Partie I - Chapitre 7


Chapitre 7


Après avoir hésité sur la conduite à tenir, Lily s'approcha finalement. La fille releva la tête et Lily reconnut une fille de Serdaigle de son année, Alice MacMillan.

Les joues striées de larmes, elle fixait la rousse d'un air suppliant, espérant visiblement qu'elle s'en aille. Cependant, Lily s'assit près d'elle sans un mot. Elle ne la connaissait qu'à peine mais elle n'avait aucune envie de l'abandonner là.

Après quelques minutes de silence, elle lança :

- Il est sympa ce couloir.

Alice rit un peu, renifla, et demanda d'une petite voix :

- Pourquoi restes-tu là ?

Son interlocutrice tourna la tête vers elle et sourit :

- C'est tellement glauque que je me voyais mal te laisser là. Imagine que le Baron Sanglant passe, ce serait juste carrément flippant.

Un petit éclair de soulagement passa dans les yeux bleus foncés de la jeune fille et Lily en fut quelque peu surprise. Pourquoi paraissait-elle si contente d'être avec quelqu'un qu'elle connaissait à peine ?

- C'est sûr. Mais je me suis dit que cet endroit était suffisamment désert pour qu'on ne me trouve pas.
- Désolée, c'est raté ! De quoi te caches-tu ?

Alice grimaça et ferma les yeux.

- Des questions. De moi-même peut-être.

- Tout ça m'a l'air très compliqué.

- Un peu. Mais toi, comment es-tu arrivée là ?

- Oh je cherchais une blonde et un brun en train de se rouler des patins mais être avec toi est plus reposant étant donné que ma rencontre avec le couple en question aurait sans doute tourné au pugilat.
- Ça a l'air tout aussi compliqué.

- Un peu, rétorqua Lily avec un petit sourire. Ça va mieux ?

La blonde hocha la tête en soufflant un petit « merci ».

- Parfait. Tu devrais aller te coucher. Je sais qu'on se connaît à peine mais n'hésite pas à venir me voir, d'accord ?

- Merci, répéta Alice en se levant avant d'aider Lily à faire de même. Je suis contente de t'avoir... croisée. Je crois que j'avais besoin de parler à quelqu'un qui n'a aucun rapport avec tout ça.

- A ton service !

Lily s'engagea sur le chemin du retour mais Alice lança :

- De Frank ! Je me cache de Frank.

La rousse se retourna, surprise. Seulement, le couloir était vide.

Essayant de rassembler ce qu'elle savait de Frank Londubat et de son éventuelle relation avec Alice, elle marchait en pilotage automatique. Ce fut des rires qui la sortirent de ses pensées. Elle se retourna mais ne vit personne. Perplexe, elle fit un tour sur elle-même. Il n'y avait décidément personne.
Cependant, les rires reprirent. Et ils semblaient venir ... De derrière une tapisserie. Surprise, elle s'approcha. Elle qui pensait connaître tous les coins cachés de Poudlard ! Elle posa ses doigts sur le tissu au moment où une voix grave se faisait entendre derrière. Une voix qui était celle de Potter.
Balayant tous scrupules, Lily écarta d'un geste brusque la tapisserie, qui révéla le couple assis par terre dans un passage sombre.

Ils la fusillèrent du regard et elle leur adressa un charmant sourire en retour.

- Excusez-moi de vous déranger, il faut absolument que je parle à Jenny.

L'intéressée haussa un sourcil hautain et Lily fit d'une petite voix :

- Pitié ?

Avec un soupir, Jenny s'arracha à l'étreinte de James et se leva.

- T'as de la chance que je sois gentille, marmonna-t-elle en suivant Lily dans le couloir.

La jeune fille se retint de répondre et entraîna son amie jusqu'à un endroit d'où Potter ne pourrait pas les entendre.

- Je suis désolée, fit-elle avec un air contrit qu'elle espérait convaincant. Je n'aurais pas du dire ça sur lui alors que je savais que ça te blesserait.

Jenny prit un air stupéfait puis se mit à rire.

- Lily qui s'excuse de s'être foutue de James, ça c'est une première !

- Eh, ça n'a aucun rapport avec lui, je le considère toujours comme un crétin mais je ... conçois que tu veuilles sortir avec lui.

- Trop aimable, répliqua-t-elle avec un petit sourire. Et je suis désolée pour Severus. Je le trouve toujours antipathique mais je t'aime quand même.

Lily éclata de rire puis serra son amie contre elle.

- Je déteste me disputer avec toi, Jen', surtout que tu es capable de mettre toute l'école de ton côté.

- Merci de reconnaître mon mérite !

La rousse se sépara de son amie retrouvée et lança en la poussant vers la tapisserie :

- Allez, retourne à tes occupations ! Considère ça comme ma bénédiction. Et juste une chose : ça ne te dérange pas si je reprends mes relations habituelles avec Potter ?

