Partie III - Chapitre 4

Chapitre 4

L'homme s'approchait de plus en plus. Elle voulait fuir, elle le voulait désespérément, mais elle en était incapable. Ses pieds étaient comme collés au sol. Paniquée, elle chercha de l'aide autour d'elle, mais il n'y avait personne. Personne, à part la silhouette qui venait vers elle, qui prenait peu à peu corps... Mais pas de visage. Jamais de visage.

Lily s'éveilla brusquement et se redressa, le cœur battant à tout rompre. D'une main tremblante, elle chercha à tâtons la lampe à huile. Enfin, elle parvint à allumer la lumière et elle se laissa tomber en arrière sur son oreiller. Une sueur froide couvrait son corps d'une fine pellicule et elle frissonna. Elle se rappelait vaguement que James, la veille au soir, avait remis du bois dans le poêle qui se trouvait dans un coin de la pièce. Il ne restait à présent plus rien de la douce chaleur qui régnait alors dans sa chambre.

Elle se recroquevilla sous ses couvertures et tenta de se rappeler de ce qu'il s'était passé la veille, dans l'espoir que cela effacerait le cauchemar de son esprit. Elle s'était endormie sur l'épaule de James, alors qu'ils discutaient tous autour d'une tasse de café. Les frères Prewett, Jenny, Ethel, Margaret, les Maraudeurs, et même Alice et Frank, qui étaient rentrés de chez les Londubat. Ils leur avaient raconté leur soirée : Alice avait enchaîné bourde sur bourde, terriblement intimidée par Mrs. Londubat. Lily se souvenait avoir ri avec les autres, puis elle avait commencé à s'endormir, bercée par la voix grave de James, qui discutait avec Remus. Ils avaient parlé de sortilèges, des meilleurs moyens de protection qui existaient. A un moment, le rire de James l'avait réveillée, et il lui avait alors dit qu'elle ferait mieux d'aller se coucher. Elle avait acquiescé mais n'avait pas bougé. Il l'avait donc aidé à se lever et l'avait emmenée jusqu'à sa chambre. Il l'avait embrassée. Elle sourit et les battements de son cœur commencèrent à se faire moins hiératiques. James. Tout irait mieux une fois qu'elle aurait retrouvé James.

Sans plus réfléchir, elle repoussa ses couvertures et saisit sa baguette avant d'éteindre la lampe. Guidée par la faible lueur de sa baguette, elle se rendit jusqu'à la chambre du jeune homme en essayant de faire abstraction du froid qui perçait son pyjama et poussa doucement la porte. Elle grinça légèrement et Lily grimaça. Elle allait éteindre sa baguette lorsqu'un mouvement dans le noir la fit sursauter, suivi d'une voix froide et tendue :

- Qui est-là ?

- C'est... c'est Lily, balbutia-t-elle. Les battements de son cœur étaient repartis à toute allure.

- Oh.

Il y eut un bruit de draps froissés et elle en conclut qu'il s'était recouché.

- Je ... je peux entrer ou tu vas m'atomiser ?

- Viens là. Désolé, réflexes.

Il devait à moitié dormir, à en juger par ses phrases qui n'en étaient pas.

- Tu peux m'expliquer pourquoi tu ne t'es pas réveillé quand Sirius a débarqué dans ta chambre, hier matin ? Interrogea-t-elle dans un murmure en se glissant contre lui.

- Demain. Trop fatigué, marmonna-t-il avant d'enfouir son visage contre ses cheveux.

Elle sourit et se détendit peu à peu à mesure que la chaleur du jeune homme la réchauffait. Elle parvint enfin à se rendormir, bercée par un doux sentiment de sécurité.

***

- Bouge-toi Cornedrue, réunion dans une heure ! Oh, désolé...

La porte se referma doucement et James sourit. Remus était sans doute devenu cramoisi en s'apercevant que Lily se trouvait dans son lit.

- Est-ce que c'est toujours Remus qui te réveille ? interrogea la jeune fille dans un bâillement.

- Comment est-ce que tu crois que j'ai pu être à l'heure en cours pendant toutes ces années ? rétorqua-t-il d'une voix ensommeillée.

- Tu n'étais pas à l'heure, James.

