Partie III - Chapitre 14

Chapitre 14

- Ils se foutent de nous !

James, occupé à tirer sur les manches de sa chemise, adressa un regard surpris à Frank. Celui-ci se laissa tomber lourdement sur une chaise de la cuisine, face à Fabian, et ferma rageusement la Gazette du Sorcier qu'il avait dans les mains.

- Ils ont laissé échapper le Mangemort qu'on a attrapé il y a un mois ! S'exclama-t-il à l'attention de James.

- Comment t'as fait pour l'avoir ? Interrogea Fabian en attrapant le journal, sans se préoccuper de ce que Frank racontait. Maugrey refuse qu'on se la fasse envoyer.

- Je l'ai prise chez ma mère, marmonna Frank. C'est la troisième fois qu'ils nous font le coup en deux ans, à croire qu'ils n'ont pas compris qu'il y avait une guerre en cours !

- Troisième fois ? Intervint James, perplexe. Je croyais qu'on ne pouvait pas s'échapper d'Azkaban !

- Justement, ils ne sont pas à Azkaban, répondit Frank d'une voix lasse, alors que Fabian gloussait en lisant la rubrique des naissances (Une petite Ananastasia venait de voir le jour). Il y a des cellules au Ministère. Enfin, en-dessous du Snargalouf. Et il y a visiblement un sérieux manque de sécurité là-bas !

- Maugrey est au courant ?

- Oh, sans doute, mais il a de plus en plus de mal à tout gérer. Le Ministre, Harold Minchum, n'applique aucune des mesures qu'il lui suggère. Tout ce que ce crétin a accepté de faire, c'est rajouter des Détraqueurs devant Azkaban !

- Et... c'est mal ? Releva James.

- Insuffisant, en tout cas. Surtout quand il n'y a pas assez de monde pour les contrôler derrière, et comme Minchum recrute la moitié du Bureau des Aurors pour monter la garde devant son bureau, personne ne prend la peine de vérifier ce que les Détraqueurs font.

- Minchum est un crétin, intervint Fabian. Je comprends que la mort de son fils l'ait mis sur ses gardes mais il ferait mieux de faire protéger les écoles, au lieu de se protéger lui-même.

- Et sa femme ? Interrogea James.

- Partie, paraît-il, mais personne ne sait si c'est vrai.

- Comment ça 'partie' ? Elle l'a quitté ?

- Non, elle aurait fui aux États-Unis après la mort de son fils.

- On ne va pas s'en sortir si tout le monde s'en va dès qu'il perd un proche, commenta Frank d'une voix d'outre-tombe, le front posé sur la table.

- Au pire, il restera nous, annonça joyeusement Fabian.

- Sûr qu'on va s'en sortir, railla Frank. On est combien en tout ? Cinquante, à tout casser ? Dont une vingtaine qui savent vraiment se battre. Et eux... au moins trois fois plus, non ?

- Quatre, je dirais, corrigea Fabian. Mais on est vachement plus malins.

Frank lui adressa un regard dubitatif tandis que James soupirait :

- Bon, les gars, vous pourrez recommencer à être déprimant quand on sera partis mais s'il vous plaît pas un mot de tout ça quand Lily descendra.

- Vous allez où déjà ?

- Penzance. On va bien trouver un restaurant là-bas.

- T'emmènes Lily au restaurant ? S'étonna Frank, qui n'était arrivé qu'une heure plus tôt. T'as le temps ?

- Je le prends, rétorqua sobrement James sans le quitter des yeux. Tu devrais y songer, Londubat.

- Qu'est-ce que t'insinues ? Attaqua aussitôt Frank, piqué au vif.

- Que quand Alice a été malade, il y a deux semaines, elle a pas mal discuté avec Lily.

- Et ?

- C'est pas à moi de te dire ce qu'elle te reproche. Oh, et félicitation pour les fiançailles, d'ailleurs. Dommage que tu n'aies pas pris le temps de nous l'annoncer.

