IV - Chapitre 20

Note du bêta : SALUTE MES BRETZEL AU NUTELLA ! C'est l'été il fait chaud et ça fait tellement de nombreuses années que je vous sort ça... Sérieusement ça fait au moins trois ans que je suis bêta ! Snifouille le temps passe si vite.Hormis ma sensiblerie je vous présente le chapitre du jour. Dans celui la, le braquage du siècle va être mis en place par une équipe digne de Prison break, un nouveau couple trop mignon va se dévoiler et un vieux couple tout grognon va se disputer. J'en dis pas plus gros bisous lechouille love love et surtout hydratez vous c'est le plus important !

Note de moi : je suis de retour ! J'espère que vous profitez des vacances qui commencent parce que pas moi :D Petit rappel : Margaret a quitté l'Angleterre, la maman de Remus est décédée des conséquences de son enlèvement par les Mangemorts deux mois plus tôt. Sirius prépare une mission contre les Lestrange et James l'a aidé à la préparer, complètement dans le dos de Lily. Il travaille aussi à la création d'un nouveau balai. On est au mois d'avril donc bébé Harry a huit mois à peu près. 

Chapitre 20

Sirius détestait que des membres de l'Ordre lui rappelle que sa connaissance des familles Sang-Pur était un avantage. Cela lui donnait toujours l'impression qu'ils le considéraient un peu comme l'ennemi. Quand Maugrey l'avait approché pour lui parler de son nouveau plan, Sirius avait commencé par faire la sourde oreille. Il se fichait de la fortune des Lestrange et de celle des Malefoy, de leurs manoirs et de la volonté de Maugrey de les priver de leur fortune.

C'était James qui l'avait convaincu. James, qui avait toujours cru en lui. Ils en avaient longuement discuté et Sirius avait finalement accepté de faire remonter à la surface tous ses souvenirs d'enfance pour aider Maugrey dans son plan délirant. Il lui avait décrit autant que possible les manoirs Malefoy et Lestrange. Maugrey avait désigné Emmeline Vance et Gideon Prewett pour l'aider dans sa tâche.

Sirius leva les yeux sur la maison biscornue devant laquelle il venait de s'arrêter. Un petit écriteau planté dans le jardin mal entretenu indiquait « Le Terrier ». Amusé, Sirius poussa la barrière et alla frapper à la porte d'entrée. Elle s'ouvrit toute seule et il avança prudemment dans une grande cuisine encombrée d'une table en bois en son milieu. Une multitude de chaises hautes pour enfant l'entouraient. Gideon était assis entre deux d'entre elles. Il leva à peine les yeux vers lui avant de lui faire signe de s'asseoir.

- Désolé, je termine juste cette lettre, marmonna-t-il. Voilà, c'est bon. Ma sœur tient à ce que je lui écrive pour lui assurer que la maison n'a pas explosé.

- Ils sont en vacances ? Interrogea Sirius tout en fouillant la cuisine du regard.

Les plans de travail étaient bien rangés, les placards couverts de dessins d'enfants. Il pouvait apercevoir le salon, qui semblait être un endroit où il faisait bon vivre.

- Ouais. Ils en profitent, tant que les enfants ne sont pas à Poudlard. Ils sont allés en Irlande.

- Ils savent que tu utilises leur maison pour préparer des mission suicidaires ?

- Absolument pas.

- Ah, parfait.

- Bon, s'exclama Gideon en repoussant son nécessaire à correspondance, on commence ?

- On attend Vance.

- Ah. Maugrey m'a dit que vous aviez préparé un peu la mission en amont ?

- Il m'a torturé, oui, grommela Sirius. Tu n'imagines pas le temps qu'on a passé enfermé dans le Snargalouf pour qu'il me fasse passer des interrogatoires.

Gideon haussa un sourcil roux tout en attirant à lui une boîte de cookies.

- A quel sujet ?

- Mes souvenirs d'enfance. Je n'en ai pas assez à son goût. J'ai bien cru que j'allais l'étrangler, le dernier jour. Il a prétendu que je ne faisais pas assez d'effort. Je lui ai répondu qu'il pouvait aller se faire...

