Partie I - Chapitre 4


Chapitre 4



Lily passa deux jours à guetter tout mouvement suspect autour d'elle qui annoncerait la vengeance de James mais rien ne vint. Surprise d'abord, elle cessa de s'en préoccuper lorsque une avalanche de devoirs leur tomba dessus.

Les professeurs avaient passé les deux premiers jours à leur parler des Buses et leur avaient donné quelques devoirs pour les remettre dans le bain. Mais à présent qu'ils savaient tout du programme et des modalités des examens, il était temps pour eux de se plonger corps et âme dans toutes ces nouvelles connaissances passionnantes.

C'était du moins la théorie des professeurs. Alors que Lily courait d'un cours à l'autre avec des tonnes de rouleaux de parchemins sous le bras, elle ne cessait de se demander si ses professeurs avaient été élèves un jour.

Trois semaines après la rentrée, la jeune fille passait donc tout son temps plongée dans des rouleaux de parchemins, à l'image de ses camarades de cinquième et septième année. En plus de courir après le temps, elle courait après Severus qui semblait l'éviter depuis leur « Bataille de la Bibliothèque », ainsi qu'elle l'avait nommée.

Il s'arrangeait pour ne pas manger en même temps qu'elle et il se mettait à l'autre bout des serres pendant les cours de Botanique.

Jenny, Val et Margaret semblaient se servir de l'éloignement de Severus à leur avantage en entraînant Lily loin de lui et en répétant qu'il n'en valait pas la peine.

Si le monde de la Magie n'avait pas été en train de sombrer dans les Ténèbres, la jeune fille aurait sans doute été du même avis. Cependant elle savait avec qui Severus passait son temps, et elle s'inquiétait pour lui. Cette angoisse était suffisamment forte pour repousser l'agacement qu'elle aurait du ressentir à cause de l'attitude de son ami, d'autant plus que le fait qu'il l'évitait montrait bien qu'il avait quelque chose à cacher.

Comme elle ne pouvait se permettre de se morfondre pour lui, au risque de laisser ses études de côtés, elle essayait de l'oublier.

La première sortie à Pré-Au-Lard vint distraire les élèves de Poudlard de leurs études. Les Cinquièmes Années s'empressèrent tous de s'inscrire (à l'exception de James&Co qui avaient été collés) et bouillirent d'impatience jusqu'au samedi après-midi.

Lily et ses amies se ruèrent aux Trois Balais et s'assirent avec bonheur à une table du fond qu'elles avaient choisi comme quartier général dès leur troisième année

Elles commandèrent des Bieraubeurres et commentèrent les dernières rumeurs. Lily écoutait d'une oreille distraite, essayant de se remémorer les trois principes de transmutation d'un Béozard. Soudain elle sursauta et renversa la moitié de son verre sur les genoux de Val qui émit un hurlement indigné.
Lily plaqua sa main sur la bouche de son amie mais c'était trop tard : Severus, qui venait d'entrer en compagnie d'Harvey Mulciber et Boris Avery, ses deux acolytes habituels de Serpentard, tourna la tête et pinça les lèvres avant de faire brusquement demi-tour, plantant ses deux amis sur place.
La jeune fille se leva aussitôt de table et se fraya un passage à travers la salle bondée. C'était l'entrée de Severus qui avait suscité son mouvement involontaire. L'espace d'une seconde elle avait espéré le surprendre, mais la réaction de Val avait changé ses plans.

Étant enfin parvenue à sortir, elle se mit à courir dans la rue du petit village à la poursuite de son ami, qui disparut bien vite au coin d'une rue.

Lily effectua un dérapage en prenant la même direction que lui et se relança à toute vitesse à ses trousses. Elle avait conscience que c'était un peu excessif, mais trois semaines sans Severus, c'était trop pour elle. Il lui manquait.

Alors qu'elle commençait à manquer de souffle, le jeune homme tourna encore et s'arrêta brusquement. Elle lui rentra dedans et ils valdinguèrent contre le mur qui barrait la rue. Finalement, Pré-au-Lard avait eu raison de Severus.

Avant que celui-ci ait eu le temps de s'enfuir de nouveau, Lily l'attrapa par le col de sa robe de sorcier et le plaqua contre le mur.

- Ne bouge pas ! ordonna-t-elle. C'est ridicule de fuir comme ça !

- Si je reste tu vas m'étriper ! Rétorqua-t-il.

- Si tu n'avais rien à te reprocher je ne t'étriperais pas !

