Partie II - Chapitre 21

Chapitre 21

Le lendemain, ils travaillèrent toute la journée. Les devoirs avaient finalement pris le pas sur le charisme de James et Sirius. Ils en parvinrent presque à bout et décidèrent qu'ils pourraient travailler dans le train. A vrai dire, aucun d'eux n'avait envie de gâcher leur dernier jour de vacances avec cela.

Ils sortirent de bon matin, ce trois janvier 1978, pour aller se promener dans la campagne. La neige tombait doucement, étouffant le moindre son. Une bataille de boules de neige fut évidemment organisée et Lily se fit sauvagement attaquer par les deux garçons. Ils rentrèrent pour le déjeuner, frigorifiés mais joyeux et ressortirent dès que la vaisselle fut finie, leur balai sur l'épaule, pour aller frapper chez Bathilda.

La vieille sorcière était en train de mettre ses chaussures. Ils avaient programmé ce match quelques jours plus tôt. Elle saisit son balai d'une main ferme et annonça, alors qu'ils traversaient le village :

- Je prends Lily dans mon équipe.

Les garçons ricanèrent et la jeune fille leur jeta un regard peu amène.

- Très mauvais choix, Tilda.

- Je sais reconnaître quand les gens ont de la valeur, moi, rétorqua la vieille dame.

Lily devint cramoisie sous son écharpe et James sembla gêné. Sirius et Bathilda échangèrent un regard de connivence et Lily en conclut que le monde était décidé à ce qu'elle termine sa vie avec James, qu'elle le veuille ou non. Le problème, c'était qu'elle ne savait absolument pas si c'était ce qu'elle désirait. Enfin si, elle avait une petite idée sur la question, mais il lui arrivait encore de douter du bien-fondé de cette situation.

Le regard de quelques moldus vint la distraire de ces pensées pour le moins dérangeantes et elle se rapprocha de Bathilda pour lui murmurer :

- Ça ne posa pas de problème qu'on se promène comme ça avec nos balais ?

- Vous l'avez déjà fait, non ? s'étonna-t-elle.

- Oui, mais on a croisé personne.

- Ne t'en fais donc pas pour les moldus. Il y a tout un tas de gens fous chez eux et personne ne s'en formalise jamais. Ils penseront juste qu'on fait parties d'une secte bizarre. Regarde ces deux-là, ils ont vraiment l'air fou.

En effet Sirius et James, quelques pas devant elles, jouaient à faire tenir leur ballon sur le bout de leur balai et éclataient de rire quand ils échouaient.

- J'ai toujours su qu'ils n'étaient pas très malins, mais là ça atteint des sommets, commenta sombrement Lily.

- Que veux-tu, ils ont été trop gâtés, même Sirius, bien qu'il n'ait passé que deux ans ici.

- C'est pour ça qu'ils sont aussi insupportables à Poudlard !

- Tu es préfète en chef ? interrogea Bathilda avec un petit sourire.

- Euh oui mais...

- Tu as eu le ton typique de la préfète en chef exaspérée. Oh ce n'est pas une critique ! Je l'ai moi-même été.

- Et vous avez dû supporter quelqu'un de particulièrement agaçant ? demanda Lily, intéressé d'en apprendre plus sur la vie d'un des plus grands auteurs du siècle.

- Oh oui ! Il était dans la même année que moi...

Bathilda se tut et son regard se perdit un instant dans le vide. Quelle histoire d'amour tourmentée avait-elle pu bien vivre ? Lily n'était pas particulièrement portée sur les ragots, mais elle aurait adoré savoir.

- Son sens de l'humour un peu particulier a fini par se retourner contre lui, conclut la vieille sorcière sans s'étendre plus longtemps.

Ils étaient arrivés dans la clairière et les garçons tournaient déjà entre les arbres pour jeter les sortilèges repousse-moldu.

- Bien, ma petite Lily, commença Bathilda, qu'est-ce que tu sais faire sur un balai ?

