Partie III - Chapitre 33

Chapitre 33

- Et tu ne pouvais pas m'en parler ? Merlin, James !

L'interpellé grimaça. Il savait que Sirius allait piquer une crise mais il ne pensait pas qu'il serait vraiment en colère.

- Ce n'était pas censé se passer comme ça.

- Mais t'avais bien dû y penser, non ? Vociféra Sirius en continuant à faire les cent pas devant la moto qu'il venait de garer dans le parc du QG.

- Depuis longtemps, ouais, confirma-t-il tout en sachant que ça n'allait faire qu'attiser sa colère.

- Un mariage ! Un mariage, bordel ! Et tu m'en as même pas parlé !

- Je l'aurais fait si ça n'était pas arrivé aussi vite !

- Ouais, tiens, parlons-en ! Sérieusement ? Tu vas épouser Lily Evans ? Elle t'a détesté la moitié de sa vie !

- Eh, tu pourrais pas juste être content pour nous ? Remus est ravi, lui !

- Parce qu'il est bien trop gentil pour te faire remarquer que c'est complètement crétin !

- Tu adores Lily ! Franchement, avec qui est-ce que je pourrais passer le restant de mes jours si ce n'est pas avec elle ? Le Calamar Géant ?

Sirius cessa de s'agiter pour interroger, perplexe :

- Est-ce que tu viens de comparer Lily au Calamar Géant ?

Un sourire amusé se peignit sur le visage de James.

- Pas un mot, sinon elle va me tuer.

- Si je ne l'ai pas déjà fait avant, grommela Sirius. Qu'est-ce que je vais devenir, moi, hein ? Le meilleur ami grincheux que vous arrêterez bientôt de voir ?

- Je suis sûre que Lily sera ravie d'adopter ce bon vieux Patmol, l'informa James en enfonçant ses mains dans ses poches, les yeux pétillants.

- Et on mettra Queudver dans une cage ?

- Excellente idée.

- Passer le restant de ses jours coincé entre sa femme et ses meilleurs amis, railla Sirius. Le rêve.

- Et Remus ?

- Remus viendra nous rendre visite les soirs de pleine lune, voyons.

- Tu vas proposer tout ça à Lily ? Elle en sera ravie.

Sirius grommela, mais James voyait à son regard qu'il était amusé.

- Eh, Patmol ?

- Quoi ?

- Tu veux bien être mon témoin ?

Il le dévisagea un instant avant de lui envoyer un coup de poing dans l'épaule. James glapit et le fusilla du regard mais il était déjà reparti vers la maison. Le cliquetis des clefs de la moto qu'il faisait tourner dans sa main rythmait ses pas.

- Patmol !

- Je t'aurais jeté dans la Cabane Hurlante un soir de pleine lune si tu ne me l'avais pas demandé ! Cria-t-il par-dessus son épaule avant d'éclater de rire.

James secoua la tête en l'imitant puis courut pour le rejoindre. Il le gratifia d'un coup de coude dans les côtes, à quoi Sirius répondit en attrapant sa tête pour la coincer sous son bras.

- Lâche-moi, sale clébard ! Brailla James en se débattant alors qu'il lui ébouriffait les cheveux.

- C'est toi qui as commencé en mettant une fille entre nous ! Mon pauvre petit cœur blessé ne s'en remettra jamais !

- C'est mon cuir chevelu qui ne va pas s'en remettre ! Lily ne voudra jamais m'épouser si je deviens chauve !

- Je vais continuer alors, rétorqua Sirius, hilare, alors que James se dégageait enfin.

Il le repoussa et ils continuèrent à se battre jusqu'à la maison. Lorsqu'ils entrèrent enfin dans le salon, James avait arraché sa veste à Sirius, qui avait fait sauter l'un des boutons de sa chemise à force de tirer dessus. En les voyant entrer complètement débraillés, Lily haussa un sourcil.

- Vous étiez en train de vous tripoter dehors, c'est ça ?

- Lily ! Brailla James, offusqué. On se battait comme les hommes virils que nous sommes !

- Si t'es un homme Potter, alors j'aimerais bien savoir ce que je suis, grogna Maugrey en faisant son apparition.

- Est-ce qu'il vient de sous-entendre qu'on était des bébés ? Souffla Sirius à son oreille.

- Je crois, ouais.

- Bougez-vous les enfants, aboya Maugrey, on a tous beaucoup de boulot ! Quelqu'un sait où est Lupin ?

- Il dort, l'informa Lily. Il est rentré il y a deux heures seulement.

L'Auror marmonna quelques mots qui échappèrent à James mais dont l'idée générale semblait être que dormir était superflu avant de reprendre plus fort :

- Dites-lui qu'il est attendu dans le bureau de Bones. Il sait où c'est. Black, tu viens de rentrer ?

- Ouais.

- Encore sur cette satanée moto ?

Sirius eut son sourire arrogant habituel avant de répondre effrontément :

- Ouais.

Maugrey souffla bruyamment puis continua :

- Quand tu te sentiras suffisamment reposé, passe au Bureau des Aurors.

- Je peux venir tout de suite, si vous voulez, s'empressa-t-il de proposer. C'était juste une ronde de routine, ça ne m'a pas occupé très longtemps.

Il sembla aussitôt remonter dans les bonnes grâces de Maugrey, qui marmonna « Allons-y, alors », et ouvrit la porte. Sirius se précipita à nouveau dehors, non sans avoir lancé les clefs de la moto à James. Juste avant de sortir à son tour, Maugrey se tourna vers les deux autres jeunes gens et grommela :

- J'imagine que les félicitations sont de mises.

