fais ça.
- Ou pire, Lily pourrait me donner une banane.
Son ami lui donna un coup de coude dans les côtes. Sirius répliqua avec virulence et James faillit tomber sur Margaret, qui les fusilla du regard.
- Vous voulez bien vous tenir, un peu ?
- Sirius se moque de Lily !
- Sale balance.
Le groupe s'ébranla enfin, privant James du plaisir de l'insulter en réponse. L'air nocturne était glacial. James frissonna.
- Il va pleuvoir.
- Comment est-ce que tu sais ça, petit génie ? Interrogea distraitement Sirius en cherchant Ethel du regard ?
- Mon genou me fait mal.
- Sérieusement ? Maintenant ton arthrose t'indique le temps ?
- Ce n'est pas de l'arthrose ! On m'a jeté un maléfice !
- C'était il y a trois semaines, Cornedrue.
- Ouais, eh bien ça ne part pas.
Sirius l'observa un peu plus attentivement et s'aperçut qu'il boitait très légèrement.
- Tu en as parlé à Lily ? Interrogea-t-il, enfin sérieux.
- Ouais, grogna-t-il. Rien à faire, elle a essayé tout ce qu'elle avait. Je suis probablement estropié à vie.
- Pense à la jambe de Maugrey pour te réconforter, commenta Remus.
- Vu comme ça, admit James.
Le groupe franchit la grille et se sépara en quatre groupes. Sirius était avec Sally, Margaret et William. James se retrouvait avec Peter et Ethel. Remus se voyait attribuer Gideon, Marlène et Martin. Le dernier groupe était constitué de Benjy, Fabian, Frank et Emmeline, mais les deux premiers étaient déjà sur place.
- Bon, vous savez tous où vous devez transplaner, lança Frank.
- Je vais le cogner, annonça Sirius à voix basse.
William lui jeta un regard d'avertissement.
- Une fois qu'on sera entré, vous ne pourrez plus transplaner à moins de quitter la zone ensorcelée, rappela-t-il.
- Ce qui risque d'être impossible puisque les renforts des Mangemorts nous couperons sans doute la route, compléta James d'une voix lasse. Est-ce qu'on y aller pour arrêter d'angoisser à propos de ce qu'il va se passer ?
Frank soupira, vaincu.
- Très bien. Allons-y et... Bonne chance à tous.
Il transplana sans plus attendre, et les autres Sorciers suivirent. Ils avaient déjà tous été à l'emplacement du QG des Mangemorts auparavant. Marlène l'avait trouvé sans peine grâce aux informations récoltées en France. Il était entouré de sortilèges mais Fabian et Benjy s'y étaient rendus en avance pour faire tomber toutes les barrières. Une fois que tout l'Ordre serait entré, Fabian devait rétablir un sortilège anti-transplanage afin d'empêcher les Mangemorts de fuir. Pour le moment, les quatre groupes devaient apparaître à une dizaine de mètres de la bâtisse, un manoir de style victorien. Ensuite, le groupe de Sirius et celui de James entreraient pendant que les deux autres groupes tiendraient à l'écart d'éventuels renforts. Tous avaient bien conscience que si des renforts étaient effectivement envoyés, ils seraient pris au piège entre les deux groupes de Mangemorts.
Ils arrivèrent dans une campagne glacée et silencieuse. Ils couraient bien sûr le risque que les Mangemorts les aient entendus transplaner, mais ils n'avaient pas trouvé d'autres solutions. A présent, le silence était complètement retombé. Conformément aux ordres donnés, personne ne parlait. Sirius scrutait l'obscurité, dans l'espoir absurde d'apercevoir Ethel. Ils s'étaient à peine parlé cette dernière semaine et elle lui avait semblé encore plus distante qu'auparavant.