- Pas grand-chose, grimaça-t-elle, il se peut que les garçons aient eu raison sur mon compte.

- Mais non, mais non. Voler, ça fait partie des sorciers. Tu me laisses marquer les buts, d'accord ? Essaie de me faire des passes, et si tu n'y arrive pas alors déstabilise les garçons.

- Ça, je sais faire, jubila Lily, ravie de pouvoir les embêter en toute impunité.

- Eh, pas de complot ! lança Sirius en venant vers elles, bientôt suivi de James, qui portait la balle.

- On échange des ragots, rétorqua Bathilda.

- Des ragots sur l'histoire de la magie ?

- Le jour où tu auras un peu de plomb dans la cervelle, Patmol, tu pourras essayer de faire de l'humour sur mon livre.

- Je sais plein de choses, s'insurgea-t-il.

- C'est faux, répondit la vieille dame, très sûre d'elle.

- Ah oui ? reprit Sirius d'une petite voix, impressionné par son assurance.

- Oui. Il est impossible que tu saches autant de choses puisque tu ne sais même pas te coiffer.

James et Lily éclatèrent de rire à cette conclusion inattendue et Sirius, l'air d'abord offusqué, se joignit à eux, sous le regard très fier de Bathilda.

La partie commença enfin et Lily fit tout ce qu'elle put pour se matérialiser devant les garçons quand ils s'y attendaient le moins. Bathilda marquait des buts pendant ce temps-là. Ce qui devenait plus problématique, c'était quand les garçons récupéraient la balle. Il devenait presque totalement impossible de l'avoir. Ils enchaînaient les passes à une vitesse hallucinante, habitués à jouer ensemble. Lily se rendait compte qu'ils l'avaient ménagée, lors de leur première partie.

A un moment, alors que James allait marquer leur quinzième point, Lily s'interposa entre les buts et lui au moment où il lançait la balle. Elle n'eut pas le temps d'essayer de la rattraper et la reçut en plein visage. Son nez commença aussitôt à saigner et James se rua vers elle, affolé.

- Lily ? Ça va ? Je suis désolé !

La jeune fille hésitait entre le rire et les larmes, son nez la lançant affreusement. Elle se mit finalement à rire, sous les yeux plus qu'étonnés de James.

- Donne-moi ma baguette, finit-elle par articuler, pleurant sans savoir si c'était de rire ou de souffrance.

James attrapa sa baguette dans la poche de son manteau et la lui donna, visiblement inquiet de son état de santé mental. Elle donna un petit coup sec sur son nez et le saignement cessa aussitôt.

- Tada ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire.

La partie reprit, non sans que James l'ait débarrassée de toute trace de sang, et Lily ne put s'empêcher de remarquer qu'il s'acharnait moins. Alors qu'il allait chercher la balle, égarée dans les bois, Bathilda s'approcha d'elle, ravie.

- Je savais que c'était une bonne idée de te prendre dans mon équipe ! James est incapable d'être impitoyable avec toi.

Elle repartit sans attendre la réponse de Lily car la partie reprenait. Elle manqua donc le teint cramoisi de Lily, qui n'osait plus regarder James. Elle continua à jouer, mais ses pensées étaient ailleurs. Comme ce soir-là, après le match de Quidditch, elle repensa à tous les moments qu'elle avait passé avec James. Quelle raison avait-elle d'étouffer ses sentiments ? Elle avait hésité à cause de leur passé pour le moins houleux, mais maintenant que tout avait changé, avait-elle encore le droit d'invoquer cela ? Elle ne savait évidemment pas ce que James ressentait exactement pour elle, même si les regards qu'il lui jetait parfois ne laissait planer aucun doute sur le fait qu'elle ne le laissait pas indifférent. Ce qui était à la fois très perturbant et incroyable et ... la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis longtemps.

Elle arriva à cette conclusion alors que les derniers rayons du soleil balayaient les arbres, marquant la fin de leur partie.

