Partie III - Chapitre 32

Chapitre 32

Marlène passa son doigt sur une étagère et fronça le nez en voyant la poussière à présent déposée sur sa peau.

- Je ne t'ai pas invitée pour faire le ménage, McKinnon.

La jeune femme se retourna pour adresser un sourire éblouissant à Maugrey.

- Pourtant ça ne ferait pas de mal à ton bureau. Déjà entendu parler d'un truc qu'on appelle la magie et qui nettoie pour toi, hmm ?

L'Auror grommela en réponse. Il était avachi dans son fauteuil, les pieds posés sur son bureau. Une pile de parchemins menaçait de s'écrouler sur ses jambes – et de renverser une tasse de café à moitié pleine, par la même occasion. Un lit de camp défait occupait un coin de la pièce. C'était la chambre et le bureau de Maugrey quand il se trouvait au QG.

- Sérieusement Alastor, c'est une véritable porcherie.

- Je te remercie. Je te rappelle que je ne viens presque jamais ici.

- C'est pourtant chez toi.

- Ça n'a jamais vraiment été chez moi.

Elle revint jusqu'à son bureau sans répondre, décala un tas de vieux cahiers délabrés et s'assit sur le bord du meuble. Maugrey eut un rire bas.

- C'est bien la première fois qu'une jolie femme s'installe de la sorte sur mon bureau.

- Si tu faisais plus d'efforts, ça arriverait peut-être plus souvent, fit remarquer Marlène en haussant ses sourcils bien dessinés. Alors, que puis-je pour toi ?

- Je suis dans une impasse, Marlène, avoua-t-il.

La jeune femme réprima un sourire. Dès qu'il avait un problème et qu'il ne pouvait plus le gérer seul, il faisait appel à elle. Il aurait eu honte avec n'importe qui d'autre, mais pas avec elle. Ils se voyaient rarement, mais Maugrey était l'un de ses plus proches amis.

- Ça t'arrive souvent, ces temps-ci. C'est encore à cause de Minchum ?

- Ouais. Il aurait mieux fait de crever en haut de cette falaise.

- Alastor !

Son visage défiguré se tordit en un sourire sans joie et il poursuivit :

- Il refuse, encore et toujours, d'admettre l'idée qu'il y ait des traîtres au sein du Ministère.

- Jusque-là rien de nouveau.

- Donc j'ai décidé de chercher moi-même – et sans son accord.

- Rien de nouveau non plus, s'amusa-t-elle.

- Sauf qu'on n'a rien trouvé.

- C'est embêtant.

- Mais ce n'est pas ça le problème.

- Ah ?

Il ôta finalement ses pieds de la table et se leva pour faire les cent pas dans la pièce, gagnant ainsi du temps. Marlène commençait à s'inquiéter. Allait-il finir par lui annoncer qu'il avait assassiné Minchum ?

- Donc je me suis procuré du Véritaserum.

- Du... Oh, Merlin. Illégalement, j'imagine ?

- Forcément, tu sais à quel point c'est contrôlé. Si j'avais fait une demande officielle Minchum l'aurait su. C'est le seul à pouvoir donner son accord.

- Comment l'as-tu eu ? Non, attends, ne dis rien... Doc ?

- Toujours dans les pires combines, confirma-t-il avec l'ombre d'un sourire. Mais maintenant que je l'ai, je ne sais pas comment l'utiliser sans me faire prendre.

- Tu l'as ? Ici ?

- Doc le garde à Ste-Mangouste, avec toutes les potions bizarres et très certainement dangereuses qu'il a dans son bureau. Aucune chance que quelqu'un s'en approche, ils ont tous trop peur de repartir avec des maladies bizarres et incurables s'ils approchent de cette armoire.

Marlène pouffa. Caradoc aimait expérimenter des potions aux effets inconnus. L'expression de Maugrey la fit vite revenir à la réalité.

- Tu ne peux pas faire boire ça à tout le Ministère.

- Certes.

- C'est illégal.

- Sans blague ?

- Alastor, ce n'est pas drôle ! Je sais que ce n'est pas la première fois que tu fais quelque chose d'illégal dans le cadre de tes fonctions, mais là ça dépasse tout ce que tu as pu faire jusque-là !

- Je sais, Marlène, soupira-t-il. C'est pour ça que j'ai besoin de toi.

- Tu m'as pris pour Merlin ? Je ne peux faire en sorte que ce soit légal et moral en un claquement de doigts.

