Partie II - Chapitre 27

Chapitre 27

Le samedi arriva enfin. Lily ne tenait pas en place. Elle attendait ce moment depuis le mois de septembre !

Les Gryffondors partirent tous ensemble pour Pré-au-lard et retrouvèrent Ethel et Alice sur le chemin. Val et Peter avaient préféré rester au château. Lily eut un pincement de cœur en songeant à son amie. Margaret, Jenny et elle lui avaient montré l'espèce d'insigne qu'elles avaient récupéré mais Val n'avait vu qu'un morceau de tissu blanc. Val avait donc dû admettre que ses amies participaient à quelque chose à quoi elle ne pouvait pas prétendre. Déçue mais résignée, elle leur avait souri en leur assurant que ce n'était pas grave.

Ils arrivèrent dans la rue principale du petit village et Lily fut soudain prise d'inquiétude.

- Comment on va trouver la personne qu'on doit rencontrer ? Tu crois qu'il faut qu'on se cache ? On n'est peut-être pas assez discrets ?

- Calme-toi Lily, répondit James d'un ton laconique. On a très bien su nous trouver jusque-là alors je pense qu'il n'y aura pas de problème.

- Mais peut-être qu'il y a encore une autre énigme ou je ne sais pas moi, un défi à faire, ou...

Un cri interrompit Lily dans sa tirade, sauvant James de ce qui commençait à ressembler à une crise d'hystérie.

- FRANK !

Les Gryffondors et Ethel, tous aussi surpris les uns que les autres, virent Alice se ruer sur un homme qui se tenait devant les Trois Balais. Elle lui sauta au cou et un sourire étira les lèvres de Lily alors que l'homme serrait Alice contre lui.

- Frank Londubat !

- Je parie que c'est lui, notre rendez-vous, commenta Sirius.

Ils se dirigèrent tous vers la taverne en saluant le nouveau venu. Ses yeux bleus étaient toujours aussi perturbants qu'autrefois. Peut-être même plus, car il avait maigri. Il était plus sec que lorsque Lily l'avait vu pour la dernière fois, et semblait exténué. Néanmoins, il leur adressa un grand sourire, Alice serrée contre lui. Lily ne l'avait pas vu aussi rayonnante depuis longtemps.

- Venez, on va pouvoir se mettre au chaud ! annonça Frank en ignorant toutes les questions qui lui étaient adressées.

Sans attendre, il entra dans la taverne avec Alice et s'engagea dans un minuscule escalier poussiéreux après avoir adressé quelques mots à Rosmerta, la jeune serveuse. Les Septièmes années le suivirent, sidérés d'apprendre qu'il y avait un étage. Frank pénétra dans une toute petite salle, qui semblait servir habituellement de cagibi. Des chopes abîmées et des plateaux avaient été empilés dans un coin, afin de laisser suffisamment d'espace pour une table ronde, neuf chaises, et un poêle qui crachotait.

- Sympathique cet endroit. Autant aller à la Tête-de-Sanglier, marmonna Sirius.

- Oh non, ici on est tranquille, répondit Frank en tirant une chaise pour Alice Et puis on peut profiter des bons services de Rosmerta.

- C'est quoi, cette salle ? Interrogea Margaret d'un air dégoûté avant d'essuyer la chaise sur laquelle elle était censée s'asseoir.

- Elle devait servir de salon privé au départ, je crois. Et puis comme les seuls véritables clients de ce bar sont les élèves de Poudlard, ça n'a jamais marché. En attendant, ça nous est bien utile. Installez-vous !

Il s'assit près d'Alice et Ethel fit de même. Sirius prit place près de la blonde en faisant semblant d'être en grande discussion avec James. Remus sourit, moqueur, et s'assit près de James. Lily, Jenny et Margaret prirent les places qui restaient. La rousse s'agitait sur son siège, de plus en plus impatiente.

Le silence se fit dans la petite salle et tous les yeux convergèrent vers Frank. Il ouvrit la bouche, mais à ce moment-là Rosmerta fit irruption, portant dans un équilibre précaire neuf chopes de Bièraubeurre. Elle les déposa sur la table, non sans sourire à Frank d'un air aguicheur, et Lily s'amusa de voir Alice la fusiller du regard. Elle disparut enfin et Alice émit un claquement de langue agacé.

- Quelle imbécile !

- T'es jalouse ? Se moqua Frank, avant de saisir son menton entre ses doigts pour l'embrasser.