Jenny se retourna en lançant :

- Vis ta vie Lily !

Puis elle s'engouffra sous la tapisserie.

Satisfaite et sincèrement heureuse de s'être réconciliée avec la jeune fille, Lily rentra enfin dans la Salle Commune.



***


James se passa la main dans les cheveux sans que, pour une fois, cela est un quelconque rapport avec la drague. Il était même à mille lieux de ce genre de pensées. McGonagall leur avait collé un devoir maison pour le lendemain car ils avaient été soit disant insupportables. James trouvait ce qui s'était passé génial.

Sirius avait réussi à faire magiquement des avions en papier. Il en avait donc fait des centaines, avec l'aide de James, puis les avait ensorcelés au milieu du cours de Métamorphose avant de les lâcher dans la classe. Une véritable nuée de papier s'était abattue sur la classe, ce qui avait rendu leur professeur absolument furieux.

A présent il hésitait entre étrangler Sirius ou McGonagall car faire un traité sur la façon dont on changeait une boule d'aiguilles en hérisson ne lui plaisait pas plus que ça, d'autant plus que Remus devait faire ses rondes ce soir-là et qu'ils avaient donc des choses importantes à régler.
Les manches de sa chemise roulées jusqu'au coude et mordillant le bout de sa plume, il relut son devoir et le roula, satisfait. Ce n'était pas du grand art mais au moins c'était fait.

Il se leva, saisit son sac et se dirigea vers les escaliers. Ce faisant il passa près d'une table sur laquelle travaillait une jolie blonde à l'air concentré. Il lui adressa un sourire enjôleur et passa son chemin. Encore un autre avantage à ce devoir inopiné : il lui fournissait une excuse parfaite pour ne pas être avec Jenny ce soir-là.

Lorsqu'il arriva dans sa chambre, Sirius et Peter étaient déjà là, le brun aidant le blond à terminer son devoir. Ils relevèrent la tête lorsque leur ami entra. Tout en allant vers son lit, il lança :

- Sirius, tu as droit à ma haine éternelle.

- Remercie-moi, tu auras au moins appris quelque chose cette année.

- Qui a dit que j'avais retenu quelque chose ?

Son ami rit et rétorqua :

- Tu es sûr d'avoir traité le bon sujet au moins ?

James s'apprêtait à répondre mais il ouvrit les rideaux de son lit au même moment, son devoir toujours en main. Sa voix s'étrangla dans sa gorge alors qu'un seau d'eau glacée lui tombait dessus.

Trempé jusqu'aux os, il n'entendit pas le fou rire qui prit Sirius et Peter. Il ramena lentement ses bras vers lui et considéra d'un œil vide son rouleau de parchemin dégoulinant. Il le déplia et se crispa. L'encre formait une sorte de tache claire au milieu du papier.

Sans un mot, il fit volte-face et descendit quatre à quatre les marches. Arrivé dans la Salle Commune,il fouilla la pièce du regard puis voulut s'engager dans l'escalier qui menait chez les filles mais se retrouva aussitôt à plat ventre au milieu des Gryffondors abasourdis. Il se releva, se planta en bas du dortoir et hurla :

- EVANS !

Un gloussement général se fit entendre derrière lui. Le jour où Potter et Evans cesseraient de se disputer serait à marquer d'une pierre blanche.

Cependant, comme personne ne répondait, James beugla encore plus fort :

- Par Merlin, EVANS !

Finalement un rire retentit. Un avion en papier surgit alors de la cage d'escalier, l'un de ceux créés par James et Sirius. Le jeune homme l'attrapa et le déplia prestement. Il y était inscrit « Deux à un. J'ai l'avantage Potter ! »

Alors, contre toute attente, James éclata de rire.

Il remonta dans sa chambre, un sourire étirant toujours ses lèvres, et tomba nez à nez avec Sirius et Peter.

- Le doux son de ta voix est monté jusqu'à nous alors on s'est dit qu'il devait se passer quelque chose d'intéressant, lança joyeusement Peter alors que Sirius le dévisageait d'un goguenard derrière lui.

James lança son devoir trempé à la tête du blond et donna un coup d'épaule à l'autre pour passer avant de répondre :

- Figure toi que j'aime chanter la sérénade.

- Très drôle. Alors, quel est le rapport entre Evans et ta tête de chien mouillé ?

Le brun posa l'avion déplié sur sa table de chevet et commença à déboutonner sa chemise.

- Petites taquineries, t'occupe pas de ça. Alors, où en est-on ?

Sans répondre, Sirius tira la malle de Remus et la poussa contre la porte. Comme elle était bourrée de livres c'était la plus lourde.

Puis il sortit un parchemin de sous son oreiller et le brandit d'un air triomphant.

