Partie I - Chapitre 30


Chapitre 30

Lily patientait devant le bureau de Dumbledore. Alors qu'elle se promenait avec William – un de ses rares moments de détente, le professeur McGonagall était venue chercher le jeune homme. Son grand-père l'attendait pour lui parler par Poudre de Cheminette.

La gargouille s'écarta enfin du chemin et le Poufsouffle apparut. Il lui sourit mais se déroba lorsqu'elle voulut lui prendre la main. Lily lui jeta un regard surpris et il détourna le regard.

- Will ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Sans répondre, il s'éloigna, les mains dans les poches. Lily le suivit et il commença :

- J'ai vu Emma, ça a l'air d'aller. Apparemment elle est ravie de ne plus aller à l'école. Padou dit qu'elle est insupportable mais je sais qu'ils sont ravis de l'avoir avec eux.

- Encore une fois, je ne suis pas sûre qu'il soit question d'Emma. Même si je suis soulagée de savoir qu'elle se porte bien.

William lui adressa un regard furtif, les lèvres tordues en un bizarre sourire.

- Encore une fois, tu as raison.

Il s'arrêta brusquement et lâcha tout à trac :

- On part pour les Etats-Unis. Définitivement.

Lily le dévisagea, abasourdie.

- Comment ça « on » ?

- Mes grands-parents, Emma et moi. Ils en ont tous assez de l'Angleterre. Et moi aussi.

- Assez ? De moi aussi ?

- Bien sûr que non, Lily ! S'il n'y avait que toi et moi en jeu, alors je resterai ! Mais nous ne sommes plus en sécurité. Plus rien de bon ne nous attend ici.

Lily se détourna, les yeux débordant de larmes mais William lui attrapa la main. Elle leva ses yeux verts vers lui et il souffla simplement :

- Je suis désolé. Désolé que ça se passe comme ça, désolé de ne pas être plus fort et...

Il hésita, scrutant les yeux de la jeune fille, et choisit finalement de se taire. Il se pencha pour l'embrasser sur le front et lâcha doucement ses doigts. Alors qu'il s'éloignait, Lily entendit flotter les mots qu'il n'avait pas voulu prononcer : « Je t'aime ».

Elle resta plantée là, seule face au mur de pierres. Une voix avait beau lui murmurer que c'était sans doute mieux ainsi, elle ne fit aucun effort pour ravaler ses larmes.

Elle glissa contre le mur et enfouit son visage entre ses genoux, bien décidée à disparaître dans ce couloir. Malheureusement pour elle, le destin en avait décidé autrement. Ou plutôt James Potter.

Celui-ci, trouvant l'ambiance trop studieuse dans son dortoir, avait décidé d'aller faire un tour. Il s'arrêta devant Lily, les poings sur les hanches, intrigué. Il lui fallut un certain temps pour se rendre compte que ses épaules se soulevaient de façon peu naturelle. Il s'exclama alors :

- Bah, Evans ! Qu'est-ce qu'il y a ?

Lily releva brusquement la tête et, à travers ses larmes, reconnut sans peine le grand dadais aux cheveux bruns.

- Tire-toi Potter.

- Pour une fois que je me montre gentil, tu pourrais faire un effort.

- Non. Va-t-en.

- Qu'est-ce que tu as ? C'est Servilus qui ...

- Arrête avec ça !

Elle se leva d'un bond, ravie d'avoir un prétexte pour s'énerver.

- Pourquoi tu lui mets toujours tout sur le dos, hein ? Pourquoi ce serait toujours sa faute ?

Quoique légèrement surpris par la violence de sa réaction, il ne se démonta pas :

- Parce qu'il est méchant, laid et vicieux ?

- Non, parce que tu es méchant et vicieux !

- Tu n'as pas dit laid !

Lily rougit mais aucun des deux n'aurait pu clairement dire si c'était de confusion ou de colère.

- Pourquoi faut-il toujours que tu cherches à être le meilleur, Potter ? Tu ne veux pas te contenter d'être le gentil garçon qu'il t'arrive d'être ?

Avant qu'il ait pu réagir, elle fit volte-face et s'enfuit en courant, priant pour qu'il ne la suive pas. Elle avait eu peur de perdre William lorsqu'il avait disparu avec Hall et voilà qu'il lui était enlevé, non par le mort mais par son propre choix. Le destin faisait de drôles de choses.