Les protestations de Frank furent noyées sous les exclamations enthousiastes et complètement exagérées de Fabian. James cessa de les écouter lorsqu'il entendit des pas dans les escaliers et il s'empressa de faire apparaître un bouquet de fleurs d'un coup de baguette. Fabian cessa aussitôt d'embêter Frank pour lancer :

- T'es sérieux, Potter ? T'as vraiment l'air con.

- Je m'en contrefous, Prewett.

Lily choisit ce moment pour débarquer dans la cuisine, les joues rouges, les yeux brillants, un grand sourire sur les lèvres, et vêtue d'une robe bleu marine qui fit légèrement tiquer James.

- Tu vas avoir froid, prévint-il tandis que Lily prenait le bouquet qu'il lui tendait.

Elle déposa un baiser sur sa joue sous les sifflements de Fabian avant de répondre :

- C'est bon, on va rester deux minutes dehors avant de transplaner.

- Euh... Pas exactement.

- Vous disputez pas avant de partir, ce serait dommage, commenta Fabian, amusé.

- Comment on va y aller, alors ? Interrogea Lily sans l'écouter. A pieds ?

- Oh non, bien plus marrant : à moto !

Lily ouvrit de grands yeux, puis secoua la tête.

- Hors de question que je monte là-dessus !

- Oh allez Lily ! Tu n'as même pas essayé !

Elle donna une pichenette sur ses côtes et haussa un sourcil.

- J'avais trop bu, protesta-t-il. Je suis parfaitement capable de nous amener à bon port.

- Hors de question.

- Lily, s'il-te-plaît !

Après encore deux minutes de supplications durant lesquelles James s'appliqua à agiter les mains de Lily dans tous les sens, elle finit par rendre les armes en riant et il l'entraîna dehors sous les moqueries de Fabian. Ils contournèrent la maison pour s'enfoncer dans le parc du manoir. James l'entraîna sous des arbres, où ils découvrirent une forme couverte par une bâche. D'un coup de baguette négligeant, il découvrit la moto avec un sourire fier.

- Pas mal, hein ? On a dépensé un argent fou pour la remettre sur pied mais elle a vraiment une bonne tête maintenant !

Lily hocha la tête mais son regard méfiant trahissait son appréhension.

- Allez, monte ! S'exclama-t-il joyeusement après s'être lui-même installé.

Avec un soupir à fendre l'âme, Lily s'exécuta et enroula ses bras autour de son torse.

- J'ai l'impression d'être un de ses greluches qui trouvent les motards tellement sexy, pouffa-t-elle.

- Tu me trouves sexy ?

- Dans tes rêves, Potter. Démarre, j'ai froid.

- T'es vraiment un tyran, PEC.

- Ferme-la ou je vais dîner avec Fabian, prévint-elle.

- Lily, tu frottes ta tête contre mon cou, j'ai pas franchement l'impression que tu aies envie de partir.

Elle déposa un baiser sur sa nuque puis lui donna une petite tape sur la cuisse.

- Démarre cette moto, Potter !

Son rire fut noyé sous le vrombissement du moteur et ils avancèrent au pas dans le parc. Un coup de baguette de Lily ouvrit le portail pour eux avant qu'ils ne filent enfin sur les routes désertes de Cornouailles.

***

James allait trop vite, c'était une certitude. Mais Lily n'avait aucune envie qu'il ralentisse. D'abord, parce qu'il ne l'aurait jamais entendue si elle avait tenté de se plaindre. Ensuite, parce que c'était terriblement grisant.

Lily se rendit compte qu'ils n'avaient pas de casque lorsque James prit un virage terriblement serré. Cependant, elle ne pensa même pas à protester parce qu'il accéléra dès qu'ils furent de retour sur une ligne droite et elle sentit son cœur s'envoler. Les routes étaient aussi désertes que sombres. Seuls les phares de la moto éclairaient leur chemin, mais elle faisait confiance à James. Il ne laisserait rien leur arriver. Elle sentait le vent fouetter ses jambes et ses bras mais elle n'osait pas lever la tête. Les yeux fermés, le visage pressé contre le dos de James, elle savourait cette sensation de vitesse qu'elle n'avait jamais expérimentée. Elle sentait les muscles de James se tendre, jouer sous sa veste au moindre changement de direction, à la moindre variation. Pour la première fois, elle se demanda ce que ça faisait de voler à pleine vitesse.