- La ferme, Evans.

Elle roula sur le dos et James posa un bras possessif sur son ventre avant d'appuyer sa tête contre son épaule.

Un instant plus tard, la lumière s'alluma.

- Je te déteste, grogna-t-il.

- Pourquoi est-ce qu'il est venu si tôt ? demanda Lily après avoir regardé l'heure.

- Parce que si tu n'étais pas là je ne me serais jamais bougé aussi vite.

- Espèce de flemmard.

Elle le repoussa doucement et se leva. James n'eut pas la force d'ouvrir les yeux. Le parquet grinça légèrement sous ses pas – bien moins fort que quand c'était lui – et le battant du poêle s'ouvrit en couinant. Quelques instants plus tard Lily était de retour dans le lit, mais elle ne se laissa pas attirer dans ses bras et resta assise en tailleur sur la couverture. Il consentit enfin à entrouvrir un œil et interrogea :

- T'as pas froid ?

- Si. Mais si je retourne sous ses couvertures on ne se lèvera jamais.

- Pourquoi, par Merlin, faut-il que tu aies une âme de préfète ? râla-t-il.

- Pour te gérer, rétorqua-t-elle d'un ton joyeux. Tu veux bien m'expliquer pourquoi Sirius ne t'a pas réveillé alors que tu as failli me projeter à l'autre bout du manoir quand j'ai ouvert la porte ?

James mit un moment à comprendre de quoi elle était en train de parler. Il n'était pas très réveillé quand elle s'était pointée au milieu de la nuit.

- Patmol, répondit-il enfin.

- Hein ?

- La seule personne plus silencieuse que Sirius c'est Remus.

Lily fronça légèrement les sourcils.

- Tu veux dire que son animagus a une influence sur Sirius en tant qu'homme ?

James hocha la tête en s'émerveillant intérieurement qu'elle ait pu comprendre alors qu'il avait balancé la réponse la plus elliptique possible.

- Je ne suis pas certaine que ça fonctionne comme ça.

- Eh, c'est moi l'animagus, pas toi !

- Bon très bien ; quelle influence ça a sur toi ?

- L'endurance, répondit-il du tac au tac.

- Tu fais du Quidditch depuis que tu sais marcher, évidemment que tu es endurant !

Il secoua la tête.

- Je t'assure que je le suis beaucoup plus depuis que je suis un animagus. Je pouvais monter du hall jusqu'à la tour de Gryffondor sans être essoufflé.

- C'est pas si compliqué que ça.

- En courant, précisa-t-il.

Cette fois-ci Lily ne trouva rien à répondre. James s'étira dans le silence. C'était la première fois qu'ils parlaient vraiment de son statut d'animagus, depuis qu'il lui avait tout avoué.

- Tu me montreras, un jour ? demanda-t-elle doucement.

Il fixa des yeux étonnés sur elle.

- Je croyais que tu ne voulais pas ?

Elle se tortilla, gênée.

- Parce que je n'étais pas très à l'aise avec ça, au début. Mais... C'est une partie de toi alors... Je veux tout connaître de toi.

James ne put que la fixer quelques instants, hébété. A chaque fois que Lily lui laissait voir à quel point elle l'aimait, il avait l'impression de prendre un coup de massue. Un coup de massue qui le faisait se sentir incroyablement vivant.

Elle avait légèrement rougi en avouant cela. Il s'assit et attira son visage contre le sien pour l'embrasser.

Elle sourit et une lueur d'amusement pétilla dans ses yeux verts.

- Bah voilà, c'est pas compliqué de te faire bouger. Remus aurait dû essayer de t'embrasser.

Il éclata de rire et se laissa retomber en arrière. Alors qu'il était en train de se dire qu'il était incroyablement heureux, une exclamation de Lily vint troubler le joyeux cours de ses pensées.

- James ! Mais qu'est-ce que tu t'es fait ?

Il suivit le regard de la jeune fille et considéra un instant son flanc et son épaule droits, marbrés de jaunes et noirs et de quelques égratignures – surtout sur son épaule. Paniqué, il chercha désespérément une excuse. Mais son regard croisa celui de Lily et il put clairement y lire « si tu me mens, tu es mort ». Il gémit et attrapa ses lunettes sur la table de nuit pour se donner une contenance. Enfin, il répondit :

- Je suis tombé à moto.

