IV - Chapitre 25

Note du Beta : Bonsoir petit têtard qui désire connaitre la suite de l'histoire. Aujourd'hui, Apibeurzdaye a un bébé pas encore célèbre, zoom sur le futur membre de l'équipe pédagogique de Poudlard le plus détesté de l'histoire et encore une fois des morts des drames et du sang. Toute façon je sais pas si vous espérez grand chose mais je vous le dis de suite, on est arrivé à un point de cette fic ou on va plus se marrer du tout. Mais tout de meme bonne lecture. Bisou baveux sur vos coudes gauche.

Chapitre 25

Severus Rogue arpentait les couloirs de Poudlard sans se cacher, le regard fixé droit devant lui. Sa longue cape noire fouettait l'air derrière lui. Il tentait de s'imaginer fendant une foule d'élèves surexcités mais n'y parvenait pas. Il serait à peine plus âgé qu'eux. Pour la centième fois, il maudit intérieurement Voldemort de lui demander une chose pareille.

Parvenu devant la statue qui permettait l'accès au bureau de Dumbledore, il grommela le mot de passe (« Supercalifragilistic ») et monta. Dans le hall d'entrée des appartements du directeur se trouvait un autre homme, chétif, âgé, et dégoulinant de sueur. Rogue lui jeta un regard méprisant avant de se poster dans un coin, les bras croisés. Horace Slughorn avait eu la brillante idée de prendre soudainement sa retraite. Il avait prévenu Dumbledore au beau milieu de l'été. Apparemment, l'idée de retourner à Poudlard l'avait tout d'un coup épouvanté. Le directeur, complètement pris au dépourvu, avait négocié et finalement obtenu qu'il garde son poste jusqu'à la fin du mois de décembre. Cela laissait plus de temps à son remplaçant pour se préparer.

Les mâchoires de Severus se contractèrent. Il n'avait pas eu à chercher bien loin. Voldemort avait eu vent de la démission de Slughorn presque aussitôt et avait mandé Rogue. Il voulait un homme à l'intérieur de Poudlard, et ce serait lui. Il était doué en potion, jeune et moins compromis que la plupart des Mangemorts grâce à sa discrétion – il n'était pas le genre à se vanter de ses exploits. Il avait sommé le jeune homme d'obtenir le poste par n'importe quel moyen. Fort heureusement, l'idée plaisait à Dumbledore. Rogue n'avait donc pas eu à éliminer ses concurrents.

Il adressa un reniflement méprisant au Sorcier qui attendait son entretien avec le directeur. Il n'aurait eu aucun mal à le mettre hors course. Un peu d'intimidation aurait certainement suffit.

Quinze heures sonnèrent et la porte du bureau s'ouvrit avec promptitude, révélant la figure souriante du directeur. Il invita le premier homme à entrer, sans jeter le moindre regard à Rogue. Il continua donc à patienter, pianotant impatiemment sur son avant-bas. Enfin, le directeur raccompagna le premier candidat puis invita Rogue à entrer. Ils ne prononcèrent pas un mot avant d'être assis. Dumbledore le fixait d'un regard pénétrant, qui faillit mettre Rogue mal à l'aise.

- Alors, Mr. Rogue, vous souhaitez obtenir le poste de maître des potions à Poudlard.

- Parfaitement.

- Vous n'avez aucune qualification en dehors des vos Aspics.

- Est-ce que nous allons réellement jouer à ce petit jeu ?

Dumbledore croisa ses lents doigts sur le bureau et plissa un peu les yeux.

- Comprenez-moi bien, Severus. Je vais vous engager, pour renforcer votre couverture, mais aussi pour vous garder à l'abri. En ces murs, vous ne pourrez commettre aucune félonie, aucun acte malfaisant. Il ne s'agit nullement d'un petit jeu : je vais vous confier mes élèves, et je veux que vous les éduquiez, leur appreniez toutes les subtilités de l'art des potions. Je vous donne le poste, mais j'attends de vous que vous soyez un professeur exemplaire. Est-ce bien clair ?

A contre-coeur, Rogue hocha la tête.