Puis il claqua la porte derrière lui.

- Pas très chaleureuses, ses félicitations, commenta Lily.

James haussa les épaules.

- Au moins il ne nous a pas engueulé parce qu'on ne se concentre pas assez sur la guerre ou je ne sais quoi.

- Frank et Alice vont aussi se marier, lui rappela-t-elle alors qu'il se laissait tomber sur le canapé près d'elle.

- Peut-être qu'il désapprouve aussi, suggéra-t-il.

- A vrai dire, je me fiche éperdument d'avoir sa bénédiction.

- Nous avons celle de Sirius, d'ailleurs ! Triompha-t-il. Seulement parce que je lui ai dit qu'il serait mon témoin.

Lily pouffa et posa sa tasse de café sur la table basse.

- C'est vraiment un bébé. Tu vois, tu n'avais pas de raison de t'en faire.

- Oh, il était vraiment furieux au début. Il aurait aimé que je lui en parle.

- Vu la façon dont c'est arrivé, ça aurait été difficile.

- Lily... J'y avais déjà pensé, tu sais.

Elle tourna la tête vers lui, les joues rouges. Il avait du mal à croire qu'il arrivait encore à la faire rougir. Il se pencha et déposa un baiser sur ses lèvres avant de continuer :

- Je ne pensais pas te le demander comme ça, mais je l'aurais fait, tôt ou tard.

- Je pensais vraiment que ce serait beaucoup plus tard, répondit-elle avant de lui rendre son baiser.

- On n'est pas obligé de se marier tout de suite, souffla-t-il en faisant glisser ses lèvres contre son cou.

- Hors de question que j'attende pour t'épouser, rétorqua-t-elle en l'attrapant par le menton pour ramener ses lèvres vers les siennes.

Elle l'embrassa une fois, deux fois, puis sourit.

- Au point où on en est, ce serait complètement stupide d'attendre.

Il chercha à nouveau ses lèvres et ils basculèrent sur le canapé. Lily pouffa alors qu'il déposait une série de baisers le long de sa mâchoire.

- Pourtant, ce n'est pas comme si avait encore des choses à découvrir pendant notre nuit de noces, souffla-t-elle avec un petit rire gêné.

- Hmm ... tu sais aussi bien que moi que ça va bien au-delà de ça.

Il se redressa légèrement et lui sourit. Son cœur s'emballa alors qu'il songeait qu'elle allait devenir sa femme. A chaque fois qu'il se penchait sur la question, il lui semblait avoir un aperçu de l'éternité : un gouffre noir, empli d'inconnu et d'incertitudes, éclairé seulement par le chemin tout tracé qu'allait être son mariage – peut-être tortueux, peut-être difficile, mais bien présent.

- Je sais, acquiesça-t-elle doucement.

***

Remus parcourut rapidement le message des yeux et sourit quand il atteignit la signature : « Lily ». James s'était empressé de lui apprendre ses fiançailles dès qu'il était entré. La nouvelle l'avait empli de joie. A vrai dire, il ne s'était pas senti aussi heureux depuis longtemps. C'était une bonne nouvelle – une vraie. Contrairement à Sirius, il se fichait éperdument que James ne l'ait pas mis au courant de ses projets plus tôt. De toute façon, il savait qu'ils se marieraient, tôt ou tard. En revanche, il était à peu près certain que l'intérêt échappait totalement à Sirius.

Sans plus attendre, il attacha sa cape autour de son cou et quitta le QG à grands pas pour honorer le rendez-vous que Maugrey lui avait fixé. Il parvint au bureau d'Edgar Bones vingt minutes plus tard, ouvrit la porte sur son invitation... et toussota lorsque le nuage de fumée qui envahissait la pièce lui parvint.

Edgar Bones était planté devant son bureau, un cigare à la main. Le cendrier posé devant lui indiquait que ce n'était pas le premier. Sirius, installé par terre, étudiait une liste, pendant que Maugrey, assis au bureau de Bones, faisait défiler devant lui de nombreuses photos.

Bones adressa un sourire à Remus, qui referma la porte derrière lui en se demandant ce qu'il faisait là.

- On a besoin de toi, mon garçon ! S'exclama le membre du Magenmagot en lui faisant signe d'approcher. On est à la recherche de suspects potentiels au sein du Magenmagot.

Il avait ajouté cette phrase tout bas, même s'il avait sûrement jeté des sortilèges d'insonorisation.

- Jenny Halloway n'était pas censée s'en occuper ?

- Halloway n'a rien trouvé, grommela Maugrey depuis sa place.

- Et en quoi est-ce que je peux vous aider plus ?

- Tu étais là le jour où ce type, Patmore, a été assassiné en pleine séance. On a besoin que tu essaies de te rappeler précisément de ce qu'il s'est passé dans la salle, et de qui était là.

Remus déglutit. Aucune chance qu'il y parvienne : il était tellement focalisé sur Patmore qu'il n'avait rien regardé d'autre. La présence des Détraqueurs n'aidait pas. Néanmoins, il hocha la tête et prit le paquet de photos que Maugrey lui tendait. Il s'agissait de clichés officiels et individuels des membres de l'assemblée sorcière. Leur nom était inscrit au dos.

Il se laissa tomber par terre près de Sirius et étala consciencieusement toutes les photos devant lui, en rangées bien nettes. Sirius, amusé, lui jetait de fréquents coups d'œil. Il finit par pouffer :

- T'es vraiment maniaque.

