Partie II - Chapitre 11
Chapitre 11
- Madame Pomfresh ?
- Oui ?
- Quand est-ce que je vais pouvoir sortir ?
L'infirmière ne put s'empêcher de sourire face au ton désespéré de la jeune fille.
- Demain matin, promit-elle, mais seulement si tu manges ça.
Elle plaça un énorme steak devant Lily, dont le visage s'éclaira d'un large sourire.
- Ça y est ? Je ne suis plus cantonnée aux soupes ?
- Eh non ! Profite en bien !
Lily ne se le fit pas répéter deux fois et se jeta sur son dîner. Cela allait faire une semaine qu'elle était bloquée à l'infirmerie. Autant dire toute une vie. Une masse de devoirs absolument effrayante l'attendait étant donné qu'elle avait été incapable de travailler pendant presque cinq jours. Cela dit, cette immobilité forcée avait un avantage : elle avait eu tout le temps de penser à l'énigme du tableau – du moins depuis qu'elle était capable d'aligner deux pensées cohérentes sans avoir mal à la tête. « Tuée par amour et errant dans les limbes, artisan du succès de ta quête si au vingt novembre tu te présentes. » Puisqu'il était question de limbes, il ne pouvait s'agir que d'un fantôme. Le problème c'est qu'il y avait des tas de fantômes, à Poudlard. Et elle n'avait aucune idée de s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme*. Évidemment, elle imaginait assez mal Nick-quasi-sans-tête ou encore le Moins Gras avoir été victime d'un crime passionnel. De toute façon les femmes étaient plutôt les victimes que les agresseurs dans ce genre d'affaire... Enfin, elle avait encore du temps. On était le sept novembre et elle avait rendez-vous le vingt. Treize jours. Treize jours, sachant qu'elle allait devoir rattraper tous ses devoirs, qu'elle avait une ronde la semaine suivante, trois heures de colle à faire – James y était déjà passé – et qu'elle était exténuée. Aucun problème.
Jamais Lily n'avait été aussi contente de prendre son petit-déjeuner dans la Grande-Salle. Elle s'était empressée de descendre dès que Madame Pomfresh l'y avait autorisée, aussi n'y avait-il pas grand monde quand elle arriva. Elle se servit autant que possible de tout ce qu'elle pouvait et entama joyeusement son festin.
Alors qu'elle s'attaquait à son porridge, quelqu'un s'exclama :
- Regardez qui est sorti du pénitencier !
Elle se tourna vers James, qui arrivait vers elle, un grand sourire plaqué sur son visage. Il se glissa sur le banc à côté d'elle alors qu'elle le saluait de sa cuillère, la bouche pleine.
- Dis-donc, t'as l'air d'avoir faim.
Elle avala sa bouchée et répondit :
- Je viens de passer une semaine à me nourrir exclusivement de soupe alors oui, j'ai faim.
- Hmm. Sombre histoire.
- Encore une réflexion de ce genre, Potter, et je te plante ma fourchette dans la main, prévint Lily en agitant l'instrument de sa menace sous le nez de la victime.
- Aucun problème. Je te ferai interner en tant que folle furieuse à Sainte Mangouste.
- Quoi ! Après avoir essayé de m'assassiner en me faisant danser le rock pendant des heures puis en me jetant dans un bouillon de calamar géant, tu veux m'interner ! J'y crois pas. T'es vraiment un ...
- Psychopathe ? Méchant ? Super-héros ?
- ...Crétin, en fait. Qu'est-ce que super-héros vient faire dans la liste ?
James entreprit d'entasser des tonnes d'oeufs brouillés dans son assiette tout en répondant joyeusement :
- Rien ! Je voulais savoir si tu me considérais comme un super-héros étant donné que j'ai essayé de te sauver de la famine en t'apportant des brioches.
- Peuh. J'étais obligée de les manger en cachette pour ne pas me les faire confisquer.
- Sombre histoire, vraiment, railla-t-il.
- Tu sais quoi, James ? Ferme-la. Eh ! Mais qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Lily alors qu'il vidait son assiette dans la sienne.
Sans répondre, il fit de même avec le plat entier d'oeufs. Alors qu'il faisait venir à lui un autre plat grâce à la magie, Lily interrogea de nouveau, stupéfaite :
- James... qu'est-ce que tu fais ?
Il se tourna vers elle avec un grand sourire.
- Je te sauve de la famine !
