Partie III - Chapitre 1
Chapitre premier
Le silence régnait dans les couloirs du Ministère de la Magie – le Snargalouf, comme l'appelaient les Aurors. Les jeunes recrues de l'Ordre n'avaient toujours pas réussi à déterminer d'où venait ce surnom, même si la présence d'Alastor Maugrey pouvait expliquer le rapport avec la plante carnivore.
Sirius Black était bien loin de toutes ces considérations. Après trois mois passés dans ces bas-fonds de Londres, qu'on appelait le Ministère alors que ce n'était même pas situé au même endroit que les bureaux, il avait cessé de se poser la question pour se contenter du Snargalouf, comme tout le monde. Il se déplaçait à pas de loup dans les couloirs sombres, sa baguette à la main. Il se figea soudain, persuadé d'avoir entendu quelque chose. Après un instant d'immobilité, il se détendit et reprit son chemin. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Sirius Black n'était pas en mission. Il ne craignait pas d'adversaires, pas plus qu'il n'était en chemin pour aller chercher des pâtisseries – il faut dire que les cuisines du Snargalouf ne valaient pas celles de Poudlard. Le sourire mutin qui étirait ses lèvres démentait ces hypothèses.
Ce même sourire s'agrandit lorsqu'il atteignit son but. Ravi, il posa sa main sur la poignée de la porte devant laquelle il se trouvait et la tourna doucement. Il remercia intérieurement les elfes de maison qui huilaient si consciencieusement les gonds et poussa le battant. On ne voyait rien à l'intérieur de la pièce, mais Sirius n'eut aucun mal à s'orienter. Chaque chambre était disposée exactement de la même façon, ce malgré la volonté des occupants – James avait essayé d'intervertir son lit et son armoire pour une quelconque raison absurde, mais son lit avait décidé de revenir à sa place, sans tenir compte du fait que James se trouvait sur son chemin.
Sirius se dirigea donc sans hésiter vers sa gauche, fit deux pas et s'arrêta juste au bord du lit. Il distinguait à peine l'occupant, mais il l'entendait ronfler légèrement. Tout en se demandant ce que Lily pouvait bien penser de ce tapage nocturne, il se pencha vers la tignasse brune qu'il savait se trouver sur l'oreiller, posa sa baguette sur sa gorge, prit une profonde inspiration... et beugla aussi fort qu'il put :
- VIGILANCE CONSTANTE !
- AAAAAH !!
Sirius éclata de rire en entendant le cri de terreur de James et il s'échappa avant que son meilleur ami n'ait pu reprendre contenance. Mais il riait tellement qu'il dut s'arrêter au milieu du couloir, le cri suraigu de James résonnant encore à ses oreilles. Écroulé de rire contre un mur, il ne s'aperçut même que toutes les lumières s'étaient allumées et que des sorciers et sorcières de fort mauvais poil sortaient à présent de leur chambre.
- Qu'est-ce que c'était ?
- Alastor est là ?
- On nous attaque ? Qui nous attaque ? On va mourir ?
Ces dernières interrogations étaient le fruit de Peter Pettigrow, qui venait de sortir en trombe de sa chambre, tellement paniqué qu'il avait emmêlé sa baguette dans la ceinture de sa robe de chambre. Remus Lupin, dont seule la tête dépassait de l'encadrement de sa porte, bailla à s'en décrocher la mâchoire et marmonna :
- C'est seulement Sirius.
A quoi Jenny Halloway, qui parcourait le couloir à grands pas furieux, répondit en beuglant :
- Je vais le tuer ! Il est six heures du matin, bon sang ! Où est cet imbécile ?
- C'est le gros tas qui se bidonne, indiqua Alice MacMillan, qui semblait bien décidée à donner un coup de pied dans le dit gros tas.
Mais avant que Sirius n'ait eu le temps de se faire massacrer, une porte claqua contre le mur et James Potter, vêtu de ses plus beaux caleçon et t-shirt, fit irruption dans le couloir.
- Patmol, je vais t'étriper !
Jenny s'arrêta dans sa course vengeresse et soupira profondément alors que James se jetait sur Sirius. Malheureusement pour Potter, sept ans de vie commune avaient enseigné à Sirius certains réflexes. Il s'échappa juste à temps et James s'étala sur le sol de pierre avec un bruit mat, couvert par les hurlements de rire de Sirius. Jenny pinça les lèvres face à ce spectacle puis fit volte-face.
- Ils me fatiguent...mais ils me fatiguent !