- Je suis organisé ! Protesta-t-il. Qu'est-ce que tu fabriques ?

Sirius tenta de prendre un air détaché mais Remus remarqua sans peine le pli amer au coin de sa bouche. Depuis le temps, il savait ce qu'il signifiait : il était question de la famille Black.

- Je cherche des gens qui pourraient être en lien avec ma famille.

- Parce que tu en connais ?

- Oh, tu sais, ma mère adorait inviter ses amies Sang-Pur pour le thé. C'était aussi réjouissant qu'être le seul humain à un goûter entre vampires.

Il se tut, penché sur la liste de noms qu'il scrutait avec attention. Remus n'insista pas. C'était déjà une bonne chose qu'il n'ait pas envoyé Maugrey se faire voir quand il lui avait assigné sa tâche.

- Tu sais à quoi ça va servir, ensuite ? Reprit-il alors qu'il tentait désespérément de savoir si cette petite Sorcière avec une pustule siégeait le jour du procès de Patmore. Je veux dire, on ne peut pas arrêter quelqu'un sur une simple présomption.

- Tu te rappelles de notre mission avec James, l'autre jour ? Pour Doc Dearborn ?

- Les potions ?

- Ouais. Il y avait du Véritaserum dans la caisse.

- Et on cherche sur qui on va l'utiliser ?

- Il semblerait.

- Mais c'est illégal ! S'exclama-t-il, haussant ainsi le ton.

- Ferme-la, Lupin, le rabroua Maugrey. C'est moi qui gère la légalité de la chose, toi tu te contentes d'obéir aux ordres !

- Dumbledore est au courant ? Insista néanmoins Remus.

Sirius ricana tout bas. Tous les Maraudeurs savaient à quel point il adorait le directeur depuis qu'il lui avait permis d'entrer à Poudlard.

- Dumbledore fera ce qu'il faut pour gagner cette guerre, rétorqua Maugrey d'un ton sec, même si le Ministre n'est pas d'accord.

- Mais comment vous allez procéder ?

- C'est mon affaire, Lupin ! Concentre-toi sur ce qu'on t'a demandé ! Au pire, c'est moi qui comparaîtrai devant la Magenmagot, alors arrête de râler.

- Mon cher Alastor, intervint Bones d'un ton tranquille, si jamais tu viens à tomber, aucun doute que l'Ordre sera démantelé dans la minute. Minchum n'attend que ça.

- Après tout ce qu'on a fait pour lui, marmonna Sirius en rayant un nom avec rage sur sa liste. On a failli mourir là-bas et il ne nous a même pas remercié.

Maugrey se contenta de grommeler quelque chose d'incompréhensible mais Bones eut un sourire triste.

- C'est ce qui arrive quand on est un clandestin, Mr. Black. Moins on en sait sur les membres de l'Ordre, mieux c'est. Pour vous comme pour les autres membres.

- Les Mangemorts nous connaissent déjà ! Je ne vois pas ce que ça pourrait changer !

- Ce ne sont pas les Mangemorts, le problème, mais la Gazette du Sorcier, marmonna Maugrey. Vance m'a montré leur dernière bourde : ils se sont mis à parler du statut du sang. Et si un journaliste a vent de l'identité d'un des membres de l'Ordre, on peut être sûr qu'ils feront vite des erreurs monumentales en tentant de nous suivre partout.

- Pourquoi on se promène comme ça dans le Ministère, alors ? Interrogea Sirius.

- Parce qu'officiellement vous faites partie du Bureau des Aurors.

- Mais ils ne connaissent pas votre rôle dans l'Ordre ? Releva Remus, perplexe.

Maugrey était l'une des personnes les plus connues de Grande-Bretagne, depuis quelques années. La guerre l'avait propulsé sur l'avant de la scène, même s'il s'en serait bien passé.

- Oh, si. Mais ils ont trop peur de moi pour venir m'embêter. Il se pourrait bien que mon chat soit un ancien journaliste.

Bones s'étouffa avec la bouffée de fumée qu'il était en train de souffler alors que Sirius ricanait.

- Et Dumbledore ? Enchaîna Remus – ils avaient rarement l'occasion de discuter avec Maugrey sans se faire insulter. Ils le laissent tranquille ?

- Évidemment, c'est Albus Dumbledore ! Il y a des années que les journalistes ont cessé de le harceler.

- Si tu veux mon avis, ça ne fait que retarder le moment où tout le monde médiatique va lui tomber sur le dos, commenta Bones, remis de ses émotions. Et ce ne sera pas joli à voir.

- En attendant, ils laissent l'Ordre tranquille et ça me convient très bien. A condition que Minchum continue à accepter cette situation. Il se plaint qu'on vide son coffre.

- Si les caisses du Ministère sont vides, ça explique pourquoi j'ai vu traîner un Gobelin dans l'Atrium l'autre jour, remarqua Edgar Bones en écrasant son cigare presque entièrement consumé dans le cendrier. Merlin, les ennuis pleuvent de partout.

- Je ne te le fais pas dire, murmura Maugrey.

Remus, dont les yeux valsaient entre les deux hommes depuis quelques minutes, se concentra sur l'Auror. L'agacement dont il faisait preuve depuis qu'il était arrivé avait cédé le pas à l'inquiétude. Comme s'il avait senti le regard du lycanthrope sur lui, Maugrey se leva brusquement et traversa le bureau à grands pas en clamant qu'il avait des Aurors à gérer. Sans rien ajouter, il sortit.

- Merlin, marmonna à nouveau Bones en prenant sa place derrière le bureau. Tout ça ne sert absolument à rien.

