IV - Chapitre 12

Note du bêta : Flashback 14h Nico : Envoie moi un message à 18h30 pour la note du bêta. Cazoue : Kay budy. 18h49 Cazoue : Note ! Nico 20h03 MORTECOUILLE ! On reprend la. Saluuuuuuut bande de Reptiluminazis des ténèbres ! J'ai eut le chapitre que cet aprem et normalement mon statut de privilégié me donne le droit de l'avoir une semaine à l'avance. Je suis très pas content. M'enfin on vous le donne quand même. Alors aujourd'hui ON NE VOIS PAS JAMES ET LILY OUAIIIIIIIIS Champagne string et chapeau bière pour tout le monde Aujourd'hui Fabfab Mumus La Foire un caméo de Margaret et pleins de trucs (Y compris le chéri des dames SB). Bisous lechouille love love.

Note de moi : salut tout le monde ! Pas grand chose à ajouter, juste que je me suis aperçue que je n'avais pas posté ici une fanfiction que j'ai écrite il y a un an et demi, à propos de Remus et Tonks. Elle ne fait que quelques chapitres, mais je vais la poster un lundi sur deux, en alternance avec L&J ;) Bye-bye !

Chapitre 12

[De Sirius Black à Lily & James Potter]

Salut les enfants,

Cornedrue, je te vois te moquer de moi d'ici. Oui, il m'arrive d'écrire. Et puis c'est pour toi que je le fais, je sais que mes sarcasmes et mon sens de l'humour à toute épreuve te manquent. Je me suis dit que Lily avait aussi le droit d'en profiter.

Vous ne devinerez jamais où je suis. En France ! Chez ces bouffeurs de grenouilles ! Enfin tout ce que j'ai pu trouver à manger jusqu'ici c'est de la baguette et des harengs. On est à Calais – quand je dis « on », il s'agit de moi-même et cet imbécile de Benjy qui a failli nous faire échouer sur les récifs. On a pris le bateau de l'Ordre pour mettre un Sorcier à l'abri, mais une tempête nous est tombée dessus. Fenwick est en train de m'engueuler ; il paraît que j'étais censé vérifier les rapports météo. Quel Sorcier digne de ce nom regarde la météo quand il peut juste maîtriser les éléments ? [une rature] Merlin, désolé pour ça, il vient de me postillonner dessus. Apparemment, tous les Sorciers qui ne maîtrisent pas la magie élémentaire, c'est-à-dire 99 % de la population sorcière. Dès que cette guerre se termine, je m'inscris à l'Académie de Sortilèges. Je serai le prochain maître des éléments, vous allez voir. Harry sera mon disciple !

Bref, ça secouait dans les sens, la pluie tombait à l'horizontal, notre passager hurlait qu'il aurait mieux fait de se faire enrôler par les Mangemorts... Tout allait bien, en somme. Benjy a réussi à nous maintenir à flots, puis le vent est retombé et on s'est retrouvé en plein brouillard. Est-ce que j'ai écrit que Fenwick a failli nous faire échouer ? On est bel et bien rentrés dans les rochers, en fait. On a pu s'en sortir grâce à la magie, mais des Moldus auraient juste fini échoué sur un bout de côte perdu. Merci Merlin, on a juste été trempé. Imaginez un peu si on avait dû attendre de l'aide des Français ? La gendarmerie magique est venue récupérer notre passager au port, je n'ai jamais vu une telle bande de bras cassés.

Benjy vient de lire ce que j'ai écrit et a beuglé « Non mais tu t'es vu ? » avant de me frapper le crâne. Je lui ai jeté mon verre de whisky à la figure. (Lily, ne cherche pas à savoir quelle heure il est. Tu serais horrifiée de savoir à quelle heure je consomme de l'alcool. S'il te plaît, ne me vire pas de mon job de parrain).