***

- A moto ?

- Ouais.

Lily lui jeta un regard agacé. Il faisait exprès de ne pas s'expliquer, espérant sans doute qu'elle allait lâcher l'affaire.

- Quelle moto ?

- Celle de Sirius.

Il la fixait avec des yeux coupables. Elle en conclut qu'elle risquait de pas ne pas apprécier ce qui allait suivre, mais elle persévéra tout de même.

- Comment diable est-ce qu'il a pu dégotter une moto ? Il a de l'argent moldu ?

- N...on.

- Vous ne l'avez pas volée ? s'exclama-t-elle, horrifiée.

- Non ! Lily, on est pas des...

James s'interrompit pour reconsidérer la question puis acheva :

- Bon, si, on est un peu des délinquants.

- James, gronda-t-elle.

- Tu veux vraiment savoir comment on l'a eue ? soupira-t-il en se passant une main dans les cheveux.

- Ouais. Et si tu me racontes un bobard, je te plaque.

- Tu ne le feras pas, rétorqua-t-il, sûr de lui.

- Ah oui ? grinça-t-elle.

Une lueur paniquée traversa le regard du jeune homme et il se redressa. La couverture glissa un peu plus le long de son torse et Lily grimaça à la vue de ses côtes contusionnées.

- Ok, on se calme, personne ne va quitter personne, tempéra-t-il. Mais je te préviens, ça ne va pas te plaire.

- Dis toujours, insista-t-elle, les bras croisés sur sa poitrine.

James grimaça.

- Bon, très bien. On était dans le quartier bangladais de Londres, Brick Lane...

***

3 Août 1978, Brick Lane, Londres, une heure du matin

- Eh Cornedrue ! Regarde ça !

James tituba le long du trottoir pour rejoindre Sirius, qui se tenait à un lampadaire pour ne pas tomber. Il désignait une espèce de tas de ferrailles qui semblait être une moto. Un type se tenait à côté, occupé à rouler une cigarette.

- C'est une moto, annonça Sirius d'un ton important.

- Sans blague. Oups, désolé, lança James à l'attention de l'homme, auquel il venait de s'accrocher de justesse.

- Pas de problème, répondit celui-ci d'une voix lente et grave. Vous aimez les motos ?

- Aucune idée, pouffa James.

- Ouais ! S'exclama son ami. On adore les motos !

- Je peux vous la vendre. 150£.

Sirius, qui affichait un grand sourire depuis qu'il avait vu l'engin, se décomposa.

- On a pas d'argent.

L'homme ricana.

- Vous avez tout dépensé en alcool ?

- Et en cigarettes ! Ajouta fièrement James.

- Pas vrai. On a pas d'argent moldu.

- D'argent quoi ?

James donna un coup de coude à son ami, mais ça n'avait aucun rapport avec le fait qu'il risquait de trahir sa condition de sorcier.

- Eh, Patmol, chuchota-t-il exagérément fort, j'ai un truc à te dire.

Ils s'écartèrent de l'homme et James fouilla dans sa poche.

- Les Gallions sont en or, nan ? Si on efface tout ce qu'il y a dessus, on pourra les lui refiler !

Sirius répondit par une exclamation enthousiaste, et ils s'écartèrent encore pour pouvoir utiliser la magie sans que le propriétaire de la moto les voie. James sortit trois Gallions de sa bourse et ils passèrent une dizaine de minutes à essayer de se rappeler la formule d'un sort qui effacerait ce qui se trouvait sur les pièces. Lorsqu'enfin ils revinrent vers l'homme, ils lui tendirent les pièces d'or, ravis.

- C'est de l'or pur, annonça James.

L'homme écarquilla les yeux.

- Vous vous moquez de moi ?

- Non non.

Il saisit l'une des pièces dans la main du jeune homme et l'examina avec attention à la lumière des réverbères.

- Où est-ce que vous les avez dégottées ?

- Mon père est antiquaire, mentit Sirius avec aplomb. Je les ai prises dans sa boutique.

Leur potentiel vendeur releva aussitôt les yeux et leur rendit la pièce.