Au bout de plusieurs minutes, un sifflement retenti. C'était le signal indiquant que Fabian avait fini de faire tomber les barrières du manoir. Sirius et Margaret prirent la tête de leur groupe et dirigèrent vers la haute bâtisse, qu'ils distinguaient à peine. Sur leur gauche, le groupe de James faisait de même. James et Sirius se retrouvèrent devant la massive porte d'entrée. A l'intérieur, tout semblait calme. Soit on ne les avait pas entendus, soit la maison était vide... Soit on les attendait. Sirius préférait ne pas imaginer cette option. Les deux amis échangèrent un regard puis James leva trois doigts. Lorsqu'il abaissa le second, Sirius leva sa baguette d'une main et posa l'autre sur la poignée. Fabian l'avait en principe déverrouillée. James abaissa son pouce et Sirius ouvrit grand la porte. Dos à dos, ils avancèrent à pas prudent dans la vaste entrée, baguettes tendues. Il faisait noir comme dans un four et on n'entendait aucun bruit. Les cinq autres entrèrent derrière eux. Ils se déployèrent en demi-cercle pour couvrir le plus de terrain possible, tout en laissant les deux garçons avancer devant. Un filet de sueur coula le long du dos de Sirius, qui se sentait de plus en plus oppressé. Être aveuglé de la sorte en terrain ennemi était un supplice. Il aurait aimé qu'un des Prewett ou Benjy soit là pour prendre la tête, même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde.
James et lui atteignirent le bout de la salle et durent se concerter à voix basse. Après quelques secondes, ils décidèrent de longer le mur, James vers la gauche et Sirius vers la droite. Les autres étaient déjà probablement en train de fouiller la salle à tâtons.
Alors qu'il évitait prudemment quelques meubles et statues, Sirius entendit du parquet grincer. Il fit volte-face et braqua sa baguette, allumée dans un murmure, vers l'endroit d'où venait le bruit. Son geste révéla Peter, figé sur la troisième marche d'un monumental escalier. Une main devant les yeux, il essayait de s'habituer à la soudaine lueur.
- Éteins ça, siffla James à l'autre bout de la pièce.
- Il n'y a personne, rétorqua Sirius sur le même ton. On ira plus vite si on voit quelque chose.
Il pivota et s'aperçut qu'un deuxième escalier s'élevait contre le mur opposé, à un mètre de l'endroit où se trouvait James. Margaret venait apparemment de le trouver car elle était postée devant, une main sur la rambarde. William était au bout de la pièce, près d'une grande porte que James et Sirius avaient manquée lors de leur passage. Sally suivait Margaret de près.
- Où est Ethel ? Interrogea Sirius, inquiet.
Les autres secouèrent la tête pour indiquer qu'ils ne savaient pas.
- Si des gens vivent ici, les chambres sont sans doute à l'étage, souffla Margaret. On devrait y aller. Ethel est peut-être montée.
James hocha la tête avant d'allumer sa baguette à son tour. William rejoignit Peter dans l'escalier, mais Sirius hésitait. La disparition d'Ethel l'inquiétait. Les cinq autres montèrent l'escalier aussi silencieusement que possible et atteignirent la galerie supérieure, desservie par deux portes. Les filles se placèrent devant celle de gauche, les garçons devant celle de droite. Sirius était toujours en bas, indécis.
- Allons-y, souffla James, une main sur la poignée.
Margaret hocha la tête. Ils appuyèrent en même temps sur la clenche.
***
Ethel, fidèle à elle-même, n'émit pas un son lorsqu'une main s'abattit sur son épaule et qu'on la dépouilla de sa baguette. On l'entraîna sous l'un des escaliers, où une porte dérobée les engloutit. Elle descendit un escalier de service bas de plafond et peu praticable, plongé dans l'obscurité la plus profonde. La main qui la guidait la tenait fermement et l'empêcha plusieurs fois de tomber. Ils atteignirent finalement l'étage inférieur et son ravisseur alluma une lampe à huile. Lorsqu'il la leva au niveau de son visage, elle reconnut son petit frère. Il affichait une expression moins dure que celle qu'elle lui avait vue lors de leur précédente rencontre.
- J'espère que tu nous as bien tout dit, gronda-t-il à voix basse.
Elle hocha simplement la tête. Depuis l'attaque sur le Chemin de Traverse, Ethel était quasiment muette. La personne avec laquelle elle avait le plus échangé était Sirius, et cela avait été une torture à chaque fois.