Les autres jeunes gens leur laissèrent volontiers quelques secondes de retrouvailles mais le couple sembla oublier bien vite qu'ils étaient entourés. Finalement Sirius se racla la gorge et Alice se détacha brusquement de Frank en devenant rouge comme une pivoine. Un ricanement secoua les garçons alors que Frank se raclait la gorge.

- Bien ! J'imagine que vous avez tous avec vous quelque chose d'un peu particulier...

D'un même geste, ils sortirent les morceaux de tissu avec le phénix de leur poche et le posèrent sur la table. Un petit sourire étira les lèvres de Frank.

- Vous avez déjà entendu parler de l'Ordre du Phénix ?

***

James sursauta légèrement à la question de Frank. Il se souvint soudain de sa rencontre avec Rogue au début de l'année. Il lui avait parlé de ces « ratés de l'Ordre », et James n'avait eu aucune idée de ce dont il parlait.

- C'est un groupe de résistance, murmura-t-il.

Frank braqua ses yeux sur lui, surpris.

- Potter ? Tu connais ?

James leva son regard vers lui et répéta plus fort :

- C'est un groupe de résistance. Vous vous battez contre les Mangemorts.

Le jeune homme qui lui faisait face jura à mi-voix.

- Comment est-ce que tu sais ça ? C'est censé être secret !

- Pourquoi est-ce que tu nous poses cette question, alors ? Interrogea Ethel.

- C'était rhétorique, pour faire plus d'effet !

- Raté, lança Sirius.

- C'est Servilus qui m'en a parlé, reprit James, comme si personne ne l'avait interrompu.

Il ne fit pas attention à Lily, en face de lui, qui s'était figée. Il raconta succinctement sa rencontre avec Rogue et Frank pinça les lèvres.

- Super. Ça veut dire qu'on va avoir plein de nouvelles recrues, mais eux aussi. Enfin, ne nous inquiétons pas de ça !

Il leur adressa un grand sourire, mais les huit jeunes gens le regardèrent d'un air sceptique. Son sourire fondit légèrement.

- Bon, d'accord. Ça va être dangereux. Et hasardeux. Et tous les adjectifs négatifs que vous voulez. Mais on fait ça pour la Grande-Bretagne, et croyez-moi, ça en vaut la peine.

- On fait quoi ? Interrompit Jenny. Et qu'est-ce qui va être dangereux ?

- On va tout reprendre du début, ce sera plus simple, décida Frank avant d'avaler une gorgée de Bièraubeurre. L'Ordre a été créé il y a quelques années par Dumbledore. En constatant que Vous-Savez-Qui n'allait pas se laisser battre facilement, il a décidé de rassembler des sorciers doués, courageux et dévoués pour résister aux forces du mal. Il avait son réseau, bien sûr, mais bientôt ça n'a plus suffit, face à l'afflux de nouveaux partisans de Vous-Savez-Qui. Il a eu l'idée de recruter de nouveaux membres à Poudlard, mais il fallait choisir, et bien choisir. Il a donc mis en place différentes énigmes, qui, étape par étape, amènerait le candidat à prouver sa valeur, son courage et sa motivation. On m'a parlé d'une histoire d'assiette pour votre année. Nous, ça a commencé par des hiboux. Enfin bref, c'est comme ça que vous vous êtes retrouvés ici.

- Mais qu'est-ce que fait l'Ordre, concrètement ? Interrogea Remus.

- On traque les Mangemorts. On protège des Nés-Moldus, on fait des filatures pour récolter des informations. On fait la guerre, en somme. Le Ministère est derrière nous, mais il ne le fait pas savoir. Le but est de garder nos actions les plus secrètes possibles. Il nous finance, assure la formation des membres, mais il ne s'occupe pas de nous pour le reste.

- La formation ? Releva James, passionné.

- Si vous acceptez de nous rejoindre, vous suivrez une formation accélérée pour être Auror ou Médicomage.

- Et si on refuse ? Vous nous laisserez vagabonder avec le plus grand secret de la guerre ? Demanda Jenny.

- Non. On vous lancera un sortilège de Confusion pour modifier vos souvenirs et vous reprendrez votre vie, répondit doucement Frank.

Les jeunes gens restèrent silencieux. Il leur fallait un peu de temps pour digérer toutes ces informations. James avait du mal à réaliser. La guerre lui avait toujours paru un peu lointaine, même s'il rêvait d'en faire partie. Mais maintenant qu'on lui en laissait choix, il ne savait que dire. Il jeta un regard à Lily, mais elle fixait le bois patiné de la table.