- J'en veux pas. Je pourrai jamais m'en débarrasser sans m'attirer d'ennuis.

James grogna et attrapa Sirius par le bras.

- Vous serez encore là dans une heure ?

- Ça peut se faire.

- Bien.

Il tira alors son meilleur ami vers le bar où ils avaient passé la soirée. L'odeur de tabac et d'alcool bon marché l'assaillit lorsqu'ils entrèrent, mais il ne se laissa pas démonter, malgré sa tête qui tournait affreusement. Il se dirigea vers le fond de la salle et se laissa tomber sur une chaise qu'un homme venait de quitter.

- Poker ! Beugla-t-il. Je mise trois pièces d'or !

Les trois hommes qui se trouvaient en face de lui, des paquets d'argent devant eux, grognèrent un assentiment. Ils étaient trop soûls – ou trop défoncés, James n'en savait rien – pour se demander s'il s'agissait vraiment d'or. Mais leur état ne les empêchait pas de gagner chaque partie.

- Tu vas te faire plumer, chuchota Sirius à son oreille alors qu'on distribuait les cartes.

James lui adressa un regard appuyé – du moins il essaya.

- Mais non.

Une lueur de compréhension s'alluma dans l'oeil de Sirius, par-delà les brumes de l'alcool et il hocha brièvement la tête.

Une heure plus tard, ils quittèrent le bar, les poches pleines d'argent. Ils avaient fait attention à ne pas gagner chaque manche, de sorte que leurs adversaires ne s'étaient pas aperçu qu'ils trichaient.

L'homme était toujours là. James compta la somme demandée et lui tendit les billets. Il vérifia qu'il ne s'était pas fait avoir puis, satisfait, il sortit des clefs de sa poche et les leur lança.

***

- Et il nous a fallu encore un bon mois pour la retaper, avec l'argent qu'on avait gagné, et apprendre à la conduire, acheva-t-il.

Lily le fixait, la bouche entrouverte tant elle était stupéfaite. Cette histoire dépassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer. James attendait qu'elle réagisse, un air coupable – encore heureux ! - peint sur son visage. Mais malgré toutes les remontrances qu'elle aurait pu lui faire, une seule parvint à franchir la barrière de ses lèvres :

- Pendant tout ce temps, alors que j'étais persuadée que tu étais trop pris par ta formation pour me voir ou juste m'écrire de vraies lettres, tu faisais la tournée des bars avec tes imbéciles de copains et tu réparais une stupide moto ?

- Euh... ouais.

- Oh, bon sang.

Elle se leva d'un bond du lit, incapable de rester près de lui une minute de plus.

- Lily ! tenta-t-il.

- Ta gueule, Potter !

Lily sortit de la pièce sans se soucier du bruit qu'elle faisait et claqua la porte de sa chambre.

***

James entendit les pas furieux de Lily résonner dans le couloir lorsqu'elle gagna la salle de bain, de l'autre côté de l'escalier. Il grimaça. Tout le monde n'allait pas tarder à savoir qu'ils s'étaient disputés.

Il grogna et attrapa sa montre à gousset, posée sur la table de chevet. Sept heures vingt-cinq.

- Bien joué Potter, marmonna-t-il pour lui-même. Record battu.

La porte s'ouvrit à la volée et il fit face, sans surprise, à Sirius.

- Cornedrue ? Mais qu'est-ce que t'as fait à Lily ?

- Elle a cramé, pour la moto.

- Quoi ? Mais comment ?

-T'as vu la tête de ses côtes ? intervint Remus en débarquant à son tour. Elle pouvait difficilement passer à côté ! Je t'avais bien dit de ne pas monter dessus.

- Je n'avais bu que six shots, râla James.

Remus haussa un sourcil, et James s'empressa de l'accuser pour éviter ses remontrances :

- Et tu peux parler, Lunard, tu as failli embrasser un poteau en pensant que c'était cette belle blonde du bar !

Remus rougit furieusement et s'apprêta à fermer la porte pour éviter qu'on les entende lorsqu'une tête blonde s'immisça dans l'embrasure.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Eh salut Queudver ! lança joyeusement Sirius. Situation d'urgence !

