Partie III - Chapitre 12
Chapitre 12
Décembre arriva enfin, porté par un vent glacial venu tout droit de l'Atlantique nord. Le vieux manoir de Cornouailles n'était que courants d'air et seules quelques pièces étaient convenablement chauffées. Les membres de l'Ordre cessèrent de se battre pour pouvoir partir en mission car c'était la plupart du temps des tours de garde qui nécessitaient de rester debout dans le froid.
Il n'y eut aucune opération d'envergure pendant un certain temps, mais seulement quelques maisons et appartements surmontés de la Marque des Ténèbres. Cependant, les attaques des Mangemorts n'avaient jamais abouti grâce à la vigilance de l'Ordre – à une exception près.
Sirius était de garde ce soir-là. La Marque des Ténèbres était apparue deux jours plus tôt au-dessus de la maison d'un employé du Ministère, malheureusement pas assez important pour qu'on envoie des Aurors diplômés. Quand trois Mangemorts avaient débarqué, il avait fait tout ce qu'il avait pu. Mais quand ils avaient brusquement transplané, il avait compris que quelque chose clochait. Il était entré. Le père de famille était étendu au milieu de l'entrée, les yeux grands ouverts. Dans l'escalier se trouvait le corps de sa femme. Sirius, malgré la nausée qui l'avait saisi, était monté à l'étage. Le couple avait trois enfants. Avec un peu de chance... Mais la chance n'était pas de sortie cette nuit-là. Ils les avaient tués sans état d'âme. Les deux filles et le bébé.
Il ne s'était même pas réveillé. Sirius s'était approché dans l'espoir insensé que les Mangemorts n'aient pas vu le berceau. Mais aucun souffle ne s'échappait plus de la minuscule bouche du bébé. Sirius avait contemplé le berceau pendant un long moment, glacé jusqu'à l'âme.
James l'avait retrouvé deux jours plus tard dans un bar de Londres qu'ils avaient pas mal fréquenté, ivre mort.
Appuyé contre la fenêtre de l'infirmerie où Lily régnait à présent en maître, Sirius ressassait ces événements. Il fixait le lointain, le regard dur.
- Sirius ?
Il se tourna vers Lily, qui agita la main vers son armoire sans se retourner.
- Tu veux bien m'attraper un œil de crapaud s'il-te-plaît ?
- Charmant.
- Je n'essaie pas d'être charmante, j'essaie de faire cette satanée potion que je rate depuis une semaine.
- C'est pour quoi déjà ?
- Te faire repousser un doigt si tu le perds autrement qu'à cause d'un sort.
Il lui tendit le bocal avec les yeux de crapaud et s'appuya sur la table sur laquelle elle travaillait.
- Sérieusement ?
- Ouais. Mais ne t'avise pas de te trancher un orteil juste pour tester !
Il eut un petit sourire avant de poursuivre :
- Donc ça veut dire que je peux jouer à trancher les membres de quelqu'un pour les lui faire repousser ensuite et recommencer inlassablement ?
Lily cessa de mélanger sa potion dans le sens des aiguilles d'une montre et le fixa, une expression grave sur le visage.
- Ne plaisante pas avec ça.
- Qui a dit que je plaisantais ?
- Oh par Merlin, gémit Lily avant de recommencer à mélanger sa potion. J'ai hâte que James revienne.
- Pour me gérer ?
- Pour gérer tes humeurs.
- Oh allez Lily, je sais que tu adores mes humeurs.
- Non. Je ne comprends jamais si tu plaisantes ou pas.
- C'est parce que tu es totalement dépourvue de sens de l'humour.
- Menteur. Je sais que je te fais rire.
- Parce que tu as toujours des réactions ridicules !
Elle le fusilla du regard et il se mit à rire. Elle s'autorisa un sourire tout en tournant sa cuillère en bois trois fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, puis encore une fois dans l'autre sens.
- Qui te dit que je ne le fais pas exprès pour te faire rire ?
- Alors tu serais très douée.
- Je suis très douée.
- Hmm, James déteindrait-il sur toi ?
- Non, j'essaie juste de l'imiter pour survivre à ma cohabitation forcée avec toi. Merlin ! Pourquoi est-ce que ce n'est pas vert pomme ?
Cette fois, Sirius partit d'un grand rire qui lui fit du bien. Il n'avait pas ri de la sorte depuis presque deux semaines.
Lily marmonna encore quelques jurons avant de le fusiller du regard.
- Je te jetterais bien dehors mais je sais que c'est un des seuls endroits de ce satané manoir où il fait une température normale, alors je vais être sympa. Tu as le droit de rester, mais ferme-la.