Bien trop tôt à son goût, ils ralentirent l'allure. Ils venaient d'arriver dans une petite ville, Penzance. Lily daigna enfin relever la tête et contempla les rues qui défilaient alors que James errait dans la ville. Enfin il s'arrêta devant un petit restaurant à l'allure sympathique et tourna légèrement la tête pour lui adresser un sourire.

- Ça te va ?

- On peut pas repartir et rouler toute la nuit ?

Il éclata de rire avant de lui tapoter le genou pour qu'elle se lève. Lorsqu'il eut garé la moto, il lui attrapa le bras pour l'emmener à l'intérieur, un grand sourire sur les lèvres.

- Alors ça t'a plu ?

- James, c'était génial ! Je m'excuse encore pour t'en avoir voulu, pour la moto, parce que c'est vraiment la meilleure idée de l'année. C'est comme ça, quand on sait vraiment comment voler ?

Il lui fit signe de se taire alors qu'un serveur s'avançait vers eux et elle rougit légèrement. Elle n'ouvrit plus la bouche jusqu'à ce qu'ils aient commandé, mais dès qu'ils furent seuls, elle attrapa la main de James pour la secouer.

- Alors ? C'est comme ça de voler ?

- Mieux, répondit-il d'un air mystérieux.

- Tu m'emmèneras ?

- Ça dépend, tu seras sympa avec moi ce soir ?

- Tout ce que tu veux !

Il haussa un sourcil et un fin sourire que Lily ne lui connaissait pas étira ses lèvres.

- A ta place, je ne dirais pas ça trop vite.

L'incompréhension se peignit un instant sur ses traits, avant qu'elle ne devienne cramoisie. Elle lui balança un léger coup de pied dans la jambe et il éclata de rire.

- T'es vraiment stupide, quand tu veux, commenta-t-elle.

- Et toi tu rougis trop.

- Parce que tu fais trop d'allusions graveleuses.

- Trop ? A croire que t'as jamais côtoyé Fabian !

Incapable de trouver une réponse adéquate, elle leva les yeux au ciel tout en attrapant son verre pour se donner une contenance. Malheureusement elle n'avait pas vu James la servir de vin rouge et elle s'étouffa à moitié avec sa gorgée, sous les éclats de rire de James.

- C'est quand même aberrant qu'on n'ait jamais fait ça avant, alors que c'est le truc le plus normal pour un couple, commenta Lily en laissant son regard traîner sur leurs voisins.

Il n'y avait presque que des couples, de tous les âges, et une famille. Ses yeux s'attardèrent particulièrement sur cette dernière alors que James avalait les derniers morceaux de son gigot d'agneau.

- A Poudlard, ce n'était pas évident, répondit-il entre deux bouchées. Et je n'allais certainement pas t'emmener chez Mme. Pieddodu.

Lily tourna la tête vers lui, un sourire sarcastique sur les lèvres.

- Si je ne m'abuse, je t'y ai déjà vu en compagnie d'une blonde plantureuse et très maquillée, quand on était en sixième année.

Il haussa les épaules.

- Elle m'avait harcelé pour qu'on y aille, et elle était tellement insupportable que j'ai cédé. Je l'ai larguée trois jours plus tard.

- Sympa.

Les yeux de James scrutèrent un instant les siens, puis il porta brusquement son regard sur la famille.

- Elle n'avait qu'à pas être insupportable, répondit-il d'un ton neutre.

