Partie III - Chapitre 13
Petite question : j'ai beaucoup d'avance sur la correction car je viens de terminer la partie 3. Est-ce que ça vous dit que je poste 3 chapitres par semaine ? Dimanche/lundi, mercredi et vendredi ? Dites-moi tout :)
Chapitre 13
Sirius jeta un coup d'œil incertain à la jeune fille qui marchait à ses côtés. Il se sentait intimidé, et c'était bien une première pour lui. La seule fille qui lui faisait peur, c'était Lily dans ses moments de rage intense – évidemment, il ne l'avait avoué à personne. Mais il lui avait toujours fallu un vrai courage de Gryffondor pour rester aux côtés de son meilleur ami quand la haine de Lily Evans se déversait contre James Potter. Merlin en soit remercié, il n'avait plus eu affaire à ça depuis un an. Et si le couple se disputait, ce n'était pas ses affaires.
Mais les crises de Lily avaient un avantage : elles ne duraient pas. Ethel, elle, était perpétuellement taciturne. Sirius ne se souvenait pas l'avoir déjà entendue rire franchement. Souvent, il se demandait ce qu'il pouvait bien lui trouver. A vrai dire, il ne trouvait jamais de réponse satisfaisante, à part le fait qu'elle était jolie. Mais ça ne suffisait pas.
Il se racla la gorge et elle lui jeta un bref regard. Une couche de neige de plusieurs centimètres couvrait les pavés de Pré-au-Lard et Sirius commençait à avoir les pieds gelés. Comme ils passaient devant Zonko, il en profita pour jeter un coup d'œil à la vitrine, où tout un tas de tasses mordeuses en tout genre s'entassaient. Il s'arrêta et, presque pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés dans le village sorcier, Ethel ouvrit la bouche :
- Tu comptes attaquer des Mangemorts avec ça ?
Il se tourna vers elle avec un regard surpris et un sourire amusé. Il se retint de lui demander si elle était réellement dotée d'un certain sens de l'humour pour répondre :
- Je suis juste nostalgique. Une fois, Peter a échangé toutes les tasses de McGonagall avec des trucs du genre. Je me souviens, c'était juste avant les entretiens des Cinquième Années, en 1975.
Un sourire sur les lèvres, il fixait un point dans le vide au-dessus du crâne d'Ethel, qui le considérait, intriguée, la tête penchée sur le côté.
- Qu'est-ce que vous trouviez si amusant dans tout ça ?
Il lui jeta un regard impénétrable avant de reprendre sa marche dans le village. Il mit un certain temps à répondre mais Ethel n'insista pas. Ils étaient revenus devant les Trois Balais lorsqu'il se décida enfin à dire :
- En fait, c'était mettre tout en place qui était le mieux. Trouver comment s'introduire chez les profs, comment faire passer en douce des objets interdits ou apprendre de nouveaux sorts. Repousser les limites, en somme.
Les mains enfoncées dans ses poches, il lui sourit à nouveau. Pour une fois, elle ne baissa pas le regard. Elle ne semblait pas gênée, comme à son habitude, mais seulement intriguée.
- Et qu'est-ce que ça fait ? De repousser les limites, je veux dire ?
Sirius allait répondre quand une bourrasque gelée souleva les longs cheveux blonds d'Ethel et les fit tous les deux frissonner. Sans lui demander son avis, il ouvrit la porte du pub et la poussa à l'intérieur.
- On doit surveiller, protesta-t-elle tandis qu'il la faisait asseoir dans un coin reculé de la salle, mais il lui coupa la parole :
- Tous les élèves sont là, ou alors chez Mme. Pieddodu, et je ne suis pas sûr que tu aies très envie qu'on aille là, hein ?
Elle était encore cramoisie quand il revint avec deux bièraubeurres. Elle le remercia du bout des lèvres, mais il ne se laissa pas démonter et reprit la conversation là où ils l'avaient laissée.
- On se sent puissant.
- Comment ?
Évidemment, elle n'était pas le genre à dire « hein ? », comme Peter le faisait en permanence.