- Trop aimable, railla-t-il. Dis-moi, tu jures beaucoup ces temps-ci.
Lily vida le contenu de son chaudron avec sa baguette d'un geste trop brusque et la potion atterrit à moitié par terre. Elle la fusilla du regard, agita sa baguette plus doucement puis se tourna vers Sirius pour marmonner :
- Parce que j'en ai marre d'être enfermée ici.
- Oh allez, Lily, s'exclama-t-il gentiment, tu as la chance de pouvoir profiter de ma compagnie aujourd'hui !
Elle s'efforça de lui sourire.
- J'imagine que plus d'une fille tuerait pour être à ma place, hein ?
- Exactement.
- Sauf que je n'ai aucune envie de faire avec toi ce qu'elles s'empresseraient toutes d'essayer d'obtenir.
Il haussa un sourcil amusé.
- Tu peux être plus explicite Lily ? Tu fais des circonvolutions alors je ne comprends pas un traître mot de ce que tu racontes.
Elle rougit et le fusilla du regard alors qu'il éclatait de nouveau de rire.
- Par ailleurs, je suis très vexé que tu ne me trouves pas à ton goût. Je peux savoir ce que James a de plus que moi ?
- Ce n'est pas un crétin, rétorqua-t-elle.
- Tss tss, Lily, c'est mal de mentir. Je pense que le nombre de fois où tu l'as traité de crétin s'élève approximativement à 1356. Plus ou moins.
Après lui avoir adressé une grimace offusquée, elle se détourna pour se replonger dans son livre de potions. Sirius allait retourner à sa contemplation du paysage avec un ricanement amusé lorsque Lily l'appela à nouveau.
- Eh Sirius ?
- Ouais ?
- Je suis contente de profiter de ta compagnie.
Il ne put s'empêcher de sourire et s'assit près de la fenêtre avec des idées un peu moins noires.
***
Lily se replongea dans sa potion, légèrement calmée par sa joute verbale avec Sirius. Alors que sa mixture prenait enfin la bonne couleur, la porte s'ouvrit avec fracas et Benjy Fenwick fit son apparition. Lily le connaissait à peine, et n'eut pas envie d'approfondir ses relations avec le personnage quand il ne lui rendit pas sa salutation. Elle se concentra à nouveau sur sa potion en grommelant, non sans écouter la conversation de Fenwick et Sirius.
- Il me faut une personne supplémentaire pour surveiller la sortie à Pré-au-Lard de Poudlard samedi, ça te tente ? C'est la meilleure mission de l'année, crois-moi.
Sirius s'empressa de sauter sur l'occasion mais il ne parvint pas à obtenir le nom de la personne qui allait l'accompagner. Alors que Lily pensait que Fenwick allait sortir, il s'adressa soudain à elle.
- Eh Evans, tu seras là samedi ?
Elle fut si surprise qu'elle fit tomber trop de crochets de serpents dans la potion en se tournant vers lui.
- Où veux-tu que je sois ? Bougonna-t-elle tout en essayant vainement de récupérer les crochets en trop.
- Parfait. On a des trucs à se dire, toi et moi.
- Ah oui ?
- Ouais. Bon, je reste ici ce soir et je me dévoue pour faire la cuisine, qu'est-ce que vous voulez manger ?
- De la soupe, s'empressa de répondre Lily.
- Quoi ? Protesta Sirius. Non ! De la viande ! Un truc qui tient chaud !
Lily renonça finalement à sauver sa potion pour se lancer dans le débat.
Sirius fit une simple patrouille avant la fin de la semaine puis partit le samedi pour Pré-au-Lard en compagnie d'Ethel. Lily avait bien failli avoir un fou-rire lorsqu'ils avaient découvert qu'ils allaient monter la garde ensemble. C'était quelque chose qui ne s'était encore jamais produit.
Restée seule, Lily attendit que Benjy se pointe avec appréhension. Elle avait terriblement peur de se faire virer de l'Ordre, même si elle ne voyait pas pourquoi ce serait Fenwick qui serait chargé de l'en informer. James, qui était passé la veille, l'avait assurée qu'elle était stupide de penser une telle chose.
Il arriva alors qu'elle était en train de régler le feu sous son chaudron.
- Tu tombes à point, Fenwick, commenta-t-elle d'une voix qu'elle espérait égale. Il faut que je laisse cette potion chauffer pendant deux heures donc tu as toute mon attention... Quoi que tu aies à me dire.
- Prend pas cet air si solennel, Evans. C'est Maugrey qui m'envoie.
- Oh... C'est toi alors ? Enfin, je veux dire, il m'a dit qu'il m'enverrait quelqu'un et...
