Partie III - Chapitre 5

Chapitre 5

James descendit quatre à quatre les escaliers, furieux. Lorsqu'il arriva dans la cuisine, ses trois amis s'y trouvaient déjà et discutaient avec animation. Ils se turent dès qu'il entra.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Osa Peter.

- On... Oh, bordel.

Il attrapa le bol de Remus sans tenir compte de ses protestations pour boire une gorgée de café, reposa l'objet bien trop violemment sur la table et s'engouffra dans le couloir qui se trouvait derrière l'escalier, sans se soucier une seule seconde des taches de café qui m'acculaient à présent la table, ni de ses trois amis qui n'osaient piper mot.

Il suivit le corridor, qui faisait un coude sur la droite et se trouva face à de hautes portes en bois massif, dont les poignées dorées luisaient à la lueur des lanternes. Des fenêtres se trouvaient sur le mur de gauche, mais il faisait encore nuit. James poussa le battant qui s'ouvrit en grinçant et alla s'asseoir sans prêter la moindre attention à l'immense salle à manger, qu'il avait déjà découverte la veille en compagnie des Maraudeurs. Il posa ses coudes sur la table en acajou et fixa son regard sur les bibelots en argent massif posé sur le buffet devant lui.

Lily devait sans doute être en train de quitter la maison. Elle allait forcément voir ses trois amis en partant. Peut-être allaient-ils essayer de lui soutirer des informations...Mais elle se contenterait sans doute d'insulter James. Il émit un claquement de langue agacé et se renversa dans sa chaise, les mains posées sur ses yeux. C'était à Lily de décider maintenant. Il pensait qu'elle avait déjà fait son choix lorsqu'elle avait accepté son amour pour lui ; qu'elle savait avec qui elle s'engageait.

Soudain terrifié, il se leva et commença à faire les cent pas dans la salle. Et si elle se rendait compte qu'elle s'était trompée ? Qu'elle avait cru être amoureuse de lui mais qu'elle s'était méprise sur sa personnalité ? Il secoua aussitôt la tête. C'était ridicule. Elle l'avait détesté trop longtemps pour se jeter ensuite dans ses bras sans bien considérer la question.

Il prit une profonde inspiration et décida de ne plus y penser. Il serait bien temps d'écouter ce qu'elle avait à lui dire quand elle rentrerait.

Avec un soupir, il s'assit à nouveau et reprit sa position initiale. Peu à peu, il se laissa entraîner, le sourire aux lèvres, vers le souvenir de ces folles soirées qu'ils avaient passé à Londres. Sirius et lui avaient même réussi à convaincre Remus de boire, ce qui était un sacré exploit. Il n'avait jamais accepté de prendre plus que le verre de cognac rituel. Quant à Peter, il s'était trouvé une passion pour la tequila. Sirius avait enfin sacrifié à son amour pour le Whisky Pur Feu, après trois ans passés à n'en boire qu'occasionnellement quand Mr. et Mrs. Potter les laissaient seuls à Godric's Hollow pendant les vacances.

Perdu dans ces joyeux souvenirs, James ne s'aperçut pas tout de suite que les autres commençaient à arriver. Il ne reprit conscience avec la réalité que lorsque Sirius lui balança une tape si forte dans le dos qu'il se prit la table en plein visage.

- Aïe, grogna-t-il.

- J'adore te voir de si bonne humeur dès le matin, s'exclama son ami avec un grand sourire.

James grogna à nouveau.

- Arrête de te foutre de moi.

- Je ne me fous pas de toi, j'essaie de faire comme si tout allait bien. Et étant donné qu'on vient de voir ta rousse partir...

- Peut-être pas ma rousse pour si longtemps que ça.

- Tu dis n'importe quoi, Cornedrue, intervint Peter.

- Ecoute donc Queudver, reprit Sirius avec un sourire satisfait. Et donc, puisque Evans est partie, imagine un monde sans préfète en chef, et maintenant raconte-moi la blague la plus sale que tu connaisses.