- Je vous donnerai des informations à transmettre à Voldemort de temps en temps. Espacez au maximum les rencontres avec les Mangemorts : vous êtes à partir de maintenant un homme de Poudlard avant tout. Je ne souhaite pas vous voir courir la campagne avec une cagoule sur la tête. Justifier votre présence ici va être suffisamment compliqué comme ça. Même si vous n'avez pas une renommée retentissante, certains Aurors vous connaissent.

Le jeune homme acquiesça à nouveau. Il n'avait pas songé à cet aspect des choses.

- Comment..., commença-t-il.

- Laissez-moi faire ce travail, coupa Dumbledore avec un geste négligent de la main. J'ai de l'influence, j'imposerai ma décision. Par ailleurs, nous avons encore cinq mois pour vous réhabiliter avant que vous ne preniez votre poste.

- Comment vous transmettrai-je des informations sur l'autre camp si je ne suis jamais avec eux ? Interrogea Rogue, les doigts crispés sur le bord du bureau.

Trahir n'était pas devenu plus facile avec le temps.

- Ne vous occupez pas de ça.

- Mais notre arrangement...

- Notre arrangement, interrompit le directeur, est que vous ferez tout ce que je vous demande. Ce que je vous demande, c'est d'être professeur à Poudlard, de vous montrer à la hauteur de ce poste, de faire attention à vos élèves, de communiquer avec vos collègues. Je sais que ce ne sera pas facile de vous faire accepter, avec les soupçons qui pèseront sur vous. Mais je suis sûr que vous êtes capable de passer au-dessus de tout cela. L'indifférence est toujours la meilleure arme.

Rogue fronça les sourcils, mais hocha la tête une troisième fois. Dumbledore le dévisagea encore quelques secondes avant de changer brutalement de sujet. L'air bien plus détendu, il entreprit de lui expliquer les modalités de son contrat.

Lorsque Rogue quitta le bureau une heure plus tard, il se sentait confus. Il ne comprenait pas les intentions de Dumbledore, qui l'empêchait de voir les Mangemorts, de récolter des informations sur leurs agissements. Il descendit les volées de marches qui menaient au rez-de-chaussée, songeur. Qu'avait-il dit, au début de l'entretien ? Il souhaitait le mettre à l'abri. Mais à l'abri de quoi ?

La réponse le frappa alors qu'il traversait le parc. A l'abri de lui-même. De son penchant pour la magie noire, de son allégeance à Voldemort. En le gardant enfermé à Poudlard, le directeur s'assurait qu'il n'assassinerait personne, ne serait plus la cause de l'apparition de la Marque des Ténèbres au-dessus d'une maison. Il maudit intérieurement Albus Dumbledore. Et s'il ne souhaitait pas être mis à l'abri ?

La colère l'envahit, aussi décida-t-il de marcher jusqu'à Pré-au-Lard plutôt que de transplaner aussitôt. Il avançait à grandes enjambées furieuses, l'esprit en ébullition. Dumbledore s'était mis en tête de le sauver. Après l'avoir méprisé si violemment, il voulait à présent le pousser à la rédemption. Rogue ferma un court instant les yeux. Derrière ses paupières passa en un éclair l'imagine d'une rousse aux yeux verts.

C'était pour Lily, uniquement pour Lily qu'il endurait tout cela. Que penserait-elle de son poste à Poudlard ? S'il se rachetait, si elle apprenait ce qu'il avait fait pour elle, lui pardonnerait-elle ? Ou le détesterait-elle toute sa vie parce qu'il avait rapporté la prophétie à Voldemort ?

Lorsqu'il atteignit le village sorcier, il était un peu plus calme. Peut-être son poste à Poudlard lui permettrait-il un jour de revoir Lily Evans.

***

Sirius se hâtait dans les rues de Godric's Hollow, une longue boîte rectangulaire couverte de papier cadeau sous le bras. Il ne pouvait s'empêcher de sourire en songeant au petit garçon auquel il l'apportait. Difficile de croire que Harry était venu au monde un an plus tôt. Jamais il n'aurait cru s'attacher autant au bébé, et pourtant... Il pouvait passer un temps fou à jouer avec lui. Il se rappelait encore d'un soir où Harry s'était endormi sur ses genoux après avoir bu son biberon. Sirius n'avait jamais ressenti auparavant un tel élan de tendresse pour quelqu'un. Il était si petit, si vulnérable.

Et il avait déjà un an.

