Partie II - Chapitre 3

Chapitre 3

James avait beau se creuser les méninges, il ne comprenait pas qui la dame au chapeau pointu pouvait bien être. Il observait tous les fantômes du château depuis trois jours, et avait même interrogé Nick-quasi-sans-tête. En vain, évidemment, puisqu'il l'avait appelé par son surnom et non son titre. Nick était très susceptible à ce propos.

Le jeune homme vit donc le mois d'octobre arriver avec frustration, terrifié à l'idée de rater ce qui l'attendait le quinze octobre. Il flairait là la grande aventure et n'avait aucune envie de passer à côté.

Cependant octobre cessa bien vite d'être de mauvais augure. Lorsque James et ses amis entrèrent dans la Salle Commune après les cours, ils trouvèrent un attroupement devant le panneau d'affichage. James se haussa sur la pointe des pieds, persuadé qu'il s'agissait juste de la première sortie à Pré-au-Lard. Cependant la première chose qui lui sauta aux yeux fut : « Bal d'Halloween ».

Il l'annonça à ses amis et continua sa lecture sans prêter attention à leur réaction. « A l'occasion de ce bal des cours de danse sont proposés une fois par semaine jusqu'au 31 Octobre, par séance de deux heures. Les Quatrième années auront cours le lundi, les Cinquième années le mardi, les Sixième années le mercredi et les Septième années le jeudi. »

- Ce n'est autorisé qu'à partir de la quatrième année ? S'étonna Remus.

- Ouais, mais les petits ont autre chose prévu pour la journée du 31, expliqua Sirius en louchant vers la gauche du panneau. Apparemment ils vont bien s'éclater pendant qu'on travaillera, avant d'aller se remuer sur de la musique des années 10.

- T'es jaloux Patmol ? Rit James. Tu préfères faire une chasse au trésor qu'avoir une occasion de danser avec Ethel ?

Sirius plissa les yeux et sembla reconsidérer la question. Finalement, un sourire naquit sur ses lèvres. Remus haussa un sourcil et commenta :

- Si cette fille peut même te convaincre de danser c'est que t'en es vraiment mordu.

Le coin des lèvres de Sirius se contracta légèrement :

- Tu te rends compte du jeu de mots que tu viens de faire ?

Ses trois amis, après un temps d'incompréhension totale, éclatèrent de rire.

- Et pour que j'aille danser, il faudrait déjà qu'elle accepte. Le problème c'est que je ne lui ai parlé qu'une fois et elle m'a salement snobé.

- Je suis le seul à trouver ça drôle que ce beau gosse de Patmol se fasse repousser par la seule fille qui ne l'aie jamais vraiment intéressé ? interrogea James.

- Dit celui qui court après la même fille depuis six ans ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité, Cornedrue. Oh, tiens, salut Evans !

James fit volte-face pour chercher la rousse du regard mais fut vite déçu. Derrière lui, Sirius éclata de rire. Le jeune homme se tourna lentement vers son ami et commenta :

- T'as intérêt à courir vite.

Sirius partit comme une flèche, poussant les élèves et les meubles sans faire aucune distinction entre les deux, et James s'élança à sa suite. Il bondit par-dessus une chaise que Sirius venait d'envoyer valdinguer, et fonça dans le couloir. Il éclata de rire en le voyant se prendre un mur en tentant de tourner et rit un peu moins lorsqu'il lui arriva exactement la même chose. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher de sourire : il allait l'étriper.

***


Lily profita un instant des rayons du soleil, postée sur le pas de la porte d'Hagrid, puis se décida finalement à frapper.

Des aboiements firent alors résonner la petite cabane de bois et Lily fit aussitôt un pas en arrière. Est-ce que Hagrid s'était transformé en chien, ou bien avait-il été avalé par l'une de ses bêtes préférées ?

La voix du garde chasse ne tarda cependant pas à se faire entendre :

- Couché Crocdur ! Couché !

La porte s'ouvrit sur le grand sourire du garde-chasse, qui tenait par le collier un chien faisant la taille d'un bébé Saint-Bernard et qui était très agité. Il essayait d'échapper à la poigne d'Hagrid pour se ruer sur Lily, et elle se demanda si c'était une bonne chose pour son espérance de vie ou non.

- Entre Lily ! Je vais te présenter Crocdur !

