Partie 2 - Chapitre 31

Lily offrit la cape fourrée à James pour son anniversaire, pour son plus grand plaisir. Il avait passé l'hiver à se plaindre de la sienne et envisageait sérieusement de s'en acheter une autre avant de mourir de froid durant une mission pour l'Ordre. Ses amis lui donnèrent une énorme boîte, contenant tout ce qu'il fallait pour faire le plus de bazar possible. Il leur adressa un grand sourire et interrogea :

- Vous avez déjà un plan ?

Ils en avaient un, et il fut mis à exécution le lendemain.

C'est ainsi que, par un samedi après-midi pluvieux, la porte du bureau de Rusard se trouva couverte de bombabouses tandis que des frisbees à dents de serpents pourchassaient Miss Teigne et que des explosions retentissaient un peu partout. Ils rirent un bon coup, mais s'amusèrent moins lorsque Rusard les attrapa.

Les quatre garçons se pointèrent enfin dans la salle commune après le dîner, l'air sombre. Ils chassèrent les premières années qui s'étaient installés près du feu et se laissèrent tomber près des filles.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Interrogea Lily, sans pouvoir s'empêcher de sourire.

James lui jeta un regard mauvais, ce qui la fit sourire encore plus.

- On a été collé pendant deux heures par Rusard, et on doit encore faire trois heures pendant la semaine, répondit Sirius. Oh, et on a perdu en tout cent points.

James secoua la main pour signifier que ce n'était rien.

- On les récupérera au Quidditch.

- Vous avez intérêt, menaça Jenny.

- On s'entraînera juste un peu plus.

- Si tu rajoutes des entraînements, Cornedrue, je quitte l'équipe, prévint Sirius en posant ses pieds sur la table.

Un peu plus tard, Lily se leva pour aller chercher un livre à la bibliothèque et James la suivit. Dès qu'ils furent sortis de la salle commune, il lâcha :

- Il nous a pris la carte du Maraudeur.

- C'est pour ça que vous faisiez une tête pareille !

Il acquiesça et soupira.

- Je n'arrive pas à croire qu'il l'ai prise alors qu'il n'a vu qu'un parchemin blanc !

- Il a appris à se méfier, répondit Lily.

- Tu n'imagines pas le temps qu'on a pu passer à l'élaborer. On ne sait même pas où il range ce qu'il confisque ! Ca m'étonnerait qu'on arrive à la récupérer.

Elle s'arrêta, posa la main sur son épaule et l'embrassa sur la joue.

- Désolée.

Il sourit, reprit sa main dans la sienne et ils continuèrent leur chemin.

- Bah, j'imagine qu'on survivra.

- Mais c'est que tu deviendrais presque raisonnable !

- La ferme, Evans.

- Non, sérieusement, depuis quand est-ce que tu as un cerveau ?

- Je t'ai volé le tien.

- Impossible, je suis toujours bien plus intelligente que toi.

- Oh, certainement pas.

Lily s'arrêta et il dut faire de même.

- Ah oui ?

Elle l'observait, la tête légèrement penchée sur le côté, un sourire aux bords des lèvres.

- Tu veux vraiment que je te rappelle qui s'est pris un mur en sortant du cours de Sortilèges ?

- Hé ! Si un crétin n'avait pas essayé de me faire croire qu'il y avait un centaure dans le couloir, ce ne serait pas arrivé !

Un grand sourire éclaira les traits de James et Lily devint cramoisie en se rendant compte de son erreur. James éclata de rire et elle lui donna un petit coup dans l'épaule avant de reprendre son chemin.

- Crétin.

- Harpie, rétorqua-t-il en la suivant.

- Sale troll, lança-t-elle par-dessus son épaule.

- Ca ne te rappelle pas quelque chose ? Fit remarquer James alors qu'ils s'arrêtaient devant la porte de la bibliothèque.

- Si.

Elle déposa un baiser sur sa joue avant d'aller récupérer le livre dont elle avait besoin et ils retournèrent jusqu'à la tour de Gryffondor.

- Tu as pu lire la lettre de tes parents ? Interrogea-t-elle.

Le visage du jeune homme s'assombrit.

- Oui. Maman me fait croire que tout va bien et papa rajoute en post-scriptum que ce n'est pas le cas. Je crois qu'il a peur que je me fasse des idées.