Remus le fit entrer tandis que James sortait enfin de son lit pour s'habiller. Les garçons expliquèrent la situation à Peter, qui jeta un coup d'œil inquiet à la porte. A croire qu'il craignait que Lily ne débarque pour les étriper un à un.

- Qu'est-ce qu'elle a dit ? interrogea Remus en s'adossant au mur.

- Que vous étiez des imbéciles.

- Très drôle.

- Mais c'est vrai ! Et après elle m'a dit « ta gueule », ce que je trouve plutôt inquiétant si vous voulez mon avis. Lily n'est vulgaire que quand elle est vraiment en colère contre moi.

- On fait pire que « ta gueule », fit remarquer Sirius, assis sur le lit de son meilleur ami.

- Ouais, mais c'est « la ferme », d'habitude. Elle m'en veut vraiment.

La tête de James émergea de son pull et il braqua son regard sur Remus.

- Lunard ! Va lui parler !

- Quoi ? Non ! Pourquoi moi ?

- Vous êtes amis depuis des années, elle t'écoutera !

- Elle m'écoutera dire quoi ? Que vous faites les cons avec une moto ?

- Lui aussi est énervé, lança Peter d'une petite voix.

Sirius se mit à rire et Remus le fusilla du regard. James n'écoutait pas, trop obnubilé par son idée.

- S'il-te-plaît ! C'est toi le plus diplomate ! Elle impressionne trop Queudver pour qu'il y aille !

- Eh ! protesta l'intéressé, mais Sirius lui lança un regard qui signifiait clairement que s'il s'avisait de protester, il serait effectivement envoyé comme ambassadeur auprès de Lily. Il se tassa donc sur lui-même et attendit la suite des événements.

- Essaie de lui expliquer que des mecs ont besoin de sortir, de s'amuser !

Remus lâcha un soupir agacé et posa sa main sur la poignée.

- Très bien, je vais y aller. Mais pas pour te couvrir.

Il sortit avant que James n'ait eu le temps de protester et Sirius commenta :

- Je rêve ou il prend la défense de Lily ?

***

Lily tartinait furieusement son pain. Maugrey leur avait demandé d'être prêt à huit heures pour qu'il leur explique plus en détails le fonctionnement de l'Ordre. Elle ne voulait pas être en retard. Et surtout, elle devait évacuer son énergie avant de se mettre à frapper James.

Des pas se firent entendre dans l'escalier et elle pria pour que ce ne soit pas l'objet de son courroux. Elle retint un soupir de soulagement en apercevant Remus.

- Salut, lança-t-il d'un ton peut-être un peu trop joyeux.

Elle lui jeta un regard suspicieux et lui répondit du bout des lèvres.

- Bien dormi ? tenta-t-il

- Ouais.

Il se racla la gorge après sa réponse sèche et se laissa tomber sur une chaise. Il tendit la main vers la cafetière posée devant la jeune fille et l'interrogea du regard. Elle se força à être aimable pour lui dire :

- Vas-y, je t'en prie.

- Merci.

Ce n'est qu'après avoir avalé quelques gorgées du liquide brûlant qu'il se décida enfin à parler.

- Ça va, avec James ?

- Oh, Remus... soupira-t-elle. Qu'est-ce qu'il t'a demandé de me dire ?

- Rien. Enfin si, mais je lui ai dit que je ne comptais pas le défendre.

- Dis toujours.

- « Des mecs ont besoin de sortir et de s'amuser ».

Un sifflement agacé s'échappa des lèvres de Lily et elle reposa son propre bol de café avec violence sur la table.

- Quel crétin !

- Ouais. Mais, tu sais, il n'a pas tout à fait tort.

Elle braqua son regard émeraude sur lui et il déglutit difficilement.

- On allait pas rester cloîtrés dans le Snargalouf tous les soirs.

Lily leva les yeux au ciel.

- Tu ne comprends rien. Pas plus que James.

Elle se leva brusquement et gagna le salon, non sans claquer la porte derrière elle. Elle allait sortir dans le jardin lorsqu'une voix l'interrompit.

- Evans ! Viens là !

Surprise, elle se retourna pour faire face à Maugrey, qui arrivait de la cuisine. Les multiples cicatrices qui lui barraient le visage étaient bien plus impressionnantes à la lumière du jour.

