Partie I - Chapitre 9


Chapitre 9



Lily était exténuée. Elle se frotta les yeux et se pencha sur son devoir d'arithmancie.
Je déteste l'arithmancie. Vraiment, je déteste ça. Ou peut-être que si ces crétins arrêtaient de se marrer comme des tordus ça me plairait plus. Je vais tuer l'arithmancie. Enfin, le prof. Et ces abrutis aussi. Je vais étriper la terre entière et peut-être que comme ça j'aurais le ...

- SILENCE !

Tous se tournèrent vers l'auteur du braillement qui venait de figer les activités de toutes les personnes présentes dans la Salle Commune. Lily avait obtenu le silence. Mais un silence stupéfait. Environ deux secondes plus tard, des rires éclatèrent puis le brouhaha reprit de plus belle. La jeune fille laissa échapper un cri de frustration, ferma son livre sans aucune douceur, ramassa ses papiers et sortit au pas de charge ... du moins en avait-elle l'intention.

Un bras se matérialisa devant elle et elle s'immobilisa juste à temps pour ne pas rentrer dedans de plein fouet. Un sourire brilla dans l'ombre et elle lâcha un soupir exaspéré en rencontrant les yeux de James Potter. Il ne s'était pas encore vengé du seau d'eau au-dessus de son lit et Lily se demandait si cela allait finalement lui tomber dessus.

- Tire-toi Potter, ou je te frappe.

- Dois-je te rappeler que c'est ce que tu passes ton temps à faire ?

- Peut-être parce que tu passes ton temps à te mettre en travers de mon chemin.

Il sourit de plus belle.

- Si tu résistais moins j'arrêterais de le faire.

- Je vais vraiment te frapper, gronda-t-elle sans relever sa remarque.

- Vas-y, te gêne pas.

Lily inspira profondément en serrant les lèvres. J'étriperai tout le monde et Potter sera le premier.
Il haussa un sourcil narquois mais la jeune fille lui balança un coup de coude dans le ventre. James se plia en deux, le souffle coupé et Lily tenta de sortir. Seulement il agrippa brusquement son bras libre et elle se retrouva plaquée contre le mur, le jeune homme l'écrasant de tout son poids.

Le souffle encore court, il marmonna :

- Tu es insupportable Evans, tu le sais ?

Elle l'aurait bien giflé mais il maintenait l'un de ses bras derrière elle et l'autre était pris par ses cours.
- Je te retourne le compliment. Mais la différence entre toi et moi, c'est que j'ai une cervelle et que je m'en sers.

Un petit rire le secoua et il posa une main sur sa hanche.

- Bas les pattes. Je peux encore utiliser mes genoux et te faire très très mal, menaça-t-elle.

Elle pria pour que son assurance paraisse vraie et frémit alors qu'il posait son front contre le sien. Il y eut un instant de silence puis, enfin, il s'écarta, un sourire toujours narquois étirant ses lèvres. Elle s'empressa de sortir, un mal de crâne lancinant lui martelant les tempes.

Je lui couperai les doigts un à un puis je les lui ferai bouffer et ensuite je l'étriperai.

Elle se hâta jusqu'à la bibliothèque et poussa un cri de rage en constatant qu'elle était fermée. Un mot sur la porte indiquait que la bibliothécaire était malade. C'était insensé ! Elle n'était jamais malade ! Pourquoi ce soir précisément ?

Le monde entier était ligué contre elle.

Errant comme une âme en peine, elle atterrit au septième étage et trouva un renfoncement dans le couloir. Il faisait froid et la fenêtre mal isolée n'arrangeait rien mais au moins c'était calme.
Elle se laissa tomber sur la banquette de pierre avec un soupir et ferma les yeux. Elle n'avait pratiquement pas dormi la veille.

Comme c'était le soir d'Halloween, les élèves de Gryffondor, dans un élan extraordinaire d'originalité, avaient décidé d'organiser une fête. Et, de façon encore plus originale, les préfets avaient été incapables de ramener l'ordre. Ils avaient fait un boucan d'enfer jusqu'à deux heures du matin, suite à quoi Val avait cuisiné Jenny à propos de James pendant encore deux heures.
Résultat, Lily était incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Cette impression était confirmée par le fait qu'elle n'arrivait pas à s'ôter de la tête l'image des yeux bruns de James. Brr. Quel être répugnant. Enfin, pas physiquement mais mentalement.

