Partie II - Chapitre 5
Chapitre 5
Lily était étonnamment guillerette ce soir-là et elle mit cela sur le compte de la valse en faisant abstraction du cavalier. Quant à James, l'équipe de Quidditch n'en revint pas de son optimisme débordant. Les sept élèves revinrent au bout de trois heures complètement trempés et couverts de boue, mais le capitaine sifflota tout de même tout le long du chemin jusqu'au château.
Le match finit par arriver, vu comme une délivrance par l'équipe de Gryffondor qui allait enfin pouvoir arrêter de s'entraîner trois heures tous les soirs. Le temps était dégagé, après deux jours de pluie continuelle, et cela leur redonna quelque peu courage. Seul Ernie était horriblement stressé. James soupçonnait Sirius d'être dans le même état mais il n'en montrait rien, se contentant d'aider Martin à embêter Anne tandis qu'Héléna leur courait après avec son balai pour leur taper sur la tête. Elphias restait imperturbable, même s'il agitait sa batte de façon assez menaçante pour les deux autres garçons.
Enfin, ils purent entrer sur le terrain. James retint Ernie par le bras au moment où il allait y aller et lui sourit.
- Ça va bien se passer Ernie, d'accord ? Fais de ton mieux, on va assurer de notre côté avec Héléna et Martin.
- Et si je n'attrape pas le Vif d'or? interrogea le Quatrième année d'une voix légèrement tremblante.
- Pas grave. C'est ton premier match, et en plus on a un peu manqué de temps. Ne t'en fais pas.
Dehors, la foule – enfin les filles – scandaient le nom de James. Il ne put s'empêcher de sourire et poussa Ernie devant lui.
- Allez mon gars, c'est parti.
Au début tout se passa bien. Anne défendait merveilleusement bien ses buts et les poursuiveurs harcelaient les buts des Serdaigles. Sirius et Elphias semblaient avoir pour objectif de casser le nez d'un des batteurs adverses et Ernie tournait autour de tout ce petit monde, en alerte, pendant qu'Arthur, à présent en quatrième année, vociférait le nom des joueurs d'une voix moins suraiguë qu'autrefois.
Alors que les maisons en étaient à 70 – 70, Héléna rata le Souaffle lancé par James. Un Serdaigle le rattrape et fila entre les poursuiveurs de Gryffondors. Ernie se trouvait justement dans sa trajectoire et fut éjecté de côté par un coup d'épaule qui, bien que violent, n'était en rien une faute. Le temps que le garçon se stabilise, Serdaigle avait marqué.
- Ernie ! s'écria James dans le vent. Tout va bien ?
L'attrapeur hocha la tête mais son visage était blanc comme un linge. A partir de là, il perdit tous ses moyens. James s'efforçait de le surveiller entre deux passes, ce dont son jeu se ressentit bien vite. Alors qu'il constatait qu'Ernie était en vol stationnaire dans un coin du terrain, l'air tétanisé, le souaffle lui passa sous le nez et fut rattrapé par un Serdaigle, qui exécuta un superbe vol en rase-motte.
- Potter ! lui cria Martin, furieux. On peut gagner sans le Vif, bouge-toi !
James nota dans un coin de son esprit que Martin ferait sans doute un bon capitaine après lui puis décida de suivre ses conseils. Il cessa de prêter attention à Ernie pour se concentrer pleinement sur le Souaffle. Cependant, la panique de l'attrapeur commençait à rendre toute l'équipe fébrile. En effet, l'inactivité d'Ernie faisait de lui une excellente cible pour les batteurs adverses. Sirius et Elphias concentraient donc tous leurs efforts sur l'attrapeur, laissant les poursuiveurs à la merci de la trajectoire hiératique des cognards. James exécuta un tonneau, le souaffle sous le bras, pour éviter l'un des cognards. Tout en filant vers les buts, il maudit ses batteurs puis songea que les poursuiveurs adverses étaient dans la même situation. Arthur concentrait d'ailleurs toute son attention sur les batteurs et Ernie. Les quatre premiers semblaient être engagés dans une lutte sans merci dont l'enjeu était le maintien d'Ernie dans le jeu. Pendant ce temps-là, les poursuiveurs marquaient des points dans l'indifférence générale et l'attrapeur de Serdaigle restait vigilant.
