III - Chapitre 67
Note du bêta : Yoooooooaaaaaaaaaaaaw baillement joyeux C'est lundi,c'est 13h du matin, (à l'heure ou j'écrit la note si vous l'avez bien plus tard c'est de la faute de Cazoue) c'est pas forcément le jour du chapitre mais on s'en tamponne l'oreille avec une babouche parce que comme dirais les mangemorts "J'ai des ordres" et ces ordres c'est qu'on poste aujourd'hui ! La dernière fois si je me souviens bien on avais conclu la bataille, et vous allez voir que ca va être la grosse joie et la grosse bonne humeur après tout ca huhuhu... Allez bonne lecture bisous hésitez pas à envoyer un petit message de soutient à Cazoue plutôt que des "Eurgeugeu cékan la souite" ca lui ferait plaisir et à moi aussi ! Enjoy !
Chapitre 67
Carrie serra son dossier contre son cœur pour se calmer. Non qu'elle lui voue un amour particulier, mais elle n'avait rien d'autre auquel se raccrocher. Le couloir du Ministère de la Magie dans lequel elle se trouvait était tout à fait silencieux. Les lampes à huile répandaient une lumière chaleureuse, qui ne suffisait cependant pas à rassurer Carrie.
Des bruits de pas lui parvinrent finalement. Elle redressa les épaules, releva le menton et plaqua un sourire faux sur ses lèvres. Cependant, elle exhala un soupir en avisant le visage familier qui s'avançait vers elle.
- Alors ? s'enquit-elle d'une voix tendue.
- Bonjour à toi aussi, s'amusa William. Millicent Bagnold a été choisie.
La jeune fille ferma un instant les yeux pour mieux se remémorer ce qu'elle savait du nouveau Ministre de la Magie. Elle était née en 1910 en Irlande, était entrée à Serdaigle en 1921 et n'en était ressortie que pour travailler au Ministère, qu'elle n'avait jamais quitté depuis 1928. L'âge de soixante-dix ans paraissait canonique à Carrie, surtout pour devenir Ministre de la Magie. William lui avait pourtant assuré plusieurs fois qu'elle était dans la force de l'âge.
- Tu l'as vu ? Interrogea-t-elle. De quoi a-t-elle l'air ?
- Oh, je ne veux pas te gâcher la surprise, répondit-il, les yeux pétillants.
Carrie le fusilla du regard mais n'insista pas. Dans le fond, elle se réjouissait de le voir en si bonne forme. L'attaque contre le QG des Mangemorts avaient eu un mois plus tôt, et il n'allait pas si bien lorsqu'elle l'avait revu deux semaines auparavant.
- Comment est parti Minchum ? Avec encore un semblant de dignité ?
- Oh, oui. Mais j'étais posté à la porte et je l'ai vu sortir. Il a aussitôt cessé de se tenir droit et d'afficher son air fier. A mon avis, il est plus que soulagé.
- Même si je l'appréciais modérément, (William lui jeta un regard qui signifiait qu'il avait très bien compris la litote) j'aurais aimé qu'il reste, juste pour ne pas avoir à recommencer tout le processus.
- Je suis sûr que ça va bien se passer, la rassura-t-il. Tu t'en doutes, Bagnold n'a pas grand-chose à voir avec Minchum sinon elle n'aurait pas été élue. Tout le monde espère qu'elle donnera un nouveau tournant à la guerre.
Carrie se mordilla la lèvre tout en trépignant sur place.
- Arrête de me donner des informations à demi-mots sur elle, gémit-elle, tu m'angoisses encore plus. Est-ce qu'elle doit venir me voir tout de suite ?
- Elle serrait encore des mains quand je suis parti, mais ça ne devrait plus tarder, répondit-il, visiblement très amusé par son angoisse.
Elle lui donna un petit coup de coude dans les côtes.
- Si c'est pour te moquer de moi je préfère autant que tu t'en ailles, siffla-t-elle.
- Très bien, capitula-t-il en levant les mains en l'air, je m'en vais.
Il s'éloignait déjà dans le couloir trop luxueux. Carrie lâcha un soupir de frustration avant d'appeler :
- Hardley !