- Repousser les limites.
- Ah. Je vois.
Elle fixait le fond de son verre d'un air buté qui désespéra légèrement Sirius.
- Est-ce qu'il y a un truc que tu as toujours eu envie de faire à Poudlard mais tu n'as jamais osé ? Lança-t-il en se penchant sur la table.
Elle commença par secouer la tête, mais finit par ouvrir la bouche sous son regard insistant :
- Utiliser la salle de bain des préfets.
- C'est tout ? Rit-il.
Ethel répondit par un faible sourire avant d'avaler une gorgée de sa boisson.
- J'entendais tout le temps les préfets en parler comme si c'était le paradis...
- Ça l'est presque, confirma-t-il.
- Tu y es déjà allé ?
- C'est aussi réservé pour les capitaines, donc James m'a filé le mot de passe. C'est un des seuls endroits où peut vraiment réussir à se sentir seul à Poudlard.
Un air de regret passa sur le visage de la jeune fille.
- Dommage que je n'ai pas pu y aller.
- Tu avais besoin de t'isoler ? Interrogea-t-il doucement.
- Je n'ai jamais trop aimé les gros groupes.
- Et comment tu vis l'ambiance au QG ?
Elle jeta un regard inquiet autour d'elle mais personne ne les écoutait.
- On n'y est pas tant que ça, en fait. Et surtout pas tous en même temps, donc ça va. Qu'est-ce qu'il y a ?
Sirius secouait la tête sans la quitter du regard, un sourire jouant sur ses lèvres.
- Qu'est-ce qui te fait si peur dans le fait d'être avec autant de gens ?
- Laisse tomber, marmonna-t-elle après un silence.
- Sérieusement, Ethel, c'est pas si terrible de parler avec des gens ! Regarde, on discute !
Sans répondre, elle reposa son verre à moitié plein, attrapa son manteau et quitta le pub. Sirius déposa de la monnaie sur la table et la suivit en jurant. Quand il sortit des Trois Balais, elle était déjà devant la poste. Ses grands pas trahissaient son agacement et Sirius songea qu'au moins il avait eu la preuve qu'elle n'était pas complètement impassible.
- Ethel, attends !
Elle ne ralentit pas le moins du monde l'allure, l'obligeant ainsi à courir pour la rattraper. Elle ne tourna même pas la tête lorsqu'il parvint à sa hauteur, légèrement essoufflé.
- Avoue que c'est une question légitime, commenta-t-il tout en commençant à marcher à reculons pour pouvoir la regarder en face. Mais je comprends que tu n'aies pas envie de répondre, et ce n'est certainement pas moi qui vais te blâmer pour ça. Chacun ses secrets, et ...
- Si c'est chacun ses secrets, alors arrête d'essayer de me connaître, coupa-t-elle avant de faire brusquement volte-face.
Sirius essaya de se convaincre que c'était seulement parce qu'ils étaient presque arrivés au bout du village et qu'ils devaient continuer à monter la garde, et non pas parce qu'elle ne voulait plus le voir.
- Pourquoi ?
- Je croyais que tu n'allais pas m'obliger à te répondre ?
- Oui mais c'est la première fois que tu me parles autant alors j'en profite.
Elle ouvrit la bouche pour répondre, outrée, avant de la refermer sans avoir proférer la moindre parole. Il lui adressa un sourire qui d'habitude lui ouvrait les bras de n'importe quelle fille un peu sensible à son charme, mais elle se contenta de lui retourner un regard complètement neutre. Il préférait largement quand elle s'énervait.
- Bon, je vois bien que tu me considères comme un goujat de la pire espèce, et j'imagine que tu as raison. Mais est-ce que ça te dirait de profiter un peu de la salle de bain des préfets ?
Elle ne répondit rien mais il vit bien qu'elle était intriguée à son froncement de sourcils.
- Quand on aura fini, on doit aller faire un rapport à Dumbledore. Après ça, personne ne se rendra compte qu'on s'attarde un peu. Je sais comment trouver le mot de passe.