(La scène qui suit est tirée de Harry Potter et l'Ordre du Phénix, chapitre « Le pire souvenir de Rogue », de JK Rowling, quoique le point de vue soit différent. Les passages en italique sont ceux de l'auteur)

- Posez vos plumes s'il vous plaît ! Cela vous concerne également, Stebbins ! Veuillez restez assis pendant que je ramasse les parchemins ! Accio !

Lily laissa tomber sa plume avec un sursaut et regarda son parchemin s'envoler, stupéfaite. Comment le temps avait-il pu filer si vite ?

Il lui fallut un certain temps avant de se rendre compte qu'elle pouvait partir. Elle se leva d'un bond, fourra ses affaires dans son sac et rejoignit ses trois amies qui patientaient devant la porte. Elle ne fit pas attention à Potter en passant devant lui. Leur dernière dispute avait détruit les quelques parcelles de sympathie qu'elle avait eues pour lui après les incidents du mois de mai.

- Laisse-moi deviner Lily, tu as tout raté ?

La rousse tira la langue à Jenny et attrapa le bras de Margaret :

- Bon, on va réviser la Métamorphose ?

Maggy poussa un hurlement et tenta de se dégager mais Lily tenait bon. Val vint au secours de son amie en la tirant par le bras, ce qui ne fit qu'augmenter les hurlements de Margaret.

Jenny, faussement excédée, hurla :

- FERMEZ LA !

Plusieurs têtes se tournèrent vers elles, mais elles n'en avaient cure. Elles éclatèrent de rire et partirent bras-dessus bras-dessous pour profiter des derniers rayons du soleil de cette après-midi d'été. Alors qu'elles commentaient joyeusement les réponses de l'examen, les yeux de Lily se posèrent sur un jeune homme aux cheveux châtains qui se faufilait vers les entrailles du château. Son cœur se serra et elle détourna le regard. Ils s'évitaient autant que possible depuis qu'ils s'étaient séparés, une semaine plus tôt. Le pire, dans tout cela, était de savoir qu'ils s'aimaient encore. Jenny lui avait assuré qu'il ne deviendrait vite qu'un souvenir, mais elle avait pour le moment du mal à y croire.

- Lily, tu m'écoutes ?

- Quoi ? Pardon, tu disais ?

- Mon vernis à ongles, rose ou orange ?

- Jaune ?

Val se mit à rire tandis que Jenny faisait une grimace à son amie. Lily éclata de rire à son tour. Qu'aurait-elle fait sans elles ? Malgré l'avertissement de Dumbledore, elle leur avait évidemment raconter ce qu'il s'était passé avec Hall. Elles l'avaient réconfortée, comme elles savaient si bien le faire, ainsi qu'elles l'avaient ensuite fait lorsque Lily était revenue de son dernier rendez-vous avec William.

Elles allèrent s'asseoir au bord de l'eau, plongeant leurs pieds en riant dans le Lac Noir. Alors que Jenny leur racontait ses projets de vacances et comment elle allait draguer le fils de la voisine, des éclats de rire attirèrent l'attention de Lily. Elle se tourna vers le grand hêtre qui couvrait la pelouse de son ombre et comprit qu'elle allait commettre un meurtre.

Potter et Black se tenaient devant Severus, allongé par terre avec des bulles de savon plein la bouche, sa baguette gisant quelques mètres plus loin.

Elle se leva aussitôt sans faire attention à Val qui lui demandait ce qu'elle fabriquait.

- Laissez le TRANQUILLE !

Les deux garçons se tournèrent vers elle et James lui adressa son habituel sourire arrogant, une main passée dans ses cheveux.

- Ça va, Evans ?

- Laisse-le tranquille, répéta-t-elle en réprimant l'envie de lui mettre son poing dans la figure. Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

James prit le temps de la réflexion avant de répondre calmement :

- Eh bien voilà, le plus gênant, chez lui, c'est le simple fait qu'il existe, si tu vois ce que je veux dire...

Lily décida de ne pas faire attention aux gloussements qui s'élevaient autour d'eux, car cela l'aurait mené à un meurtre collectif.

- Tu te crois très drôle, mais tu n'es qu'une abominable petite brute arrogante, Potter. Laisse-le tranquille !

- C'est d'accord, à condition que tu acceptes de sortir avec moi, Evans, répondit précipitamment James. Allez... sors avec moi et je ne porterai plus jamais la main sur le vieux Servilo.

