Partie I - Chapitre 5

Chapitre 5


Lily reprit le cours normal de sa vie, se partageant entre Severus et ses amies ainsi qu'elle l'avait toujours fait depuis quatre ans.

Le premier vendredi d'octobre, ils allèrent tous les deux s'installer au sommet de la tour d'Astronomie après le dîner. Il ne faisait encore pas trop froid et le temps était magnifique. Lily avait insisté pour profiter de cette dernière occasion avant l'hiver qui arrivait à grands pas.
La jeune fille eut un instant l'impression de nager dans un océan d'étoiles. Elle aurait aimé prolonger ce moment mais la voix de Severus l'interrompit.

- Tu as reçu la Gazette ce matin ?

- Tu sais bien que je ne la lis pas, soupira-t-elle en ramenant son regard vers le jeune homme. Il y avait quelque chose d'important ?

- On a retrouvé une famille de sorciers morts à Liverpool. Il y avait la Marque des Ténèbres au-dessus de chez eux.

Lily se leva d'un bond, soudain mal à l'aise. Elle se mit à arpenter le sommet de la tour en songeant qu'il faisait froid.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de ça ? Interrogea-t-elle en s'arrêtant devant son ami, toujours assis.
Il haussa les épaules :

- C'est important de savoir ce qu'il se passe. Je voulais savoir ce que tu en pensais.

- J'en pense que c'est horrible, que veux-tu que je ressente d'autre ? Qu'en penses-tu, toi ?

- La même chose, évidemment. C'était la famille de deux élèves.

Lily pâlit et s'interrogea un instant sur ce qu'elle ressentirait si sa famille était assassinée par Voldemort. Elle jugea finalement préférable de ne pas y penser.

- On sait pourquoi il a fait ça ?

- On ne sait jamais pourquoi il agit ... murmura Severus les yeux dans le vague. Les pensées d'un Mage Noir sont inaccessibles pour tous.

La jeune fille frissonna. Il était inquiétant.

- Parce que tu t'y connais en mages noirs ?

Il releva la tête et sourit.

- Pas plus que toi.

Il y eu un instant de silence, puis il reprit la parole :

- On rentre ?

Elle hocha la tête et lui tendit la main pour l'aider à se lever. L'air ravi de Severus échappa à Lily.
Ils se séparèrent devant le portrait de la Grosse Dame et la jeune fille entra dans la Salle Commune bondée. Des premières années étaient amassés dans un coin et semblaient faire un tournoi de Bataille Explosive. Un groupe de filles de troisième année gloussait en jetant des regards furtifs vers la cheminée. La raison de ces coups d'œils était le bras de fer engagé entre Sirius et Remus. Coudes posés sur la table basse devant l'âtre, ils avaient roulés les manches de leur chemise et s'affrontaient, le visage tendu à l'extrême. Lily se demanda depuis combien de temps ils étaient là car ils étaient aussi rouge l'un que l'autre malgré leur bras immobiles. James, assis sur le canapé, les encourageait tandis que Peter sautillait dans tous les sens.

A la grande horreur de la jeune fille, Jenny était perchée sur l'accoudoir, c'est-à-dire dangereusement près de Potter, qu'elle couvait d'ailleurs du regard plutôt que de s'intéresser aux combattants. Lily passa derrière eux en se frayant un passage à travers la foule mais un cri de triomphe précipita tout le monde vers le canapé, l'empêchant de bouger. Elle se retrouva presque écrasée contre Jenny, obligée d'observer ce qui se déroulait devant elle. Remus avait finalement écrasé la main de Sirius sur le bois et tapait à présent dans les mains de ses amis en riant, tandis que Sirius, souriant de bon cœur, se frottait le bras. Il lança alors :

- James, à toi !

L'intéressé se redressa aussitôt et, ce faisant, aperçut Lily. Il se tourna alors vers elle et fit, un sourire carnassier étirant ses lèvres :

- Je joue, mais seulement contre Evans.

Lily sentit ses joues s'embraser et elle tenta de reculer mais la foule des Gryffondors la poussait vers le jeune homme en scandant son nom. Finalement elle se résigna en silence, contourna le canapé et s'assit à la place de Remus, qui lui adressa un clin d'œil encourageant.