Elle s'immobilisa enfin au milieu de la rue et se tourna vers lui, l'air impénétrable. Ils s'affrontèrent du regard quelques instants et il se réjouit de voir à nouveau une étincelle de vie dans ses yeux.
- Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
Il haussa les épaules, gêné. Il n'en savait foutre rien.
- Pour être sympa.
- Personne ne veut jamais être sympa avec moi.
- Peut-être parce que tu n'es sympa avec personne.
Elle ouvrit de grands yeux et pâlit, si c'était possible. Il y était sans doute allé un peu fort, mais il était temps qu'elle décide si elle comptait vivre ou seulement survivre.
- Tu es... infecte, Black, balbutia-t-elle.
- T'as pris de cours avec Lily ? C'est tout à fait son style de dire ça, commenta-t-il sans se départir de son flegme habituel.
- Tu ne sais rien de moi ! Comment est-ce que tu peux me dire ça ?
- Parce que Alice est ta seule amie ?
Cette fois, ses yeux s'emplirent de larmes. Sirius commença aussitôt à paniquer. Il entendait d'ici les remontrances de Remus : « T'es obligé de toujours être aussi désagréable, Patmol ? ».
- Merde, Ethel, je suis désolé, je...
Elle lui fit signe de se taire avant de tourner les talons. Il resta planté au milieu de la rue, soudain pris d'un désespoir sans nom alors que le froid se faisait un peu plus intense. Il regardait sa silhouette s'éloigner dans le soudain brouillard quand il comprit que quelque chose clochait. La sensation d'une présence dans son dos le fit se retourner.
Des Détraqueurs. Évidemment.
Il laissa échapper un juron avant de se mettre à courir vers les Trois Balais.
- Ethel ! cria-t-il en espérant qu'elle l'entendait malgré le vent qui hurlait. Retourne à la taverne et assure-toi que personne ne sort !
Comme il se rapprochait, il l'aperçut enfin. Elle le regardait sans comprendre. Puis son regard se porta derrière lui et un éclair de stupéfaction anima son visage d'habitude impassible. Elle hocha enfin la tête et se précipita dans le pub.
Rassuré, Sirius s'arrêta brusquement au beau milieu de la rue, pivota sur ses talons et brandit sa baguette. Cinq ou six Détraqueurs fonçaient sur lui. Un rictus étira ses lèvres alors qu'il se rappelait de la soirée qu'il avait passé au QG avec Lily et James, deux jours plus tôt. Ils avaient eu un fou rire terrible suite au récit de la rencontre d'un Sirius complètement soûl avec le sosie du Ministre de la Magie.
- Spero Patronum !
Un grand chien lumineux jaillit de sa baguette. Les Détraqueurs reculèrent alors que les échos des rires des jeunes gens semblaient raisonner aux oreilles de Sirius. Mais un cri vint troubler sa concentration et la patronus perdit de la lumière. Il y prêta à peine attention, aux aguets. Il y avait un ou plusieurs élèves dehors... il devait absolument les trouver.
Soudain, un patronus en forme d'aigle jaillit à sa gauche et fonça vers les Détraqueurs, au moment où une exclamation perçait le brouillard :
- Mais qu'est-ce que tu fous Black ? Aide-moi !
C'était la voix de Martin Ranger, l'un des poursuiveurs de Gryffondor, mais aussi le capitaine de l'équipe depuis que James était parti. Sirius se concentra à nouveau sur son patronus, qui, bien que très affaibli, grognait toujours en direction des Détraqueurs. Il retrouva de sa vigueur alors que son propriétaire dirigeait de nouveau toute son attention vers lui. L'attaque des deux patronus conjugués fit s'envoler les créatures. Le froid se fit aussitôt moins intense, le brouillard moins opaque, et Sirius vit s'avancer vers lui Anne Shirley et Martin. Le poursuiveur arborait un sourire jovial malgré l'attaque, que l'ancien batteur ne put s'empêcher de lui rendre. Anne avait l'air moins enthousiaste.
