Partie II - Chapitre 10


Chapitre 10

Le soleil brillait le lendemain du bal, comme en accord avec la joie qui habitait le château. Le parc se remplit bien vite de jeunes gens plus ou moins fatigués et en mal de soleil. La plupart s'installèrent au bord du lac, lézardant sous un ciel sans nuages. Le mieux, c'était qu'il n'y avait même pas de vent. Lily, installée sur l'herbe depuis bientôt une heure avec ses amies, avait presque trop chaud. Elle en profitait tout en écoutant Margaret raconter point par point sa soirée pour la dixième fois, assurant toutes les deux phrases que cela avait été absolument parfait. Et à chaque fois qu'elle s'arrêtait pour rependre sa respiration, Jenny lançait :

- Mais pourquoi est-ce qu'il ne t'a pas embrassée ?

- ... Et là il est allé nous chercher à boire et...

- Et toi, Val ? interrogea Lily en parlant plus fort que les deux autres. Tu ne t'es pas ennuyée ?

- Oh non, s'exclama joyeusement la jeune fille, penchée sur un dessin. J'ai pris plein de gens en photo sans qu'ils le sachent, c'était génial !

- Est-ce que tu as vu Martin Ranger et Anne Shirley ? s'empressa de demander Lily en ouvrant des yeux pétillants de malice.

- En train de s'embrasser ? Evidemment !

- Qu'est-ce que vous avez dit ? Ranger et Shirley ?

Jenny, avertie par son radar à ragots, se mêlait à la conversation.

- Tu n'étais même pas au courant ? Tu me déçois ! s'esclaffa Lily. A ton avis, pourquoi est-ce que Martin s'est pris un mur ce matin en sortant du petit-déjeuner ? Anne était devant lui. Ils ont tous les deux l'air de deux imbéciles heureux.

- J'en connais une autre qui avait l'air d'une imbécile heureuse hier soir, rétorqua Jenny pour se venger.

Lily rougit aussitôt et la fusilla du regard.

- N'importe quoi.

- Mais ça s'est bien passé avec Potter, non ?

- Si tu veux dire par là qu'on ne s'est pas entre-tués, en effet.

- Oh allez, Lily ! Je suis sûre que tu t'es amusée !

- Comme on s'amuse à un bal, marmonna-t-elle en haussant les épaules. On a dansé, c'était sympa, c'est tout.

- Mais tu ne comptes pas continuer à l'ignorer ?

- Non, mais je ne compte pas non plus chercher sa compagnie. Contrairement à Maggy, qui va sans aucun doute être collée à John pour le restant de ses jours.

- Hein ? On parle de moi ? interrogea leur amie, qui souriait aux anges depuis que Lily les avait interrompues.

- Non, du calamar géant, répliqua Jenny. Tu savais qu'il était enrhumé ?

- Quoi ? Mais de quoi est-ce que tu parles ? gémit Margaret.

- Euh, les filles ? lança Val, qui avait finalement relevé les yeux de sa peinture. Vous pouvez m'expliquer pourquoi Potter se promène en caleçon ? Ou... Est-ce que c'est un maillot de bain ?

Les trois autres jeunes filles braquèrent leur regard sur James, qui était effectivement en maillot de bain avec une serviette à la main, accompagné de Sirius. Ils s'arrêtèrent à quelques mètres d'elles, juste au bord du lac. James tendit sa serviette à Sirius et mit un pied dans l'eau.

- Mais qu'est-ce qu'il fout ? marmonna Lily en se levant à demi.

- Je savais que j'aurais dû lui faire enlever son t-shirt quand on sortait ensemble ! s'exclama Jenny comme si la situation était tout à fait normale.

Ses trois amies se tournèrent vers elle, réprobatrices, et elle haussa les épaules :

- Quoi ? Il est bien foutu, non ?

