Partie II - Chapitre 15
Chapitre quinze
Les entraînements de Quidditch reprirent un rythme soutenu la dernière semaine de Novembre. James s'était soudain aperçu que leur match contre Poufsouffle, qui n'avait pas pu avoir lieu au début de l'année, était trois semaines plus tard. Si l'équipe avait continué à s'entraîner régulièrement, il estimait bon qu'ils s'y mettent de façon plus intensive. Pour tout dire, il était terriblement stressé. Ils avaient gagné contre Serdaigle avec seulement cinquante points d'écart, ce qui n'était pas des plus glorieux. Le dimanche soir, il annonça à toute l'équipe qu'il y aurait trois séances par semaine. Ils rechignèrent tous, d'autant plus qu'il faisait de plus en plus froid. Ils sortirent d'ailleurs tous du terrain complètement gelés le lundi soir. James et Sirius étaient donc plus qu'heureux de retrouver la salle commune, son feu et ses fauteuils – libérés comme par miracle par des premières années qui avaient bien vite compris comment fonctionnait Poudlard.
Sirius posa ses pieds sur la table avec un soupir ravi alors que James s'étirait en grognant. Il ne vit pas le Troisième année qui se dirigeait vers eux, plongé dans ses pensées. Ce n'est qu'en entendant l'exclamation de Sirius qu'il revint à la réalité. Il tenait un parchemin assorti d'un ruban violet. Pour en avoir reçu un en cinquième année, James savait ce que cela signifiait.
Sirius tourna les yeux vers lui et supplia :
- Pitié ! Mets une séance demain !
Elphias, un des poursuiveurs qui se trouvait non loin de là et avait entendu, hurla aussitôt :
- NON !
James grimaça en réponse.
- Mais je veux pas aller au club de Slug' !
- Bah, il faut croire que tu vas être obligé, répondit James en haussant les épaules.
- Black ? interpella Martin en déboulant vers eux, une invitation à la main. T'es invité aussi ?
- Ouais, grogna-t-il. Je me demande bien pourquoi il m'invite après six années passées à m'ignorer.
- Personne ne comprendra jamais comment fonctionne le cerveau tordu de Slug', rétorqua Martin en jetant son invitation au feu. T'inquiètes pas, on va bien s'amuser. Il y a toujours un moyen de ridiculiser quelqu'un.
- Ça fait longtemps que tu y vas ? interrogea Sirius en haussant un sourcil sceptique.
- Je n'y ai été qu'une fois ! Mais Lily Evans a l'habitude, et elle nous a aidé à faire un mauvais coup l'autre fois.
James, qui commençait à repartir dans ses pensées, sursauta au nom de Lily. Il la chercha aussitôt du regard et l'aperçut qui se lamentait, son invitation à la main.
- Et Evans fait des bêtises aux dîners de Slug' ? reprit-il alors que Martin commençait à partir.
- Si tu l'intègres dans le truc, je suis sûr qu'elle le fera, lança le jeune homme avec un clin d'œil avant d'aller piquer le livre sur lequel Anne faisait semblant de travailler.
Elle poussa un cri indigné et courut après Martin dans la salle, sautant sur les sièges et écrasant la moitié des élèves. Mais aucune voix ne vint s'élever contre le grabuge qu'ils faisaient. James regarda de nouveau Lily et s'aperçut qu'elle suivait les deux jeunes gens des yeux en souriant. Aucune préfète en chef en vue.
***
Le soir suivant, Lily sortit de la salle commune en même temps que Sirius et Martin. Black avait l'air tendu et tirait sur le col de sa chemise sans avoir l'air de s'en rendre compte. Lily se chargeait donc de discuter avec Martin, qui était un véritable moulin à paroles. Elle ne lui avait vraiment parlé qu'au seul dîner que Slug avait fait jusque-là, mi-septembre. Ensuite il y avait eu le bal et ses préparatifs et le professeur de potions n'avait pas pu réunir sa clique, pour le plus grand bonheur de Lily. Mais elle se doutait bien qu'elle n'y échapperait pas définitivement.
Ils entrèrent dans le bureau du professeur et le rituel habituel commença. Lily plaignait Sirius, malgré le peu de sympathie qu'elle avait pour lui. Il avait l'air complètement perdu et Slug n'avait toujours pas éclairci les raisons de sa présence. Quant à Martin, il était aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, grâce à son bagout inimaginable. Il était en train de disserter sur les navets avec une aisance incroyable et Slughorn renchérissait comme si tout ce que Martin disait était passionnant.
