III - Chapitre 72


Edit : il y a eu un problème avec la fin du chapitre qui n'apparaissait pas quand j'ai posté, de mon pdv c'est réglé mais si jamais vous n'avez pas ma note à la fin c'est qu'il y a un problème. Si tel est le cas, je veux bien que vous me préveniez ! Merci !

Note du bêta : Salut à tous ! J'espère que vous allez bien ! Cette note du bêta est un peu particulière car il s'agit de la dernière de la troisième partie "Le dernier ennemi qui sera vaincu c'est la mort." Je sais que cette partie devais durer jusqu'à la mort de Lily et James mais Cazolie en as décidé autrement. Cette troisième partie est celle qui m'as vu devenir le bêta de Cazoue et as duré si longtemps pour moi... Je suis ému je vous le cache pas. Bonne lecture gros bisous à tous et à très bientôt j'espère...

Chapitre 72

Poudlard, le 1er juillet 1980

Chère Lily,

veuillez m'excuser pour ma réponse plus que tardive. Votre lettre m'a trouvé en plein préparatifs des examens et festivités de fin d'année et je n'ai pu trouver le temps d'y répondre. Cela m'a laissé le temps de réfléchir à votre histoire et vos suppositions.

Si vous êtes positivement sûre que cette manifestation de magie ne vient pas de vous, il me faut également en conclure que c'est votre bébé qui l'a provoquée. Vous semblez dubitative ; à vrai dire, nous ignorons tout de la façon dont se transmet la magie ou de l'âge auquel elle se manifeste pour la première fois. Certains nouveaux-nés révèlent déjà leur pouvoir, d'autres enfants n'en montrent rien avant des années et des années. Je n'ai jamais entendu de cas tel que le vôtre, mais il y a une première fois à tout ! Quant à ce qui a provoqué cela, je pense encore une fois que vous avez vu juste ; d'une manière ou d'une autre, l'instinct de survie de votre enfant a été provoqué. Je rajouterais qu'il a pu vouloir vous protéger. Je ne connais pas bien les mères, bien sûr, mais j'ai cru comprendre qu'un lien très fort pouvait se nouer entre la mère et son enfant. Nous ne pourrons jamais être sûrs, mais j'ose avancer qu'il a senti votre détresse ainsi que perçu la personne qui la provoquait. Cela expliquerait que James n'ait pas été assommé alors que Voldemort a été mis hors d'état de nuire suffisamment longtemps pour que vous puissiez vous échapper.

Il nous faut malheureusement nous en tenir aux supputations et, surtout, s'estimer heureux qu'une telle chose soit arrivée ! Ce n'est pas ma place de vous réprimandez quant aux risques que vous avez pris mais, je vous en prie Lily, faites attention à vous !

J'essaierai de passer au QG durant l'été, mais il s'annonce chargé. Notre nouvelle ministre est pleine de résolutions et il y a beaucoup à faire ! De plus, notre bien-aimé professeur de Divination a pris sa retraite et il va falloir lui trouver un remplaçant. La tâche n'est guère aisée !

Avec toute mon amitié,

Albus P.W.B. Dumbledore

Lily replia la lettre de son ancien directeur et se laissa aller dans son fauteuil, la main posée sur son ventre. Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis que Voldemort s'était pointé chez les Prim. Ces derniers étaient arrivés sains et saufs aux États-Unis et, sous la conduite de leur Langue-de-plomb de père, avaient tout bonnement disparu de la circulation. Les rumeurs disaient que seul Maugrey était au courant de ce qu'ils étaient devenus.

Lily s'était remise rapidement, James beaucoup moins. Il n'avait certes pas besoin de s'inquiéter pour sa femme qui restait au QG, mais elle sentait parfois son regard torturé peser sur elle. Au bout de quelques jours, elle avait réalisé que James n'avait jamais eu de raison, auparavant, de vraiment craindre pour sa vie à elle. Elle n'avait jamais été aussi gravement blessée que lui, exception faite peut-être de la bataille de Trafalgar Square. Elle-même l'avait vu en danger de mort imminente plus d'une fois et avait dû apprendre à vivre avec. Elle soupçonnait la culpabilité d'ajouter encore à son trouble, même s'ils avaient décidé qu'ils étaient aussi responsables l'un que l'autre et qu'il n'y avait pas lieu de ressasser ce qu'il s'était passé. Ayant subi l'incompréhension de son mari lorsqu'elle même s'inquiétait en permanence pour lui, elle tâchait de ne pas noter son désarroi et de lui montrer le plus possible qu'elle se portait à merveille.