James ferma un instant les yeux. Il savait qu'il ne refuserait pas, parce que vivre sur un mensonge ne lui convenait pas. Il hésita encore un instant pour regarda de nouveau Frank.

- J'en suis.

- Moi aussi, s'empressa d'ajouter Sirius.

Remus, puis Jenny firent de même, suivis des autres filles. Un grand sourire étira les lèvres de Frank.

- Je suis ravi de tout cet enthousiasme, mais en fait vous avez encore le temps de réfléchir. Dumbledore va vous rencontrer, les Aurors d'un côté et les Médicomages de l'autre. D'ici là, le sortilège de Langue-de-plomb fera encore effet avec tous ceux qui ne font pas partie du groupe.

- Pourquoi est-ce qu'il veut nous voir ? Interrogea Margaret.

- Il vous expliquera plus en détails ce qu'on attend de vous, comment vous serez formés, comment se passe la vie au sein de l'Ordre. Et surtout, il saura vous parler de la guerre mieux que moi.

Le visage du jeune homme s'assombrit légèrement et Alice posa doucement ses doigts sur sa joue. James se demandait bien par quoi il était passé pour pouvoir être avec eux. Et par quoi ils allaient passés s'ils voulaient survivre à cette guerre.

Il se rendit soudain compte de l'absurdité de la situation. La plupart d'entre eux n'avaient pas encore dix-huit ans et pourtant on leur demandait de faire la plus grande décision de leur vie. Ses camarades semblaient perdus dans les mêmes pensées. Ils buvaient leur Bièraubeurre, les yeux dans le vague. Un raclement de chaise brisa le silence lorsque Remus se leva.

- C'est un peu étouffant ici, non ?

Tous acquiescèrent dans un brouhaha et s'empressèrent de sortir de la petite pièce. James s'attarda, pour sortir en même temps que Lily, mais il s'aperçut qu'elle était déjà partie. Surpris et déçu, il s'engagea dans les escaliers, laissant Frank et Alice seuls.

Lily n'était pas plus visible à l'entrée de la taverne, où James ne trouva que Remus et Sirius. Ils lui dirent que les filles avaient préféré aller faire un tour pour pouvoir discuter tranquillement. James fronça les sourcils.

- Lily est parti comme ça ?

- Elle peut vivre sans toi, tu sais, plaisanta Sirius en lui donnant une tape dans l'épaule. Un petit tour au bout du village ?

- Yep, approuva Remus avant de partir, les mains enfoncées dans ses poches.

James parvint presque à se persuader que l'attitude de Lily n'avait rien de bizarre et il suivit ses deux amis. Les filles avaient dû entrer dans une boutique car ils ne les croisèrent pas. Une fois arrivés au bout du village, ils discutèrent longuement de ce que Frank leur avait dit. Remus était particulièrement inquiet, à cause de sa condition de loup-garou. Seul le fait que c'était Dumbledore qui avait manigancé tout cela parvint à le rassurer. A la mention du directeur, James se mit soudain à rire et il expliqua à ses amis qu'il s'était jurer de frapper le crétin qui avait créé cette énigme.

- Je le tiens et tu le frappes ! Proposa Sirius.

- Fabuleux ! Ça passera sans problème.

- Qu'est-ce qui passera sans problème ?

Ils se tournèrent tous les trois vers le chemin et se trouvèrent face à Margaret, Jenny, Ethel et Lily. Sirius leur expliqua l'histoire et elles se mirent à rire – même Ethel. Mais pas Lily, qui regardait dans le vide.

Ils décidèrent de retourner aux Trois Balais, l'esprit apaisé après avoir pu discuter tranquillement, et cette fois James ne laissa pas Lily partir sans lui. Il était certain que quelque chose n'allait pas et il comptait bien découvrir quoi. Aussi, alors qu'elle s'apprêtait à partir avant les autres, lui attrapa-t-il le bras. Elle se tourna vers lui avec un soupir et lâcha :

- Quoi ?

Leurs amis sentirent aussitôt qu'il serait bon pour leur survie de déguerpir, et les deux jeunes gens furent bientôt seuls.

- « Quoi ? » ? J'ai l'impression d'être de nouveau en Cinquième Année !

- Peut-être parce que tu agis comme en Cinquième Année, rétorqua Lily en plantant ses yeux verts dans les siens.

- M'engager dans un ordre secret pour aider à sauver le monde des sorciers, c'est agir comme en Cinquième Année ?

- Non. Mais appeler Severus Servilus, ça l'est !

James la dévisagea, stupéfait. C'était tout ? Il en aurait presque éclaté de rire.

- Tu m'en veux pour ça ?