Sven la scruta un instant, comme pour vérifier qu'elle ne lui mentait pas, puis se détourna et reprit son chemin, sa sœur sur ses talons. Ils s'enfoncèrent dans un dédale de couloirs sinueux et humide avant d'emprunter un nouvel escalier. Ils atteignirent un premier palier mais continuèrent leur chemin jusqu'au suivant. Ethel jugea qu'ils se trouvaient à présent au premier étage du manoir. Sven lui fit emprunter une nouvelle porte et ils débouchèrent dans un couloir bien plus luxueux. Il lui sembla entendre des voix mais Sven l'entraîna dans la direction opposée. Le couloir fit un coude puis il la poussa dans une pièce située sur leur gauche. Plusieurs lampes posées sur un vaste bureau éclairaient la petite chambre. L'unique fenêtre était obstruée, sans doute pour qu'on ne voit pas la lumière de l'extérieur. Un homme entre deux âges était assis dans un grand fauteuil et faisait tourner sa baguette entre ses doigts.
- Vous voilà enfin !
Il se leva et tendit la main à Ethel. Elle la serra machinalement ; elle avait banni toute honte ou dégoût pour pouvoir accomplir sa mission à bien. Le Mangemort ouvrit la bouche mais un bruit sourd, suivi de cris, l'interrompit. Il tendit l'oreille un instant puis sourit.
- Ça a commencé ! Parfait. Je suis Rabastan Lestrange ; nous sommes ravis d'avoir pu coopérer avec vous !
Elle lui présenta un visage impassible et son sourire charmeur s'évanouit. Au loin, l'écho du combat leur parvenait. Son cœur se serra mais elle ne laissa rien paraître.
- Pas très causante, ta sœur, lança-t-il à Sven.
Comme Sven ne répondait pas, il marmonna que c'était de famille puis s'assit sur un coin du bureau.
- Alors, Ethel... Vous voulez récupérer votre mère, hein ?
- C'était l'accord, articula-t-elle.
- Oh, certes. Mais avant ça, dites-moi donc qui sont les membres de l'Ordre présents. Vous ne nous en avez rien dit.
Ethel ferma un court instant les yeux avant de débiter la liste de noms d'une voix morne.
- Black, hein ? Et Potter ?
Il se frotta un moment l'arête du nez, en pleine réflexion. Ethel tendait l'oreille pour tenter de comprendre ce qu'il se passait dans le reste du manoir mais elle n'entendait que des cris et des bruits des chocs. Elle mourait d'envie de jeter un sort à Lestrange et de voler au secours de ses amis, mais cela aurait été inutile. Sa mère serait exécutée sur le champ et quant à l'Ordre... Il était trop tard. Elle avait déjà trahi et sa présence sur le lieu de la bataille ne changerait rien.
Lestrange releva enfin la tête et claqua les doigts en direction de Sven.
- Va chercher ta mère. Elle est dans la pièce d'à côté. Ne fais rien d'idiot.
Sven lui adressa un regard sombre.
- Vous doutez encore de ma loyauté ?
- Ce n'est pas parce que tu as suivi ce Karkaroff avant même d'être majeur que ça fait de toi quelqu'un de fiable, rétorqua Lestrange. Et maintenant va la chercher !
Il sortit, laissant Ethel seule avec le Mangemort. Elle était perplexe ; pourquoi avoir pris autant de temps à se décider si c'était finalement pour lui rendre sa mère aussitôt ?
- Miss Hansen, commença Lestrange d'une voix traînante. Vous avez bien conscience que ce n'est pas terminé, n'est-ce pas ?
Elle ne réagit pas. Une lueur mauvaise s'alluma dans le regard de l'homme. Il descendit du bureau pour se planter face à elle.
- Provoquer sans obtenir de réponse est terriblement agaçant, siffla-t-il.
Ethel resta imperturbable. Elle cultivait cette attitude depuis ses douze ans, un peu d'arrogance n'allait pas l'atteindre. Furieux, Lestrange la gifla. Elle se mordit la langue et un goût de sang envahit sa bouche. Néanmoins, elle n'émit aucun son. La satisfaction qu'elle en tira l'étonna elle-même ; elle n'était généralement pas du genre rebelle mais cette minuscule forme de résistance lui plaisait. Son estomac se tordit lorsqu'elle se rendit compte que c'était ridicule. Si elle avait voulu résister, elle aurait dû le faire plus tôt.