- Black, ça fait plaisir de te voir ! S'exclama Martin en lui assénant une tape dans le dos. Qu'est-ce que tu fais là ?
- C'est le bureau des Aurors qui envoie ses stagiaires surveiller vos petites sorties, mentit Sirius avec aplomb.
Martin lui adressa un regard suspicieux qui rappela à Sirius qu'il avait sans doute affaire aux énigmes de l'Ordre, sans savoir encore de quoi il retournait.
- Merci, en tout cas, reprit-il pour couper court aux interrogations du Gryffondor. J'ai entendu quelqu'un crier et je me suis un peu déconcentré.
- C'était moi, expliqua Anne d'une voix incertaine. On est sortis de chez Mme. Pieddodu et il y avait cette atmosphère...
Sirius hocha la tête, avant de relever ce qu'elle venait de dire.
- Une minute... Mme. Pieddodu ? Mais qu'est-ce que vous foutiez là-bas ? C'est le dernier endroit où je pensais vous trouver !
Ils rougirent tous les deux face au sourire sarcastique de Sirius. Anne marmonna finalement :
- Je me suis énervée à cause d'un truc stupide et on a fini par parier. Si je gagnais, on devait aller chez Mme. Pieddodu. Comme j'étais sûre de gagner et que je voulais juste l'embêter un maximum...
- C'était rose et sucré ? Interrogea Sirius en tentant de retenir un éclat de rire.
Martin gémit en même temps qu'Anne et il ne put se retenir. Son rire si caractéristique raisonna dans la rue déserte, et la porte des Trois Balais s'ouvrit soudain pour laisser apparaître Ethel. Elle s'assura que la voie était libre puis se tourna vers Sirius :
- On devrait ramener tout le monde à Poudlard.
Son ton neutre fit horreur à Sirius, mais il l'avait sans doute mérité. Il hocha donc la tête, ignora Martin qui demandait avec sarcasme si c'était une autre recrue du Bureau des Aurors, et entra dans le pub pour annoncer aux élèves que la sortie était terminée. Il jeta un regard déçu vers Ethel tandis que les étudiants sortaient par petits groupes des Trois Balais : avec l'incident, il n'aurait sans doute pas l'occasion de lui permettre de profiter de la salle de bain des préfets.
***
James sortit de la salle de bain en se frottant les cheveux avec une serviette. Aveuglé par le morceau de tissu aussi bien que par l'oubli de ses lunettes, il vacilla et se prit un mur avec un grognement. Le rire de Lily lui fit relever la tête. Il tenta de la fusiller du regard mais sa myopie rendit la chose totalement inefficace. Lily rit de plus belle et il finit par jeter sa serviette un peu au hasard en espérant qu'elle se la prendrait en pleine face. Son cri outré lui indiqua qu'il avait atteint sa cible et il ricana.
- Crétin.
- Harpie !
- Tu devrais te renouveler un peu, Potter.
- Crotte de troll ?
- Charmant.
- Tout le plaisir est pour moi.
- Comment tu peux être de si bonne humeur après avoir passé la journée à guetter dans le froid ?
Avant de répondre, James marmonna « Accio lunettes », agacé de n'avoir aucune idée d'où se trouvait Lily.
- James ? Oh... Mais qu'est-ce que tes lunettes font à voler dans le couloir ?
- Elles se rebellent. Elles vont nous assassiner dans notre sommeil et ... aïe !
L'une des branches de ses lunettes venait de frôler son œil d'un peu trop près. Lorsque son œil eut cessé de pleurer, il s'aperçut que Lily était penchée dans l'encadrement de sa porte et qu'elle se retenait visiblement de rire.
- On s'est fait attaquer par ses lunettes ?
- Ferme-la, Evans.
- Tu veux que je monte la garde près de toi cette nuit ? Au cas où elles s'en prendraient encore à toi.
- Lily, gronda-t-il.
- C'est normal d'avoir peur, James, on n'a pas tous le cran d'affronter des lun...