Elle ferma les yeux alors qu'une brise fraîche agitait les rideaux et venait caresser son visage. L'été était beaucoup trop chaud à son goût, même s'il ne faisait jamais plus de 25 degrés. Elle soupçonnait fortement ses huit mois de grossesse bien entamés d'être un facteur aggravant.

La porte d'entrée s'ouvrit et révéla Benjy, pâle et le visage amaigri. Il avait passé près de trois semaines à Ste-Mangouste suite à l'attaque qu'il avait subie. Les Guérisseurs avaient fini par conclure qu'un sortilège destiné à créer un Inferius l'avait frappé et complètement dégénéré, puisqu'il était fait pour les cadavres et non les vivants. Emmeline n'avait été que l'ombre d'elle-même durant tout ce temps. Il était finalement rentré au QG, méconnaissable mais en vie.

Le jeune homme se laissa tomber dans le canapé avec un grognement.

- Trop chaud, marmonna-t-il.

- Je suis bien d'accord.

- Tu n'as pas eu besoin de monter la garde en plein soleil, toi, fit-il remarquer.

- Certes.

Elle se leva avec difficulté – son énorme ventre rendait tout de plus en plus difficile – et alla chercher de quoi désaltérer Benjy. Lorsqu'elle revint dans le salon, elle trouva une imposante pile de dossiers posée sur la table. Benjy lui adressa un sourire narquois :

- Maugrey a décidé de ne pas te laisser te reposer.

- Il a bien raison, rétorqua-t-elle en lui tendant son verre. Deux questions : qu'est-ce que c'est et, par Merlin, d'où est-ce que tu sors ça ?

- Black t'aurais répondu un truc inapproprié mais je me contenterai de : la magie, tu connais ? Quand à ce dont il s'agit : ce sont les copies de tous les rapports de ces six derniers mois, du Bureau comme de l'Ordre. Maugrey veut que tu les compiles pour voir s'il y a une logique derrière tout ce qu'il s'est passé, des trucs récurrents, une évolution... N'importe quoi qui indique que Voldemort ne fait pas fait tout ça au hasard.

- Ça sent encore la mesure désespérée, marmonna Lily en jetant un coup d'oeil effaré au monceau de parchemins.

- Tant de sarcasme dans ta voix, commenta Benjy après avoir avalé d'une traite son verre d'eau. Tu as pris des cours auprès de Sirius ?

Elle leva les yeux au ciel et se laissa tomber près de lui.

- Très amusant.

La jeune femme tourna la tête vers son ami. La tête renversée sur le dossier, il avait fermé les yeux. Ses joues creuses et ses traits tirés l'inquiétait.

- Est-ce que tu prends le temps de te reposer, Benjy ?

- Qui a le temps de faire ce genre de choses ? Marmonna-t-il.

- Les femmes enceintes... Et les convalescents.

- On est tous convalescents en permanence.

- Tu sais très bien que ce n'est pas la même chose.

Il ouvrit les yeux pour la regarder, un sourcil dressé.

- Ton mari a pris deux jours de repos avant de repartir alors qu'il avait été salement torturé.

- Et toi tu as passé dix jours inconscient dans un lit de Ste Mangouste, protesta-t-elle en s'efforçant de ne pas s'attarder sur les images que Benjy avait évoquées.

- Justement, c'est bien assez suffisant.

Pour couper court à la conversation, il se redressa, saisit son verre et s'apprêta à quitter la pièce. En désespoir de cause, Lily lança :

- Emmeline s'inquiète !

Il se figea sur le pas de la porte de la cuisine. Ses épaules se tendirent un instant, elle le vit prendre une profonde inspiration.

- Elle te l'a dit ?

- Non, mais je le sais.

Benjy se tourna à demi vers elle, un petit sourire sur les lèvres.

- Ah ouais ? Et y a-t-il une raison qui la pousse à s'inquiète pour moi de la sorte ?

Lily rougit légèrement.

- Tu le sais très bien.

Pendant un fugitif instant, le regret brilla dans les yeux de Benjy.

- Sans doute. Mais on n'a pas tous le cran de vivre ça en pleine guerre.