Tout ça pour dire qu'on a fini par trouver Calais, dans notre bateau qui prenait à peine l'eau, avec notre passager détrempé et d'une humeur de chacal – mais ma foi assez content de ne pas avoir rejoint les Mangemorts finalement. Maugrey va sans doute nous tuer à cause de l'état du bateau. Je lègue donc par cette lettre mon balai à Harry et tout ce que les Black pourraient bien me laisser, même si je doute avoir autre chose que des rognures d'ongles de troll. Ça ne fait sans doute pas un jouet acceptable pour un bébé.

Plus sérieusement, j'ai reçu des nouvelles de mon oncle Alphard récemment. Faites-moi penser à vous en parler la prochaine fois que je serai chez vous. J'espère que ce ne sera pas dans trop longtemps, mais vous savez comment c'est ; la folie de Noël a déjà commencé et Maugrey nous envoie patrouiller dans les artères principales de Londres à toute heure du jour et de la nuit. Il est persuadé que Voldemort va faire exploser Picadilly – il n'a peut-être pas tort. Je ferai de mon mieux, promis.

Fenwick vient de revenir (il est parti se débarbouiller après sa douche au whisky. Il a toujours l'air aussi furieux). Il m'a dit que j'avais 2 minutes pour déguerpir et transplaner en Angleterre. Merlin, il a oublié le malheureux épisode de ma désartibulation ? Je ne vais pas risquer de laisser la moitié de mon corps dans la Manche.

A plus tard les enfants, on va remonter vaillamment sur notre bateau ! Benjy affirme qu'il va faire comme si je n'étais pas là, d'ailleurs il est déjà parti. Je dois le rattraper avant qu'il ne largue les amarres sans moi. Bye !

Patmol

***

De retour au QG après un éprouvant voyage de retour, Sirius n'avait qu'une envie : dormir. Il n'avait pas fermé l'oeil depuis vingt-quatre heures, il sentait le poisson pourri et l'eau de mer – une douche s'imposait peut-être avant la sieste. Il poussa la porte du QG, bien déterminé à être dans son lit dix minutes plus tard, mais une douce odeur de poulet rôti envahit ses narines. Il se figea sur le seuil, tiraillé entre toutes ses envies ; le whisky et le hareng de Calais étaient loin de lui avoir rempli l'estomac. Un fort grognement de celui-ci acheva de le convaincre qu'il ne dormirait pas tant qu'il n'aurait pas mangé. L'esprit aussi vide que le ventre, il traversa le salon d'un pas lourd, grommela une salutation en entrant dans la cuisine et se laissa tomber sur une chaise.

Une silhouette émergea du garde manger et se planta devant la table, les mains posées sur les hanches, amusée.

- Salut, Sirius, lança Alice. Tu sens... fort.

- Merci, grogna-t-il. C'est toujours agréable à entendre.

- Tu as faim peut-être ?

- Pitié, geignit-il, dis moi que c'est bientôt prêt.

- Tu arrives juste à temps.

Il s'avachit dans sa chaise avec un râle.

- Merlin a donc un peu pitié de moi.

- D'où est-ce que tu viens comme ça ? Interrogea la jeune femme tout en sortant le poulet du four.

- D'un crétin de bateau qu'on a failli couler.

Il lui raconta leur périple, s'animant un peu plus à chaque mot. Alice découpait son poulet en l'écoutant, riant de bon cœur de leurs malheurs. Malgré leurs déboires, cette mission s'était tout de même bien déroulée. Lorsqu'il eut fini, Sirius fut frappé par une interrogation :

- Mais qu'est-ce que tu fabriques ici ? A nous cuisiner cet énorme poulet ?

Alice déposa une assiette pleine devant lui, remplie de viande et de frites, avant de répondre :

- Frank a dû passer il y a quelques jours. Il a trouvé que ça manquait un peu de vie depuis...