Il écrasa finalement sa bouche sur la sienne pour la faire taire mais son rire contenu franchit tout de même la barrière de ses lèvres. Elle glissa ses doigts dans ses cheveux et poussa un petit soupir d'aise contre ses lèvres. Il s'écarta avec un sourire satisfait et commenta :
- Je suis heureux de savoir que je suis assez irrésistible pour t'empêcher de te moquer de moi.
- Pour mon plus grand malheur, Potter. Mais j'aime bien croire que je te fais exactement le même effet.
- Ça reste à prouver.
- Tu ne paies rien pour attendre, prévint-elle. Mais d'abord, dis-moi comment était ta garde.
- Fabuleuse ! Figure-toi que les Huntington ont quatre enfants, entre neuf et deux ans, et qu'on a joué ensemble toute la journée.
- Belle façon de monter la garde, fit-elle remarquer avec une moue sceptique.
- Bien sûr que oui, je gardais un œil direct sur les enfants !
Lily secoua la tête avec un petit sourire.
- J'ignorais que tu aimais les enfants.
- Bien sûr que j'aime les enfants. Surtout quand je peux jouer avec eux.
Elle éclata de rire.
- T'es vraiment un bébé, James.
Il se contenta de sourire, heureux de passer un peu de temps avec elle. Elle se calma sous son regard sérieux et il se penchait pour l'embrasser à nouveau lorsque des pas se firent entendre dans l'escalier. Il grommela quelques imprécations mais se laissa faire lorsqu'elle le repoussa doucement.
Sirius se pointa dans le couloir, les cheveux en bataille et l'air maussade. Derrière lui se trouvait Ethel, l'air encore plus blasé que d'habitude.
- Salut ! Lança joyeusement Lily, qui semblait d'une humeur merveilleuse depuis qu'elle avait ravagé l'infirmerie en compagnie de Benjy. C'était bien ?
- Ça dépend, est-ce que tu considères qu'une attaque de Détraqueurs est une bonne chose ? Jeta Sirius avec un sourire crispé.
Il s'arrêta près de ses deux amis mais Ethel continua son chemin jusqu'à sa chambre. Lily adressa un regard inquiet à la porte qui venait de se refermer avant de se tourner vers Sirius, qui haussa les épaules.
- Elle va bien, rassure-toi. On ne s'est juste pas très bien entendu.
Elle lâcha un soupir exaspéré mais n'insista pas.
- Et toi ? S'enquit James. Ça va ?
Sirius hocha la tête puis entreprit de leur raconter sa rencontre avec Martin.
Ethel ne pipa mot pendant le dîner et monta se coucher dès que la vaisselle fut faite. Dès qu'elle fut hors de vue, Lily lança un torchon trempé à la figure de Sirius.
- Crache le morceau, qu'est-ce que tu lui as dit ?
- Eh ! Protesta-t-il. Pourquoi ce serait forcément de ma faute ?
- Parce qu'il n'y a aucune chance qu'Ethel s'en prenne à toi.
Sirius marmonna quelques mots incompréhensibles, avant d'avouer enfin ce qu'il lui avait dit. Lily se mit aussitôt à vociférer que c'était un parfait imbécile mais James plaqua sa main sur sa bouche pour la faire taire tout en l'attirant contre lui pour l'empêcher de se débattre. Quand elle renonça finalement à lui échapper, elle lui adressa un regard meurtrier qui le fit sourire mais ne le détourna pas de ce qu'il était en train de dire à Sirius :
- T'as eu raison, il est temps qu'elle réintègre le monde des vivants.
Lily le gratifia d'un coup de pied dans le tibia pour le punir de son intervention tandis que Sirius adressait un sourire complice à son meilleur ami.
- C'est ce que je me suis dit. Mais ça n'a pas eu l'air de lui plaire.
- Mmmh !
- Oui Lily ? Tu veux dire un truc ?
Elle lui balança un petit coup de coude dans le ventre en guise d'avertissement et James jugea préférable de la lâcher avant qu'elle n'y mette plus de force.
