Partie II - Chapitre 7
Chapitre 7
- Non, Jenny, je refuse de mettre une robe longue !
Les épaules de la blonde retombèrent et elle alla remettre sur son cintre la robe qu'elle présentait à Lily.
- Pas de robe longue, pas de robe longue... Mais enfin Lily on ne va pas à un bal sans robe longue !
- Elle n'a pas tort, fit remarquer Margaret, qui se contorsionnait pour voir l'effet de sa robe bustier dans un grand miroir. L'été maman m'oblige à aller à tout un tas de fêtes et ...
- Ne dis pas « m'oblige », coupa Val, on sait que tu adores ça.
- Hé ! C'est pas vrai ! Et, bref, ce serait du dernier mauvais goût d'y aller en robe courte.
- Mais Poudlard n'est pas la bonne société de sa Majesté, répliqua Lily en se levant du pouf sur lequel elle était assise pour s'approcher de Margaret. Maggy, je ne suis pas convaincue par cette robe.
- Non, moi non plus.
Un soupir désespéré se fit entendre dans un coin de la pièce et les quatre filles se tournèrent vers la vendeuse du magasin Gaichiffon, une jeune femme blonde au teint rose qui avait l'air exténué.
- Excusez-moi, balbutia-t-elle avant de s'enfuir vers son arrière-boutique.
Lily haussa les épaules et se regarda de nouveau son amie.
- Elle a dû voir trop d'étudiantes. Tu ne veux pas réessayer la jaune ?
- Lily ! Arrête de t'occuper de la robe des autres !
La rousse sourit à Jenny et se dirigea d'un pas décidé vers un cintre présentant des robes arrivant au niveau du genou. Elle fit défiler les cintres et tira du lot une robe rouge avec un cri de satisfaction.
- Trouvée !
- Tu ne l'as pas essayée, fit remarquer Jenny en levant les yeux au ciel.
- Mais je suis sûre qu'elle me va.
Cinq minutes plus tard, Jenny fut obligée de s'avouer vaincue. Lily avait bel et bien trouvé sa robe en dix minutes. Elle avait de fines bretelles et un corsage tout simple, seulement rehaussé d'une ceinture en voile avec un nœud à l'arrière. La jupe, faite dans un tissu fluide, n'encombrait pas Lily. Or, c'était la seule chose qu'elle demandait.
- Bon. On va dire que tu as eu de la chance, marmonna Jenny en tournant autour de son amie d'un air critique. Mais, pour l'amour de Merlin, est-ce que tu veux bien m'expliquer pourquoi tu ne veux pas porter une robe longue ?
- Comment veux-tu danser correctement avec une robe longue ? expliqua joyeusement Lily en fermant le rideau de la cabine d'essayage pour enlever sa robe. On voit que tu n'as jamais dansé le rock.
- Personne n'a dit que c'était au programme !
- J'ai demandé à McGonagall. Et puis de toute façon il y aura des danses qu'on n'a pas vues en cours.
- Admettons... Tu n'as même pas de cavalier !
Lily sortit la tête de la cabine et sourit.
- Toi non plus. Maintenant trouve toi une robe, Halloway.
Jenny prit un air outré et se détourna. Elle détestait qu'on l'appelle par son nom de famille.
Lily éclata de rire et laissa la place à Val, à qui Jenny venait de donner une robe et l'ordre de l'essayer.
- Mais Jen' ! Puisque je te dis que je suis chargée de faire des photos ! Pas la peine que je sois bien habillée ! protesta la jeune fille en tentant de résister à la blonde.
- Je refuse qu'une de mes amies vienne en pyjama ou en clown à ce bal ! Et tu danseras !
- Quand je pense que Potter m'a qualifiée de despotique, rit Lily en posant l'argent pour sa robe sur le comptoir. M'est avis qu'il aurait dû te côtoyer un peu plus.
- Oh non, on est sorti ensemble juste le temps réglementaire, rétorqua Jenny en s'affairant dans la boutique pour ranger les robes qui traînaient un peu partout, puisque la vendeuse semblait avoir disparue.