- Lily ?

Elle releva brusquement la tête et sursauta en rencontrant le regard noir de Severus.

- Sev' ?

Il lui apparut soudain qu'ils ne s'étaient pas vus depuis presque deux semaines. Sans réfléchir, elle se jeta à son cou.

- Severus, tu m'as manqué.

Le jeune homme se figea et tapota maladroitement son dos. Enfin, il parvint à articuler :

- Ça ne va pas ?

- Trop de crétins peuplent cette planète. Et trop de profs aussi.

Il rit et Lily s'éloigna de lui, un sourire sur les lèvres.

- Où tu étais, Sev' ? Ça fait un bail qu'on s'est pas vu. Enfin, à part en Botanique.

Il haussa les épaules, l'air gêné.

- J'ai eu beaucoup de travail, moi aussi, du coup je dînais très tôt.

Après un instant de silence il ajouta d'une petite voix :

- Désolé.

Lily secoua la tête et sourit.

- Ce n'est ni de ta faute ni de la mienne. On pourra se voir plus quand on aura moins de devoirs.
Severus acquiesça, ravi, puis lui présenta son bras, un air faussement hautain sur le visage :

- Mon emploi du temps me permet quelques minutes de liberté, aussi accepteriez-vous de vous promener avec moi ?

Lily gloussa et, sans un regard pour son travail, accepta la proposition de son ami. Ils discutèrent joyeusement des professeurs, Severus imitant à la perfection McGonagall, puis commentèrent les résultats de la Grande Bretagne au Quidditch. Ils se disputèrent en riant car le jeune homme nourrissait une passion cachée pour les Canons de Chudley alors qu'elle-même préférait les Flèches d'Appleby. Or, c'était l'équipe de Lily qui raflait les trophées.

Ils arrivèrent en haut de la tour d'Astronomie et la jeune fille eut un violent frisson. Le vent soufflait de façon lugubre et faisait tourbillonner les épais flocons de neige. La Forêt Interdite était baignée d'une lumière surnaturelle, due à la neige et à la lumière de la lune derrière les nuages. Lily n'arrivait pas à décider si c'était beau ou effrayant. Sans doute un peu des deux.

Sentant qu'elle commençait à geler sur place, elle se tourna vers Severus pour lui demander de rentrer. Seulement il fixait l'horizon, les sourcils légèrement froncés, perdu dans ses pensées. Bien qu'elle répugnât à le tirer de ses réflexions, elle pressa légèrement son bras. Il sursauta et tourna les yeux vers elle. Avant qu'il ne reprenne ses esprits, elle crut y lire de la peur. Surprise, elle haussa les sourcils. Il détourna le regard et marmonna :

- Désolé, on gèle.

Ils rentrèrent sans un mot, Lily s'interrogeant toujours sur les raisons du regard hanté de Severus.

Finalement il interrogea d'un ton léger :

- Tu avais l'air suprêmement agacée tout à l'heure, il y avait autre chose que ta surcharge de travail, non ?

La jeune fille se mordit la lèvre et finalement se décida à lui raconter l'épisode Potter. Lorsqu'il serra tellement le poing que ses jointures blanchirent, elle se fit la réflexion que c'était peut-être une très mauvaise idée.

- Il est ... j'espère que tu l'as ... argh !

Lily pouffa en entendant cette déclaration et il tourna les yeux vers elle, l'air farouche, mais le sourire de son amie radoucit son expression.

- Tu aurais dû le frapper comme tu l'en as menacé, la deuxième fois.

- Non, je suis pas si méchante.

- Menteuse.

Lily éclata de rire. Ils étaient revenus près de ses affaires, qu'elle s'empressa de récupérer. Son mal de tête avait disparu.

- Tu me raccompagnes ?

- Avec plaisir.


Lorsqu'elle pénétra dans la Salle Commune, elle n'avait plus la moindre envie de travailler. Elle se laissa tomber dans un fauteuil près de la fenêtre et ferma les yeux. Merlin en soit remercié, il n'y avait presque plus personne et le volume sonore était revenu à la normale. Même Potter et sa bande n'étaient pas là. Le rêve.