Lily pressa ses doigts entre les siens et lui sourit. Il fit de même, simplement parce qu'il était heureux qu'elle soit auprès de lui, qu'importe ce qui allait advenir au monde de la Magie, à l'Ordre ou à sa mère.


Mais malgré cette attitude optimiste, l'euphorie due à sa réconciliation avec Lily retomba bien vite, laissant place à l'inquiétude pour sa mère. Il faisait ce qu'il pouvait pour ne rien montrer, mais il captait parfois le regard soucieux de Lily. Il n'en parlait pas non plus avec Sirius, car il savait très bien qu'il était dans la même détresse que lui. Les premiers jours d'avril amenèrent le soleil, mais James s'assombrissait toujours plus. Enfin, un soir, il attira Lily contre lui et murmura :

- Maman ne va pas bien.

Lily ne dit rien. Elle se blottit contre lui et attendit. James sentit son coeur se gonfler de tendresse pour elle. Il aimait sa capacité à écouter. Il préférait mille fois cela à des mots de réconfort creux.

- Papa l'a emmenée à Ste Mangouste cet après-midi, et il pense qu'elle va y rester un moment. Mais les Médicomages ne savent pas quoi faire. Personne ne sait quoi faire.

A partir de ce jour, James fut en permanence sur le qui-vive. Il attendait les lettres de son père, redoutant à chaque instant qu'une mauvaise nouvelle lui tombe dessus. Il continuait à rire avec tout le monde, mais une part de lui ne parvenait pas à se joindre tout à fait à la gaieté de ses amis.

Un soir, alors qu'ils dînaient tous ensemble, un hibou fit irruption dans la grande salle. Les huit amis étaient en train de rire à une blague de Sirius lorsque le rapace se posa devant James. Il sentit son sang se figer dans ses veines alors qu'il fixait le hibou. Enfin, les doigts tremblants, il récupéra le message accroché à sa patte. Il le déplia et lut les trois mots qui y étaient inscrits. Le bruit des conversations s'éteignit autour de lui, alors qu'il regardait toujours le parchemin. Il sentit la main de Lily se poser sur son genou, entendit vaguement qu'elle l'appelait. Il tourna la tête vers elle, et s'entendit dire :

- Maman est morte.

Le parchemin glissa de ses doigts.


***


Lily regarda James quitter la salle à grandes enjambées, incapable de faire un geste. Dans le petit groupe, plus personne ne parlait. Sirius, blême, récupéra le message. Il le serrait tellement fort que Lily crut qu'il allait le déchirer. Il le fixa pendant quelques secondes qui parurent durer une éternité et murmura enfin :

- Non... Non, non, non, non, non !

Il avait presque crié le dernier mot. Des têtes se tournèrent vers eux mais Lily n'y prêta guère attention. Elle sentait les larmes affluer, un sanglot gonfler dans sa gorge.

Sirius se leva en repoussant la table. Un verre se renversa mais personne ne le vit. Il sortit à son tour.

- Il faut... il faut que je trouve James, balbutia Lily en ravalant ses larmes.

Les autres ne bougeaient toujours pas, choqués. La jeune fille quitta la salle, les jambes tremblantes. Elle n'arrivait pas à réfléchir. Elle avait toujours craint que ce jour arrive, mais jamais elle n'aurait imaginé que ce serait si horrible.

Elle s'essuya les joues, même si ses larmes continuaient à couler silencieusement, intarissables, et parvint jusqu'au bas de la tour d'Astronomie. Comme elle l'avait espéré, James était là. Il était assis par terre, dans leur alcôve, recroquevillé contre le mur de pierre. Lorsqu'elle s'approcha, il tourna la tête vers elle, une expression farouche sur le visage. Mais il la reconnut et détourna de nouveau le regard.

Elle s'assit sans un mot près de lui. Pendant un temps, il n'y eut aucun bruit. Finalement, il souffla :

- Comment est-ce que ma maman a pu mourir, Lily ?

Il se tourna vers elle. Il avait les yeux brillants de larmes, mais aucune ne coulait.

- Comment est-ce qu'elle a pu me faire ça ? Comment elle a pu me laisser tout seul ?

Sa voix se brisa et son visage se contracta. Une larme dégringola le long de sa joue, suivie d'une autre et encore d'une autre.

Lily l'attira contre elle, le coeur gros. Il s'agrippa à elle, son corps secoué de sanglots, répétant sans cesse :

- J'ai besoin de Maman, Lily ! J'ai besoin d'elle !