De plus en plus agacé, James finit par décider qu'il était temps d'adopter une stratégie radicale. Il attendit la passe de Martin et, au lieu de se diriger vers les buts adverses, se rua vers le petit groupe composé des batteurs et d'Ernie. Il passa au beau milieu d'eux à toute vitesse, la balle toujours sous le bras. Il parvint à faire tournoyer l'un des batteurs de Serdaigle et Elphias en profita pour envoyer un cognard dans le second. Il l'évita de justesse mais perdit le contrôle de son balai. James effectua un virage en épingle, aperçut Ernie qui changeait enfin de cap, puis plongea vers les buts de Serdaigle. Il s'apprêtait à lancer la balle lorsqu'un cognard le percuta de plein fouet. Il poussa un hurlement et perdit la balle, au moment précis où une clameur s'élevait dans le stade.
Par un quelconque miracle, Ernie avait attrapé le Vif d'or.
Les joueurs mirent pied à terre et se ruèrent vers le jeune attrapeur. James ne put faire de même, terrassé par la douleur. Il s'assit par terre, étourdi, et constata qu'aucun membre de son équipe ne remarquait son absence. Sirius finit par ses retourner pour le chercher mais, déjà, les premiers supporters l'atteignaient. Ils tentèrent de le relever sans tenir compte de ses gémissements. L'infirmière, qui avait bien remarqué sa descente pour le moins chaotique, parvint à l'arracher aux mains de ses fans et l'amena vers le château, tout en pestant contre ce sport barbare.
James négocia âprement avec l'infirmière pour ne pas être obligé de passer la nuit à l'infirmerie. Au bout d'une demi-heure de supplications, elle assura qu'après qu'il eut dormi un peu, il aurait le droit de rentrer dans sa salle commune. Il s'exécuta donc, ravi de ne pas manquer toute la fête.
Après deux heures de sieste, il pénétra en héros dans la salle commune, même si son épaule lui faisait un mal de chien. Il s'empressa de féliciter toute son équipe, qui avait travaillé très dur toute la semaine. Sur ces bonnes paroles, la fête reprit de plus belle, sans l'ombre d'un préfet pour leur dire de se taire.
***
Lily n'eut pas le cœur d'interrompre la fête en songeant à ce qu'Hagrid lui avait dit : il fallait restaurer la joie au château. De plus, elle avait d'autres hiboux à fouetter. Elle venait de se rendre compte avec angoisse qu'on était le onze octobre et que le lendemain, il y avait cette bizarre échéance à propos d'une froide nuit d'été. Elle était à peu près certaine qu'il s'agissait d'un tableau, car l'été étant déjà loin derrière Poudlard il ne pouvait s'agir d'une sorte de prédiction. Mais quel tableau ? Elle avait un peu cherché mais elle devait s'avouer qu'elle n'avait pas fait beaucoup d'effort. Elle ne pouvait même pas demander à quelqu'un qui connaissait bien le château à cause de ce stupide maléfice de Langue de plomb ! Et puis elle ignorait à qui elle aurait demandé. Il y avait tellement de tableaux, dans ce château.
Elle réfléchissait donc, assise sur son lit, de plus en plus désespérée. Elle tentait de se convaincre que cela avait peu d'importance si elle ratait cet étrange rendez-vous, mais elle n'y croyait pas. Elle devait s'y rendre, elle le savait, grâce à une intuition étrange... Intuition qui pourrait peut-être l'aider à trouver ce fichu tableau.
Elle se leva d'un bond et dégringola les escaliers du dortoir avant de se ruer en dehors de la salle commune sans faire attention aux fêtards. Mais une fois devant le portrait ouvert, elle hésita. Le château était noir et silencieux, et si elle se faisait prendre hors des dortoirs elle serait très certainement collée. Cela ne la gênait pas tant que cela en soit – juste pour prouver à Potter qu'elle ne faisait pas que travailler – mais elle perdrait alors toute chance de résoudre cette énigme.
Elle fit donc demi-tour et son regard tomba sur la tignasse brune de Potter. Potter qui passait son temps à gambader dans le château au milieu de la nuit sans se faire prendre grâce à sa cape d'invisibilité.