Lily fronça légèrement les sourcils mais elle n'insista pas. Elle n'avait pas particulièrement envie d'évoquer toutes les conquêtes de James ce soir. Comme il semblait toujours absorbé par la vue de la petite fille brune en train de manger sa glace en s'en mettant partout, elle murmura :

- Ce serait tellement plus simple si on avait une vie normale.

James braqua un regard inquisiteur sur elle.

- Comment ça ?

- C'est juste que... il y a cinq ans, quand j'imaginais ma sortie de Poudlard, ça ne ressemblait pas franchement à ça.

Elle le scruta avec appréhension, mais il pencha simplement la tête sur le côté pour l'inviter à continuer.

- C'est ce que je voulais dire quand j'ai dit à Sirius que je ne voulais pas que la guerre me prive de faire mes propres choix. Cette vie... C'est loin d'être celle que j'avais imaginée. Je n'aime pas l'idée qu'on agisse simplement sous l'impulsion de la peur.

- On agit juste de la façon la plus rationnelle possible compte tenu de la situation, protesta James.

- Oui, j'imagine que oui, mais...

Elle se mordit la lèvre, décidée à ne pas finir sa phrase, mais James la poussa :

- Tu regrettes ? L'Ordre, tout ça ?

C'était la question tant redoutée, celle qu'elle n'osait même pas se poser à elle-même. Regrettait-elle ? Regrettait-elle d'avoir offert sa vie pour protéger celle des autres ? Une part d'elle, affreusement égoïste, lui soufflait que oui. Tout aurait été nettement plus simple si elle avait simplement refusé la proposition de Dumbledore. Mais l'autre part, bien plus importante et forte, rugissait qu'elle avait fait le bon choix. Que si elle avait agi autrement, elle se serait détestée pour sa lâcheté.

James attendait en silence qu'elle réponde. Ses yeux noisette scrutaient les siens, comme s'il lisait son combat intérieur.

- Non, trancha-t-elle finalement d'une voix ferme. Mais ce serait mentir que dire que je n'ai pas peur ou que je ne doute pas.

- Moi aussi, répondit simplement James sans lâcher son regard.

Lily ne put s'empêcher d'afficher un air surpris. James semblait toujours savoir quel était le juste chemin à prendre, ce qu'il devait faire pour être en paix avec lui-même, pour agir conformément à ses idéaux.

- Tu...

- J'y ai pensé aussi, coupa-t-il. A la vie qu'on aurait pu avoir si on avait mené une existence normale. Mais on aurait fini impliqués dans cette guerre de toute façon, Lily. Il y aurait eu de beaux moments, comme on en a eu tant, et puis tous les moments où on aurait eu l'impression d'être inutiles. Je n'aurais pas supporté ça.

Il avait entrelacé ses doigts aux siens pendant qu'il parlait et elle serra doucement sa main.

- On est là où on doit être, assura-t-elle. Et quand tout ça sera fini, on reprendra une vie normale, en sachant qu'on a fait ce qu'il fallait.

Il hocha la tête puis porta sa main à ses lèvres pour y poser un baiser.

- Alors tu acceptes librement cette vie ? Sourit-il.

- Je dirai à Sirius qu'il avait raison, promit-elle non sans lever les yeux au ciel, un petit sourire sur les lèvres.

***

Ils s'attardèrent bien plus longtemps que nécessaire dans le restaurant. Aucun des deux ne souhaitait revenir à la réalité trop tôt, malgré leur conversation. Ils finirent pourtant par reprendre la route, pour la plus grande joie de Lily. Malheureusement pour elle, elle ne vit pas l'immense sourire de James lorsqu'il démarra la moto. Peut-être cela lui aurait-il fait comprendre qu'il avait quelque chose derrière la tête.

Lorsqu'ils furent suffisamment loin de Penzance, James ralentit légèrement et hurla pour couvrir les sifflements du vent et le bruit du moteur :

- Accroche-toi !

- Hein ?