Elle le serra contre elle et cacha ses propres larmes. James n'était plus qu'un petit garçon. Un petit garçon au coeur brisé.


James et Sirius quittèrent Poudlard le lendemain matin. Ils ne devaient pas y revenir avant un bout de temps, étant donné que les vacances d'avril arrivaient à la fin de la semaine. Lily reçut une courte lettre de James, le jour qui suivit l'enterrement de sa mère. Il lui annonçait que son père les emmenait en Irlande, pour changer un peu d'air. Après cela, elle n'eut plus de nouvelles.

Lily passa les vacances enfermée dans sa chambre, à travailler pour ses Aspics. Par chance, Pétunia n'avait pas de vacances et sortait presque tous les soirs avec Vernon. Ces vacances auraient donc pu être reposantes si Lily ne s'inquiétait pas tant pour James. De plus, elle cherchait comment annoncer à ses parents qu'elle ne mettrait plus les pieds chez eux l'année suivante, mais elle ne trouvait aucune explication plausible qui ne les alarmerait pas. Elle renonça finalement, rien que pour profiter du plaisir d'être encore un peu une petite fille, et non une adulte qui allait se battre contre un des mages noirs les plus dangereux de l'histoire de la Sorcellerie.

La fin des vacances arriva enfin. Lily attendit quelque temps sur le quai mais ne vit pas arriver James. Elle alla s'asseoir avec ses amies, ainsi que Remus et Peter. Ils bavardaient, mais Lily ne parvenait pas à les écouter. Elle ne se rendit même pas compte que personne n'était d'humeur joyeuse. Le train s'ébranla sans que ni Sirius ni James ne se soit montré.

Mais enfin, la porte s'ouvrit. Sirius se tenait dans l'embrasure, sa malle à la main. Il leur sourit et Lily ne put s'empêcher de remarquer à quel point il était pâle. Ses cernes lui mangeaient le visage.

Remus se leva pour l'aider à monter sa malle dans les filets tout en lui demandant comment il allait. Lily n'entendit pas sa réponse, attirée par une voix qui venait du couloir :

- Ouais, on parlera de ça plus tard, ok ?

James apparut alors, marchant à reculons en traînant sa valise. Il se tourna vers ses amis et leur adressa un petit sourire.

- Désolé, Martin voulait qu'on parle de stratégie pour le Quidditch alors je...

Lily lui sauta au cou, coupant net sa phrase. James la serra contre lui sans plus se soucier de ce qu'il racontait et elle le sentit se détendre légèrement. Elle se détacha de lui et il put saluer ses amis et ranger affaires. Puis, au lieu de s'asseoir, il prit la main de Lily et l'entraîna hors du compartiment.

Comme le train venait tout juste de partir, les couloirs n'étaient pas encore encombrés par des élèves impatients et affamés. James trouva finalement un compartiment vide – chose assez facile, en raison du petit nombre d'élèves qui étudiaient alors à Poudlard, et fit entrer Lily. Il se laissa tomber sur la banquette et la jeune fille le rejoignit. Il appuya sa joue contre ses cheveux et souffla :

- Tu m'as manqué.

Ils restèrent silencieux quelques instants, jusqu'à ce que Lily s'écarte légèrement pour le regarder. Il était aussi pâle que Sirius et avait maigri. Lorsqu'elle lui en fit la remarque, il secoua la tête avec l'ombre d'un sourire.

- Ca m'étonnerait. On a peut-être pas beaucoup mangé quand on était en Irlande, mais le reste du temps Bathilda est venue tous les jours pour s'assurer qu'on ne se laissait pas mourir de faim. Ce n'était pas dans mes intentions mais c'est vrai que manger autre chose que des pâtes et des œufs était pas mal.

- Ton père ne cuisinait pas ?

- Non. Il arrivait à se secouer, tant qu'on était en Irlande, mais il a trop de souvenirs à la maison. C'est trop dur pour lui.

- Pas que pour lui, releva Lily en scrutant son regard.

Il prit sa main et déposa un baiser sur ses doigts.

- Non, pas que pour lui.

Il soupira et enfouit son visage contre le cou de Lily.

- Je viens de passer les pires semaines de ma vie, murmura-t-il, et j'ai l'impression que ce n'est pas fini.