***

- Il faut que tu lui parles !

- J'essaie, mais il s'enfuit à chaque fois !

- Alors plaque-le contre un mur et embrasse-le.

- Jenny !

- Quoi ? Ça fonctionne !

- Peut-être avec Gideon mais pas avec Remus !

Lily secoua la tête. Jenny, Margaret et elle n'étaient pas parties en mission ensemble depuis une éternité. A vrai dire, c'était sans doute une bonne chose vu la concentration dont elles faisaient preuve. Assises dans St James's Park, elles surveillaient d'un œil Buckingham Palace. C'était le Premier Ministre anglais qui avait exigé cette mesure, des années plus tôt. Il était hors de question qu'un malheur arrive à la reine.

Jenny était censée veiller sur le 10 Downing Street mais le Premier Ministre se trouvant auprès de la reine, elle en avait profité pour rejoindre ses amies.

- Lily ? Tu m'écoutes ?

- Hein ?

- Laisse-la tranquille, intervint Margaret avec un sourire amusé, elle pense à son mariage.

- Pas du tout, protesta-t-elle en rougissant. Je pensais à la reine.

- La reine ? Releva Jenny. Ah, oui, la reine ! Écoute, elle a l'air de se porter très bien. On a une situation plus urgente sur les bras, là !

- Quoi, Margaret et Remus ? Laisse-les tranquille.

- Merci !

- Mais Lily ! Ils sont malheureux tous les deux, tout ça parce que... parce que quoi ? Pourquoi vous êtes-vous disputés ?

Margaret pinça les lèvres en cherchant le regard de Lily. La jeune femme n'avait pas compris jusqu'alors le sujet de leur dispute mais la raison lui parut soudain évidente. Est-ce que Margaret l'avait repoussé à cause de sa lycanthropie ? Non, ça n'avait pas de sens, elle ne chercherait pas à se réconcilier avec lui dans ce cas-là. Et puis Margaret ne ferait jamais ça.

- Il pense que je ne lui fais pas confiance, répondit finalement Margaret.

- Et du coup il ne te parle plus ? Releva Jenny. Merlin, ce garçon est une véritable énigme.

- La vie n'a pas toujours été facile pour Remus, le défendit Lily.

- Et alors ? S'il s'isole, ça ne va pas s'arranger.

Elle fut bien obligée d'admettre qu'elle avait raison, même si elle comprenait également Remus. James lui avait raconté qu'il n'avait même pas confiance en l'amour de ses parents. Il était persuadé que sa mère avait peur de lui. Dans une moindre mesure, elle était un peu dans la même situation que lui : Pétunia refusait de la regarder en face parce qu'elle voyait en elle une aberration de la nature. Merlin, jamais James et elle ne survivraient à son mariage.

- Oh non, gémit-elle soudain.

Jenny s'interrompit dans sa tirade pour lui adresser un regard perplexe, imitée par Margaret.

- Il y aura Pétunia et Vernon à mon mariage. C'est ma sœur, elle sera forcément là. Il n'y aura que des Sorciers partout ! Oh, Merlin, et comment est-ce qu'on organise un mariage sécurisé par les temps qui courent ? On n'aurait jamais dû faire ça.

- Tu demanderas à Alice et Frank, la rassura doucement Jenny en passant un bras autour de ses épaules. Ils se marient dans deux mois, tu verras bien comment ça se passe. Quand est-ce que vous allez vous marier, d'ailleurs ?

- J'en sais rien. On n'a parlé de rien du tout. Ça ne fait même pas vingt-quatre heures !

- C'est sans doute pour ça que je n'arrive toujours pas à y croire, sourit Margaret, ravie que la conversation ne tourne plus autour d'elle. James Potter ! C'est vraiment absurde.

Lily eut un faible sourire.

- Je sais. Ce qui est encore plus absurde, c'est que ça me rend stupidement heureuse. Et le plus absurde du plus absurde, c'est que je ne sais toujours pas comment cet imbécile fauteur de troubles a réussi à me faire tomber amoureuse de lui... ni pourquoi il s'est entiché de moi.

- Ça, c'est un mystère qu'on cherche tous à percer depuis 1975, commenta Jenny.

- Tu aurais dû répondre que c'est parce que je suis absolument parfaite, fit remarquer Lily en riant.

- Tu ne m'aurais pas cru ! Non, vraiment, la question mérite d'être posée, parce que c'est bien la seule personne au monde à être tombée amoureuse de quelqu'un qui passait son temps à l'insulter.

- Passe, corrigea Margaret.

- C'est faux ! Protesta Lily. On ne se tape presque plus dessus !

Jenny lui tapota le genou avec une condescendance feinte.

- Mais oui, bien sûr.

Margaret éclata de rire et Lily leur fit une grimace.

- Si tu continues, Jenny, je vais amener le sujet de Gideon et tu vas moins faire la maligne.

- Vas-y ! s'exclama-t-elle d'un ton dramatique. Je n'ai rien à cacher !

- Sérieusement ? S'étonna Maggy. Alors qu'est-ce qu'il y a entre vous ?

- On est amis.

- Ah ! Triompha Lily. Tu mens ! Tu as dormi dans sa chambre, le jour où James et moi sommes rentrés au QG. Je t'ai vue en sortir, le matin.

- Là c'est toi qui mens, observa Jenny. Je n'ai pas dormi.

- Oh, Merlin, marmonna Margaret alors que Lily piquait un fard. Je savais bien que c'était ça. C'était la pire chose à faire, alors il a bien fallu que tu le fasses.