James s'installa en face d'elle et, comme ses amis, remonta ses manches. Lily enleva son pull, étant plus à l'aise pour un bras de fer en t-shirt, et Sirius siffla. Elle le fusilla du regard et posa son bras sur la table d'un air déterminé. Elle n'allait pas se laisser faire, malgré ses réticences des minutes précédentes.

Son adversaire haussa légèrement les sourcils en voyant les doigts fins qui s'agitaient sous son nez, essayant d'être menaçants. Lily se contenta de lui adresser un visage fermé et referma les doigts sur la main du jeune homme. Celui-ci lui jeta un regard furtif pour voir si ce contact lui faisait quelque chose mais elle ne broncha pas.

Sans vouloir s'avouer qu'il était déçu il demanda :

- C'est parti ?

- C'est parti, acquiesça-t-elle en lui jetant un bref coup d'œil.

Sans attendre plus longtemps, il commença à forcer.

Lily accusa le coup mais tint bon. Elle capta l'air surpris de James et lui fit un sourire angélique. Son père adorait jouer à ça avec ses filles. Pétunia avait vite protesté mais cela faisait toujours rire sa sœur, qui s'y pliait de bon cœur.

Elle appuya sur le main de James et vit les muscles du jeune homme se tendre tandis qu'il serrait un peu la mâchoire. Ce que Lily ne tarda pas à faire lorsqu'il riposta avec force. Son bras descendit de plusieurs centimètres et la foule, jusqu'alors silencieuse, poussa un cri. Lily parvint à regagner un peu de terrain mais elle devait bien s'avouer que James était le plus fort. Elle résista encore quelques minutes et finalement abdiqua.

Son poing s'écrasa sur la table et James relâcha enfin la pression. Il poussa un hurlement victorieux tandis que tout le monde applaudissait.

Lily se leva aussitôt dans l'intention de se carapater vite fait mais une main saisit son poignet. Elle se retourna en soupirant et lâcha :

- Écoute Potter, on a bien joué, tu as gagné, je peux aller me coucher maintenant ?

- Tss tss, ne sois pas désagréable Evans, je comptais te féliciter en plus, répondit son interlocuteur en s'approchant d'elle. Je connais peu de personne qui résiste à ma force. Mais puisque tu le prends comme ça, soit. J'imagine que discuter avec Servilus doit être exténuant étant donné qu'il faut retenir sa respiration pour ne pas respirer son odeur.

Lily le considéra un instant en silence puis, avant qu'il ait pu faire un geste, elle lui balança un coup de genou bien placé et fendit la foule incrédule sans faire attention au cri un peu trop aigu qui échappa au jeune homme.

Elle grimpa en hâte les escaliers du dortoir, furieuse, et ouvrit à la volée la porte de sa chambre. Elle se mit en pyjama en pestant contre cet « abruti de Potter » et repoussa ses couvertures pour se coucher.
Elle poussa un hurlement lorsqu'elle vit un flot d'araignées noires et velues s'échapper de sous ses draps pour se répandre dans la chambre. Elle se réfugia sur la lit de Jenny, baguette en main, hésitant sur la conduite à tenir : continuer à hurler ou toutes les brûler au risque de faire cramer la chambre ?

Finalement elle n'eut à faire ni l'un ni l'autre : Margaret fit irruption à ce moment là et cria à son tour lorsque les bestioles commencèrent à passer entre ses pieds. Elle commença à sautiller pour les écraser et finalement beugla :

- Lily mais qu'est-ce que c'est que ça ?!

- J'en sais rien ! Répondit celle-ci en se détendant légèrement.

Les araignées semblaient avoir compris que la seule issue possible était la porte et elles dégringolaient à présent les escaliers. Il y eut des cris en bas et un rire sonore éclata, trop souvent entendu pour que Lily ne puisse le reconnaître : c'était celui de James.

Or James lui rappelait ... le coup des chaussures ! Elle n'y pensait plus, mais c'était sans doute là sa vengeance. Comme les araignées étaient parties, elle se dirigea vers son lit tandis que Margaret approchait, et retira tout à fait ses couvertures à la recherche d'un quelconque indice sur la façon dont les bêtes étaient arrivées là.