- Je me demande comment tu as fait pour le supporter aussi longtemps.
- Aucune idée. Dépêchez-vous les filles, il est presque dix-huit heures et j'ai encore une tonne de travail à faire ! appela Jenny en remettant la dernière robe sur son cintre.
- Et la boutique va fermer ! commenta une voix étouffée venant de l'arrière-boutique.
Jenny s'approcha du rideau qui séparait les deux salles et le tira, révélant la vendeuse affalée dans un fauteuil, un verre à la main. Elle n'eut même pas le courage de chasser Jenny qui interrogea :
- Toutes les filles de Poudlard sont passées là pendant la journée ?
- Oh par Merlin ne m'en parlez pas, supplia la vendeuse en avalant une gorgée de sa boisson, qui n'était apparemment pas du jus de citrouille.
- Vous en faites pas, c'est fini ! dit joyeusement Jenny. Vous voulez une Chocogrenouille ?
Il faisait nuit lorsque les quatre filles reprirent le chemin de Poudlard. Elles étaient les dernières à quitter Pré-au-Lard. Cependant devant elles se trouvaient deux jeunes filles et bientôt Lily s'exclama :
- Alice !
L'interpellée se retourna et salua Lily et ses amies avant de retenir sa compagne.
Jenny marmonna quelque chose qui ressemblait à « Ohnonpaselle » mais Lily n'en tint pas compte et sourit à Ethel. Celle-ci fit de même, mais retrouva son visage impassible presque aussitôt. Les quatre Gryffondors avaient beau être amies avec Alice depuis leur cinquième année, elles connaissaient à peine Ethel. Cela tenait sans doute au fait que quand elles voyaient Alice elle était avec Frank et ses amis. Lily ignorait si Ethel avait une dent contre Frank, mais en tout cas elle ne les avait jamais vus ensemble.
- Vous avez acheté vos robes ? demanda joyeusement Alice alors que les quatre filles les rejoignaient.
- Jenny commandait les opérations, alors oui ! répondit Margaret en sortant une chocogrenouille de son sac. D'ailleurs, c'était pas gentil de piquer dans ma réserve pour nourrir la vendeuse !
- Pas gentil ? C'était de la charité ! La pauvre, j'ai cru qu'elle allait se suicider.
La blonde entreprit de raconter l'état dans lequel était la vendeuse de Gaichiffon, en exagérant, comme toujours. Alice et Ethel avaient été dans les premières à se rendre à la boutique et ne l'avaient donc pas vue comme cela.
Alice rit franchement à l'imitation de Jenny alors qu'Ethel se contentait de sourire. Lily l'observait en silence, incapable de comprendre pourquoi elle était si renfermée. Elle semblait pourtant avoir tous les atouts pour être sûre d'elle : elle était belle, intelligente d'après ce que Lily savait.
La conversation roulait à présent sur les cavaliers – sujet ô combien épineux. Aucune des jeunes filles ne savait pour le moment avec qui elle allait se rendre au bal. Apparemment, les garçons étaient trop peureux pour se décider à demander aux filles de les accompagner.
- Et puis je ne sais pas si j'ai envie d'y aller avec quelqu'un d'autre qu'avec Frank, expliquait Alice. C'est vraiment dommage que ça tombe l'année où on n'est pas tous les deux à Poudlard.
- Il ne peut pas s'incruster ? interrogea Margaret alors qu'elles arrivaient en vue du château.
- D'une part, je ne pense que ça ne plairait pas aux professeurs, sourit Alice. En plus il n'a pas le temps. Parfois je n'ai pas de nouvelles pendant des semaines et il ne peut même pas me dire où il est...
- Il travaille pour le Ministère ?
Alice se tourna vers Lily, qui venait de poser la question, et acquiesça, le visage grave.
La rousse lui frotta le dos pour la réconforter.
- T'en fais pas, il ira bien. Et toi Ethel, avec qui voudrais-tu y aller ? tenta-t-elle.