- Euh... D'accord, marmonna la jeune fille en passant prudemment devant eux, priant pour que le chien ne lui bouffe pas un morceau de mollet au passage.

Dès que la porte fut refermée, Hagrid lâcha la bête. Avant que Lily n'ait pu émettre une objection, le chien se rua sur elle et commença à lui lécher frénétiquement le visage. Elle éclata de rire, une fois remise de sa stupéfaction.

Hagrid vint à son secours et garda Crocdur sur ses genoux. Celui-ci se calma presque aussitôt, se roula en boule et s'endormit.

- Les bébés ont besoin de beaucoup de sommeil, commenta Hagrid en souriant tendrement.

Lily avait un doute quant au fait d'appeler cela un « bébé » mais elle s'abstint de le dire.

- D'où vient-il ?

- Il y a un marché aux animaux à Londres une fois par an, je ne comptais rien acheter mais... Il était si mignon, roucoula-t-il.

- Je vois... Si c'est un bébé, je présume que ce n'est pas sa taille adulte ?

- Oh non ! Je ne sais pas exactement à quoi il ressemblera, mais il sera beaucoup plus grand. Enfin la taille importe peu, puisqu'il est très gentil. Un peu de thé ?

Lily vit qu'il s'apprêtait à soulever le chien – en était-ce un, d'ailleurs ?, menaçant de le réveiller, aussi s'empressa-t-elle de se lever. Hagrid la remercia alors qu'elle posait des tasses sur la table, et commença à discuter du temps, de Crocdur et des citrouilles. Elle servit finalement deux tasses fumantes puis s'assit, plaçant ses deux mains contre la sienne. Elle se laissa aller au fond de sa chaise, savourant la chaleur du récipient et tout le bien-être qui émanait de cet endroit.

- En parlant de citrouille, reprit-elle, est-ce que vous savez pourquoi il y a ce bal ?

- Eh bien, pour s'amuser, non ? répondit Hagrid d'un ton un peu trop détaché.

- Je ne savais pas que le but de cette école était qu'on s'amuse.

- Une fois n'est pas coutume ! Pourquoi cette question, ça ne te fait pas plaisir ?

Il avait l'air sincèrement déçu, ce qui fit sourire Lily.

- Si, bien sûr. Seulement je ne comprends pas pourquoi il y a ce bal qui sort de nulle part, qui plus est avec des cours. On va perdre un temps fou sur notre travail.

- Lily, tu es brillante. Tu auras tes ASPICs sans problème.

- Merci Hagrid, rit la jeune fille avant d'avaler une gorgée de thé. Admettons que ce soit vrai pour moi, ça ne l'est pas pour tout le monde.

Le garde-chasse se tortilla sur sa chaise, puis finit par dire :

- Eh bien, le professeur Dumbledore a pensé que ce serait bien d'introduire un peu de joie dans ce château, par les temps qui courent.

- Ça ne m'étonne pas que ce soit son idée. Je suis sûre que McGonagall était contre.

- A ta place je n'en serais pas si sûr.

Lily faillit en recracher son thé : McGonagall était capable de s'amuser ?

- Sérieusement ?

- Attends un peu de voir qui va vous donner les cours !

Cette fois, Lily s'étouffa.

- McGonagall ? Non, vous vous moquez de moi !

Hagrid gloussa tout en grattant les oreilles de Crocdur.

- Pas du tout.

- Si vous m'annoncez qu'elle danse avec Slughorn ce sera la fin d'un mythe.

- Oh il lui arrivé de danser avec lui je pense, répondit-il, songeur. En fait la dernière fois que je l'ai vu danser, c'était à l'anniversaire du professeur Dumbledore, il y a deux ou trois ans.

- Quoi ? Dumbledore fête son anniversaire ?

- Bien sûr ! Pourquoi est-ce qu'il ne pourrait pas ?

Lily gloussa en imaginant tous les professeurs de Poudlard en train de faire une soirée pyjama dans le bureau du directeur.

- Je ne sais pas moi, il est...vieux. Est-ce qu'il y avait des ballons ?

- Vieux ? Tu dis ça parce que tu ne le connais pas, rit Hagrid. Évidemment qu'il y avait des ballons, et des cornets surprises. Et des chapeaux pointus. Il adore tout ce genre de choses.