Elle resta plantée là pendant quelques instants, tiraillée. Elle détestait avoir quelque chose à lui demander mais cela semblait être la seule solution...Décidée à mettre son aversion pour lui de côté, elle fendit la foule pour l'atteindre et lui tapota l'épaule. Il se retourna avec un grand sourire, qui se transforma en air interloqué en la reconnaissant. Et avant même qu'elle ait pu ouvrir la bouche, il lança :
- Non Evans, je refuse d'arrêter cette fête.
Lily leva les yeux au ciel.
- Je ne viens pas pour ça. J'ai besoin de ton aide.
Elle buta sur les derniers mots, parce que les dire à cet arrogant James Potter était presque au-dessus de ses forces.
Potter éclata alors de rire et s'exclama :
- Evans a besoin de moi ! C'est une première. Que puis-je faire pour toi ?
- Je pense que tu préférerais en parler dans un endroit discret, marmonna Lily en jetant un coup d'œil aux filles qui la dévisageaient d'un air mauvais, furieuses qu'elle accapare Potter.
Le visage du jeune homme était redevenu sérieux. Il hocha la tête et l'entraîna vers les dortoirs des garçons. Des sifflements se firent entendre alors qu'ils montaient les escaliers et Lily gémit.
- T'en fais pas, sourit Potter. Je leur jetterai un sort d'Oubliette si tu veux.
- Trop aimable. On aurait peut-être pu aller ailleurs, tout simplement.
Ils s'arrêtèrent sur le palier et James haussa les sourcils.
- Et où ça ? On ne peut pas sortir et je ne peux monter dans le dortoir des filles. Et de toute façon ça aurait fait le même effet. Bref, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Il la regardait sérieusement, sans trace de moquerie, ce qui déstabilisa Lily. Elle se préparait à négocier mais peut-être ne serait-ce finalement pas le cas. Elle prit une profonde inspiration et se lança :
- J'ai besoin de ta cape d'invisibilité.
James s'adossa au mur, les sourcils légèrement froncés.
- Pourquoi ?
- T'inquiète pas, ce n'est pas une manœuvre tordue pour te la confisquer. J'ai quelque chose à faire dans le château ce soir.
Un petit sourire naquit sur le visage de Potter et Lily s'empressa de lever un doigt accusateur vers lui.
- La ferme !
- Très bien, très bien ! Bon, Evans, tu te rends compte de la valeur de cette cape ?
- Bien sûr.
- Alors tu te rends compte de ce que ça représente pour moi de te la prêter ?
- Je ne compte pas la manger. Et même si je te déteste, je m'en voudrais de détruire un objet pareil.
- J'imagine que c'est la seule marque d'affection de ta part que je n'aurais jamais... Je ne peux pas venir avec toi ?
Lily secoua la tête et James prit un air intrigué avant de marmonner :
- Je me demande bien ce que tu manigances...
- Rien qui t'intéresse.
En bas, une voix appela le capitaine à revenir pour lancer une autre tournée de Bièraubeurres. James tergiversa encore quelques instants puis céda finalement.
- C'est d'accord. Attends une minute.
Lily ne put s'empêcher d'exécuter une petite danse de la joie, croyant difficilement à sa chance. C'était incroyable qu'il ait cédé aussi vite !
Il revint au bout de quelques instants et lui tendit un petit paquet de tissu. Cela sembla lui arracher le cœur et Lily assura :
- Je te la ramène demain matin. Et....
Elle s'interrompit avant de lâcher :
- Qu'est-ce que tu veux en échange ?
James sourit et commença à descendre les escaliers avant de répondre :
- Rien.
Lily fut si stupéfaite qu'elle ne bougea pas pendant quelques instants, puis dut courir pour le rattraper.
- Merci Potter. Merci beaucoup.
Elle s'éclipsa avant qu'il ait eu le temps de répondre.
Elle fit quelques pas à l'extérieur de la tour avant de mettre la cape puis partit à l'aventure. Elle attendait que quelque chose lui souffle où aller, mais sans grand succès. Sa baguette à la main, elle scrutait chaque tableau qu'elle croisait. Elle élimina d'office ceux qui se trouvaient à cinq mètres du sol en espérant qu'elle ne faisait pas une bêtise. Les personnages des tableaux poussaient des petits cris offusqués quand elle leur mettait sa lumière dans les yeux.
Elle parcourut tout le septième étage sans rien trouver et s'assit sur les marches d'un escalier sombre, désespérant de trouver ce qui voulait dire « par une froide nuit d'été ». Peut-être n'était-ce même pas un tableau...