Le petit génie de Serpentard, qui avait le droit au fauteuil du Pouilleux lorsque Lily était en cinquième année, avait miraculeusement survécu et il était toujours là. Il était à présent confortablement installé dans le fauteuil qu'occupait autrefois Matthew, le meilleur soutien de Lily à ces soirées. Seulement il était en septième année lorsque Lily était en cinquième année et elle avait dû faire sans lui par la suite.
Lily détestait ce type. Ses cheveux bruns et gominés donnaient envie de vomir à la jeune fille et elle savait que Martin en pensait exactement la même chose. D'ailleurs il lui fit une grimace lorsqu'il les salua et Lily étouffa de justesse un rire. Peu après eux arriva une Serdaigle de cinquième année nommée Sabrina. Elle était terriblement maladroite et elle faillit renverser la table en arrivant. Mais Slug se contenta d'éclater de rire et l'entretint sur les relations diplomatiques de la Grande-Bretagne avec le Moyen-Orient. Sa mère était à la tête du département des relations internationales, d'après ce que Lily avait compris.
L'apéritif s'éternisait sans que Slug aie l'air de vouloir y mettre fin. On toqua alors à la porte et Slug se leva avec empressement, non sans avoir jeté un petit coup d'œil à Sirius, qui ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait. Le battant s'ouvrit, révélant un jeune homme de haute taille aux cheveux bruns et à la mine altière. Un jeune homme qui ressemblait de façon troublante à Sirius.
Toutes les têtes se tournèrent vers celui-ci. Il fixait le nouveau venu, pâle et les yeux exorbités. Lily fronça les sourcils. Elle ignorait qu'il y avait des gens de la famille de Sirius à Poudlard.
- Regulus, je suis ravi que vous ayez accepté ! s'exclama joyeusement le professeur de potion en l'amenant vers le reste de la compagnie. Prenez donc un verre !
Cependant Regulus venait d'aviser Sirius et ils se dévisagèrent en chiens de faïence pendant quelques secondes.
- Je ne vous avez pas dit que j'avais invité votre frère ? interrogea Slughorn d'un ton faussement étonné alors que la plupart des convives ouvraient de grands yeux.
- Non, marmonna Regulus en s'asseyant aussi loin que possible de Sirius.
Tous les regards allaient de l'un à l'autre des frères. Lily n'en revenait pas. Comment avait-il pu cacher tout ce temps qu'il avait un frère ? En même temps à en juger par les regards qu'ils se jetaient, ça ne devait pas être l'amour fou entre eux. Sirius finit par arrêter de le regarder et il liquida cul-sec son verre d'hydromel. Lily le regarda avec inquiétude le remplir de nouveau.
Slughorn faisait comme si de rien n'était et babillait sans s'arrêter. Enfin, voyant que personne ne songeait à lui répondre à part cet insupportable Serpentard aux cheveux gominés – Lily essayait de retenir son nom depuis deux ans mais rien n'y faisait – il proposa de passer à table. Evidemment, il avait mis les frères Black l'un en face de l'autre. Il y eut un instant de trouble et lorsque Slughorn se tourna vers le salon pour appeler Sabrina qui regardait des photos posées sur manteau de la cheminée, Martin échangea sa place avec Sirius. Celui-ci le remercia d'un signe de tête et son regard croisa un instant celui de Lily. Elle ne put s'empêcher de lui sourire, malgré tout le mal qu'elle pouvait penser de lui. Il cligna plusieurs fois des yeux, surpris, et baissa le regard sur son assiette.
Ils finirent par s'asseoir, Sabrina ayant été décollée de ses photos, et le repas commença. Slug aborda des sujets assez neutres au début, comme les législations sur le trafic de poules cracheuses de feu avec le Moyen-Orient. Mais lorsque le plat de résistance commença à passer de mains en mains, Slughorn s'attaqua au gros lot de la soirée : les frères Black.
- Sirius, Regulus, commença-t-il d'un ton enjoué, il paraît qu'on a prouvé qu'une de vos parentes agissait pour Vous-Savez-Qui !
Un silence de glace lui répondit, appuyé par deux paires d'yeux d'un bleu tout aussi froid. Il se racla la gorge et poursuivi :
- Il s'agit de Bellatrix Black je crois.
- Lestrange, corrigea Sirius d'un ton sec.
- Oooh alors vous la connaissez ? s'exclama le professeur, ravi.
- Non. Demandez donc à mon cher frère, il est plus souvent à la maison que moi.