Un morceau de parchemin voleta alors dans l'air jusqu'à ce que Margaret l'attrape. Elle lut en fronçant les sourcils :

- « Un partout ». Qu'est-ce que ça veut dire?

Lily lui prit le papier des mains et secoua la tête, un petit sourire flottant sur les lèvres.

- Que Potter a décidé de jouer à un jeu dangereux.


***


James se laissa tomber sur son lit en souriant et croisa les bras derrière sa tête. L'arrivée de dizaines de petites araignées noires dans la Salle Commune avait prouvé que sa vengeance avait fonctionné.
Sirius, dans le lit d'à côté, se redressa sur un coude et interrogea :

- Où les as-tu trouvées ?

- Je suis allé voir Hagrid et je lui ai fait croire que Laverlane en avait besoin pour une quelconque maladie de plante. Hagrid étant ce qu'il est, il en avait tout un tas. Ensuite, j'ai juste eu à monter dans sa chambre avec mon balai.

- Brillant, fit son ami en tombant sur le dos, un immense sourire sur les lèvres. Tout à fait brillant.
- Et pour une fois ça n'avait rien d'affreusement méchant, commenta Remus, assis sur sa malle en train de potasser un bouquin de Sortilèges.

- Hé, elle a balancé mes chaussures par la fenêtre, j'aurais eu le droit d'être méchant !

Son ami referma son livre d'un geste sec et sourit :

- Pas faux. N'empêche, elle a du cran. C'est bien la seule personne qui s'oppose à toi en dehors de nous.
- J'appellerais plutôt ça de l'inconscience, rétorqua James. Tout le monde sait ce qui est arrivé aux quelques personnes qui ont osé faire ça.

- Quoi, finir stupéfixé dans un placard ? Si tu veux mon avis il en faut plus pour effrayer Lily Evans.

Le brun se redressa et fusilla son ami du regard :

- Je rêve ou tu prends sa défense ?

- Je suis réaliste, répondit Remus en haussant les épaules.

James le fixa encore quelques instants puis s'affala de nouveau sur son matelas. Il y eut un silence tendu puis la voix de Peter se fit entendre :

- Tu es prêt pour le match de Quidditch, James ?

L'interpellé se sentit aussitôt de bien meilleure humeur. La saison de Quidditch commençait le lendemain. Autrement dit, des filles hystériques allaient commencer à lui courir après et il serait salué comme le héros de Gryffondor.

- Évidemment !


James se leva aux aurores, comme toujours avant un match. Il descendit avaler un petit-déjeuner consistant et fut bien vite rejoint par les autres membres de l'équipe. Le capitaine, Sam Crowley, un septième année immense et musclé, s'installa près de James et commença à chipoter avec un morceau de pain. Finalement au bout de dix minutes il lança :

- Je vous veux tous au stade dans cinq minutes !

Il ne tint pas compte des protestations de ses joueurs et sortit à grands pas.

- Il faudra qu'on m'explique un jour pourquoi il est toujours si stressé, marmonna James en se levant, un croissant dans la main.

Il saisit son balai et le posa sur son épaule avant de sortir de son éternelle démarche nonchalante. Les autres membres de l'équipe ne tardèrent pas à le suivre. Il entendit leurs voix s'affaiblirent de plus en plus à mesure qu'ils s'approchaient du stade. James songea, moqueur, qu'il n'y avait pas que Sam qui appréhendait. Lui-même stressait à peine. Il était un Poursuiveur extraordinaire, c'était bien connu.

Après un temps interminable passé à écouter Sam déblatérer sur l'importance de gagner ce match contre Serdaigle ils se levèrent enfin pour entrer dans le stade.

James passa sa main dans ses cheveux, remit son balai sur son épaule et sortit le dernier, offrant un sourire éclatant et dans le plus pur style Potter à la foule, qui répondit par un cri hystérique. Et indubitablement féminin.

***


Lily s'assit dans les gradins au moment où les joueurs pénétrèrent sur le terrain. Val, Jenny et Margaret étaient parties avant elle car elle tenait à finir de rédiger un devoir de métamorphose. Elle avait fini par les retrouver au milieu de la foule.

Lorsque James fit son entrée, Jenny poussa un hurlement et se mit à scander :

- Po-tter ! Po-tter !