La blonde rougit, pour autant que Lily put en juger à la lueur blafarde des baguettes, et répondit :
- Personne. Je n'aime pas particulièrement danser. Contrairement à toi, je crois.
Lily sentait bien que cette dernière phrase lui avait coûté. Elle faisait des efforts pour bavarder, même si les ragots de filles n'étaient apparemment pas ce qu'elle préférait.
- Effectivement ! Mais je ne suis pas sûre pour autant d'avoir un cavalier.
- Et Potter alors ? interrogea Alice en souriant de toutes ses dents.
- Oh ça suffit ! J'ai déjà suffisamment de mal à faire taire ces trois abruties, tu ne vas pas t'y mettre !
Alice éclata de rire et tira la grille du parc de Poudlard. Elles continuèrent à bavarder joyeusement, Ethel faisant des efforts de plus en plus réduits pour se joindre à la conversation et Alice tentant d'oublier son inquiétude pour Frank.
***
Sirius se plaqua contre le rayonnage, sa poitrine se soulevant à toute allure.
- Non. Je peux pas.
- Oh allez, Patmol ! T'as rien dans le ventre !
Sirius jeta un regard peu amène à James ainsi qu'à Remus, qui riait sans faire de bruit. La deuxième semaine avant le bal venait de s'ouvrir et la situation commençait à devenir désespérée.
- Cornedrue, on en reparlera quand tu auras demandé à Evans, marmonna-t-il. Je peux pas faire ça, on ne s'est jamais parlé et je vais me faire rembarrer !
- Ça ne te ressemble pas de te laisser impressionner par une fille, commenta James en se penchant pour voir Ethel et Alice, travaillant tranquillement à une table.
- Mais regarde la ! Elle doit me prendre pour le dernier des crétins...
- A juste titre, souffla Remus avant de se prendre un coup sur la tête de la part de Sirius.
- J'ai une meilleure idée. Je vais demander à Jenny.
- Mais oui, bonne idée, comme ça elle se dira que tu es le roi des abrutis qui sort avec la reine de la vanité ! railla James.
Cela arracha un sourire à Sirius, qui chuchota :
- Non, ça c'est toi.
- Moi en cinquième année, corrigea le brun. Enfin on s'en fiche.
Sirius pinça les lèvres et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais il se figea soudain, les yeux fixés quelque part derrière James et Remus. Ceux-ci se retournèrent et eurent l'heureuse surprise de tomber sur Mme. Pince qui les fixait avec des yeux pleins d'éclairs.
Dix secondes plus tard ils se retrouvèrent dans le couloir. Sirius avait eu le temps de voir Ethel relever la tête, l'air agacé par ces fauteurs de troubles. Autant dire qu'il était bien décidé à ne pas lui demander.
- Bon, c'est raté pour cette fois, commenta James en haussant les épaules.
- C'est raté pour toujours.
- Oh la ferme Patmol, t'es vraiment déprimant.
Sirius considéra ses deux amis en silence pendant quelques instants, puis lança :
- Ok, James. Si tu demandes à Evans, je demanderai à Ethel.
- Aucun problème, répondit le jeune homme en lui adressant un grand sourire. C'est dans la poche.
Remus haussa un sourcil sceptique et James lui donna un coup de poing dans l'épaule.
- La ferme, Lunard.
- Mais j'ai rien dit !
- Non mais tu penses et c'est dérangeant.
Son ami croisa les bras sur sa poitrine, une étincelle malicieuse dans ses yeux cernés.
- Dis-moi comment tu comptes t'y prendre et j'arrêterai de te déranger en ... « pensant ».
- Ben je vais lui demander. C'est tout, répliqua James en essayant d'avoir l'air désinvolte.
- Mais bien sûr. Et elle te répondra sans doute « Oh oui marions-nous ! », railla Sirius.
- Eh, vous pouvez arrêter d'être aussi défaitistes ? Puisque je vous dis qu'elle va dire oui !