Elle rouvrit les yeux et promena paresseusement son regard sur la salle. Elle plissa les yeux en apercevant une tête brune penchée sur un rouleau de parchemin. Après un instant de flottement la lumière se fit dans son esprit : Frank Londubat !

Les derniers mots jetés par Alice lui revinrent en mémoire.

Pourquoi diable se cachait-elle de lui ? Elle le connaissait peu (enfin même pas du tout) étant donné qu'il était en sixième année. Cependant il n'avait pas l'air méchant. Pour ce qu'elle en savait, il était plutôt discret.

Soudain il releva la tête et croisa les yeux verts de Lily. Celle-ci piqua un fard et il haussa un sourcil surpris. Elle lui adressa un sourire incertain et il fit de même avant de replonger dans ses cours. Elle s'enfonça dans son fauteuil et tenta de graver dans son esprit les traits du jeune homme. Il avait des yeux bleus, qui tranchaient de façon étrange avec ses cheveux bruns et son teint pâle. Son nez était un peu trop long mais cela ne l'empêchait pas d'être plutôt beau. Ce qui expliquait peut-être les larmes d'Alice.

Songeuse elle ferma de nouveau les yeux. Elle allait la cuisiner.



***


Ce n'est que trois jours plus tard que Lily parvint à coincer Alice. Elle l'aperçut à la bibliothèque, penchée sur un livre d'étude des Moldus. La rousse jeta un regard à la bibliothécaire rétablie puis se glissa sur la chaise devant la blonde.

Celle-ci leva les yeux vers l'intruse et sursauta en la reconnaissant. Puis, elle lui sourit.

- Salut, chuchota Lily. Ça va mieux ?

Alice rougit légèrement puis hocha la tête. Apparemment, elle n'était pas décidée à ouvrir la bouche.
- Je l'ai vu, hier. Frank. Il est pas mal.

La jeune fille rougit encore plus et jeta un regard affolé autour d'elle. Lily retint un gloussement.

- Alors ? Pourquoi tu te cachais de lui ?

Sa pauvre victime se mordit la lèvre et finit par répondre :

- Je ne me cachais pas de lui à proprement parler. Disons plutôt que je me cachais à cause de lui.
- Il a l'air gentil pourtant.

- Oh, il l'est.

Par Merlin ce qu'elle était agaçante à ne pas répondre à ses sous-entendus !

- Alors pourquoi tu pleurais ?

Alice se tortilla sur sa chaise.

- Si j'avais su que tu étais aussi tenace, je ne t'aurais jamais dit ça.

Lily lui adressa un sourire rayonnant.

- C'est juste qu'il a vraiment l'air gentil alors il y a quelque chose qui m'échappe un peu.

- C'est ça ouais. Tu sais très bien de quoi il retourne mais tu veux juste me faire cracher le morceau.

- Perspicace mon petit. Alors, puisque tout est clair entre nous, tu le craches, ce morceau ?

Elle ouvrit la bouche, la referma, recommença puis finalement soupira :

- Désolée, je suis incapable de le dire. C'est trop étrange.

Lily soupira. Elle avait avoué à demi-mots, c'était déjà ça.

- Bon, comment tu le connais ?

- Nos parents sont amis. Ils dînent souvent ensemble mais il n'est jamais vu chez moi et je ne suis jamais allée chez eux. Cet été on s'est retrouvés dans le même endroit, totalement par hasard, du coup nos parents ont dîné ensemble ... et nous avec. Ils restaient encore une semaine et nous deux, alors nos familles ont passé leur temps ensemble. Et voilà.

- Quoi ? C'est tout ? Mais à la rentrée ?

- Oh on se voit de temps en temps, il est toujours adorable et on peut discuter sans voir le temps passer. Enfin c'est ce qu'il me semble. Mais tu ... tu connais Lucy Manmay ?

- La brune de sixième année dans ma maison ?

- Oui. Ils sortent ensemble.

- Oh. Je vois.

Elle adressa un pauvre sourire à Lily.

- Pathétique hein ?

- Pas du tout. Merci de me l'avoir dit.

Elle haussa les épaules.

- Au point où j'en étais, je pouvais quand même aller au bout.

La rousse posa sa main sur la sienne et sourit.

- T'inquiète pas.

Alice fronça les sourcils.