***

James et Sirius avaient gagné, bien sûr. Bathilda donna une petite tape dans le dos de Lily en lui assurant que même si elle ne savait pas jouer au Quidditch, elle pourrait réussir dans la vie.

Ils rentrèrent alors que la nuit tombait et saluèrent Bathilda à l'entrée de son jardin, avant de se ruer chez James pour se réchauffer. Lorsqu'ils furent assis à la table de la cuisine pour boire un chocolat chaud, James demanda où était sa mère. Son père lui dit que, trop fatiguée, elle avait passé le reste de la journée au lit. Le jeune homme fut soudain pris de remords en se rendant compte que c'était déjà la fin des vacances et qu'il avait à peine pris le temps de discuter seul avec sa mère. Avec un regard d'excuse pour ses deux amis, il monta aussitôt et poussa doucement la porte de la chambre de ses parents. Elle lisait un livre, appuyé contre ses oreillers. Elle releva la tête en l'entendant et sourit. James eut un coup au cœur en voyant ses traits tirés, son teint pâle. Elle avait tout fait pour avoir l'air bien durant ces deux semaines, mais ce n'était pas le cas. Il s'assit sur le bord de son lit comme si de rien n'était et lui demanda le plus joyeusement possible ce qu'elle lisait. Il oublia peu à peu ses inquiétudes en discutant avec elle, subjugué par sa bonne humeur inébranlable.

***

- Au fait Sirius, il paraît que tu as des amours tourmentées toi aussi ! s'exclama Lily alors que les deux jeunes gens, restés seuls, parlaient de Margaret et John.

- Moi ? Jamais. Je suis un tombeur, personne ne me résiste, rétorqua Sirius en essayant d'avoir l'air convaincant.

- Ce n'est pas ce que James m'a dit.

- Ce que ... le sale traître ! Qu'est-ce qu'il a balancé ?

Lily ne put s'empêcher d'éclater de rire devant l'air indigné de Sirius, qui tenta de se recomposer un visage neutre.

- Pas grand-chose en fait, juste qu'Ethel ne t'appréciait pas beaucoup. Mais comme je sais observer les gens, j'ai bien vu que ça ne te déplairait pas qu'elle s'intéresse un peu plus à toi.

- Les filles sont insupportables, marmonna-t-il, elles remarquent toujours les choses gênantes.

-Allez, raconte-moi !

- Il n'y a rien à raconter, soupira-t-il, elle me prend pour le dernier des abrutis.

Lily ouvrit la bouche mais il la coupa dans son élan :

- Non ne dis rien ! Lunard s'en est chargé !

- Tu as essayé de lui parler au moins ?

- Évidemment, râla-t-il en roulant des yeux agacés.

- Autrement qu'en l'agressant et en lui montrant que tu as envie de sortir avec elle, je veux dire ?

- Quoi, comme James et toi ? sourit-il. Non parce que ça a plutôt bien fonctionné.

- Eh ! se récria Lily en rougissant. Je te ferai remarquer que je suis devenue amie avec James précisément quand il a arrêté de faire ça.

- Amie, hmm ? reprit-il avec un petit haussement de sourcil suggestif.

- D'accord, je te laisse te débrouiller tout seul avec Ethel, rétorqua-t-elle en faisant mine de se lever.

- Non, non, d'accord, j'arrête ! Tu la connais ?

- Pas trop, répondit Lily en se rasseyant, mais elle traîne tout le temps avec Alice.

- Je sais, je suis allé au bal avec Alice.

- Ce que tu peux être agressif ! Et alors, elle ne t'a pas parlé d'Ethel ?

- Non, elle m'a dit qu'elle serait ravie qu'Ethel s'ouvre un peu aux autres mais qu'elle refusait de m'avouer des trucs sur son amie sans qu'elle soit là.

- Ce qui est tout à fait honorable de sa part.

