Partie I - Chapitre 10
Chapitre 10
Désarmé. Désarmé et seul contre deux. Autant dire seul contre dix. De plus, Rogue maîtrisait parfaitement le sortilège informulé et il était donc incapable de prévoir ce qui allait lui tomber dessus. Grâce à Merlin, Mulciber semblait avoir moins de cervelle.
Réfugié pour deux secondes derrière un coin de mur James faisait défiler toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Il aurait évidemment pu fuir. Mais il ne se le serait jamais pardonné.
- Potter ! Hurla Harvey.
James prit une profonde inspiration. Il allait devoir se débrouiller à la moldue.
Alors que le garçon approchait, il sortit brusquement de sa cachette, tira violemment sur le bras de l'armure et la lui envoya en pleine face. Mulciber s'écroula avec un cri de douleur et le brun le gratifia d'un coup de pied dans les côtes avant de prendre sa baguette.
Seulement avant qu'il ait eu le temps de se relever un sortilège frôla son crâne. Il tomba en avant, l'adrénaline l'empêchant de sentir la brûlure de sa blessure. Il se releva en chancelant et eut juste le temps d'éviter un autre sortilège.
Rogue leva de nouveau sa baguette mais cette fois-ci James cria « Protego! » au moment où le sortilège de son adversaire jaillissait.
Cependant son bouclier accusa le choc et ... disparut. Le jeune homme jura. La baguette avait perdu presque toute sa puissance car il n'était pas son propriétaire légitime.
Il jeta un Stupéfix retentissant sur Rogue qui n'eut qu'à lever sa baguette, l'air ennuyé.
- C'est tout ce que tu sais faire ?
- Si j'avais ma baguette ...
- Mais bien sûr. Le grand Potter vaincrait car il est génial.
James trembla de rage. Il allait étriper ce misérable petit rat ... Rejetant la baguette de Mulciber il se jeta sur lui. Rogue fut tellement surpris qu'il n'eut pas le temps de résister. Le jeune homme lui balança son point dans le figure et son adversaire émit un couinement de douleur. Profitant de son étourdissement, James voulut lui arracher sa baguette. Seulement Severus s'y agrippait comme à une bouée de sauvetage. Alors qu'ils bataillaient toujours, il y eut un éclair de lumière et une déflagration puis James fut violemment projeté contre le mur. La douleur explosa dans tout son corps et un brouillard s'installa devant ses yeux.
A demi-inconscient, il glissa au sol et vit Rogue approcher de lui. Alors qu'un rictus triomphant déformait ses traits, un cri fendit l'air :
- Potter ! Mulciber ! Rogue ! Mais par le caleçon de Merlin que s'est-il passé ?
Severus pâlit et James tourna difficilement la tête. Ce simple geste suffit à lui donner la nausée. McGonagall se tenait à l'entrée du couloir, l'air horrifié. Elle devait vraiment être touchée pour avoir employé un tel vocabulaire.
Cette réflexion le fit rire mais il se mit à tousser et bientôt s'étouffa. Il avait l'impression qu'on lui plantait un couteau dans le flanc. Cet abruti avait dû lui casser une côte.
Il s'étrangla. Argh. Peut-être deux en fin de compte.
***
Lily s'adossa aux jambes de Val, assise sur le canapé. Elle écoutait ses amies discuter en essayant de ne pas rire.
- C'est horrible de les séparer ! protesta Jenny, mais ses yeux pétillants montraient bien qu'elle trouvait tout ça très drôle.
- C'est lui qui est horrible, il aurait quand même pu faire attention à Alice. Après tout elle est très jolie, rétorqua Maggy.
- Mag', soupira Val, on ne sort pas avec quelqu'un seulement parce qu'on le trouve beau.
- Non, mais ça peut aider à faire attention à cette personne !
- Demande à Jenny, je suis sûre qu'elle s'y connaît.
L'intéressée prit un air très digne et répliqua :
- J'aime James parce qu'il est drôle, intelligent ...
- Beau, fort, musclé, bien foutu et ...
Val se prit un coussin dans la tête tandis que Lily succombait finalement au rire, accompagnée de Margaret.
- Si vous continuez je vous laisse vous débrouiller toutes seules ! menaça Jenny en commençant à se lever du canapé.