Il frappa chez les Potter. James ne tarda pas à lui ouvrir, uniquement vêtu d'un caleçon et l'air peu réveillé. Il exécuta les contrôles de sécurité d'une voix pâteuse puis interrogea :

- Mais qu'est-ce que tu fais là aussi tôt ? Harry vient juste de nous réveiller.

- Je viens fêter son anniversaire ! s'exclama-t-il joyeusement en entrant dans la cuisine, où Lily préparait le biberon d'un bébé geignard assis dans son transat. Joyeux anniversaire, mon grand !

Il planta un baiser sur le crâne chevelu de Harry, qui cessa un instant de pleurer pour lever un regard étonné vers son parrain. Lily en profita pour lui fourrer son biberon dans la bouche. Les deux parents poussèrent un soupir de soulagement. Lily se laissa tomber sur une chaise et James revint au bout de quelques minutes, un peu plus vêtu.

- Je ne peux pas rester très longtemps, expliqua Sirius après avoir décliné une tasse de café. Je dois aller au Ministère, mais je voulais déposer son cadeau à Harry.

- Je t'écrirai pour te dire ce qu'il en pense, sourit Lily. Qu'est-ce que tu dois faire au Ministère ?

- Aucune idée pour le moment. On m'expliquera sur place. Hé, Harry, tu sais que j'étais là quand tu es né ? Je suis même arrivé avant ton père ! J'aurais dû t'adopter.

- Ouais, j'ai vraiment l'impression que changer des couches t'éclate, grommela James après avoir avalé une gorgée de thé.

- Quelqu'un s'est levé du pied gauche, commenta-t-il.

- Oh, la ferme Patmol. Harry s'est réveillé au milieu de la nuit. Et regarde le maintenant ! Il va retourner vers la sieste dans deux heures et nous on va se traîner notre mauvaise nuit toute la journée.

Sirius avait appris depuis longtemps à ne pas s'offusquer des plaintes de James, qui lui paraissaient souvent dérisoires. Après tout, il n'avait pas besoin d'être reposé car il ne veillerait pas toute la nuit devant la planque d'un Mangemort, et il pourrait faire la sieste car il ne passerait pas la journée à surveiller un éminent membre du Magenmagot. Cependant, il s'agissait de ses soucis quotidiens, et il avait le droit d'être agacé. Sirius ne voulait pas lui renvoyer son enfermement et son inaction à la figure. Il laissa donc couler.

- Qu'est-ce que vous avez prévu, pour son anniversaire ? Reprit-il.

- Il a un an, rit Lily, je doute qu'il remarque la fête qu'on pourrait faire pour lui.

- Vous n'avez rien prévu ? s'offusqua-t-il. Mais, Lily !

- Si, on a un cadeau, si c'est ça la question. Et je ferai peut-être un gâteau.

- Il faut un gâteau ! Et une bougie ! Si ce n'est pas pour lui, faites le au moins pour vous. Pour fêter l'arrivée de votre bébé !

Il vit au petit sourire de Lily qu'il l'avait convaincue. James fixait son fils comme s'il essayait de déterminer s'il était reconnaissant de son existence ou non. Finalement, il lui caressa doucement la joue avant de se retourner vers les deux autres.

- Vous vous rappelez comme il était minuscule ? C'est difficile à imaginer maintenant.

- Et ses tous petits doigts ! Renchérit Lily.

- Et sa petite tête de crapaud, ajouta Sirius.

James éclata de rire avec lui alors que Lily se penchait pour tapoter la tête de son fils.

- Ne les écoute pas mon chéri, tu étais le plus mignon des nouveaux-nés.

- Hé, Lily, tu te rappelles de la tête de Sirius la première fois qu'on lui a mis Harry dans les bras ? s'esclaffa James.

Lily pouffa, tandis que Sirius répondait :

- Je ne sais pas à quel moment vous vous êtes dit que c'était une bonne idée. J'étais moi-même sûr que j'allais le laisser tomber par terre.

- Tu te sous-estimes, rétorqua Lily en reprenant le biberon désormais vide à l'enfant. Tu fais un très bon parrain.

Sirius se sentit rougir, fait suffisamment rare pour être noté. Il balaya le compliment de Lily d'un geste de la main puis, avisant la petite horloge posée près de la cuisinière, se leva.

