Partie III - Chapitre 15

Chapitre 15

Noël. Lily avait toujours eu l'habitude d'un Noël bruyant, où ses incessantes disputes avec Pétunia étaient couvertes par la voix de son père qui chantait à pleins poumons. Mais une soirée de Noël aussi silencieuse que solitaire, c'était du nouveau. Et en plus il pleuvait. Tout le monde était parti monter la garde autour de grands lieux de rassemblements, moldus comme sorciers, tels que les églises, les foyers pour sans-abris ou encore les grands lieux de réception sorciers.

Mais Lily était bloquée au QG. Elle n'avait plus revu Maugrey depuis l'incident, n'avait pas osé lui envoyer de lettres de peur qu'elles soient interceptées. Assise seule devant le feu qui brûlait dans la cheminée du salon, elle ne pouvait s'empêcher de se morfondre. Elle songeait sans cesse à ses parents, qui pensaient qu'elle avait une garde à l'hôpital, à James, qui devait rester dans le froid, quelque part près de Belfast, à sa vie qui était loin de suivre le cours qu'elle avait imaginé. Avec une grimace, elle avala une petite gorgée de sa tisane à moitié froide avant de pousser un soupir à fendre l'âme.

La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard et Lily sauta sur ses pieds, moins parce qu'elle était surprise que parce qu'elle était plus que ravie de voir quelqu'un débarquer.

C'était Alice, dont l'air exténué ternit un peu la joie de Lily. Elle n'allait sans doute pas être d'excellente compagnie.

- 'Lut, marmonna la nouvelle venue.

- Euh... salut. D'où est-ce que tu viens ?

- Une église, dans le Sussex. La messe a été annulée, ou je ne sais quoi. Bref, aucun risque d'attaque puisqu'il n'y avait personne à attaquer.

La jeune fille se laissa tomber lourdement sur le canapé, l'air abattu. Lily la rejoignit avec un air compatissant de circonstance, même si elle aurait largement préféré manger de la bûche en se rappelant des anecdotes amusantes de Poudlard. Au lieu de ça, Alice marmonna :

- Le mois dernier, Frank et moi avions prévu d'aller passer Noël chez mes parents pour leur annoncer qu'on allait se marier. Et encore une fois, on ne peut pas.

- Ce n'est pas de sa faute, fit doucement remarquer Lily.

- Gideon lui a proposé de prendre sa place, rétorqua Alice d'une voix légèrement tremblante, mais il a refusé. Du coup c'est Gideon qui passe Noël avec la famille de sa sœur pendant que Frank reste planté comme un piquet je ne sais où. Loin de moi.

Des larmes mouillèrent les yeux de la jeune fille. Lily, les lèvres pincées, compta jusqu'à cinq, soit le temps de savoir si sa décision était intelligente ou non. Au bout des cinq secondes, elle n'en savait toujours rien mais elle était sûre de vouloir le faire.

- Allez viens, on va le retrouver.

- Hein ?

Lily attrapa sa main pour la remettre sur pieds, un grand sourire sur les lèvres.

- On va chercher Frank, je prends sa place, et vous allez chez tes parents !

- Mais tu ... Lily, tu es consignée ici, Maugrey...

- Je me chargerai de Maugrey, répliqua joyeusement Lily tout en poussant son amie vers la porte. Allez, dépêche-toi, vous aurez peut-être encore un peu de dessert si on part maintenant !

Dix minutes plus tard, elles se trouvaient dans un St James's Park désert. A quelques mètres brillaient les lumières de Buckingham Palace.

- Est-ce qu'il surveille le palais ? Souffla Lily.

- Je crois que oui. Il vient souvient ici.

- Voldemort ne s'en prendrait quand même pas à la reine ?

Alice frissonna avant de lui jeter un regard surpris.

- Tu dis son nom ?

- Pourquoi diable est-ce que je ne le ferais pas ?

- Il y a de plus en plus de rumeurs qui prétendent que prononcer son nom l'attire.

- Tu y crois ? S'étonna Lily.

- Non, mais à force d'entendre toutes ces histoires... je commence à avoir peur rien qu'en entendant son nom.

