Partie I - Chapitre 14


Chapitre 14


Noël passa en un éclair. Pour James, ce furent deux semaines chez lui en compagnie de Sirius à faire les quatre cents coups dans le petit bois jouxtant sa maison. Ils parvinrent à faire un lance-flammes artisanale sans magie et faillirent tout brûler. Ils étaient très fiers d'eux.

Pour Lily, ce furent deux semaines mortellement ennuyeuses, qu'elle occupa en lisant environ un livre par jour.

Ce fut donc avec un soulagement intense qu'elle regagna Poudlard ... Pour désenchanter presque aussitôt.
Tout d'abord, elle fut de nouveau confrontée à cet insupportable Potter. Ensuite, à une masse de travail. Et pour terminer, à un blizzard qui semblait ne jamais vouloir prendre fin. Le pire était qu'ils devaient aller en cours de Botanique, même s'il leur fallait trente minutes pour accéder aux serres.
Au bout de deux semaines, Lily crut qu'elle allait faire une dépression. Seulement, un événement parvint à lui redonner le sourire.

Alors qu'elle tentait de comprendre ce que Mr. Silvalune, leur professeur de Divination, sous-entendait par « Décrivez la maîtrise de votre subconscient interne et externalisez le pour le conscientiser », le silence se fit soudain dans la Salle Commune. Elle jeta un regard surpris à Jenny, assise en tailleur sur le sol, qui discutait encore quelques instants plus tôt avec un garçon de sixième année plutôt pas mal (ce qui justifiait sans doute leur conversation). Ce silence était donc bel et bien surnaturel puisqu'il avait arrêté Jenny.

Lily fouilla la salle du regard et comprit. Un garçon aux cheveux châtains était en train de traverser la salle, un balai à la main et vêtu de sa robe de Quidditch. A sa suite venaient six autres personnes, dont une qui tenait son poignet bandé. D'habitude, cela n'avait rien d'inhabituel de voir l'équipe de Gryffondor rentrer après un entraînement. Seulement cette fois-ci, ils avaient l'air sombre ... et étaient absolument trempés. La plupart avait des glaçons dans les cheveux et tous produisaient un son de serpillière quand ils marchaient. Alors Lily l'aperçut. James Potter, d'habitude si fier de sa grande taille et de ses cheveux en bataille, traînait à l'arrière, le dos courbé et les cheveux aplatis par l'espèce de casque de neige qui lui couvrait le crâne.

La jeune fille fut prise d'un fou rire irrépressible, dû autant à l'allure de James qu'à ces deux mois de tension depuis « l'Incident ». Toute l'équipe la fusilla du regard tandis que d'autres gloussements s'élevaient. Cela brisa définitivement le silence et les questions se mirent à fuser.

- Vous vous êtes entraînés ?

- Par ce temps ?

- Héléna qu'est-ce que tu t'es fait ?

Aussitôt ce fut la cohue et plus personne ne prêta attention à Lily, qui tentait vainement de retrouver son souffle, les yeux débordants de larmes. Elle tourna son regard embué vers la fenêtre et en conclut que Sam Crowley était tombé sur la tête pour les avoir fait jouer. Le vent soufflait tellement fort que les flocons de neige battaient l'air presque à l'horizontal.

A présent calmée, elle écouta ce qui se disait. Apparemment Héléna, l'une des attrapeuses, avait été jetée contre l'un de poteau de but par une rafale de vent. D'après Lily, c'était déjà un miracle qu'il n'y ait eu qu'une seule blessée.


Enfin l'équipe disparut et Val, sortie tout droit de la bibliothèque, rejoignit ses amies. Le Sixième Année de Jenny s'étant éloigné, elles entreprirent de faire le devoir de Lily, qui se transforma bientôt en un ramassis d'absurdités assorti à quelques dessins sans aucun rapport faits par la blonde. Elles riaient tant qu'elles firent à peine attention à Frank Londubat, qui se posta devant elles, les poings sur les hanches, un sourire amusé sur les lèvres. Il lui arrivait de discuter avec les jeunes filles de temps en temps depuis sa mémorable conversation avec Val. Finalement celle-ci daigna remarquer sa présence et s'exclama :

- Frank ! Toi, érudit de sixième année, viens donc nous éclairer sur les subtilités de la Divination !

- Ah ! Non, certainement pas ! Un an m'a suffit, je préfère l'arithmancie.