Il ajouta encore un peu plus d'oeufs au tas considérable qui débordait de l'assiette de la jeune fille et attrapa sa cuillère pour en faire une sculpture en œufs brouillés.
Lily prit sa propre cuillère et la plongea dans le tas. James poussa un cri indigné, qui s'étrangla dans sa gorge lorsqu'elle mit le couvert dégoulinant d'oeufs au-dessus de sa tête.
- Tu veux la guerre, Potter ?
- Je suis sûr que tu n'oseras pas, grimaça-t-il en louchant vers le plafond.
- Tu devrais savoir maintenant que ce qui m'amuse c'est faire les choses précisément quand on pense que je ne les ferai pas, répondit Lily, très fière d'elle, avant de renverser sa cuillère sur la tête de James.
Elle se leva sans attendre sa réaction et commenta simplement d'un ton guilleret :
- Les affaires reprennent, Potter !
***
Sirius bailla en arrivant en vue du portrait de la Grosse Dame. Il venait de passer son samedi après-midi à plancher sur son devoir de spécialité Défense contre les forces du mal – ou comment mettre des heures supplémentaires aux élèves en leur faisant croire que c'est pour qu'ils réussissent dans la carrière qu'ils envisagent. Seulement, il y avait toujours un point qu'il ne comprenait pas. Il avait fini par embarquer l'énorme livre dont il se servait pour aller demander à James de l'aider. Évidemment, il était à peu près impossible d'avoir une conversation avec son ami depuis qu'Evans lui avait renversé de œufs sur la tête. Apparemment, cela avait mis James au comble de la joie et il avait été euphorique toute la journée.
Les considérations de Sirius lui sortirent brusquement de la tête lorsqu'il aperçut une silhouette cachée dans les ombres. Il se figea en plissant les yeux et crispa ses doigts sur son livre lorsqu'il vit le visage de celui qui avançait vers lui.
S'il avait un menton et un nez plus Black que Sirius, le jeune homme avait cependant les mêmes yeux et les mêmes cheveux que son frère. Car c'était bien Regulus Black qui sortait de l'ombre. Il lui fit un petit signe de tête pour l'engager à le suivre et partit vers un endroit plus discret. Trop étonné pour songer à protester, Sirius le suivit. Il n'avait plus eu de contact avec Regulus depuis qu'il avait fuis l'antique demeure des Black, un an et demi plus tôt.
Regulus s'arrêta dans un couloir vide et fit face à son frère, le menton levé fièrement et le regard farouche. Un Black dans tout son orgueil. Cela ramena Sirius à la réalité et il faillit faire demi-tour. Mais Regulus avait déjà ouvert la bouche.
- Mère t'a effacé de l'arbre.
Sirius éclata d'un rire amer, avant de faire volte-face.
- Merci pour l'info, lança-t-il en commençant à s'éloigner.
- Mais tu... Tu ne fais plus partie de la famille maintenant ! s'exclama Regulus derrière-lui, comme pour le retenir.
En principe, Sirius ne l'aurait pas écouté. Mais quelque chose dans sa voix le retint. Quelque chose qui lui rappelait le petit Reg'. Son petit Reg'. Alors il se retourna.
L'étincelle de fierté maladive s'était éteinte dans les yeux du Serpentard. Il sembla hésiter, puis reprit :
- Tu ne pourras plus rentrer à la maison.
- Je n'en ai pas envie, rétorqua Sirius, se demandant où son petit frère voulait en venir. Ça n'a jamais été « la maison » pour moi. J'y habitais l'été, mais c'est Poudlard ma maison.
- On a été élevé là-bas pourtant. Toi et moi, on a été élevé ensemble. Pourquoi est-ce que...
- Pourquoi est-ce que quoi ? interrogea Sirius d'un ton dur. Pourquoi est-ce que j'ai choisi de ne pas être un Mangemort ?
Regulus tiqua mais ne releva pas, pour répondre d'un ton désarmant :
- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'on n'est pas de la même famille ?
Sirius sentit quelque chose se briser en lui. Cette fois il avait bien son petit frère devant lui, ce petit garçon brun qui pleurait la veille du départ de son grand frère à Poudlard, parce qu'il n'aurait plus personne pour jouer avec lui. Le petit garçon qui mentait parfois pour protéger son frère, qui l'aurait suivi n'importe où, qui aurait fait n'importe quoi pour lui... qui était devenu le jeune homme qui le dévisageait à présent, l'air perdu.