Sirius grommela sans la laisser finir. Si tout le monde savait que Lily et James avaient dû partir pour leur propre sûreté, la raison exacte était un peu floue pour la plupart des membres. L'histoire de la prophétie dont avaient entendu parler Margaret et Remus leur paraissaient tellement absurdes qu'ils avaient été incapables de la répéter correctement. Par le jeu des déformations, l'histoire était devenue de plus en plus confuse. Sirius se gardait bien d'éclaircir la question. Quant à Peter, il ne pipait mot dès que le sujet était abordé.

- C'est sûr qu'avoir Lily au QG en permanence était plutôt sympathique, reprit Sirius après un court silence gêné. Mais honnêtement, ce n'est pas seulement dû à leur départ. On est débordé de demandes, et c'est un miracle si on arrive à se retrouver autour d'un repas.

Alice prit place devant lui, avala une frite puis répondit, l'air nostalgique :

- C'est dommage. J'aimais vraiment ça, quand on est arrivés ici. Nous retrouver tous autour d'un repas... Ça me donnait un peu l'impression d'être à Poudlard.

Sirius piqua un peu trop violemment dans son blanc de volaille. Avant le départ de James, il ne s'était pas aperçu comme Poudlard lui manquait. Les Maraudeurs étaient encore réunis, la situation n'avait pas tellement changée. A présent... A présent, il devait bien admettre que maintenir l'unité du groupe sans l'un de ces membres étaient difficiles. Il ignorait encore si la raison tenait au fait que James était le ciment de leur groupe, ou à autre chose. Au-delà du départ de James, il sentait Peter et Remus distants. Pour le premier, il connaissait la cause : il était terrifié. Il faisait de son mieux pour l'aider, mais ils ne partaient pratiquement jamais en mission ensemble et se voyaient donc peu. Quant à Remus... Il avait l'air de lui en vouloir, mais il ne savait pas pourquoi.

- Euh... Sirius ? Ça va ?

Il leva les yeux vers Alice, qui le regardait d'un air inquiet.

- Désolé. Je suis épuisé.

- Et tu sens vraiment très fort le poisson, ajouta-t-elle avec un petit sourire.

- Merci, tu sais vraiment comment réconforter les gens.

Elle se mit à rire, au moment où un pleur s'élevait du salon. Sirius sursauta et se planta sa fourchette dans la joue au lieu de mettre des frites dans sa bouche.

- Neville est là ?

- Bien sûr, s'exclama-t-elle en allant chercher son fils. C'était ça ou le laisser à la mère de Frank.

Son ton dégoûté amusa fort Sirius. Attendri, il sourit au bébé qui s'agitait dans les bras de sa mère, sans doute affamé.

Même si Sirius appréciait la compagnie, il n'en pouvait simplement plus. Après encore quelques minutes passées auprès d'Alice, il s'excusa et gagna tant bien que mal le dernier étage. Il ignora délibérément la porte de l'ancienne de chambre de Potter et s'engouffra dans la sienne. Il s'immobilisa sur le seuil avec un sursaut lorsqu'il s'aperçut que quelqu'un se trouvait déjà là.

Remus, qui était en train de fouiller dans sa malle, étira maladroitement sa carcasse et passa sa main dans ses cheveux.

- Euh... James m'a dit qu'il t'avait prêté sa cape. J'en ai besoin de façon assez urgente, alors je...

- Un simple sortilège d'attraction t'aurais évité de fouiller dans mes affaires, commenta Sirius d'un ton sec, aussi immobile qu'une statue.

- Tu sais bien que ça ne fonctionne pas sur la cape, répondit Remus d'un ton conciliant. Excuse-moi, je ne voulais pas...

Il n'alla pas plus loin, sans doute incapable de trouver comment finir cette phrase. Un instant, Sirius se demanda ce qui avait changé. Lorsqu'ils étaient à Poudlard, leurs malles étaient toujours grandes ouverts, leurs secrets révélés au grand jour. Sans doute avaient-ils juste grandis. James s'était marié, était devenu père. Aux yeux de Sirius, c'était le point de rupture. Le fait que les Potter aient demeuré au QG un moment n'avait fait que reculer l'échéance ; les Maraudeurs ne pouvaient être éternels. Pas de la façon fusionnelle et exclusive dont ils avaient existé à Poudlard.