Devant l'air sceptique de Sirius, elle se mit à rire.

- Tu n'y connais vraiment rien aux filles ! T'as pourtant eu plein de copines, non ?

Un fin sourire étira légèrement les lèvres du jeune homme et Lily se frappa le front :

- Suis-je bête ! Je recommence : t'as pourtant embrassé un tas de filles, non ?

- Justement. Embrasser ne veut pas dire parler.

- Et ça ne t'a jamais intéressé de sortir avec l'une d'elle ?

- Non, c'est James qui faisait ce genre de choses. Moi, c'était plutôt les trucs de l'ombre.

- Beurk, c'est dégoûtant !

Il partit d'un grand rire alors que Lily grimaçait.

- Je plaisante, Evans ! Et donc, si tu veux tout savoir, je ne suis jamais sorti avec personne.

- Et pourquoi est-ce que tu dérogerais à la règle avec Ethel ?

Il se tortilla sur sa chaise, gêné, et Lily fut plus que ravie de pouvoir le mettre dans l'embarras.

- J'en sais rien.

- Ah, le coup de foudre, c'est si mignon !

- Ferme-la Evans !

- Tu ne m'empêcheras pas de me moquer de toi, Patmol ! Au fait, d'où sort ce surnom ? Bathilda l'utilise aussi.

Il prit un air énigmatique pour répondre :

- Je ne te dirai pas d'où il vient, c'est un secret. Bathilda n'est pas au courant non plus, elle a juste pris l'habitude de m'appeler comme en entendant James le faire. Par contre elle continue à le surnommer le « petit Jamie ».

- C'est très mal de se moquer des gens quand ils ne sont pas là, Sirius, commenta Lily en essayant de ne pas rire, mais le coin de ses lèvres tressautait sans qu'elle puisse rien y faire.

Sirius haussa un sourcil et Lily ne put plus se retenir. Leur rire résonna dans la cuisine, aux dépends du pauvre James qui ne pouvait même pas se défendre. Alors qu'ils se calmaient enfin, Lily prit soudain conscience qu'elle n'aurait jamais cru possible de rire de la sorte avec Sirius Black. Elle hésita un instant puis lança :

- Je suis contente de mieux te connaître, Sirius.

Un air surpris se peignit sur son visage et la jeune fille aperçut une lueur avide au fond de ses yeux. Sirius Black avait soif d'être aimé.

- Est-ce que James t'a raconté pourquoi j'habite ici ? interrogea-t-il alors.

Lily secoua la tête, surprise qu'il se confie.

- Tu as pu constater chez Slughorn que j'ai une relation assez ... conflictuelle avec mon frère. C'est encore pire avec le reste de ma famille. Je suis venu pendant l'été après notre cinquième année, et les Potter ont accepté que je reste avec eux aussi longtemps que je le voudrais.

Il se tut et Lily se mordit la lèvre avant de répondre :

- Ils accueillent toutes les âmes en perdition, on dirait.

- Comment ça ?

- Je ne suis pas rentrée chez moi parce que ma sœur est à la maison et qu'elle me considère comme un monstre.

Un petit sourire étira les lèvres de Sirius.

- On peut être des monstres tous les deux si tu veux.

- Des monstres bien plus heureux que les autres parce qu'on profite des talents culinaires de Mr. Potter.

- Exactement ! Et pour sceller notre alliance en tant que monstres, je te propose un marché.

Lily devint aussitôt suspicieuse. Sirius s'y connaissait en coup tordu.

- On n'a pas été très fair-play avec toi tout à l'heure, pendant notre bataille de boules de neige, alors je t'offre ...

- Une revanche ? coupa-t-elle, ravie.

Sirius fit un grand sourire et se rua vers l'entrée pour s'équiper contre le froid. Lily s'empressa de le suivre et ils croisèrent Mr. Potter en sortant dans le jardin, derrière la maison.