- Il faut que je file, mais profitez bien de cette journée. Invitez Bathilda ! Elle sera ravie.

- Elle s'invite toute seule à peu près tous les jours, rassure-toi, répondit James après un bâillement.

- Justement, une vraie invitation, ça fera plus festif.

- Merlin, quand est-ce que tu es devenu un fanatique des fêtes de famille ?

Sirius se figea, à mi-chemin entre la cuisine et l'entrée. Il se retourna, considéra les trois Potter – l'un d'entre eux mangeait ses pieds – et se sentit soudain ému.

- Depuis que j'en ai une, murmura-t-il.

- Comment ? Demanda James, les sourcils froncés.

- Depuis que tu es un sale type de mauvaise humeur le matin, reprit-il plus fort. Allez, salut les enfants, amusez-vous bien ! Lily, j'attends un compte-rendu des aventures de Harry avec mon cadeau !

- Tu m'inquiètes un peu ! Lança la jeune femme alors qu'il refermait la porte derrière lui.

Il eut un sourire satisfait et reprit sa marche dans Godric's Hollow, prêt à affronter une nouvelle journée au service de l'Ordre.

***

Lily aurait dû se douter que Sirius ne ferait pas dans la demi-mesure. Tandis que James aidait Harry à déballer le cadeau offert par son parrain, elle se demanda ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Un balai jouet ? Merlin, Harry avait un an, pas cinq ! Il était hors de question qu'il monte dessus.

- Un balai jouet ! s'exclama James, visiblement ravi. Lily, tu as vu ça ? On va en faire un champion de Quidditch ! Allez, en selle !

- Quoi ? Tu es dingue, il ne va pas...

Mais Harry riait, ravi, tandis que son père l'installait à cheval sur le balai miniature.

- Rassure-toi, il ne monte à plus de soixante centimètres du sol, lança James. C'est parti, champion, on tape du pied et on décolle !

Lily voyait mal comment son fils, qui ne tenait toujours pas debout sans support, allait pouvoir voler sur un balai, mais James ne doutait de rien. Après quelques tentatives infructueuses pour faire décoller le jouet, James réalisa enfin qu'il lui fallait taper le manche avec sa baguette. Il fila la chercher puis tapota le bois. Lily, morte d'inquiétude, regarda le balai s'élever lentement dans les airs. Harry poussa un cri de joie, mais bascula soudain sur le côté. James le rattrapa de justesse. Lily voulut aussitôt l'arracher au balai, mais le bébé s'y agrippa avec une force surprenante. James négocia quelques minutes et obtint finalement le droit de lui faire faire deux essais supplémentaires. Dès le second, Harry parvint à rester sur son balai sans basculer.

- Sirius est dingue, marmonna-t-elle tandis que Harry faisait le tour du salon, à soixante centimètres du sol, son père près de lui.

Les éclats de rire de son fils finirent pourtant par avoir raison de sa réticence. Si ce cadeau le mettait réellement en joie, elle ne pouvait s'y opposer – du moins, tant qu'il ne l'utilisait que sous l'étroite surveillance d'un adulte.

Cette vigilance se révéla bien vite nécessaire. Le bébé ne menaçait plus de chuter de son balai, mais plutôt de provoquer des catastrophes. Il fonça droit sur Gandalf, qui observait la scène avec méfiance depuis que James avait sorti le balai de sa boîte. Le chat s'enfuit de justesse et refusa d'entrer dans le salon durant tout le reste de l'après-midi. Il aurait probablement fallu faire jouer Harry dehors, mais la pluie tombait averse. Lily fut bien vite fatiguée de surveiller son fils, mais James ne se lassait pas du jouet, pas plus que Harry. Assise dans un fauteuil, une livre entre les mains, la jeune femme sourit pour elle-même. Elle avait parfois l'impression d'avoir deux garçonnets à sa charge plutôt qu'un seul.

En fin d'après-midi, alors qu'elle achevait de préparer un gâteau pour le dîner qu'ils partageraient avec Bathilda, un bruit de fracas lui parvint du salon. Elle s'y précipita, pressentant le pire, et trouva James à genoux par terre, Harry debout près de lui, la main posée sur son dos. Tous deux levèrent la tête vers elle quand elle entra, l'air également coupable.

- Il a cassé un vase, expliqua James avec une grimace.