Alice avait tenté de mettre une touche sarcastique dans son ton mais Lily perçut tout de même son angoisse.

- Regarde, le voilà ! S'exclama-t-elle soudain en tendant le bras vers une silhouette sombre.

- Lily, tu devrais...

Un éclair de lumière pétrifia la jeune fille et elle percuta le sol sans douceur.

- Frank, c'est nous ! Appela Alice avant de s'agenouiller près de son amie avec une mine soucieuse. Désolée, chuchota-t-elle, il est un peu sur les nerfs.

- Ne bouge pas ! Ordonna alors la voix froide de Frank. Quel est le nom de l'hôtel où nous sommes allés quand on est partis en week-end en juillet ?

- Le brochet dansant. Pourquoi est-ce que les sorciers donnent toujours des noms bizarres à leur établissement ?

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? Oh, désolé Lily.

Frank la délivra d'un geste négligent du poignet puis l'aida à se remettre debout. Après lui avoir adressé un regard courroucé, elle expliqua :

- Je viens prendre ton tour de garde. Vous avez une réunion de famille à honorer chez les MacMillan.

A la lueur des réverbères, Lily aperçut très bien l'air abasourdi de Frank.

- Tu te moques de moi ? Tu peux rester au QG et tu préfères rester là dans le froid à ma place ?

- Vas-t-en avant que je ne change d'avis ! Menaça Lily.

- Attends une minute, tu n'as pas le droit d'être là. Maugrey...

- Maugrey n'avait qu'à s'occuper de mon cas ! Allez, filez ! Enfin non, attends ! Qu'est-ce que je dois surveiller exactement ?

Frank lui donna les explications nécessaires, toujours stupéfait, puis Alice finit par le traîner plus loin pour transplaner. Le sourire radieux de la jeune fiancée n'échappa pas à Lily, qui songea qu'elle était toujours seule à Noël, et qu'en plus maintenant elle avait froid, mais qu'au moins elle avait servi à quelque chose. Cela changeait agréablement de ces derniers temps.

***

James bâilla sans penser à mettre sa main devant sa bouche. Un sourire lui vint lorsqu'il imagina le regard outré que sa mère lui aurait jeté et il eut un coup au cœur. C'était son premier Noël sans sa mère. Il jeta un coup d'œil aux arbres dépourvus de feuilles qui l'entouraient. Un oiseau chantait, quelque part dans les branches. La vie avait poursuivi son cours depuis sa mort, et elle continuerait encore. Il prit une profonde inspiration et chassa ses idées noires pour se demander pour la millième fois ce que Lily était venue faire dans le parc St James. Parce qu'il portait son nom ? Il pouffa en songeant qu'elle lui aurait asséné une claque à l'arrière du crâne si elle l'avait entendu.

Le jour se levait timidement alors qu'il errait dans le parc désert (et pour cause, il n'était pas encore ouvert au public). Il tomba enfin sur une rousse en train de se disputer avec un type chétif qui lui rappelait quelqu'un. Il s'approcha encore et croisa le regard de Lily, dont le visage s'éclaira. L'autre homme tourna à son tour la tête vers lui et James le reconnut enfin : c'était Hargreaves, l'un des sorciers qui était venu chercher le Mangemort que Frank et lui avaient arrêté.

- On se connaît, non ? Lança Hargreaves d'une voix étonnamment grave pour quelqu'un d'aussi chétif et petit.

James lui serra la main sous l'air étonné de Lily avant de lui rappeler où ils s'étaient rencontrés.

- Donc il travaille pour le ministère ? S'assura Lily tandis que son regard jonglait entre les deux hommes.

- C'est la quatrième fois que je vous le dis ! S'exclama Hargreaves, excédé.

- Elle est un peu butée, chuchota James.

Lily exerça une légère pression sur son pied. Aucun doute qu'elle l'écraserait franchement s'il continuait sur ce terrain. Il retint un sourire et attrapa sa main.

- Aucun doute pour moi, on va vous laisser monter la garde – enfin j'imagine que c'est pour ça que vous êtes là ?

Hargreaves hocha la tête puis fit un signe de tête vers Lily.

- C'était Londubat qui devait être là.