A ce moment-là un bruit de pas se fit entendre derrière elle. Elle se leva d'un bond, le cœur battant à tout rompre, et éteignit sa baguette.
- Tu sens quelque chose, Miss Teigne ?
Lily se rua dans les escaliers en essayant d'être la plus silencieuse possible. Comment Potter pouvait-il supporter d'être poursuivi en permanence, sans jamais savoir sur quoi ou qui il allait tomber ?
Cependant alors qu'elle s'engouffrait dans un couloir étroit, ignorant totalement où elle allait, elle fut prise d'un sentiment d'euphorie à l'idée qu'elle avait semé Rusard. C'était peut-être cela, qui lui plaisait. Être le plus malin pour pouvoir s'en sortir.
Elle s'adossa à un mur, le temps de reprendre son souffle, puis continua sa route. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.
Lily émergea enfin dans un couloir plus large et sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître l'endroit et elle maudit l'instinct qui l'avait poussée là. Elle était au quatrième étage, presque à l'endroit où elle avait trouvé le professeur Laverlane deux ans plus tôt. Elle évitait autant que possible l'endroit depuis sa cinquième année et voilà qu'elle s'y retrouvait seule au milieu de la nuit. Fabuleux.
Elle avança en tremblant légèrement scrutant les tableaux. Après tout, maintenant qu'elle était là, autant en profiter.
Elle arriva là où se trouvait le cadavre du professeur et s'immobilisa sans trop savoir pourquoi. Elle fit un tour sur elle-même pour vérifier qu'il n'y avait personne et son regard accrocha des personnages qui grelottaient au milieu d'une nature verdoyante.
Elle s'approcha vivement du mur en tentant d'oublier le caractère morbide de l'endroit et détailla le tableau. Trois sorcières se serraient les unes contre les autres, l'air frigorifié, alors qu'on était vraisemblablement en été. La lune brillait, froide et ronde.
Lily entama une danse de la joie mentale, certaine d'avoir trouvé ce qu'elle cherchait, mais son sourire fana brusquement. C'était une très, très mauvaise blague de lui avoir refilé ce tableau. Elle ignorait totalement qui était le « on » et ne se l'était d'ailleurs jamais demandé, mais cela restait de très mauvais goût et elle était sûre que ce n'était pas dû au hasard. En tout cas, aucun doute qu'elle n'oublierait pas l'emplacement du tableau.
Elle s'éloigna à reculons et trébucha avec un petit cri. De façon tout à fait absurde, elle s'imagina que c'était le corps de Laverlane et partit en courant. Ce n'est qu'en arrivant devant la tour de Gryffondor, hors d'haleine, qu'elle songea que ce devait juste être un pli du tapis. Elle faillit éclater de rire devant sa propre stupidité mais l'impression qu'on l'observait la précipita à l'intérieur de la tour, sous les imprécations de la Grosse Dame.
Lily se leva aux aurores le lendemain matin pour aller petit-déjeuner. Elle aurait pu se rendre directement devant le tableau mais il fallait d'abord qu'elle arrive à vaincre son angoisse. Après avoir tergiversé dix minutes sur le palier désert du quatrième étage, elle se décida enfin à y aller. Après tout, il faisait jour, le soleil brillait... Bref, ce n'était pas un temps à cadavre.
Elle se plaça devant le tableau et rit en voyant les trois sorcières en train de sautiller dans tous les sens pour essayer de se réchauffer. Cela attira l'attention des personnages qui s'immobilisèrent et la dévisagèrent. Lily, mal à l'aise, cessa aussitôt de rire.
L'une des sorcières s'approcha du bord du tableau. Elle avait les lèvres bleuies par le froid et tremblaient de tous ses membres. Lily se demanda si elle allait se faire réprimander pour s'être moquée d'elles mais le personnage souffla simplement :
- Tuée par amour et errant dans les limbes, artisan du succès de ta quête si au vingt novembre tu te présentes.
Puis elle s'éloigna.
Lily resta plantée devant le tableau, sidérée. C'était tout ? Elle n'était même pas sûre de retenir cette phrase.