- Qu'est-ce que la morale vient faire là-dedans ? Releva-t-il en s'immobilisant face à la fenêtre.

- Tu le sais très bien, le réprimanda-t-elle. Utiliser du Véritaserum, c'est aller contre le respect le plus élémentaire dû à un être humain. Surtout quand il n'est pas au courant.

- Je sais, réitéra-t-il d'une voix fatiguée.

Il appuya son front contre la vitre et continua :

- Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? On est fait comme des rats, Marlène. Ils sont partout, et on n'a aucun moyen de les démasquer, à part celui-là.

- L'état de guerre ne justifie pas qu'on jette à l'eau toutes nos convictions, souligna Marlène d'une voix douce, toujours juchée sur le bureau.

- Mais dans ce cas-là, on ne se bat pas à armes égales.

- On va devoir faire avec.

- Et si ça ne fonctionne pas ? S'exclama-t-il brusquement en se tournant à nouveau vers elle. Si on ne s'en sort pas ? Qu'est-ce qu'on va faire ? Regarder Voldemort droit dans les yeux juste avant qu'il ne nous tue et faire appel à son sens moral ?

Marlène eut un coup au cœur. Depuis presque dix ans que cette guerre avait commencé, c'était la première fois qu'elle voyait Alastor Maugrey douter de cette façon. Il avait toujours été tellement sûr de lui, jusque là.

- On n'a plus le choix, Marlène, reprit-il d'une voix bourrue, son émotion passée. Il a enfin réussi à rallier les géants à sa cause.

Cette fois, la jeune femme bondit du bureau, catastrophée.

- Mais... Comment...

- J'ai des Aurors postés dans les montagnes depuis des mois – des années, à vrai dire. Ils ont commencé à se rassembler. Ils se préparent pour la guerre.

Les larmes aux yeux, Marlène fut incapable de répondre. Jamais elle n'avait pensé que ça irait jusque-là.

- Trouver les traîtres au Ministère... ce n'est pas grand-chose, mais c'est une des seules choses que je peux faire. Alors si je dois piétiner la moitié des lois et plus encore, tant pis.

Après un instant, elle hocha la tête. Elle ferma les yeux un instant pour reprendre ses esprits, puis reprit d'une voix calme et maîtrisée :

- Il faut viser les principaux suspects, sinon tu n'y parviendras jamais.

Il hocha la tête, le dos raide, et s'approcha du bureau pour prendre un bout de parchemin vierge et une plume. Il commença à griffonner des noms en silence, jusqu'à ce que Marlène demande :

- Tu leur as dit ? Aux jeunes ?

- Non.

Elle hocha la tête et, pour la centième fois au moins, se sentit coupable de n'avoir pas su arrêter cette guerre avant que des jeunes gens de dix-huit ans commencent à se battre.

***

James regarda sa montre, impatient. Il se tenait dans le parc qui faisait face au 10 Downing Street depuis bien trop longtemps à son goût. Un Auror de Maugrey s'occupait normalement de surveiller la résidence du Premier Ministre britannique mais Minchum avait réclamé tout le monde pour une réunion avec tous les chefs des départements du Ministère. Margaret devait venir le remplacer. Avec un peu chance, elle n'allait pas tarder...

Quelques minutes plus tard, la jeune fille fit son apparition, Lily à ses côtés. Il accueillit les deux jeunes filles avec un sourire, bien que surpris de la présence de la seconde.

- Rien à signaler ? Interrogea Margaret en observant la rue autour d'elle.

- Rien du tout. Je te préviens, on n'est pas très confortablement installé.

Elle grimaça et jeta un coup d'œil à l'homme posté devant la porte du 10.

- Il sait qui nous sommes ?

- Non, mais je doute qu'il m'ait repéré. De toute façon le parc va bientôt fermer, fais bien attention à te rendre invisible quand le gardien passera.

Elle hocha la tête, l'air inquiète, mais lui adressa un sourire.

- J'y penserai. Merci ! Je ne vous retiens pas plus longtemps.

Il attrapa la main de Lily, qui n'avait bizarrement pas ouvert la bouche depuis qu'elle était arrivée, et l'entraîna plus loin en faisant un signe de la main à Margaret. Ils sortirent du parc et il pressa ses doigts entre les siens.

- Une urgente envie de me voir ? Interrogea-t-il alors qu'ils déambulaient dans les rues de Londres.

- Quelque chose à te dire, surtout, grimaça-t-elle.

- Merlin, ça n'a pas l'air d'être une bonne nouvelle.

- Eh bien... ça devrait l'être j'imagine.