Surprise par cette déclaration, Lily n'eut pas le temps de trouver une réponse adéquate. Il ferma la porte derrière lui et ne revint pas. La jeune femme se renfonça dans le canapé, songeuse. Elle avait toujours pensé que Benjy les trouvait stupides, James et elle, de fonder une famille malgré la guerre. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il les trouvait courageux, voire les enviait. Surtout pas après l'affaire Prim.

Son regard tomba sur la pile de parchemins que Benjy lui avait apportée.

- Les rapports des six derniers mois... On va avoir du boulot, Bébé.

- Ah ! Je savais bien que je n'étais pas la seule à parler à mon bébé !

Lily tourna la tête vers la porte d'entrée, un sourire ravi sur les lèvres. Alice, rayonnante, le lui rendit. Les deux jeunes femmes parvinrent à s'étreindre malgré leurs ventres. Alice loucha sur les dossiers alors qu'elles s'asseyaient sur le canapé.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Du boulot pour l'Ordre.

- Ah ! Contente de savoir que je ne suis plus la seule à subir la paperasse ! Mais on s'en fiche, regarde ce que j'ai...

Elle entreprit de sortir de son sac tout un tas de vêtements de bébé, devant lesquels Lily ne cessa de s'extasier. Vivre sa grossesse en même temps qu'Alice avait été un véritable soulagement. Elles avaient fait toutes les démarches relatives à la maternité ensemble, Ste-Mangouste n'ayant pas de service de naissance. Elles avaient d'abord été aidées par la mère d'Alice puis par Dumbledore lorsqu'elles s'étaient aperçues que le secret dans lequel elles vivaient n'allaient pas aider les choses. Il leur avait conseillé la maternité d'une de ses amies, une clinique privée qui protégerait leur identité coûte que coûte. Grâce à Alice, Lily abordait la dernière phase de sa grossesse avec sérénité – elle savait que l'inverse était également vrai. De plus, elles étaient toutes deux affligées d'un mari trop téméraire à leur goût.

- Je suis terriblement jalouse que ton terme soit deux semaines avant le mien, commenta Lily en touchant du bout des doigts une minuscule chemise de nuit brodée avec soin.

- Je n'ai jamais été aussi heureuse que le jour où la sage-femme m'a annoncé qu'elle avait revu ses estimations, plaisanta-t-elle. Je n'en peux plus !

- Je ne vois pas pourquoi. Les pieds gonflés, l'impossibilité de descendre les escaliers...

Alice ouvrit de grands yeux.

- Je n'y avais pas pensé, comment est-ce que tu t'en sors ? Ils sont tellement raides ici !

Lily haussa les épaules en riant.

- Si je trouve une pauvre victime qui descend en même temps que moi, je m'accroche à ses épaules même sans son consentement. Et sinon, eh bien... Je prie pour ne pas rater une marche !

Elles discutèrent joyeusement pendant plus d'une heure, riant et plaisantant comme lorsqu'elles étaient encore à Poudlard. Il n'y avait qu'avec Alice qu'elle pouvait si facilement oublier la guerre car elles s'étaient toutes les deux éloignées du terrain des mois auparavant – à l'exception de l'affaire Prim. Lily avait bon espoir qu'une fois tout cela terminé, elles pourraient vivre la même chose avec leur mari et leurs enfants, tourmentées uniquement par les soucis de la vie quotidienne.

James arriva au milieu d'une conversation angoissée sur l'accouchement. Il les salua d'un grognement avant de s'allonger sur le petit bout de canapé qui était encore libre, ses jambes largement passées par-dessus l'accoudoir, sa tête posée sur les genoux de Lily. Il ne prononça pas un mot. Lily jouait avec une mèche de ses cheveux tout en parlant, mais ses rêves d'une vie paisible s'étaient envolés.

***

Carrie avait l'impression d'assister à un match de boxe, malgré le bureau qui séparait les opposants. Millicent Bagnold d'un côté, Margaret Thatcher de l'autre. Carrie suivait les actualités des deux communautés ; elle savait que Thatcher s'était lancée dans une politique de réforme risquée, critiquée de toutes parts. Dès lors, s'occuper de la communauté sorcière était certainement le cadet de ses soucis.

La Ministre sorcière rajusta son chapeau pointu, ses cheveux perçants fixés dans ceux non moins vifs de son vis-à-vis.

- Tout ce que je demande, c'est un bateau de la Royal Navy.

- Et comment expliquerai-je ça à mon État-Major, Mrs. Bagnold ?