- Potter, tu vas payer, prévint-elle. Black, tu pourrais essayer de la connaître avant de lui balancer des trucs comme ça !
- N'essaie pas de me faire croire qu'elle s'est vraiment ouverte à vous cet été !
- Eh bien... pas précisément ouverte mais... elle était tout à fait amicale !
- Amicale, ça ne suffit pas par les temps qui courent, rétorqua Sirius d'un ton catégorique.
- Mais pour qui tu te prends pour dire un truc pareil ?
- Pour quelqu'un qui a vu un bébé mourir avant même d'avoir le temps de comprendre à quel point sa famille l'aimait !
Lily et James restèrent sans voix face à son éclat. Sirius, nerveux, se leva et fouilla dans un placard pour prendre la bouteille de whisky Pur-Feu que Benjy avait rangée là avant de partir.
- Sirius... bredouilla Lily, mais il la coupa aussitôt.
- Ethel n'aura pas de seconde chance. Si elle refuse de vivre pleinement sa vie maintenant, elle risque de n'en avoir jamais l'occasion.
- Tu n'en sais rien, tenta-t-elle, mais cette fois il se tourna carrément vers elle, les yeux étincelants.
- Bon sang, Lily ! Tu vis presque avec le mec que tu détestais encore il y a un peu plus d'un an ! Si ce n'est pas parce que tu as peur de ne jamais pouvoir vivre ça si jamais tu attends, alors dis-moi ce qui te pousse à faire un truc aussi improbable !
James se figea, la main posée sur le genou de Lily. Il n'y avait jamais vraiment réfléchi, trop heureux de vivre ça avec elle. Mais c'est vrai que quand on se penchait sur leur situation, et ce qu'elle était l'année précédente à la même date, c'était absurde.
- Tu n'as pas tort, commenta-t-il d'une voix égale.
Lily se crispa avant de se lever. Elle se dirigea vers les escaliers sans un mot mais s'arrêta soudain pour se tourner vers eux :
- Je refuse de croire que nos vies sont uniquement dirigées par la peur que la guerre nous arrache tout ce qu'on a, dit-elle d'une voix légèrement tremblante. On n'a pas pu... on a pas pu nous arracher comme ça notre libre-arbitre !
- C'est le contraire Lily ! Protesta Sirius. On choisit la vie plutôt que la survie ! Et c'est ce qu'Ethel se refuse à faire.
Lily le dévisagea un instant de ses yeux verts avant de porter son attention sur James, puis de nouveau sur Sirius.
- Même si c'est le cas, Sirius, tu n'avais pas le droit de lui parler comme ça.
Il émit un bruit agacé, mais Lily n'était plus là pour l'entendre. Il y eut un instant de silence dans la cuisine tandis que Sirius buvait de petites gorgées de whisky. James se racla finalement la gorge et lança d'un ton badin :
- J'imagine que ce n'est pas le meilleur moment pour te demander si je peux t'emprunter ta moto demain soir ?
Sa question arracha un sourire à Sirius, qui tira des clefs de sa poche et les lança à la figure de son meilleur ami.
- Tu te fais la malle ?
- J'emmène Lily au restaurant. Mais elle ne le sait pas, alors si tu pouvais éviter de vendre la mèche...
Sirius hocha la tête.
- Tu vois que j'ai raison : tu vis normalement. C'est ce qu'on doit tous faire.
- Ouais. C'est ce que Fenwick a dit.
Le silence s'installa, à nouveau rompu par James quelques minutes plus tard :
- Tu as peur, Patmol ?
Son meilleur ami posa lentement son verre sur la table, puis braqua son regard dans celui de son ami. Un fin sourire étira ses lèvres et il répondit simplement :
- Et toi ?
James sourit à son tour. C'était la réponse universelle de Sirius dès qu'on lui posait une question embarrassante sur ses états-d'âme. En général, c'était James qui lui permettait de s'exprimer librement.
- Je suis terrifié, dit-il simplement.
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