Elle fut bientôt rejointe par d'autres filles et Lily eut envie de s'enfuir en courant. Elle était ridicule. Tout simplement ridicule.

Finalement l'arbitre, M. Trainn, leva la main et la foule se tut. Les capitaines se serrèrent la main et, comme d'habitude, tout le monde put sentir la haine qu'ils dégageaient l'un pour l'autre. Haine qui n'existait qu'au Quidditch car en dehors du stade ils s'entendaient bien.

Enfin, le coup de sifflet tant attendu se fit entendre et les joueurs décollèrent d'un coup de pied.
Lily détestait voler, mais elle devait avouer qu'elle adorait regarder un match. Même quand il y avait Potter dans la partie.

Le match s'avéra aussitôt sans merci. Un deuxième année surexcité faisait le commentaire d'une voix suraiguë. Lily s'étonna tout d'abord qu'un élève si jeune s'en charge mais le garçon semblait s'y connaître parfaitement en Quidditch.

Le Souaffle passait de main en main à une vitesse affolante mais le petit Arthur parvenait à tenir le rythme.

- Ranger-Swift-Bawley-Potter-Bawley-Ranger-Potter et .. GRYFFONDOR MARQUE !

Une ovation s'éleva des gradins tandis que le gardien de Serdaigle remettait la balle en jeu. Thomas Swift, un Serdaigle de quatrième année, parvint à prendre la balle à Héléna Bawley et fila à toute allure vers les buts adverses. Martin Ranger et Héléna se lancèrent à sa poursuite mais la jeune fille se prit un Cognard de plein fouet.

Lily retint un cri en la voyant basculer de son balai. L'Attrapeur de Gryffondor, à savoir le capitaine Sam Crowley, descendit en piqué et la remit d'aplomb. Au même instant un « Serdaigle marque! » retentit.

Lily se tassa dans son siège. Le Souaffle volait de nouveau dans tous les sens. La partie promettait d'être mouvementée.

Une heure plus tard, Serdaigle menait de 70 à 40. Gryffondor avait dû demander un temps mort car Héléna avait failli s'évanouir. L'infirmière avait fait ce qu'il fallait et le match avait repris, mais l'équipe en rouge et or semblait avoir perdue un peu d'aplomb.

James réceptionna le Souaffle envoyé par Martin Ranger et s'empressa de filer vers les buts adverses. L'un des Poursuiveurs de Serdaigle se matérialisa soudain devant lui mais le Gryffondor plongea aussitôt pour l'éviter. Il fit une passe précise à Héléna qui attrapa la balle, fit une roulade pour éviter un cognard et renvoya à Martin. James, qui s'était empressé de foncer vers l'avant, jura lorsqu'un Serdaigle intercepta le Souaffle. Les Poursuiveurs de Gryffondor s'élancèrent aussitôt derrière leurs adversaires, qui filaient entre les cognards envoyés par les batteurs. Les dents serrées, James se pencha un peu plus en avant pour tenter de prendre de la vitesse. Il virevolta entre les joueurs sous les acclamations de la foule et remonta soudain en flèche entre deux Poursuiveurs de Serdaigle. Un immense sourire sur le visage, il serra le Souaffle contre lui.

Il reprit sa course à l'horizontale, fit une passe à Martin, passa sous le batteur de Serdaigle, récupéra de justesse la passe faite par Héléna et enfin, marqua sans que le gardien adverse n'ait rien pu faire. Une fois la balle remise en jeu, la danse des Poursuiveurs reprit, toujours plus rapide et plus embrouillée, mais James adorait ça. Enfin, alors qu'il faisait un signe à Martin et Héléna pour qu'ils exécutent une manœuvre particulièrement compliquée, une vague d'agitation secoua la foule. Quelques instants plus tard, une clameur retentit. Les Poursuiveurs échangeurs un sourire : Gryffondor avait gagné.

Ils descendirent aussitôt vers le terrain et tous se ruèrent vers leur attrapeur, avant de tomber dans les bras les uns des autres. James crut bien que son capitaine lui avait déboîté l'épaule tant il avait mis de force dans sa tape amicale. Alors qu'il se frottait le bras tout en riant avec les autres, quelqu'un se rua soudain sur lui. Jenny.

Jenny qui lui sauta au cou et l'embrassa sans autre forme de cérémonie.  

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