Lily reporta son attention sur les deux garçons pour que Jenny ne voit pas ses joues rouges : elle devait bien admettre que son amie avait raison, même si elle se détestait de penser cela.

Mais ce qu'il se passait au bord du lac chassa bien vite ces pensées plus que perturbantes de son esprit. James était enfoncé jusqu'aux genoux dans l'eau.

- Il ne va pas vraiment se baigner ? souffla Margaret, stupéfaite.

- On dirait bien que si, confirma Val alors qu'il s'avançait dans le lac, agité de violents frissons.

Des exclamations commencèrent à se faire entendre alors que les élèves remarquaient le manège du Gryffondor. James se retourna alors et leva les deux poings dans un signe de victoire, avant de se jeter entièrement à l'eau. Une clameur retentit pour saluer la performance alors que Sirius éclatait de rire.

Lily, n'y tenant plus, se leva tout de bon et se dirigea à grands pas vers Sirius. Elle savait que Jenny n'allait plus jamais la lâcher à propos de Potter après cela, mais elle voulait savoir ce qui lui était passé par la tête.

- Black ! interpella-t-elle.

- Oh, Evans ! Alors, tu as survécu à la soirée ?

- Il semblerait. Mais ça ne semble pas être le cas de Ja... Potter. J'ai l'ai rendu encore plus stupide qu'avant sans le vouloir ou ... ?

- Peut-être qu'il avait juste envie de se baigner, rétorqua Sirius en haussant les sourcils.

- Non, tu y serais allé avec lui.

Sirius ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Pas faux. Si tu veux tout savoir, il a perdu un pari.

- Sérieusement ? Et il se baigne dans le lac Noir un premier novembre pour un stupide pari perdu ?

- Un pari c'est sacré ! protesta-t-il.

- J'imagine que c'est toi qui as eu cette idée ?

- Brillant, non ?

- Stupide, oui.

- Ah, Evans... Tu ne comprendras jamais à quel point la vie peut être drôle.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? se hérissa Lily, piquée au vif.

- C'est quoi, ton plus gros délire de l'année ? Lire l'Histoire de Poudlard en vingt-quatre heures ?

Elle pinça les lèvres en résistant à l'envie de le frapper. Alors comme ça il pensait qu'elle n'était pas capable de faire des choses folles ?

Sans rien dire, elle ôta ses chaussures, qu'elle balança sans ménagement sur l'herbe. Son pull suivit, sous les yeux stupéfaits de Sirius, qui ne s'attendait visiblement pas à une telle réaction.

Lorsqu'elle fut en sous-vêtements elle se jeta dans le lac sans plus réfléchir pour ne pas avoir à supporter les commentaires de Sirius. Elle entendit vaguement ses amies pousser un hurlement alors que les autres élèves poussaient un cri de joie.

L'eau était si glacée que le souffle lui manqua pendant quelques secondes. Elle commença à nager vers James dans l'espoir de ne pas finir congelée. Elle se sentait bizarrement euphorique même si elle ne sentait plus ses orteils, et elle avait relégué dans un coin de sa tête les rumeurs qui ne manqueraient pas de courir lorsqu'elle sortirait de là.

James n'était plus qu'à quelques mètres d'elle. Il nageait en rond, un grand sourire sur son visage.

- Patmol ! Va chercher une serviette pour Lily ! hurla-t-il.

- Je ne suis pas ton chien, Cornedrue ! rétorqua Sirius sur le même ton.

Pour une raison qui échappait totalement à Lily, ils éclatèrent tous les deux de rire.

- C'était complètement dingue comme idée ! s'exclama James lorsqu'elle arriva à sa hauteur.

- Ton abruti d'ami m'a provoquée ! rétorqua Lily en claquant des dents. Je peux savoir quel pari débile tu as perdu pour qu'on se retrouve là ?

- Euh... non.

- Quoi ? Tu te moques de moi !

- Je te le dirai peut-être un jour mais... ça ne me paraît pas très judicieux pour le moment, grimaça-t-il.