- Mais je n'ai rien à me reprocher !

Lily le lâcha et lui jeta un regard torve.

- Cette conversation n'a aucun sens.

- Entièrement d'accord. On s'en va ? fit-il en commençant déjà à partir.

- Certainement pas ! Qu'est-ce que tu regardais dans ce livre ?

- Je te l'ai déjà dit.

- Et pourquoi n'as-tu pas voulu que je regarde, hein ?

Severus soupira, exaspéré et détourna le regard quelques instants avant de planter ses yeux dans ceux de son amie.

- Parce que j'avais peur que ça te perturbe. Il traite de la façon dont on exterminait les Nés-Moldus au Xème siècle, voilà.

Déstabilisée, Lily ouvrit plusieurs fois la bouche avant de finalement balbutier :

- En Défense Contre les Forces du Mal vous étudiez ça ?

- Disons que ça touche à l'histoire de la DCFM.

La jeune fille secoua la tête en fronçant les sourcils.

- Nous ne faisons pas ça, et pourtant on a le même professeur.

- Il n'y a pas de Nés-Moldus à Serpentard, expliqua Severus en se mordant la joue. Etrog nous a expliqué qu'il modifiait un peu son programme selon les élèves.

Lily croisa les bras sur sa poitrine et rétorqua :

- Tu n'avais pas d'autorisation !

Severus rougit légèrement et balbutia :

- Ce livre est plutôt mal réputé et j'avais peur que le prof s'imagine des choses si je lui demandais, surtout vu les événements actuels.

- Parce qu'il y a peut-être des choses à imaginer.

- Lil's ! s'insurgea-t-il. Tu ne peux pas dire des choses pareilles !

Son amie soupira. Il avait l'air sérieux mais elle ne pouvait s'empêcher de douter. Après tout, cette histoire était à dormir debout. A sa connaissance Serpentard était la seule maison sans Nés-Moldus : pourquoi serait-elle donc privilégiée ? Et puis on ne faisait pas d'Histoire de la magie en Défense contre les forces du mal.

Elle scruta le visage de Severus, qui la regardait avec des yeux suppliants. Seulement, elle ne savait pas trop s'il voulait qu'elle arrête de poser des questions ou s'il voulait seulement qu'ils se réconcilient.
Finalement elle songea qu'il lui avait vraiment trop manqué et elle passa son bras sous le sien, décidant d'enfouir l'incident dans un coin de sa tête pour ne plus jamais le déterrer.

- Allez viens, je meurs de soif.

Elle sentit le bras de Severus se détendre brusquement sous le sien et son pas se fit plus léger. Il avait beau agir bizarrement ces temps-ci, il restait son meilleur ami.

***


Deux jours plus tôt

James se retourna et adressa un claquement de langue agacé à Sirius et Peter.
- Dépêchez-vous ! On a pas toute la soirée !

Sirius releva la tête et rétorqua :

- La prochaine fois tu le feras, on verra si tu mets moins de temps. Ramenez-vous, c'est bon.
James s'empressa de quitter le coin du mur auprès duquel il devait faire le guet, de même que Remus qui surveillait de l'autre côté du couloir.

Ils s'accroupirent à côté de leurs deux amis et contemplèrent la petite boule posée au sol. Une mèche dépassait du tissu. Peter leur fit un sourire et approcha sa baguette du fil, qui s'enflamma après que le jeune homme eut marmonné une formule.

- Allez bougez vous ! Fit Sirius en se redressant brusquement.

Ils allèrent se cacher au coin du mur et attendirent. Comme rien ne venait, Peter pencha la tête pour voir ce qu'il se passait. Au même instant, il y eut une explosion qui fit trembler les murs et le blond se retrouva couvert de peinture. Il tourna la tête vers ses acolytes, qui l'observèrent quelques instants en silence puis explosèrent en cris de joie.

James et Sirius se ruèrent dans le couloir. La pierre avait disparu sous des couches de jaune, vert, rouge ... Ils avaient l'impression de se trouver dans un rêve très psychédélique. Le brun frappa dans la main de son meilleur ami puis fit de même avec Peter :

- Les gars, vous êtes géniaux !

Le visage de Peter s'éclaira. Recevoir un compliment pareil d'un de ses amis avait toujours été sa meilleure récompense.

Un hurlement vint interrompre leur jubilation. Rusard, concierge à Poudlard depuis un peu moins de dix ans, venait d'arriver dans le couloir flanqué d'un chaton à l'air malveillant. Son visage avait pris une délicate teinte rouge tomate.