- Dis donc. Moi qui le prenais pour quelqu'un de sérieux. Et vous, est-ce que vous avez dansé avec McGonagall ?

- Oui, une valse je crois. Après ça, elle a proposé de me donner des cours. Mais et toi Lily, avec qui vas-tu aller au bal ?

La jeune fille rougit légèrement. C'était le sujet fâcheux du jour : Jenny en parlait depuis qu'ils avaient appris qu'il y aurait un bal. Elle avait passé en revue à peu près tous les garçons de sixième et septième années, cherchant ceux qui seraient assez bien pour elle et ses amies.

- Je n'en sais rien. Je ne suis pas sûre que j'y aille accompagnée.

- Mais tu ne pourras pas danser si tu n'es pas accompagnée !

- Oh, je suis sûre que Margaret ou Val m'accorderont une danse !

- Et pas Jenny ? interrogea Hagrid en fronçant les sourcils.

Lily sourit. Il devait craindre qu'elles se soient disputées. C'était bien Hagrid, toujours attentif à l'humeur de son interlocuteur.

- Si, sans doute, seulement elle n'aura aucun mal à trouver un cavalier.

- Toi non plus.

Un sourire espiègle étira les lèvres de Lily.

- Ce n'est pas parce qu'un garçon aura envie d'y aller avec moi que j'aurai envie d'y aller avec lui.

- Tu es cruelle, Lily. Je suis sûre que tu brises le cœur de plein de garçons.

- Oh, non ! Et puis je n'ai pas dit que je refuserai. Ils n'ont qu'à tenter leur chance, on verra si je suis de bonne humeur.

Hagrid se leva alors pour remettre de l'eau à chauffer, mais il avait complètement oublié Crocdur. Le chien sauta de ses genoux sur la table, réveillé en sursaut, et glissa sur le bois vernis, sans que Lily ou Hagrid puissent l'arrêter, trop stupéfaits. Il renversa la théière et la tasse de Lily avant de sauter sur celle-ci. Elle eut l'impression de recevoir un boulet dans le ventre et tenta d'échapper à la peur dévastatrice du chien, qui essayait apparemment de disparaître sous son pull. Hagrid finit par l'attraper entre ses grosses mains et le souleva, libérant la jeune fille. Un bout de son pull partit avec les griffes de Crocdur. Elle leva les yeux vers le garde-chasse, qui avait l'air absolument désolé, puis son regard passa sur les quelques miettes qui restaient du service à thé. Elle tenta de se retenir, mais dû vite s'avouer vaincue : on ne peut pas contenir un fou-rire.

***


Les cours de danse commençaient dans deux jours. James avait hâte de savoir ce que ça allait donner. Ce qui était encore mieux, ce que les professeurs avaient promis de leur donner moins de devoirs étant donné qu'ils auraient un peu moins de temps pour travailler.

Le jeune homme se hâtait dans les couloirs pour rejoindre la Salle Commune après un court séjour à la bibliothèque pour trouver un livre de potions. Il réfléchissait au devoir qu'il avait à finir tout en laissant son regard errer sur les tableaux.

- Potter !

Il sursauta légèrement, tiré de ses pensées, et se retourna pour faire face à une McGonagall échevelée qui se dirigeait à grands pas vers lui.

- Ce n'est pas moi, professeur ! J'étais à la bibliothèque !

- Mais de quoi est-ce que vous parlez ? s'agaça-t-elle.

- Quoi ? Vous ne venez pas pour me coller ?

- J'ai d'autres fonctions dans cet établissement que vous courir après. Enfin pour vous coller du moins. Non, c'est plus grave : un des batteurs de Poufsouffle s'est cassé le bras aussi ont-ils déclarés forfait. Nous jouons samedi contre Serdaigle.

L'information mit un certain temps à aller jusqu'au cerveau de James, tellement il était à mille lieux de penser qu'une telle chose allait lui tomber dessus. Enfin, il balbutia :

- Same... C'est hors de question, on a qu'un seul batteur ! Et on n'a même pas commencé les entraînements !

- Eh bien dépêchez-vous d'en trouver un, Potter !

Et elle le planta là.

Ils étaient mal. Mais alors, vraiment très mal.

Oubliant totalement son devoir de potion, James se rua jusqu'à la Salle Commune et beugla :

- Je veux toute l'équipe sur le terrain dans un quart d'heure ! Pas de protestations, y a urgence !