Un sourire légèrement tordu étira les lèvres de James et Sirius poussa une exclamation ravie.

- Bah voilà ! Ça c'est ton sourire des blagues salaces. Vas-y, balance.

Le jeune homme s'exécuta et Peter, assis à côté, tendit l'oreille. Les trois garçons éclatèrent bientôt de rire alors que Alice et Margaret, installées de l'autre côté de la table, grimaçaient.

- Vous êtes dégoûtants, commenta Alice avec une grimace.

- Ne t'imagine pas que Frank ne raconte pas ce genre de chose, rétorqua Sirius. Tous les mecs le font.

- Tant que ce n'est pas devant moi, ça ne me pose pas de problème.

Ils continuèrent à se chamailler quelques minutes jusqu'à ce que Maugrey fasse soudain son entrée, juste après que Remus se fut assis. Tous se turent aussitôt, sauf James et Sirius, qui discutaient de la capacité des filles à faire des plaisanteries salaces. Remus s'apprêtait à les rappeler à l'ordre lorsque Maugrey leva sa baguette. Plus aucun son ne sortit de la bouche des garçons, qui jetèrent un regard terrifié autour d'eux avant d'apercevoir l'Auror.

- Vigilance constante ! beugla-t-il.

Sirius lança un regard moqueur à son meilleur ami, qui sortit discrètement sa baguette de sa poche et lui lança un sortilège informulé. Un cri silencieux s'échappa des lèvres de Sirius avant qu'il ne s'écroule au sol en se tordant dans tous les sens, en proie à de terribles chatouilles.

- Lève le sortilège, Potter, gronda Maugrey. On a des choses plus importantes à faire.

Avec une grimace déçue, James s'exécuta. Remus aida Sirius à se relever et l'empêcha de jeter à son tour un sort à son ami, qui lui adressa un sourire satisfait. Il se tourna ensuite vers Maugrey, plein d'espoir.

- Rêve pas trop, Potter. Tu ne retrouveras pas ta voix tant que je n'aurai pas fini de parler.

Les deux garçons soupirèrent silencieusement et se renfoncèrent dans leur siège tendu de velours bleu.

- Bien. Maintenant que la récréation est finie, on va pouvoir commencer. Vous êtes ici au QG de l'Ordre. Inutile de préciser que vous ne devez révéler sa position sous aucun prétexte.

James leva les yeux au ciel face à cette évidence et ignora le coup d'œil assassin de Maugrey.

- Vous pouvez loger là si vous voulez, mais vous êtes libres de vos déplacements. Beaucoup de membres ne mettent les pieds ici que lors de réunions importantes. D'autres ne viennent jamais et vous ne connaîtrez jamais leur existence, couverture oblige.

James leva la main dans l'espoir de pouvoir poser une question mais Maugrey l'ignora. Il grommela dans sa barbe et se résigna à ne jamais savoir ce que faisaient ces mystérieux membres.

- Nous sommes en sous nombre par rapport aux forces de Vous-Savez-Qui, donc vous allez devoir vous débrouiller tout seul très vite, poursuivit l'Auror. Nous avons de plus en plus de gens à filer, mais on ne peut pas les arrêter parce qu'on ignore, pour la plupart, si ce sont des Mangemorts ou simplement de pauvres gens soumis à l'Imperium.

Le jeune homme cessa de faire l'idiot en se rendant compte que tout le monde écoutait Maugrey dans un silence tendu. Il s'inquiéta soudain pour Lily. L'Auror vrilla un instant son regard dans celui de chaque jeune sorcier qui lui faisait face et continua finalement son laïus :

- S'il y a des situations d'urgence, un patronus vous sera envoyé et vous devrez quitter aussitôt votre mission pour rejoindre celui qui a besoin de vous. A chaque fois que vous partez pour une mission et qu'on vous donne une adresse, celle-ci s'inscrit sur le tableau qui se trouve dans la cuisine. Comme ça au moindre problème, vous aurez juste à envoyer un patronus ici sans vous embarrasser de donner votre emplacement. Cela étant dit, évitez autant que possible de vous contacter. Ça peut ruiner une filature. Pour le reste, vous verrez bien comment ça se passe au fil du temps. Malheureusement, la guerre est imprévisible et je ne peux pas vous dire ce qui vous attend. Des questions ?