Un rictus s'ajouta à ses paroles et Lily repensa à quelque chose que James lui avait dit : Sirius passait les vacances chez lui depuis deux ans. Elle n'y avait pas prêté attention sur le coup mais elle découvrait à présent que Sirius était un être bien plus complexe qu'elle ne l'imaginait. Depuis combien de temps n'était-il pas rentré chez lui ?
La mention d'Azkaban la fit revenir à la réalité. La mâchoire serrée, Regulus répondait aux questions de son directeur de maison alors que Sirius restait immobile, sa fourchette plantée dans une carotte depuis cinq bonnes minutes. Lily se demandait si ladite fourchette allait terminer dans la main de Slughorn. Elle jeta un coup d'œil à Martin, qui réfléchissait. Avec un peu de chance il allait trouver de quoi créer une distraction.
- Vous savez qu'on l'a aperçue torturant des moldus dernièrement.
- J'ai entendu dire, oui, répondit Regulus d'un ton détaché.
Un bruit sourd se fit entendre lorsque Sirius reposa violemment son verre sur la table. Regulus le gratifia d'un regard hautain et continua :
- Bella a toujours été très indépendante et sûre de ses idées. Elle n'a pas hésité une seule seconde à s'engager auprès du Seigneur des Ténèbres.
Quelques élèves tiquèrent : appeler Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom le Seigneur des Ténèbres était connoté très négativement. Mais ni Regulus ni Slughorn ne se troublèrent.
- Vous connaissez bien votre cousine, mon cher Regulus ?
- Oui, j'ai toujours été son cousin préféré. Elle a beau être plus âgée que moi, nous nous sommes toujours bien entendu.
- Comme la fois où elle t'a frappé parce que tu ne comprenais pas pourquoi tu ne pouvais pas être ami avec notre voisine moldue, marmonna Sirius.
Regulus rougit mais fit comme s'il n'avait pas entendu. Les autres convives se tortillaient sur leur siège, mal à l'aise. Lily n'attendait pas beaucoup de cette soirée mais elle n'avait jamais imaginé que cela tournerait au pugilat.
- Je crois que vous êtes très attaché à la pureté du sang, chez les Black, poursuivit le professeur en empilant des carottes dans l'assiette de Regulus alors qu'il ne mangeait rien.
- Comme toute famille de sorcier qui se respecte. Nous ne tolérons pas les écarts.
Un bref rire sec lui répondit et tout le monde regarda Sirius.
- Vous auriez dû me tuer, ça aurait été plus simple pour vous.
- Tu ne nous en a pas laissé le temps, rétorqua Regulus.
- Les garçons, enfin ! tenta Slughorn, mais il ne pouvait plus arrêter ce qu'il avait commencé.
- Bah vas-y ! s'exclama Sirius en se levant, sa chaise raclant le sol avec un bruit désagréable. Montre-nous que tu as du cran, Reg' ! Montre-nous que tu es un vrai sorcier, un Sang-Pur ! Fais comme cette chère Bella et prouve-nous que tu peux te débarrasser des traîtres à leur sang !
Une veine battait sur la tempe de Regulus et ses doigts étaient crispés sur le bord de la table, mais il ne bougea pas.
- Je ne me battrai pas avec toi, surtout si tu es tellement lâche que tu préfères t'attaquer à moi lorsqu'il y a du monde pour gagner à ta place.
- Lâche ? LÂCHE ?
Sirius envoya violemment valdinguer sa chaise vers l'arrière et Slughorn couina de désespoir. Mais l'expression du Gryffondor était suffisamment terrifiante pour dissuader quiconque d'intervenir. Les mâchoires serrées, il regarda quelques instants son frère avant de reprendre d'un ton plus calme :
- J'ai eu le courage de mes opinions, moi. Je ne me suis pas couché devant Mère pour lui faire plaisir. Je lui ai tenu tête, parce que je ne suis pas lâche ! Traite-moi de tout ce que tu veux, Regulus, renie-moi si ça te fait plaisir, mais ne redis jamais ça.
- Tu penses que c'est du courage ? C'est de la stupidité pure et simple ! Tu détestes Mère et tu voulais t'opposer à elle ! Et tu es tellement orgueilleux que quand tu t'es rendu compte de l'erreur que tu avais faite en t'opposant à elle par pur caprice, tu n'as pas voulu faire marche arrière !
Regulus s'était levé pendant sa tirade et avait à présent les deux mains posées sur la table. Lily était plutôt soulagée qu'aucun des deux n'aie encore tiré sa baguette.
- C'est de toi que tu parles, Reg', pas de moi, répondit Sirius en secouant la tête. Je n'ai jamais regretté aucune de mes décisions.
