III - Chapitre 44
Note de moi : si je poste aussi tard, c'est parce que Nico a préféré jouer à HP4 en jeu vidéo que me faire la note. Vous pouvez lui adresser toutes vos réclamations 8D
Sinon, merci pour vos commentaires ! Pas de chapitre dans deux semaines pour cause de vacances héhé (un conseil musique pour me faire pardonner : Saturn, de Sleeping at Last)
Note du Bêta : Saaaaaaaalut les tartiflettes (ainsi que toute les filles adorables qui me laissent des gentils commentaires, je veux toute vous épouser ! Même si Cazoue est ultra jalouse de ce fait). Je ne sais pas trop quoi dire sur le chapitre que vous allez lire ce soir (ou demain ou le 16 juillet 2024 pour ce qu'on s'en fiche... *rigole en imaginant le lecteur qui tombera sur cette note le 16 juillet 2024*) si ce n'est que l'ambiance y est (heureusement) un peu plus légère... Enfin à mon sens. Mais c'est toujours pas la joie. Cela dis, je crois que ça sera pas la joie jusqu'au 31 octobre 1981 (ou ca sera carrément la déprime). Au programme du James et Lily (Sans blague, espèce de Noc) du Sirius, du Remus (CAPTAIN OBVIOUUUUS) pas de Peter (On s'est mis d'accord sur le fait qu'on l'aimait pas). Et... C'est déjà pas mal. Allez, bisous et bonne lecture, et si je peux juste vous faire UNE demande mes chéries, évitez de péter un câble quand Cazoue ne poste pas assez vite, c'est souvent de ma faute parce que je n'écris la note que en soirée et en plus, ça lui fais peur. Allez Enjoy !
Chapitre 44
Lily traça du bout des doigts la marque sur l'épaule de James. Il lui sourit et elle s'efforça de lui répondre sans afficher sa contrariété.
- Ne fais pas cette tête là, Lily-Jolie.
- Quelle tête ?
Avec un petit rire, il attrapa sa main et la porta à ses lèvres pour l'empêcher de continuer.
- Celle qui a l'air de se dire que notre vie est foutue. Il s'en fiche complètement, tu sais ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Interrogea-t-elle en se calant contre lui.
- Tu crois vraiment qu'il n'a que ça à faire de nous pourchasser ? Il veut juste nous faire peur.
- Je ne suis pas sûre que...
Libérant sa main, il attira son visage contre le sien et l'embrassa.
- Lily, murmura-t-il. Il a une guerre à mener. Pas une vengeance personnelle à accomplir. C'est du travail de sape, c'est tout. Un moyen de s'amuser une fois de temps en temps.
- Il veut notre mort, James.
- Il veut la mort de l'Ordre. Ça l'a juste vexé que j'en réchappe, en mars. Et il sait très bien que me menacer auprès de toi aura plus d'effet que me tuer directement.
Elle enfouit son visage contre son cou en grognant.
- Ne dis pas ça.
- Mais tu sais, toute cette manipulation sordide a un avantage : si ça l'amuse de jouer, il va nous laisser en vie encore un certain temps histoire de s'amuser un peu.
- Potter...
- Evans ?
Elle lui asséna une petite tape sur les côtes et il se mit à rire.
- Je te déteste.
- Oh, certainement pas.
- Qu'est-ce que tu en... Ah !
Elle cligna plusieurs fois des yeux, surprise de se retrouver brusquement sur le dos. James souriait d'un air satisfait. Elle fronça le nez.
- Enlève cet air supérieur de ton visage.
- Seulement si tu arrêtes de te morfondre.
- C'est de la faute de ce truc, geignit-elle en touchant à nouveau la marque sur son épaule.
Il leva les yeux au ciel.
- On a qu'à dire que ça signifie Lily... Lily la Violente !
- Hé !
- Quoi ? C'est vrai. Tu me bats ! Conclut-il, hilare.
- Pas du tout !
- Tu sais qu'en Cinquième année j'avais des bleus à cause de toutes les fois où tu m'as frappé ?
Elle lui donna un coup de genou dans la cuisse, ce qui ne fit que renforcer son hilarité.