- Quoi encore ? s'amusa-t-il en se retournant.
- Tu m'attends dans l'Atrium ? Ou tu as une autre mission ?
Un sourire en coin étira ses lèvres. Carrie se sentit rougir sous son regard, chose qui n'était jamais arrivée auparavant. En général, c'était plutôt le contraire.
- Je t'attendrai, promit-il. Courage, ça va bien se passer.
Sur un dernier signe de main, il disparut dans l'escalier. Carrie se remit à faire les cent pas mais le bruit d'une conversation lui parvint très vite :
- Bonjour Madame la Ministre, salua William.
Le sang de Carrie se figea dans ses veines. Elle n'avait jamais été aussi angoissée de sa vie ; elle était terrifiée à l'idée de ne pas réussir à remplir sa mission auprès du nouveau Ministre.
- Eh bien, jeune homme, que faites-vous dans cette partie du Ministère ?
- J'étais avec Carrie Buttler, madame, avoua-t-il sans scrupule.
- Et vous êtes ?
- William Hardley.
Il y eut un silence puis :
- Oh. Oh, je vois. Je ne vous retiens pas, mon garçon. Bon vent !
- Bonne journée à vous, madame.
Carrie avait à peine prêté attention au sens de leurs paroles, trop concentrée sur la voix de la Ministre. Elle ne semblait pas si vieille... Plutôt énergique, en tout cas. Et...
Mais l'arrivée de la Ministre, entourée de deux Aurors, la coupa dans ses réflexions. C'était une petite bonne femme replète, qui cachait une masse impressionnante de boucles grises sous un chapeau pointu à très larges bords. Elle était vêtue d'une robe de sorcier toute simple, verre bouteille. Un énorme pendentif en forme de soleil reposait sur son ample poitrine. Son visage présenté une expression déterminée mais les coins de sa bouche, comme légèrement relevés, suggéraient son sens de l'humour. Ses yeux marrons étaient vifs et intelligents, comme avaient pu l'être ceux de Minchum quand il ne se laissait pas aller au désespoir – c'est-à dire très rarement. Carrie se sentit immédiatement rassurée par cette femme, non pas parce qu'elle avait l'air d'une énergique grand-mère mais parce qu'elle semblait robuste et dotée d'un fort mental. Peut-être réussirait-elle là où Minchum avait échoué.
Elle se dirigea droit vers Carrie, qui tira nerveusement sur son chemisier et replaça une mèche blonde derrière son oreille. Bagnold s'arrêta devant elle. La jeune fille dut légèrement baisser la tête pour regarder dans les yeux ce petit brin de femme. Les Aurors, postés deux pas derrière elle, paraissaient absolument immenses.
- Carrie Butler ? Interrogea la nouvelle Ministre.
- C'est... c'est moi, balbutia-t-elle en tendant la main par réflexe.
Bagnold la saisit, la serra, la secoua un peu, puis la retourna pour observer sa paume. Carrie déglutit, perplexe. Les Aurors restaient parfaitement impassibles. Finalement, Bagnold releva les yeux alors que ses lèvres se tordaient en un sourire mutin.
- Je plaisante, j'ai toujours été incapable de lire dans les lignes de la main. Allez, venez ! Vous allez découvrir mon bureau en même temps que moi !
Perplexe, Carrie obtempéra. Bagnold poussa les deux battants dans un même mouvement et se planta au centre, les mains posées sur ses larges hanches. Le bureau portait encore l'odeur de la pipe de Minchum. C'était un bureau d'homme en tout point, avec du cuir, du bois, des presses-papiers précieux et une bouteille d'alcool fort posée sur le plateau d'une table en marbre, dans un coin. En sept ans, Minchum avait réussi à imposer sa marque. Carrie se demandait comment Bagnold allait prendre en main l'endroit.
Ou du moins elle se le demanda jusqu'à la minute où la nouvelle ministre saisit la bouteille de whisky, prit deux verres et se laissa tomber dans le large fauteuil. Carrie retint un sourire. Ce n'était pas parce qu'elle était une femme qu'elle devait tapisser la pièce en rose. Cette attitude détendue et désinvolte rassura la jeune fille, qui, sur l'invitation de la ministre, s'assit à sa place habituelle.