- Même quand tu vois où ça t'a mené ? interrogea son frère, un petit rictus sarcastique sur les lèvres.
- Comment ça ?
- Ton meilleur ami est un traître à son sang qui s'accoquine avec une Sang-de-Bourbe, bon sang !
Lily n'aurait sans doute pas compris qu'on parlait d'elle si Martin ne s'était pas levé d'un bond, sa baguette pointée sur Regulus, une expression de rage froide sur son visage habituellement jovial. Sirius sortit sa baguette au même moment. Slughorn bredouilla quelques mots indistincts qui semblaient indiquer à Regulus qu'il était allé trop loin, mais Lily était incapable d'en jurer.
- Retire ce que tu viens de dire, intima Sirius à voix basse.
Regulus l'affronta quelques instants du regard puis posa ses yeux bleus sur Lily, qui se recroquevilla sur sa chaise.
- Elle n'est qu'une stupide Sang-de-Bourbe.
L'instant d'après, il se retrouva projeté contre le mur. Le professeur de potion poussa un cri horrifié lorsqu'un tableau tomba par terre, renversant au passage son stock d'hydromel. Regulus se releva avec une grimace et n'eut même pas le temps de riposter. Sirius essaya de nouveau de le clouer au sol mais il parvint à déployer son bouclier à temps. Lily savait très bien qui allait avoir l'avantage, car Regulus ne maîtrisait pas les sortilèges informulés. Il lança un sortilège de Furoncle et tous les invités se ruèrent sous la table, sauf Lily et Martin. Mais Sirius écarta le maléfice d'un mouvement de baguette dédaigneux. Cela ne fit qu'accentuer la rage de son frère, qui continua à enchaîner tous les sortilèges et maléfices qu'il connaissait. Aucun des deux Gryffondors qui regardaient ne songeaient à arrêter le duel, tétanisés. Sirius avançait vers son frère sans l'attaquer, se contentant d'éviter ses sorts. L'un d'eux finit cependant par passer son bouclier et lui entailla la joue. Regulus cessa aussitôt de hurler des formules au hasard. Ils se dévisagèrent quelques instants et les froussards sortirent la tête de sous la table pour voir ce qu'il en était. Un rictus étira alors les lèvres de Sirius et il commenta :
- T'es vraiment qu'un bébé, Reg'.
Et il sortit, du sang gouttant de sa plaie, sans tenir compte du désordre dans lequel ils avaient mis la pièce.
Martin et Lily échangèrent un regard puis la jeune fille se rua à sa suite. Derrière elle, elle entendit Slughorn se lamenter et espéra de tout son cœur que tout son mobilier était en ruines. Elle trouva Sirius quelque mètres plus loin, dans un couloir adjacent, en train de frapper dans le mur. La peau de ses jointures explosa au moment où Lily le rejoignit et un peu de sang perla sur ses mains. Elle lui attrapa les poignets avant qu'il n'envoie ses poings une nouvelle fois contre la pierre et il lui jeta un regard agressif.
- Qu'est-ce que tu fous là, Evans ? Tu viens me coller parce que j'ai réduit en miettes le mobilier de ton précieux Slug' ?
S'il ne l'avait pas défendue une minute plus tôt, Lily se serait sans doute énervée. Mais elle n'en avait plus le droit.
- Non, répondit-elle doucement. Je viens te remercier.
Il se dégagea et fixa son regard sur la pierre face à lui.
- C'est pas pour toi que je l'ai fait.
- Je sais. Mais tu l'as fait quand même. Et... je suis désolée. Slughorn a vraiment été odieux.
Au grand étonnement de Lily, il soupira et son corps se détendit. Il s'assit contre le mur et Lily prit cela comme une invitation à rester avec lui. Elle s'agenouilla devant lui et sortit sa baguette.
- Qu'est-ce que tu fais ? marmonna-t-il.
- Ce serait dommage que tu tâches le dallage, expliqua-t-elle en prenant ses mains pour passer sa baguette par-dessus.
Les plaies se refermèrent sous l'oeil surpris de Sirius.
- Où est-ce que tu as appris ça ?
- Dans mon cours de spécialité pour les médicomages.
- Et tu ne peux pas faire pareil pour ma joue ?
- Non. C'est causé par un sortilège, je risquerais de faire des bêtises.
Il hocha la tête et un silence gênant s'installa alors que Lily s'asseyait près de lui. Ils n'avaient pas franchement l'habitude de communiquer. Sirius finit par se racler la gorge et interrogea :
- Tu ne veux pas y retourner ?