Le regard assassin de Lestrange se détourna lorsque Sven revint dans la pièce. Ethel se retourna aussitôt pour regarder la petite femme blonde qu'il tenait par la main. Les yeux bleus de sa mère s'agrandirent lorsqu'elle la vit. Elle était pâle et maigre, mais ne semblait pas avoir subi de sévices.
- Ethel ? Balbutia-t-elle.
- Silence ! Aboya Lestrange. Lâche-la Hansen ; tu n'as pas trois ans.
Le jeune homme s'exécuta, l'air honteux. Ethel posa un regard froid sur lui avant de se rappeler qu'elle était autant à la botte de cet homme que lui. Le Mangemort s'assit derrière le bureau et contempla la petite famille d'un air satisfait. Pourtant, la tension dans sa mâchoire indiquait à Ethel qu'il était toujours énervé. Ses yeux noirs s'arrêtent sur elle.
- Comme je le disais à Miss Hansen, nous ne faisons que commencer.
***
La porte sur laquelle Margaret s'appuyait vola en éclats. Des échardes s'enfoncèrent profondément dans sa peau alors qu'elle partait en arrière. Elle percuta violemment la rambarde qui gardait la coursive, roula sur le côté mais ne parvint pas à éviter un sortilège cuisant, qui atteignit sa cheville. Elle poussa un cri de douleur tout en ripostant à l'aveuglette. Sa main libre attrapa finalement la rambarde et elle parvint à se redresser. Le hall d'entrée s'illumina brusquement, aveuglant tous les combattants. Margaret, un bras devant ses yeux, recula un peu trop et faillit culbuter dans les escaliers. Elle reprit son équilibre de justesse alors que sa vision s'habituait à la soudaine clarté.
Devant elle se trouvaient cinq Mangemorts qui semblaient aussi sonnés qu'elle. Sally était postée devant elle, l'air terrifié. Sans attendre d'avoir retrouvé le plein usage de sa vision, Margaret attaqua. Un Mangemort tomba, stupéfixé, mais l'un de ses collègues le réanima aussitôt avant de charger Sally. La jeune fille plongea au sol ; il trébucha sur ses pieds, parvint de justesse à garder son équilibre mais Margaret le poussa dans les escaliers. Il dégringola en hurlant alors que les sorts et maléfices se mettaient à pleuvoir sur les deux jeunes filles. Tout en se protégeant du mieux qu'elle pouvait, Margaret essaya de voir ce qu'il se passait au niveau de l'autre escalier. Les garçons étaient probablement dans la même situation qu'elles.
Un sortilège lui entailla le bras. Déconcentrée, elle fut touchée plusieurs fois de suite avant de réussir à rétablir son bouclier. Elle se sentait déjà faiblir alors qu'elle n'avait éliminé aucun adversaire. Elle allait tenter une approche plus offensive lorsqu'un ordre lui parvint :
- Maggy, baisse-toi !
Elle se jeta au sol sans demander son reste et un sortilège particulièrement violent percuta en pleine figure l'un de ses assaillants. Sirius déboula près d'elle pour l'aider à se relever. A présent à trois contre trois, la situation était bien plus facile à gérer. Elle parvint à mettre hors d'état de nuire un autre Mangemort, et commençait même à reprendre espoir lorsqu'un bruit de cohue attira son attention vers le rez-de-chaussée : une quinzaine de silhouettes encapuchonnées sortaient de deux portes dissimulées sous les escaliers.
Sirius jura avant d'envoyer son poing dans le ventre d'un Mangemort qui s'était approché trop près.
- Il faut qu'on rameute les groupes de dehors !
- On est complètement cernés ! Objecta Margaret, paniquée.
Leurs ennemis commençaient à monter l'escalier deux à deux avec des cris de victoire. Ils n'avaient que quelques secondes devant eux.
- Il faut qu'on tienne l'escalier ! s'écria Sally avant de hurler « Aquamenti ! ».
Un puissant jet d'eau jaillit de sa baguette et ralentit considérablement la colonne de Mangemorts.
- Margaret, envoie un message aux autres ! Lança Sirius avant de se poster en haut de l'escalier près de Sally.
