Partie II - Chapitre 29

Chapitre 29

James bailla en montant les escaliers derrière Sirius et Peter. Comme d'habitude, ils s'étaient cachés sous la cape lorsque Dumbledore était venu chercher Remus, puis ils étaient sortis à leur tour. Remus devait ensuite se rendre à l'infirmerie, où il passerait sans doute la journée puisqu'on était samedi.

Le jeune homme soupira d'aise. Il adorait quand la pleine lune tombait le week-end.

Il faillit rentrer dans Peter, qui s'était immobilisé sur le pas de la porte.

- Qu'est-ce que tu fais Queudver ? Marmonna-t-il.

- James ?

Il fut soudain tout à fait réveillé. Il poussa ses deux amis et, stupéfait, fit face à Lily. Ses grands yeux verts semblaient dévorer son visage. Elle serrait ses bras autour d'elle, l'air frigorifié. Il ne l'avait jamais vu aussi pâle. Alors que tout allait pour le mieux quelques instants plus tôt, ce qui le rendait le plus heureux se trouvait soudain au bord du précipice.

- Lily ? Balbutia-t-il. Mais qu'est-ce que tu ...

- Tu n'étais pas en colle, hein ?

- N...non, en fait on préparait justement ce qui risque de nous envoyer en colle.

Il avait inventé ça sur le vif, mais même lui ne se trouvait pas convaincant.

- Pourquoi est-ce que tu m'as menti pour ça ? Tu sais très bien que je m'en fiche !

Il s'aperçut qu'elle avait les larmes aux yeux et eut envie de se frapper. Il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle lui crie dessus, plutôt que de la voir pleurer à cause de lui.

- Lily..., supplia-t-il.

- J'avais besoin de toi !

James serra les poings en entendant sa voix trembler.

- Je suis désolé, Lily, je ne pouvais pas savoir. C'était une surprise alors...

- Arrête de me mentir, James !

Il eut l'impression de se prendre un coup en plein visage. Si elle l'avait appelé « Potter », il aurait su que ce n'était pas si grave.

Il pinça les lèvres. Il devait garder le secret, pour Remus. Et puisqu'il était incapable de mentir, il était coincé.

Elle le scrutait, attendant qu'il dise quelque chose, qu'il s'explique.

- Je suis désolé, répéta-t-il.

Cette fois, il n'avait rien à ajouter.

Les larmes de Lily débordèrent et coulèrent sur ses joues. Elle le bouscula pour passer et il l'entendit descendre en courant l'escalier.

Il resta un instant sans bouger, les yeux fixés sur l'endroit où Lily se tenait un instant plus tôt. Près de lui, Sirius et Peter n'osaient pas parler.

Un juron s'échappa enfin de ses lèvres et il se laissa tomber sur la malle la plus proche. Il enfouit son visage entre ses mains avec l'envie de s'arracher les cheveux. Comment est-ce que ce qui lui était arrivé de mieux avait pu s'effondrer aussi vite ?

- James... tenta Sirius.

- Ne dites rien à Remus, demanda-t-il à voix basse. Je ne veux pas qu'il se sente coupable.

Sirius lui pressa l'épaule, suivi de Peter. Ils se couchèrent en silence, mais James ne bougea pas. Il cherchait une solution, tout en sachant très bien qu'il était coincé entre l'amour et l'amitié. Il ne pouvait pas conserver l'un sans perdre l'autre.

***

Lily dormit une bonne partie de la journée. Elle ne faisait pas de cauchemar quand il faisait jour. Elle savait qu'elle prenait du retard dans son travail, mais elle s'en fichait.

Elle était restée éveillée toute la nuit, dans le lit de James, à se demander pourquoi il lui avait menti. Et la conclusion à laquelle elle était arrivée lui avait brisé le coeur.

Comme on était samedi, aucune de ses amies ne s'était rendu compte qu'elle n'avait pas dormi dans son lit. Elle avait fait le moins de bruit possible et s'était endormie comme une masse dès que sa tête avait touché l'oreiller.

Quand elle avait fait semblant de dormir pour ne pas aller déjeuner, elle avait entendu Margaret dire que quelque chose n'allait pas. Lorsqu'elle se réveilla, une heure après cela, elle trouva Jenny assise sur le bord de son lit, lisant un livre. Mais dès que Lily remua, elle le ferma d'un claquement sec et le posa au sol.

- Debout Evans, il faut qu'on parle. On t'a ramené quelques trucs à manger.

- C'est gentil, marmonna la jeune fille avant de se lever sans faire d'histoire.

Même elle commençait à en avoir assez de rester dans son lit. Elle voulait bien se morfondre, mais pas en restant en pyjama pendant trois mois.