- Espèce de sale...
- Troll ? Jambon ?
- Jam...
- Babouin ?
- Mais...
- Oh allez, Lily ! Je suis sûr que tu peux faire mieux que ça !
- Si tu me laissais en placer une je... Non ! Non, arrête ça !
Elle tenta de le repousser alors qu'il commençait à la chatouiller mais elle n'arrivait pas à rassembler assez de force pour chasser ses mains. Tout en pleurant de rire, elle agita ses jambes dans tous les sens. James finit par pousser un cri aigu quand elle parvint à l'atteindre et il bascula sur le côté. Lily, enfin libérée, roula loin de lui et reprit son souffle. Lorsqu'elle releva la tête, elle croisa le regard de son mari et repartit dans un fou rire.
***
Sirius leva les yeux au ciel en entendant le grabuge que faisaient Lily et James. Pourtant, un sourire jouait sur ses lèvres. Au cours de l'été, il lui était souvent arrivé de les entendre rire au beau milieu de la nuit, comme c'était présentement le cas. Lorsqu'il s'en plaignait à James, celui-ci se contentait de rire et passait à autre chose. Mais Sirius en était venu à regretter ces moments après la mort des Evans. Depuis la fin du mois d'août, c'était la première fois qu'il entendait Lily rire de la sorte. Ils allaient sans doute réveiller tout le QG mais Sirius ne comptait pas leur en tenir rigueur. De toute façon, ce n'était pas comme s'il était en train de dormir. Assis dans son lit, il se concentra à nouveau sur le journal qu'il avait récupéré plus tôt dans la journée.
Il tourna la page et soupira. Il était arrivé aux annonces de décès et disparitions. En tête de colonnes se trouvaient les « présumés morts ». C'était les portés disparus pour lesquels on avait perdu espoir. En lisant les avis de décès, Sirius se rendit compte qu'on avait parfois attendu trois ou quatre ans avant de les déclarer morts. Imaginer toutes ces familles qui avaient espéré pendant des mois et des mois en vain lui serrait le cœur.
La catégorie suivante regroupait les avis de recherche. Il y avait des gens de tout âge. Sirius se demanda combien, parmi eux, avaient rejoint les rangs des Mangemorts sans que leur famille en sache rien. Il songea un instant à Regulus, se demanda comment ses parents avaient pris son entrée chez les Mangemorts... C'était probablement ce qu'ils attendaient du seul fils qu'ils leur restaient. Un rictus amer sur les lèvres, il continua sa lecture.
Les avis de décès venaient en dernier. Il y avait quelques vieux Sorciers, simplement morts de vieillesse, mais aussi de jeunes gens décédés « dans des circonstances inconnues ». Cette semaine-là, il y avait même une famille au grand complet. Peut-être avaient-ils offensé les Mangemorts d'une manière ou d'une autre... ou peut-être voulaient-ils seulement s'amuser.
Un encadré plus orné que les autres attira son attention. Ses doigts se crispèrent sur la page alors qu'il lisait : « Orion Black (1929 - 1979) époux fidèle et père bienveillant, a quitté sa famille éplorée suite à une funeste maladie ».
Son père était mort ? Le clan Black venait de perdre sa tête. Un rire aigre secoua Sirius alors qu'il fixait les inutiles fioritures entourant l'annonce de décès de son père. La vieille Walburga devait se réjouir d'être enfin à la tête de famille. Orion mort, elle avait les mains libres.
- « Funeste maladie », marmonna-t-il. Qui nous dit que tu ne l'as pas assassiné, vieille folle ?
Il ne pouvait se résoudre à quitter des yeux la nouvelle, de peur qu'il n'ait tout rêvé. Orion mort... C'était trop beau pour être vrai. Le vieux cauchemar de son enfance, enfin enterré six pieds sous terre. Il éclata soudain de rire, un rire vaguement hystérique et un peu fou. Orion Black, l'homme qui l'avait tant fait souffrir, l'homme qui l'avait poussé à fuir, qui l'avait renié toute sa vie... était mort. Ce monstre, cet être abominable, n'était finalement qu'un homme. Maintenant qu'il n'était plus qu'un cadavre, Sirius se rendait compte que, toute sa vie, il avait vu en lui bien plus que cela. Il l'avait détesté du plus profond de son être, avait souhaité sa mort plusieurs fois, mais jamais il n'y avait vraiment cru. Curieusement, il l'avait cru immortel. Une ombre qui planerait sur sa vie jusqu'à sa mort à lui, Sirius. Et même alors, Orion continuerait à le hanter.