- Ce n'est pas la pire chose à faire ! C'est très bien, au contraire, ajouta-t-elle avec un sourire entendu.

Cette fois, ce fut au tour de Margaret de rougir, mais elle ne se laissa pas pour autant démonter.

- Ce n'est pas ce que tu attendais de lui.

- Mais si.

- Je suis obligée de soutenir Maggy, là, intervint Lily.

Jenny poussa un soupir agacé et se leva pour se planter face à ses deux amies.

- Ce n'est peut-être pas ce que j'attendais, mais tant pis. Gideon est ce qu'il est, c'est tout. On ne peut pas toutes avoir un parfait fiancé comme Lily.

L'intéressée se mordit la lèvre. Elle ne souhaitait blesser personne avec ses fiançailles.

- Pas la peine de vous en faire pour moi, continua Jenny. Je le vis très bien. On est très bien comme ça... Mieux qu'avant, maintenant qu'on a statué sur ce qu'on était.

Lily se contenta de hocher la tête sans rien dire. Elle savait pourtant que si Jenny réagissait de la sorte c'était parce qu'elle aimait vraiment Gideon. Et l'aimer exigeait d'elle qu'elle n'en laisse rien paraître.

- Ce n'est pas la voiture du Premier Ministre, ça ? Avertit soudain Margaret, brisant le silence qui s'était installé.

Jenny se retourna vivement pour regarder Buckingham Palace, jura et s'éloigna à toute allure, plantant ses deux amies sans un au revoir.

- Il va lui briser le cœur, commenta Lily en regardant la queue de cheval de Jenny qui se balançait dans son dos.

- C'est déjà fait.

- C'est possible. Merlin, j'apprécie Gideon mais là j'ai vraiment envie de le frapper. Pareil pour Remus : qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Margaret gémit.

- J'espérais que l'affaire était bouclée !

- Même pas en rêve. Tu as compris, c'est ça ?

- Évidemment. Il suffit de le côtoyer un peu pour comprendre. Je ne suis pas stupide.

- Tu le lui as dit ?

- Oui.

- Et alors ?

- J'ai ... j'ai eu un mouvement de recul, balbutia Margaret, honteuse. Je ne voulais pas, je te le jure ! Et c'était dû à la surprise, pas à... à ça ! C'est lui-même qui me l'a confirmé et l'entendre de sa bouche était perturbant et...

- Eh, calme-toi, souffla Lily en serrant doucement son épaule. Je sais bien que tu ne le rejetterais pas pour ça.

- Pourquoi est-ce que lui ne le sait pas ?

- Il a tellement peur que tout le monde le déteste...

- Je lui ai dit que ce n'était pas le cas, mais il ne veut pas m'écouter !

Lily soupira. Contrairement aux apparences, Remus était l'un des Maraudeurs les plus bornés – surtout lorsqu'il s'agissait de sa condition.

- Il est persuadé d'être un monstre, alors il pense le lire dans le regard de tout le monde.

- Mais, toi... comment est-ce que tu l'as su ? Comment tu as réagi ?

Lily lui relata sa discussion avec Remus, après sa rupture avec James durant leur septième année.

- Oui, conclut Margaret d'un ton amer, un câlin c'est mieux qu'un pas en arrière.

- Tu veux que je lui parle ?

- Non, merci. Je vais essayer de régler ça seule, et s'il ne veut pas m'écouter... tant pis pour lui. Et pour moi.

Lily lui adressa un sourire encourageant, tout en s'étonnant intérieurement de l'éclat déterminé des yeux de Margaret. La guerre l'avait durcie. Comme eux tous.

***

Une semaine s'était écoulé depuis que James avait demandé à Lily de l'épouser, et il était plus que temps de l'annoncer à leur famille. C'était un samedi ensoleillé et James avait finalement accepté de prendre un demi-jour de repos pour aller voir son père puis les parents de Lily.

Ils marchaient tranquillement dans Godric's Hollow, main dans la main. Alors qu'ils remontaient la rue de James, Lily eut un petit rire.

- Bathilda va nous voir passer. Elle va rappliquer dans la minute.

- Non, elle est plus subtile que ça. Elle va attendre dix minutes pour arriver au moment précis où on l'annoncera à papa. Elle a toujours été très douée pour débarquer au moment des grandes annonces.

- De toute façon, elle fait presque partie de la famille.

James hocha la tête tout en poussant Lily dans l'allée qui menait à la maison, les mains posées dans le bas de son dos. Elle se retourna pour lui décocher un petit sourire nerveux avant de demander :

- Tu penses qu'il va être content ?

- Papa t'adore, répondit-il, amusé. Ça m'étonnerait qu'il te jette un sort pour se débarrasser de toi. Au pire, je te protégerai... ou pas.

- Potter, espèce de ...

James éclata de rire et ouvrit la porte, l'obligeant ainsi à interrompre son flot d'insultes.

- Papa, c'est nous ! S'écria-t-il dans le vestibule alors que Lily entrait derrière lui – et le gratifiait d'un petit coup dans le dos.

Fleamont déboula du salon, un grand sourire sur les lèvres. Lily pinça légèrement les lèvres. Il avait repris du poids pendant qu'ils logeaient à Godric's Hollow mais il lui semblait à nouveau amaigri. Il n'allait pas bien.

- Salut les enfants ! S'exclama-t-il joyeusement. Allez vous asseoir, j'ai tout préparé !