- Parce que c'est le cas, dit Sirius d'une voix mal assurée. Quand on était petits, toi et moi on était différents du reste de la famille et puis... et puis quand je suis rentré de Poudlard pour la première fois... tu as fait comme si je n'existais pas !
Regulus chancela.
- Maman... Maman m'avait fait juré de ne plus être ami avec toi, elle m'a dit que tu avais trahi ton sang et que ...
- Et tu l'as cru ? Tu as cru à ces sornettes ? Bon sang, Reg' !
En entendant son surnom, le jeune homme ferma les yeux.
- Je ne suis plus Reg', Sirius. C'est fini. Je ne suis plus un bébé.
Il fixa de nouveau son regard sur son frère et cette fois-ci, Sirius recula d'un pas. Son petit frère avait disparu.
- Et j'ai choisi mon camp.
- Alors pourquoi est-ce que tu as pris la peine de venir m'informer de cette petite formalité qu'est mon bannissement de la famille ?
- Je... Je voulais que tu le saches. Je voulais que tu saches que tu es un traître maintenant.
- J'ai toujours été un paria, Reg', ricana Sirius en insistant sur le surnom de son frère. Et je suis très heureux comme ça.
Il pivota sur ses talons et cette fois ne s'arrêta pas. Il ne s'était jamais rendu compte à quel point son frère lui avait manqué. A quel point il lui manquerait toujours.
***
- Sirius ! Est-ce que t'as compris comment on annihile les pouvoirs d'un...
James s'interrompit brusquement en constatant le désordre qui régnait dans la chambre. Des feuilles de cours étaient étalées un peu partout et les rideaux du lit de Sirius pendaient misérablement après avoir été tirés avec un peu trop d'ardeur. Sur la couverture était vautré Sirius, le visage enfoui dans son oreiller. Il n'avait pas bronché lors de l'irruption de James.
Celui-ci, inquiet, ferma doucement la porte et s'empressa d'aller chercher Remus qui se trouvait dans la salle commune. Ils entrèrent sans faire de bruit et James sortit sa baguette pour tapoter Sirius avec. Remus lui adressa un froncement de sourcils réprobateur et son ami leva les yeux au ciel.
Sirius roula sur le côté, un étrange rictus sur les lèvres.
- Quoi ?
- J'ai encore mes cours de divination de cinquième année, si tu veux les détruire aussi, proposa aimablement James.
- Très drôle, Cornedrue, grogna-t-il.
- Bien, puisque nous avons établi que je suis le roi de la blague, je propose que tu nous racontes pourquoi tu es le roi de la destruction massive.
- Très subtil James, bravo, railla Remus en s'asseyant sur la malle de Peter – mais où était-il ?
James haussa les épaules en tentant de refréner sa bonne humeur. Il n'y pouvait rien s'il avait envie de rire ce jour-là.
Sirius, avec un soupir qui oscillait entre soulagement et agacement, s'assit en tailleur et leur raconta succinctement sa rencontre avec son frère. Ses deux amis l'observèrent ensuite quelques instants sans rien dire, puis James se leva.
- Rem', tu sais où est Peter ?
- A la bibliothèque je crois, pourquoi ?
- Attendez deux minutes, j'arrive.
Il disparut sans rien ajouter et revint cinq minutes plus tard accompagné du petit blond, à qui il avait tout raconté en chemin. Il s'assit sur le lit de Remus et James resta debout, un sourire énigmatique sur les lèvres.
- Chers amis, je crois qu'il y a trop longtemps que les Maraudeurs n'ont pas frappé.
Remus secoua la tête d'un air désespéré mais il ne pouvait pas s'empêcher de sourire, tandis que Sirius s'autorisait un petit rire. Peter, quant à lui, se mit à moitié à sautiller sur le lit.
- A cause du bal...
- Qui t'a un peu occupé, coupa Remus.
- La ferme. A cause du bal, donc, nous n'avons pas pu faire de blague d'Halloween. Je propose que nous remédiions à cela très bientôt.
- Et comment ? interrogea Sirius, une lueur presque diabolique dans les yeux.
- Oh allez Patmol, fais marcher ton imagination ! s'exclama James. C'est à toi de trouver.
Sirius se laissa tomber en arrière sur son lit et le silence s'installa pendant qu'il réfléchissait. Enfin il se redressa, triomphant.
- Les gars, ça va être génial.