Et pourtant, il était mort. Sirius avait défié sa famille de toutes les manières possibles, s'était éloigné d'eux par tous les moyens. Mais enfin, il cessa d'avoir peur. Le dernier fil qui le reliait à la famille Black céda.
Soudain envahit d'une énergie folle, il sauta de son lit en envoyant valser le journal et se précipita dans le jardin. Dans la nuit noire et fraîche de cette mi-septembre, les longues foulées de Patmol l'emmenèrent loin du QG.
L'aube était presque là lorsque Sirius, épuisé, poussa la porte de sa chambre. Il se figea dans l'embrasure lorsqu'une silhouette, près de la fenêtre, se tourna vers lui. Ethel agita le journal qu'il avait abandonné.
- Ton père est mort.
- Ouais. Cette enflure a enfin crevé.
Ethel tiqua légèrement.
- C'était ton père.
Il referma la porte derrière lui et fit un vague mouvement d'épaule.
- Mon géniteur, tout au plus. Je le préfère six pieds sous terre que vivant.
La jeune femme affichait toujours un air réprobateur mais elle n'ajouta rien.
- Tu as passé la nuit dehors ?
Sirius se laissa tomber sur son lit avec un grognement.
- Ouais.
- Tu as vu cet énorme chien qui rôdait ?
Le nez enfoncé dans son oreiller, il se crispa légèrement.
- Je l'ai aperçu, ouais. Il n'avait pas l'air méchant. Tu es sortie aussi ?
Le matelas s'affaissa sous le poids d'Ethel et il se retourna pour la regarder. Elle lui adressa un petit sourire. Sirius remarqua pour la première fois les quelques taches de rousseur, presque imperceptible, qui parsemaient ses joues. Ils avaient eu un bel été, malgré l'angoisse, la fatigue, les blessures et les morts.
- Non, mais je suis restée près de la fenêtre et la lune est presque pleine.
- Tu n'as pas dormi ?
- Je t'attendais. Je t'ai entendu sortir mais je n'ai pas réussi à te rattraper.
Il secoua la tête.
- Tu n'aurais pas dû.
- J'ai quand même un peu squatté ton lit, avoua-t-elle en rougissant légèrement.
Il sourit et tapota le matelas à côté de lui. Après un instant d'hésitation, elle s'allongea près de lui. Il entrelaça leurs doigts mais ne se rapprocha pas plus, bien conscient qu'il ne devait pas aller trop vite. Ethel cala peu à peu sa respiration sur la sienne. Alors qu'il sentait le sommeil venir, elle interrogea :
- Tu es sûr que ça ne te fait rien ? Je veux dire, la mort de ton père ?
Il sourit, à moitié endormi.
- Non. Rien du tout.
***
Regulus, les bras croisés, fixait la tapisserie. L'arbre généalogique des Black étendait ses branches dans toutes les directions, rassemblait toutes sortes de noms et de visages, même si certaines patronymes revenaient régulièrement. Son regard s'arrêta longuement sur la représentation de son père. Orion Black. Sa mâchoire se crispa légèrement. On lui disait souvent qu'il lui ressemblait. Il essayait d'en tirer de la fierté, mais tout ce qu'il comprenait en général était que Sirius lui ressemblait bien plus. Seulement, Sirius n'existait plus et Regulus était l'héritier. Il devait ressembler à Orion, être aussi Black que son père. Faire la fierté de ses parents. Avec Sirius pour frère, ça n'avait pas été très compliqué.