Alice considéra la situation pendant quelques secondes, ses courts cheveux blonds hérissés en piques au-dessus de son crâne, et secoua finalement la tête avant de regagner sa chambre. Quant à Peter, il considéra ses amis d'un air hébété pendant quelques instants encore. Sirius ouvrit la porte qui menait aux escaliers, pourchassé par James, et ils disparurent. Le petit blond décida donc qu'il était temps de retourner se coucher, même s'il doutait de pouvoir dormir à cause du bruit que faisaient les deux garçons.
Sirius monta les escaliers quatre à quatre, le souffle court tant il riait. De derrière lui parvenaient des flots de jurons continus.
- Je pensais pas qu'autant d'obscénités pouvaient sortir de ta bouche, haleta-t-il alors qu'il parvenait enfin à l'étage.
- Espèce de...
La fin de la phrase de James se perdit dans le claquement de la porte que Sirius venait d'ouvrir à la volée. Il s'arrêta de l'autre côté du palier, les mains sur les hanches, et commença :
- Tu n'oseras pas...
- Si tu savais comme je m'en fous, rétorqua James, le souffle court, avant de se jeter sur lui.
Il atteignit son but, cette fois-ci, et les deux garçons roulèrent sur le sol. Sirius expulsa James quelques mètres plus loin grâce un sortilège et évita de justesse d'être désarmé. Mais le sortilège du Repoustout qui suivit l'envoya au tapis. Lorsqu'il reprit ses esprits, quelques secondes plus tard, James se tenait au-dessus de lui, deux baguettes pointées sur son visage. Il jura et un grand sourire étira les lèvres de son meilleur ami.
- Alors, Patmol, on a cru qu'on pouvait tenir tête au grand et merveilleux Potter ?
Pour toute réponse, Sirius lui balança un coup de pied dans le tibia. James poussa un cri de douleur et son agresseur roula sur le côté. Il allait se jeter sur James pour récupérer sa baguette lorsqu'il se retrouva soudain pendu par la cheville. La situation aurait été presque normale si Cornedrue ne s'était pas trouvé exactement dans la même situation que lui.
- Je ne vous remercierai jamais assez de m'avoir appris ce sortilège, commenta une voix grave mais enjouée.
- Et j'en voudrai à James pour le restant de mes jours pour avoir eu une idée pareille, marmonna Sirius.
- Eh, il avait l'air sympa au début !
- Parce que je n'en ai plus l'air ?
Un géant roux s'avançait vers eux, un grand sourire narquois sur les lèvres. Il faisait à peu près la même taille que les deux garçons mais il était beaucoup plus imposant.
- Comment te dire, cher Fabian, que tu es mon pire cauchemar ? Rétorqua James avec un sourire angélique.
Fabian Prewett éclata de rire, de ce rire qui n'appartenait qu'à lui et à son frère, Gideon. Un rire à faire trembler les fondations de Londres et à réveiller toutes les personnes qui dormaient dans le bâtiment – si les deux garçons ne l'avaient pas déjà fait.
- N'essaie pas de me faire croire ça, Potter, on sait tous qui est ton pire cauchemar.
Il s'approcha de James, sérieux, et, à quelques millimètres seulement de son visage, beugla :
- VIGILANCE CONSTANTE !
Sirius éclata de rire alors que James grimaçait.
- Bon, on peut arrêter la blague ?
- Non, c'est beaucoup trop drôle, se bidonna Fabian avant de taper dans la main de Sirius.
- Je n'ai pas peur de Maugrey ! Et est-ce qu'on peut redescendre s'il-te-plaît ?
Fabian donna un négligeant coup de baguette et les deux garçons tombèrent sur le sol dans un bruit sourd.
- Aïe, commenta Sirius.
- Un peu de délicatesse serait la bienvenue, marmonna James en retour.
- Tss tss... Je me demande comment vous allez survivre à cette journée, railla Fabian. Vous n'avez pas encore compris qu'on est plus à Poudlard ? Ici je suis le roi et je peux faire ce que je veux !
- Seulement quand les autres ne sont pas là ! Protesta Sirius et en se relevant.
Il repoussa James, qui était en train de se redresser, et adressa un grand sourire à Fabian. Celui-ci ne releva même pas sa dernière remarque : dès qu'il s'agissait d'embêter James, il était sur le coup.
Mais James ne comptait pas se laisser faire aussi facilement. Il attrapa le pied de Sirius et le tira brusquement en arrière. Sirius bascula tête la première et s'écrasa sur le sol, sous les ricanements de James. Ce dernier se releva d'un bond et partit comme une flèche vers l'escalier.
- Cours toujours, Potter ! Lui cria Fabian. Tu ne pourras pas échapper à Alastor !