Lily se jeta à plat ventre et attrapa l'une de ses jambes :
- Noooon pitié ! Ne nous abandonne pas !
La blonde se rassit en essayant de ne pas rire.
- Très bien. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
- Déjà, il faut essayer de faire en sorte qu'ils se rencontrent tout le temps, proposa Margaret.
- D'accord mais comment ? Alice refusera catégoriquement d'entrer dans la combine, elle est bien trop timide, souleva Lily.
- Et ben on va se tourner vers lui alors, lança Jenny.
Ses trois amies la dévisagèrent, surprises. Finalement Val prit la parole.
- T'es folle ? Aucune de nous ne le connaît !
- Mais ça, on peut y remédier, très chère Val.
Elle lui adressa un sourire carnassier.
- Et je propose que ce soit toi qui t'y colles.
Les cheveux châtains de la jeune fille voletèrent dans tous les sens alors qu'elle secouait la tête.
- Hors de question ! Pourquoi pas toi ? Ou Margaret et Lily ?
- Moi, j'ai déjà un copain. Maggy ...
- Non!! Je suis bien trop timide !
- Voilà. Quant à Lily, elle fait la liaison avec Alice alors faudrait pas que celle-ci s'imagine des choses.
Val se recroquevilla dans le canapé.
- Je suis obligée ?
Ses trois amies se consultèrent du regard et répondirent d'une même voix :
- OUI !
Leur victime poussa un gémissement et balbutia :
- Bon très bien mais il va falloir que vous m'aidiez parce que ...
Le bruit d'une galopade l'interrompit et un cri retentit dans la Salle Commune bondée :
- Potter, Rogue et Mulciber se sont battus ! Paraît qu'ils sont blessés!
Un silence stupéfait lui répondit puis tout le monde se mit à parler en même temps. Lily et Jenny se levèrent d'un bond. Elles foncèrent dans le passage en bousculant le garçon de quatrième année qui avait annoncé la nouvelle. En parvenant devant la porte de l'Infirmerie elles faillirent rentrer dans leur professeur de Métamorphose.
- Comment va Severus, Professeur, est-ce qu'il ...
- James est blessé ? C'est grave ? Est-ce que ...
- SILENCE !
Les deux amies se turent, sonnées par son éclat.
- Excusez-moi mesdemoiselles, mais la situation est assez difficile comme ça. Oui, ils sont blessés, non ce n'est pas grave, et NON vous ne pouvez pas les voir.
- Quoi ? Mais Professeur ..!
- Non ! Vous n'entrerez pas dans cette infirmer...
- Minerva ! Ne peut-on avoir le calme ?
Madame Pomfresh venait de passer la tête par la lourde porte de poids.
- Je suis désolée Pomona, ces jeunes filles veulent voir leurs amis...
- Qu'elles entrent, soupira l'infirmerie, comme ça je serai tranquille jusqu'à demain matin.
Les deux amies ne se le firent pas répéter deux fois et se précipitèrent à l'intérieur.
Lily ne prêta pas attention au jeune homme aux cheveux couleurs de paille qui était allongé sur un lit à sa droite, et encore moins au brun à sa gauche. Seul Severus l'intéressait.
***
James grogna lorsqu'un élancement le tira du demi-sommeil dans lequel il était plongé. Il serra les dents et attendit que ça passe. Oh bien sûr Madame Pomfresh avait réparé tous les dégâts causés par sa petite altercation avec Rogue, mais elle l'avait informé que son corps devait aussi faire une partie du travail et qu'il allait donc souffrir un peu cette nuit-là et le lendemain.
Il se tortilla en tentant de trouver une position agréable tout en bouillant intérieurement : Rogue lui avait cassé une côte et fêlée une autre en l'envoyant contre le mur. Il ne se rappelait pas avoir autant souffert que durant le trajet jusqu'à l'infirmerie, surtout que McGonagall le soutenait tout en lui hurlant dessus. Il avait bien failli être très désagréable avec elle. Heureusement pour lui les trois semaines de colle qu'elle leur avait promis l'avaient empêché de s'emporter. En plus de ses côtes, il allait écoper d'une cicatrice sur le crâne. Évidemment elle serait presque entièrement cachée par ses cheveux mais une petite partie apparaîtrait sur sa tempe. Pour le moment l'entaille causée par le sortilège du Serpentard était une fine ligne rose refermée par les bons soins de l'infirmière.