En mode automatique, elle pivota sur ses talons et revint jusqu'à l'escalier. Bon, elle était au moins sûre d'une chose : il y avait bien une quête. Encore fallait-il qu'on puisse parler de quête en ignorant le but recherché. Cette histoire était complètement folle. Elle pouvait y renoncer, d'ailleurs. Après tout, la sorcière avait dit « si au vingt novembre tu te présentes ». Elle n'avait qu'à pas se présenter et à oublier. Oui, voilà, bonne résolution.
Satisfaite, elle commença à monter les escaliers mais sentit bientôt sa bonne humeur retomber. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle allait rater un grand moment, elle en était certaine. Et puis on n'abandonnait pas un mystère comme celui-là. Elle qui adorait apprendre, ce serait une insulte à la science de planter là quelque chose de non résolu.
Rassurée par ces raisons qui n'en étaient pas vraiment, elle monta jusqu'à sa salle commune.
***
- Potter !
James se retourna et sourit à Lily qui arrivait vers lui. Elle lui tendit la cape, mieux pliée qu'il ne l'aurait jamais fait et sourit à son tour.
- Encore merci.
- Je ne peux toujours pas savoir pourquoi tu as gambadé dans Poudlard au milieu de la nuit ?
- Nope, répondit-elle avec un grand sourire, l'air ravi de lui cacher cela.
Sans rien ajouter, elle pivota sur ses talons et partit d'un pas guilleret.
James continua à sourire en songeant que la valse avait vraiment des vertus géniales. Il remontait du petit-déjeuner, où il avait laissé ses trois amis. Il avait pris un retard horrible dans son travail à cause du Quidditch et n'était pas sûr que la journée allait suffire à le combler. Alors qu'il prenait un passage secret pour éviter les escaliers qui changeaient de place, il se retrouva nez-à-nez avec ce cher Servilus, aux cheveux toujours aussi gras et au nez toujours aussi crochu.
Le Serpentard se figea et ils se dévisagèrent quelques instants dans la pénombre. L'année passée, ils s'envoyaient des sorts en douce chaque fois qu'ils se croisaient. En fait, c'était James qui avait commencé. Tout simplement parce que quand il s'agissait de Rogue, ses vieux instincts reprenaient le dessus.
- Servilus. Tu as des nouvelles des Mangemorts ?
- Et toi, Potter ? Des nouvelles de ces ratés de l'Ordre ?
James fronça les sourcils. De quoi pouvait-il bien parler ? Rogue vit son incompréhension et éclata de rire.
- Sérieusement, Potter ? Tu te veux « défenseur du bien » et tu ne sais même pas ça ? cracha-t-il.
- Bien sûr que si, bluffa James en refermant ses doigts sur sa baguette, glissée dans la poche arrière de son jean.
- C'est ça. Et tu vas me dire que tu sors avec Lily en plus ? commenta-t-il sans parvenir à cacher à quel point cela le touchait.
James se tendit. Il était sûr que la conversation allait finir là-dessus.
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde, Servilus.
- Arrête de m'appeler comme ça ! rugit Rogue en pointant sa baguette sur lui.
Mais le Gryffondor avait eu le même réflexe. Il pouvait entendre la respiration saccadée de son adversaire, preuve de sa fureur contenue... Fureur qui faisait écho à la sienne. Il haïssait ce type du plus profond de son être, comme jamais il n'aurait pensé pouvoir détester quelqu'un.
- Je continuerai à t'appeler comme ça autant qu'il me plaira, Servilus. Parce que c'est ce qui te définit le mieux.
- Tu ne me connais pas, marmonna Rogue.
- Si. Tu es mauvais.
- Autant que toi !
La main de James commençait à trembler sur sa baguette. S'il ne partait pas maintenant, il allait perdre son calme.
Une seconde plus tard, Rogue était stupéfixé. Le bras de James retomba et il passa devant lui avant de répondre :
- Non.
Il se dépêcha de sortir du passage secret et, une fois suffisamment loin, leva le sortilège. Il s'adossa à un mur et massa son épaule, qui le faisait encore souffrir depuis le match. Un jour, cela finirait mal. Plus mal que cela n'avait déjà été le cas.
Il prit une profonde inspiration et reprit son chemin vers la salle commune, perturbé par cette histoire d' « Ordre ». Cela était apparemment important dans la guerre, mais il n'avait aucune idée de ce que c'était. Or, James n'aimait pas ne pas être au courant.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top