- Je ne sortirai jamais avec toi, même si je n'avais plus le choix qu'entre toi et le calmar géant.

- Pas de chance, Cornedrue ! Dit vivement Sirius qui se tourna à nouveau vers Rogue. Oh ! Attention !

Lily se tourna à son tour, surprise, et n'eut que le temps de voir un éclair de lumière avant qu'une entaille n'apparaisse sur la joue de James. Elle recula d'un pas, légèrement choquée de voir le sang couler dans ce qu'elle ne pensait être qu'une des nombreuses idioties de Potter. Elle n'eut cependant pas le temps d'y réfléchir plus longtemps car Severus se retrouva pendu par les pieds. Tout le monde éclata de rire et Lily rugit :

- Fais-le descendre !

- Mais certainement !

Le Serpentard s'écrasa au sol et se releva aussitôt. Cependant Sirius fut plus rapide :

- Petrificus Totalus !

- LAISSEZ LE TRANQUILLE ! Hurla Lily en sortant sa baguette.

- Ah, Evans, ne m'oblige pas à te jeter un sort, dit James avec gravité.

- Alors, libère-le du maléfice !

James poussa un soupir puis se tourna vers Rogue et marmonna la formule de l'antisort.

- Et voilà, dit-il tandis que Rogue se relevait tant bien que mal. Tu as de la chance qu'Evans ait été là, Servilus.

Lily, qui s'apprêtait à courir vers son ami, s'arrêta dans son élan lorsque la réponse du jeune homme retentit :

- Je n'ai pas besoin de l'ide d'une sale petite Sang-de-Bourbe comme elle !

Elle se figea avec l'impression qu'on venait de lui enfoncer une balle de plomb dans l'estomac, et commenta froidement :

- Très bien. Je ne m'en mêlerai plus à l'avenir. Et, si j'étais toi, je laverais mon caleçon, Servilus.

- Fais des excuses à Evans ! rugit James d'une voix menaçante, sa baguette magique pointée sur Rogue.

- Je ne veux pas que tu l'obliges à s'excuser ! S'écria Lily en se tournant vers James. Tu es aussi mauvais que lui.

- Quoi ? Jamais je ne t'aurais traitée de ... tu-sais-quoi !

La jeune fille avait totalement oublié qu'ils étaient entourés par la moitié de l'école. Elle avait besoin d'évacuer toute la colère, le fatigue et la tristesse des dernières semaines. Potter était la cible idéale, tellement agaçant qu'un rien suffisait à le rendre coupable.

- Tu te mets les cheveux en bataille parce que tu crois que ça fait bien d'avoir toujours l'air de descendre de son balai, tu te pavanes avec ce stupide Vif d'Or, tu jettes des maléfices à tous ceux que tu n'aimes pas simplement parce que tu sais le faire... ça m'étonne que ton balai arrive encore à décoller avec une tête aussi enflée. Tu me fais VOMIR !

Elle tourna les talons et s'éloigna à grands pas. Elle n'entendit pas le jeune homme l'appeler et faillit en coller une à Jenny lorsqu'elle lui saisit le bras.

- On se calme, dit doucement la jeune fille alors que le visage de Margaret et Val apparaissaient derrière elle.

- Non. J'en ai marre.

Lily sentit une larme couler le long de sa joue et l'essuya rageusement.

- Pourquoi est-ce que je perds tout ? Will, Sev'... Bientôt il n'y aura plus que Potter.

- Et nous, assura Maggy alors qu'elles entraient dans le château.

La rousse lui adressa un petit sourire en reniflant.

- Je suis désolée. C'est... un peu dur en ce moment.

- Tu sais de quoi tu as besoin ? lança Jenny. D'une soirée entre filles.

- Oh non. Je refuse de me faire peindre les ongles des orteils à moins de quinze heures de ae dernière épreuve des Buses !

- On ne discute pas mes ordres ! Rétorqua la blonde. Margaret, tu vas prendre ton stock caché de Chocogrenouilles et toi Val tu ... une minute. Où sont nos chaussures ?

Au début, tout se passa comme prévu. Jenny planqua les livres de Lily et l'empêcha de parler des cours. Tout allait parfaitement bien jusqu'à ce qu'une fille de quatrième année, Mary Macdonald, ne vienne frapper à leur porte. Maggy alla ouvrir, déguisée en McGonagall et maquillée comme un clown. La jeune fille eut un mouvement de recul en la voyant mais se décida finalement à dire qu'un Serpentard attendait Lily devant la porte.