- Potter ! Black ! Pettigrow ! Lupin ! VOUS SEREZ COLLÉS JUSQU'À LA FIN DE VOTRE SCOLARITÉ !

James et Sirius se regardèrent, puis éclatèrent de rire avant de détaler, entraînant Remus et Peter dans leur sillage. La respiration hachée du concierge leur indiqua qu'ils étaient poursuivis mais ils n'en avaient cure. Ils n'avaient pas autant ri depuis des semaines, les devoirs leur prenant un temps fou.
Cependant leur bonne humeur s'arrêta bien vite lorsque James, en tête, rentra dans une sorcière coiffée d'un chapeau à motifs écossais. McGonagall.

Les trois autres garçons le percutèrent et ils faillirent tous tomber sur leur professeur. Grâce à Merlin, elle recula de deux pas et ils s'écroulèrent sur le sol. James lâcha un gémissement et grommela :

- Mon nez ...

- J'ai bien peur, Mr. Potter, que vous vous préoccupiez bientôt d'autre chose que de votre nez.

L'intéressé roula sur le dos après que ses camardes aient fait de même et se redressa en demandant :

- Et de quoi Professeur ?

- Des heures de colle dont vous allez écoper pour le siècle à venir.

James prit un air contrit bien qu'il continua de jubiler intérieurement.


Samedi après-midi


Remus leva la boule de cristal qu'il nettoyait et adressa une grimace à James à travers le verre. Celui-ci pouffa et continua à polir sa propre sphère. Ils se trouvaient tous les quatre dans la tour de Divination. Leur professeur, une espèce de vieux sorcier complètement fou, les avait réquisitionnés pour nettoyer toutes les boules de cristal.

Les garçons s'étaient attelés à leur tâche en silence, tandis que le sorcier faisait les cents pas en marmonnant.
Soudain, il s'arrêta et lâcha d'une voix sourde :

- Surtout, ne regardez pas dans les boules ! Vous pourriez voir des choses ... De terribles choses qui vous rendraient fous ! L'objet que vous nettoyez compte parmi les plus dangereux !

Les quatre jeunes hommes échangèrent un regard étonné mais continuèrent leur travail sans broncher. Du moins jusqu'à ce qu'une idée traverse l'esprit de James. Son regard croisa celui de Sirius et ils se comprirent aussitôt. Son ami lui adressa un demi-sourire en hochant la tête et James se mit aussitôt à respirer plus fort et plus vite. Puis, il balbutia :

- Pro... Professeur, il y a... Quelque chose dans ... dans la boule...

Le vieux sorcier se figea et cria :

- Détourne le regard ! Vite !

- Je ne peux pas...

- Un effort mon garçon ! Il s'agit de ta santé mentale !

James crispa les mâchoires tandis que Sirius rassurait ses deux amis d'un clin d'œil. Finalement un gémissement s'échappa des lèvres du garçon et il tourna la tête.

- Monsieur est-ce que ... est-ce que je peux aller à l'infirmerie s'il vous plaît ? Chuchota-t-il.

- Bien sûr, bien sûr, grommela son interlocuteur. Tu peux y aller seul ?

Le jeune homme hocha faiblement la tête, reposa la boule de cristal et sortit en chancelant légèrement.
Remus fronça les sourcils en regardant Sirius avec insistance et celui-ci haussa les épaules. Si lui même savait très bien ce que James voulait faire, Remus n'avait pas à le savoir.

***

James tapota la statue devant lui et s'engouffra dans le passage secret qui ne tarda pas à se dévoiler. Il se hâta le long du souterrain désert, trébuchant et jurant malgré la lueur diffusée par sa baguette.
Le vieux professeur n'irait jamais vérifier s'il avait vraiment été à l'infirmerie, mais McGonagall était capable de venir voir s'ils étaient tous en retenu. Pour le moment elle était sans doute aux Trois Balais, mais elle n'allait pas y passer l'après-midi. Aussi devait-il se dépêcher.

Il arriva enfin au bout de son chemin et il passa sa cape par-dessus sa tête. Il monta les quelques marches qui le séparait de l'extérieur et poussa la trappe poussiéreuse. Comme d'habitude, il émergea dans une salle pleine d'objets couverts de crasse qui, des années plus tard, deviendrait la très célèbre boutique d'Honeyduke.