- Je vous en prie, appelez-moi Millicent, rétorqua-t-elle avec un sourire crâne.

Carrie, assise à l'un des coins du bureau, grimaça. Elle lui avait répété cent fois de ne pas dire ça. Comme la Sorcière n'obtenait pas de réponse, elle continua :

- Je veux un bateau, non pas un équipage. Dites qu'il a été endommagé et qu'il doit être remisé.

- Je n'aime pas le mensonge, Mrs. Bagnold, répondit Thatcher, les lèvres pincées.

- Oh, je vous en prie, vous savez aussi bien que moi que la politique n'est jamais qu'un jeu de mensonges. Nous pouvons donner l'impression que le-dit bâtiment ne peut plus partir en mer, ce ne sera guère compliqué.

- Puis-je savoir ce que vous souhaitez en faire ? Interrogea-t-elle sèchement.

- La mer est le moyen le plus sûr d'évacuer nos concitoyens qui ne sont plus en sécurité. Seulement, nous devons toujours faire des pieds et des mains pour trouver une embarcation. Si nous en possédions une, nous gagnerions un temps précieux qui nous permettrait sans doute de sauver plus de familles.

- Si vous les protégiez correctement, vous n'auriez pas besoin de les faire fuir.

- Moi qui pensais que l'idée d'avoir moins de Sorciers en Grande-Bretagne vous réjouirez, fit remarquer Bagnold avec ironie.

Thatcher pinça les lèvres, prise à son propre piège. Finalement, elle demanda prudemment :

- Qu'offrez-vous en échange ?

Bagnold soupira avant de tendre la main vers Carrie, qui leur tendit à toutes deux des feuilles couvertes de conversions du gallion à la livre. La jeune fille se renfonça ensuite dans son siège et avala une gorgée de son thé brûlant, sur le qui-vive. Elle savait qu'un échange vif l'attendait et qu'elle allait devoir être plus concentrée que jamais.

Carrie quitta le 10, Downing Street deux heures plus tard. La Ministre sorcière était repartie par la cheminée, comme d'habitude. Le gardien de l'entrée la salua en touchant son képi du bout des doigts. Elle hocha vaguement la tête en réponse, trop épuisée pour tout autre effort de politesse. De toute façon, ce n'était pas ce gardien-là qui l'intéressait. Elle traversa le parc St-James sous la pluie battante et s'arrêta peu avant la sortie vers Buckingham Palace. Elle chercha un instant autour d'elle avant d'apercevoir sa silhouette, à l'ombre d'un immense pin. Elle sautilla jusqu'à lui.

William lui adressa un grand sourire, étrangement sec. Elle comprit lorsqu'elle se trouva suffisamment proche de lui : une bulle d'air chaud et imperméable le gardait à l'abri – et elle aussi par la même occasion.

- Incroyable, souffla-t-elle, émerveillée.

Il se mit à rire tout en saisissant sa main.

- Ça a encore l'air de t'étonner.

Elle haussa les épaules.

- Je me suis habituée aux bizarreries du Ministère, mais à part ça je ne vois pas vraiment de magie.

- Je t'emmènerai sur le Chemin de Traverse, un jour. Ça te plaira.

Carrie lui adressa un grand sourire avant de l'embrasser.

- Mmmh, Merlin, tu es trempée, murmura-t-il avant de donner un petit coup de baguette sur ses vêtements.

Un souffle d'air chaud fit voleter cheveux et vêtements et fit s'évaporer toute trace d'humidité. Elle lui adressa un grand sourire avant de se laisser tomber sur le tapis d'aiguilles de pin.

- Je ne te dérangerai pas, j'ai une tonne de boulot. Apparemment, je suis corvéable à merci puisque j'ai terminé le lycée.

William resta adossé au tronc, les yeux fixés sur le palais.

- Tu as pu régler tes problèmes pour l'année prochaine ?

- Oui. Downing Street a accepté de me faire une convention de stage. Ils vont m'exploiter dans je ne sais quel service, mais j'ai l'autorisation de m'absenter si Thatcher a besoin de moi. Bagnold va devoir passer par son entremise si elle souhaite me voir pendant mes heures de travail. J'espère qu'il n'y aura pas de problème.

Elle sortit un bloc-notes de son sac et entreprit de relire les décisions prises durant la séance précédente, barrant, raturant et annotant de tous côtés.

- Tes parents ont dû être sacrément surpris que tu décroches un stage là-bas.