Après un instant de silence, Jenny leva la main.

- Qu'est-ce qui est considéré comme une situation d'urgence ?

- Si tu te retrouves encerclée par plus de cinq Mangemorts, répondit aussitôt Maugrey.

Plusieurs jeunes gens déglutirent difficilement. Margaret leva à son tour la main.

- Donc on n'est pas obligé de vivre caché ? On peut aller voir nos familles et sortir ?

- Ouais. Mais sachez qu'il faudra surveiller vos arrières à chaque instant.

- Et si on est blessé ? lança Peter dans un couinement.

- Tu reviens ici. C'est bien pour ça qu'on a des Médicomages dans le lot. L'infirmerie est au premier étage. Il y aura toujours au moins Evans, Beadle ou Hansen ici. En principe.

- En principe ? gémit le petit blond.

- Si on a besoin d'elles ailleurs, il faudra appeler Marlène McKinnon ou Caradoc Dearborn en espérant qu'ils arrivent vite, répondit Maugrey d'un ton plat.

- Où est Lily ? demanda Ethel.

Tous la regardèrent, surpris qu'elle prenne la parole. Elle n'y prêta pas attention, son regard bleu fixé sur Maugrey.

- Elle suit quelqu'un.

- Mais ce n'est pas une Auror, insista la blonde.

- Justement. Beadle et toi allaient aussi faire des missions de ce genre avant qu'on ne vous lance dans des choses plus compliquées.

- Du genre ? intervint Jenny.

- Tu verras le moment venu, Halloway. Je n'en ai aucune idée moi-même.

Le silence fit place à cette cascade de questions. Maugrey fit un petit geste avec sa baguette et James sentit sa voix revenir.

- Rien d'autre ? Bien. Pettigrow, Beadle, venez avec moi. MacMillan, va voir Fabian.

Sans donner d'autres indications, il quitta la salle.

***

Lily fixa un instant les murs d'un gris sale de l'impasse dans laquelle elle se trouvait avant de se rappeler qu'elle était censée bouger. Maugrey lui avait indiqué avec précision l'endroit où elle devait transplaner puis le lieu de son rendez-vous avec Emmeline Vance avant de la laisser seule. Il lui avait fallu près de cinq minutes pour se décide à transplaner, terrifiée à l'idée de se désartibuler. C'était la deuxième fois de sa vie qu'elle transplanait dans un lieu tout à fait inconnu. Mais c'était surtout la première fois qu'elle transplanait alors qu'elle était complètement obnubilée par ses sentiments. La détermination avec laquelle on lui avait rabâchée les oreilles en Sixième année lui faisait cruellement défaut, remplacée par la colère et la tristesse.

Elle avait fini par prendre son courage à deux mains pour pivoter sur elle-même. Amusant, comme un simple pas pouvait demander autant de force.

Elle fit un effort sur elle-même pour ne pas marmonner des imprécations à l'encontre de James alors qu'elle marchait à pas vif dans les rues désertes de la petite ville et tenta de se concentrer à nouveau sur son objectif. Trouver le pub du Blaireau reluisant.

Elle y parvint sans difficulté puisque le bâtiment se trouvait sur la place centrale et que sa façade était peinte en un vert vif qui semblait luire malgré l'obscurité qui régnait encore. Un blaireau était dessiné près du nom de l'établissement et Lily grimaça face au mauvais goût plus qu'évident du propriétaire. Elle poussa la porte, ce qui fit tinter joyeusement une clochette. La jeune fille aperçut aussitôt Emmeline Vance, dont les cheveux bruns trempaient presque dans sa tasse de café. Elle releva la tête en entendant quelqu'un entrer et ses yeux bleu nuit vrillèrent ceux de Lily. Elles se jaugèrent un instant puis le visage froid et dur d'Emmeline se fendit d'un sourire.