- Ouais, c'est moi. Assieds-toi, j'ai des trucs à te raconter.
Lily s'exécuta avec appréhension. D'après ce qu'elle avait pu constater, Benjy n'était ni le plus doux, ni le plus compréhensif des hommes.
- Il paraît qu'on a des pulsions dangereuses, Evans, commenta-t-il en s'appuyant contre une table.
Ses doigts tapotaient sur le bois en un bruit agaçant qui fit prendre conscience à Lily qu'il était sans doute aussi nerveux qu'elle. Cette constatation réussit à la faire taire alors qu'en temps normal sa remarque l'aurait agacée.
- Plus ou moins.
- Laisse-moi te raconter un truc, Lily.
Il prit une profonde inspiration, avant de commencer son récit.
- Pendant les vacances d'été, après avoir quitté Poudlard, je suis parti en voyage avec mes parents. C'était à Édimbourg. Trois jours après notre arrivée, des Mangemorts ont attaqué le centre-ville. Mes parents se sont défendus, mais ils se sont acharnés sur eux puisque nous faisions partie des rares sorciers qui se trouvaient là. J'ai voulu les aider mais mon père s'est arrangé pour m'obliger à me cacher. Il m'a stupéfixé juste avant que les Mangemorts n'arrivent et je n'ai rien pu faire pendant qu'ils assassinaient mes parents. Oh, et puis ils ne se sont pas contentés de leur lancer un Avada Kedavra, non. Ils leur ont jeté suffisamment de sortilèges de découpe pour qu'ils finissent par se vider de leur sang sur le pavé. Je les ai regardé agoniser là, Evans. Quand les Aurors ont fini par arriver, ils étaient morts. Ils m'ont trouvé et je me suis laissé emmener. Il y a eu tout un tas de cérémonies d'hommage aux victimes, j'ai serré des tonnes de main, mais jamais personne ne m'a dit que justice serait faite.
Il leva ses yeux noirs, jusqu'alors dirigés vers le sol, vers Lily. Les traits crispés, il reprit :
- J'ai décidé de les venger moi-même. J'ai abandonné tous mes projets d'études et j'ai traqué les Mangemorts qui avaient tué mes parents. Un Mangemort en particulier, en fait. Il est resté seul, après que mes parents ont été mis hors d'état de nuire, et les a tués. Lucas Baldwin.
Il cracha le nom avec tellement de haine que Lily frémit.
- Il m'a fallu un an pour le trouver et le coincer. Je l'ai amené dans la maison de mes parents. Il n'avait aucune idée de qui j'étais, ni de ce qu'il avait fait à ma famille. J'ai voulu le tuer proprement, mais je n'ai pas réussi à utiliser un Sortilège Impardonnable. Tu sais sans doute que ça requiert une énorme force magique. En fait, je pense que j'aurais pu le faire, mais que je voulais qu'il souffre. Alors je l'ai égorgé assez lentement pour voir la vie quitter ses yeux.
Lily blêmit mais elle ne dit rien. Benjy soutint son regard quelques instants avant de porter son attention sur la fenêtre et le paysage tourmenté par l'hiver. Il reprit d'une voix plus assurée :
- J'ai passé trois mois à Azkaban : c'est le temps qu'il a fallu à Dumbledore pour réussir à m'en faire sortir. Aujourd'hui encore j'ignore comment il a fait. J'imagine que le Ministère est tellement désespéré qu'il ferait n'importe quoi pour plaire au chef de l'Ordre du Phénix. J'ai passé l'année suivante à suivre Maugrey, qui me prenait pour un fou furieux. Il a fini par changer d'avis quand j'ai prouvé que j'étais capable de me contrôler.
Il cessa finalement de parler et Lily se racla la gorge pour demander :
- Et comment tu as fait ? Pour te contrôler ?
Il haussa un sourcil tandis qu'un petit sourire sans joie étirait ses lèvres.
- Je te dis que j'ai tué un homme de sang-froid et c'est tout ce que tu me demandes ?
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? Que je te crache dessus ?
- Par exemple. Ou tu pourrais t'enfuir en hurlant.
Elle se contenta de hausser les épaules puis croisa ses bras sur sa poitrine en attendant sa réponse.
- Eh bien... d'abord, sache que si tu fais la même erreur que moi un jour, ça te poursuivra toute ta vie.
- Je n'ai pas tué quelqu'un, rappela-t-elle.
- Oh allez, Evans. N'essaie pas de me faire croire que tu n'as pas souhaité sa mort.
- Qu'il souffre, oui. Mais pas qu'il...