- Oui, je t'en veux pour ça ! C'est un peu comme si je me moquais de Peter juste devant toi !

- Bien sûr que non ! Tu ne lui adresses plus la parole, il passe son temps à te dire que tu es... que tu es...

- Je sais, coupa sèchement Lily. Mais ça ne te donne pas le droit d'insulter le gens.

- Parce que tu ne l'as pas fait, peut-être ?, s'énerva-t-il. Qui est-ce qui l'a appelé Servilus aussi en Cinquième Année ?

- Et qui est-ce qui l'a déshabillé devant toute l'école ? Hurla Lily, hors d'elle.

- C'est toi qui m'as dit que je ne pouvais pas renier ce que j'ai été ! Alors ne le fais pas toi-même !

- A condition que tu ne redeviennes pas ce stupide crétin prétentieux et arrogant qui insulte mon meilleur ami !

Les trois derniers mots calmèrent brusquement James. Du moins en apparence. Brûlant d'une rage froide envers celui qui avait toujours autant d'ascendant sur Lily, il jeta à la jeune fille :

- Tu ne peux pas continuer à hésiter comme ça, Lily. C'est lui ou moi.

Sans attendre de réponse, il partit.

***

Lily ne serait pas allée dîner si Margaret ne veillait pas au grain. Elle dut donc passer vingt minutes à chipoter avec sa nourriture en faisant semblant de ne pas remarquer James, assis à l'autre bout de la salle.

Après le départ de James, à Pré-au-lard, Lily n'avait pas bougé pendant plusieurs minutes, les yeux débordants de larmes. Elle était furieuse contre James, contre elle, contre Severus, Dumbledore, ceux qui avaient démarré cette guerre et ceux qui l'alimentaient. Bref, elle en voulait à la terre entière, parce que pour la première fois depuis le mois de novembre, elle s'était disputée avec James Potter.

Ce soir-là, après que toutes ses amies se furent endormies, elle se tourna et se retourna dans son lit, incapable de trouver le sommeil. Elle ne s'était jamais sentie aussi mal après s'être disputée avec James. Peut-être parce que, pour une fois, elle se sentait en tort. Elle repensait à son altercation avec Severus, en janvier. Elle lui avait dit que James avait changé, et pourtant elle venait de faire exactement comme si ce n'était pas le cas. Et tout ça au bénéfice de qui ? D'un garçon avec qui elle n'avait plus de contact depuis deux ans, et pour qui elle faisait partie des gens à abattre. Si elle devait vraiment choisir, alors le choix était vite fait. Et pas seulement parce que Severus l'avait traitée de Sang-de-Bourbe. Elle avait encaissé de nombreuses insultes de la part de James au cours des ans, des coups bas et des blagues de mauvais goûts en tout genre. Sauf que c'était James. Et elle l'aimait.

Lily fit basculer ses pieds hors de son lit et les posa sur le sol froid. Elle sortit sans bruit de la chambre, sans se soucier du fait qu'il était presque minuit : James se couchait toujours tard lorsqu'il était préoccupé. Avec un peu de chance, il serait toujours là. Et si ce n'était pas le cas, alors Lily improviserait.

Elle l'aperçut en arrivant dans la salle commune, et son cœur rata un battement. Elle ne put s'empêcher de sourire. Elle avait l'impression d'être de retour à l'époque où ils ne sortaient pas encore ensemble, quand elle était terrifiée à cette simple idée. Il était enfoncé dans un fauteuil, l'air maussade, un livre entre les mains. Il releva la tête en l'entendant approcher mais ne dit rien, se contentant de la scruter.

- Je suis désolée, laissa-t-elle tomber.

Il haussa un sourcil, toujours silencieux.

- Je n'ai pas le droit de t'en vouloir à cause de Severus, continua-t-elle. Et il n'est pas question de choisir entre lui et toi. Il ne fait plus partie de ma vie. Mas si tu pouvais éviter d'insulter les gens, ça m'arrangerait.

Elle avait dit cela avec un petit sourire, pour essayer de détendre l'atmosphère, mais cela eut l'effet inverse. Il pinça légèrement les lèvres et rétorqua :

- En quoi est-ce que l'appeler Servilus est une insulte ?

- Je t'en prie, James, on sait tous très bien ce qu'il y a derrière ce surnom, soupira Lily.

- Et derrière tous les « crétin » et « abruti » auxquels j'ai eu le droit pendant tout ce temps, qu'est-ce qu'il y avait ?

Elle rougit violemment et rétorqua :

- J'avais de bonnes raisons de t'insulter.