- Slughorn a réussi à convaincre McGonagall de l'épouser, c'est ça ?

- Quoi ? S'exclama-t-elle en riant. Non, n'importe quoi !

Ravi de l'avoir détendue, il secoua un peu son bras.

- Alors ? Qu'est-ce que c'est ?

- J'aurais dû te le dire beaucoup plus tôt, en fait, mais...

- Lily, crache le morceau.

- Tu sais que Pétunia et Vernon sont fiancés...

- Comment oublier ce si beau récit de sa demande en mariage ? Railla-t-il.

- Oui, eh bien, les fiançailles mènent en général... au mariage.

Elle sembla immensément soulagée d'avoir prononcé cette phrase, ce qui plongea James dans la perplexité.

- C'est tout ce que tu voulais me dire ? Je sais que je ne suis pas très malin mais quand même, je...

- Ils se marient dans un mois et tu es invité, coupa-t-elle.

- Quoi ? Le phoque m'a invité à son mariage ?

- James !

- Eh, tu es d'accord avec moi même si tu refuses de l'avouer.

L'ombre d'un sourire joua sur les lèvres de Lily alors qu'ils atteignaient Westminster.

- Peut-être mais... Tu veux bien venir ?

- Après le désastre de l'autre fois ? Releva James avec une grimace, assortie d'un frisson quand il songea à l'autre désastre de cette même nuit.

- S'il te plaît, je ne veux pas y aller toute seule !

- Ça se passera sans doute mieux pour toi si je ne suis pas là.

- Pitié James, pitié, pitié, pitié ! Tout le monde là-bas va penser que je viens d'un internat obscur et que je ne fais rien de ma vie et les amis de Pétunia me méprisent sûrement et ma tante Betty est insupportable et...

- Tu sais que tu ne me donnes pas vraiment envie d'y aller, là ?

- Si tu étais normalement constitué tu ressentirais un peu de compassion pour ta pauvre copine, souligna-t-elle en lui assénant un petit coup de coude dans les côtes.

Il glapit et s'écarta légèrement, sans pour autant lâcher sa main.

- Étant donné que je me fais battre, je ne vois pas en quoi cette terrible histoire devrait m'attendrir. Mais comme je suis sympa... Je vais y réfléchir.

Lily soupira et le tira vers elle pour déposer un baiser sur sa joue.

- Merci.

- Je n'ai pas dit oui !

- Je sais que tu vas dire oui.

- Ne me tente pas, Evans. Tu sais à quel point j'aime te contredire.

Elle grommela quelques mots incompréhensibles tout en le fusillant du regard. Il réprima de justesse un sourire et l'entraîna dans un dédale de rues moins fréquentées.

- Où est-ce qu'on va ?

- Je cherche un endroit pour transplaner.

- Oh.

Son ton déçu ne lui échappa pas et il lui adressa un sourire amusé qui l'enjoignit à continuer :

- Tu veux rentrer tout de suite ?

- Je n'ai pas dit où nous allions transplaner.

Elle sourit, ravie, et le suivit de bon cœur dans les rues de plus en plus vides. Ils trouvèrent enfin une cour déserte et Lily s'accrocha à son bras. Ils atterrirent dans une petite forêt, dans la lumière du soleil déclinant. Sans un mot, James l'entraîna à travers les arbres. Ils ne tardèrent pas à déboucher sur une route en terre qui rejoignait un axe un peu plus important menant à un petit village.

- Où sommes-nous ? Interrogea Lily tandis que James l'emmenait dans la direction opposée au village.

- Dans la région des lacs. Je suis venu ici une fois, avec mes parents. La vue est superbe, par là-bas... Je crois que c'est juste là.

Avec un cri de triomphe, il prit un petit sentier sur leur droite et ils débouchèrent en haut d'un promontoire rocheux. En contrebas s'étalait une vallée composée de champs et d'arbres bourgeonnants. Au milieu de tout cela, un lac reflétait les derniers rayons du soleil.

- C'est pas trop mal, acquiesça Lily en s'appuyant contre lui.

- Un peu plus d'admiration serait la bienvenue, l'informa-t-il après avoir déposé un baiser sur sa tempe.

Elle rit et lâcha sa main pour glisser son bras autour de sa taille.

- C'est superbe.

***

Ils auraient dû être rentrés au QG depuis bien longtemps déjà. Il faisait tout à fait nuit à présent et l'absence de ville à proximité leur offrait un ciel étoilé incomparable. Allongés par terre, ils commentaient les constellations avec amusement en se rappelant leurs cours d'Astronomie à Poudlard.