Lily caressa ses cheveux en se demandant ce qui était le mieux pour lui : en parler ou se taire ? Finalement, elle décida de lui laisser le choix et ne dit rien. Le silence dura pendant plusieurs minutes avant que James n'ouvre de nouveau la bouche.

- J'ai revu tous les pensionnaires de la maison de retraite.

- Ah oui ?

- Ils ont tous tenu à venir à l'enterrement. Ils étaient tous très attachés à Maman.

- Ils en avaient l'air, quand je les ai vus.

- Ils m'ont demandé si nous serions là pour le bal du Nouvel An de cette année, mais je leur ai dit que ça risquait d'être compliqué.

- On sera peut-être en train de chasser des Mangemorts en rase campagne.

- Ouais. Tu sais, je pensais que l'enterrement m'aiderait à l'accepter, mais ça n'a pas fonctionné. Je n'arrête pas de me dire qu'il faut que je lui raconte telle ou telle chose, et puis... et puis tout d'un coup je me rappelle qu'elle n'est plus là.

Lily caressa doucement ses cheveux sans savoir quoi répondre. Au bout d'un moment, elle demanda :

- Comment va Bathilda ?

- Fidèle à elle-même. Elle a l'air inébranlable. Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans elle. Même maintenant, elle m'a dit qu'elle continuerait à aider Papa.

- Et Sirius ?

- Il gère ça comme il l'a toujours fait, quand quelque chose le contrarie : il ne dit rien. Je l'entendais faire les cent pas dans sa chambre, la nuit. Et Papa déambulait dans la maison.

- J'en déduis que tu ne dors pas beaucoup non plus.

Il secoua la tête et prit une profonde inspiration avant de dire :

- Je n'arrive pas à croire que je ne l'ai pas revue depuis le mois de février et ... que je ne la reverrai plus jamais.

- Ce n'est pas de ta faute, James. Tu ne pouvais pas rentrer chez toi.

- Je sais.

Elle le repoussa légèrement pour qu'il la regarde et lui sourit, ses yeux verts plongés dans les siens.

- Tu sais quel souvenir je veux garder d'elle ? Celui de son arrivée, avant qu'on parte pour le bal. On aurait dit un rayon de soleil.

Un sourire douloureux étira légèrement les lèvres de James.

- C'est vrai que c'est pas mal, de se rappeler d'elle comme ça.

Elle l'embrassa furtivement et caressa sa joue.

- Tu as l'air exténué.

- C'est le cas, répondit-il en essayant d'avoir l'air enjoué, mais cela ne réussit pas.

- On peut rester là, si tu veux.

Il hocha la tête, et ils s'installèrent aussi confortablement que possible sur l'étroite banquette, avant que James ne finisse pas s'endormir.


***


Les cours reprirent à Poudlard, malgré le soleil et le vent chaud qui attiraient les élèves à l'extérieur. Ceux qui n'avaient pas d'examens passaient chaque instant de leur temps libre dans le parc, tandis que les cinquièmes et septièmes années travaillaient avec ardeur.

James faisait de son mieux pour se concentrer, mais il avait l'impression de dériver, incapable de trouver un point d'attache. Il n'arrivait pas à déterminer si il n'arrivait pas à en trouver un, ou s'il ne voulait pas.

Il mettait un point d'honneur à faire comme si de rien n'était. Il riait aux blagues des autres élèves, tentait des plaisanteries en cours, et ne parlait jamais de sa mère. Bien sûr, tout Poudlard savait très bien ce qu'il s'était passé.

Sirius faisait moins d'efforts, se contentant d'être renfermé sur lui-même. La seule chose qui l'avait déridé était un petit sourire qu'Ethel lui avait adressé, alors qu'ils sortaient de leur cours commun de botanique.

A cause de Sirius, James ne parvenait même pas à être lui-même lorsqu'il était seul avec ses amis. Il ne se sentait pas le droit de s'effondrer alors qu'il savait que Sirius était dans le même état que lui. Il n'y avait qu'avec Lily qu'il se laissait aller. Elle ne lui demandait rien, n'exigeait rien de lui. Il passait parfois des soirées entières appuyé contre elle, sans dire un mot. Parfois, lorsqu'il était tard et que la salle commune était vide, il lui parlait de sa mère. Il lui racontait un souvenir, une bêtise qu'il avait faite lorsqu'il était enfant. Elle riait avec lui, lui parlait à son tour de son enfance, de sa relation avec Pétunia.