Il sortit et laissa retomber le panneau sans se soucier de faire du bruit, persuadé qu'il n'y avait personne. Cependant il y eut un bruit au fond de la pièce et il se figea. Lorsqu'un chat noir sortit des débris il souffla, soulagé. Le félin s'arrêta près de lui et sembla l'observer alors qu'il était en principe invisible. Finalement, il se détourna, sauta lestement sur un carton et s'enfuit par une fenêtre brisée.

James sortit à son tour mais par la porte de derrière, sans pouvoir se départir d'un sentiment de malaise qu'il ne s'expliquait pas.

Chassant de son esprit le félin, il prit une ruelle pour se retrouver dans l'artère principale de Pré-au-Lard. De là, il se dirigea vers la sortie du village. Au loin se dressait la sinistre silhouette de ce que tout le monde connaissait désormais comme la cabane Hurlante. Sa destination.
Il n'y avait encore jamais mit les pieds et il ressentait une certaine excitation à l'idée d'entrer dans ce lieu qu'on considérait comme hanté (même s'il était bien placé pour savoir que ce n'était pas le cas). S'il n'y avait pas eu Remus, il aurait adoré dire à tout le monde qu'il y était allé. Hélas, cela compromettrait tout.

Il sortit de ses pensées pour passer par dessus la barrière qui empêchait l'accès à la cabane. Il ne put retenir un frisson en se retrouvant coupé du village et seul au milieu de la lande. Il traversa le terrain aussi vite qu'il pouvait malgré ses pieds qui s'enfonçaient dans la terre marécageuse. Enfin il parvint à l'entrée de la bâtisse délabrée.

Le bois moisi apparaissait sous le vernis craquelé. James appuya sur la poignée mais rien en se produisit. Il sortit sa baguette et murmura « Alohomora ». Rien. Pas un bruit. Elle n'était donc pas verrouillée mais seulement bloquée.

James soupira puis recula de trois pas avant de se ruer sur la porte. Il y eut un craquement et le jeune homme bascula en avant pour se retrouver allongé sur la porte. Il se redressa en grimaçant car son épaule avait pris un coup et regarda autour de lui. Il se trouvait dans ce qui avait dû être une entrée mais qui à présent n'était plus qu'une pièce délabrée et vide.

Il avança et jeta un Alohomora après avoir tenté en vain d'ouvrir une porte sur sa droite. Celle-ci s'ouvrit avec un grincement et James n'eut aucun doute quant à l'endroit dans lequel il se trouvait. La pièce dans laquelle Remus passait une nuit par mois. Il y avait un immense lit à baldaquin dans un coin de la pièce et une armoire contre le mur. Le lieu aurait pu avoir l'air presque normal si les murs et le parquet n'avaient pas été déchiquetés. James s'agenouilla et passa son doigt sur une des fissures. Il fronça légèrement les sourcils en songeant que les griffes d'un loup-garou devaient être très, très longues et acérées.

Il se redressa, plus sûr de lui et de ce qu'ils allaient accomplir que jamais.

Continuant son chemin, il déboucha dans un escalier. Il s'y engagea et arriva enfin dans le souterrain qui passait sous le Saule Cogneur. Il devait se plier en deux pour y entrer, mais à peu près n'importe quel animal de gabarie moyen devrait pouvoir y passer.

Il alla jusqu'au bout et sortit sa tête à l'air libre. Il se trouvait entre les racines de l'arbre. A sa droite se trouvait le château, silhouette silencieuse se dressant dans le ciel. A sa gauche, le chemin qui menait à la sortie. Et sur ce chemin ... McGonagall.

James jura et s'empressa de faire marche-arrière. Il remonta à toute vitesse dans la cabane, verrouilla la porte de la chambre puis saisit la porte d'entrée pour la remettre en place et murmura « Reparo ».

Il partit en courant dans la lande, s'étala dans la boue et reprit sa course. Il s'engouffra enfin dans le souterrain pour Poudlard et déboucha dans le couloir. Il ôta sa cape après s'être assuré qu'il n'y avait personne. Il monta dans la tour de Divination où les garçons étaient encore en train de nettoyer les boules de cristal.

James adressa un petit sourire au professeur qui grommela quelque chose ressemblant à «J'espère que vous allez mieux». Le jeune homme s'assit près de Sirius et hocha la tête.

Un instant plus tard, McGonagall émergea brusquement dans la pièce et leur adressa un regard suspicieux. Les quatre élèves eurent un air des plus innocent et elle partit sans un mot. James avait eu chaud.  

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