- Tu n'imagines même pas ! Un stage payé, en plus. Ils vont bientôt oublier que je n'ai que mon diplôme du secondaire et je vais faire une grande carrière dans la politique, conclut-elle joyeusement. Ou la diplomatie. Je suis en train de devenir assez douée pour la négociation.

- Tu m'étonnes, commenta-t-il avec un petit rire.

- Eh, Will ? Tu voudras venir dîner chez mes parents un de ces quatre ?

Les yeux toujours fixés sur l'entrée du parc, William fronça les sourcils.

- Chez tes parents ? Avec eux ?

- Oui.

Il tourna la tête vers elle, la scruta un instant puis sourit.

- Entendu.

***

Peter était nerveux. Il n'aurait pas dû être seul aux docks, mais le destin en avait décidé autrement. Remus était supposé l'accompagner, seulement les symptômes de la pleine lune s'étaient manifestés. Elle n'arriverait pourtant que trois jours plus tard, mais il arrivait que son effet soit plus fort certains mois. Épuisé, Remus était parti.

L'Ordre soupçonnait les Mangemorts de faire du trafic dans les docks de Manchester – trafic de quoi, nul ne le savait. Peter et Remus étaient censés le découvrir. A présent, c'était Peter tout seul.

Il déglutit et se glissa dans l'entrepôt numéro 3. Il avait déjà parcouru les deux premiers sans rien y trouver. C'était de grands cubes en briques, froids et sombres, remplis de conteneurs trop nombreux pour que Peter les sonde – c'était du moins son excuse. Il allait parcourir les treize entrepôts de cette partie-ci des docks, ignorer tout signe suspect et rentrer au QG. C'était le plan idéal.

L'entrepôt numéro 3 était aussi désert et silencieux que les autres. Il sentait les algues et l'eau de mer sale. Rien de très avenant. Peter passa devant une première allée de conteneurs. Sa baguette projetait des ombres inquiétantes qu'il s'efforçait de ne pas regarder. Il leva la tête, s'aperçut que le plafond était trop haut pour qu'il le distingue et s'empressa de fixer à nouveau ses pieds. Sa baguette tremblotait entre ses doigts moites, son cœur battait à tout rompre. Dans des moments comme celui-ci, il doutait de pouvoir continuer à servir l'Ordre encore longtemps. Il était épuisé, aussi bien moralement que physiquement. Il ne comptait plus le nombre de blessures qu'il avait reçues, le nombre de coups infligés. Il se rendait bien compte que son hésitation, de plus en plus importante, le rendait dangereux. Un jour viendrait où il se cacherait au lieu d'aider un camarade. S'il devait être tout à fait honnête avec lui-même, il l'avait déjà fait – plus ou moins.

Il se détestait. Il se détestait de faillir aux Maraudeurs, mais il n'arrivait pas à faire autrement. Il essayait de ne pas avoir peur, mais c'était au-dessus de ses forces. A la peur de souffrir, de mourir, s'était rajoutée la peur d'en faire part à ses amis. Ils allaient le mépriser, le rejeter. Il ne serait plus personne.

La panique monta en lui à cette idée. Il devait prendre les devants, trouver une solution. Tout, plutôt qu'ils s'aperçoivent d'eux-même de sa lâcheté, de son inutilité. Il ne supporterait pas leur regard plein de mépris, la solitude dans laquelle cela le plongerait.

La solitude. L'anonymat. Il n'en voulait plus.

Alors qu'il tournait dans une nouvelle allée, il songea qu'il y goûtait déjà. Sirius s'était renfermé depuis la trahison et la mort d'Ethel. Remus était préoccupé – par la pleine lune, la guerre, comment savoir. James consacrait toute son attention à Lily lorsqu'il était au QG. L'affaire Prim l'avait secoué.

Peter ne leur en voulait pas – pas vraiment. Il se disait simplement qu'il aurait fallu qu'il vive quelque chose de traumatisant pour qu'ils soient là pour lui, comme les Maraudeurs avaient été là pour James quand Fleamont était mort, pour Sirius quand Ethel avait trahi. La guerre n'était pas une raison suffisante, car elle était partout, tout le temps. La peur n'était pas une raison suffisante pour qu'on vous soutienne, non. Pas quand on s'appelait James Potter, Sirius Black ou Remus Lupin.