- Un petit verre ? Proposa-t-elle.
- Euh, non, merci, balbutia-t-elle. Je n'ai pas l'âge, chez les Moldus.
- Vraiment ?
C'était certes vrai, mais Carrie n'était de toute façon pas très tentée par les alcools forts, encore moins en plein après-midi.
- Carrie Butler, murmura Bagnold en la fixant de ses yeux perçants. Quel âge avez-vous ?
- Dix-huit ans.
- Vous êtes diablement chétive, pour votre âge.
Carrie fronça les sourcils, ce qui fit rire son interlocutrice.
- Bah, j'imagine que ça plaît à ce garçon.
Cette fois-ci, la jeune fille piqua un fard. Bagnold fit semblant de ne pas le remarquer et enchaîna:
- Alors, dites-moi tout. Comment est-elle ?
- Margaret Thatcher ?
Carrie se mordilla la lèvre. Comment la définir ?
- Elle a un fort caractère, dit-elle prudemment. Elle aimerait régler tous les problèmes d'un claquement de doigts et a à cœur de protéger son pays.
- Qui est aussi le nôtre, fit remarquer Bagnold.
- Elle a un peu de mal avec ce concept, grimaça Carrie. L'idée d'une société souterraine ne l'enchante guère.
- Comment s'entendait-elle avec Minchum ?
- Assez mal. Elle le trouvait trop ... mou. Et indécis.
- Voilà un problème que je n'aurai pas, commenta Bagnold avec une satisfaction évidente. Est-elle disposée à nous aider ?
- Non. Enfin, si : elle propose de lancer toute l'armée britannique sur les forces des Mangemorts.
- Voilà qui est intéressant, marmonna-t-elle. Qu'y a-t-il dans tous vos dossiers ?
- Les différentes négociations et accords passés entre Minchum et Mrs. Thatcher.
- Faites voir.
***
William, assis dans un coin de l'Atrium, tentait de se reposer. Il avait accompli une mission de surveillance pendant la nuit et avait pris le tour de garde de James pendant l'élection. Cela permettait à James de passer un peu plus de temps avec Lily, mais cela donnait surtout l'occasion à William de voir Carrie. L'élection terminée, il était officiellement relevé de son poste. Maugrey n'avait pas été ravi de cet échange de gardes alors qu'il tentait d'instaurer un nouveau mode de fonctionnement au sein de l'Ordre. William trouvait trop difficile de se méfier de tous les membres, alors qu'ils avaient tous combattu côte à côte. Il savait que ce raisonnement ne tenait pas ; après tout, Ethel avait été à leurs côtés dans toutes les batailles de ces derniers mois. Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour sauver Maugrey, lorsqu'il avait perdu sa jambe. Après cela, elle l'avait aidé pendant sa rééducation. Elle avait beau avoir été discrète, silencieuse, mystérieuse, elle avait toujours été là pour l'Ordre. Pour cette raison, personne ne comprenait. Remus leur avait bien sûr raconté la scène qu'il avait vue, juste avant qu'Ethel ne s'en prenne à James. Il était à peu près certain que la famille d'Ethel était impliquée, mais pour le reste ils ne pouvaient que tirer des suppositions. Avait-elle agi pour aider l'un des membres de sa famille, avait-elle toujours été un agent double ? C'était une question qui resterait à jamais sans réponse. Malheureusement, ce point d'interrogation signifiait la fin de la confiance absolue qui régnait au sein de l'Ordre. Celui-ci venait de s'enfoncer un peu plus dans la guerre et ses ténèbres.
- Je ne sais pas à quoi tu penses, mais ça n'a pas l'air très amusant.
Il ouvrit les yeux et sourit à Carrie, qui avait repris des couleurs depuis qu'il l'avait laissée devant le bureau du ministre.
- Alors ? C'était si terrible ?
- Pas du tout, et tu aurais moins pu avoir la décence de me rassurer, l'accusa-t-elle.