Elle revint un quart d'heure plus tard et rejoignit Jenny sur son matelas. La blonde lui tendit une pomme, que Lily regarda d'un air sceptique. Elle n'avait pas faim.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Lily mordit finalement dans le fruit afin de retarder sa réponse. Elle déglutit et renonça à poursuivre son déjeuner.

- On s'est disputé, c'est tout.

- Et c'est pour ça que tu as passé la matinée à dormir et à pleurer ?

- Je n'ai pas passé la matinée à pleurer !

- La nuit alors. Tu as les yeux complètement bouffis.

- On s'est vraiment disputé, réitéra Lily en éludant la question. Sauf que cette fois, je crois qu'on a ...

Sa voix se brisa. C'était vraiment fini ? Après un peu plus de deux mois, c'était fini ?

- Mais qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour que vous en arriviez là ? Râla Jenny. Ça doit encore être un truc idiot.

Oui, c'était quelque chose d'idiot. Quelque chose d'idiot comme il aurait pu le faire en cinquième année, quand Lily le détestait encore.

- Il m'a menti, répondit simplement Lily en crispant ses doigts sur la pomme.

- C'est tout ? S'écria Jenny, scandalisée. Juste pour un mensonge ?

Lily ne répondit pas. Elle n'avait aucune envie de s'expliquer.

- Lily, tu te fous du monde ! Il t'aime, bon sang ! Et toi tu le plaques parce qu'il oublie de te dire un truc ?

- Tu ne comprends pas, murmura Lily. Elle sentait les larmes affluer au bord de ses paupières.

- En effet, répondit sèchement Jenny avant de se lever pour sortir de la pièce.

La jeune fille regarda la porte se fermer en luttant pour ne pas pleurer. Qu'allait-elle faire si elle perdait James et le soutien de ses amies en même temps ?

Au début, personne ne s'inquiéta de voir que Lily Evans et James Potter s'étaient disputés. Le week-end passa sans qu'ils se réconcilient. Le lundi soir, Poudlard dut se rendre à l'évidence : le couple légendaire semblait être sur une mauvaise pente. Et aucun des deux principaux concernés ne n'avait l'air terriblement affecté par cela.

Lily faisait tout ce qu'elle pouvait pour cacher sa peine. Elle détestait les filles qui passaient leur temps à fondre en larmes devant tout le monde. Elle s'était toujours demandée comment elles pouvaient être si désespérées seulement parce que leur couple était ruiné. Elle-même avait été triste quand William était parti, mais pas au point de se mettre à pleurer au milieu de chaque cours pendant un mois. Elle comprenait mieux, à présent. Mais elle ne comptait pas se ridiculiser pour autant. Qui plus est, James s'en sortait très bien. Elle le voyait rire aux idioties de ses amis. Il ne jetait jamais un regard vers elle. Dans ces moments-là, Lily avait envie de s'effondrer.

Jenny lui adressait à peine la parole, malgré les efforts de Margaret pour arranger les choses. Quant à Val, elle refusait de prendre un parti et faisait comme si de rien n'était en bavardant gaiement dans le dortoir.

***

James regardait son cours sans le lire. Il avait à peine travaillé pendant la semaine écoulée, incapable de se concentrer. Il pensait tout le temps à Lily.

- Les gars, je vais aller voir Dumbledore.

Il releva la tête vers Peter, surpris. Ils lui avaient parlé de l'énigme et de l'Ordre. Peter avait hoché la tête et n'en avait plus parlé depuis.

- Qu'est-ce que tu vas lui dire ? Interrogea Remus.

Le coeur de James se serra et il baissa la tête. Il n'en voulait pas à Remus, mais il avait du mal à le regarder en face. Le pire était que Remus se doutait de quelque chose, James en était certain. Il se secoua pour se concentrer sur ce que disait Peter.

-... Je veux en être. Je sais que je ne suis pas aussi courageux ou doué que vous, mais tant que je suis avec vous je peux faire bien plus de choses que Dumbledore ne l'imagine. Je veux me battre.

- Vous pensez qu'il acceptera ? Commenta Sirius, sceptique.

Remus sourit.

- Je pense que oui. C'est son truc, de donner une chance aux gens.

- J'espère qu'il dira oui, Queudver, lança James en souriant.

Le petit blond hocha la tête et sauta sur ses pieds, enthousiaste.

- Je vais y aller tout de suite !

Il partit aussitôt.

- J'espère que ça ira pour lui, dit Sirius, pensif. Et pour toi aussi, James.

- Hein ?

- Le match.