- Salut les garçons !

Sirius laissa sa phrase inachevée et salua Emmeline, qui semblait d'humeur guillerette. Elle tira une chaise près de lui et s'exclama joyeusement :

- Alors, contre qui est-ce qu'on tente une attaque foireuse, cette fois-ci ?

- Maugrey ne t'a pas du tout dit de quoi il s'agissait ? s'étonna Sirius.

- Non, il était pressé. Il m'a dit un truc genre « Mission, dangereux, vois avec Gideon, salut ». Et puis il est parti.

- On peut toujours compter sur lui pour l'organisation, râla Sirius. Pas étonnant que l'Ordre parte à vau-l'eau.

- En même temps, ce type gère toute la défense de la Grande-Bretagne pratiquement à lui tout seul, intervint Gideon. Difficile de lui en vouloir.

- Il a le droit de déléguer, rétorqua Sirius.

- C'est ce qu'il fait. C'est pour ça qu'on est là, non ? J'ai cru comprendre que le Bureau des Aurors gérait le manoir Malefoy pendant qu'on s'occupait de celui des Lestrange.

Sirius ne trouva rien à répondre et Emmeline lui jeta un regard amusé pour lui signifier qu'il avait perdu. Il grogna et entreprit de fouiller dans son sac sans rien ajouter. Il en sortit des parchemins enroulés qu'il entreprit de déplier sur la table. Emmeline et Gideon l'aidèrent en les maintenant à plat avec des verres et des bols vides. Quand tout fut étalé, Sirius considéra un instant ses plans, les poings sur les hanches. C'était la première fois qu'il montait une opération tout seul (enfin, avec l'aide de James) et il espérait ne pas avoir fait de bêtise.

- On doit agir dans cinq jours.

- Cinq jours ? s'insurgea Emmeline. Tu ne pouvais pas nous prévenir plus tôt ?

- Maugrey a imposé le délai. Pour éviter les fuites.

La jeune femme grommela, agacée. Gideon ne les écoutait même pas, trop occupé à regarder un plan du manoir Lestrange.

- Ne vous en faites pas, tout est déjà prévu. Si on est là, c'est pour que je vous mette au courant de l'opération et qu'on vérifie ensemble qu'il n'y a pas de faille.

- Bon, céda Emmeline. Vas-y, c'est quoi le plan ?

- Comme la plupart des familles Sang-Purs, les Lestrange gardent tout leur argent chez eux.

- Qu'est-ce que c'est ce que cette lubie encore ? Coupa-t-elle. Tout le monde sait qu'il n'y a pas d'endroit plus sûr que Gringotts.

- Peut-être, mais Gringotts est tenu par les gobelins, et ils sont considérés comme inférieurs.

- Eh, intervint Gideon, vous savez pourquoi les Sorciers détestent les Gobelins ?

Sirius haussa un sourcil perplexe dans sa direction. Le grand roux souriait, l'air fier de lui.

- Non, Gid, pourquoi ? Soupira Emmeline, atterrée.

- Parce qu'ils leur cherchent des noises !

Il se mit à rire tout seul alors que Sirius tentait de retenir un sourire. Il se rappelait très bien du jour où Peter leur avait sorti cette blague, durant leur première année à Poudlard. C'était l'une des premières fois que le petit blond, maladivement timide, ouvrait la bouche dans le dortoir.

- Je peux continuer, reprit-il ?

Gideon hocha la tête, mais il gloussait toujours.

- Bref, les Sang-Purs, et en particulier ceux qu'on va affronter, estiment que les Gobelins ne sont pas dignes de garder leur argent et qu'ils peuvent très bien le faire tous seuls.

- Présenté comme ça, c'est assez logique, admit Emmeline. Leur arrogance n'est pas une nouveauté.

- En effet. D'après mes souvenirs, les Lestrange ont une chambre forte au sous-sol du manoir. Je ne l'ai évidemment jamais vue, mais j'ai entendu le père de Rodolphus et Rabastan en parler au mien. Si mes souvenirs sont bons, il lui expliquait qu'il faisait venir de temps à autre un Briseur de sorts privé pour vérifier la sécurité de son coffre.