Son sourire s'élargit. Il se redressa et désigna les ascenseurs d'un signe de tête.
- On y va ? Je te paie ce que tu veux.
- Tu me dois bien ça, répliqua-t-elle en glissant son bras sous le sien.
Bras dessus, bras dessous, ils regagnèrent le monde moldu en discutant joyeusement de la rencontre de Carrie avec la nouvelle ministre. Ils s'assirent dans un salon de thé, où Carrie se fit un plaisir de commander une énorme part de gâteau.
- Alors, interrogea-t-elle après avoir enfourné une bouchée pleine de crème, comment ça va au QG ?
- Pas terrible, avoua-t-il. Maugrey a fini par tous nous faire passer au Véritaserum.
- Au quoi ?
Il lui expliqua succinctement les effets de la potion et son caractère illégal avant de reprendre :
- Il n'y était pas résolu jusque là, sans doute pour ne pas mettre en danger la confiance qui régnait au sein de l'Ordre, mais la trahison d'Ethel a tout changé.
- En plus de ne pas ébranler cette confiance, c'est une violation de l'être, observa Carrie. Tu m'étonnes que ce soit illégal ; ça doit être affreux, non ? Même sans avoir rien à cacher. Tu te retrouves exposé face à l'autre, complètement démuni. Je détesterais ça.
- Ce n'était pas la meilleure expérience de ma vie, concéda-t-il. Heureusement c'était assez vite fait.
- Et alors ? Des nouvelles inquiétantes ?
- Tout le monde en est ressorti blanc comme neige. Seules Lily et Alice n'y ont pas été soumises parce que ce genre de potions n'est pas très recommandé pour les femmes enceintes.
- Elles arrivent toujours à travailler pour l'Ordre ? Interrogea-t-elle en léchant sa cuillère, ses yeux bleus fixés sur lui.
Son intérêt pour les membres de l'Ordre l'amusait, dans la mesure où elle n'en connaissait que très peu.
- Lily fait des potions, s'occupe de l'infirmerie... et est devenue une sacrée bonne cuisinière, acheva-t-il avec un sourire. Quant à Alice je crois qu'elle fait beaucoup de paperasse. Elle rédige au propre des rapports de mission de l'Ordre ou du Bureau.
- Ça ne te fait pas bizarre, que des gens qui étaient à l'école avec toi s'apprêtent déjà à avoir un bébé ?
- Eh bien, si, un peu. Surtout que Lily et moi sommes sortis ensemble pendant quelques mois.
Carrie s'étouffa avec sa gorgée de thé alors que William riait.
- Sérieusement ? Balbutia-t-elle. Quand ça ?
- On avait quinze ans. L'année avant que je ne parte aux Etats-Unis. Et quand je suis revenu elle était mariée à James Potter ! Tu parles d'un choc.
- Parce qu'elle t'avait voué un amour éternel ?
- Oh Merlin, non, parce que la dernière fois que je l'ai vue adresser la parole à James c'était pour l'insulter. Ils sont détestés toute leur scolarité. Enfin, jusqu'à leur dernier année à Poudlard.
- Pas de regret ? Interrogea-t-elle sans le regarder, concentrée sur les derniers restes de son gâteau.
- Par rapport à Lily ? Bien sûr que non. J'étais amoureux d'elle, mais je ne suis pas parti aux Etats-Unis en me disant que je laissais derrière moi la femme de ma vie.
- A quinze ans ça aurait sans doute été un peu présomptueux, acquiesça-t-elle d'une voix rêveuse, l'air ailleurs, tout en jouant avec sa cuillère.
William réprima une envie de rire, de peur qu'elle ne croie qu'il se moquait d'elle. Il se cala dans son fauteuil avant de déclare d'une voix tranquille :
- Même si je n'ai pas regret, il semblerait que j'aie un faible pour les taches de rousseur.
La cuillère de Carrie tomba sur la table avec un bruit métallique. La jeune fille posa vivement sa main dessus comme pour effacer son geste maladroit. Avant qu'elle n'aie pu relever les doigts, William les recouvrit des siens. Elle leva timidement ses yeux vers les siens. Il sourit :
- Maintenant que c'est le printemps, les tiennes ressortent encore plus.