Lily jeta un coup d'oeil aux débris puis éclata de rire. James parut aussitôt soulagé, même s'il semblait également un peu perplexe.

- C'est le vase que m'a offert Pétunia, expliqua-t-elle en pouffant toujours. Je détestais cette chose.

- Oh, merci Merlin, moi aussi, soupira-t-il. Je n'ai jamais osé te le dire parce que tu n'as fait aucun commentaire dessus.

La jeune femme l'aida à nettoyer tout en songeant aux circonstances dans lesquelles sa sœur lui avait envoyé ce vase. Elle l'avait reçu près de deux semaines après Noël, accompagné d'un bout de feuille blanche sur lequel Pétunia avait griffonné : « Joyeux Noël. P. ». Lily n'avait aucune preuve, mais elle était certaine qu'il s'agissait d'un cadeau de Noël fait à Pétunia, qu'elle avait détesté et dont elle s'était débarrassée en l'envoyant à sa sœur. La situation l'avait plus amusée qu'autre chose. Elle-même lui avait envoyé un livre, mais elle n'avait pas fait beaucoup d'effort pour trouver quelque chose qui lui plairait. Quoi qu'il en soit, elle était soulagée que le vase soit cassé. Elle n'aurait su dire pour quelle raison exactement elle l'avait gardé et ainsi exposé dans le salon, mais elle se serait sentie coupable de le cacher. Elle en était à présent débarrassé sans que ce soit de sa faute. Néanmoins, elle se servit de l'incident pour mettre confisquer le balai-jouet pour la soirée. Harry hurla à pleins poumons, James fit la moue, mais elle se montra catégorique.

Bathilda arriva une heure plus tard avec un phénix en peluche pour Harry. James mentionna le balai-jouet, qu'elle demanda aussitôt à voir. Lily céda face à la majorité et ressortit le cadeau, pour le plus grand bonheur de James et Harry. Il fila aussitôt entre les jambes des adultes et Bathilda, qui avait apporté son appareil photo pour la circonstance, immortalisa le moment. Ils dérogèrent pour une fois aux horaires de coucher du bébé et le gardèrent avec eux pour le dîner.

James et Lily ne se retrouvèrent seuls que tard le soir. Après avoir fait la vaisselle, James rejoignit sa femme sur le canapé. La jeune femme se blottit contre lui et il passa un bras autour de ses épaules. Elle cala sa respiration sur le rythme des battements de son cœur. Les yeux fermés, elle invoqua les images de la maternité, des tous premiers instants de Harry dans le monde. Comme si James lisait dans ses pensées, il murmura :

- Il était si minuscule.

- Je n'arrive pas à croire que c'était il y a un an. C'est passé vite et en même temps...

- En même temps affreusement lentement.

Elle hocha la tête tandis qu'il faisait glisser sa main dans son dos.

- Il a quand même l'air d'un petit garçon heureux, souffla-t-elle.

- Hmm.

Lily se redressa et caressa la joue de son mari.

- Je suis désolée que tu ne le sois pas.

- Je n'ai pas dit ça, protesta-t-il. Je... Parfois, je le suis. Notre famille me rend heureux. C'est juste...

- Je sais, coupa-t-elle. C'est pareil pour moi.

Il lui adressa un sourire, mais ses yeux étaient tristes. Elle s'appuya à nouveau contre lui et pria Merlin et toutes les forces occultes pour que le prochain anniversaire de Harry ne soit pas célébré dans de telles circonstances.

***

L'anniversaire de Harry avait rappelé à James que le temps passait sans que leur situation n'évolue. Dans les jours qui suivirent, il se montra morose, ne s'éclairant que lorsque Harry volait sur son balai. Lily avait caché tout ce qui était susceptible de se briser dans le salon, mais elle ne protestait plus quand Harry montait sur le jouet. Il ne pouvait toujours pas voler dehors car le temps était aussi triste que l'humeur de James.

Il reprit le travail sur son balai ; bientôt, il essaierait de le faire voler. Malheureusement, le projet ne l'enchantait plus autant qu'avant. Il avait l'impression que cela ne servirait à rien : il était de toute façon condamné à vivre enfermé dans cette maison jusqu'à la fin de ses jours.