Lily gémit à la seule mention de cette matière et gribouilla sur son devoir « L'arithmancie m'a grillé le cerveau, je me vois dans l'obligation de renoncer à ce devoir de Divination. ». Val le lui arracha aussitôt des mains pour le jeter à la tête du jeune homme.

Il attrapa le rouleau et le lut, avant d'éclater de rire.

- Silvalune sera ravi !

Lily ouvrit la bouche pour répondre mais une voix masculine la coupa :

- Alors Evans, on se fout de moi ?

Elle se figea, les yeux braqués sur James Potter, vêtu de vêtements secs et coiffé à la grenade. Elle ne lui avait pas adressé la parole depuis cette nuit-là et cela lui convenait très bien. S'apercevant qu'on semblait attendre une réponse d'elle, elle répliqua :

- Est-ce que le but de ta vie est de gâcher la mienne ?

- Comment ça ?

Elle vit, à la lueur inquiète dans ses yeux, qu'il craignait qu'elle ne parle de leur escapade nocturne.
- Je plaisante avec des amis et qu'est-ce que fait Monsieur ? Il s'incruste dans le conversation pour être désagréable.

- Oh, pardon. Je ne voulais pas interrompre ton plan drague.

Lily sentit son visage s'embraser et jeta un regard d'excuse à Frank, qui s'empressa de démentir :

- Il y a erreur Potter, il n'y a que quelques semaines que je connais Lily.

- Voilà quelqu'un de chanceux.

- Hé, c'est toi qui viens me parler !

- Parce que ça fait deux mois que tu m'évites !

- Si tu n'étais pas si stupide, on en serait jamais arrivés là !

- On va pas remettre ça sur le tapis, j'ai déjà dit que j'étais désolé et ...

- On dirait un vieux couple, c'est assez drôle.

Les deux jeunes gens braquèrent leur regard sur Frank qui venait de chuchoter cette remarque à Val. Il leur adressa un sourire innocent et fit :

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous interrompre. Potter, je crois que tu en étais à dire que tu es désolé. Désolé pour quoi d'ailleurs ?

Lily le dévisagea, stupéfaite, avant de regarder ses amies. Elles avaient l'air complètement perdu, leurs yeux allant de Potter à elle. La jeune fille rougit brusquement en se rendant compte de quoi ils avaient parlé et se fustigea intérieurement : Quels imbéciles ! Elle avait intérêt à trouver une bonne excuse avant d'être seule avec ses amies.

Elle repoussa cette tâche à plus tard en constatant que le silence s'éternisait et lança à James :

- Je ne comprends même pas ce que ça peut te faire qu'on ne se parle pas.

- Je n'ai plus personne à insulter.

- Oh si, tout Poudlard. Après tout, c'est ta spécialité d'être méchant non ?

Ayant dit cela, Lily se leva et traversa la foule pour sortir de la Salle Commune, l'esprit en ébullition. Apparemment, ils étaient encore aussi touchés l'un que l'autre par cette stupide histoire.


***


James rejoignit ses amis en grommelant après le départ d'Evans. Il n'était pas méchant, il s'amusait ! Cette fille ne comprenait rien à rien.

Il se posa dans un coin de la salle à côté de Sirius et Remus. Le premier était en train de tracer un plan élaboré pour faire exploser une Bombabouse dans le bureau de McGonagall tandis que le deuxième lisait un épais volume consacré aux guerres des géants, d'après les illustrations que James voyait.
Sirius se lança dans une explication enthousiaste de son projet, Remus fit semblant de ne pas entendre et James semblant d'écouter. Mais soudain Peter déboula de l'escalier, l'air affolé.

- J'ai rendez-vous avec Laverlane dans cinq minutes et il en faut au moins dix pour aller dans son bureau, il faut que vous m'aidiez !

Remus releva la tête, les sourcils froncés.

- Laverlane ? Mais qu'est-ce que t'as fait ?

- C'est évident Rem', il est trop nul en Botanique, rétorqua Sirius, plongé dans une intense réflexion. Il faut que tu ailles au sixième, tu prends la première à gauche puis la deuxième à droite et tu tapes deux fois sur l'index de la statue de Giselda Prim. Si tu te dépêches t'en auras pas pour plus de cinq minutes.

Peter le dévisagea en silence, les yeux écarquillés. Sirius poussa un soupir agacé et se leva en marmonnant :

- Si on avait une carte, ce serait bien plus facile. Viens, je t'emmène.