Elle s'interrompit brusquement, les lèvres pincées. Quand elle s'était lancée à la poursuite de Yaxley, elle avait aperçu les corps des enfants disloqués par l'explosion.
- Ok, d'accord, j'ai voulu sa mort, avoua-t-elle finalement d'un ton ferme.
Les lèvres de Benjy frémirent à nouveau en l'ombre d'un sourire puis il reprit :
- Crois-moi, ce n'est jamais la bonne solution. Surtout avec l'Ordre. J'ai gâché un an de ma vie à courir après Baldwin, et ça m'a presque détruit.
- N'essaie pas de me faire croire que ça ne t'a pas fait du bien de te venger, ironisa Lily en l'imitant.
Elle avait très bien capté l'éclair narquois dans ses yeux.
- T'es plus maligne que t'en as l'air, Evans.
- La ferme Fenwick. Tu m'aides pas vraiment là.
- Regarde-moi, Evans ! T'as envie de devenir un sociopathe cynique comme moi ? S'exclama-t-il en écartant les bras.
- Tu t'es défini tout seul comme ça ?
- Non, c'est Vance qui m'a balancé ça une fois, mais c'est plutôt juste. Crois-moi, ça gâchera ta vie.
Lily le considéra d'un air sceptique.
- Et c'est censé m'aider à me contrôler quand je retomberai sur ce satané bâtard de Yaxley ou que j'assisterai à n'importe quelle autre horreur ?
Il prit le temps de la réflexion avant se rapprocher d'elle, les mains dans les poches.
- Est-ce que tu t'es déjà défoulée, Evans, depuis que c'est arrivé ?
- Comment ça ?
- Est-ce que tu es toujours autant en colère ?
Elle ne prit même pas le temps de la réflexion pour lui répondre :
- Encore plus.
- Très bien. Alors, je te laisse deux options : soit tu me frappes jusqu'à ce que tu te sentes mieux, soit tu brises tout ce qu'il y a dans cette pièce et je les réparerai jusqu'à ce que tu en aies assez.
- Il est hors de question que je fasse l'un ou l'autre ! Protesta-t-elle horrifiée.
- Crois-moi, tu en as besoin.
- Qu'est-ce que tu en sais, Fenwick ?
- J'ai détruit le bureau de Dumbledore quand il m'a sorti d'Azkaban. Ensuite, j'ai tabassé un mec parce qu'il m'avait bousculé dans un bar. Mais je pense que tu n'auras pas besoin d'autant. Après tout, ce n'était pas tes parents. Et t'es vraiment très frêle.
Lily, piquée au vif, se leva d'un bond. Benjy se tendit, comme s'il se préparait à se faire frapper, mais elle se détourna pour attraper un bocal vide. Les yeux fixés dans ceux de Fenwick, elle le jeta violemment contre le mur. Le bruit du verre qui éclate lui rappela les vitres brisées de l'école et elle sentit toute sa haine pour Yaxley refaire surface.
Un petit sourire apparut sur le visage de Fenwick, qui semblait lire dans ses pensées. Il tendit sa baguette vers le bocal brisé, qui revint sur la table, intacte, à portée de main de Lily. Elle s'empressa de le jeter à nouveau contre le mur avec encore plus de violence.
- Ouah.
Benjy lui tendit un verre de whisky Pur-Feu qu'elle accepta sans broncher. Elle faillit s'étouffer rien qu'en y trempant ses lèvres mais cela lui fit malgré tout du bien. Pendant qu'elle sirotait son verre, Benjy remit l'infirmerie en état. D'un coup de baguette magique, il remit sur pied les lits brisés et les chaises brûlées. Lily n'osait pas regarder. Elle se sentait honteuse maintenant que toute sa colère s'était apaisée. Néanmoins, elle se sentait réellement mieux.
Lorsqu'il eut terminé, il vint se rasseoir près d'elle et se servit à son tour à verre.
- Si tu pouvais éviter de parler de ce que je t'ai raconté, ça m'arrangerait, lança-t-il. Seuls Maugrey, Dumbledore et Emmeline sont au courant.
- Bien sûr. Merci, Benjy.
Il lui sourit avant de trinquer avec elle.
- Je ne pensais pas qu'une si petite chose pouvait contenir autant de force.
Elle lui donna un coup d'épaule pour le chahuter un peu, surprise de se trouver soudain proche de cet homme qu'elle connaissait à peine une heure plus tôt.
- Tu t'es déjà retrouvé face à d'autres Mangemorts qui faisaient partie de l'attaque ?
Il hocha sombrement la tête et avala une gorgée de whisky avant de répondre.