Deux ans plus tard, fouiller la malle de son ami n'était plus acceptable.

- J'avais besoin de la cape pour ma mission, reprit Sirius après un silence interminable. Elle va sans doute sentir le poisson.

- C'est Cornedrue qui va être content, tenta Remus avec un sourire.

Sirius s'efforça de le lui rendre, malgré l'agacement qu'il sentait toujours affleurer. Il aurait sans doute fait pareil à la place de Remus. Cet incident n'avait aucune importance.

- Certainement, parvint-il finalement à articuler d'un ton presque aimable avant d'extirper la cape de sa poche. Où est-ce que tu vas ?

- Oxfordshire, répondit distraitement Remus, le nez froncé. Qu'est-ce qui sent le plus, la cape ou toi ?

- Oh, ça va, grommela Sirius alors que son ami se mettait à rire.

Il le chassa d'une bourrade dans l'épaule et claqua la porte derrière lui. La main posée sur le bois de la porte, il fixa un instant le vide. Il sentait la gêne toujours présente, mêlée à un sentiment... de méfiance. Ses doigts se crispèrent sur le vernis ternis. Il ne voulait pas ressentir cela. C'était la faute d'Ethel, de sa trahison. La confiance n'avait jamais été son fort. Ethel avait fait voler en éclats le peu de foi dont il savait faire preuve. Il tentait depuis d'en ramasser les morceaux épars, de les ressouder. Cependant, le moindre soupçon créait une déchirure.

Il expira lentement avant de se redresser.

- Tu pues le poisson mort, Black, marmonna-t-il. Lave-toi avant de verser dans l'introspection.

***

William avait beau avoir grandi dans le monde de la magie, il ne pouvait s'empêcher d'être émerveillé. C'était la première fois qu'il assistait à une foire botanique – magique, qui plus est. L'événement avait lieu en pleine campagne, dans le Sommerset. Il n'y avait pas une maison visible, mais un bruit constant de circulation trahissait la présence d'une route aux alentours. On n'y prêtait cependant à peine attention, face à la rumeur qui s'élevait de la foule de Sorciers rassemblés là. Même Fabian, qui se tenait près de William, semblait impressionné. Des rangées d'auvent aux couleurs bariolés couturaient les champs de larges allées. Sous chacun d'eux étaient rassemblés des plantes en tout genre, venues de tous pays. Au loin, on pouvait voir s'élever des serres gigantesques, emplies de plantes jusqu'au plafond. De loin en loin résonnait un rugissement, qui arracha à Fabian un murmure admiratif :

- Des plantes carnivores...

- Charmant, commenta son compagnon.

La foule rassemblée était aussi diverse et fascinante que les plantes exposées. Des Sorciers aux costumes les plus variés évoluaient entre les stands, s'invectivaient dans des dialectes plus ou moins connus de William, troquaient les plantes contre des objets ou denrées rares venus de leur pays d'origine. Des monnaies étrangères passaient également de main en main. William doutait fort de la légalité de telles transactions.

- La Foire botanique annuelle de Grande-Bretagne, souffla Fabian alors qu'ils déambulaient dans les allées saturées de monde. J'en ai souvent entendu parler mais je ne pensais pas que c'était si énorme. En fait, je ne pensais pas qu'autant de Sorciers s'intéressaient aux herbes.

Une Sorcière minuscule qui marchait devant eux se retourna pour le dévisager, l'air mauvais.

- Ce sont bien plus que des herbes, siffla-t-elle. Apprenez donc à respecter la nature.

Fabian, qui n'avait pas l'habitude qu'on lui parle sur ce ton – la carrure et la voix tonitruante avaient tendance à dissuader – resta bouche bée. La Sorcière disparut dans la foule et William dut tirer son compagnon par le bras pour le forcer à avancer.