Lily avait admis que sortir du Fidelitas était possible, si jamais il ne supportait plus l'enfermement, malheureusement sa cape d'invisibilité était à présent aux mains de Dumbledore. Par ailleurs, il savait lui-même qu'il se montrait peu raisonnable. Il avait quitté la maison pour Poudlard seulement deux semaines plus tôt. Il fallait qu'il tienne encore un peu le coup.

Trois jours après l'anniversaire d'Harry, Bathilda passa comme à son habitude déposer des courses. Elle avait avec elle la dernière édition de la Gazette, qu'elle déposa sur la table basse. James s'empressa de prendre le journal avant que Harry, debout à l'autre bout de la table, ne puisse baver dessus. Il ne comptait pas la lire tout de suite mais plutôt profiter de la présence de leur voisine, seulement son œil fut attiré par le gros titre. Il se figea au milieu du salon, sans même remarquer son fils qui était venu s'accrocher à la jambe de son pantalon. Il déplia lentement le journal et lut les premiers mots de l'article. A ses pieds, Harry s'énervait mais il l'entendait à peine. Il sursauta finalement quand un bruit sourd résonna, suivi de hurlements.

- Oh, Harry ! James, tu n'as pas vu qu'il...

La voix de Lily mourut dans sa gorge quand son mari leva vers elle un regard vide. Elle avait soulevé Harry dans ses bras, et James réalisa en voyant la bosse qui se formait déjà sur son crâne qu'il avait dû tomber.

- James ? Murmura-t-elle, à présent livide.

Il s'éclaircit la gorge avant de répondre :

- Les McKinnon.

- Marlène ? Bredouilla Lily.

- Toute la famille.

De ses doigts légèrement tremblants, il leva la une du journal pour qu'elle puisse lire le titre elle-même : « Meurtre de Gary McKinnon : un coup dur pour le département de la Justice magique ».

- Ils ne parlent que de son mari, protesta Lily.

- Lis le début.

- « Dans la nuit du 2 au 3 août, Gary McKinnon ainsi que sa femme et ses enfants ont été... ».

Sa lecture fut interrompue par le sanglot qui lui déchira la gorge. Elle porta sa main libre à ses lèvres pour se contrôler. Harry regardait sa mère, stupéfait. Comme s'il sentait sa détresse, il colla sa tête à la sienne.

Bathilda revint à ce moment-là dans le salon en déclarant :

- Vous devriez faire des réserves de bois pour cet hiver, bientôt...

Elle se tut lorsqu'elle avisa les joues striées de larmes de Lily, ainsi que le visage blême de James. Ses yeux gagnèrent la une du journal, que James brandissait toujours, et elle fronça les sourcils.

- Vous connaissiez les McKinnon ?

- Marlène, répondit sèchement James, plus sèchement qu'il ne l'avait voulu.

Un nouveau sanglot ébranla Lily mais, avant que James n'ait pu faire un geste vers elle, elle s'enfuit à l'étage avec son bébé. Son mari se laissa tomber dans le canapé et lâcha la Gazette. Ils avaient vécu la mort de nombreuses connaissances, durant ces dernières années. Six mois plus tôt, ils avaient perdu William. Pourtant, la nouvelle était à chaque fois aussi difficile à encaisser. James était d'autant plus horrifié que les enfants de Marlène et Gary avaient eux aussi été supprimés.

- Ils étaient innocents, murmura-t-il.

- Est-ce que tu veux que j'aille voir Lily ? Proposa Bathilda en commençant déjà à avancer vers l'escalier.

- Non ! Non, laisse la. Elle a besoin de pleurer. Elle descendra d'elle-même quand ça ira mieux.

La vielle Sorcière hésita un instant puis déclara finalement qu'elle allait rentrer. James la remercia distraitement pour les courses, s'excusa un peu de la recevoir ainsi, mais se sentit plutôt soulagé quand la porte se referma derrière elle. Pour elle, les McKinnon n'étaient qu'une famille de fonctionnaires, probablement assassinés à cause d'une action politique mal venue. Il y avait sans doute un peu de cela, mais il savait qu'ils étaient tellement plus. Gary ne faisait pas partie de l'Ordre du Phénix mais James avait cru comprendre qu'il défendait leurs intérêts au Ministère. Quant à Marlène, elle avait tellement sacrifié pour l'Ordre. Il se rappela avec émotion toutes ces soirées où elle s'était dépêchée de rentrer chez elle pour pouvoir dire bonsoir à ses enfants.