Tout le monde se mit à parler en même temps dans la salle mais James n'y prêta pas attention. Il se jeta sur Sirius, qui travaillait jusque-là sagement dans un fauteuil, et l'attrapa par le col de son t-shirt pour le secouer dans tous les sens.

- Il-me-faut-un-batteur-pitié-aide-moi-s'il-te-plaît-joue-au-poste-de-batteur-pitié-pitié-pitié !

- Aaaaah ! Lâche-moi !

James s'exécuta. Sirius était sa seule chance de salut, alors il ferait tout ce qu'il lui demanderait jusqu'à la fin de leur vie s'il voulait bien les aider.

- Bon. Qu'est-ce qui se passe ?

James n'eut pas l'occasion de lui expliquer parce que les autres membres de l'équipe, l'ayant repéré sans trop de mal, s'agglutinèrent autour d'eux en vociférant pour avoir des informations. Leur capitaine, mis à bout de nerfs en un temps de record de trois minutes, finit par exploser.

- LA FERME !

Tout le monde se tut aussitôt, pas seulement autour de lui mais dans toute la salle.

- On joue samedi.

Si la situation n'avait pas été aussi désespérée, James se serait sans doute amusé de la façon dont trois mots peuvent faire passer les gens d'un sentiment à un autre plus facilement qu'un long discours. Les trois joueurs présents, puisque les deux cinquièmes années du lot étaient à leur cours de danse, le dévisagèrent, la bouche grande ouverte.

- Je sais. Alors maintenant vous allez chercher vos affaires et on se retrouve sur le terrain dans DIX MINUTES !

Il n'avait pas eu l'intention de hurler les derniers mots mais rester calme pendant une minute était actuellement son grand maximum.

Ernie, tout juste recruté, Héléna et Martin se précipitèrent vers les dortoirs sans demander leur reste.

James prit une profonde inspiration et se tourna de nouveau vers son ami.

- Pitié ?

- Je veux bien, fit Sirius en haussant les épaules, mais ça ne t'apportera rien. Je te rappelle que je n'ai pas été pris aux essais en quatrième année.

Cornedrue dû faire un énorme effort sur lui-même pour ne pas se remettre à hurler. Sirius était persuadé qu'il était mauvais joueur de Quidditch depuis qu'il avait été recalé. Il avait seulement eu affaire à plus fort que lui.

- Te fous pas de moi, tu t'es énormément amélioré depuis. Pitié pitié pitié !

- Ok ok ! Mais ne viens pas te plaindre quand tu te prendras un cognard parce que je n'ai pas réussi à l'avoir.

- Merci !

James saisit son visage entre ses mains pour lui planter un bisou sur le sommet du crâne, avant de se précipiter à son tour vers les dortoirs. Ce serait dommage qu'il soit en retard.

En quittant la salle commune au pas de course, il faillit percuter Remus qui arrivait de la bibliothèque. Avant qu'il ait pu dire quoique ce soit, James s'écria :

- Lunard ! Anne Shirley et Elphias MacLagan, tu vois qui c'est ?

- Euh, oui mais...

- Ils sont en cours de danse, trouve-les quand ce sera fini et envoie-les sur le terrain de Quidditch fissa. Et je me contrefous qu'ils n'aient pas dîné !

Sans attendre de réponse, il disparut dans l'escalier.

Il était vingt-deux heures trente. La salle commune était vide, à l'exception de sept élèves exténués. James regarda tour à tour les membres de son équipe, incroyablement fier d'eux. Ils étaient restés sur le terrain près de quatre heures, sans avoir dîné, mais ils avaient tenu le coup.