Sans répondre, il accéléra pour atteindre une vitesse à laquelle il n'était pas encore allé ce soir-là. Un sourire victorieux sur les lèvres, il appuya violemment sur l'embrayage et enfonça la pédale d'accélérateur en même temps. Le moteur rugit mais James n'y prêta pas attention, trop occupé à profiter de la sensation que le décollage lui procurait.

La moto s'envola dans la nuit claire, emportant derrière elle le cri de Lily, qui resserra tellement ses bras autour de James qu'il crut qu'elle allait l'étouffer. Le froid se fit plus intense à mesure qu'ils s'élevaient dans les airs. James finit par arrêter leur ascension à une trentaine de mètres du sol. Lily colla sa bouche à son oreille alors qu'ils continuaient à avancer doucement dans la nuit et cria :

- T'aurais pu me prévenir, espèce de sombre crétin !

Il éclata de rire pour toute réponse. Si elle n'avait pas été terrifiée à l'idée de le lâcher, elle l'aurait sans doute frappé, mais elle se contenta d'enfoncer son visage contre son dos.

- Tu voulais voler non ? Hurla-t-il finalement.

Elle resserra encore l'étreinte de ses bras autour de lui et il considéra ça comme une supplication pour qu'ils retrouvent le plancher des vaches. Avec une pointe de regret, il dirigea la moto vers le sol. Quelques minutes plus tard, ils touchèrent le sol. Il ne put s'empêcher de sourire lorsque Lily se détendit brusquement derrière lui. Elle ne dit plus un mot jusqu'à ce qu'ils arrivent au manoir, où elle descendit calmement de la moto pour se planter devant lui. Il haussa un sourcil, attendant l'explosion, mais elle se contenta de commenter d'un ton très calme :

- Je n'arrive toujours pas à savoir si je devrais t'engueuler pour ne pas m'avoir dit qu'on était sur une moto volante ou te supplier de m'emmener à nouveau. Et comme je n'arriverai sans doute pas à me décider avant demain matin, pour l'instant je vais t'embrasser.

- Je t'ai complètement détraquée ma pauvre Li...

Il fut bien obligé de se taire lorsqu'elle pressa ses lèvres contre les siennes. Toujours sur la moto, il la serra contre lui sans se soucier de ses mains frigorifiées posées sur son visage. Lorsqu'elle s'écarta, il murmura :

- Embrasse-moi dès que tu es énervée, ça ne me dérange pas.

- Ravie de savoir que je suis assez irrésistible pour te contrôler complètement, rétorqua-t-elle avec une grimace mutine.

- C'est totalement faux !

- C'est mal de mentir, Potter.

Il se leva, donna un coup de baguette pour que la bâche couvre à nouveau la moto, puis lui adressa un sourire carnassier.

- Fais attention à toi, Evans.

Sans attendre son reste, Lily se mit à courir vers l'entrée du manoir. C'était sans compter sur la vélocité et l'endurance modifiées de James, qui la rattrapa en moins de deux et la jeta sur son épaule sans tenir compte de ses protestations. Tous les deux riaient à n'en plus pouvoir lorsqu'ils parvinrent enfin devant la porte qui menait au salon. James déposa Lily et l'embrassa avant même d'ouvrir la porte. Elle crocheta ses bras autour de son cou et se haussa sur la pointe des pieds pour approfondir le baiser. Un gémissement lui échappa alors qu'il la plaquait un peu plus contre la porte et il la souleva contre lui. La bouche de Lily glissa dans son cou tandis qu'elle tâtait derrière elle pour trouver la poignée. Enfin le battant s'ouvrit et ils basculèrent à l'intérieur. James faillit perdre l'équilibre mais il les maintint d'aplomb. Ses mains glissèrent sur les jambes de Lily et elle enfouit un peu plus profondément ses doigts dans ses cheveux tandis que ses lèvres rejoignaient les siennes.

- Vous gênez pas pour nous.

Lily retomba brutalement sur ses pieds avec un cri horrifié, les joues cramoisies. James, mortifié, adressa un regard gêné à Sirius et Fabian, qui étaient occupés à jouer aux échecs devant le feu. Un sourire goguenard sur les lèvres, tous les deux les considéraient avec un amusement non dissimulé.