Le mot « carte » percuta l'esprit embrumé de James et il regarda ses amis s'éloigner au pas de course (dans la mesure où c'était possible à l'intérieur de la salle bondée), songeur.

- T'as entendu, Remus ? Une carte ?

- De quoi ?

- De la Nouvelle-Zélande. A ton avis ?

- Poudlard ? Mais c'est bien trop grand !

- Tu ne te rappelles pas ce cours sur la cartographie avec Flitwick en troisième année ?

Remus écarquilla les yeux, stupéfait.

- Alors tout ce temps tu écoutais en classe ? Moi qui ai toujours cru que tu étais un cancre fini, je suis presque déçu. Ta légende s'effondre.

- Peu importe, s'écria James, excité comme une puce, on s'en créera une autre en tant que créateurs de l'unique carte complète de Poudlard !

- Comment ça complète ?

- Avec tous les passages secrets !

- Et les révéler à tout le monde ? Pas question !

Cette objection refroidit à peine l'enthousiasme du brun qui, son altercation avec Evans complètement oubliée, se mit à griffonner sur le parchemin abandonné par Sirius. Mais soudain il se frappa le front et retomba au fond du large fauteuil rouge dans lequel il était installé.

- On a pas de dessinateur...

- Oh si, répondit son ami, de nouveau plongé dans son livre. Peter est un as.

Ce fut au tour de James de ne pas en revenir.

- Peter ? Notre Peter ?

- Qu'est-ce qu'il a « notre Peter »?

L'irruption de Sirius lança James dans une explication exaltée de son projet qui alimenta leur conversation jusqu'à une heure avancée.


***


Le soudain attrait de James Potter et Sirius Black pour la bibliothèque surprit et agaça Lily, qui y passait elle-même une bonne partie de son temps. Cependant elle décida de ne plus s'occuper d'eux, même en tant que préfète. Elle avait décrété qu'ils devaient être fous – fous et dangereux. De toute façon, elle avait autre chose à faire à la bibliothèque qu'observer ce qu'ils faisaient.
Le professeur Silvalune lui avait donné un exposé à faire sur l'exploitation du subconscient. En effet, exténuée après avoir passé des heures à repasser sa brève conversation – ou plutôt empoignade - avec Potter dans sa tête plutôt que dormir, elle lui avait rendu le devoir qu'elle avait fait avec Val et Jenny. Comme l'avait prédit Frank, le professeur avait été ravi. Elle se plongea donc dans tout un tas de livres ennuyeux écrits par des sorciers ayant pour la plupart fini à l'asile.
Elle comptait travailler sans répit pour reconquérir l'estime de son professeur ... Résolution ébranlée dès le samedi, lorsque Margaret vint la chercher.

- Lily ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est l'heure du match !

La rousse releva le nez d'un ouvrage intitulé Comment survivre avec moi-même et considéra son amie, le regard vide.

- Poufsouffle-Serpentard, ça te dit quelque chose ?

- Le Quidditch ! Mais si je ...

- Trop de bruit dans ma bibliothèque ! Hurla alors Madame Pince en faisant irruption derrière elles. Dehors ! Tout de suite !

La bibliothécaire ne le sut jamais, mais elle mit fin au dilemme de Lily, qui abandonna sans scrupule ses affaires dans la Salle Commune avant de courir vers le terrain avec Maggy. Elles arrivèrent dans les gradins au moment où les joueurs entraient. C'était le troisième match de l'année, le deuxième s'étant soldé par la victoire de Serpentard contre Serdaigle.

Les jeunes filles s'arrêtèrent en haut des gradins, à bout de souffle. Elles fouillèrent la foule du regard, à la recherche de Jenny et Val, mais sans succès. Finalement Lily pointa le doigt vers une blonde aux cheveux bouclés et entraîna son amie vers elle. Lily s'assit sans cérémonie à côté d'Alice qui eut l'air surpris mais lui sourit. La rousse présenta ses amies l'une à l'autre mais le coup de sifflet annonçant le début du match coupa court à toute conversation.