Son regard dériva sur la branche qui menait à son frère. Il n'y avait plus que quelques fibres carbonisées là où se trouvait auparavant le portrait de Sirius. Son image était restée moins de deux ans sur la tapisserie : brodée quand il avait 15 ans, brûlée après sa fugue. Regulus était présent lorsqu'Orion avait banni son fils de leur famille – son père avait insisté. Il avait beau être furieux contre son frère, cela lui avait fait un choc. Son sentiment de malaise s'était accru lorsque son père l'avait désigné comme seul et unique héritier et avait interdit à quiconque de prononcer le nom du fils déchu.
Il frémit en se rappelant leur altercation à Poudlard, lorsqu'il lui avait annoncé son bannissement. Sa voix raisonna clairement dans son esprit : « Quand on était petits, toi et moi on était différents du reste de la famille et puis... et puis quand je suis rentré de Poudlard pour la première fois... tu as fait comme si je n'existais pas ! ». Obéir à sa mère n'avait pas été très difficile. Il en voulait à Sirius de l'avoir laissé pour aller à Poudlard, aussi irrationnel que ce soit. Ce sentiment n'avait fait que s'accroître lorsque sa mère lui avait dit qu'il était à Gryffondor. Regulus savait qu'il n'aurait pas le force d'aller ailleurs qu'à Serpentard – Sirius était devenu un ennemi. Il lui était arrivé de regretter ce choix, au début, puis il s'était convaincu de la trahison de Sirius.
La guerre l'avait poussé à concevoir quelques doutes, mais une chose demeurait certaine : Sirius ne souciait pas le moins du monde de son petit frère. Il ne comprenait toujours pas quel était son but lorsqu'il l'avait humilié à King's Cross. Il était resté dix minutes, le temps de se rendre encore plus désagréable. Sans doute l'avait-on forcé à essayer de le convaincre. Il n'y avait pas mis beaucoup de coeur.
Malheureusement pour Regulus, il commençait à en concevoir des regrets. Les horreurs qu'il avait vu durant l'été n'étaient pas étrangères à cela, pas plus que les crimes qu'il avait lui-même commis. Il avait rejoint les Mangemorts par conviction mais était à présent aux prises avec la réalité. Tout ce qu'il voyait de leurs actions étaient une cruauté sans nom qui ne servait que très rarement leurs idées. La plupart du temps, la seule chose qui importait était de faire régner la terreur. Regulus avait rêvé de plus ; il avait espéré prendre le contrôle du pays, non assassiner sauvagement des gens qui avaient eu le malheur de dire un mot en faveur de Dumbledore.
Il aurait sans doute moins douté s'il avait plus fréquenté le Maître lui-même, mais il n'avait jamais eu l'occasion de parler avec lui. Il recevait des ordres des autres, c'était tout.
Il frotta machinalement son avant-bras gauche, là où Bella avait tracé la Marque des Ténèbres quelques mois plus tôt. Son ascendance Black lui avait permis d'avoir cet honneur dès son arrivée chez les Mangemorts mais il aurait préféré mériter la confiance du Maître.
Fort à propos, la Marque se mit à brûler. Il grimaça et détacha enfin son regard de la tapisserie. Il dévala les escaliers sans se soucier de l'ordre que lui avait donné sa mère de ne pas faire de bruit pour respecter son défunt père, dont le corps reposait encore dans sa chambre. Il claqua la porte derrière lui et transplana dès qu'il fut hors de vue.
Il fut loin d'arriver le dernier dans la salle de réunion du Manoir Malefoy. La pièce fut bientôt remplie de Mangemorts, même si certains manquaient à l'appel. Il ne repéra ni Bella ni Severus Rogue. Voldemort finit par faire son entrée, plongé dans une conversation avec Macnair. Il prit place à la longue table disposée au milieu de la salle et les quelques personnes qui avaient droit à cet honneur s'assirent à leur tour. Regulus se haussa sur la pointe des pieds pour mieux voir le Maître. Son visage lui parut plus émacié qu'auparavant, plus reptilien.