James tendit le bras sur sa droite et s'exclama :

- Regarde, c'est Sirius là-bas !

Après un instant à scruter le ciel, Lily finit par voir la constellation en question.

- Tu te rappelles comme il était furieux à chaque fois qu'on en parlait ? Rit-elle.

- Il n'a jamais supporté de porter le nom d'une constellation, acquiesça-t-il, un sourire dans la voix.

- En parlant de Sirius... (elle se redressa sur un coude pour le regarder et James replia son bras derrière sa tête). Faites attention, avec la moto.

Il émit un claquement de langue agacé.

- On s'en est très bien sorti, l'autre jour.

- C'est dangereux, James.

- Non. Tu considères juste que tout ce que je fais est dangereux depuis que...

- Excuse-moi de m'inquiéter pour toi, coupa-t-elle en s'asseyant, agacée.

- C'est bien pire que de l'inquiétude, Lily ! Bientôt tu vas m'empêcher de manger avec un couteau de peur que je fasse mal avec !

- Bien sûr que non ! J'aimerais juste que tu arrêtes de jouer avec ta vie !

- Je ne joue pas avec ma vie, protesta-t-il en se redressant à son tour.

- Et comment tu appelles le fait de n'en avoir rien à foutre ?

- Je ne... Merlin, est-ce que cette conversation doit forcément revenir tout le temps ? S'exclama-t-il, excédé.

Lily lui adressa un regard furieux, ses genoux pressés contre sa poitrine.

- J'imagine que ça continuera tant que tu ne commenceras pas à faire attention à toi.

- Mais je fais attention à moi !

- Rouler en moto sur des voitures alors que Sirius n'a aucune visibilité, c'est faire attention ?

- On avait une mission à remplir !

- Il y avait sans doute un autre moyen !

- On n'avait pas le temps d'y réfléchir ! Bon sang, Lily, quand est-ce que tu vas accepter le fait qu'on mène une vie dangereuse ?

Elle se leva brusquement et fit quelques pas furieux avant de s'immobiliser, dos à lui. Elle contempla un instant la vallée plongée dans le silence, en contrebas. Une brûlure familière vint lui serrer la gorge. Elle eut beau tenter de les retenir, les larmes s'accumulèrent dans ses yeux.

- Peut-être que je ne peux pas, répondit-elle finalement d'une voix tremblante.

Derrière elle, elle entendit James se lever mais il ne vint pas jusqu'à elle.

- Peut-être, poursuivit-elle, que je ne peux pas continuer. Que je ne peux pas... que je ne peux pas rester dans l'Ordre.

- Quoi ? Lily, tu racontes n'importe qu...

- Non ! Coupa-t-elle violemment en faisant volte-face. Ce n'est pas n'importe quoi. Je ne peux pas, James !

- Tu ne peux pas quoi ?

- Te regarder... te regarder mettre ta vie en danger comme ça et...

- On met tous notre vie en danger ! Coupa-t-il, furieux. On a tous failli mourir plus d'une fois !

- Mais je ne le supporte plus ! Pas quand... (Un sanglot l'interrompit, mais elle le ravala pour continuer). Tu es mort là-bas, James !

- On a déjà parlé de ça des dizaines de fois ! Je suis vivant, bon sang ! Regarde-moi, je vais bien !

- Mais tu es mort ! Insista-t-elle d'une voix tremblante. Pendant un quart d'heure, tu es mort ! Je ne peux pas... je ne peux pas vivre avec ça ! Je ne peux pas te regarder mourir et ... ça fait trop mal.

Les larmes l'étouffèrent et elle plaqua sa main sur sa bouche, sans réussir à empêcher un sanglot de sortir de sa gorge. James semblait hésiter entre la colère et la peine maintenant. Pourtant, il ne fit pas un geste vers elle. Après trois profondes inspirations, elle parvint enfin à poursuivre :

- Ce serait... ce serait moins dur si je savais que tu fais attention mais... parfois j'ai l'impression que tout ça n'est qu'un jeu pour toi. Une... une énorme blague...

- Bien sûr que non.

- Alors pourquoi tu mets ta vie en danger comme ça, hein ?

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? Que je me terre dans un trou en attendant que l'orage passe ? Je ne suis pas comme ça !

- Je sais ! Je le sais très bien ! Mais tu... Peut-être que ta vie t'importe peu mais moi je ne peux pas... je ne peux pas vivre dans un monde où tu n'existes plus.