L'intéressée hurla que Servilus pouvait aller se faire voir, vautrée dans son lit tandis que Val sautillait dans la chambre en jetant des feuilles de cours un peu partout.

La Quatrième Année s'empressa de se carapater, terrifiée, mais revint quelques minutes plus tard. Devant l'argument de Severus, Lily se leva à contre-cœur tandis que Val et Margaret s'accrochaient à ses jambes pour qu'elle n'y aille pas. Cependant, elle avait décidé de régler cette affaire une fois pour toute. Elle allait mettre définitivement un terme à ce qui restait de leur amitié ce soir.

Alors qu'elle descendait les escaliers, elle se rappela les multiples avertissements de Potter, tout ce qu'elle avait elle-même observé. Elle aurait dû savoir qu'ils en arriveraient là.
Le portrait pivota devant elle et le visage cireux de Severus apparut. (La scène suivante est entièrement extraite de Harry Potter et les Reliques de la Mort, chapitre « le Récit du Prince », de JK Rowling)

- Je suis désolé.

- Ça ne m'intéresse pas.

- Je suis désolé !

- Epargne ta salive. Je suis sortie seulement parce que Mary m'a dit que tu menaçais de dormir ici.

- C'est vrai. Je l'aurais fait. Je n'ai jamais eu l'intention de te traiter de Sang de Bourbe, ca m'a simplement...

- Echappé ?

Il n'y avait aucune pitié dans la voix de Lily.

- Il est trop tard. Pendant des années, je t'ai trouvé des excuses. Aucun de mes amis ne comprend pourquoi j'accepte encore de te parler. Toi et tes chers amis Mangemorts... Tu vois, tu ne le nies même pas ! Tu ne nies même pas que vous avez tous l'ambition de le devenir ! Vous avez hâte de rejoindre Tu-Sais-Qui, n'est-ce pas ?

Il ouvrit la bouche, puis la referma sans avoir prononcé un mot.

- Je ne peux plus faire semblant. Tu as choisi ta voie, j'ai choisi la mienne.

- Non... Ecoute, je ne voulais pas...

-... Me traiter de Sang-de-Bourbe ? Mais tu traites de Sang-de-Bourbe tous les gens qui sont de même naissance que moi, Severus. Pourquoi serais-je différente ?

Luttant avec lui-même, il était sur le point de parler. Mais avec un regard méprisant, Lily tourna les talons et se glissa par le trou du portrait.

La jeune fille traversa la Salle Commune sans vraiment s'en rendre compte. Elle venait de dire adieu à son meilleur ami et cela faisait plus mal qu'elle ne l'avait imaginé.

Le lendemain soir, tous les élèves de Gryffondors couraient dans tous les sens pour finir leur malle, et plus particulièrement les Cinquièmes et Septièmes Années, qui n'avaient pas eu le temps de s'en occuper plus tôt. Malgré le désordre ambiant, chaque chaussette ou presque retrouva son propriétaire et, enfin, le Poudlard Express quitta la gare de Pré-Au-Lard.

Cette année-là plus que d'habitude, Lily se sentit terriblement triste de quitter Poudlard. Elle y laissait ses derniers souvenirs de William et son amitié avec Severus. Une page se tournait, et cela la terrifiait.

Dans l'après-midi, Lily traversa le train pour chercher Alice et Frank – là où était l'un se trouvait l'autre, c'était une loi immuable. Comme d'habitude, le couloir était encombré d'élèves bavardant et riant, qui ne se poussaient que quand on les gratifiait d'un coup de coude dans les côtes.
L'un d'eux se retourna et Lily eut l'immense déplaisir de se retrouver face à Potter. Il haussa un sourcil et commenta :

- Ça m'étonne que tu puisses t'approcher autant de moi sans vomir, Evans.

- Je suis surprise aussi, c'est sans doute parce que tu ne signifies tellement rien pour moi que j'ai même cessé de te détester. Maintenant laisse-moi passer.

Avec un ricanement, il s'exécuta. Elle l'aurait bien giflé.

Alors qu'elle poussait la porte du compartiment de Frank et Alice, elle se promit que désormais James Potter n'aurait plus aucune importance dans sa vie.

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