La jeune femme s'exécuta puis jeta un coup d'oeil de l'autre côté de la coursive. Elle ignorait ce qu'il s'était passé mais un mur de fumée l'empêchait de bien distinguer James, Peter et William. Un corps bascula soudain par-dessus la rambarde mais, Merlin en soit remercié, il était trop gras pour qu'il s'agisse d'un des trois garçons. Un cri de Sally la ramena à son côté de la coursive ; les Mangemorts n'avaient pas progressé mais ils ripostaient avec véhémence. Sirius et Sally avaient trop peu de place pour éviter les sorts et ne pouvaient prendre le temps de se protéger car le moindre temps mort permettait à leurs assaillants de gagner du terrain. Margaret se plaça donc entre eux pour faire apparaître un bouclier. Les assauts constants des Mangemorts rendaient la tâche terriblement difficile mais elle tint du mieux qu'elle put.
Alors qu'elle faisait apparaître un troisième bouclier, pas assez rapidement pour contrer le maléfice qui atteignit Sirius à la cuisse, la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas et Benjy fit son apparition, suivi de tous les autres membres de l'Ordre. Margaret en aurait pleuré de soulagement. Les Mangemorts de l'escalier se scindèrent en deux groupes ; la moitié fit volte-face pour se jeter sur Fabian et Marlène, l'autre se rua vers Sirius, Sally et Margaret sans plus se soucier des sorts qui pleuvaient sur eux. Sirius décocha un violent coup de pied au premier, qui aurait basculé en arrière si l'un de ses comparses ne l'avait pas rattrapé et projeté sur Sirius. Les deux combattants basculèrent sur le sol de la coursive. Margaret les évita de justesse, plongea sous le bras tendu de Sally et tira sur le deuxième Mangemort à bout portant. La force de l'impact le fit chanceler dans un hurlement, alors que le sortilège cuisant commençait à faire effet.
Satisfaite, Margaret se redressa et chercha Sally du regard – Sirius était en train d'assommer son assaillant à coups de poing. Devant la porte éventrée se tenait le troisième Mangemort, un bras épais passé autour du cou de Sally, sa baguette pointée sous son menton. Margaret se figea, le souffle court. Le Mangemort ricana, sa voix étouffée par son masque. Néanmoins, on aurait dit une femme.
- Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
A la droite de Margaret, Sirius se redressa et essuya sa lèvre en sang sur sa manche. Il fixait le Mangemort avec des yeux meurtriers. Sally roulait des yeux terrifiés, les doigts agrippés à la main qui l'étouffait.
- Posez vos baguettes, ordonna le Mangemort.
Les deux membres de l'Ordre échangèrent un regard mais s'exécutèrent. Alors qu'ils se redressaient, désarmés, un corps jaillit du rideau de fumée qui leur bouchait la vue, sur leur droite. La victime percuta violemment le Mangemort auquel ils faisaient face. Ils s'écroulèrent dans une confusion de cris et de membres, Sally coincée entre les deux. Sirius fut le plus rapide ; il ramassa sa baguette et stupéfixa le Mangemort alors que Margaret tirait Sally vers elle. Le corps qui les avait sauvés était en fait celui d'un autre Mangemort, sans doute inconscient. Les trois membres de l'Ordre se tournèrent vers l'autre bout de la coursive. James leur adressa un sourire triomphant malgré son nez sanguinolent.
- Ne me remerciez pas, c'est mon travail.
- Sombre crétin, rétorqua Sirius.
***
Une bonne dizaine de minutes de chaos avaient suivi l'explosion de la porte. Merlin en soit remercié, William était bien plus compétent que ce que James imaginait. Quant à Peter, il semblait paralysé par la peur et avait réussi à mettre le feu au tapis pendant suffisamment de temps pour que leur petit groupe soit aveuglé par la fumée.
Lors d'un corps à corps un peu musclé avec un Mangemort, James se rapprocha de l'autre côté de la coursive et aperçut, à travers un écran de fumée, l'homme qui menaçait Sally sous les yeux des deux autres. Il balança son poing dans le ventre de son opposant avant de le catapulter au jugé vers son collègue. Il avait rarement été aussi satisfait d'atteindre sa cible. Décidément, toutes ces années au poste de poursuiveur n'avaient pas été vaines.
- Je vois que tu es toujours aussi mauvais pour te battre à mains nues, lança Sirius.