Ce fut la bataille du siècle, les deux jeunes gens se bombardant sans relâche. Lily parvint même à faire tomber Sirius et s'assit aussitôt sur lui pour lui répandre de la neige sur la figure, avant de s'enfuir en riant. Elle fit le tour de la maison et attendit qu'il vienne, une boule de neige à la main. Alors qu'elle passait devant la porte d'entrée, il survint enfin et l'attaqua. Elle évita de justesse le projectile et entendit alors une exclamation de surprise. Elle se retourna et se trouva face à James, qui venait d'ouvrir la porte d'entrée. Il s'était pris la boule de neige en pleine figure. Sans pouvoir s'en empêcher, elle éclata de rire, suivie par Sirius.

- Vous avez de la chance que ce soit l'heure de dîner, lança James en essuyant son visage avec la manche de son pull. Mais je tiens à avoir ma revanche après.

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à vingt-deux heures dans le jardin des Potter, courant et se jetant des projectiles glacés à la figure en riant comme des fous. Ils rentrèrent une heure plus tard, trempés et complètement gelés. Mr. et Mrs. Potter étaient déjà allés se coucher. Voulant profiter de leur dernière soirée tous les trois, ils se rejoignirent dans le salon après s'être lavés et changés.

Lily, vêtue d'un vieux pull trois fois trop grand et d'un jean troué qu'elle mettait habituellement quand elle était malade, retrouva James assis par terre devant le feu. Elle s'assit près du jeune homme, attendant que Sirius arrive avec les chocolats chauds qu'il avait préparés. Ils discutèrent pendant plus d'une heure, jusqu'à ce que Sirius déclare forfait et aille se coucher. En fait, Lily avait du mal à savoir s'il était vraiment fatigué ou non, car il jeta un drôle de regard à James avant de monter les escaliers, et James rougit légèrement, ce qui lui arrivait assez rarement pour être noté.

Ils restèrent tous les deux, devant le feu qui crépitait doucement. Les yeux de Lily commençaient à se fermer mais elle ne voulait pas aller se coucher. Alors elle posa sa tête sur l'épaule de James. A son grand étonnement, après un instant d'hésitation, il glissa un bras autour de sa taille. Elle sentit le rouge lui monter aux joues et repensa à cette soirée du match de Quidditch. Elle avait refusé d'y croire, parce que c'était complètement fou, et terrifiant. Mais elle avait fini par l'accepter. Elle ne savait pas quand, exactement, mais elle avait cessé de repousser cette idée. Aussi fou et terrifiant que ce soit, elle était tombée amoureuse de James Potter.

- Dis-moi..., commença le sujet de ses préoccupations.

- Hmm ?

- Il y a encore des choses que je ne m'explique pas.

- Comme quoi ?

- Pourquoi est-ce que tu as accepté de venir au bal avec moi, et ensuite ici ?

- J'ai déjà répondu à cette question, non ? répondit-elle en se redressant, les sourcils froncés.

Il s'empressa d'ôter son bras de sa taille et rétorqua :

- Ouais, en me disant que j'étais le bouffon de service.

- Je me suis excusée !

- Je sais, je ne t'accuse pas ! Seulement ça me paraît un peu faible comme argument pour quelqu'un qui m'a détesté pendant six ans.

Il sembla lutter avec lui-même un court instant et lâcha enfin ce qui le préoccupait vraiment :

- Comment est-ce que tu as pu me pardonner, devenir mon amie ?

- James..., soupira-t-elle, mais il ne lui laissa pas le temps de continuer :

- Je sais que j'ai été horrible, stupide et ...

- James, si tu ne te tais pas maintenant, aucun doute que tu seras stupide.

Il s'exécuta, surpris, et elle secoua la tête.

- Tu n'as pas à t'excuser James. C'est comme ça, c'est tout. Oui tu as été ce garçon arrogant et méchant, et j'ai été tout aussi odieuse avec toi. Mais on s'en fiche de ça. Ce qui compte, c'est que tu as su dépasser ça. Tu as su aller au-delà de ce qui te rendait détestable pour ne garder que le meilleur de toi-même.