***
Lily se hâtait vers la bibliothèque, des parchemins plein les mains. Elle avait repris les cours depuis deux jours et elle était débordée de travail. Plus jamais elle ne serait malade. A moins qu'elle ne se rende malade à force de trop travailler.
Alors qu'elle s'apprêtait à entrer dans un passage secret – elle se demandait bien pourquoi tout le monde s'obstinait à appeler ça de cette manière puisqu'ils n'étaient plus secrets pour personne – un cri se fit entendre. Avec un soupir résigné, elle fit demi-tour pour remplir son devoir de préfète.
Elle n'eut pas à aller très loin car les trois Première Années de Gryffondor déboulèrent dans sa direction en hurlant. Elle essaya de les intercepter mais rien n'y fit, ils passèrent leur chemin pour aller se réfugier on ne sait où.
Légèrement angoissée à cause de ce qui lui était arrivée la dernière fois qu'elle avait voulu aider une Première Année terrifiée, Lily s'engagea dans le couloir d'où venaient les élèves. Elle scruta le lieu, les yeux plissés. Il n'y avait rien du tout. Peut-être avaient-ils simplement eu peur du Baron Sanglant.
Un mouvement attira son attention sur sa droite et elle fit quelque pas de plus en avant.
- Miss Evans !
Elle sursauta et chercha de tout côté McGonagall. Quand elle reporta son attention sur le couloir vide, elle frisa la crise cardiaque. Le professeur de métamorphose flottait à quelques mètres au-dessus du sol. Lily, terrifiée, commença à battre en retraite. Mais qu'est-ce que c'était que cette chose ?
- Miss Evans ! Allez travailler ! Vous allez rater vos Aspics parce que vous êtes un gland fini !
La préfète, qui s'apprêtait à fuir, interrompit son geste. Jamais McGonagall n'aurait dit ça. Et puis... Elle plissa les yeux et s'aperçut qu'il n'y avait rien entre la robe et le chapeau. Les flambeaux n'éclairaient pas assez pour qu'on s'en rende compte au premier coup d'œil. Un soupçon commença à naître dans l'esprit de la jeune fille et elle posa ses mains sur ses hanches, attendant que le « professeur » dise autre chose.
- Si vous n'obéissez pas, je vous colle Miss Evans ! C'est sans doute ce voyou incroyablement sexy de James Potter qui vous a perverti en vous convainquant de ne pas obéir à mes ordres !
- Bravo James, très subtil, commenta Lily en se dirigeant vers le fond du couloir. Sortez de là. Vous êtes vraiment des crétins.
Des ricanements lui répondirent et elle leva les yeux au ciel. James et ses copains n'avaient décidément jamais cessé de vivre en enfance. La tête de James émergea d'un pan de mur – ça, c'était un vrai passage secret ! - et il lui fit signe de le rejoindre.
- Dépêche-toi, il y a d'autres élèves qui arrivent !
- Mais bien sûr, comme si j'allais me joindre à tes absurdités... Eh ! Lâche-mmmh !
James la tira dans le passage secret, sa main plaquée sur sa bouche.
Elle tenta de lui envoyer son coude dans les côtes, mais il avait appris à éviter, depuis le temps.
- Je déteste quand tu fais ça ! s'insurgea-t-elle lorsqu'il la libéra.
- Chut !
- Chut ? Mais toi ferme-là ! Tu crois que j'ai envie de me retrouver embarquée dans cette affaire débile avec un tas de crétins immatures et ... Mmmmh !
- Si tu ne te tais pas, je te stupéfixe et je t'abandonne là quand Rusard finira par arriver, prévint James à voix basse alors que quelque part derrière eux on entendait Sirius brailler contre des élèves.
Elle lui donna une tape sur la main et il la lâcha.
- Tu es insupportable, marmonna-t-elle en se tournant vers lui.
Ce faisant elle aperçut Remus qui, l'air concentré, agitait sa baguette dans les airs. Près de lui se trouvait Sirius, qui hurlait des imprécations, sa baguette pointée contre sa gorge. Elle se demandait bien comment ils s'étaient débrouillés pour que sa voix ressemble ensuite à celle de McGonagall. Quelques instants plus tard elle vit apparaître Peter, sortant sans doute de sous la cape. Il avait dû sortir dans le couloir pour observer les élèves, étant donné son fou-rire. Apparemment leur stupide blague était plutôt efficace car Lily pouvait entendre des gens hurler.