Lily s'assit en face d'elle et demanda la même chose que la sorcière à l'homme qui s'était approché d'elles en traînant les pieds. Le silence s'installa, uniquement rompu par le bruit de la cuillère qu'Emmeline agitait de temps à autre dans sa tasse et par les aboiements d'un chien, non loin de là. Enfin, le tenancier revint avec la commande de Lily et disparut derrière son comptoir.

- La fameuse Evans, c'est ça ? Dit alors Emmeline. La copine de James ?

Surprise qu'elle commence la conversation de la sorte, Lily ne put qu'acquiescer.

- Pourquoi « fameuse » ? interrogea-t-elle en s'efforçant de ne pas tenir compte de ses griefs contre le jeune homme.

- On a beaucoup entendu parler de toi, c'est tout, expliqua la sorcière avec un sourire. Juste une question : quel est le dessert préféré de James ?

- Euh... la tarte à la mélasse, pourquoi ?

- Mesure de sécurité, expliqua succinctement la jeune femme avec un sourire, et il s'avère que je connais mieux James que je ne te connais. Bon, qu'est-ce que Maugrey t'a dit ?

- Pas grand-chose.

- Mmmh. Évidemment.

Elle jeta furtif autour d'elles puis lui passa un paquet sous la table.

- Elle est à Maugrey. Fais-y attention.

- Qu'est-ce que c'est ? Balbutia Lily, qui avait pris l'objet par réflexe.

- Tu verras, sourit Emmeline avec un clin d'œil. Mais les autres ne verront pas. Tu sais pourquoi tu es là ? Pour qui en tout cas ?

- Vaguement.

- Bon. (Elle baissa la voix). Sa maison est juste là. La plus petite.

Elle désigna une minuscule maison en briques, de l'autre côté de la place, coincée entre deux immenses bâtisses. Lily ne l'aurait pas remarquée si Emmeline ne la lui avait pas indiquée.

- Il est instituteur. L'école se trouve à deux rues d'ici. Il sort toujours de chez lui à huit heures précises et il ne rentre qu'à dix-sept heures, même si l'école ne dure que jusqu'à seize heures trente. Et ensuite, il ne bouge plus de chez lui, sauf pour faire ses courses le mercredi. Il envoie des hiboux de temps en temps mais ceux qu'on a réussi à intercepter ne transportait aucune lettre importante. Il écrit à sa mère.

Lily haussa un sourcil dubitatif.

- Rappelle-moi ce qu'on fait là ?

Emmeline rit doucement et avala d'un trait la fin de son café.

- Gideon est persuadé de l'avoir vu lors d'une attaque mais on n'a pas réussi à le prendre sur le fait pour le moment.

- Attends une minute... Il est instituteur ? Pour des moldus ?

- Oh, non, bien sûr que non. Il y a une école pour les petits... hmm, enfants de moins de dix ans. Les enfants viennent de tout le comté par poudre de Cheminette.

Lily aurait adoré en savoir plus sur les écoles pour les petits sorciers, mais Emmeline sortit soudain un porte-monnaie de sa poche et déposa l'argent nécessaire pour leurs consommations sur la table.

- Viens. Il ne va pas tarder, et moi je vais me coucher.

- Attends une minute ! S'exclama Lily en la suivant. Et s'il se passe quelque chose de suspect ?

- Tu... Au revoir, monsieur ! Claironna-t-elle.

Elle ouvrit la porte d'un geste vif mais avec juste la dose d'énergie nécessaire et adressa un nouveau sourire à Lily.

- Tu essaies de réagir de la façon la moins stupide possible.