Ils avaient tiré une table près du feu et avaient lutté contre le sommeil pour avaler les restes du dîner que les elfes avaient donné à James. Héléna avait fini par abandonner au milieu de son éclair au chocolat et somnolait sur l'épaule d'Anne. Elles étaient les seules filles de l'équipe, et c'était sans doute pour cela qu'elles avaient toutes deux un caractère bien trempé. Les cheveux bruns d'Héléna glissèrent sur son visage et elle grogna avant de les repousser. Anne dégustait son dessert, imperturbable. Des mèches blond foncé s'échappaient de sa tresse. Elle avait arrêté de se recoiffer après une heure d'entraînement. A côté d'elle, Martin louchait sur l'éclair au chocolat abandonné dans l'assiette d'Héléna. Les cheveux châtains tirant sur le roux avec un nez en trompette, il avait tout du lutin. Et il y ressemblait encore plus lorsqu'un air malicieux éclairait ses traits comme à cet instant. Il tendit la main vers l'assiette de la poursuiveuse mais Anne lui donna une tape sèche sur les doigts en fronçant les sourcils. Il fit une grimace puis, sans crier gare, lui enfonça l'index dans les côtés. Elle poussa un petit cri en se tortillant, ce qui fit se redresser Héléna. Martin en profita pour attraper le gâteau et l'enfourna avant qu'Anne ait pu le reprendre. Une expression de satisfaction béate se peignit sur son visage. James était persuadé que ce qui lui faisait le plus plaisir, c'était d'avoir embêté les deux filles. La brune cligna plusieurs fois des yeux, tirée de sa sieste, puis laissa retomber sa tête sur l'épaule de son autre voisin, à savoir Ernie. Il devint aussitôt cramoisi, alors qu'il était blanc comme un linge depuis au moins deux heures. Le Quatrième année s'était démené pour se montrer à la hauteur. Il allait être encore un peu faible pour le match, mais si les Poursuiveurs assuraient, ils pouvaient s'en sortir. Et James avait une totale confiance en Ernie : il ferait tout ce qu'il pourrait pour aider son équipe.

Près du capitaine se trouvaient les pieds de Elphias. Renversé dans sa chaise, il fixait le plafond, les bras croisés derrière la tête. De l'autre de côté de James, Sirius se massait les bras, les yeux dans le vague. Ils avaient passé quatre heures à se renvoyer un cognard, de plus en plus fort et vite, et sur une distance de plus en plus longue. Sirius s'en sortait pas mal, mais James attendait de le voir en condition de match, tout comme Ernie.

Il s'éclaircit la gorge – il avait passé l'entraînement en vol stationnaire, s'époumonant autant qu'il pouvait – et annonça d'une voix éraillée :

- On se retrouve demain à dix-huit heures trente.

Les six joueurs levèrent la tête vers lui et Martin interrogea d'un ton nonchalant :

- Quand est-ce qu'on travaille, Héléna et moi ? On a ce stupide cours de danse avant le dîner.

- Je ne vous garderai que deux heures, trois au grand maximum.

Devant leur air sceptique, il ajouta :

- Promis.

Martin s'étira en hochant la tête puis se leva :

- Bonne nuit à vous. Rêvez bien de Souaffle et de Poufsouffles à dégommer.

- Merci pour ces encourageantes paroles, marmonna Anne. J'ai encore un devoir de métamorphose à finir.

- T'en fais pas pour ça, la rassura James. J'irai voir McGonagall demain pour lui expliquer.

- Et ça va marcher ?

- Elle ferait n'importe quoi pour qu'on ait la coupe. A ton avis, pourquoi je me suis retrouvé capitaine de l'équipe alors que je suis, je cite « l'élève le plus insupportable que Poudlard ait connu depuis sa création » ? Par contre si on se plante, on prendra tous cher.

- Ça aussi, c'était encourageant. Merci les mecs, vous êtes vraiment utiles.

- C'est pour te faire comprendre de façon tout à fait subtile que si tu ne gardes pas bien tes buts tu te feras tuer, expliqua aimablement Martin, avant d'esquiver de justesse la tape qu'Anne voulut lui asséner sur le crâne.

- Il n'a pas tout à fait tort, reprit James, mais ça vaut aussi pour lui. Si tu laisses un Serdaigle prendre le souaffle, ce sera de ta faute.

Anne tira la langue au poursuiveur avant de se lever.

- Bonne nuit. James, je compte sur toi. Quoique, si je meurs avant le match vous pourrez peut-être déclarer forfait.

- Oh ouais ! Tuons-la !

Cette suggestion venait bien évidemment de Martin, qui la jeta sur son épaule avant qu'elle ait pu faire un mouvement. Elle se mit à piailler alors qu'il faisait mine de la jeter dans le feu. Il finit par la reposer, ce qui parut être une assez mauvaise idée lorsqu'elle lui donna un coup de pied dans le tibia.