- Il ne pouvait pas alors j'ai pris sa place, le défia-t-elle.

L'Auror haussa les épaules.

- Prévenez la prochaine fois. J'ai failli vous tuer.

- Parce que vous tuez les gens sans sommation ? S'enquit Lily.

- Vous avez très bien compris ce que je voulais dire !

- Laisse-le tranquille, sermonna James en secouant sa main. Viens, on rentre.

- Ouais, écoutez-donc votre copain et laissez-moi faire mon boulot, marmonna Hargreaves.

Lily lui adressa un regard mauvais mais James l'entraîna loin du pauvre Auror. Quand ils se furent suffisamment éloignés, il se mit à rire.

- Je crois qu'il a le béguin pour toi !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je l'ai rencontré il y a dix minutes.

- Ouais mais quand je l'ai vu il ne décrochait pas un mot et Frank m'a dit que c'était toujours comme ça. Tu es tellement insupportable que tu as réussi à le faire parler !

- James ! Protesta-t-elle, vexée.

Il plaqua un baiser sur sa tempe pour se faire pardonner et s'immobilisa au pied d'un immense chêne dans lequel couraient des écureuils.

- Lily ! S'exclama-t-il.

- Quoi ?

- C'est Noël !

- Tu es si intelligent, vraiment, ça me sidère...

Il l'embrassa pour la faire taire avant de s'écarter pour chuchoter joyeusement :

- Joyeux Noël, Lily-Jolie.

- Joyeux Noël, James, répondit-elle avec un petit sourire, les joues rouges.

Le sourire qui ne quittait pas les lèvres de James depuis dix minutes s'élargit un peu plus.

- Bon, qu'est-ce que tu veux faire ? A part dormir et ouvrir des cadeaux je veux dire ?

L'air joyeux de Lily s'effaça pour place à une mine soucieuse.

- Je veux aller chez moi. Il faut que je parle à mes parents.

- Oh. Aujourd'hui ?

- J'en peux plus de leur mentir. Tant pis si je gâche leur journée, mais il faut vraiment que je leur dise.

Elle avait l'air si perdue que James ne put que lui adresser un sourire encourageant.

- Très bien, allons-y.

- Tu n'es pas obligé de venir avec moi ! Tu veux peut-être voir ton père, ou...

- Ne discute pas, Evans, je viens avec toi.

Un instant plus tard, ils se trouvaient dans l'impasse où il avait transplané au mois de juillet lorsqu'il était venu dîner. Les rues de Carbone-les-Mines étaient désertes. L'éclairage des lampadaires rendait l'endroit terriblement glauque mais James se garda bien de faire des commentaires. A côté de lui, Lily était blême. Elle venait certes de passer une nuit blanche mais il ne doutait pas que l'angoisse s'ajoutait à la fatigue. Il pressa un peu plus ses doigts entre les siens.

Ils arrivèrent enfin devant la petite maison blanche. Les volets étaient fermés et aucune lumière ne filtrait.

- Tu crois qu'ils sont réveillés ? Interrogea James.

- Peut-être pas... On les attendra dans le salon.

Lily hésita à la porte et James comprit parfaitement son malaise : allait-elle frapper à la porte de sa propre maison ? Finalement, elle sortit sa baguette et murmura « Alohomora ». Il n'y avait aucun bruit dans la maison. James referma doucement derrière lui. Un sapin avait été installé près de la télévision. Dans la pénombre, il distingua les quelques paquets qui se trouvaient en-dessous.

- Pétunia est là ?

- Non. Elle passe Noël avec les Dursley mais ils viendront passer quelques jours ici au moment du Nouvel An.

Lily se laissa tomber sur le canapé alors que James laissait échapper un soupir soulagé qui provoqua un petit rire chez Lily.

- Elle te fait si peur que ça ?

- Sincèrement ? Ouais.

Lily rit un peu plus en lui tendant la main pour qu'il la rejoigne. Lily s'affala sur lui.

- Je suis fatiguée, gémit-elle.

- En même temps, tu n'as pas pris le tour de garde le plus facile. La plupart des membres sont rentrés au QG vers minuit. Frank était l'un des seuls à avoir une mission qui durait toute la nuit.