Remus sourit en haussant les épaules et s'adressa à Sirius :
- C'est beau l'espoir, hein ?
***
Lily déambulait dans un couloir du troisième étage, les mains fourrées dans ses poches. Comme d'habitude, elle mourait de froid pendant ses rondes. Tant pis si sa baguette était rangée dans sa poche arrière de jean, elle n'avait aucune envie de sortir ses mains de leur cocon chaud.
Alors qu'elle montait les escaliers vers le quatrième étage, il y eut un bruit derrière elle. Elle se retourna d'un bloc, sa baguette à la main. La crainte avait finalement vaincu la paresse. Aux aguets, elle scruta la pénombre. Comme elle ne voyait ni n'entendait plus rien, elle se détourna lentement et reprit son ascension.
Quelque chose de dur lui percuta alors l'arrière du crâne. Elle poussa un petit cri de douleur et fit volte-face, sa baguette levée.
- Peeves, prévint-elle à mi-voix, très agacée, tout en se frottant la tête.
Un caquètement se fit entendre alors qu'un projectile fonçait droit sur elle. Elle se pencha juste à temps pour l'éviter et s'aperçut qu'il s'agissait d'une assiette.
Elle se mit à monter quatre à quatre les escaliers, évitant tant bien que mal les assiettes qui fondaient sur elle, puisqu'elle était obligée de leur tourner le dos. Un jour, elle étriperait cet imbécile de fantôme, et peu importait s'il était déjà mort.
Alors qu'elle allait arriver au palier, son pied s'enfonça brusquement. Elle lâcha une bordée de jurons en se rendant compte qu'elle venait de se prendre elle-même au piège dans la marche cassée. Elle pouvait essayer de tirer autant qu'elle le voulait, elle n'en sortirait pas toute seule.
- Baron Sanglant ! beugla-t-elle en se contorsionnant pour éviter les assiettes vers Peeves, qui riait comme un dément au-dessus d'elle.
- Aïe... Peeves ça suffit ! supplia-t-elle. Aïe-euh !
- Peeves ! lança une voix froide quelque part au milieu de la cage d'escalier.
L'esprit farceur lâcha son assiette et fila comme une flèche, tout en chantant à tue-tête :
- Les préfets sont des poules mouillées, tralali, face aux assiettes ce sont des mauviettes, trididu !
Lily lâcha un soupir de soulagement, qui se transforma en frisson lorsque le Baron Sanglant passa au-dessus de sa tête sans même la regarder.
Bien. Elle était débarrassée de cet abruti de fantôme, mais elle était toujours bloquée à cause de cette stupide marche.
Quelque chose craqua dans les escaliers au-dessus d'elle et elle retint de justesse un couinement de frayeur. Et dire qu'elle allait sans doute passer la nuit-là...
***
James mangeait son éclair au chocolat en regardant distraitement les tableaux accrochés au mur. Un bruit le tira de sa rêverie et il s'arrêta en bas des escaliers. Peeves faisait apparemment des siennes un peu plus haut, chantant quelque chose à propos des préfets. Ses idioties se firent plus lointaines et James haussa les épaules : tant qu'il pouvait rentrer tranquillement jusqu'à son dortoir, Peeves pouvait bien faire ce qui lui plaisait.
Il avala ce qui lui restait de la pâtisserie et commença à monter les escaliers, résistant difficilement à l'envie de manger la brioche de Sirius. Cependant il oublia toute idée de manger lorsqu'il aperçut Evans, une jambe à moitié enfoncée dans une marche, qui regardait autour d'elle d'un air effrayé. Il se retint difficilement de rire et monta en faisant le moins de bruit possible jusqu'à elle. Voilà donc pourquoi Peeves parlait des préfets... Des assiettes gisaient un peu partout autour de la rousse et il se demanda avec amusement ce que le fantôme avait bien pu lui faire subir.