Parvenu au fond de l'entrepôt, Peter contourna une nouvelle rangée de conteneurs et s'engagea dans l'autre sens. Un raclement, presque imperceptible, attira son attention. La panique le saisit si brusquement que sa baguette s'éteignit dans un dernier crachotement de lumière. Il se plaqua contre le paroi de tôle à sa droite, le cœur battant à tout rompre. Juste à temps, il se rappela qu'il était un Animagus.

Peter, sur une profonde inspiration, se changea en rat. Comme d'habitude, la modification de ses sens le déstabilisa un instant, mais il reprit bien vite contenance. Il fit quelques pas prudents en avant, le nez en l'air. Il connaissait suffisamment les rats pour avoir remarqué au premier bruit entendu que ce n'était pas produit par un rongeur. L'odeur n'était d'ailleurs ni humaine, ni animale. Par dessus tout flottait, indubitable, l'odeur de la magie. La personne qui avait signalé les docks à l'Ordre ne s'était donc pas trompée.

Queudver se cacha dans un renfoncement entre deux conteneurs, même s'il faisait sombre comme dans un terrier de gnome. Ses moustaches frémissaient au même rythme que sa peur alors qu'il tentait, malgré tout, d'identifier l'odeur. Elle lui évoquait indubitablement quelque chose... La cuisine, les pâtisseries, Poudlard.

Un elfe de maison.

Le cœur du petit rat ralentit un peu. Un elfe de maison ne pouvait pas faire grand mal. Il sortit donc de sa cachette et suivit l'odeur. Ses griffes cliquetaient tout doucement contre le béton du sol. Il trottina le long de plusieurs allées avant d'apercevoir enfin l'elfe de maison. La petite créature, vêtue d'une toile délavée mais propre, longeait les conteneurs à pas lents et silencieux. De temps en temps, elle posait la main sur une porte, provoquait une étincelle puis continuait son chemin.

Queudver savait qu'il aurait dû reprendre forme humaine et, si possible, l'interroger – même si, à bien y réfléchir, l'elfe serait sans doute dans l'incapacité de répondre à cause des ordres de son maître.

Cette réflexion le mit en paix avec lui-même. A quoi bon se donner du mal alors qu'il savait que cela n'aboutirait à rien ? De plus, l'elfe de maison ne faisait rien de mal – du moins pas en apparence. Personne ne saurait jamais qu'il l'avait vu. Décidé, il fit le chemin en sens inverse, jusqu'à se trouver à l'autre bout de l'entrepôt. Il entendait à peine l'elfe. Il renifla l'air une dernière fois, pour s'assurer que rien n'avait changé, tout en concentrant déjà la magie autour de lui. Au moment où il entamait la métamorphose, une odeur l'assaillit subitement : un Sorcier venait d'entrer.

La panique rendit sa transformation chaotique, et bien plus douloureuse que nécessaire. Peter se retrouva finalement à plat ventre, à bout de souffle, des larmes de douleur dans les yeux. Lorsqu'il reprit contenance, il s'aperçut avec effroi que le Sorcier était devant lui. Il aperçut des chaussures en cuir à bout carré dépassant d'une robe noire élimée. Tremblant de tous ses membres, il releva un peu plus la tête. Il eut à peine le temps de croiser son regard : un sortilège le fit décoller du sol et il alla rouler quelques mètres plus loin avec un cri de douleur. Il recula à croupetons, paniqué, tout en cherchant frénétiquement sa baguette dans sa poche. L'homme, un petit être rondouillard d'une cinquantaine d'années, arracha sa cagoule et le toisa derrière ses lunettes rondes. La lumière de sa baguette luisait sur son crâne dégarni tandis que les halètements de peur de Peter résonnait dans l'entrepôt.

- J'ignore qui t'envoie ni ce que tu fais là, mais ce qui est certain c'est que tu es un piètre espion, commenta le Mangemort. Tu as fait un boucan de tous les diables. Un autres de mes camarades t'aurait éliminé sur le champ.

Les doigts tremblants de Peter parvinrent à extraire sa baguette de sa poche mais l'homme le désarma aussitôt.

- Voilà qui est fait, commenta-t-il. Alors, dis-moi, qui t'a envoyé ici ?

Peter déglutit. La sueur perlait sur son front alors qu'il cherchait une issue. Le Mangemort leva sa baguette et le jeune homme ne put retenir un gémissement.

- Pitié... Pitié....

Son adversaire haussa un sourcil.