- Tu es insupportable, marmonna-t-elle. On peut sortir de ce stupide lac ?

- Hmm, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de choses stupides pour toi aujourd'hui. Et non, pas encore, je suis censé y rester un quart d'heure. Mais tu n'as rien parié, toi, tu peux partir.

- Certainement pas, lança-t-elle en faisant quelques brasses dans le vague espoir de se réchauffer. Si je fais ça, Black va dire que je me suis dégonflée et j'aurai fait tout ça pour rien.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit, au juste ? interrogea James, les lèvres violacées et la peau pâle.

Elle lui expliqua la provocation et il aurait sans doute ri s'il n'avait pas avalé de l'eau en tentant de le faire. Il commença à s'étouffer et Lily crut qu'il allait se noyer. Merlin en soit remercié ce ne fut pas le cas. Cela l'aurait embêté de devoir expliquer à McGonagall que le corps de Potter était au fond du lac plus ou moins à cause d'elle.

- Je crois que je vais perdre mes bras... et mes jambes. Et tout mon corps en fait, gémit Lily.

- Bon, j'abdique, moi aussi. Le dernier arrivé a perdu !

Et il partit aussi vite que possible sachant qu'il devait avoir les membres encore plus engourdis que ceux de Lily. Elle fit son possible de pour le rattraper mais à peine dix minutes dans l'eau gelée l'avaient épuisée. Mais ce devait également être le cas de James car il ralentit à quelques mètres du bord. Lily s'apprêtait à le dépasser lorsque la situation devint tout d'un coup beaucoup moins drôle.

***

James sentit quelque chose s'enrouler autour de sa cheville. Quelque chose de visqueux et de bien plus fort que lui. Mais avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir, il fut brutalement tiré de l'eau. Près de lui, Lily se mit à hurler alors que la surface du lac s'éloignait à une vitesse vertigineuse. James n'avait aucune idée de s'il faisait de même. Le vent sifflait à ses oreilles et il avait l'impression que tous ses organes s'étaient liquéfiés. Peut-être n'était-ce pas plus mal, car lorsque le calamar géant – qui d'autre ? - les lâcheraient, il ne sentirait rien. Il crèverait la surface et mourrait sans s'en rendre compte. Oui, voilà, beau programme. Enfin Lily ne semblait pas de cet avis car elle débitait tous les jurons qu'elle connaissait.

Ils arrêtèrent enfin de monter et l'étrange sensation de sécheresse dans sa gorge renseigna le jeune homme : oui, il avait effectivement dû hurler tout du long. Ils pendouillaient à présent à bout d'un tentacule. Le sang lui battait désagréablement dans les tempes et la jambe par laquelle le calamar le tenait lui faisait un mal de chien. Il distinguait, malgré sa vision troublée, la masse d'élèves qui était rassemblée au bord du lac. Bien. Il aurait un moins un beau public pour sa mort prochaine. Comme cela, tout le monde apprendrait de son exemple. De leur exemple.

- Lily, je suis désolé ! hurla-t-il.

- Merde, Potter ! C'est pas le moment de faire des excuses ! Il faut... il faut qu'on trouve un moyen de sortir de là !

- J'ai pas ma baguette, et toi non plus ! On est bloqués !

Seule une flopée de jurons lui répondit.

Bon, puisqu'ils allaient apparemment mourir, c'était le moment ou jamais de lui dire que...

La tension sur sa jambe se relâcha brusquement, en même temps que ce qui semblait être sa dernière attache à la vie. Il se mit de nouveau à hurler alors que la surface du lac approchait dangereusement vite. Ses entrailles avaient brusquement refait leur apparition, et il n'avait aucun doute quant au fait qu'il allait voir la mort passer. Il ferma les yeux en songeant qu'il allait être tué par un calamar géant alors qu'un sorcier maléfique rodait au-dehors et attendit la fin.