Lily la dévisagea, sidérée, mais Emmeline se contenta de lui tapoter l'épaule.

- Oh, et ce soir attend dans le même pub. Quelqu'un viendra te remplacer.

Sans un mot de plus, elle fit volte-face et s'éloigna. Lily, restée seule, tentait de calmer la panique qui commençait à la gagner. Elle se tourna vers la maison de Yaxley et vit la porte s'ouvrir. Elle jura tout bas, le paquet d'Emmeline toujours serré dans sa main, et se dirigea vers l'autre bout de la place. Elle déchira la papier kraft et ses doigts trouvèrent un tissu fluide qui lui était familier, même si celui-ci était moins travaillé que celui de la cape de James.

Elle rabattit le papier sur la cape d'invisibilité et marcha d'un pas qu'elle espérait normal derrière Yaxley. Il s'engouffra bientôt dans une maison d'apparence ordinaire tandis que Lily dépassait le bâtiment pour ne pas se trahir. Avec soulagement, elle trouva un renfoncement obscur peu après. Elle s'y cacha aussitôt, sortit la cape de son emballage et s'en couvrit sans plus attendre. Puis, plaquée contre un mur en face de l'école, elle attendit.

***

James, assis à la table de la cuisine, observa un instant Alice, qui n'arrivait pas à lacer ses chaussures. Perplexe, il finit par demander :

- Ça va ?

- Hein ?

Elle redressa la tête et poussa un cri lorsqu'elle heurta le bord de la table. James se leva à moitié de sa chaise, inquiet, puis se laissa retomber dessus avec un soupir soulagé en la voyant se masser le crâne avec une grimace.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Insista-t-il.

- On part relayer je ne sais qui pour surveiller une maison au-dessus de laquelle il y a eu la Marque des Ténèbres il y a deux jours, expliqua-t-elle. Ça m'angoisse.

- C'est normal, la rassura-t-il. Mais tu seras avec Fabian, ça ira.

Elle hocha la tête d'un air peu convaincu, puis soupira.

- J'aurais aimé que Frank soit là.

- C'est vrai ça, où est-il ?

- Aucune idée. Il est parti tôt ce matin, je crois. Il m'a laissé un mot pour me dire que c'était urgent.

- Forcément.

- MacMillan ! S'exclama Fabian en déboulant dans la cuisine. On est partis !

La jeune fille sauta sur ses pieds et ses cheveux blonds voletèrent autour de son visage, qui affichait à présent un air déterminé. James lui adressa un dernier sourire avant que Fabian ne l'entraîne à sa suite par la porte arrière de la cuisine, qui donnait directement sur le jardin.

Resté seul, James soupira. Évidemment, c'était le jour où il avait le plus besoin de se changer les idées que Maugrey décidait de le laisser au QG. Peter était parti quelques minutes plus tôt pour une destination inconnue en compagnie de Margaret et Gideon. Quant aux autres, ils s'étaient dispersés à l'étage. Maugrey avait disparu de la circulation.

Alors qu'il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa journée, une main s'abattit sur son épaule. Il se redressa avec un glapissement et foudroya Maugrey du regard.

- Vigilance constante, je sais, marmonna-t-il.

- Bien, répondit simplement l'Auror. Comme ça tu vas pouvoir rester dans cette pièce toute la journée et vérifier qu'aucun patronus n'arrive pour demander de l'aide.

- Ça peut arriver ? S'étonna le jeune homme.

- Tout le temps. On s'est adressé à d'autres personnes hier pour ne pas vous brusquer, mais fini les vacances ! On a besoin de vous.

- Et je fais quoi s'il y a un problème ?

- Tu embarques une ou deux personnes avec toi, tu trouves quelqu'un d'autre pour monter la garde ici et tu te dépêches de te ramener là où on a besoin de toi.