- Ces botanistes ont l'air susceptible, observa-t-il à voix basse. Tiens toi bien, pour une fois.

Le grand roux marmonna une imprécation mais s'abstint de commentaire irrévérencieux sur les plantes. Après avoir joué des coudes pendant un moment, ils atteignirent finalement l'autre bout de la foire, non sans s'être émerveillés un moment devant les serres aux plantes carnivores. Il y en avait même une cracheuse de feu. William avait dû empêcher Fabian de participer à la vente aux enchères dont elle était l'objet.

- Bon, on n'est pas venu là pour jouer les touristes, s'exclama ce dernier en tapant dans ses mains.

William lui adressa un regard dubitatif, dans la mesure où c'était lui qui s'était le plus arrêté devant les stands. Celui des jardins suspendus de Babylone les avait occupé pendant un bon moment ; ce que les Moldus considéraient comme l'une des sept merveilles du monde qui avait disparu existait en fait bel et bien, et était bien plus suspendu qu'on ne voulait l'imaginer. On y cultivait des plantations qui défiaient l'apesanteur. Il devait bien admettre que lui-même avait été captivé par la beauté aérienne de ces plantes, bien éloignée de la rusticité des plantes carnivores.

- Routine habituelle ? Interrogea-t-il, laconique.

C'était la troisième fois qu'ils se rendaient tous les deux sur l'un des lieux d'action de la Force des tâches invisibles. Ils n'avaient décelé qu'une toute petite faille de sécurité sur le second lieu – une épicerie sorcière près de Belfast. William s'était senti assez inutile les deux fois ; Fabian lisait la magie comme personne – du moins à sa connaissance – et aurait très bien faire ce travail tout seul.

Comme Fabian acquiesçait, ils partirent chacun dans une direction opposée, en un mouvement circulaire qui s'éloignait du centre de la foire. La baguette levée, William marmonnait des incantations. Il finit par rencontrer une résistance et s'arrêta net. Un coup d'oeil derrière lui lui apprit que Fabian s'était arrêté à une même distance du dernier auvent. Ils avaient trouvé la ligne de démarcation tracée par la Force.

Les sortilèges Repousse-Moldu étaient faciles à vérifier. Ils n'étaient constitués que d'une seule couche de magie. Ceux de sécurité relevaient déjà d'un autre niveau, dans la mesure où ils sollicitaient à la fois des mécanismes de défense et d'autres d'offensive. Fabian avait expliqué à William que s'il y avait une faille, il fallait la chercher entre les couches. C'était là qu'il était le plus facile d'infiltrer de la magie noire. Celle-ci corrompait ensuite toute la structure du sortilège en créant une dissonance entre les couches. Si William avait appris que les sortilèges pouvaient être constitués de couches successives, lors de sa formation aux États-Unis, il n'avait cependant jamais entendu ses professeurs utiliser le vocabulaire musical pour expliquer la dynamique interne de la magie. Il n'était d'ailleurs pas tout à fait sûr d'entendre la magie comme Fabian disait le faire.

Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour plonger dans la couche superficielle de magie qui tenait les Moldus à l'écart. Elle ne présentait aucun défaut. Pourquoi se soucier de corrompre des sortilèges si faciles à défaire ? Le vrai problème des Mangemorts résidaient dans les sortilèges de sécurité, qui n'empêchaient pas les Moldus de voir mais ne les laissaient pas entrer. Après une exploration minutieuse de près d'une demi-heure qui le laissa épuisé, William en conclut que les sortilèges étaient sains.

Restait le dernier rempart, les sortilèges qui empêchaient tout Sorcier au désir de tuer d'entrer. Ceux-ci posaient le plus de difficulté à William. Sonder les intentions d'autrui relevait de la Legilimencie, alors même que ces sortilèges n'avaient pas vocation à être offensif mais défensif. Jeter un tel sortilège était d'une grande complexité ; fouiller la structure était encore pire.