Il émit un bruit agacé et se détourna.

- On se remet de la mort des gens, Lily. Toujours.

Blessée, elle se mordit la lèvre pour réprimer une nouvelle vague de larmes.

- Tant mieux pour toi si tu peux m'effacer de ta vie aussi facilement, mais je ne peux pas. Je ne te regarderai pas mourir James, même si ça n'a aucune importance pour toi. Je préfère... je préfère partir, croire que tu vas bien, que tu fais toujours partie du même monde que moi, que rester là et te regarder risquer ta vie sans en avoir rien à foutre.

Il la regarda à nouveau, les mains enfoncées dans ses poches. Son expression était indéchiffrable.

- Tu dis n'importe quoi. Tout quitter...Ce serait lâche. Tu ne ferais jamais ça.

- Peut-être que si. Peut-être que je suis lâche. Peut-être que je préfère te quitter, toi, que devoir supporter ça.

- A quoi ça t'avancerait ? C'est stupide !

- Je sais ! Hoqueta-t-elle. Je sais que c'est stupide ! Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tu es là à... à risquer ta vie en permanence et... On ne peut pas continuer comme ça, James.

- Si.

- Vraiment ? C'est ce que tu veux ? Qu'on se dispute en permanence, que notre relation ne tienne qu'à un fil ?

- Ce n'est pas...

- Je t'aime, coupa-t-elle d'une voix brisée. Je n'en peux plus de me demander tous les soirs si le lendemain on ne se sera pas disputé une fois de trop, si tu seras encore en vie, si...

- Il ne m'arrivera rien.

Sa voix s'était adoucie, mais cela eut pour seul effet de faire couler quelques larmes le long des joues de la jeune fille.

- Tu n'en sais rien.

- Je ferai attention.

Elle voulut répondre mais seul un sanglot franchit ses lèvres. James combla la distance qui les séparait et prit ses mains dans les siennes.

- Je fais ce que je peux pour rester en vie, tu le sais. Pour rester avec toi. Merlin, tu crois vraiment que j'aurais sauté de cette falaise si je ne voulais pas désespérément rester en vie ? C'était peut-être complètement fou mais c'était la seule sortie possible. Lily... arrête de pleurer, je t'en prie. Je ne veux pas que tu partes. Tu n'as pas non plus envie de partir.

Elle secoua la tête, incapable de parler.

- Je ne te laisserai pas, souffla-t-il. Jamais.

- Ça ne veut rien dire, hoqueta-t-elle. Un jour... Un jour tu vas te faire tuer et...

- La mort ne m'aura pas sans que j'aie tenté l'impossible pour l'éviter, sourit-il faiblement.

- J'ai juste... j'ai juste tellement peur que... que tout s'arrête et...

- Ça durera toute notre vie si c'est ce que tu veux.

- Mais tu prends tellement de risques, tout le temps, et ...

- Lily...

- Et si jamais...

- Lily.

Cette fois elle se tut et releva ses yeux baignés de larmes vers les siens. Il était sérieux... mortellement sérieux. Son pouce caressa sa joue, effaçant quelques larmes qui furent bien vite remplacées par d'autres. Après avoir scruté son regard quelques instants, il souffla :

- Épouse-moi.

Elle se figea. Elle savait que cette dispute reviendrait, qu'ils allaient devoir vider cette querelle à un moment ou à un autre. Elle savait que n'importe quoi pourrait en résulter. Elle avait pensé à une rupture. Pas à ça.

- Lily, épouse-moi, murmura-t-il à nouveau en faisant glisser ses doigts de son visage jusqu'à sa main. Je ne peux pas... je ne peux pas te promettre que tout ira bien pour moi, que je reviendrai toujours entier mais... Quoiqu'il arrive, je ferai toujours tout ce que je peux pour te revenir. Je ne sais pas comment cette guerre va finir, ni ce qui nous attend après, mais je veux vivre ça avec toi, Lily. Tout ça. Et tant pis... tant pis si ça doit faire encore plus mal à la fin.

Elle ferma les yeux alors qu'un sanglot lui déchirait la gorge et il posa son front contre le sien. Lorsqu'il reprit, sa voix tremblait :

- Je sais que ça peut paraît complètement fou à cause de tout ce qu'il s'est passé entre nous mais je t'aime. Et je t'aimerai toute ma vie, même si ça veut dire cent ans à partir de maintenant.

Sa voix se brisa pour de bon. Lily pleurait. Parce qu'elle avait peur, parce que l'aimer n'avait jamais fait aussi mal. Parce que malgré tout elle allait lui dire oui.