Lily semblait s'être rendue compte qu'il y avait quelqu'un car elle fixait plus ou moins l'endroit où il était, sa poitrine se soulevant à toute allure. James décida de mettre fin à son angoisse et posa son sac de pâtisserie par terre, toujours caché sous la cape. Il fit du bruit et Lily demanda d'une voix tremblante, sa baguette tendue :
- Qui... Qui est-là ?
Le jeune homme prépara son plus beau sourire et tira brusquement sur sa cape.
Elle poussa un cri, qui fut bien vite couvert par le rire de James.
- Bon sang ! haleta-t-elle. Espèce de crétin !
Elle se laissa aller contre les marches au-dessus d'elle, la main posée sur son cœur.
- Potter, ne me fais plus jamais un coup pareil, supplia-t-elle en reprenant peu à peu des couleurs. Et tire-moi de là, pitié.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ? interrogea James à voix basse, craignant que leurs éclats de voix n'attirent du monde.
Lily lui tendit les mains sans rien dire. Il eut pitié d'elle et sourit :
- Alors j'ai le droit de te toucher ?
Elle leva les yeux au ciel et s'apprêta à faire une réflexion mais James ne lui en laissa pas le temps. Il lui saisit les mains et la tira de son trou. Surprise, elle trébucha et s'affala contre sa poitrine, avant de se rejeter brusquement en arrière, les joues rouges.
- Merci beaucoup.
James lâcha sa main sans faire de commentaire et récupéra sa cape et son sac de gâteaux. Lily jeta un regard suspicieux aux pâtisseries et le jeune homme sourit :
- Désolé, y en a pas pour toi. Mais dis-moi, que s'est-il passé ?
- C'est cet abruti de Peeves, expliqua la jeune fille en posant son pied sur une marche, bien décidée à planter là sa ronde. Il...
Sa jambe se déroba soudain sous elle et James la rattrapa de justesse. Elle s'assit dans les escaliers en grimaçant alors que James, inquiet, s'accroupissait sur la marche d'en-dessous.
- Evans ? Ça va ?
- Non. Oh bon sang...
Elle tira sur son jean et pâlit légèrement en regardant sa cheville. Elle avait commencé à enfler et tirait sur le bleu. James émit un petit sifflement et elle leva les yeux vers lui.
- C'est... C'est cassé tu crois ?
Il ne put s'empêcher de rire.
- Quand je pense que je suis censé être le flemmard ! Non, ce n'est pas cassé.
- Quel est le rapport avec être un flemmard ? marmonna Lily en essayant prudemment de tourner son pied.
- Je me suis déjà cassé la cheville au Quidditch, donc je ne passe pas ma vie à ne rien faire...
- En mangeant des gâteaux, compléta Lily. Par Merlin ça fait un mal de chien.
- Je vais t'emmener à l'infirmerie.
James se redressa sans écouter les protestations de Lily et lui tendit les deux mains, à présent sur la même marche qu'elle.
- Allez, debout. Essaie de ne pas t'appuyer sur ta jambe.
- Merci, Einstein, j'aurais deviné toute seule.
- Eh, tu pourrais être un peu plus sympa, sans moi tu aurais passé la nuit là ! protesta James en la tirant vers lui, de sorte qu'ils furent presque collés l'un à l'autre.
Lily allait faire un commentaire mais un bruit se fit entendre au-dessus d'eux. Ils tournèrent la tête et James murmura :
- Ou peut-être que quelqu'un d'autre serait arrivé.
Il déploya sa cape au-dessus d'eux et serra Lily contre lui pour être sûr qu'ils soient tous les deux couverts. Ou juste parce que, pour une fois, il avait une bonne excuse pour le faire.
Ils virent le professeur Flitwick arriver, sa baguette levée. Il scruta l'escalier puis haussa les épaules et s'en alla. James sentit Lily se détendre contre lui et il la lâcha.
Elle grogna aussitôt de douleur et s'agrippa à son épaule.
- Désolée. Apparemment c'est tellement évident que je ne dois pas m'appuyer dessus que je le fais quand même.
- Je te pardonne, dans mon immense bonté. On y va ?