- Et chez les Black, intervint soudain Emmeline, vous mettez votre argent à Gringotts ?

Sirius se tendit. Il dut combattre l'envie de répondre sèchement à la jeune femme, même s'il savait bien qu'elle ne pensait pas à mal.

- L'argent, oui. La maison n'est pas assez grande pour aménager un coffre fort. Mais les Black préfèrent gardent toute leur bijouterie et autres objets de valeur chez eux.

A son plus grand soulagement, elle n'insista pas et demanda simplement :

- Tu sais quels sorts entourent le coffre-fort ?

- J'ai demandé son avis à Fabian, intervint Gideon. Il m'a dressé une liste. J'ai cru qu'il n'allait jamais arrêter de parler.

Les deux autres sourirent, amusés.

- Ça ne garantie rien, mais ça nous laisse une base assez solide sur laquelle travailler.

- Merci, Prewett. On regardera ça plus tard, il faut qu'on trouve les contre-sorts. Enfin, avant d'attendre le coffre il faut qu'on entre dans le manoir.

- Qui habite là-bas ? Demanda Emmeline.

- Le vieux Lestrange est mort il y a des années, mais sa femme vit toujours et elle habite là-bas. Rodolphus et ma charmante cousine Bellatrix vivent normalement là-bas, mais a priori ils passent le plus clair de leur temps dans des QG Mangemorts. Pareil pour Rabastan.

- Donc on ne devra affronter qu'une vieille Sorcière ?

- En principe, oui. Ça veut dire qu'on peut réussir à s'introduire dans les lieux sans qu'on nous repère.

- Gare aux elfes de maison, commenta Gideon, flegmatique.

Sirius se fit la réflexion qu'il ne l'avait jamais vu aussi détendu ; il était bien différent lorsqu'il n'était pas lui-même en charge de la mission.

- Effectivement. Ils peuvent être d'une loyauté écœurante, conclut-il en pensant avec dégoût au vieux Kreattur, qui vénérait Regulus.

- C'est noté. Et ensuite, on fait quoi ?

- On fait sauter les sorts autour du coffre en espérant ne pas mourir, et on met tout le contenu là-dedans.

Il exhiba une bourse en cuir capable de tenir dans une poche. Gideon haussa un sourcil sceptique.

- Il y a un sortilège d'extension indétectable, d'accord. Mais on est censés mettre les gallions là-dedans un à un ?

- Maugrey m'a dit qu'un type du Département des Mystères l'avait trafiqué pour qu'elle aspire tout objet qui se trouve devant-elle. Tant que personne ne se trouve devant au mauvais moment, ça va bien se passer.

- On passe à l'attaque à quelle heure ?

- Vingt-heures. La Ministre donne une conférence de presse à ce moment-là, Maugrey s'en sert comme appât.

- Sympa pour la Ministre.

- Apparemment ça lui convient. Je suis à peu près certain que les protections sont concentrées sur l'entrée du parc. On devrait entrer dans la maison sans problème, c'est la grille principale le problème. Il faudra être prudent, ce serait bête de déclencher une alarme.

Les deux autres hochèrent la tête. Ils continuèrent à parler des détails de l'affaire pendant encore un moment, réglèrent quelques détails et étudièrent la liste de sortilèges fournies par Fabian. Ils se donnèrent finalement rendez-vous le lendemain pour travailler sur les contre-sorts puis chacun rentra chez soi.

Affalé dans son canapé, à Cambridge, Sirius soupira de soulagement. Il n'avait pas réalisé à quel point cette réunion l'angoissait. Il avait craint que Gideon démonte son plan et le traite d'incapable. Mener une opération était bien plus angoissant qu'il ne l'avait imaginé. Néanmoins, il aimait plutôt ça. Etre maître de ses faits et gestes plutôt que suivre aveuglément Gideon ou Benjy était un agréable changement. Oui, somme toute, il était satisfait. A présent, il avait hâte de dérober toutes leurs richesses aux Lestrange.