James étira les bras au-dessus de sa tête et retint un piaillement. Il détestait être blessé, même si ça lui était souvent arrivé lors des matchs ou des entraînements de Quidditch. Seulement se casser le poignet parce que son balai avait été jeté contre les gradins lors d'une tempête était plus classe que de s'être fait cassé les côtes par Servilus. Du moins de son point de vue. Son ego avait pris un coup. Un gros coup. Son plus grand regret était qu'il n'avait même pas réussi à lui casser le nez. Il allait seulement avoir quelques bleus au visage.
Jenny avait apparemment beaucoup apprécié le fait qu'il se défende avec ses poings (ce qui rendait hommage à sa force et consolait quelque peu son ego) et l'avait embrassé pendant de longues minutes pour lui prouver qu'il s'en était très bien sorti. Cependant, le regard furieux d'Evans et surtout le fait que Servilus parvienne à la faire rire alors que lui-même en était incapable l'avait agacé au plus haut point. Il aurait bien aimé lui balancer la conversation qu'il avait surpris. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu'elle en était le sujet. Seulement il savait pertinemment qu'elle ne le croirait pas, surtout après qu'il ait refait le portrait à son précieux Servilus.
Il referma les yeux et lâcha un soupir agacé car il ne pouvait pas se tourner sur le côté. Plus jamais il ne quitterait sa baguette. Plus jamais il ne serait pris en défaut.
***
Au petit-déjeuner le lendemain matin, seul Severus Rogue reparut. Il avait quelques contusions au visage mais c'était tout. Une ovation l'accueillit lorsqu'il s'installa à la table des Serpentards et il rougit, ravi. Cette bagarre venait de le projeter sur le devant de la scène et ce n'était pas pour lui déplaire, Lily en était certaine.
Quant à James Potter, les rumeurs allaient bon train. Son état de santé allait de « parfait » à deux bras cassé et une dent en moins en passant par la mâchoire cassée et le petit orteil droit coupé. La jeune fille avait suffisamment entendu Jenny le plaindre la veille pour savoir ce qu'il en était vraiment et elle ne le plaignait absolument pas. Severus lui avait tout raconté, et elle était bien contente qu'il lui ait mis une raclée.
Val jeta un regard peu amène à ses amies. Un jour, elle se vengerait. Mais pour le moment elle allait essayer de ne pas se couvrir de ridicule.
C'était l'heure du déjeuner et elles s'étaient toutes les quatre planquées au fin fond de la bibliothèque. Lily travaillait tandis que Jenny et Margaret faisaient tout un tas de conjectures absurdes quant à la façon dont Val allait approcher le pauvre Frank Londubat. Elle même tentait de ne pas trop y penser car adresser la parole à un garçon qui lui était presque tout à fait inconnu et qui plus est plus âgé qu'elle ne la ravissait pas.
Alors qu'elle enjoignait ses amies à rire moins fort, une haute silhouette apparut et Val faillit s'étrangler. C'était lui. Frank. Jenny lui envoya un coup de coude dans les côtes, au cas où elle n'aurait pas vu. Puis, elle la foudroya du regard et désigna d'un coup de menton le jeune homme qui s'asseyait.
Résignée et le cœur battant à tout rompre, Val se leva, shoota dans son sac et faillit s'étaler. Elle entendit Jenny et Maggy se mettre à glousser mais elle ne se retourna pas. Elle marcha droit jusqu'à la table de Frank puis s'assit devant lui. Il leva les yeux, sourit et se replongea dans son livre.
Son livre...
Val se serait flanqué une claque sur le front si elle avait pu : elle n'avait rien pris avec elle avant de s'asseoir. Qui venait à la bibliothèque juste pour se reposer ? Personne !
Se maudissant intérieurement, elle alla chercher un ouvrage au hasard puis reprit sa place. Frank la regarda de nouveau, l'air intrigué, puis regarda le titre de son livre. Val rougit en se rendant compte qu'il essayait de ne pas rire. Mortifiée, elle interrogea d'un ton qu'elle espérait assuré :
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
Un grand sourire étira les lèvres du jeune homme et il répondit :
- Tu t'intéresses aux différentes sortes de crottes de dragon ?