- Fallait pas vous interrompre pour nous surtout, commenta affablement Fabian. Le spectacle était tout à fait intéressant.

Lily émit un bruit de gorge que James ne parvint pas à définir avant de filer vers les étages. Il resta un instant devant les deux hommes, une main passée dans ses cheveux, puis déclara finalement :

- Bon ben... bonne nuit.

- On te souhaite surtout une bonne nuit à toi, Potter, ricana Fabian, vite rejoint par ce faux-jeton de Sirius.

James lui fit un doigt d'honneur avant de disparaître dans la cuisine, ce qui ne fit que redoubler leur hilarité.

Lorsqu'il rejoignit Lily dans sa chambre, elle était assise sur son lit, le visage enfoui entre ses mains.

- C'était le moment le plus gênant de ma vie, marmonna-t-elle.

- On s'en fiche, Lily, assura-t-il en s'asseyant près d'elle. On va pas les laisser gâcher notre soirée !

Elle rougit légèrement en relevant les yeux vers lui avant de demander :

- Des idées en tête pour rattraper ça ?

- Quelques-unes, murmura-t-il en se penchant pour l'embrasser.

Elle glissa ses mains autour de son cou en réponse. James oublia aussitôt Fabian et Sirius pour se concentrer sur ses lèvres qui hésitaient contre les siennes. Il fit glisser ses doigts contre ses hanches, le long de ses côtes, s'enhardit à effleurer sa poitrine...

- James...

- Hmmm.

- James, s'il-te-plaît, je...

Il cessa d'embrasser son cou pour la regarder, perplexe. Rouge comme une écrevisse, elle balbutia :

- Je... Ça me fait paniquer.

- Hein ?

Son visage s'empourpra un peu plus – James ignorait que c'était possible – avant d'expliquer :

- James, je n'ai pas... je n'ai jamais...

La lumière se fit enfin dans son esprit et il la coupa avec un léger rire :

- Moi non plus.

- Quoi ?

Sa stupéfaction le fit rire un peu plus.

- Moi non plus, répéta-t-il.

- Mais... tu... Il y avait des tas de rumeurs et...

- Fausses, comme la plupart des rumeurs à Poudlard, expliqua-t-il joyeusement, secrètement très amusé qu'ils aient cette conversation.

Il décida même de pousser le bouchon un peu plus loin pour tester les limites de Lily :

- Je ne dis pas que je n'ai pas fréquenté quelques recoins sombres avec des filles, mais je n'ai jamais pu me résoudre à sauter le pas avec une fille que je comptais larguer trois jours plus tard.

Lily pencha la tête sur le côté, apparemment sincèrement intriguée. Il n'arrivait pas à croire qu'elle ne fasse pas une crise de jalousie. Cette fille était décidément la plus étrange qu'il ait jamais côtoyée.

- Parce qu'il fallait forcément que tu la largues juste après ?

- Je n'étais pas amoureux de ces filles, Lily.

Elle papillonna des yeux tandis qu'un petit sourire étirait ses lèvres.

- Tu...

- Hmm-hmm, interrompit-il en lui volant un baiser.

- Tu ne sais même pas ce que j'allais dire !

- Tu allais me demander si j'étais amoureux de toi, et la réponse est oui, Lily-Jolie. Même en sixième année.

Elle secoua la tête alors que son sourire s'élargissait, puis se mit à rire.

- Je crois que c'est la conversation la plus bizarre qu'on ait jamais eue.

- C'est bien ce que je me disais, confirma-t-il en l'attirant à lui.

- On aura pas réussi sauver notre fin de soirée, finalement. Désolée.

- Eh, Lily, t'excuses pas pour ça ! Ça n'a aucune importance.

Mais malgré ce que Lily venait de dire, ce fut enfin de compte une bonne fin de soirée, faite de rires et de conversations aussiinutiles que plaisantes. Une soirée hors du temps.

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