- En général je ne considère pas ce genre de déclarations comme très flatteuses, observa-t-elle, sans pour autant dégager sa main.
Le sourire de William s'élargit.
- J'ai plus qu'un faible pour tes taches de rousseur.
Elle secoua la tête en riant, les joues rouges, avant de libérer sa main pour mieux pouvoir entrelacer ses doigts aux siens.
William ne l'embrassa que plus tard, lorsqu'il la raccompagna chez elle. C'était un crépuscule magnifique, comme en on voit seulement au printemps. A l'horizon, les nuages se déchiraient dans une myriade de couleurs.
- J'aimerais tellement faire partie de l'Ordre, tu sais, murmura Carrie contre son épaule.
Le jeune homme se tendit aussitôt. Il s'écarta légèrement, et le visage sévère, répliqua :
- Personne ne devrait souhaiter ça. Et si c'est que tu veux vraiment, alors je suis heureux que tu n'aies pas de pouvoirs.
Elle haussa un sourcil, peu ravie de se faire admonester.
- On peut savoir ce que tu y fais, alors ? Rétorqua-t-elle d'un ton sec, ses mains posées sur ses épaules.
- Je ne regrette pas de m'être engagé, mais ça n'enlève rien au fait que ce qu'on vit là-bas, c'est... C'est laid, Carrie. C'est dur, et noir, et je ne pensais pas qu'on pouvait souffrir autant, physiquement et mentalement. Quand je suis avec toi, ce n'est plus aussi dur. Et en même temps je peux t'en parler parce que toi aussi, tu joues un rôle. Un rôle très important. Surtout, ne regrette pas de ne pas avoir de pouvoirs magiques.
Il affichait une expression tellement suppliante qu'elle rendit les armes, une main posée sur sa joue mal rasée.
- Très bien. Je me contenterai de mon rôle de souffre-douleur auprès des deux ministres, concéda-t-elle avec un petit sourire.
- Merci, murmura-t-il avant de l'embrasser à nouveau, plus heureux qu'il ne l'avait été depuis longtemps.
Avec Carrie, il pouvait être entièrement lui-même. Sorcier, résistant, simple jeune homme de vingt ans. Il pouvait parler de la guerre avec elle parce qu'elle y jouait un rôle, mais elle n'avait pas les yeux hantés par les horreurs que les membres de l'Ordre avaient vécues.
Elle rentra finalement chez ses parents, ses cheveux plus en bataille que jamais et un sourire joyeux sur les lèvres. William se résigna à rentrer au QG, fatigué, inquiet à l'idée des épreuves à venir, mais, dans le fond, heureux malgré tout.
***
La grille du parc qui s'étendait autour du QG trembla sur ses gonds lorsque Sirius l'ouvrit dans un geste sec. Le claquement qu'elle émit lorsqu'il la referma lui apporta une étrange satisfaction. Il sentait l'énergie bouillonnait dans tout son corps, cherchant à s'échapper. La simple mission de surveillance qu'il venait de faire n'avait pas suffit à évacuer toute cette tension. Rien n'y parvenait depuis un mois. Il gagna l'entrée du manoir d'un pas sautillant qui donnait à penser qu'il était d'excellente humeur. En réalité, il avait envie de frapper quelqu'un – ou quelque chose. Un Mangemort, un mur, James, Maugrey, peu lui importait. Si les choses continuaient de la sorte, il allait finir par mettre son poing dans la figure du premier qui l'agacerait un peu.
Il monta les escaliers quatre à quatre, quelque peu soulagé de ne croiser personne. Il ne souhaitait pas spécialement blesser un autre membre – James ne comptait pas, il pourrait toujours faire passer ça pour un jeu. Cette pensée lui arracha, bien malgré lui, un sourire. James pouvait être un parfait crétin inconscient, quand il le voulait. Se battre avec ses amis l'avait toujours amusé, même s'il se faisait battre plus souvent qu'à son tour.