- La ferme. Vous les avez tous liquidés ?
- Ouais. Et vous ?
- Pareil. Mais...
Ils se penchèrent par-dessus la rambarde. James aperçut Remus et Martin qui se battaient dos à dos face à quatre Mangemorts. Fabian et Gideon œuvraient également ensemble. Marlène tenait le bas de l'escalier de droite, Benjy celui de gauche. Frank et Emmeline semblaient occupé à bloquer les portes dérobées par lesquelles les Mangemorts étaient arrivés.
- On est à quoi, quinze contre vingt ? Jugea James.
- Trente si on compte ceux qu'on a éliminé.
- Et qui peuvent revenir, ajouta Margaret.
- Bon, les enfants, je crois qu'il va falloir se jeter dans la mêlée, soupira James.
Sans attendre la réaction des autres, il fonça dans l'escalier où se trouvait Benjy, le doubla par la gauche et envoya au tapis un Mangemort. Il lui donna un coup de coude dans le visage avant de le stupéfixer, se redressa sans faire attention aux imprécations que lui lançait Benjy et en immobilisa un autre. A ses yeux, le problème majeur était qu'un Mangemort stupéfixé pouvait être réanimé par l'un de ses alliés. Tout en se défendant, il cherchait une solution. Il aurait pu créer un Portoloin – de façon complètement illégale, mais c'était le cadet de ses soucis – seulement les Mangemorts se seraient alors retrouvés dans la nature. Or, leur but était de faire un coup de filet.
Il aperçut la porte du fond, toujours verrouillée. Il pouvait toujours cacher les corps derrière en attendant de trouver mieux ; jusque-là, aucun Mangemort n'avait utilisé cette sortie. S'il jetait un sortilège dessus pour la verrouiller ensuite, cela leur garantirait sans doute un peu de tranquillité.
Décidé, il attrapa le Mangemort inconscient le plus proche et le jeta sur son épaule – le faire léviter avec sa baguette l'aurait mis dans l'incapacité de se défendre. Il grogna sous le poids mais s'élança néanmoins vers le fond du hall d'entrée.
- Bordel Potter, mais qu'est-ce que tu fous ? Hurla Benjy derrière lui avant d'insulter un Mangemort.
James ne prit pas la peine de répondre. Le cri de Benjy avait attiré l'attention de plusieurs Mangemorts sur lui mais il avait déjà presque atteint la porte. Il attrapa la poignée ouvragée et appuya frénétiquement dessus, mais elle était verrouillée. Le temps qu'il l'ouvre par enchantement, un sort l'atteignit derrière les genoux. Il jura, partit en avant avec le battant qui s'ouvrait et s'écrasa durement sur le marbre froid, cloué au sol par le poids du Mangemort qu'il portait. Il le repoussa, roula sur le dos et claqua la porte avec ses pieds, juste au moment où ses assaillants allaient entrer. Il jeta le premier sort de verrouillage un peu complexe qui lui vint à l'esprit puis s'accorda enfin un peu de temps pour reprendre son souffle.
Ses jambes lui faisaient un mal de chien. James fouilla dans la sacoche que Lily lui avait donnée et en tira une solution de force. Cela n'endiguerait pas vraiment la douleur mais lui donnerait suffisamment d'énergie pour y retourner. Après avoir avalé cul-sec le contenu de la fiole, il se redressa tant bien que mal. Il ligota le Mangemort, par mesure de précaution. Le sort qu'il comptait jeter pour fermer la porte derrière lui nécessitait un peu de connaissance et de concentration pour être brisé, mais c'était possible. Il avait bien conscience que son plan était loin d'être parfait, mais cela leur permettrait peut-être de prendre l'avantage. A condition qu'il parvienne à ramener tous les Mangemorts inanimés derrière cette porte, de préférence sans y laisser sa peau.
Il prit une profonde inspiration puis ouvrit grandla porte, prêt à attaquer. Personne ne l'attendait derrière. Il s'empressa doncd'ensorceler la serrure puis se prépara à aller chercher un autre Mangemort.Alors qu'il allait traverser la pièce, Frank fit un vol plané juste devant sesyeux. James jura et se précipita à son secours ; il allait devoirs'occuper de leurs ennemis conscients avant toutes choses.
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