***

Emmeline se pencha sur le lit et déposa un baiser sur les lèvres entrouvertes de Benjy. Il grommela, plissa ses paupières fermées puis ouvrit un œil.

- Je vais devoir y aller, murmura-t-elle.

- Déjà ? Croassa-t-il

- Ça fait deux heures que tu dors, répondit-elle avec un petit sourire moqueur, tout en chassant quelques mèches de cheveux de son front.

Il grommela et se redressa avant de se frotter les yeux.

- Pas dormi la nuit dernière.

- Je sais bien. Je rentre ce soir, de toute façon. Ce n'est pas une mission dangereuse.

L'air soudain tout à fait réveillé, Benjy fronça les sourcils.

- Toutes les missions sont dangereuses, Em.

Elle haussa les épaules.

- Si tu le dis.

Il lui adressa un regard peu amène, qu'elle ignora en l'embrassant. Il glissa une main dans sa nuque et retint son visage contre le sien. Emmeline avait encore un peu de temps devant elle ; elle se laissa attirer un peu plus sur le lit, jusqu'à basculer sur lui avec un petit rire. Il y avait toujours eu cette possibilité entre eux, mais le drame qu'avait été la vie de Benjy puis la guerre les avaient tenus éloignés. Emmeline aurait pu passer outre, mais Benjy jugeait que ce n'était pas le moment. Ils s'étaient embrassés quelques fois, des soirs de détresse, des nuits où ils noyaient leur désespoir dans l'alcool, mais Benjy s'était toujours enfui juste après. En revanche, elle ne comptait le nombre de nuits qu'elle avait passé dans ses bras. Juste pour ces nuits, elle s'était accrochée. Elle avait compris que l'indifférence de Benjy n'était qu'une façade, que, dans le fond, il avait autant besoin de cette tendresse qu'elle.

Puis un soir, quelques semaines auparavant, il lui avait dit qu'il en avait assez d'attendre. Que la guerre ne semblait pas proche de s'arrêter, et qu'il l'aimait trop pour rester plus longtemps loin d'elle. Emmeline n'avait pas eu besoin de plus d'encouragement. La situation était toujours aussi désastreuse pour l'Ordre. L'étau se resserrait autour du Ministère. Mais au moins, ils étaient ensemble.

- Il faut que j'y aille, souffla-t-elle finalement sans pouvoir réprimer le sourire qui montait sur ses lèvres.

- S'il t'arrive quelque chose, je butte Black, prévint-il.

- N'importe quoi, gros macho, rit-elle. S'il m'arrive quelque chose, ce sera de ma faute et pas de celle de Sirius. Je n'ai pas besoin qu'un gamin me surveille.

Benjy grommela quelque chose d'incompréhensible. Elle plaqua un dernier baiser sur ses lèvres puis s'extirpa du lit. Sans s'autoriser un regard en arrière, elle attrapa sa baguette, se drapa dans sa cape et quitta son appartement londonien. Elle transplana dans le Dorset quelques minutes plus tard.

L'air de la mer la frappa en plein visage. Elle avait oublié que le Dorset, comme les Cornouailles, était en bord de mer. Elle n'avait pas remis les pieds sur le littoral de la Manche depuis que le QG avait brûlé. Cette odeur iodé lui avait manqué... Le vent glacial, beaucoup moins. Pour se réchauffer, elle entama sa marche vers l'emplacement indiqué par Sirius. Il leur avait donné les coordonnées exactes, qu'elle parvint à suivre grâce à sa baguette. Il faisait déjà nuit, aussi n'eut-elle pas besoin de prendre trop de précaution pour se cacher.

Les Lestrange étant une famille en vue, l'emplacement de leur manoir était connu du monde sorcier. S'il était protégé, il n'était pas caché. Emmeline l'aperçut dans les rayons de la lune gibbeuse ; il s'agissait d'une grande bâtisse d'un seul bloc, au toit et à la façade ornés avec goût. Emmeline était presque déçue ; c'était bien moins grand que le QG, et loin d'être aussi arrogant ou glauque qu'elle ne l'imaginait. Que des gens si cruels puissent avoir du goût et une aussi jolie maison était agaçant.