Il reprit le journal et lut l'article. Il fut agacé de constater qu'on mentionnait à peine Marlène, mais il se raisonna. Son rôle auprès de l'Ordre était resté secret. Pour la plupart des gens, elle n'était que la femme de Gary McKinnon. Le journaliste la décrivait presque comme un bel accessoire auprès du magistrat. James l'aurait bien étripé. Il se força tout de même à aller au bout de sa lecture puis ferma les yeux. Les autres membres de l'Ordre et lui-même garderaient la mémoire d'une jeune femme dotée d'une grande puissance magique, toujours gracieuse, toujours souriante, féroce mais pourvue d'un vrai cœur de mère.

L'idée que cette Sorcière si puissante, accompagné d'un mari non moins puissant, ait été assassinée l'angoissait. Il jeta un nouveau coup d'oeil à la une et frissonna. Personne n'était à l'abri.

***

(L'extrait suivant est tiré de Harry Potter et les reliques de la mort).

« Cher Patmol,

Merci, merci pour le cadeau d'anniversaire de Harry ! C'est de très loin celui qu'il a préféré. Un an et il file déjà sur un balai-jouet ! Tu ne peux pas savoir comme il était content, je te joins une photo pour que tu le voies toi-même. Comme tu le sais, le balai ne vole qu'à soixante centimètres de hauteur mais Harry a failli tuer le chat et il a pulvérisé un horrible vase que Pétunia m'avait offert pour Noël (ce dont je ne me plains pas). Bien entendu, James a trouvé ça très drôle, il a dit qu'il deviendrait sûrement un grand joueur de Quidditch, mais nous avons dû enlever tous les bibelots et nous le surveillons de près chaque fois qu'il fait un tour avec.

Nous avons eu un dîner d'anniversaire très tranquille, simplement nous et Bathilda qui a toujours été charmante avec nous et qui adore Harry. Nous étions désolés que tu ne puisses pas venir, mais l'Ordre passe avant tout le reste et d'ailleurs, Harry n'est même pas assez grand pour savoir que c'est son anniversaire ! James commence à en avoir assez d'être enfermé ici, je le vois bien. De plus, Dumbledore a toujours sa cape d'invisibilité, toute escapade lui est donc interdite. Si tu pouvais venir nous voir, il serait ravi. Le petit Queudver état là le week-end dernier, j'ai trouvé qu'il n'avait pas le moral, mais c'était sans doute à cause de ce qui est arrivé aux McKinnon. J'ai pleuré toute la soirée quand j'ai appris la nouvelle.

Bathilda vient nous voir presque tous les jours, cette petite vielle est fascinante, elle raconte des histoires absolument extraordinaires sur Dumbledore, mais je ne suis pas sûre qu'il en serait ravi s'il le savait ! J'ignore ce qu'il y a de vrai dans tout ça, car il semble incroyable que Dumbledore... »

(fin de l'extrait)

Lily leva sa plume lorsque deux bras glissèrent autour de son cou. James appuya sa joue contre la sienne et y déposa un baiser.

- A qui est-ce que tu écris ?

- Sirius. Ça fait dix jours qu'on n'a pas eu la moindre nouvelle.

- D'après Peter, ils sont très occupés tout à coup.

- Il avait l'air triste, non ? Interrogea-t-elle tout en caressant distraitement le bras de son mari.

- Je pense qu'il est effrayé. La mort des McKinnon a été un coup dur pour tout le monde.

- Quand je pense qu'on a vu Marlène il y a trois semaines seulement... Tout paraissait si simple, pendant la réunion de l'Ordre.

- Je sais, murmura-t-il.

- Dumbledore nous a rassemblés pour reformer un esprit d'unité mais...

- Comment y parvenir si nous mourons les uns après les autres ? Acheva-t-il pour elle.

Elle crispa ses doigts autour de son poignet et fixa le mur de leur chambre, contre lequel était poussé le bureau. Pour la première fois depuis qu'ils étaient enfermés à Godric's Hollow, elle formula la pensée qui ne l'avait jamais vraiment quittée.

- Tu crois qu'on va s'en sortir ? Demanda-t-elle dans un souffle.

Seul le silence lui répondit.  


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top