Il fallut environ quinze minutes à James pour réussir à annoncer à son père qu'ils avaient quelque chose à lui dire... Après quoi, le lâche se tourna vers Lily dans l'espoir qu'elle parle. Elle le fusilla du regard, souffla « C'est ton père, crétin ! » par-dessus sa tasse de thé et attendit qu'il annonce leurs fiançailles lui-même. Elle allait déjà devoir le faire chez ses parents, hors de question qu'elle s'y colle ici aussi. James, rouge comme un Souaffle, se décida finalement à affronter le regard curieux de son père et balbutia :

- Lily et moi, on... on va se marier.

La jeune femme pouffa dans sa tasse. Tout ce cirque pour une simple phrase. Fleamont les regardait d'un air amusé, pas le moins du monde pris au dépourvu. Il eut un petit rire et tapota le genou de son fils.

- Eh bien, félicitations les enfants. Ce n'est pas vraiment une surprise mais...

- Quoi ? S'offusqua James.

- Je t'en prie, Jem, je le sais depuis que Lily a passé les vacances de Noël ici.

Cette fois, Lily devint à son tour cramoisie. Elle reposa ta tasse de thé prudemment et entreprit de regarder n'importe quoi sauf Mr. Potter. Il entreprit de leur poser des questions en rapport avec le mariage et Lily laissa James répondre en se contentant de l'encourager d'un mouvement de tête lorsqu'il hésitait. Puis, sautant du coq à l'âne, Fleamont se leva soudain et annonça :

- Bon, puisque tu vas te marier, il faut qu'on discute de certains détails financiers !

James poussa un gémissement à fendre l'âme et essaya de persuader son père de repousser cette discussion mais rien n'y fit. Fleamont l'entraîna joyeusement à l'étage, non sans avoir assuré à Lily qu'elle pouvait aller lire dans son bureau. La jeune femme ne se fit pas prier.

Les Potter ne redescendirent qu'une heure plus tard, alors qu'il était déjà l'heure pour les jeunes gens de se rendre chez les Evans. Lily délaissa avec tristesse l'ouvrage sur les différentes essences de bois qu'elle avait déniché et regagna le salon où James et son père s'étaient de nouveau installés, le ventre noué par l'appréhension. Annoncer à ses parents qu'elle allait épouser James n'allait pas être une partie de plaisir – à son père en particulier.

Elle posa une main sur l'épaule de James et sourit à Fleamont.

- Je suis désolée, mais il faut qu'on y aille si nous ne voulons pas être en retard chez mes parents.

- Oh, bien sûr, acquiesça Fleamont en se redressant pour les accompagner vers l'entrée. J'espère vous revoir bientôt ! James, nous n'avons pas encore abordé la question de l'argenterie alors ...

- Mais papa ! Geignit-il. Garde toute ton argenterie, je n'en veux pas !

- Peut-être que Lily a envie d'avoir des cuillères en argent.

- Mais oui James, reviens donc parler d'argenterie avec ton père, railla-t-elle.

Elle pensait qu'il allait lui répondre vertement mais il se contenta d'un sourire tendre. Prise au dépourvu, elle le lui rendit aussitôt. Fleamont, amusé par leurs œillades, les salua et les poussa dehors. James ne revint à la réalité que lorsque la porte se referma derrière lui. Il jeta un coup d'œil surpris à la maison et commenta :

- Bathilda n'est pas venue.

- Bathilda a mieux à faire que récolter les ragots ? Proposa Lily en entraînant James dans la rue déserte.

- Jamais ! Les ragots, c'est de l'Histoire en mieux.

- C'était bien, cette conversation sur votre situation financière ?

- Merlin, ne m'en parle pas, gémit-il.

- D'ailleurs, je n'ai jamais eu l'occasion de t'en reparler depuis mais quand on a dîné avec Pétunia et Vernon tu leur as dit que vous aviez une fortune familiale... c'est vrai ?

- Ouais, répondit-il simplement avec un vague mouvement d'épaule. Ça vient en partie de mes ancêtres, mais surtout de la potion de papa pour les cheveux.

- Tu ne m'en as jamais parlé, remarqua-t-elle.

- Ça t'aurait intéressé ? Répliqua-t-il.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, s'excusa-t-elle. Tu aurais pu t'en vanter et tu ne l'as jamais fait.

- Je n'ai jamais aimé en parler. Ça me donne l'impression d'être un petit crétin qui n'a que son argent pour se faire des amis. Remus, Peter et Sirius ne l'ont appris que très tard, eux aussi.

- Tu es gêné, souligna-t-elle, amusée, tout en cherchant son regard. Tu n'es jamais gêné par rien, d'habitude.

- C'est mon petit secret honteux, grimaça-t-il.

- Le plupart des gens ne considérerait pas ça comme honteux. Regarde Vernon.

- Justement, j'espère ne pas ressembler à Vernon.

- Tu sais bien que non, sourit-elle en lâchant sa main pour attraper son bras et se rapprocher de lui. Et je me fiche que tu aies de l'argent. Même si je dois dire que je suis assez curieuse de savoir à combien ça monte.

- Beaucoup, assura-t-il d'un ton légèrement effaré. Beaucoup trop. Je ne sais pas comment je vais gérer ça quand... plus tard.

Ils arrivèrent dans la forêt, leur lieu de transplanage, et il se tourna vers elle :

- Si tu pouvais éviter d'en parler au QG...

- Bien sûr. Prêt à affronter mon père ?

Une lueur d'angoisse brilla dans les yeux de James. Il avait apparemment oublié ce qui l'attendait.

- Oh non, gémit-il. Pas ça.