Il gagna sa chambre à grands pas, tout en tapotant à un rythme effréné sur sa cuisse. Il donna un coup de coude dans la porte pour l'ouvrir, se réjouit du claquement sourd qu'elle produisit en percutant le mur puis se figea, le souffle coupé.
Sur son lit était assise Alice. Pendant un minuscule instant, il avait cru voir Ethel, qu'il avait souvent trouvé installée de la sorte, un livre dans les mains. Il prit une brusque inspiration puis, les doigts tremblants, ferma la porte plus doucement qu'il ne l'avait ouverte.
- Je suis désolée de te déranger, bredouilla la jeune femme sans pour autant se lever, mais je...
Elle s'interrompit, l'air de chercher ses mots. Sirius ne l'encouragea pas, n'ayant pas la moindre idée de ce qu'elle faisait là. Il s'entendait bien avec Alice, mais ils n'avaient jamais été proches. Leur seul point commun était...
Il déglutit. Il ne s'autorisait jamais à penser à elle, sauf dans des rares moments de surprise comme celui qu'il venait de vivre.
Les grands yeux bleus d'Alice s'emplirent de larmes alors qu'elle achevait :
- ... Je ne comprends pas.
Sirius ravala sa morgue tout en enfonçant ses poings dans ses poches. Ce n'était pas la faute d'Alice.
- Moi non plus, répondit-il simplement d'une voix tendue.
- On a vécu sept ans dans le même dortoir, enchaîna-t-elle, je l'aurais su... Je l'aurais su, si elle était mauvaise, non ?
Elle semblait espérer qu'il allait la détromper et lui expliquer que le geste d'Ethel, par un miracle quelconque, était noble et salvateur. Peut-être que Frank lui trouvait des excuses, pour calmer sa femme. Il était hors de question que Sirius fasse de même. Il pinça les lèvres et s'assit près d'elle sur le lit.
- Les gens changent, répliqua-t-il d'une voix froide. Les gens mentent. Elle a toujours été une énigme, après tout.
- Mais pas pour moi, hoqueta Alice. Je savais... Je savais pour sa famille. Son frère qui est parti avec sa mère, et elle restée seule avec son père. Seulement je ne pensais pas... Je ne pensais qu'il s'était rallié aux Mangemorts.
Sirius ne répondit pas, rendu muet par la rage. Il n'avait jamais poussé Ethel à se confier, persuadé qu'elle finirait par le faire quand elle serait prête. Jamais il n'aurait imaginé que tous ses silences venaient de son double jeu.
- Ce que Remus a entendu... reprit Alice, les yeux fixés sur ses mains posées sur son ventre. J'y pense tout le temps, je... Tu ne crois pas qu'il y ait une chance qu'ils aient menacé sa famille ? Cet homme... Rabastan Lestrange... Il a dit qu'il allait surveiller leur mère. Peut-être que....
- Ça ne change rien ! Coupa Sirius d'un ton tranchant avant de sa radoucir. Ça ne change rien. Une trahison reste une trahison. Sally est morte là-bas, Alice. Benjy a mis deux semaines à se remettre complètement et Fabian gardera cette cicatrice sur le visage jusqu'au restant de ses jours. Tout ça à cause d'elle. Sans oublier qu'elle a essayé de tuer James. Alors je me contrefous de ses raisons. Rien ne la rachètera jamais à mes yeux. Rien ne devrait la racheter aux yeux de personnes.
Il avait craché les derniers mots. Exprimer cela était en fait un soulagement ; il n'en avait soufflé mot à personne jusque là, gardant sa rancœur pour lui-même. Tout le monde pensait qu'il souffrait de la mort d'Ethel, quand la seule chose qui lui importait était sa trahison.
Alice le fixait à présent, les yeux humides. Il voyait bien qu'elle ne voulait toujours pas le croire.
- C'est la seule chose qu'il y a à comprendre, asséna-t-il, quoi que d'une voix douce. Elle a trahi l'Ordre. Elle nous a tous mis en danger, voire mené certains à la mort. Il n'y a pas de compromis, dans une guerre.
La jeune femme s'essuya les yeux avant de murmurer :
- Elle me manque. Mon amie de Poudlard me manque.
- Pas à moi, répondit-il d'un ton définitif.