- Vance ! Siffla une voix dans un murmure pressant. Arrête de bailler aux corneilles !

Elle fit volte-face, aperçut les deux garçons accroupis derrière un buisson et s'empressa de les rejoindre.

- Bien joué pour la discrétion, marmonna Gideon.

- Oh, ça va. Il n'y a aucune lumière aux fenêtres.

- Si, intervint Sirius, à l'arrière. Probablement la cuisine.

- Elfe de maison ?

- Sans doute. Je ne pense pas que la vieille douairière mette les pieds dans cette pièce. Pas assez digne pour elle.

- Où se trouve l'entrée du coffre-fort ? Demanda-t-elle.

- Je ne l'ai jamais vu, mais je suis à peu près sûr que c'est dans le bureau.

Sirius se pencha un peu et désigna une fenêtre sur la droite du bâtiment, au rez-de-chaussée.

- Je pense que c'est là. Au pire, explorer ne devrait pas être trop difficile. Il faut qu'on passe la grille d'abord.

Emmeline l'avait oubliée, obnubilée par le manoir. Pourtant elle était bien là : une haute grille de cinq mètres de hauteur en fer forgé, qui devenait ensuite une barrière d'environ deux mètres de haut. Elle encadrait le bâtiment puis allait se perdre dans les bois qui se trouvaient derrière la maison.

Sans attendre les instructions de Sirius, Gideon leva sa baguette vers la barrière. Une lueur violacée se répandit tout autour du manoir pendant un bref instant.

- Et c'est toi qui parlais de discrétion ? Commenta Emmeline.

- Fabian n'avait rien de mieux à proposer, répliqua-t-il. Les autres sorts de reconnaissance implique qu'on touche l'objet, et en l'occurrence ça risquerait de déclencher une alarme.

Emmeline hocha la tête sans rétorquer ; elle s'en remettait à l'expertise de Fabian. A côté d'elle, Sirius était en train de griffonner un parchemin.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Fabian nous a dit que la couleur qui apparaîtrait nous révélerait le type de sortilèges qui entourent la maison, expliqua-t-il. C'était du violet, donc mélange de rouge et de bleu. Ça veut dire qu'il y a à la fois des sortilèges de protection et des sorts d'attaque. Je suis en train de les lister.

Il leur fallut au moins une demi-heure pour venir à bout de toute la magie qui protégeait la barrière. S'ils n'avaient pas été trois, ils n'auraient jamais réussi : Emmeline était épuisée alors qu'elle n'avait fait qu'un tiers du travail. Enfin, le sortilège de détection ne déclencha aucune lueur autour de la maison. Les trois Sorciers poussèrent la grille prudemment ; rien ne se produisit. Cachés par la nuit, ils progressèrent jusqu'à la porte d'entrée qui n'était évidemment pas verrouillée. Le manoir était silencieux. Impossible de savoir s'il y avait toujours quelqu'un dans la cuisine, car la pièce se trouvait de l'autre côté du bâtiment. Sans tarder, ils traversèrent l'entrée puis un salon dont Emmeline ne put rien deviner. Elle aurait payé cher pour savoir à quoi ressemblait l'intérieur des Lestrange.

Sirius menait l'exploration. A la tête du groupe, il ouvrait précautionneusement les portes les unes après les autres, non sans avoir vérifié de la pointe de sa baguette qu'aucun sort de protection ne se trouvait derrière. Arrivé au bout d'un couloir, il murmura finalement :

- On a trouvé le bureau.

Il s'empressa d'entrer, suivi des deux autres. Une fois la porte refermée, ils allumèrent leur baguette magique. C'était un bureau très classique et austère ; les murs étaient couvertes d'étagères chargées de livres, un grand bureau occupait l'espace face à une cheminée où rougeoyaient encore quelques braises. Une photo de famille surplombait celle-ci. Emmeline s'en approcha, les sourcils froncés. Ce n'était pas l'un de ces clichés fait pour réchauffer le cœur, mais une photo où chacun posait, l'air guindé et sérieux, autour d'un grand tableau qui représentait les armes de la famille.