- Chuuuut. Je dors.

- Très bien. J'essaierai de ne pas terroriser tes parents quand ils descendront.

- Hmmmmm.

Lily eut droit à une heure de repos avant que des craquements ne se fassent entendre à l'étage. James la secoua légèrement et, le temps que Mr. Evans débarque dans le salon et laisse échapper un hoquet surpris, elle était presque tout à fait réveillée. Suivirent quelques salutations ensommeillées, embrouillées, et parfois franchement absurdes – Lily salua son père d'un « crapaud ! » qui n'avait rien à faire là. Mr. Evans – Patrick de son petit nom comme il le répéta à James – finit enfin par se rendre compte que sa fille et son copain n'avaient rien à faire dans leur salon le matin de Noël alors qu'ils avaient dit ne pas être là.

- Je voulais vous voir, expliqua Lily après ce qui semblait être son millième bâillement. J'ai... des trucs à vous dire.

Patrick haussa un sourcil.

- Des trucs ? Comme quoi ?

Son regard, aussi vert que soupçonneux, passa un instant sur James. Le jeune homme se demanda avec amusement s'il pensait qu'il avait mis sa fille enceinte et réprima de justesse un sourire.

Lily se tortilla sur le canapé, jeta un coup d'œil à James puis décréta :

- Je vais attendre que maman arrive.

Patrick fusilla clairement James du regard cette fois. L'accusé ne put s'empêcher de lever les mains en l'air.

- J'ai rien fait ! Promit-il.

Lily se tourna vers lui perplexe, avant de constater qu'il fixait son père. Elle reporta donc son attention sur lui, laissa son regard naviguer entre les deux, puis la lumière se fit enfin dans son esprit – du moins à en juger par sa rougeur subite.

- Non ! Papa ! Ça n'a aucun rapport avec ... ça !

Elle était tellement cramoisie que James ne put s'empêcher de rire. Le regard noir des deux Evans l'aurait sans doute atomisé si Mrs. Evans n'était pas arrivée à ce moment-là.

- Lily, ma chérie ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Oh, James ! Je suis si contente de vous voir !

Avant d'avoir pu dire Quidditch, James se retrouva emprisonné dans les bras de Mrs. Evans, qui les étouffa contre sa robe de chambre à fleurs roses.

- C'est merveilleux les enfants ! Vous restez, n'est-ce pas ? S'exclama-t-elle joyeusement en les libérant enfin.

- Lily a quelque chose à nous annoncer, intervint Patrick.

Le regard de Mrs. Evans se posa aussitôt sur James, qui ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

- Je n'ai rien à voir dans cette histoire, assura-t-il.

Lily lui donna un coup de pied et il la fusilla du regard. Mrs. Evans, inquiète, s'assit sur un fauteuil pour entendre ce que sa fille avait à lui dire.

- J'imagine que ce n'est pas une bonne nouvelle ?

- Pas franchement, non, souffla Lily.

Ses yeux avaient cessé de lancer des éclairs et elle cherchait la main de James. Il serra ses doigts entre les siens. Lui-même n'avait pas eu besoin de mentir à son père, qui n'avait jamais sous-estimé l'importance de la guerre. Il n'avait pas cherché à dissuader son fils. Si sa mère avait toujours été en vie, il aurait sans doute plus hésiter à dire la vérité. Mais la vie en avait décidé autrement.

- Je vous ai menti, lâcha Lily tout à trac alors que le silence commençait à s'éterniser.

Ses parents se figèrent.

- Je ne fais pas d'études pour être médicomage...

Ils ne l'interrompirent pas alors qu'elle tentait d'expliquer sans trop bafouiller ce dans quoi elle s'était engagée. James n'ajouta rien non plus. Les yeux mi-clos, il écoutait tout en serrant toujours sa main dans la sienne. La voix de Lily flancha plusieurs fois mais elle alla jusqu'au bout. Lorsqu'elle se tut enfin, le silence flotta quelques instants, affreusement lourd. Ce fut finalement Patrick qui le rompit. Mais contrairement à ce que James pensait, il s'adressa à lui et non à sa fille.

- C'est toi ? Interrogea-t-il, blême. C'est toi qui l'as entraînée là-dedans ?