Seule l'impression qu'on venait de lui arracher la jambe droite arriva. Il poussa un cri de douleur et ouvrit les paupières. L'eau était à quelques centimètres à peine de son nez et il pouvait voir le reflet de son visage livide... un véritable Inferi. Trop stupéfait par cet arrêt brutal de sa mort, il était incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Pourquoi diable venait-on de lui enlever sa mort ?

Coupant court à ses regrets quelque peu déplacés, le calamar le lâcha pour de bon. James but la tasse et faillit s'étouffer. Près de lui, Lily toussait tout autant. Leur regard se croisèrent et Lily commença :

- Oh par...

- ...Merlin. Le dernier arrivé finira en bouffe pour le calamar.

Jamais ils n'avaient nagé aussi vite de leur vie. Ils rejoignirent la terre ferme en quelques dizaines de secondes et s'effondrèrent en tremblant au milieu de leurs camarades qui poussaient des exclamations ravies.

Des mains secourables les enveloppèrent dans des serviettes alors que Jenny poussait tout le monde pour atteindre Lily. Elle se mit à beugler sur le jeune homme en frottant le dos de son amie, qui claquait des dents. James n'avait pas la foi de se défendre, aussi la laissa-t-il hurler. Mais ce n'était rien comparé à ce qui allait leur tomber dessus.

McGonagall n'avait pu manquer de voir les tentacules du calamar géant sortir de l'eau, tenant deux de ses élèves qui se balançaient à trente mètres de la terre ferme. Elle fendit la foule, furieuse, et commença à invectiver James et Lily. Elle était tellement énervée que seuls des mots isolés sortaient de sa bouche. Néanmoins en collant « Stupide », « inconscients », « insensés » et « retenues jusqu'à la fin de vos jours », James parvint à en comprendre le sens général.

Elle les entraîna jusqu'au bureau de Dumbledore, non sans avoir laissé Lily se rhabiller, sans tenir compte du fait que l'un comme l'autre avait du mal à tenir sur ses jambes. Elle frappa à la porte et l'entrouvrit sur l'invitation du directeur. James entendit Dumbledore s'adresser à un dénommé « Harold » et ce n'est qu'après dix heures de sommeil qu'il comprit qu'il s'agissait en fait du Ministre de la Magie.

Mais il n'avait pas encore réalisé cela lorsqu'un homme maigre sortit du bureau, son chapeau à la main. Il ne sembla même pas voir les deux élèves qui dégoulinaient sur le tapis et passa d'un pas pressé, lançant par-dessus son épaule :

- Je vous retrouve chez Horace, Dumbledore ! Il a toujours un excellent hydromel !

- Oh avec grand plaisir ! Il est toujours plus facile de discuter après un petit hydromel ! répondit joyeusement le directeur avant de se tourner vers les deux Septièmes années. Mr. Potter, Miss Evans, j'ai toujours su que si on vous laissait seuls cela ferait des étincelles, poursuivit-il, les yeux pétillants. Entrez donc, mon sol avait justement besoin d'un lavage.

Une fois qu'ils furent chacun installés de leur côté du bureau, Dumbledore reprit :

- Eh bien, je crois que vous avez fait la rencontre du calamar géant !

A ces mots un violent frisson agita Lily et James dut se retenir de ne pas la serrer dans ses bras. Mais il se serait sans aucun doute pris une beigne.

- Rassurez-vous, je suis sûr qu'il a trouvé cela très amusant et qu'il ne s'en portera pas plus mal.

- Je ne suis pas sûr que ce soit notre cas, professeur, balbutia Lily.