James hocha la tête et soutint le regard de Maugrey quelques instants. Enfin, l'Auror quitta à son tour le manoir. Avec un nouveau soupir, James donna un petit coup de baguette et, quelques instants plus tard, un grimoire vola jusqu'à lui. Il l'ouvrit là où il avait interrompu sa lecture la veille et songea que la situation était complètement absurde : il était en train de lire un livre sur les différents types de métamorphose possibles alors que Lily remplissait une mission, quelque part en Grande-Bretagne.

Il grimaça et se plongea dans sa lecture.

***

Lily s'éloigna dans une ruelle inoccupée dès que Yaxley fut entré chez lui et s'empressa d'ôter la cape. Elle revint alors sur la place, entra dans le pub et se laissa tomber sur la première chaise libre. Rester immobile toute la journée était vraiment la pire chose du monde.

Elle commanda un café et reprit sa veille, les yeux posés sur la maison de Yaxley. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi ils devaient surveiller cet homme à tour de rôle. Elle l'avait vu, par la fenêtre de l'école, et il ne semblait pas particulièrement agressif. De plus, il pouvait communiquer avec n'importe qui depuis chez lui, ils n'avaient aucun moyen de le savoir. Si seulement elle pouvait mettre la main sur une des lettres dont Emmeline lui avait parlé... peut-être y avait-il un message caché derrière.

Elle grommela et songea qu'il serait temps d'y penser plus tard. Pour le moment, elle voulait juste se reposer. Et manger quelque chose. Elle n'avait rien avalé depuis son petit-déjeuner.

Alors qu'elle était dans le pub depuis déjà deux bonnes heures et qu'elle avait fini par convaincre le tenancier de lui faire une omelette, un grand jeune homme aux cheveux châtains entra et se dirigea droit vers elle.

- Salut Lily, sourit-il.

- Remus ! S'exclama-t-elle joyeusement. Tu me sauves la vie !

- C'est si terrible ?

- Terriblement ennuyeux.

Elle lui expliqua ce que Emmeline lui avait raconté le matin même, mais s'interrompit soudain en fronçant les sourcils.

- On n'est pas censé appliquer des mesures de sécurité ou je ne sais quoi quand on se retrouve ?

Remus grimaça, hocha la tête puis marmonna :

- La question est facile à trouver pour moi : quel est mon grand secret ?

Lily jeta un regard circulaire pour vérifier qu'on ne les écoutait pas et murmura :

- Tu es un loup-garou mais ça ne m'empêche pas de t'aimer.

Le jeune homme rougit et serra un instant la main de Lily dans la sienne.

- Bon, à mon tour : pour quelle raison James et moi nous sommes nous séparés en mars dernier ?

- James a dû te mentir à cause de moi.

- Mauvaise réponse, Remus, sourit Lily. Il a dû me mentir pour respecter le secret de son meilleur ami, ce qui était tout à fait normal.

Il soutint son regard quelques instants avant de baisser les yeux sur le bois abîmé de la table.

- Tu as d'autres choses à me dire sur Yaxley ? Interrogea-t-il après s'être éclairci la gorge.

- Non. Reviens ici demain matin avant huit heures, quelqu'un prendra le relais. Enfin j'imagine.

- Rassurant, commenta-t-il.

- Autant que Maugrey ! Dis-moi... est-ce que James est parti ?

Remus retint un sourire face à sa tentative ratée de prendre un air détaché.

- Oui, cet après-midi. Il patrouille dans Londres avec Sirius.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'inquiéta-t-elle.

- Une explosion du côté de Trafalgar Square. On ne sait pas ce qu'il s'est passé exactement mais on a reçu un message de Caradoc Dearborn, qui était à Ste Mangouste quand c'est arrivé. Il préférait que quelqu'un aille voir.

Soucieuse, Lily hocha la tête puis posa quelques pièces sur la table.

- Bon courage, Remus.

- Merci. Repose-toi bien.

Elle sortit enfin du Blaireau reluisant, rejoignit l'impasse où elle était apparue ce matin-là et rentra enfin au QG.

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