- Ça t'arrive de faire autre chose que des trucs complètement stupides ? interrogea-t-elle en voyant James saisir à son tour la cape.
- Bien sûr que non, rétorqua-t-il. Tu viens ?
- Hors de question. Je vais à la bibliothèque.
Sans attendre de réponse, elle sortit du passage secret au moment où la queue d'un chat disparaissait derrière un coin de mur.
- Lily ! Reste un peu c'est ...
- Potter ? coupa-t-elle. Ferme-là et tirez-vous. Rusard va arriver.
Il disparut sans demander son reste, trop habitué à jouer au chat et à la souris avec Rusard pour perdre du temps en discussions inutiles. Quelques instants plus tard, les vêtements de McGonagall retombèrent au sol. Malheureusement, le concierge était plus proche que ce que Lily pensait. Elle tomba nez-à-nez avec lui alors qu'elle s'apprêtait à reprendre ses occupations.
- Je vous tiens, espèce de sale morveuse ! brailla-t-il en l'attrapant par le bras pour la secouer comme un prunier.
Lily était bien trop stupéfaite pour réagir, n'ayant pas imaginé une seule seconde qu'elle allait se faire prendre à la place de Potter et sa bande. Il commença à la traîner vers les escaliers sans qu'elle arrive à balbutier autre chose que de faibles « Mais... »
Heureusement pour elle, James avait quand même le sens de l'honneur.
Alors qu'ils arrivaient en haut des escaliers, plusieurs objets vinrent rouler à leurs pieds. Une odeur nauséabonde les enveloppa aussitôt et Rusard lâcha Lily sans hésitation pour faire demi-tour en hurlant. Lily, qui commençait enfin à revenir à la réalité et à se dire qu'il y avait bien un coupable dans toute cette histoire, fut happée en arrière et recouverte d'un tissu fluide... la cape sans aucun doute. On lui prit la main et elle fut entraînée loin du couloir et de ses odeurs sans qu'elle ait compris ce qu'il se passait.
James, puisqu'il ne pouvait s'agir que lui, finit par s'arrêter et éclata de rire.
Oui, cet abruti éclata de rire. Lily l'aurait bien giflé. D'ailleurs, c'était peut-être ce qu'elle allait faire.
- C'était moins une ! Ce vieux Rusard, les mêmes trucs réussiront toujours avec lui...
Il s'interrompit en constatant que Lily le dévisageait, le visage glacial.
- Bah quoi ? Je sais, ça sent pas très bon mais ça va finir par passer et ...
- Tu te rends compte que j'ai failli être punie pour les absurdités que TU fais ? demanda-t-elle d'une voix bien trop calme pour que cela rassure James.
- Mais je ne t'aurai pas laissée être punie, assura-t-il, perdu.
- Tu sais très bien comment est Rusard ! J'étais avec toi et j'aurais pris quand même, tout ça à cause d'un crétin dont le but est de faire la pire des idioties en faisant en sorte d'avoir le plus de spectateurs possibles pour flatter son égo DISPROPORTIONNE !
Il cligna plusieurs fois des yeux et finit par répondre :
- Est-ce que cette phrase avait vraiment un sens ?
Lily lâcha un cri de frustration et fit volte-face. Si elle restait une minute de plus, elle allait le frapper.
- Attends ! Mais qu'est-ce qu'il y a ?
Il eut la mauvaise idée de lui prendre le poignet pour la retenir. L'autre main de Lily partit aussitôt et ils se retrouvèrent face à face, silencieux. James la dévisageait, la mâchoire décrochée et la joue d'un rouge soutenu. Lily, frémissante, pivota sur ses talons pour partir.
- Je croyais que c'était fini, tout ça ! cria-t-il derrière elle.
- Bien sûr que non ! Ça ne s'arrêtera pas tant que tu ne cesseras pas d'être un insupportable crétin !
- Alors pourquoi tu as passé autant de temps avec moi, hein ? Pourquoi tu m'as demandé de rester à l'infirmerie, la semaine dernière ?
Il marquait un point. Elle se retourna en inspirant profondément, dans le vague espoir de se calmer.
- Parce qu'il arrive que tu me fasses rire.
Un rictus tordit le visage de James.
- Alors c'est ça ? Je suis seulement le bouffon de service ? Et encore, seulement quand ça te plaît.
Ce fut à son tour de partir sans attendre de réponse, plantant Lily au milieu du couloir.
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