- Là ! C'est un sortilège informulé, comme vous le savez ou êtes censés le savoir. Qui veut bien servir de cobaye ?

James jeta un regard à Peter qui se ratatina contre son lit. Ses yeux tombèrent sur Sirius qui haussa un sourcil, un petit sourire ironique aux lèvres. Sentant qu'il le mettait au défi, le jeune homme tendit la main :

- Donne-moi ça !

Son ami s'exécuta en pouffant puis alla s'asseoir sur la malle qui bloquait l'entrée, bientôt rejoint par Peter.

James jeta une nouvelle chemise sur son dos sans la fermer et se planta au milieu de la chambre. Il prit une profonde inspiration, regarda ses amis puis lut enfin les mots écrits par Sirius. La formule défila dans sa tête et il ferma les yeux. Après un instant d'attente, il les rouvrit prudemment.
Sirius et Peter s'entre-regardèrent puis éclatèrent de rire.

James prit un air souverainement méprisant puis ferma les yeux et se répéta la formule. Rien, toujours rien. Il essaya, encore et encore, malgré les propositions de Sirius pour prendre sa place.
Mais alors qu'il allait abandonner, un frisson courut le long de son échine. Il se figea alors qu'une sorte de brouillard envahissait son cerveau. Il voulut ouvrir les yeux mais s'en trouva incapable. Son pouls s'emballa, mais il se rendit compte que cela n'avait aucun rapport avec la panique. Il ne ressentait aucune peur, simplement l'impression étrange qu'il s'était détaché de son corps.

Puis, aussi soudainement qu'il avait été assailli par cette multitude de sensations, il reprit pleinement conscience de lui-même. Il ouvrit enfin les paupières et eut un violent sursaut.

Le monde lui semblait étrangement jaune et déformé. Mais le plus perturbant étaient sans doute Peter et Sirius qui s'étaient levés et le dévisageaient, la bouche grande ouverte.

Il voulut parler mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Le cœur battant, pressentant ce qui s'était passé, il leva la main. Seulement un sabot apparut dans son champ de vision.

Il fit quelques pas dans la chambre mais Sirius, apparemment remis de sa surprise bien qu'un peu pâle, lança :

- Essaie de reprendre ta forme humaine !

James baissa sa tête, qui lui sembla affreusement lourde, et parvint à déchiffrer la formule. Sa première tentative échoua et il se répéta les mots en boucle. Cette fois, il sentait la panique l'envahir : s'il n'y arrivait pas, qu'allaient-ils faire ?

Mais enfin, le même sentiment d'engourdissement le prit. Après quelques instants il reprit contact avec la réalité et croisa le regard bleu pétillant de Sirius juste avant qu'il ne se rue sur lui pour le serrer dans ses bras.

Sans transition il le poussa vers la malle et s'exclama :

- A moi !



***


Lily dérapa, se retint à un mur pour ne pas tomber et s'engouffra dans la salle de Potion au moment où Slughorn allait fermer la porte. Il lui adressa un sourire rayonnant sans faire aucun commentaire et se rendit devant son bureau.

La jeune fille se dirigea vers la seule place libre, près de Remus. Devant elle se trouvaient Jenny, Val et Margaret. Les deux dernières avaient sans doute commencé le plan Code Rouge. Satisfaite, elle se glissa sur le tabouret au côté du préfet, qui lui sourit.

- Bravo pour hier soir, souffla-t-il.

Elle pouffa discrètement et sortit ses affaires tandis que Slughorn commençait à déblatérer sur les potions de Croissance.

- Il t'a raconté ?

- Évidemment ! Je suis rentré à vingt-trois heures de ma ronde mais ils étaient encore tous les trois debout. Je crois qu'il était surtout content d'avoir trouvé un adversaire à sa hauteur.

Très fière sans vouloir l'avouer, elle demanda seulement :

- Ta ronde s'est bien passée ?

- Rien à signaler, à part Peeves qui m'a poursuivi en me lançant des bananes.

Lily grimaça. Les rondes des préfets venaient seulement d'être mises en place pour cette année scolaire et la jeune fille n'en avait encore jamais faite. Cela l'angoissait au plus haut point.

- Il est insupportable, seul le Baron San...

- Miss Evans ! Si nos préfets ne respectent plus les règles, où allons-nous ?

Le rousse se figea et leva un regard effaré vers son professeur. Cependant, il les couvait d'un regard amusé.

- Je serai magnanime pour cette fois, mais faites attention jeunes gens !

Les deux accusés hochèrent la tête en même temps et plongèrent le nez dans leur livre. Cependant deux minutes plus tard une boulette de papier se posa près de Lily. Surprise, elle la déplia et lut : « Tu as lancé un combat à mort, Mâdame la préfète ! ».

La jeune fille chiffonna le papier en tentant de ne pas rire. Elle le détestait mais, par Merlin, ce qu'elle s'amusait !

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