Après avoir pris une petite pause, William s'assit dans l'herbe humide, ferma les yeux et tâcha de se concentrer. Il parvint à mettre de côté les sortilèges qu'il avait déjà examiné et atteignit enfin les bonnes strates de magie – c'est du moins l'impression qu'il eut. Très vite, il s'aperçut qu'il ne parvenait pas à saisir le sortilège. Il le sentait, tout près, mais dès qu'il cherchait à s'en saisir il s'échappait. C'était comme percevoir un son de façon très ténue, sans parvenir à l'identifier, le genre de son dont on était incapable de se rappeler dès qu'il cessait. Frustré, il lutta pendant ce qui lui parut durer des heures. Finalement, épuisé et le front couvert de sueur, il ouvrit les yeux et tourna la tête vers l'endroit où se trouvait Fabian.

Son camarade était allongé de tout son long dans l'herbe. De là où il était, William pensait le voir tapoter la terre avec sa baguette. Perplexe, il se redressa aussi lestement que possible malgré ses membres ankylosés et rejoignit Fabian. Il frappait effectivement le sol de sa baguette, les yeux fermés, les sourcils froncés, la joue pressée dans la boue. William n'osa pas lui demander ce qu'il faisait, au risque de briser sa concentration. Comme il ne semblait pas prêt à bouger, le jeune homme entreprit de suivre la ligne tracée par la Forcer et de vérifier l'infaillibilité des sortilèges à sa portée tout autour de la foire. La manœuvre prenait beaucoup moins de temps, une fois qu'on avait exploré la structure des sortilèges une première fois. Il lui fallut tout de même près de deux heures pour venir à bout de sa mission. Lorsqu'il revint auprès de Fabian, l'heure du déjeuner était passé depuis longtemps et son estomac criait famine. Il avait acheté deux sandwichs aux saveurs étranges – uniquement des plantes – auprès d'un Sorcier qui semblait un peu vert tant il avait côtoyé de chlorophylle. Fabian avait quitté sa position allongée pour se mettre à genoux. Il ouvrit brusquement les yeux lorsque William s'approcha de lui et fixa un regard halluciné sur les sandwichs. Sans un mot, il en arracha un des mains de son camarade et le dévora en quelques bouchées, sous les yeux ahuris de William.

- Oh, Merlin, souffla le grand roux lorsqu'il eut fini. Merci, j'ai cru que j'allais mourir de faim.

- Euh... Je t'en prie. Tu t'en sors ? Ça fait deux heures que tu es là.

- Ah ? Répondit-il distraitement tout en se grattant le crâne du bout de sa baguette. Pas fait attention. Il y a un truc bizarre avec le dernier sortilège.

- Je n'ai même pas réussi à m'en approcher, soupira William.

- M'étonne pas. Sans vouloir te vexer.

- Pas de problème, répondit-il avant de mordre dans son sandwich et d'enchaîner, la bouche pleine : pourquoi est-ce qu'il est bizarre ?

- Ça sonne juste mais de façon trafiquée. Comme si on avait changé la structure, mais de façon tellement parfaite qu'on ne peut pas le repérer.

- Alors comment est-ce que tu l'as repéré ?

- Le directeur de la Force avait raison : par affinité avec la magie noire. Quelqu'un qui ne l'a jamais approché ne le sentirait pas, mais je suis sûr qu'il y a un truc. Mais il y a un truc qui me chiffonne ; la faille n'est pas entre les couches. La personne qui a fait ça a réussi à infiltrer l'une des couches, si ce n'est plusieurs, et à en changer la composition.

Comme William le dévisageait, perplexe, il explicita :

- Ce serait comme modifier l'ADN d'un humain. Ça a sans doute été fait à tous les niveaux, c'est pour ça que l'harmonie reste si parfaite. Sans l'aura particulière de la magie noire, on n'y verrait que du feu.