- Si tu me réponds, je ne te ferai pas de mal.

- L'Ordre, articula Peter. L'Ordre du Phénix.

Un air ennuyé passa sur le visage du petit homme.

- Je vais être obligé de te tuer, dans ce cas. Sans ça, tu vas t'empresser de raconter tout ce que tu as vu.

- Je n'ai rien vu ! Balbutia Peter. Je ne dirai rien, je vous le promets !

- Tu crois vraiment que je vais me satisfaire de ça ?

Désespéré, Peter, fixa ses yeux larmoyants dans les siens. Une lueur s'alluma dans le regard du Mangemort.

- A moins que...

Peter se redressa un peu en entendant ce qui ressemblait à une lueur d'espoir.

- Une information contre ta vie et ton silence, petit, souffla l'homme d'une voix doucereuse. C'est équitable, non ?

Le jeune homme enfonça ses ongles dans la paume de sa main, le cœur battant à tout rompre. Il revoyait le visage de Sirius quand on parlait de la trahison d'Ethel, imaginait la mort, songeait à la douleur, tentait de trouver quelle information il pourrait divulguer sans trop compromettre l'Ordre. Cette dernière considération prit le pas sur toutes les autres.

Une information. Elle n'avait pas besoin d'être sensible. Cela ne signifiait pas qu'il allait attirer tout le monde dans un piège, comme Ethel. Non, c'était simplement un échange. Une banale information, et il sauverait sa vie. Ce n'était qu'une simple négociation, un terrain d'entente. Il ne s'alliait pas aux Mangemorts, il ne collaborait même pas... Il sauvait sa vie.

- Une... une information ? s'assura-t-il. Rien qu'une et vous me laissez partir ?

L'homme hocha la tête d'un air solennel.

- Tu as ma parole d'honneur. Enfin, si tu me donnes la tienne de tenir ta langue.

Peter passa sa langue sur ses lèvres sèches. Personne ne saurait jamais. Il avait une chance de s'en sortir, autant la saisir. Il se redressa lentement sur ses jambes tremblantes. Était-ce si condamnable de vouloir vivre ?

- Je vous le jure.

C'est ainsi que commença la descente aux enfers de Peter Pettigrow.

Le début de la fin.

Note du bêta deluxe : SAAAAAAAAALUUUUUT ! Ce chapitre méritait bien une DEUXIÈME note du bêta ! J'espère que certains se sont fait pipi dessus en imaginant la fin de la fic sur ce chapitre ! Bwahahahaha. Sachez cependant que je n'ai pas menti. Ce chapitre était bien le dernier de la troisième partie, qui sera d'ailleurs prochainement renommée "les enfants du destin" (Cazoue vous expliquera mieux que moi cette histoire de correction de fic) et le prochain sera le premier de la quatrième et dernière partie (cette fois c'est pour de vrai) "Le dernier ennemi qui sera vaincu c'est la mort". Il nous as semblé logique à Cazolie et moi de séparer le début de la fin et la fin de la fin. Quels événements durant cette troisième partie ! Je vais me relire le tout moi pour fêter ça tout en me motivant pour bêta la quatrième partie pour que nous en profitions vite ! Gros bisous ! PS : FAIIIIIIL ! C'est pas les enfants c'est les fils du destin ! Comme fil comme le fil rouge ! Le fil de ton pull ! C'est moi qui comprend rien et qui change Cazoue la pauvre. Donc la troisième partie se nomme désormais "les fils du destin" et la quatrième s'appellera "Le dernier ennemi qui sera vaincu c'est la mort." On as toujours pas trouvé de nom viable pour la première et la deuxième partie ni pour la fic elle même hahaha... Cazolie va me taper... Gros bisouuuuuuus !

Note de moi : Vous avez eu peur ? :p  Désolée pour ce subit changement mais j'ai eu une révélation. Ca me paraît plus équilibré comme ça. Surtout, j'avais cette idée de fils du destin qui me restait en tête et il fallait que j'en fasse quelque chose ! Alors à vrai dire ça ne va pas changer grand chose pour vous pour le moment (rassurez-vous je ne fais pas une pause entre la 3è et la 4è parties haha). Je rajouterai un truc sur cette histoire de destin quand je corrigerai toute la fanfic, une fois terminée. 

Voilààààà encore désolée pour le chamboulement de programme ! C'est le problème des auteurs qui publient un travail en cours :p La bise ! 

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