- Par toutes les goules des cinq enfers, hurla-t-il en retour, JE N'AI PAS PEUR DE MAUGREY !
Il descendit les escaliers sans attendre son reste, la baguette de Sirius toujours à la main. Un cri lui parvint, signe que Sirius avait enfin remarqué ce léger détail, et un sourire moqueur éclaira le visage de James alors qu'il pénétrait dans le couloir où se trouvaient les chambres des nouvelles recrues. Il courut vers une porte du fond et entra sans frapper.
- Salut Jenny !
La blonde, qui lisait dans son lit, sursauta et porta la main à son cœur.
- Bon sang, Potter ! Tu peux arrêter de faire ce genre de choses ? On frappe chez les gens avant d'entrer !
- Pas le temps ! Faut que je cache la baguette de Sirius.
Il ouvrit en grand l'armoire qui se trouvait dans un coin de la pièce, sans tenir compte des protestations de Jenny, et fourra la baguette de son ami dans un tiroir au hasard.
- Cornedrue !
Il jura, ferma le meuble et se cacha derrière la porte. Il était moins une, car Sirius entra à son tour.
- Oh, salut Jenny.
- Vous êtes épuisants, constata-t-elle, sidérée. C'est ma chambre ! MA chambre !
- Ouais, mais c'est ma baguette. Dis-moi où il la mise et je m'en vais.
James, derrière la porte, pria pour qu'elle ne dise rien. Malheureusement pour lui, il était allé au bout de la patience de Jenny.
- Dans l'armoire. Et James, tire-toi.
- Il est encore là ?
James perçut la note de joie intense de la voix de Sirius et il gémit intérieurement, juste avant que Patmol ne ferme la porte, un grand sourire sur le visage.
- Laisse-moi le temps de récupérer ma baguette, Potter, et on fera ça à la loyale.
- Mais faites-donc, très cher, faites-donc, rétorqua James, comme s'il était tout à fait normal qu'il se cache derrière une porte.
Sirius se retourna donc pour s'exécuter et James en profita pour filer.
- Allez, Cornedrue ! Bats-toi ! Cria Sirius depuis le pas de la porte de Jenny, qui avait enfin réussi à le mettre dehors.
- Pas contre un avorton de ton espèce ! Répliqua James en tournant la tête vers son meilleur ami, tout en continuant à courir vers le bout du couloir.
Mal lui en prit, car il rentra de plein fouet dans ce qui aurait très bien pu être un mur de béton. Il ne s'agissait en fait que de Fabian, qui se tenait au milieu du couloir, les mains sur les hanches.
- C'est toi l'avorton, Potter.
- Oh, Fabian ? Encore là ?
- Ouais. Fini la rigolade, maintenant. Une dure journée vous attend.
James plissa les yeux pour l'observer.
- Tu caches quelque chose. Tu ne dis jamais ce genre de choses, d'habitude.
- Mais là je suis le seul à pouvoir faire régner l'ordre, alors il faut bien que je le fasse.
James faillit le croire. Mais Fabian était incapable de rester sérieux plus d'une minute : il tentait vainement de réprimer un sourire.
C'était trop tard pour James : il sentit un sortilège l'atteindre et aussitôt ses oreilles se mirent à bouger dans tous les sens. Fabian et Sirius, quelque part derrière eux, éclatèrent de rire. James poussa un cri de rage et plaqua ses mains sur ses oreilles avant de faire volte-face.
- Patmol ! Arrête ça !
- Oh non, mon vieux, c'est beaucoup trop drôle !
James soupira profondément, libéra un instant ses oreilles pour prendre sa baguette, et la pointa sur Sirius. Celui-ci poussa un cri et plaqua sa main sur sa bouche, alors que ses dents commençaient à prendre des proportions démesurées. Ce retournement de situation redoubla l'hilarité de Fabian et James en profita pour regagner sa chambre, où il comptait bien rester jusqu'à ce que ses oreilles cessent de s'agiter.
***
- Salut Halloway !
- Ne m'appelle pas comme ça. Et puis ne me parle pas, je n'ai aucune envie de te voir.
James leva les yeux au ciel, les mains enfoncées dans ses poches. Il s'assit sur le bord de la table qui se trouvait au milieu de la petite pièce aux murs jaunes. Il était plus que ravi de savoir que c'était une des dernières fois qu'il mettait les pieds dans cet endroit : c'était la salle où les jeunes recrues de l'Ordre avait pris leurs repas durant les trois derniers mois. James en avait plus qu'assez.
- Tu m'en veux quand même pas parce qu'on t'a réveillée un peu plus tôt que d'habitude ? Reprit-il. C'était même pas ma faute !