- Chère Miss Evans, je suis sûre qu'une bonne frayeur ne peut faire de mal à personne ! s'exclama le directeur en leur tendant un bol rempli de Suçacides. Et vous pouvez le remercier, cela vous évitera de passer les trois prochaines semaines en retenu puisque j'estime que le calamar vous a suffisamment punis. Mr. Potter, ne prenez pas cet air ravi ! Le professeur McGonagall m'en voudrait terriblement si je ne vous collais pas – oui même vous Miss Evans. Alors disons... trois heures mardi soir ! Mais, vous savez, je crois que cela manque à votre professeur de Métamorphose de ne plus vous coller, Mr. Potter. Il y a trop longtemps que vous n'avez pas fait de bêtise.

James manqua de s'étouffer et Dumbledore se leva avant d'aller leur ouvrir la porte.

- Réchauffez-vous bien !

Il leur fit un clin d'œil lorsqu'ils passèrent devant lui puis le bureau se referma. James s'arrêta, stupéfait, et Lily marmonna :

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je rêve ou il avait vraiment l'air de me dire de faire plus de bêtises ?

***

La maison de Gryffondor étant ce qu'elle était, une fête fut organisée ce soir-là, par les bons soins de Sirius évidemment. Après tout, il fallait bien réconforter les deux baigneurs qui avaient bien failli faire le plat de leur vie.

Lily était trop exténuée pour essayer de protester – et de toute façon elle n'en avait pas envie. Pour une fois, elle participa. Elle but tout un tas de Bièraubeurres, mangea des milliards de gâteaux – du moins lui semblait-il – et rit autant qu'elle put. Elle évita James autant que possible, même si sa conscience lui répétait qu'elle s'était fourrée toute seule dans cette situation. Elle avait tout simplement passé trop de temps en sa compagnie ces derniers jours.

Elle quitta néanmoins la salle commune plus tôt que tous les autres élèves, rêvant d'une bonne nuit de sommeil... et se réveilla au milieu de la nuit avec une fièvre terrible. Elle passa le dimanche et le lundi suivants dans un état second, émergeant vaguement quand ses amies lui apportaient ses devoirs à l'infirmerie. Mais de toute façon, elle était incapable de les faire.

Elle était dans une vague période de conscience lorsque quelqu'un s'assit sur la chaise près de son lit. D'après elle c'était un garçon mais...Ah, si. Avec des cheveux pareils, il ne pouvait s'agir que de James.

- Salut, lança-t-il.

Elle sortit une main de sa couverture et l'agita dans sa direction en guise de réponse.

Il eut un petit rire, ce qui l'agaça profondément.

- Te marre pas, marmonna-t-elle, c'est de ta faute si je suis là.

- Pour la millième fois, je ne t'ai pas demandé de venir avec moi, soupira James.

- Non, mais si tu ne faisais pas des paris idiots, on n'en serait pas arrivés là.

Lily tira sa couverture jusque sous son nez et interrogea d'une voix étouffée :

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il se tortilla sur sa chaise, puis finit par répondre :

- Je me sentais mal parce que c'est un peu à cause de moi si tu es malade.

- Ah ! triompha Lily – autant qu'on peut triompher quand on est au fond de son lit. En fait, ça te plaît juste de me contredire ! T'es vraiment un abruti.

- Admettons, concéda-t-il avec un sourire. Je serais bien venu plutôt mais Jenny refusait de me dire où tu étais. Je crois qu'elle m'en veut à mort.

- Pourquoi est-ce que tu me cherchais ?

- Je voulais vérifier que ça allait, dit-il en haussant les épaules. Que tu n'avais pas rêvé de tentacules géants.

- En fait, je crois que si. Mais c'était un peu psychédélique à cause de la fièvre. En parlant de ça, quelle heure est-il ?

- Euh...dix-huit heure je crois, pourquoi ?

- File-moi le verre qui est sur la table, s'il-te-plaît.