- Moi aussi j'ai de bonnes raisons de le faire !

Il se leva et Lily recula d'un pas, le cœur battant.

- Tu le détestes simplement parce qu'il est n'est pas ...populaire !

- J'admets que c'était sans doute pour ça que je ne l'aimais pas, pendant nos premières années à Poudlard. Mais ça...

Il releva d'une mains les cheveux qui retombaient sur son front et Lily aperçut une fine ligne blanche sur son front, qui disparaissait sur son crâne.

- Ça, ce n'est pas une question d'être « populaire » ou non. Et tu sais d'où vient cette cicatrice ? D'une fois où on s'est battu, en Cinquième année. Quant au sujet de notre dispute, tu sais ce que c'était. Je t'en ai parlé.

Lily détourna le regard. Il faisait allusion à cette conversation qu'il avait surpris entre Severus et Mulciber, ce dernier assurant à son ami que Lily finirait comme tous les autres Nés-Moldus.

- Tu aurais fait n'importe quoi à l'époque pour le discréditer à mes yeux, dit-elle sèchement en relevant les yeux. Qui me dit que ce que tu racontes est vrai ?

Il la dévisagea, sidéré.

- Tu lui fais plus confiance qu'à moi ?

- J'en sais rien !

Elle alla se planter devant la cheminée, incapable de tenir en place. Elle détestait se disputer avec lui.

- C'est à toi que je fais le plus confiance, James, assura-t-elle à voix basse après un instant de silence. Mais c'était mon meilleur ami.

Sa voix se brisa légèrement mais elle poursuivit :

- Il a toujours été là pour moi. Quand mes pouvoirs se sont manifestés, quand Pétunia m'en voulait. Et puis cette stupide guerre a pris de l'ampleur...

- Il a fait son choix, Lily. Je veux bien croire qu'il ait été quelqu'un de bien un jour, mais c'est fini. Il y a deux camps dans cette guerre, et il est de l'autre côté.

La jeune fille observa le feu pendant de longues minutes et se tourna enfin vers lui. Il n'avait pas bougé et la regardait, impénétrable.

- Je suis désolée. Je sais que tu as raison, et j'ai juste... du mal à accepter le fait qu'il ne soit plus là.

Elle s'empressa de reporter son attention sur le feu, la gorge serrée. C'était beaucoup trop dur de s'excuser. Et de dire au revoir à Severus.

Elle sentit les bras de James glisser doucement autour de sa taille et elle s'appuya contre son torse avec un soupir, les paupières closes.

- Je n'arrive pas à croire qu'on va vraiment s'engager dans la guerre.

- Je sais. Moi non plus. J'ai toujours rêvé de le faire mais maintenant, ça me terrifie.

Lily ouvrit les yeux, surprise, et s'écarta pour le regarder.

- Quoi ? Même les gens aussi incroyables que moi peuvent avoir peur !

Un sourire effleura les lèvres de Lily. La crise était passée.

- Je t'aime, Lily-jolie.

Avant qu'elle ait eu le temps de répondre, il l'embrassa.

Alors qu'elle resserrait l'étreinte de ses bras autour de son cou, elle se rappela soudain qu'ils n'avaient pas été seuls depuis une éternité. Les couloirs du château cinq minutes avant le repas ne comptaient pas. James s'écarta, le temps de l'attirer sur le canapé, et reprit là où il s'était arrêté. Les doigts de Lily fourrageaient dans ses cheveux et un frisson la parcourut lorsqu'il déposa un baiser à la commissure de ses lèvres, puis un autre sur sa joue, un sur sa mâchoire... Il traça une ligne brûlante dans son cou, jusqu'à effleurer le col de son t-shirt. Lily laissa glisser sa main sur son torse, qui se soulevait à un rythme lourd, comme s'il essayait de se contrôler. Elle froissa entre ses doigts le bord de son pull, les images de cette fois où elle était allée le voir dans les vestiaires lui tournant dans la tête.

Elle attrapa soudain son menton entre ses doigts et l'embrassa passionnément pendant quelques instants, le faisant basculer en arrière. Elle se releva finalement, au plus grand regret du jeune homme, et balbutia, le visage cramoisi :

- Faut que j'aille me coucher.

Elle partit sans attendre de réponse. Elle avait tendance à oublier à quel point James pouvait être... eh bien, James. Gentil, attentionné, beau, stupide et sexy. Elle n'arrivait pas à croire qu'il lui ait pardonné si facilement. En fait, elle ne réalisait toujours pas ce qu'il y avait entre elle et lui.

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