Alice le comprit et se leva, une main posée sur son ventre.
- Je suis désolée de t'avoir dérangé, répéta-t-elle, d'un ton peut-être un peu froid.
- Et moi désolé de ne pas avoir pu t'aider, répondit-il sincèrement.
Elle l'observa un court instant, sembla voir qu'il ne se moquait pas d'elle, et hocha la tête avant de quitter la pièce. Resté seul et momentanément vidé de ses forces, Sirius se laissa tomber en arrière sur son lit. Il resta un moment ainsi, les yeux fixés sur le plafond. S'il se concentrait suffisamment, il arrivait à ne penser à rien. Il ne désirait rien de plus.
Cependant, au bout de quelques minutes de repos, la colère l'envahit à nouveau sous la forme d'un regain d'énergie qui le propulsa sur ses pieds. Il quitta la pièce en trombe et alla frappa chez Lily et James – non pas pour frapper son meilleur ami, mais pour lui proposer une course, ou n'importe quoi qui le ferait bouger.
Lily lui cria d'entrer. Il poussa le battant de façon à peu près contrôlée et grogna en constatant l'absence de son ami. Lily était assise en tailleur sur leur lit, les deux mains plaquées contre son ventre, une expression ravie sur le visage.
- James n'est pas là ? Interrogea-t-il tout en tapant du pied à toute allure.
- Parti voir Maugrey pour sa prochaine mission, expliqua-t-elle. Viens voir !
Perplexe et vaguement méfiant, il s'approcha lentement d'elle.
- Voir quoi ?
- Donne ta main, ordonna-t-elle lorsqu'il fut suffisamment proche.
- Pourquoi faire ?
- Sirius, je ne vais pas te mordre ! Rit-elle avant d'attraper de force ses doigts.
Il se laissa faire, toujours sur ses gardes. Lily plaça sa paume sur un côté de son ventre, puis pressa de l'autre côté. Un coup contre la main de Sirius le fit sursauter et il s'écarta aussitôt.
- C'était...
- Le bébé ! s'exclama Lily, ravie. Je ne le sentais pas vraiment bouger jusque là, ce qui m'inquiétait un peu parce qu'on peut les sentir bien plus tôt paraît-il, mais ça y est, il donne des coups !
Sirius grommela une réponse indistincte, légèrement abasourdi par tout cet enthousiasme maternel pour quelque chose qui, à son sens, devait être douloureux. Il s'assit prudemment près de Lily tout en interrogeant :
- C'était quoi ? Un coup de pied ?
- Aucune idée, répondit-elle joyeusement.
Sirius fixa son ventre, perplexe mais aussi un peu émerveillé.
- C'est... Bizarre, dit-il finalement, incapable de trouver un autre mot.
Amusée par sa gêne, Lily lui donna un petit coup d'épaule.
- J'ai vraiment hâte de te voir avec ce bébé. James et moi avons déjà fait des paris sur ta réaction.
- Ah, vraiment ? Et qu'est-ce qu'a parié James ?
- Que tu le laisseras tomber par terre.
Le rire qui s'échappa de ses lèvres l'étonne lui-même.
- Et tu n'y trouves rien à redire ?
- J'ai confiance en toi, rétorqua-t-elle avec un sourire tout en tapotant son bras.
- Très mauvaise décision, répondit-il faiblement.
- Si tu le dis. Où est-ce que tu voulais emmener James ?
- Nulle part. Courir. Bouger. Faire quelque chose.
- Son genou a encore besoin de repos, rappela-t-elle. Il va falloir te trouver quelqu'un d'autre.
- Encore ? Geignit-il. Ça fait un mois !
- Et il était déjà blessé avant ça, dit-elle en lui tapotant le genou. Va donc jouer avec Remus.
Sirius se gardait bien de lui dire qu'il aurait préféré avoir James sous la main pour éventuellement lancer une bagarre, ce que Remus ne consentirait jamais à faire. Alors qu'il se levait pour partir, on frappa à la porte. Il bondit aussitôt, persuadé de voir James entrer, mais c'était seulement William. Sirius le dépassa avec un grognement et déboucha dans le couloir au moment précis où Remus sortait de sa chambre. Sirius l'attrapa par le bras, le traîna jusqu'aux escaliers et parvint finalement à l'obliger à faire la course avec lui.