- Ferme-la Potter, rétorqua Jenny, dans une parfaite imitation de Lily.
Un petit sourire étira alors les lèvres de James et Sirius, qui arrivait vers eux, lâcha un soupir excédé.
- Merci beaucoup Jenny ! Tu l'as lilyfié !
- Quoi ? Mais je croyais qu'il avait arrêté !
- Tu sais, c'est dur de lâcher ce genre de choses.
- Patmol, je te retiens, lança alors une voix de l'autre côté de la pièce dans laquelle les trois jeunes gens se trouvaient.
Sirius se retourna vers le nouveau venu et lui adressa un sourire innocent.
- Mais que t'ai-je donc fait, cher Remus ?
- Tu le sais très bien. Tout ça pour finir avec des dents d'un mètre de long... C'était bien la peine.
Sirius s'étouffa avec sa salive alors que Jenny poussait un cri de joie.
- Un mètre ? Mais pourquoi personne ne nous a prévenus ?
- Fabian a eu un de ses rares élans de bonté, expliqua Remus tout en tapant dans le dos de Sirius.
- C'est Fabian qui a balancé ? Hoqueta son ami.
- Ouais. Mais je sais aussi que les oreilles de James ont bougé pendant au moins deux heures.
Sirius répondit par un ricanement alors que Jenny se mettait à rire. Quant à James, il n'entendit même pas qu'on parlait de lui. Remarquant cela, Remus fronça les sourcils.
- Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Jenny a eu l'excellente idée de lui balancer un « Ferme-la Potter » dans le plus pur style Evans.
- Je vois, rit Remus. Lilyfié, donc.
Sirius hocha gravement la tête alors que les deux autres se mettaient à rire. Ils avaient inventé le terme au cours de l'été, lorsqu'ils s'étaient aperçus que James décrochait complètement de la réalité dès qu'il était question de Lily. Il n'y avait que deux moyens de le faire revenir : un verre d'eau dans la figure, ou un beuglement de Maugrey. Peut-être y en avait-il d'autre, mais Sirius était trop heureux d'avoir un prétexte pour arroser James pour chercher autre chose.
L'arrivée imminente de l'Auror sauva James d'une douche, et lui permit de profiter un peu plus de ses douces rêveries. Il ne s'aperçut même pas de l'arrivée de Peter et Alice, et pas plus que de celle de Benjy Fenwick et Emmeline Vance. Ce n'est que lorsque Maugrey entra enfin qu'il sursauta et revint brusquement à la réalité. Sirius, qui se tenait près de lui, étouffa un ricanement.
- Il te terrifie vraiment.
- La ferme ! Ça fait combien de temps qu'on est là ?
- Je ne te le dirai pas. Fallait pas te lilyfier.
- Je ne me lilyfie pas, râla-t-il.
- Bien sûr que si. Même Lily te trouverait ridicule.
- Elle me trouve toujours ridicule.
- Pas f...
- Potter ! Black !
Ils adressèrent tous deux un sourire contrit à Maugrey, qui le fusillait du regard.
- Bien, maintenant que nos deux imbéciles daignent écouter, on va pouvoir commencer, reprit l'Auror de sa voix rauque. Comme je le disais, ce soir vous dormirez au QG de l'Ordre. Autant vous dire que c'est une toute autre étape de la guerre qui commence pour vous : fini la rigolade.
Au moment précis où il achevait sa phrase, Fabian entra dans la salle en faisant l'idiot : il tirait la langue et marchait sur la pointe de pieds, ce qui lui donnait l'air d'un ours roux danseur-étoile. Les apprentis Aurors ne purent s'empêcher de pouffer et Maugrey lâcha un soupir agacé.
- On va donc voir ce que vous savez faire, et pour ça, rien de mieux qu'un combat ! On ne va pas vous jeter dehors si vous vous ramassez, parce que dans ce cas-là on n'aurait plus personne à l'arrivée, c'est juste pour voir où vous en êtes.
- Il est si rassurant, murmura Jenny.
Alice pouffa et répondit sur le même ton :
- Frank m'a écrit qu'il n'arrêtait pas de faire des commentaires élogieux sur nous mais qu'il se sent obligé de jouer les durs.
- En même temps, on ne l'écoute déjà pas quand il fait le dur, alors imagine s'il était sympa.
Alice retint à grand peine un éclat de rire, ce que Maugrey ne manqua pas de remarquer.
- MACMILLAN ! Beugla-t-il. Avec Prewett !
La jeune fille gémit, alors que Fabian souriait de toutes ses dents.
- Frank m'a interdit de te faire des avances, mais j'ai quand même le droit de te faire mordre la poussière ! S'exclama-t-il, ravi.