- Je te l'ai dit, Slughorn a été odieux. Je préfère ne pas lui donner cette satisfaction. Dis, qu'est-ce que c'est exactement un traître à son sang ?
- Quelqu'un qui ne fait pas honneur à sa condition de sorcier, répondit-il d'un ton las. Mais ne fais pas attention à toutes ces insultes. Elles ont juste été créées par des Sang-Purs trop lâches pour affronter leurs adversaires.
- Et en quoi James correspond à ça ?
Il eut un petit rire et Lily fit comme si de rien n'était.
- D'abord, il m'a recueilli chez lui. Ensuite, il est ami avec toi. Je crois que c'est suffisant.
Lily n'avait jamais vraiment parlé avec quelqu'un issu d'une famille comme celle de Sirius et elle se passionnait malgré elle pour la conversation.
- Et toi, ça te dérange que je sois ... une Sang-de-Bourbe ?
- Non !
Elle tourna la tête vers lui, surprise par la véhémence de son ton. Il s'était légèrement redressé.
- Non, reprit-il plus bas en secouant la tête. Bien sûr que non. Ça ne m'a jamais traversé l'esprit que ça puisse te rendre différente. Et, s'il-te-plaît, ne t'appelle pas comme ça. C'est déjà suffisamment difficile d'empêcher les autres d'appeler les Nés-moldus comme ça, alors s'ils s'y mettent aussi...
Elle l'étudia pendant quelques secondes, puis commenta :
- Tu as l'air très différent de ton frère.
Son visage se durcit de nouveau et il reporta son attention sur le mur en face d'eux.
- J'espère bien. Je ne veux rien avoir à faire avec lui.
Le silence s'éternisa et Lily finit par se lever.
- Encore merci, Sirius.
Il hocha la tête puis répondit, un petit sourire sur les lèvres :
- Je ne t'ai jamais félicitée pour ton plongeon dans le lac, mais bravo, c'était courageux.
Lily eut un petit rire et s'éloigna. Elle hésita un instant en revenant dans le couloir qui menait chez Slughorn puis renonça. Tant pis, elle ne dînerait pas. Elle n'avait aucune envie d'y retourner.
***
James, Remus et Peter virent revenir Sirius bien plus tard que prévu. Ils remarquèrent aussitôt la petite entaille qu'il avait à la joue et les questions fusèrent. Sirius eut un mal fou à obtenir le silence, puis il lança :
- J'étais convoqué chez Dumbledore.
Ses amis furent tellement surpris qu'il put tout expliquer sans qu'ils l'interrompent. Seul James faillit faire un scandale quand il apprit que Regulus avait traité Lily de Sang-de-Bourbe. Du coup Sirius lui raconta ce qu'il s'était passé ensuite et James en conclut que Lily était vraiment merveilleuse.
- Qu'est-ce que t'a dit Dumbledore ? interrogea Remus, soucieux.
- Qu'il comprenait très bien à quel point avoir un frère avec qui on ne partage rien pouvait être difficile et qu'il ne m'en tenait pas rigueur, mais que je serai collé quand même pour avoir détruit le bureau de Slughorn. Regulus aussi, bien sûr.
- Comment est-ce qu'un vieux comme lui peut comprendre ça ? fit remarquer Peter, sceptique.
Sirius haussa les épaules et alla se coucher sans rien ajouter.
James fut réveillé par le bruit des rideaux qu'on tire. Il émergea difficilement et s'aperçut que Sirius n'était plus dans son lit. Il se trouvait à la fenêtre, les coudes posés sur le rebord. James n'hésita pas et le rejoignit. Il fut accueilli d'un petit sourire et s'accouda près de son ami. Si Sirius avait envie de parler, tant mieux. Et s'il ne s'y décidait pas, alors James lui aurait au moins offert le réconfort de sa présence.
- Il y a quelque chose qui me terrifie, James, finit-il par murmurer, pour ne pas réveiller les autres. Dumbledore pense que je n'ai rien en commun avec Regulus. Evans aussi, d'ailleurs. Mais j'ai peur que ce soit faux. Imagine qu'en fait je sois comme eux ?
- Si tu étais vraiment comme eux, ça ne te ferait pas peur. Tu as peut-être certaines choses en commun avec lui parce que vous êtes frères et que vous avez grandi ensemble, mais tu ne seras jamais un Mangemort.
James lui sourit alors.
- Peut-être bien que tu es un traître à ton sang, Sirius, mais ça vaut bien mieux qu'être un pur Black. Ça vaut mille fois mieux.
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