***

Ils se tenaient sur le perron, prêts à entrer. Ou plutôt, Lily s'apprêtait à ouvrir la porte mais James était encore en bas des trois marches qui menaient à la maison. Elle lâcha la poignée pour lui adresser un regard amusé.

- Arrête de te gratter le cou, ordonna-t-elle.

- Je ne me gratte pas le cou, protesta-t-il en s'efforçant de contrôler son bras.

- Tu as une plaque rouge, juste là. Et de toute façon, tu te grattes le cou quand tu es nerveux.

Il ouvrit la bouche pour protester, mais finit par admettre :

- Peut-être bien.

- Ça va bien se passer.

- Même toi tu n'en es pas convaincue.

- Mais si. Sérieusement, arrête ça !

Il grogna et fourra sa main dans sa poche pour éviter qu'elle ne gagne son cou. Mais ce qu'il trouva au fond de sa poche ne l'aida pas à se détendre. Il prit une profonde inspiration et suivit Lily à l'intérieur. Mrs. Evans déboula aussitôt, un torchon dans les mains.

- Lily, ma chérie ! S'exclama-t-elle ravie. Ça fait tellement longtemps !

- Je suis désolée maman, on a eu quelques soucis et je n'ai pas eu le temps de passer, expliqua la jeune femme en embrassant sa mère.

Derrière elle, James retint une grimace. Un petit souci qui s'appelait Voldemort.

- James, toi, tu n'as pas d'excuse ! Le sermonna Mrs. Evans en se dirigeant vers lui, tout sourire. Tu n'es plus revenu depuis Noël !

- J'avais un peu peur de me faire assassiner, expliqua-t-il avant de déposer un baiser sur la joue de Philippa.

- Par Patrick ? Oh, Seigneur, c'est vrai qu'il n'a pas été correct avec toi, s'excusa-t-elle. Pourtant il t'apprécie beaucoup !

James retint un sarcasme qui n'aurait sans doute pas été très poli. Une voix venue de la cuisine le sauva d'une possible bourde monumentale :

- Phil ! J'ai mis de la sauce sur ma chemise !

- Alors met de l'eau chaude ! S'écria Philippa. Et viens dire bonjour !

- Une minute !

Mais Lily n'attendit pas et se précipita dans la cuisine pour voir son père. Philippa leva les yeux au ciel.

- Ils sont intenables, tous les deux, soupira-t-elle en entraînant James vers un canapé. Inséparables. C'est pour ça qu'il est si protecteur, tu sais. Et puis Pétunia va se marier, alors il supporte mal de perdre ses deux filles d'un coup.

- Pourtant ce n'est pas comme si vous n'alliez plus jamais la voir, protesta-t-il. Elle reste votre fille... Tout comme Lily.

- Oh oui, bien sûr, mais il aurait aimé être le seul homme dans leur vie pour encore quelques années, expliqua-t-elle en lui tapotant la main, ses grands yeux marrons plein de bienveillance. Pour ma part, je suis très heureuse, James. Vernon aime Pétunia, et tu aimes Lily. Tout ce que je demande, c'est de pouvoir voir mes filles de temps en temps, mais ça ne dépend ni de Vernon ni de toi.

- Je n'ai en effet jamais voix au chapitre dans les décisions de Lily, sourit-il.

Mrs. Evans pouffa et s'empressa de le presser de questions sur la façon dont ils avaient occupé leur temps ces derniers mois. James cessa de s'inquiéter pour leur annonce, trop occupé à essayer de raconter ce qu'ils faisaient sans lui dire qu'il avait failli mourir et sans la mettre en danger – moins elle en savait, mieux c'était.

Comme Lily l'avait lâchement abandonné lorsqu'il avait avoué à son père qu'ils allaient se marier, il décida de lui laisser la responsabilité de lâcher la bombe. Cependant, la soirée passait sans qu'elle ne dise rien. Au milieu du repas, James commença à se dandiner sur sa chaise, de plus en plus mal à l'aise. En face de lui, Mr. E hauvansssa légèrement un sourcil étonné. James s'empressa de lui adresser un petit sourire et se concentra à nouveau sur son assiette. Jusque-là, tout s'était bien passé avec Patrick. A vrai dire, il était même très sympathique. Peut-être sa femme l'avait-elle sermonné.

Ce n'est que lorsque le dessert fut posé sur la table que Lily se décida à lancer :

- Papa, maman... il faut que je vous dise...

Mrs. Evans cessa de découper le gâteau tandis que Mr. Evans commençait à fusiller James du regard.

- James et moi avons décidé de nous marier, exhala Lily, le visage en feu.

Le jeune homme n'en menait pas beaucoup plus large, face à un Mr. Evans qui prenait de profondes inspirations comme pour se calmer. Quant à Philippa, son regard faisait la navette entre James et Lily.

- Vous marier ? Répéta-t-elle. Seigneur !

Elle lâcha son couteau et se rua sur sa fille pour la serrer dans ses bras. James dut continuer à affronter Patrick du regard, qui semblait hésiter entre se mettre à hurler et l'assassiner sur le champ. Finalement, il dit simplement d'une voix étranglée :

- Félicitations... j'imagine.

- « J'imagine » ? protesta Philippa en relâchant Lily. Patrick, tu exagères ! C'est vraiment une excellente nouvelle ! Même si c'est vrai que vous êtes très jeunes et que vous ne travaillez pas mais... Lily, tu n'es pas enceinte n'est-ce pas ?

- Maman ! Suffoqua l'intéressée, encore plus rouge qu'un peu plus tôt. Bien sûr que non !