- Sois prête dans dix minutes. Tu pars relayer Vance, elle surveille Yaxley depuis hier soir.

- Euh... d'accord. Mais pourquoi moi ?

Maugrey, qui s'apprêtait déjà à repartir – il semblait toujours avoir besoin de courir régler une affaire urgente – s'immobilisa pour poser un regard songeur sur elle.

- Parce que tu as moins d'expérience que les autres. C'est la même chose pour Hansen et Beadle. Donc je préfère vous confier des missions peu dangereuses pour commencer, ensuite vous pourrez partir avec les autres. Ne t'en fais pas, Emmeline t'expliquera tout.

Il lui avait parlé sur un ton presque aimable, ce qui la surprit. Elle hocha la tête et il ajouta :

- Couvre toi, c'est dans le Derbyshire.

Il repartit enfin et Lily le suivit pour se rendre à l'étage. Remus avait disparu en laissant son petit-déjeuner en plan. Sans doute était-il allé faire un rapport à James. Elle grimaça et se retint de donner un coup de pied dans la porte du jeune homme en passant devant. Une fois dans sa chambre, elle entreprit de fouiller sa malle pour y trouver des vêtements chauds lorsqu'on frappa à la porte.

- Tire-toi, James.

La porte s'ouvrit et le jeune homme entra malgré tout.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « Tire-toi » ? gronda-t-elle en se redressant.

- Remus m'a dit que tu partais en mission, expliqua-t-il. Je ne veux pas que tu partes fâchée contre moi.

- Désolée de te décevoir, mais c'est comme ça que ça va se passer.

- Lily, je suis désolé.

- Non, tu ne l'es pas.

Il grimaça et elle devina qu'elle avait visé juste.

- Ok, peut-être pas, admit-il. Mais j'ai le droit de m'amuser, non ?

Un cri de rage s'échappa des lèvres de Lily et elle jeta sur son lit le pull en laine qu'elle venait d'extirper de sa malle.

- Tu ne comprends rien ! Je m'en fous que tu fasses n'importe quoi avec les garçons !

- Alors c'est quoi, le problème ? S'agaça-t-il.

- Le problème, sombre crétin, c'est que j'aurais apprécié que tu m'accordes ne serait-ce qu'une seule soirée de ton précieux temps ! Ou tu aurais moins pu faire l'effort de m'écrire plus que les dix misérables lignes auxquelles j'ai eu le droit à peine une fois par semaine !

- Peut-être que si tu travaillais moins j'aurais pu t'accorder une soirée !

- Quoi ? Mais de quoi est-ce que tu parles ?

James se mit à faire les cent pas dans la chambre en passant ses mains dans ses cheveux.

- Dans toutes tes lettres tu n'arrêtais pas de dire que tu avais trop de travail et que tu étais épuisée, comment est-ce que j'aurais pu penser que tu voulais qu'on sorte ?

- T'aurais au moins pu proposer !

- Eh bah désolé de ne pas être le copain parfait, Lily ! Désolé de ne pas comprendre tous les trucs que tu ne me dis pas !

- Ce n'est pas ce que je te demande !

- Alors qu'est-ce que tu veux ? J'en ai marre d'essayer d'être celui que tu voudrais que je sois !

- Je veux juste que tu arrêtes de faire le con !

- Peut-être que je suis un con !

- Alors arrête !

- Non ! Je ne suis pas parfait, d'accord ? C'est comme ça, c'est tout ! Si ça ne te convient pas alors je ne peux plus rien faire pour toi !

Il écarta les bras en signe de reddition, son regard planté dans celui de Lily.

- J'ai essayé d'être celui que tu voulais, mais j'en ai marre. Tu ne peux pas obliger les gens à changer. J'en ai assez de me battre pour toi si tu ne fais pas d'efforts de ton côté.

Avant que Lily n'ait pu ouvrir la bouche, il sortit de la pièce et claqua la porte derrière lui.

La jeune fille resta plantée au milieu de la pièce, stupéfaite. Elle n'avait aucune idée de la façon dont la situation avait pu dégénérer de la sorte. James venait de mettre leur relation au bord du précipice. A cause d'elle.

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