La rougeur de la jeune fille s'accentua encore et elle baissa les yeux sur son livre. Argh.
- C'est pour la botanique. ça fait un très bon engrais, s'entendit-elle répondre sans savoir d'où elle sortait cette excuse absurde.
- Oh, je vois, fit Frank en tentant de réprimer son sourire.
- Et toi, tu lis quoi ?
Ce fut au tour du jeune homme de rougir, ce qui emplit d'aise Val.
- Euh c'est un roman moldu, en fait.
Elle dévisagea, surprise.
- Un roman moldu ? Je n'ai jamais rencontré personne en lisant. Enfin Lily en connaît bien sûr, étant donné qu'elle est Née-Moldue mais ...
Elle s'interrompit brusquement en se rendant compte qu'elle jacassait à qui mieux-mieux. Cependant, il avait l'air intéressé.
- C'est vrai ? Tu crois qu'elle pourrait m'en conseiller ?
- Euh sans doute. Tu n'aimes pas les livres écrits par des sorciers ?
- Oh si. Mais j'en ai déjà lu des tas, et comme les moldus ne savent pas que les sorciers existent, ils inventent tout un tas d'histoires complètement farfelues. Là je suis en train de lire le Seigneur des Anneaux. Ils ont vraiment une vision bizarre de la magie.
- Le quoi ?
Le titre disait vaguement quelque chose à Val. Frank rit et grimaça lorsque Madame Pince leur cria dessus. Plus bas, il lui expliqua l'histoire.
Au bout du compte, Val était plutôt sceptique.
- C'est vraiment bizarre, commenta-t-elle.
- C'est plus intéressant que les crottes de dragons.
- Hé ! C'est pas ma faute si Laverlane nous donne des devoirs bizarres à faire.
Il lui adressa un clin d'œil et rétorqua :
- On a jamais fait ça, l'an dernier. Pourtant il n'a jamais changé ses cours.
Val piqua un fard et décida de changer de conversation.
- Comment tu as découvert ces livres moldus ? Tes parents en lisent ?
Il fronça les nez et elle eut peur d'avoir fait une gaffe.
- Non c'est plutôt le contraire. Je n'en lis que quand je suis à Poudlard parce que ma mère ne considère pas ça comme de la littérature donc dès que je suis entré à Poudlard elle m'a interdit d'en lire pour que je me consacre aux classiques sorciers. J'en achète le plus possible pendant les vacances. Il suffit d'aller dans une librairie moldue pour les trouver. Mon problème c'est plutôt de trouver de l'argent moldu.
- Ça fait beaucoup de difficultés pour quelques livres non ?
Frank lui adressa un sourire désarmant.
- Peut-être, mais c'est passionnant !
- Val ? Les cours vont bientôt reprendre.
La jeune fille se tourna vers ses amies qui l'appelaient, ses affaires sous le bras. Elle regarda sa montre, surprise. Sa conversation avec Frank n'avait pas été si terrible, finalement. Elle sourit à se dernier en se levant.
- Ce fut un plaisir de discuter littérature moldue avec toi !
Il prit un air narquois.
- Je ne doute pas que c'était ton but.
Val faillit s'étouffer avec sa salive.
- Ce n'est pas... Mais...
- Je serais ravi de reprendre notre conversation un jour, coupa-t-il en retenant de nouveau un rire.
Elle s'autorisa alors à rire et alla ranger son livre sans rien dire. Avant que les quatre filles ne sortent, Val adressa un signe de la main à Frank, qui lui fit un clin d'œil.
Dès qu'elles eurent passé la porte, elles se mirent à poser des questions à tort et à travers en riant comme des gamines. Val eut beau les supplier pour qu'elles fassent moins de bruit, rien n'y fit. Un petit rire indubitablement masculin derrière elles la fit grimacer et elle se retourna. C'était Frank, qui semblait s'amuser comme un fou.
Elle devint cramoisie, saisit Jenny et Lily par le bras et les entraîna au pas de charge loin du jeune homme, Margaret suivant comme elle pouvait.
Enfin elles atterrirent en classe et Val parvint à échapper à leur interrogatoire. Pour un temps.
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