James grogna. Gryffondor jouait contre Serpentard le lendemain. C'était également pour cette raison qu'il avait peu travaillé. L'équipe s'était entraînée tous les jours. C'était les seuls moments où James parvenait à faire abstraction de sa peine.

- Évidement que ça va aller.

- Je ne comprends pas vraiment pas comment vous avez pu rompre à cause d'une petite crise de jalousie, soupira Remus pour la énième fois.

- Ça ne pouvait pas marcher entre nous, c'est tout, répondit James en haussant les épaules. On s'est battu trop longtemps.

Remus le dévisagea quelques secondes, acquiesça sans un mot et sortit du dortoir en prenant ses cours.

- Il se doute de quelque chose, hein ? Interrogea James.

- Je crois bien que oui.

James lâcha son livre et se laissa tomber sur le dos. Il faisait ce qu'il pouvait pour qu'on ne remarque pas à quel point il était malheureux, par pur orgueil, mais quand il était seul ou avec ses proches amis, il laissait tomber le masque.

Il ferma les yeux. Il fallait qu'il se résigne à perdre Lily. Pour Remus.

- Dis-moi franchement, j'étais comment aux entraînements ? Demanda-t-il pour essayer de se distraire.

- Pas trop mal. Pas au mieux de ta forme, mais ça va.

- Ma réputation ne survivra pas si je perds à cause d'une fille.

Il tenta de sourire, mais l'air sombre de Sirius le convainquit qu'il ne trompait personne.

- Je ne l'ai pas encore dit à mes parents. Je préfère que maman pense qu'il y a quelqu'un pour s'occuper de moi. Elle adore Lily.

Un air triste passa sur le visage de Sirius.

- Moi aussi. C'était vraiment une bonne amie.

- Ce n'est pas parce qu'elle m'en veut sans doute à mort que tu ne peux pas continuer à être ami avec elle, releva James, même si cela lui arrachait le coeur.

- Je ne suis pas sûre qu'elle ait très envie de me parler, remarqua Sirius.

- L'ambiance va être sympa en Cornouaille.

Sirius grimaça.

- Ça ira peut-être mieux, d'ici-là.

- J'espère.

Mais James n'y croyait pas. Il avait été attiré par Lily depuis qu'il l'avait rencontrée. Il n'allait pas arrêter de l'aimer en un claquement de doigts.

***

Il fallut un moment à Lily pour comprendre pourquoi tout le monde quitta la salle commune quelque temps avant onze heures. Le match, bien sûr.

Elle s'absorba un peu plus dans son travail et fit semblant de ne pas remarquer que Margaret venait de se lever.

- Lily ?

- Hmm ? Marmonna-t-elle sans la regarder.

- Tu viens ?

- Où ça ?

Maggy leva les yeux au ciel et lâcha :

- Le match !

Lily secoua la tête et se replongea dans son travail.

- Oh allez, Lily ! C'est notre maison qui joue, tu pourrais faire un effort !

- Je n'ai pas envie de le voir, marmonna-t-elle.

- Il sera sur son balai à cinquante mètres du sol, tu ne le verras pas !

Ce que Margaret ne pouvait pas comprendre, c'est que le Quidditch rappelait trop de souvenirs douloureux à Lily.

- Désolée, Maggy.

Son amie soupira, enroula son écharpe autour de son cou et partit. Avant que le portrait ne se referme derrière elle, Lily entendit la voix de Jenny :

- Je t'avais dit qu'elle ne viendrait pas.

Lily ferma les yeux et enfouit son visage entre ses mains. Elle était seule dans la salle.

Elle ne comprenait pas pourquoi Jenny lui en voulait autant pour avoir rompu avec James. Après tout, elle avait fait exactement la même chose.

Une larme coula le long de sa joue et elle ne fit rien pour l'essuyer.

Elle avait fini par demander à Madame Pomfresh de lui donner une potion qui lui éviterait les cauchemars et elle dormait à présent sans problème. Elle n'avait pas dit à l'infirmière que les cauchemars n'étaient pas la seule chose qui l'empêchait de dormir.

Elle resta un long moment, la tête posée sur ses bras croisés, à ressasser ses souvenirs.

Elle se leva finalement en reniflant et rangea ses affaires dans son sac. Elle s'apprêtait à monter dans son dortoir mais une clameur l'interrompit. Elle s'approcha d'une fenêtre et aperçut le stade. Elle voyait distinctement les deux groupes de supporters : Gryffondor d'un côté, Serpentard de l'autre. Elle se mordit la lèvre et s'essuya les yeux du revers de sa manche. Elle pouvait bien faire ça pour Gryffondor.