- Comment ça ? Hé, Lily !

L'intéressée s'était déjà carapatée hors de la bibliothèque et elle gloussa en entendant la pauvre Alice se faire crier dessus par Madame Pince. Val, Maggy et elle-même avaient déjà fort à faire avec le Code Rouge mais elles allaient pouvoir monter une opération bien plus amusante, qui aurait en plus le mérite de passionner Jenny, qui passerait donc moins de temps avec ce crétin de Potter. C'était parfait.


***


James était occupé à embrasser le cou de Jenny lorsque celle-ci sauta soudain de ses genoux et rejoignit ses amies qui conspiraient devant la cheminée. Il grogna et capta les yeux verts de Lily, qui lui jeta un regard de défi.

Il allait vraiment falloir qu'il mette en œuvre sa vengeance.

- Qu'est-ce qu'elles fabriquent à ton avis ? Demanda-t-il à Remus qui travaillait près de lui.

Il leva brièvement les yeux et répondit :

- Des trucs de filles j'imagine.

- Merci Remus, tu n'imagines pas à quel point tu m'éclaires.

Un petit rire secoua le jeune homme.

- T'as qu'à aller leur demander.

- Mais bien sûr. Et ensuite vous me ramasserez en morceaux quand Evans aura décidé de m'en coller une.

- Depuis quand t'as peur d'une fille ?

James le fusilla du regard.

- Je n'ai pas peur. C'est juste que si je peux éviter de me faire frapper ça me va. Et je ne vais pas la frapper, elle ! C'est une fille.

- Dois-je te rappeler que tu comptes l'envoyer dans la ...

- La ferme, coupa le brun. N'éventes pas mon projet, ce serait trop bête.

- Mille excuses. Tu n'as pas peur que ça tourne mal ?

- Bien sûr que non. Elle enverra une droite aux centaures et tout ira bien.

Remus gloussa puis bâilla.

- Pas faux. Vous tenez le coup ?

- Tu parles des nuits blanches à cause de ton crétin de lapin qui court dans sa cage ?

- Ouaip.

- Ben oui, ça va. On l'aime bien, ce lapin.

James sourit à son ami, qui en retour tourna vers lui un visage rayonnant. Le brun se leva de son fauteuil et donna un tape à l'arrière du crâne de Remus.

- Content de te voir heureux Remus. Vraiment content.

Il sortit de la Salle Commune pour errer dans les couloirs. Il aurait pu rejoindre Sirius et Peter dans leur chambre mais travailler avec eux ne l'emballait pas trop. Quant à Jenny, depuis quelques jours elle passait le plus clair de son temps avec ses amies.

Se creusant le crâne pour trouver un mauvais coup à faire, il s'arrêta brusquement derrière le coin d'un mur en entendant une voix bien trop familière. Servilus, en grande conversation avec quelqu'un.
- Pourquoi tu traînes avec elle ? Tu sais ce qu'elle est ?

- Évidemment mais ...

- Severus ! On ne peut pas commencer à faire d'exception ! Tu sais ce que mon père m'a dit ? Il n'épargne aucun d'eux, enfants, vieillards ou femmes. Et il a raison. Elle y passera un jour aussi.

Seul un silence horrifié lui répondit et James choisit ce moment pour se montrer. Harvey Mulciber se tenait devant Severus, l'air farouche.

- C'est intéressant, ces menaces, commenta James.

Mulciber, se tenant face à James, ouvrit grands les yeux et Rogue se retourna vivement. Il fronça les sourcils et pâlit légèrement.

- Ta mère t'as jamais appris qu'il ne fallait pas écouter les conversations des autres, Potter ?Interrogea-t-il d'un ton froid.

- Si mais je ne pensais pas que ça s'appliquait aux serpents.

Rogue rougit et tira sa baguette d'un geste leste.

- Tire-toi.

- Oh qu'est-ce qu'il va me faire le petit Servilus ? Me stupéfixer ?

- Je vais te pulvériser ! Beugla-t-il en lançant un sortilège informulé qui ricocha contre une armure près de James.

Celui-ci se jeta du côté opposé et chercha frénétiquement sa baguette alors que Mulciber sortait la sienne. Un autre sortilège fusa et il roula sur la pierre en jurant : il l'avait laissée sur son lit.

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