- Non ! S'exclama Lily sans laisser à James le temps de répondre. On a pris cette décision ensemble !

- Il t'a embarquée dans cette histoire avec ses manières de... de dragueur invétéré ! Hurla son père en se levant brusquement pour toiser James. Je me rappelle tout ce que tu nous as dit sur lui, pendant toutes ces années à Poudlard !

- Papa ! James n'a rien à voir là-dedans !

- Lily a fait ses propres choix, intervint le principal intéressé d'une voix calme, alors qu'il bouillonnait intérieurement – d'angoisse comme d'agacement. Elle ne m'a jamais écouté, alors aucune chance que je l'ai entraînée là-dedans contre son gré.

Patrick Evans le fusilla une nouvelle fois du regard mais rendit les armes. Du moins c'est ainsi que James interpréta sa sortie précipitée de la pièce. Un sanglot étouffé attira leur attention sur Mrs. Evans. La main plaquée sur sa bouche, elle tentait vainement de ne pas se mettre à pleurer. Sur le canapé, Lily semblait dans le même état.

- J'ai gâché Noël, hoqueta-t-elle.

- On va arranger ça, promit James, même s'il n'en menait pas forcément plus large. Reste là, je vais parler à ton père.

Il s'arracha au canapé pour se diriger vers l'escalier mais un courant d'air glacé le fit changer de direction. Il pénétra dans la cuisine, avisa la porte ouverte qui menait sur le jardin et passa la tête dehors. Mr. Evans était là, planté sur sa pelouse gelée, les poings sur les hanches.

- Je vous assure que je n'ai rien à voir dans la décision de Lily, commença James en restant à distance respectable.

- Ça m'aurait bien arrangé, commenta-t-il.

- Je ne laisserai rien lui arriver, vous savez.

Patrick se tourna finalement vers lui et soutint son regard quelques instants.

- Je n'en attends pas moins de toi.

James se retint de lui dire qu'il ne pourrait pas l'empêcher de faire des trucs stupides et téméraires, parce que c'était Lily et qu'elle pouvait être stupide et téméraire, comme il se garda de lui parler du différend de sa fille avec Yaxley. Il n'était pas idiot : même s'il détestait ça, il savait qu'il ne pouvait protéger Lily que dans une certaine mesure.

Patrick finit par hocher la tête et rentra dans la maison en marmonnant quelque chose qui ressemblait à « Et joyeux Noël bien sûr ». James fut légèrement surpris qu'il abandonne la partie aussi vite puis songea qu'il devait parfaitement savoir qu'il ne ferait pas changer Lily d'avis.

***

Il fallut environ encore une heure pour calmer Mrs. Evans et la convaincre que ce jour de Noël allait être une belle journée malgré tout. L'humour stupide de James l'aida considérablement à accepter cette idée, et même Patrick ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il débita une énième idiotie. C'était presque l'heure de déjeuner lorsqu'ils s'installèrent devant le sapin pour déballer les cadeaux. Lily eut la surprise d'y trouver tout un tas de paquets pour elle, ainsi que les cadeaux de James. Comme elle tournait un regard surpris vers lui, il haussa les épaules.

- Je n'ai aucune idée de la façon dont ils sont arrivés là. La magie fait des choses bizarres. Mais on s'en fiche : c'est Noël !

Elle se mit à rire en constatant qu'il avait retrouvé son enthousiasme disproportionné pour Noël et l'attrapa par le col de son pull pour déposer un baiser sur ses lèvres. Elle ne s'attarda pas, bien consciente que son père les regardait d'un air mauvais et s'assit devant le sapin. Ses yeux furent immédiatement attirés par un paquet à la forme parfaitement reconnaissable. Sans même regarder le nom qu'il y avait dessus, elle lança :

- James, je crois qu'il y a un cadeau pour toi. Je ne sais pas comment il a atterri avec les miens.

- Oh, il n'est pas pour moi.

Surprise, elle leva les yeux vers lui et se troubla face à son sourire tendre.

- Mais...s'il n'est pas pour toi c'est que...

- Il semblerait, en effet.

- Qui a pu m'offrir un truc pareil ?