Elle avala d'une traite le médicament qu'il lui tendait, avec force grimaces. Exténuée par sa courte conversation avec James et le goût affreux de la potion – elle était sûre que Madame Pomfresh en faisait exprès - elle ferma les yeux. Il y eut un silence puis elle entendit le jeune homme se lever. Alors que ses pas s'éloignaient, elle se redressa sur un coude, en tentant d'ignorer les vertiges qui la saisissaient. Elle devait être salement atteinte, pour avoir ne serait-ce que l'idée de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Mais elle n'avait même pas envie de s'en vouloir. C'était la faute de la fièvre, tout ça.

- James ! Attends !

Il se retourna, surpris.

- Oui ?

La jeune fille se laissa retomber dans son lit et s'enveloppa étroitement dans sa couverture. Elle n'avait aucune idée de pourquoi elle voulait qu'il reste et ne voulait certainement pas le savoir. Lorsqu'il fut revenu près de son lit, elle dit d'un ton sans appel :

- Raconte-moi quelque chose.

James éclata de rire et se laissa tomber sur sa chaise.

- Quoi, tu veux que je te raconte une histoire ?

- J'en sais rien moi, débrouille-toi. C'est moins fatiguant de t'écouter que de réfléchir, même si tu m'énerves.

Elle faisait son possible pour garder les yeux ouverts et le dévisageait, attendant qu'il parle. Il réfléchissait, un petit sourire sur les lèvres mais Lily ignorait à quoi cela était dû. Il se décoiffa machinalement, sans que cela ait aucun effet puisque ses mèches brunes s'échappaient dans tous les sens. Enfin son sourire s'élargit. Il remonta ses lunettes sur son nez et posa ses coudes sur ses genoux, adoptant une posture de conteur.

- Je vais te raconter... La première bêtise que j'ai faite à Poudlard.

Lily ferma les yeux pour l'écouter, même si elle savait pertinemment qu'elle allait finir par s'endormir.

- C'était quelques jours après la rentrée, j'avais oublié le mot de passe alors je me suis retrouvé coincé devant le portrait. Et comme il était assez tard, personne ne passait. Je ne savais pas quoi faire et je n'osais pas aller voir McGonagall...

- Tu avais peur de McGonagall ? interrogea Lily d'une voix enrouée avant de se mettre à tousser.

- Rassure-moi, tu as trop de fièvre pour te rappeler de quoique ce soit ?

- Je crois bien.

- Parfait. Si tu veux tout savoir, elle me terrifie toujours. Bref, ça m'angoissait moins de me promener dans le château tout seul, alors c'est ce que j'ai fait. En plus, c'était bien plus drôle. J'aurais pu repartir vers travailler à la bibliothèque mais...

- Quoi ? Tu travaillais ?

- Ouais, ça m'est arrivé. Mais arrête de m'interrompre ! Je croyais que tu n'arrivais pas à réfléchir ?

Elle ouvrit les yeux pour lui jeter un regard espiègle – ou du moins essaya-t-elle.

- Désolée, mais quand tu me sors des énormités pareilles je ne peux pas m'en empêcher.

Il leva les yeux au ciel et reprit :

- Je m'étais fait virer par Madame Pince alors je ne voulais pas y retourner. J'avais entendu des Septième Années parler de passages secrets et j'avais vraiment envie d'en découvrir pour pouvoir les montrer à Sirius. Le problème c'est que je n'avais aucune idée de là où ils étaient. Du coup...

Alors qu'il racontait son histoire, agrémentée de tout un tas d'absurdités, sa voix devint peu à peu un murmure indistinct pour Lily, qui sombra dans un sommeil enfiévré. Elle fut réveillée seulement un court instant par la sensation d'un baiser sur son front, avant de replonger de nouveau dans l'inconscience. Au matin, elle n'avait plus aucun souvenir du départ de James.

Lily resta cloîtrée à l'infirmerie durant toute la semaine et James vint la voir tous les soirs, s'arrangeant pour ne pas croiser Jenny, Val et Margaret. Lily faisait semblant de s'énerver quand il arrivait mais il la faisait rire à chaque fois. Et il lui apportait des brioches.

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