Elle monta jusqu'à sa chambre, jeta son sac sur son lit et récupéra machinalement un pull noir qui traînait sur son lit pour l'enfiler. Ce pull était à James. Elle l'avait mis, cette nuit-là, car la couverture ne parvenait pas à la réchauffer. Elle l'avait gardé en partant et n'avait pu se résoudre à le lui rendre. Elle savait que c'était aussi ridicule que pathétique. Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'en défaire.

Elle se couvrit et se rendit jusqu'au stade. Lorsqu'elle approcha, l'annonce du score lui parvint :

- Gryffondor égalise le score, 120 partout !

Elle monta les escaliers menant aux gradins et se haussa sur la pointe des pieds pour trouver ses amies, au moment où la foule se rasseyait après avoir manifesté sa joie.

***

James tentait de surveiller l'évolution générale du match tout en passant le Souaffle à ses coéquipiers. Les Serpentards se défendaient beaucoup trop bien, or Gryffondor devait prendre de l'avance s'ils voulaient conserver la tête de la coupe. Serdaigle n'avait que soixante points de moins et jouait quelques semaines plus tard.

Le Vif d'Or avait fait son apparition, mais ni Ernie ni l'Attrapeur de Serpentard, un gros lourdaud de cinquième année, n'avaient pu l'atteindre. Depuis, les Poursuiveurs et les Batteurs sillonnaient le terrain sans relâche, chaque équipe tentant d'être plus maligne que l'autre.

James fit un looping au moment où Martin marquait une nouvelle fois, amenant le score à égalité. Son attention fut alors captée par un éclat roux dans les gradins. Il n'entendit même pas la foule pousser un cri tandis que Arthur vociférait. Lily fouillait la foule du regard, ses cheveux brillant au soleil. Son coeur rata un battement. Elle était venue. Peut-être... Peut-être que tout n'était pas perdu.

- POTTER !

Il tourna la tête, juste à temps pour voir un cognard lui foncer dessus.

James avala en grimaçant l'horrible potion de Madame Pomfresh. Quelques instants plus tard, son mal de tête s'atténua.

- Combien ?

- 270 contre 120, répondit Martin. Un des batteurs essayait de toucher Ernie parce que cet abruti de McCarthy et lui chassaient le Vif d'Or. Il l'a attrapé au moment où on te récupérait.

James jura.

- Je suis désolé, les gars.

- C'est de ma faute, balbutia Ernie, les larmes aux yeux. Je n'ai pas réussi à le doubler pour le Vif...

Martin, Elphias, Sirius et James se répandirent aussitôt en consolation. C'était le jeu, Ernie avait fait tout ce qu'il fallait et s'était très bien défendu durant toute la saison. Les filles de l'équipe, qui étaient passées juste avant afin qu'il n'y ait pas trop de monde autour de James, pensaient la même chose.

- Tu n'as pas vu le Cognard venir ? interrogea Elphias de sa voix de basse.

- Je regardais... dans les gradins et je n'ai pas fait attention.

Sirius lui jeta un regard perçant mais les autres ne relevèrent pas son hésitation.

- Serpentard ne nous a pas dépassé, de toute façon, fit remarquer Ernie en reniflant. On est bon pour la finale.

James eut un petit sourire. Il avait du mal à dire si Ernie était terrifié à cette idée ou au contraire fou de joie. En tout cas, il se tortillait sur sa chaise.

- C'est pas ça, le problème, grogna Sirius. Les Serpentards vont nous humilier jusqu'à ce qu'on écrase nos adversaires en finale.

- Ouais, parce qu'on va gagner cette coupe, ajouta James en s'efforçant d'avoir l'air enthousiaste.

Les garçons sortirent, laissant James seul. Il avait été inconscient une bonne partie de l'après-midi. La nuit commençait à tomber lorsque Anne et Héléna étaient venues le voir. Il faisait à présent tout à fait noir dehors. Et Lily n'était pas venue.

James se rappelait très bien la façon dont elle s'était ruée à l'infirmerie lorsqu'il s'était battu avec Severus, en cinquième année. Mais c'était pour Severus qu'elle était venue.

Il soupira et cala sa tête sur l'oreiller avec une grimace. Il s'était pris le cognard en plein front et avait l'impression qu'on lui avait passé la tête au mixeur.

Alors qu'il allait s'endormir, quelqu'un d'autre entra dans l'infirmerie. C'était Peter.

Le petit blond jeta un coup d'oeil inquiet au bureau de Madame Pomfresh. James savait qu'elle le terrifiait.

Il s'approcha de son lit et James s'aperçut qu'il souriait sans pouvoir s'en empêcher.

- Il a dit oui !

- Dumbledore ?

Peter hocha frénétiquement la tête et baissa la voix :

- Je vais me battre avec vous !

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