Il leva les yeux au ciel alors que son sourire s'élargissait. Lily ouvrit de grands yeux, soufflée.

- Tu n'as pas...

- Si.

Elle battit encore un instant des paupières avant de se jeter sur le paquet pour déchirer le papier kraft. Sous ses doigts, elle vit apparaître un balai – un vrai balai neuf, pas le vieux de James ou l'une des antiquités de Poudlard. Non, c'était son balai.

Son père se pencha pour le regarder, intrigué, tandis qu'elle se tournait vers James.

- Mais je sais à peine voler !

- Je t'apprendrai ! Comme ça tu n'auras plus besoin de la moto.

- On peut savoir quel est le rapport entre voler et la moto ? Intervint Patrick, suspicieux.

- Tu ne veux pas savoir, assura Lily.

Pour couper court à la conversation, elle plongea sous le sapin pour farfouiller dans les cadeaux de James. Elle en extirpa enfin le sien et le lui tendit avec un sourire. C'était loin d'être aussi génial que le balai mais elle espérait tout de même que cela lui plairait. Avec l'air ravi d'un gamin de cinq ans, James déchira le papier cadeau et en extirpa une veste en cuir.

- C'est pour que tu puisses vraiment avoir l'air sexy à moto, expliqua-t-elle en évitant judicieusement le regard de son père.

James éclata de rire et enfila la veste. Le style contrastait bizarrement avec ses lunettes de pseudo-intellectuel, mais le vêtement atteignait ainsi son but : Lily le trouvait terriblement sexy. Elle pesta intérieurement contre les hormones et fit en sorte de ne pas rester accrochée à lui lorsqu'il déposa un baiser sur sa joue pour la remercier. A croire qu'il avait peur de se faire tuer par son père s'il s'approchait trop près de sa bouche.

Une dinde et beaucoup trop de chocolats plus tard, Lily se retrouva à nouveau affalée sur James dans le canapé, prête à se rendormir. Mais il la secoua doucement et chuchota :

- Il faut qu'on rentre.

- Beuuuh.

- Allez, debout !

Lorsqu'ils se trouvèrent devant la porte, Mrs. Evans – Philippa, Phil pour les intimes – fila dans les bras de sa fille en sanglotant.

- Tu viendras nous voir n'est-ce pas ? Hoqueta-t-elle. Tu ne nous laisseras pas attendre six mois cette fois ?

- Promis, murmura Lily, la gorge serrée.

- Où est-ce que vous allez ? S'enquit Patrick en attirant sa femme à lui pour qu'elle cesse de s'agripper à Lily.

- On ne peut pas vous le dire, répondit précipitamment James avant que Lily n'ait eu le temps de réagir. Ce serait trop dangereux pour vous de savoir ça.

Ses parents se figèrent à la simple mention du danger et Lily jugea qu'il était temps de partir – en plus, elle allait s'écrouler si on ne lui trouvait pas un lit dans le quart d'heure suivant.

- Je reviens vite, promis ! S'exclama-t-elle en plaquant un baiser sur la joue de sa mère puis de son père. Et je fais attention à moi !

Avant qu'ils n'aient eu le temps de répondre, elle poussa James dehors et ferma la porte. Dix minutes plus tard, ils étaient de retour en Cornouailles. Lily poussa un profond soupir tandis que James glissait son bras libre sous le sien, l'autre étant pris par un sac rempli de leurs cadeaux.

- Soulagée ? S'enquit-il.

- Oui. Mais j'espère qu'ils ne vont pas trop s'inquiéter.

Ils franchirent la barrière magique qui entourait le manoir et Lily reprit la parole :

- Ton père était tout seul, aujourd'hui ? Je ne t'ai même pas demandé pourquoi tu étais venu me chercher.

- Parce que Sirius est à Godric's Hollow et que je ne savais pas ce que tu voulais faire.

- Oh, James, tu aurais dû me dire que tu voulais aller chez ton père !

- Aucune importance, je lui avais dit que je ne serais pas là.

- Il faudra qu'on aille le voir.

- On va avoir du mal à trouver le temps.

- Les Mangemorts attendront, promit Lily avant de pousser la porte du QG.

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