- Emmeline ! Siffla Sirius. On n'est pas là pour faire du tourisme !

Elle se détourna avec un soupir avant d'interroger :

- Une idée de la façon dont on peut trouver ce coffre ? Si la porte est cachée, un sort ne suffira pas à la révéler.

- On fouille, répondit-il avec un haussement d'épaules.

Sans tarder, il ouvrit un à un les tiroirs du bureau et fouilla leur contenu. Gideon entreprit de tirer sur tous les livres de la bibliothèque. Emmeline décida de passer sa main sur le contour de chaque meuble, à la recherche d'une aspérité. Comme elle ne trouvait rien, elle éteignit sa baguette et tapota les murs en marmottant des sorts. Alors qu'elle passait sa baguette entre deux étagères, une petite décharge la secoua. Intriguée, elle recommença. Aucun doute, la magie se manifestait bien. Elle passa sa main sur le pan de bois. Lorsqu'elle arriva au niveau de ses hanches, ses doigts rencontrèrent une poignée invisible. Elle s'y agrippa fermement, un sourire ravi aux lèvres.

- Les garçons ! Appela-t-elle tout bas. J'ai trouvé !

Ils furent derrière elle en un instant. Sirius tint à vérifier qu'aucun sort d'alarme ne risquait de se déclencher, même si Emmeline lui fit remarquer que cela aurait probablement déjà été le cas. Lorsqu'il fut satisfait, elle prit une inspiration et appuya sur la poignée. Elle poussa vers l'avant, révélant une porte juste assez large pour laisser passer un homme de corpulence moyenne se tenant de côté. L'ouverture de la porte actionna un système d'éclairage ; des torches s'enflammèrent dans un chuintement et illuminèrent une volée de marches qui descendait en colimaçon. Les trois Sorciers s'y engagèrent en faisant attention à ne pas glisser. Lorsqu'elle arriva enfin en bas, Emmeline avait le tournis. Ils se trouvaient à présent devant une porte en bois, qui s'ouvrit sans difficulté. La jeune femme s'arrêta net dès qu'elle l'eut passée, sidérée. Des monceaux de gallions étaient empilés sous ses yeux. L'alignement des piles était parfois interrompu par la présence d'un coffre fermé à clef, qui devait contenir des bijoux ou toute autre richesse. Gideon poussa un sifflement admiratif, tandis que Sirius commentait :

- Sérieusement ? Le dernier rempart avant leur coffre-fort est une porte en bois ? Ça ne vous paraît pas trop...

Un claquement sourd interrompit sa phrase. Ils firent volte-face d'un même mouvement pour constater que la fameuse porte en bois avait disparu. A la place se trouvait un pan de mur lisse.

- ... Facile, acheva-t-il dans un souffle.

***

- Donc c'est facile d'entrer, mais pas de ressortir, commenta Gideon d'une voix égale. A ton avis, ils vérifient leur coffre-fort combien de fois par an ?

- Autant que les Gobelins à Gringotts, probablement, murmura Sirius tout en faisant courir sa main sur le mur devant lui. J'imagine qu'on ne peut pas transplaner ?

- Oui, tu as raison, ils ont dû oublier d'avoir un cerveau et ils n'ont pas prévu que les voleurs sauraient transplaner, railla Emmeline.

- Oh, ça va ! Je cherche des solutions, d'accord !

- On n'a plus qu'à attendre les Lestrange, soupira Gideon en s'asseyant face aux monceaux de gallions.

- Peut-être qu'on peut détruire quand même leur argent, ajouta Emmeline, songeuse. On est sûr de mourir quand ils nous trouveront – ou alors avant – mais au moins ce sera fait.

- Personne ne va mourir, protesta Sirius.