- Je t'en prie, Lily, supplia-t-il dans un souffle. Je t'en prie, épouse-moi.

Elle hocha la tête.

***

James reprenait lentement le contrôle de lui-même. De temps en temps, un sanglot ébranlait encore Lily, serrée contre lui. Il leur fallut un moment pour prendre la pleine de conscience de ce qui venait d'être dit. Finalement, la respiration de Lily s'apaisa enfin contre son cou et le cœur de James reprit un rythme normal. Il eut le temps de compter trois battements avant que la voix de Lily, éraillée par les larmes, ne s'élève :

- Je suis désolée... Pour tout.

Le visage enfouit dans ses cheveux, il murmura :

- On n'a pas été très malin, ces dernières semaines, hein ?

Elle secoua la tête contre son épaule. Quelques instants plus tard, elle se dégagea doucement de ses bras. Il tressaillit en croisant son regard. Incroyable qu'une promesse puisse changer tant de choses.

Elle posa doucement sa main sur sa joue, traça les contours de son visage d'un doigt léger. Ses yeux virevoltaient sur ses traits. Finalement elle plongea à nouveau ses yeux dans les siens et sourit.

- Je t'aime.

- Ça vaudrait mieux, sinon notre vie ne va vraiment pas être marrante.

Elle pouffa et s'empressa de replonger dans ses bras.

- Espèce d'idiot.

- Lily...

- Oui ?

- Plus de dispute à ce propos, d'accord ?

- Promis, souffla-t-elle.

- J'imagine que je vais être obligé de venir au mariage de Pétunia maintenant ?

- Oui, je pense que ça fait partie de ton devoir de fiancé.

Le mot sonna étrangement à ses oreilles. Il avait du mal à croire qu'il le désigne.

- Oh, Merlin, jura soudain Lily en se détachant de lui.

Il haussa un sourcil perplexe alors qu'elle ouvrait de grands yeux. Finalement, elle expliqua :

- On va se marier.

- Il semblerait.

- James Potter et Lily Evans...

- Je suis plutôt fier de moi sur ce coup-là, avoua-t-il avec un sourire.

Elle le gratifia d'un petit coup sur l'épaule et il éclata de rire. Il ne pouvait plus supporter cette tension qui s'était installé entre eux depuis un mois. Cette fois, tout était enfin revenu à la normale. Du moins, dans la mesure où il était normal que Lily Evans épouse James Potter.

Il sourit un peu plus largement.

- Lily Evans a accepté d'épouser James Potter, savoura-t-il. Pas de regret ?

- Jamais, assura-t-elle d'une voix douce en repoussant une mèche de cheveux égarée sur son front. Merlin, James, même si tu es le pire imbécile que j'ai jamais rencontré, je ne le regretterai jamais.

- Tant mieux, souffla-t-il avant de l'embrasser.

Ils n'échangèrent plus un mot en rentrant jusqu'au QG. Lorsqu'ils poussèrent la porte du manoir, ils trouvèrent Peter, Jenny et Fabian avachis dans le salon, occupés à lire ou à somnoler. Ils sautèrent sur leurs pieds dès qu'ils les virent et les questions et récriminations se mirent à pleuvoir.

- Vous auriez pu nous prévenir !

- On a cru que vous aviez eu un problème !

- On était mort d'inquiétude !

- James ! Tu as fait pleurer Lily ?

Cette dernière intervention de Jenny fit taire les deux garçons et tous braquèrent leur regard sur James qui se tortilla, mal à l'aise.

- Eh bien...

- Lily, qu'est-ce qu'il a encore fait ?

La jeune fille tourna la tête vers lui. Elle avait les yeux rouges mais elle souriait. Il ne l'avait pas vue aussi sereine depuis des semaines.

- Il m'a demandé en mariage, répondit-elle doucement.

Ils n'obtinrent qu'un silence assourdissant pour toute réponse. James s'amusa de l'expression choquée de Peter, avant de se mettre à paniquer en songeant à la réaction de Sirius. Il allait être furieux de ne pas l'avoir appris avant tout le monde.

- Il t'a... quoi ? Hoqueta Jenny.

- Il m'a demandé de l'épouser, répéta Lily en souriant de plus belle.

- Super ! S'exclama Fabian en attrapant James et Lily par les épaules, bousculant au passage Jenny et Peter. Une nouvelle occasion de faire la fête !

Lily éclata de rire et James sentit un sourireétirer ses lèvres.

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