Même épuisé, il ne se sentait pas mieux.
***
- Qu'est-ce qu'il a ? interrogea William après le départ en trombe de Sirius.
Lily haussa les épaules. Sirius agissait de façon complètement irrationnelle depuis la mort d'Ethel et elle avait bien vite qu'il était inutile de chercher à comprendre. Cette espèce de tourbillon sans queue ni tête dans lequel il vivait avait l'immense avantage de n'être dangereux pour personne.
- J'ai croisé Caradoc Dearborn, reprit le jeune homme tout en fouillant dans ses poches. Il m'a demandé te remettre ça.
Lily attrapa le bout de parchemin qu'il lui tendait, perplexe. Il était recouvert d'une fine écriture chaotique qu'elle parvint tant bien que mal à déchiffrer :
« Potter,
il paraît que tu t'en sors plus que bien avec les potions. Tous mes préparateurs sont des imbéciles imprécis, donc si tu voulais bien avoir l'amabilité de nous préparer les potions listées ci-dessous, ça nous serait d'une grande aide. »
Suivait la liste de potions en question, que Lily lut avec des yeux ronds. C'était des mélanges d'une grande complexité qu'elle n'avait jamais réalisés. Elle ignorait d'ailleurs l'existence de la plupart. Un post-scriptum en bas du mot attira son attention :
« P.S. : ce n'est pas mes préparateurs, le problème. Toutes ces potions sont illégales, donc je ne peux pas les faire au labo. Merci à toi ! »
- Quoi ? Éructa Lily.
- Qu'est-ce qu'il y a ? interrogea William, surpris.
Lily leva les yeux vers lui, étonnée de le trouver encore là mais heureuse d'avoir quelqu'un auprès de qui se plaindre.
- Il m'envoie sa commission de potions illégales à préparer !
- Sérieusement ? Pouffa-t-il. On m'avait dit que Dearborn était un excentrique mais j'ignorais que c'était à ce point. Des potions qui ont quel effet, au juste ?
- Pas la moindre idée. Je suis sûre que c'est Maugrey qui lui a dit de faire ça. Ils doivent encore manigancer un coup tordu.
William, qui lisait le nom des potions, murmura :
- Je crois que je connais celle-ci... La potion Vaquette de Gribeauval. Il me semble que c'est une sorte de bombe. Je me demande si ça n'a pas un rapport avec la mécanique quantique... Ça déséquilibre les particules, ou quelque chose comme ça. Et celle-là... Je veux bien être pendu si ce n'est pas de l'alchimie.
Lily, presque vexée qu'il en sache autant, lui demanda avec un air ahuri d'où venaient toutes ses connaissances.
- J'ai suivi un cours très spécialisé sur les potions et la manipulation de la matière, en Amérique, expliqua-t-il avec un haussement d'épaules. Autant te dire que toutes ces potions sont pratiquement impossibles à réaliser. Surtout celles qui touchent à l'alchimie.
- Je me demande bien ce qu'ils vont en faire.
- Pas les tester sur nous, j'espère, plaisanta William.
Lily lui adressa un regard torve.
- On peut savoir ce qui te met d'humeur si joyeuse ?
Il lui adressa un grand sourire avant de lancer :
- Bon courage avec ta commission !
- William ! s'écria-t-elle en se levant d'un bond pour gagner le couloir à sa suite. Reviens ici tout de suite ! C'est Carrie ?
Le jeune homme s'immobilisa à quelques pas d'elle, se tourna à demi pour lui adresser un haussement d'épaules assorti d'un sourire puis reprit son chemin, non sans éclater de rire. Lily, ravie, regagna sa chambre et ramassa la liste de potions. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait bien se préparer.
- Lily ?
La salutation de James la détourna sans peine de ses préoccupations et elle oublia complètement la commission de Caradoc. Si ces potions étaient impossibles à réaliser, elles pouvaient bien attendre un peu.
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