Il était habituellement le plus pessimiste mais il refusait d'entraîner deux personnes dans la mort alors que c'était lui qui était chargé de la mission. Durant plusieurs minutes, il essaya tous les sorts qui lui vinrent à l'esprit, mais rien n'y fit. Il ne parvint qu'à brûler un peu les cheveux de Gideon à cause d'un sortilège qui ricocha contre le mur. A part cet intermède, Emmeline et Prewett passèrent leur temps à bavarder comme si tout allait bien. Sirius hésitait entre les houspiller et les laisser à leur fatalisme. Il se laissa finalement tomber devant la muraille, défait.

- Je n'y arrive pas, annonça-t-il.

Ses deux compères cessèrent de bavarder. Après un court instant de silence, Emmeline suggéra :

- On pourrait prévenir quelqu'un. On ne peut pas transplaner, mais un patronus peut certainement passer.

Sirius tiqua. Il n'aimait pas l'idée d'avouer sa défaite à quelqu'un d'extérieur à leur petit groupe, mais si c'était la seule solution, il mettrait son orgueil de côté. Ce n'était cependant pas le seul obstacle.

- On ne peut pas faire appel à n'importe qui.

Il ne développa pas sa pensée, mais les deux autres comprirent très bien. La menace du traître pesait toujours sur l'Ordre. Sirius ignorait si elle était réelle ou si Maugrey était seulement paranoïaque, mais quoi qu'il en soit il avait fini par les rendre tous extrêmement prudent.

- En plus, qui sait si la personne qu'on contactera ne sera pas en mission. C'était pour ça qu'on devait envoyer nos patronus au QG, avant.

Nouveau hochement de tête de la part des deux autres. Plus personne n'appelait à l'aide depuis que Peter avait envoyé un patronus à Fabian alors qu'il faisait une filature. Il avait été repéré et s'était échappé de justesse. Sirius se prit la tête entre les mains, désespéré. Ils allaient donc mourir ainsi, faits comme des rats dans le coffre-fort d'une famille de psychopathes, qui danseraient probablement sur leurs cadavres. Sa première mission en tant que chef était loin d'être un succès. Alors qu'il se creusait toujours la tête, une idée germa dans son esprit.

- Je pourrais prévenir James, lança-t-il.

- Potter ? s'étonna Gideon. Il n'est pas mis au secret, je ne sais où ?

- Si, mais il pourrait prévenir quelqu'un d'autre. Ce sera toujours plus facile pour lui de contacter l'extérieur que pour nous.

- Ça se tente, approuva Emmeline. C'est toujours mieux que rien.

Sans plus attendre, Sirius fit apparaître son patronus et lui dicta le message. Le grand chien bondit et s'évapora, libéré des contraintes physiques qui emprisonnaient son créateur. Lorsque les dernières étincelles de lumières eurent disparu, Sirius se laissa retomber au sol. Ils devaient à présent attendre, et c'était pire que tout.

***

James abattit ses cartes sur les tables avec un cri de triomphe. Lily grogna de frustration en réponse ; il gagnait encore.

- Je te déteste, annonça-t-elle alors qu'il s'accaparait son tas de jetons.

- Tu as proposé de jouer au poker à tes risques et périls, rétorqua-t-il. Tu sais bien que j'ai gagné une moto comme ça.

- En trichant, imbécile immoral.

- Ouch, tu me blesses, Lily.

- Tais-toi et distribue.

- Merlin, je ne savais pas que tu étais si mauvaise joueuse !

- Bon sang, James, je vais te...

Il se pencha par-dessus la table et l'embrassa avec enthousiasme pour couper court à ses insultes. Lorsqu'elle finit par le repousser, son front n'était plus plissé par l'exaspération.

- Tu triches encore, commenta-t-elle.

- J'use de mes charmes, c'est différent.

Un petit rire échappa à la jeune femme, et James se rassit, satisfait. Il commença à distribuer les cartes mais s'arrêta net lorsqu'une lueur bleutée envahit la pièce. Un patronus en forme de grand chien apparut au milieu de leur salon et James bondit sur ses pieds, paniqué. Il savait que la mission de Sirius avait lieu ce soir-là ; quelque chose avait dû mal se passer. Le chien ouvrit la gueule et la voix de son meilleur ami se répandit dans la pièce :

- Coincés dans le bureau, une pièce secrète au sous-sol. Envoie quelqu'un nous chercher, surtout qu'il reste dans l'escalier.