- Je n'en doute pas, répondit Alice d'un ton piteux tout en le suivant hors de la salle, non sans se cogner dans le coin de la table en passant.
- Halloway, avec Fenwick, indiqua Maugrey.
Benjy Fenwick était un sorcier d'environ vingt-cinq ans, aux cheveux bruns clairs et bouclés. Ses yeux sombres pouvaient être aussi bien briller d'humour que ressembler à deux puits de désespoir sans fond. Pour le moment, il semblait plutôt de bonne humeur. Il fit un petit signe de tête à Jenny et ils quittèrent à leur tour les lieux.
- Lupin, avec Vance.
Remus se dirigea vers la jeune femme, qui était à la fois la meilleure amie de Benjy et la seule personne capable de le raisonner. D'un naturel enjoué quoique timide, elle se faisait discrète la plupart du temps. Mais les jeunes recrues avaient vite compris qu'il ne fallait pas s'y fier : Emmeline pouvait avoir un véritable caractère de cochon, qu'on décelait parfois à la lueur de détermination qui brillait dans ses yeux bleus.
Il ne resta bientôt plus que Sirius, James, Peter et Maugrey dans la salle.
- Pettigrow, tu iras avec Emmeline quand elle aura terminé. Black, c'est Prewett qui s'occupera de toi. Quant à Potter...
Un large sourire étira les lèvres de Maugrey, ce qui ressemblait plutôt à une grimace. Grimace qui se peignit également sur le visage de James.
- A nous deux !
***
James se laissa tomber sur son lit avec un juron. A cause de Maugrey, il n'avait même pas déjeuné. L'Auror avait préféré le pousser à bout – ce qu'il avait réussi à faire sans mal. Il contemplait donc le plafond en espérant pouvoir rester là jusqu'à la fin de ses jours – qui, avec un peu de chance, arriverait très vite.
- Bouge-toi James ! Lança Sirius en passant devant sa chambre, dont la porte était grande ouverte. On a un portoloin à prendre !
James répondit par un vague marmonnement et daigna se redresser. Mais comme il continuait à fixer le mur d'un air vide, Sirius fit irruption dans la pièce et lui tapota l'épaule avec sa baguette.
- Si tu rates ce portoloin, tu vas retarder tes retrouvailles avec Lily.
Une lueur s'alluma dans l'oeil de James et Sirius s'éloigna en riant. James se leva d'un bond, tira sa malle du dessous de son lit et, après avoir donné un coup de baguette dans l'air, regarda ses affaires se ranger toutes seules. Satisfait, il se dirigea vers la chambre de son meilleur ami, quelques mètres plus loin, et s'adossa au chambranle de la porte.
- Tada ! C'est fait !
- Merci la magie, commenta Sirius, vautré sur son lit. J'ai tellement mal partout que j'aurais été incapable de faire ma valise sans elle.
- Tu parles, marmonna James en se laissant tomber près de lui. C'est pas toi qui a affronté Maugrey.
- Je ne sais pas qui est le pire, de lui ou Fabian.
- C'est Maugrey ! Et après m'avoir ratatiné, il m'a harcelé pendant deux heures pour que je trouve toutes les erreurs que j'ai faites !
- Ah ça, Fabian est moins consciencieux, rit Sirius. On a mangé des Chocogrenouilles en lisant des Sorcières-Boy.
- Pitié, ne parle pas de ce genre de magazines devant Lily, sinon je suis mort.
- Tu n'étais pas avec nous !
- Ouais, mais elle ne le croira pas forcément.
- Mais d'ailleurs, tu as arrêté de te lilyfier !
James sourit, les yeux dans le vague.
- Plus la peine, je vais bientôt la revoir.
Une étincelle de malice brilla dans ses prunelles marrons et il donna un coup de coude à Sirius.
- Et tu vas retrouver Ethel !
- Super. Je vais pouvoir me prendre son mépris en pleine figure.
- Sois pas pessimiste. Je suis sûr que Lily l'aura convaincue de te laisser une chance.
- Tu lui as pas demandé de faire ça ? S'insurgea-t-il en se redressant.
- Non, mais c'est une fille, Patmol ! Même si elle essaie de faire croire qu'elle aime moins les ragots que Jenny, c'est faux ! Crois-moi, elle va essayer de vous mettre ensemble.
Peu convaincu, Sirius retomba sur le dos.
- Mouais. Je lui souhaite bien du courage.
James secoua la tête face au découragement de son ami et sauta sur ses pieds.
- Tu viens ? On va quand même pas partir sans avoir jeter une bombabouse ou deux dans ce bon vieux Snargalouf.
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