La jeune fille se passionna pour une petite poursuiveuse de Poufsouffle qui arrivait à esquiver tout le monde et semblait avoir la faculté d'apparaître de nul part devant les joueurs. D'après les commentaires d'Arthur, elle était en deuxième année. Elle était époustouflante. Seulement, alors que Poufsouffle menait 80 à 20, un cognard percuta la jeune poursuiveuse à la tête. Elle bascula de son balai. Tous les élèves se levèrent d'un bond alors qu'une clameur emplissait le stade. Au moment où elle allait toucher la sol, elle s'immobilisa brusquement, avant de flotter doucement jusqu'à terre. Toutes les têtes se tournèrent vers la tribune des professeurs, où Albus Dumbledore se tenait debout, sa baguette pointée vers la jeune fille. Madame Pomfresh fit irruption sur le terrain et elle fut emmenée sur un brancard magique. Elle revint sur le stade quelques instants plus tard mais uniquement pour faire acte de présence.

Dès lors le match perdit tout intérêt pour Lily. Elle se contenta d'écouter le score en laissant son regard vagabonder. Alors que ses yeux glissaient au-dessus des têtes des élèves, elle aperçut un grand brun qui se dirigeait vers l'escalier des gradins à grands pas.

- Hé, souffla-t-elle à Alice en lui donnant un coup de coude, regarde qui est là !

La blonde tourna la tête vers la direction indiquée par son amie et piqua un fard.

- Appelle-le ! Insista Lily en voyant qu'elle ne réagissait pas.

- Non mais ça va pas ?

- Si tu ne le fais pas je lui dis tout !

- Lily ! Tu ne ferais pas ça ?

- Bien sûr que si. FRANK !

Le jeune homme tourna la tête. Il eut l'air surpris, hésita, mais finalement bifurqua pour se diriger vers les trois jeunes filles.

Margaret jeta un regard de connivence à Lily et se décala pour que son amie fasse de même et dégage une place pour Frank à côté d'Alice. Elle semblait persuadée que Lily allait vraiment mettre sa menace à exécution.

Le Sixième Année enjamba le banc et sourit à ses voisines, avant de s'adresser plus particulièrement à la blonde.

- Ça fait un bail, Alice ! J'ai l'impression qu'on ne se croise jamais.

Derrière lui, Lily fit une grimace à la jeune fille pour lui dire « Tu vois, il a envie de te voir ! ». Elle se mit à rougir et balbutia qu'elle passait beaucoup de temps dans leur Salle Commune. Merlin en soit remercié, Frank relança la conversation sur leurs vacances communes et Alice cessa de bégayer. Lily et Margaret se sourirent, ravies. C'était la première fois qu'elles arrivaient à les réunir. Cependant une question taraudait la rousse : pourquoi tentait-il de s'échapper du stade ? Profitant d'une accalmie dans la conversation des deux jeunes gens suite au hurlement d'Arthur (« POUFSOUFFLE MARQUE ! »), elle interrogea :

- Où est-ce que tu allais comme ça quand Alice t'as intercepté ?

- C'était Alice ? J'étais persuadé que c'était toi.

- Oh non, je n'aurais pas osé, réplique Lily avec un sourire innocent, alors qu'Alice donnait l'impression qu'elle allait s'évanouir. Et donc, pourquoi fuyais-tu ?

Un pli de contrariété barra son front et il marmonna :

- Je me suis disputé avec mes amis, alors j'ai préféré partir.

- Avec Terry ? S'étonna Alice.

Un petit sourire détendit le visage de son interlocuteur.

- Non, bien sûr que non. C'est bien la dernière personne avec qui je me disputerais.

Il soupira puis acheva :

- Avec Lucy.

Margaret plaqua ses mains sur sa bouche avant de se trahir et heureusement Frank ne vit pas son geste. Lily se mit à donner des coups de pieds frénétiques dans le tibia de son amie ... Du moins c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce que Frank lui dise, l'air perplexe :

- Euh ... pourquoi est-ce que tu me frappes ?

La jeune fille devint cramoisie et marmonna quelque chose à propos de la Danse de Saint-Guy. Les Poufsouffles la tirèrent de ce mauvais pas en gagnant le match, ce qui engendra des hurlements tels qu'il était impossible de parler. Lorsqu'ils purent de nouveau s'entendre, Alice entreprit de leur raconter ses vacances de Noël en Grèce et Frank ne revint pas sur les coups de pieds intempestifs de Lily.
Mais alors qu'ils éclataient tous de rire à l'évocation de la chèvre qui mangea le pyjama d'Alice, une main se posa sur l'épaule de Frank. Il se retourna pour faire face à une brune aux yeux noisettes. Ils se regardèrent quelques instants en silence puis le jeune homme adressa un sourire contrit aux trois jeunes filles avant de suivre Lucy.   

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