- Ouais.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
- J'ai beaucoup hurlé et juré, mais je me suis contenté de jeter des stupéfix et d'autres sorts inoffensifs du genre.
- Je ne suis pas sûre d'être capable de faire la même chose face à Yaxley.
- Alors laisse la place à quelqu'un d'autre. Mais ce serait une bonne chose que tu réussisses à l'affronter sans lui arracher un bras, comme tu l'as fait avec ce pauvre fauteuil.
Elle eut un sourire sans joie face à sa blague.
- Pourquoi ce serait si bien ?
- Parce que tu seras heureuse d'avoir pu faire quelque chose de juste sans y avoir perdu ton humanité entre temps.
Benjy fixait son verre d'un air absent qui donna envie à Lily de lui prendre toutes ses souffrances pour les porter à sa place.
- L'arrêter, c'est ça ? Le faire juger pour ses crimes ?
- C'est ce qu'il y a de mieux à faire, Lily. Ne deviens pas comme eux, c'est le plus important.
- Tu n'es pas comme eux, dit-elle doucement.
- Bien sûr que si. Je suis simplement du bon côté. Ne sacrifie pas ta vie pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine. Tu seras bien plus heureuse une fois qu'il sera en prison plutôt qu'avec son sang sur tes mains.
Une rafale de vent fit trembler les vitres. Benjy se leva soudain en remarquant que le ciel s'était considérablement assombri et il vida cul-sec son verre, sous le regard sidéré de Lily.
- Il faut que j'y aille. J'ai promis à Emmeline de l'emmener dîner.
- Vous allez dîner en ville par les temps qui courent ? S'étonna Lily en le suivant dans le couloir, son verre à la main.
Il s'arrêta en haut des escaliers et se retourna pour lui adresser un regard grave.
- Bien sûr que oui. On ne vous a jamais demandé de cesser de vivre quand vous avez intégré l'Ordre. Je t'assure que la vie est bien trop incertaine ces temps-ci pour qu'on la perde à se terrer chez soi.
- Bien parlé ! S'exclama une voix joyeuse dans l'escalier.
Lily se haussa sur la pointe des pieds pour voir par-dessus l'épaule de Benjy et adressa un grand sourire à James.
- Salut Fenwick, lança-t-il joyeusement en montant les dernières marches pour les rejoindre.
Il passa devant le jeune homme puis plaqua un baiser sur les lèvres de Lily.
- Lily-Jolie, salua-t-il sobrement, les yeux pétillants.
- T'es de beaucoup trop bonne humeur, Potter, commenta Benjy.
- T'as raison, lança Lily avant que James n'ait pu répondre, t'es vraiment cynique.
- N'est-ce pas ? Allez, je vous laisse les amoureux. Lily, fais attention à toi. Bonne soirée.
- Bonne soirée !
- Est-ce que c'est du whisky dans ton verre, Lily ? Fenwick te débauche ? Qu'est-ce qu'il fichait ici, d'abord ?
- C'est lui que Maugrey m'a envoyé, expliqua-t-elle simplement. Eh, pas touche à mon verre !
Un sourire irrésistible sur les lèvres, James avala une gorgée de whisky.
- Pas mauvais, commenta-t-il alors qu'elle récupérait son bien après lui avoir asséné une petite tape sur la main. Je ne savais même pas qu'on en avait ici. Il t'a aidée ?
- J'en sais rien, répondit-elle après un moment de réflexion. On verra le moment venu.
Il haussa un sourcil mais elle secoua la tête.
- Je suis désolée, je lui ai promis de ne pas révéler ce qu'il m'a dit.
- Oh. Il est resté longtemps ?
- Un certain temps, répondit vaguement Lily en retournant vers l'infirmerie.
- Je dois être jaloux ?
Elle éclata d'un rire léger, ce qui ne lui était pas arrivé depuis une éternité, et posa son verre par terre avant de faire volte-face pour courir vers James. Il la réceptionna avec un sourire et elle l'embrassa tendrement.
- Tu sais bien que non.
Il tenta de la garder contre lui mais Lily ne tarda pas à se dégager.
- Eh, James, tu ne devineras jamais ce que Benjy m'a fait faire.
- Je commence vraiment à devenir jaloux, Lily. Et je croyais que tu ne pouvais pas me dire ?
- Ce qu'il m'a raconté, oui. Mais pas ce que j'ai fait !
Elle lui adressa un grand sourire et annonça fièrement :
- J'ai détruit l'infirmerie !
Il ouvrit de grands yeux, jeta un coup d'œilinquiet à la pièce en question, considéra l'air ravi de Lily, puis éclata derire.
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