William hocha la tête, les sourcils froncés.

- Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ? Pour les barrières magiques de la foire ?

Fabian pressa un instant ses doigts sur ses yeux avant de pousser un profond soupir.

- Elles sont nécrosées. Comme si elles avaient la gangrène. La foire dure dix jours ; si la personne qui a fait ça a bien fait son travail, le sortilège devrait mourir avant que ce temps ne soit écoulé.

- Il n'y a aucune habitation moldue aux alentours. Comment les Mangemorts peuvent-ils croire que la révélation de la foire va avoir un impact quelconque ?

- Je n'en sais rien, petit. Peut-être ont-ils un plan pour attirer du monde.

- Si c'est le cas, réfléchit William à voix haute, ça veut dire qu'ils savent exactement quand le sortilège va craquer. Mais, attends une minute... c'est le sortilège qui sonde les intentions. Les Moldus n'ont rien à voir là-dedans !

- Je n'en suis pas si sûr. Ce sortilège sous-tend toute la structure, s'il saute il emmène tous les autres avec lui. Ça veut donc dire la foire révélée aux Moldus, mais aussi l'absence de protection la plus totale face aux Mangemorts. Le moyen parfait pour mettre le chaos.

Fabian leva les yeux vers son cadet, l'air grave.

- On pourrait faire sauter toutes les protections maintenant et tout remettre en place aussitôt. Avec l'aide de la Force, ça ne prendrait pas tellement de temps et on limiterait les dégâts. Seulement le sortilège est tellement corrompu que je doute qu'on arrive à le faire sauter, à moins d'arriver à le craquer. Je n'ai pas trouvé la moindre ouverture en deux heures.

William avala difficilement la fin de son sandwich et fixa un instant la baguette de Fabian, à présent fichée dans la terre.

- Qu'est-ce qu'on fait, alors ?

Son camarade soupira profondément avant de se laisser tomber en arrière.

- On essaie pendant le temps qui nous reste, et on se prépare à un assaut.

- Et il nous reste combien de temps ?

- Pas la moindre idée. Dix jours ou douze heures, impossible à savoir.

- On va demander l'aide de la Force ?

Fabian se frotta les yeux avant de fixer le ciel qui se couvrait rapidement de nuages gris.

- Ça vaut sans doute mieux. Même s'ils ne sentent pas que le sortilège est corrompu, ils parviendront peut-être quand même à le faire sauter. Tu peux te charger de les prévenir ? Je vais rester et essayer encore d'infiltrer la structure.

William hocha la tête et sauta sur ses pieds. Il considéra un instant le teint blafard de Fabian, indécis.

- Ne te tue pas à la tâche, conseilla-t-il finalement.

Fabian lui adressa un regard moqueur.

- Je suis un grand garçon, je peux m'occuper de moi-même. File maintenant, plus vite tu ramènes des renforts plus vite je vais pouvoir me reposer.

Sans plus tergiverser, William acquiesça et gagna à grands pas le lieu dédié au transplanage.

***

Remus mordit dans sa tablette de chocolat et en savoura le goût, satisfait. La pleine lune n'était que dans quelques jours mais, déjà, il se sentait faiblir. Les yeux fermés, il avala un nouveau morceau de chocolat. La porte d'entrée du QG qui claqua avec fracas le fit sursauter. Il tourna son attention vers l'entrée de la cuisine, où William ne tarda pas à faire son apparition. Les larges cernes sous ses yeux ne faisaient qu'accentuer son teint pâle. Remus songea avec un brin de cynisme qu'ils devaient avoir l'air aussi en forme l'un que l'autre. Pour cette raison, il cassa un bout de sa tablette et le lui tendit avec un sourire. Le jeune homme s'en saisit avec un grognement puis se laissa tomber sur une chaise. Remus lui laissa quelques minutes de répit avant de demander :

- Toujours pas de progrès ?