Lily resta accrochée à lui mais elle grimaçait à chaque pas. James, qui commençait à se dire que c'était peut-être bien son jour de chance, lança à mi-voix :
- Evans ? Tiens moi ça, tu veux ? Et surtout ne me frappe pas.
Sans attendre sa réponse, il lui tendit le paquet de gâteaux et la souleva dans ses bras. Elle eut la décence de ne pas se mettre à hurler, ce qui aurait sans aucun doute rameuté tout le château, mais entreprit de lui taper sur la tête.
- Potter ! siffla-t-elle. Repose-moi !
Il lui adressa un grand sourire et monta les marches qui restaient en deux fois moins de temps qu'ils n'en avaient mis pour en gravir trois.
- Hors de question. Ça te fait mal et en plus on n'avance pas.
- C'est mon problème si ça me fait mal, pas le tien !
James s'arrêta sur le palier et son sourire cessa d'être moqueur.
- Qu'est-ce que tu en sais ? dit-il doucement.
Lily le fixa quelques secondes, les lèvres entrouvertes, puis devint brusquement cramoisie et baissa les yeux. Le jeune homme rit intérieurement et prit le chemin de l'infirmerie.
- J'espère qu'on ne va croiser personne, balbutia Lily au bout d'un moment. Je n'ai aucune idée de la façon dont on pourrait justifier que tu sois là. Et puis, il y les gâteaux.
- Ah, les gâteaux. Ils nous mèneront à notre perte, aucun doute là-dessus.
- Ça, c'est sûr. Ils sont machiavéliques. Mais qu'est-ce qu'ils sentent bon...
- Tu peux prendre la brioche, dit James.
- C'est vrai ?
Il baissa les yeux sur Lily, qui le regardait, les joues rouges et l'air troublé.
- Ouais. Tu t'arrangeras avec Sirius, mais oui, vas-y.
- Merci. Dis, est-ce que ça va faire mal comme ça longtemps ?
- Etant donné qu'on est presque arrivé, non, répondit-il en apercevant la porte de l'infirmerie au bout du couloir.
Lily ne répondit pas, trop occupée à dévorer sa brioche, et James profita du silence pour savourer la situation. Pour une fois ils ne s'envoyaient pas des piques, ils ne se battaient pas... Si elle le voulait bien, alors James se ferait un plaisir de venir chercher du réconfort dans ses bras toutes les fois qu'il en aurait besoin, car c'était bien mieux qu'une part de tarte à la citrouille.
- Evans, tu me mets des miettes partout, rit-il en poussant la porte de l'infirmerie avec son épaule.
- Pas du tout. Tu as dû rêver.
- C'est pas très sympa comme façon de me remercier.
- J'ai déjà dit « merci », Potter. N'en espère pas trop, rétorqua-t-elle en se dévissant le cou pour le voir.
James sentit son cœur battre un tout petit peu trop vite lorsqu'il répondit :
- Je ne cesserai jamais d'espérer, Evans.
Il se racla la gorge avant d'ajouter :
- Et tu n'as pas dit merci que pour la marche.
Les mains de la jeune fille se crispèrent sur son sachet de gâteaux alors que ses joues rougissaient, mais Mme. Pomfresh lui épargna la peine de répondre.
- Mr. Potter ! Mais qu'est-ce que vous avez fait à cette jeune fille ?
- Elle est tombée dans l'escalier du dortoir, mentit James avec beaucoup d'aplomb, et je crois qu'elle s'est foulée la cheville.
Il posa Lily sur le lit que lui indiquait l'infirmière et la jeune fille lui adressa un sourire légèrement tremblant. Cependant Mme. Pomfresh le poussa pour voir le pied de Lily, marmonna quelque chose et se dirigea vers une armoire qu'elle entreprit de fouiller.
James lança un « Bon courage » à Lily et commença à partir lorsqu'elle lui attrapa le poignet. Il se retourna, surpris, et elle lui sourit de nouveau, l'air plus sûre d'elle cette fois.
- Merci, Potter.
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