Sirius gloussa et salua à son tour l'équipe avant de monter d'un pas lourd l'escalier. Il fut bien vite suivi par Elphias, puis par Ernie. James l'arrêta lorsqu'il passa devant lui et sourit :

- Tu as été super, Ernie. Si tu as le temps demain, essaie de t'entraîner à attraper de petits objets avec un ami. Si tu veux pouvoir aller vite, il faut que tu sois précis. Ok ?

Ernie hocha la tête aussi énergiquement qu'il le pouvait et son capitaine lui donna une petite tape dans le dos.

- Repose-toi bien. Tu vas assurer.

Le visage du jeune homme reprit quelques couleurs et il monta d'un pas un peu plus léger l'escalier.

Martin, qui avait fini de faire semblant d'avoir mal, s'esquiva avant qu'Anne ait pu le martyriser plus longtemps. La blonde marmonna quelque chose à propos des moldus qui auraient mieux fait de brûler tous les roux quand ils pensaient qu'ils étaient tous alliés au diable et commença à empiler la vaisselle sale.

- Anne ! T'inquiète pas, va te coucher. Mais merci, c'est gentil.

Une expression soulagée traversa le visage de la jeune fille. Elle sourit et tira Héléna par le bras. Privée d'oreiller, sa tête était retombée sur sa poitrine.

- Allez, réveille-toi mon gros lardon ! l'admonesta Anne.

- Oui oui, j'arrive. Garde-moi une tartine.

- C'est bien Héléna. Tu as tout compris.

Elles montèrent les escaliers en continuant leur discours sans queue ni tête, Héléna continuant apparemment à somnoler.

James sourit et reprit le travail qu'Anne avait commencé. Lorsqu'il eut tout rassemblé, il saisit la pile et se dirigea vers la sortie. Ou du moins il l'aurait fait si la table n'en avait pas décidé autrement. Il trébucha contre les pieds et la vaisselle s'écrasa au sol avec fracas, vite suivie par James. Le nez dans un reste de haricots verts, il marmonna : « Aïe ». Il roula sur le dos sans prêter attention au couverts répandus autour de sa tête et fixa le plafond cramoisi de la pièce. Il allait rester là et se faire écraser par les élèves demain matin. Ainsi, il n'aurait pas à affronter le match. Oui, il allait faire ça.

- Potter ?

Le jeune homme fronça les sourcils en se demandant qui pouvait bien troubler sa paisible mort. Il se redressa sur un coude et aperçut Evans sur la première marche de l'escalier, enroulée dans un pull dix fois trop grand pour elle.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai failli engueuler Anne et Héléna parce qu'elles gloussaient dans les couloirs et elles m'ont répondu de voir ça avec toi.

« Les traîtresses », songea James avant de se laisser retomber dans ses haricots verts.

- Match de Quidditch samedi, pas d'entraînement, pas de batteur, beaucoup de choses à faire, gros dodo. Ça te va ?

- Non.

Elle se trouva bientôt au-dessus de lui et s'étonna :

- Vous avez dîné ici ?

- Ouais. Figure-toi que le service s'arrête à dix-neuf heures trente en bas.

- Quand on est trop fatigué pour mettre de l'ironie dans son ton, on en fait pas.

James allait rouler des yeux agacés, mais elle fit un truc complètement dingue. Elle lui tendit la main, le visage neutre.

Il fut tellement stupéfait qu'il ne songea même pas à lui répondre qu'il escomptait mourir ici. Il se leva et parvint à lâcher, un peu remis du choc :

- Euh... Merci.

- Dis donc. Je crois que c'est l première fois de ma vie que je t'entends dire ça, commenta Lily, narquoise.

Il esquissa un sourire.

- C'est ma mère qui m'a appris.

Le pire, c'est qu'en un sens c'était vrai.

- Alors ta mère est quelqu'un de très bien.

Elle sortit alors sa baguette, fit un petit mouvement vers la vaisselle, et James se retrouva avec une pile d'assiette et de couvert dans les mains.

- Tu as des haricots dans les cheveux, l'informa Lily avant de se retourner pour remonter se coucher.

Avant qu'elle ne disparaisse, James lança :

- Encore merci !

Elle s'arrêta et tourna légèrement la tête vers lui :

- Fais gaffe, tu pourrais en faire une habitude.

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