- Oh, je préfère ça. Un mariage dans la précipitation à cause d'un bébé qui arrive ce n'est vraiment pas l'idéal et ...

- Phil, ma chérie, et si on arrêtait de parler de bébé ? Proposa Patrick d'un ton crispé.

- Oui, excellente idée, approuva James.

Il regretta aussitôt son intervention lorsque Mr. Evans braqua à nouveau son regard sur lui. Il le scruta un instant et soupira finalement :

- Après tout, Pétunia n'a qu'un an de plus que vous... Et James vaut clairement mieux que Vernon.

- Patrick !

- Quoi ? Tu me l'as dit toi-même l'autre jour alors...

- Vernon est parfois un peu brusque et fanfaron, coupa Philippa, mais c'est un jeune homme charmant.

- Et James a un passé d'horrible vantard, souffla Lily.

James lui écrasa un peu le pied sous la table et elle lui adressa un sourire innocent. Elle était insupportable.

Quelques heures plus tard, ils quittaient enfin la maison des Evans après un interrogatoire en règle sur ce qu'ils souhaitaient pour leur mariage. James avait du mal à comprendre l'obsession de tout le monde pour les détails : tout ce qu'il voulait, c'était être marié à Lily à la fin de la journée. Il se fichait complètement du reste.

Dans les rues de Carbone-les-Mines, Lily glissa sa main gauche dans la sienne et James eut à nouveau terriblement conscience de ce qu'il y avait dans sa poche. Son père était peu à cheval sur les traditions, mais il avait l'air de considérer qu'une fiancée sans bague ce n'était pas correct. Mr. Evans était apparemment d'accord avec lui, étant donné les sous-entendus qu'il avait fait face à la main nue de sa fille.

Ils en avaient pourtant parlé, la nuit qui avait suivi leurs fiançailles. Lily lui avait assuré qu'elle s'en fichait complètement. Ils n'avaient pas le temps de chercher une bague – et c'était inutile. Il espérait que celle qui se trouvait à présent au fond de sa poche lui ferait tout de même plaisir.

L'angoisse qui lui serrait le ventre à l'idée de lui passer cette bague au doigt lui permettait un peu de comprendre l'attachement de son père à cette tradition. Leurs fiançailles seraient aussitôt bien plus concrètes. Tout le monde saurait, au premier coup d'œil, que Lily était fiancée. Aussi stupide que ce soit, il avait peur qu'elle refuse la bague et revienne sur sa parole. Peut-être allait-elle juger qu'une bague était un peu comme un panneau annonçant « Propriété de James Potter ».

- James ? Ça va ?

Tout à son inquiétude, il s'était à peine rendu compte qu'ils étaient arrivés dans l'impasse où ils transplanaient. Il la rassura distraitement et ils disparurent dans un craquement, pour se retrouver à quelques pas de l'entrée du QG, où un vent froid soufflait. Lily voulut se précipiter vers la grille du parc mais James l'attrapa par la main pour la retenir. Il alluma sa baguette et la fourra dans l'une de ses poches, laissant seulement l'extrémité à l'extérieur.

- Je veux bien t'embrasser, mais à l'intérieur, pitié, supplia-t-elle en dansant d'un pied sur l'autre pour essayer de combattre le froid.

- Marrant comme tu penses tout de suite à m'embrasser, sourit-il en tentant d'ignorer son angoisse. Je n'en ai pas pour très longtemps. J'ai quelque chose pour toi, en fait.

Sans lui laisser le temps de s'étonner, il fouilla dans sa poche et en sortit la bague qu'il avait trituré toute la soirée. Lily baissa les yeux et se figea.

- James...

- Je sais, on avait dit pas de bague, mais papa n'était pas d'accord. Il n'a pas fait que me parler de banque.

Elle releva les yeux vers lui, intimidée.

- Je ne peux pas l'accepter.

- Bien sûr que si.

- C'est un bijou de famille, James.

- Parce que tu ne vas pas devenir ma famille, peut-être ?

Un sourire incertain étira ses lèvres et elle jeta un nouveau coup d'œil à la bague. C'était une émeraude ovale entourée de diamants – une couleur, avait-il songé, qui lui irait forcément. Finalement, elle leva un peu sa main gauche, qu'il tenait toujours dans la sienne, et agita ses doigts entre les siens. Il s'empressa de la lâcher pour glisser la bague à son doigt mais elle resta bloquée au niveau de son articulation. Avec un ricanement, il annonça :

- Désolé, mais tu as les doigts plus gros que maman.

- Imbécile, sourit-elle avant d'attraper sa baguette pour donner un petit coup sur l'anneau.

Il atteignit la bonne taille et il le glissa au bout de son doigt.

- Ça fait un drôle d'effet, commenta-t-elle.

- Je pense que ce n'est plus la peine de l'annoncer aux gens, maintenant.

Elle pouffa et glissa une main derrière sa nuque pour qu'il l'embrasse. Elle s'écarta au bout de quelques secondes pour interroger :

- C'est toi qui l'as choisie ?

- Ouais. Elle faisait partie des bijoux que maman a récupéré de ma grand-mère Potter.

- Elle est superbe.

- Elle te plaît ?

- Qu'est-ce que je viens de dire ? Pouffa-t-elle avant de poser son front contre le sien. Tu avais peur que je te la jette à la figure ?

- Un peu, avoua-t-il.

- Je parie que tu seras terrifié à l'idée que je dise non devant l'autel.

Il gémit et elle éclata de rire. Le pire était qu'elle avait complètement raison.

- Allez viens, espèce d'imbécile. J'ai froid.

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