Lily s'arrêta, le souffle court. Elle ne pensait pas en dire autant quand elle avait commencé à parler. Mais c'était deux mois de réflexion sur le caractère de James qui venaient de ressortir, éblouissant le jeune homme au passage. Au bout de quelques instants, il sourit :

- Comment fais-tu pour être si merveilleuse, Lily ?

Elle lui rendit son sourire, les joues rouges. Pitié, qu'il mette ça sur le compte de la chaleur qui émanait de la cheminée.

- J'ai rencontré un garçon merveilleux qui m'a appris que le plus important était de continuer à rire.

Le sourire de James devint légèrement amer.

- Merveilleux, hein ?

- Tu es complètement stupide ou quoi ? Qu'est-ce que je viens de te dire ?

- Je sais, mais quand je pense à ... Bon sang Lily, je t'ai abandonnée dans la Forêt Interdite avec un loup-garou !

- Eh, tu ne pouvais pas le savoir, et en plus tu t'es excusé, soupira Lily. Maintenant arrête de culpabiliser ou je ne sais quoi. Ça fait partie de toi, et c'est tout. Et puis, je crois qu'on pourrait dire la même chose pour moi, non ?

Il fronça les sourcils.

- Bien sûr que non. Tu me remettais à ma place, c'est tout.

- Et ça te plaît qu'on te remette à ta place ? interrogea Lily avec un petit sourire.

Il le lui rendit et se pencha légèrement vers elle.

- Seulement quand c'est toi. Ça change agréablement.

- Malgré tous les coups, tous les insultes que j'ai pu te lancer ? souffla-t-elle, commençant à avoir une conscience bien trop nette du peu d'espace qui les séparait encore.

- Tu as toujours eu une bonne raison de le faire. Et c'est bien pour ça que je m'excuse. Parce que j'ai du mal à croire que malgré tout ce que je t'ai fait subir, tout ce qui nous a séparé, tu me supportes.

Il était de plus en plus proche et ses yeux constituaient désormais le seul horizon de Lily. Elle ne pensait pas être encore capable de parler mais elle parvint à balbutier :

- Je te supportes justement parce que tu as changé, parce qu'il y a tout ça derrière nous et que c'est bien fini. Faire comme si cette période de notre vie n'avait pas existé ce serait balayer tout ce qui fait de toi ce que tu es. Alors ce serait nier une des raisons pour lesquelles...

Elle s'interrompit brusquement, paniquée. Elle n'avait jamais pensé aller si loin. Les mots avaient jailli sans qu'elle puisse les arrêter. James posa alors ses doigts sur les siens et elle dut faire un effort pour continuer à respirer normalement.

- Une... une des raisons pour lesquelles je...

- Je t'aime, acheva-t-il.

Le cœur de Lily rata un battement. Il l'avait dit. Il avait eu le courage d'aller au bout. Et maintenant, la décision lui revenait. Il la scrutait, avide, comme si son bonheur dépendait de sa réponse. Elle pouvait encore faire marche arrière, redevenir cette Lily qui n'aurait jamais imaginé tomber amoureuse de lui un jour. Ou elle pouvait accepter ce que lui offrait James, avec toutes les incertitudes que cela représentait, tous les doutes, les joies, les larmes qui pourraient en résulter. Et tout l'amour. Cet amour immense qu'elle entrevoyait au fond des yeux du garçon qui lui faisait face et attendait sa réponse.

Alors elle lâcha prise. Elle abandonna toutes ses craintes et glissa ses doigts sur sa joue.

- Exactement, souffla-t-elle.

Son souffle se perdit sur les lèvres de James. Et alors tout se remit en place. Il n'y avait plus ni crainte, ni incertitude, parce qu'il ne pouvait tout simplement pas en être autrement : Lily aimait James.

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