Il se leva un matin et s'aperçut que sa mère l'avait quitté depuis un mois. Et pourtant, la vie continuait.

La finale de Quidditch approchait. La défaite de Gryffondor à leur match précédent et la dernière idiotie des Maraudeurs avaient fait chuté Gryffondor pour la coupe des Maisons, mais James comptait bien rattraper ça – en grande partie parce qu'il avait peur que Jenny le frappe si Gryffondor perdait la coupe à cent points près. L'équipe s'entraînait avec ardeur, même si James avait renoncé à rajouter des heures. Sirius passait les séances à taper de toutes ses forces dans les cognards,et James en avait conclu qu'il s'agissait d'un moyen comme un autre de se défouler. Quant à James, gérer le stress d'Ernie lui permettait d'oublier ses propres soucis. Le pauvre poursuiveur était persuadé qu'il allait faire perdre Gryffondor alors qu'il s'en était très bien sorti durant l'année. James était parfaitement serein, du moins jusqu'à ce que le professeur McGonagall l'alpague, à la sortie d'un cours, et lui demande comment s'en sortait l'équipe. S'il y avait bien une chose qu'il craignait plus qu'une gifle de Jenny, c'était la réaction de McGonagall s'ils perdaient contre Serdaigle.

Au stress dû à la finale s'ajouta celui dû aux examens. James n'avait jamais imaginé qu'ils arriveraient si vite. Il se calait sur Lily pour travailler autant qu'elle, mais dépenser autant d'énergie pour apprendre des cours n'avait jamais été son fort. Persuadé – à juste titre - qu'il s'en tirerait très bien, il faisait le strict minimum et essayait de convaincre Lily que cela valait aussi pour elle. Elle finit par s'énerver contre lui et s'excusa vingt minutes plus tard, non sans exiger que James fasse de même. Il eut beau clamer que c'était de la tyrannie, il s'exécuta.

Face à cette volonté presque surhumaine de réviser, il renonça à passer un après-midi au soleil avec Lily.

Mais malgré tout ce qu'il faisait, malgré ses disputes avec Lily qui reléguaient pour quelque temps sa douleur, chaque soir ressemblait à l'autre. Lorsqu'il allait se coucher et fermait les yeux, la peine lui dévorait un peu plus le coeur.


***


Lily s'en voulait de s'être disputée avec James pour une stupide histoire de révisons. Elle avait peur de le blesser et avait parfois du mal à savoir comment se comporter avec lui. Pourtant, cette dispute lui semblait de bon augure.

Il riait et plaisantait avec les autres mais Lily sentait que cela sonnait faux. Elle lui laissait le temps de se remettre, mais elle commençait à redouter qu'il ne se noie dans ses souvenirs. Il y avait bien sûr le Quidditch, mais elle avait l'impression qu'il était encore plus mélancolique après les entraînements. Alors ce retour du James qu'elle connaissait, de ce flemmard invétéré qui cherchait à l'entraîner dans ses combines, lui plaisait.

Une idée lui traînait dans la tête depuis un bout de temps et elle décida de la mettre à exécution. Un samedi matin, une semaine avant la finale de Quidditch, elle se leva aux aurores, s'habilla sans bruit et se rendit jusqu'à la chambre de James. Elle poussa doucement la porte et se dirigea vers son lit, guidée uniquement par la pâle lumière du jour qui se levait. Elle jura tout bas lorsqu'elle trébucha sur une chaussure qui traînait au milieu de la pièce et se rattrapa de justesse à un des piliers du lit à baldaquin de James. Elle écarta les rideaux et sourit. James était affalé sur le ventre, la bouche entrouverte. Elle s'assit sur le bord du lit et écarta des mèches de cheveux qui balayaient le front du jeune homme.

- Debout, James, appela-t-elle à mi-voix en lui tapotant la joue.

Il grogna, se roula en boule et lui tourna le dos. Le drap glissa de ses épaules et Lily s'aperçut non sans rougir qu'il dormait torse-nu. Un petit sourire triomphant étira ses lèvres et elle posa ses mains froides dans le creux de ses reins.

Il fut agité d'un violent frisson et faillit lui écraser les mains en se mettant brusquement sur le dos.

- Mais qu'est-ce que je t'ai fait ? Gémit-il.

- Lève-toi ! J'ai une proposition à te faire.

Il se frotta les yeux et interrogea :

- Je suis obligé ?

- Oui. S'il te plaît.

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