Le patronus se volatilisa sur ces mots. James tourna les yeux vers Lily, qui fronçait les sourcils.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? De quoi il parle ?

- Il est au manoir Lestrange. Ils devaient piller le coffre-fort, j'imagine qu'il se trouve dans la pièce secrète mais qu'ils s'y sont retrouvés bloqués.

- Comment sais-tu qu'il est au manoir Lestrange ?

James passa une main dans ses cheveux avant de répondre d'une voix incertaine :

- Je l'ai aidé à préparer la mission.

- Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?

Il haussa les épaules. Il ne savait pas exactement lui-même ; il aimait l'idée de faire quelque chose uniquement avec Sirius. Il avait peur qu'elle s'énerve et le trouve trop impliqué dans la guerre. Lily pinça les lèvres, mais ne dit rien. Si elle était en colère contre lui, elle mit cela de côté pour se concentrer sur l'urgence de la situation.

- Donc tu connais tous les détails ?

- A peu près, oui.

- Est-ce qu'il faut se dépêcher de les aider ?

- Avant l'aube, en tout cas.

- Bon. Qui est-ce qu'on peut prévenir ?

Les mots franchirent les lèvres de James avant même qu'il n'ait eu le temps d'y penser :

- Personne.

- Quoi ? Tu veux les laisser là ?

- Non. Je vais y aller moi-même.

C'était parfait, songea-t-il. Il connaissait même le plan du manoir Lestrange, il trouverait le bureau sans trop de difficulté. Il ne perdrait pas de temps à tout expliquer à quelqu'un. Il sortirait de la maison.

- C'est hors de question.

La voix sèche de Lily le ramena à la réalité. Elle s'était levée à son tour et le dévisageait, furieuse.

- Tu ne peux pas y aller.

- Pourtant je vais le faire, rétorqua-t-il d'un ton cassant. C'est la meilleure solution.

- La meilleure solution ? Te jeter tout droit dans les bras d'un Mangemort ?

- Le Mangemort est absent.

- Merlin, James ! Ne joue pas au plus malin ! Tu as fini par être d'accord avec moi quand j'ai refusé que tu sortes faire un tour, tu crois vraiment que je vais accepter que tu ailles chez les Lestrange ?

Si James manquait de résolution, ces derniers mots achevèrent de le convaincre qu'il devait y aller.

- Je n'ai pas besoin de ton autorisation, grinça-t-il, les poings serrés. Je suis un grand garçon.

Lily leva les yeux au ciel, blême de rage.

- Toi, oui, mais pas Harry. On a déjà parlé de ça !

- Il n'est pas question de Harry, il est question de Sirius ! La dernière fois tu m'as dit que ce serait égoïste de sortir juste pour moi, mais ça n'a rien à voir avec moi cette fois-ci ! C'est la meilleure solution !

- Non ! La meilleure solution c'est que tu ne mettes pas ton fils en danger !

- Lily, plus on attend et plus grandes sont les chances que Sirius, Emmeline et Gideon se fassent coincer.

- Oui, répondit-elle sèchement, alors on ferait mieux de contacter quelqu'un maintenant plutôt qu'essayer de te raisonner.

Il donna un coup de pied de frustration dans le canapé avant de plonger ses yeux dans ceux de sa femme.

- J'y vais, Lily. C'est tout.

Il avait parlé d'un ton plus calme, ferme et résolu. Les joues de Lily se colorèrent de rouge, mais c'est d'une voix tout aussi calme qu'elle répondit :

- D'accord. Mais ne remets plus jamais les pieds ici.

Sans répondre, James fit volte-face, attrapa sa cape d'invisibilité à l'étage, s'assura qu'il avait bien sa baguette et, pour la première fois depuis des mois, franchit le portail du jardin.  


La blague sur les gobelins sortie par Gideon est de Nico le Bêta hahaha

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