- Non. Fabian et un type qui est apparemment le meilleur élément de la Force pensent que la structure évolue en permanence. Du coup, aucune technique ne fonctionne. Ce sortilège est imprenable, comme... Comme une forteresse dont l'entrée changerait d'emplacement toutes les secondes.

Remus tapota sur la table tout en se mordant la lèvre. Il était bon en sortilège mais cette histoire dépassait de très loin son niveau. Il choisit donc de se concentrer sur des éléments qu'il maîtrisait mieux :

- Il reste combien de temps ? Avant que la bombe n'explose ?

Un sourire cynique effleura les lèvres de William.

- C'est vrai qu'on dirait une bombe, cette affaire. Et les... Comment les Moldus appellent ça déjà ? Débombeurs ?

- Démineurs, pouffa-t-il.

- C'est ça. Et les démineurs n'arrivent à rien. La foire se termine dans deux jours. On ne sait toujours pas quel est le but de la manœuvre, d'ailleurs. Y aura-t-il des Moldus sur place, ou les Mangemorts cherchent-ils juste à tuer le plus de Sorciers possible tout en nous faisant perdre toute crédibilité face au monde sorcier... Je suis allé éplucher les registres de participation à la foire ; rien qu'avec les exposants, pratiquement tous les pays du monde sont représentés. Sans compter les visiteurs. Si ça tourne au carnage, la Ministre de la Magie va avoir des soucis avec ses collèges étrangers.

- Ça ne tournera pas au carnage, dit doucement Remus. On est tous prêts à réagir. Le Bureau a également été mobilisé. Maugrey est bien conscient des enjeux.

William enfouit son visage entre ses mains. C'est d'une voix étouffée qu'il répondit :

- La dernière fois qu'on a fait face à des enjeux pareils, Jenny est morte et Maugrey a perdu sa jambe.

Remus se figea, glacé jusqu'au sang, saisi par la soudaine impression de se retrouver près d'Inverness, un an plus tôt, face au cadavre de Jenny. Face au regard hanté de Sirius après sa vengeance.

- Ça va bien se passer, répéta-t-il dans un souffle.

Il n'eut plus guère l'occasion d'y penser pendant la nuit qui suivit. L'effet de la lune était de plus en plus fort. Tous ses membres étaient douloureux, sa tête lui donnait l'impression qu'elle allait exploser. Il se traîna hors de son lit aux premières lueurs de l'aube, dans l'intention de partir en mission. Il tomba sur Margaret, qui s'apprêtait à quitter le QG elle aussi. Elle lui scruta quelques secondes puis le renvoya se coucher. Comme il tentait de négocier, elle menaça même de le ligoter à son lit s'il persistait dans son intention. La soudaine faiblesse qui le fit vaciller l'obligea à obéir. Margaret lui donna un somnifère et il sombra dans un sommeil sans rêve. Lorsqu'il se réveilla, peu avant l'heure du déjeuner, il était un peu plus reposé mais ne se sentait guère mieux. Il se traîna jusqu'à la cuisine dans l'espoir que manger lui ferait du bien. Il attrapa machinalement le bout de parchemin qui traînait sur la table, en se demandant s'il s'agissait de nouvelles menaces de Margaret. Seul un mot avait été griffonné à la hâte : « Foire ».

Il jura, attrapa sa baguette pour attirer magiquement ses chaussures et voulut se précipiter dans l'entrée pour se draper dans sa cape. Une soudaine faiblesse le saisit et il s'écroula dans le salon, les membres tremblants. Il resta prostré au sol en attendant que le vertige passe. Ses chaussures se posèrent près de lui avec un bruit mat. Il les fixa un moment, le souffle court.

Il mourait d'envie d'aider, mais, Merlin, s'il allait à la foire botanique il ne serait qu'un poids pour les autres. Il s'allongea sur la moquette et ferma les yeux. Une larme de frustration perla au coin de son œil. Il n'avait plus qu'à attendre.  

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