Pendant quelques minutes, plusieurs Mangemorts firent leur rapport. Regulus ne comprenait pas la moitié de ce qui était dit ; beaucoup de missions étaient gardées secrètes jusqu'à leur accomplissement. Le résultat, s'il était favorable à Voldemort, était alors révélé à tout le monde. D'autres missions étaient plus connues, car jugées moins importantes. L'histoire de l'altercation de Voldemort avec deux membres de l'Ordre du Phénix dont tout le monde déformait les noms avait circulé plusieurs fois parmi les Mangemorts, qui voyaient là un sujet infini de plaisanteries. Voldemort adorait leur faire croire qu'ils étaient importants, alors qu'il pouvait écraser l'Ordre d'un seul geste. C'était du moins ce qu'on racontait, mais Regulus commençait à en douter. L'Ordre, d'une manière ou d'une autre, était une véritable épine dans le pied de Voldemort.
Lorsque les compte-rendus furent terminés, Voldemort prit la parole. Il parla de leurs objectifs, de leurs aspirations. Regulus écouta attentivement, espérant y trouver une nouvelle justification de leurs actes. Il ne fut pas déçu ; Voldemort poursuivait un véritable objectif, quelque chose de beau, de plus grand que lui, qu'eux tous. Soulagé de trouver un nouveau sens à ce qu'il faisait, il n'hésita pas une seconde lorsque Voldemort, sur le point de partir, se retourna pour demander quel serviteur pouvait lui assurer la fidélité d'un elfe de maison.
- J'ai celui qu'il vous faut !
Toutes les têtes se tournèrent vers Regulus. Voldemort sourit et fit un vague geste de la main. Aussitôt, tous les autres Mangemorts se dispersèrent. Resté seul avec son Maître, Regulus sentit la nervosité le gagner.
- Regulus Black, dit lentement Voldemort. Ton enthousiasme ne m'étonne pas. Ta famille m'a toujours bien servie. Tu as donc un elfe de maison à me proposer ?
- Celui de ma famille, Maître. Il nous a toujours servi fidèlement et avec zèle.
- Appelle-le.
- Kreattur !
Il y eut un CRAC et le petit être ridé et voûté apparut près de son jeune maître.
- Maître Regulus, couina-t-il en s'inclinant.
- Salue Lord Voldemort, Kreattur, ordonna-t-il.
L'elfe fit aussitôt une dizaine de courbettes en direction du Sorcier, qui l'examinait avec attention. Il releva les yeux vers Regulus.
- Il t'obéit en tout ?
- Tout, Maître.
- Si tu le lui demandes, il fera tout ce que je lui dirai ?
Sans répondre, Regulus s'adressa à l'elfe :
- Kreattur, tu obéiras à tous les ordres de Lord Voldemort, c'est bien compris ? Il en va de la fierté de la famille.
- Oui, Maître, affirma-t-il avec une nouvelle révérence.
- J'espère que tu ne te méprends pas, Regulus, lança Voldemort.
- Il ne vous décevra pas, Maître.
- Bien. Viens, Kreattur.
Il s'éloigna à grands pas, sa robe de sorcier flottant derrière lui. Kreattur jeta un regard incertain à Regulus, qui lui adressa un sourire rassurant.
- La famille sera fière de toi.
Il hocha la tête avant de courir derrière Voldemort. Regulus le regarda partir, le cœur serré par l'appréhension. Aussi étrange que cela puisse paraître, Kreattur avait été son unique allié au Square Grimmaurd à partir du moment où il avait cessé de communique avec son frère. Regulus avait toujours pris sa défense. En échange, Kreattur l'avait toujours réconforté, avec sa naïveté d'elfe et sa reconnaissance infinie. Il espérait ne pas l'avoir trahi en le mettant aux ordres du Maître.
***
Par un quelconque miracle, la blessure au bras de Remus ne s'était pas infecté. En fait de miracle, il fallait plutôt invoquer la magie. Profitant d'un moment de solitude, il avait sorti sa baguette et avait utilisé ses maigres connaissances en soin pour soigner la morsure. Tout le long de l'opération, il avait craint que Jug ne se manifeste. Ses sens aiguisés de lycanthrope lui auraient certes permis de le sentir à une certaine distance, mais il prêtait au loup-garou des capacités hors-normes.
Depuis, il n'avait plus utilisé sa baguette – pas même pour rendre sa vie un peu plus confortable. Il s'était intégré du mieux qu'il le pouvait à la vie de la meute, en commençant par apprendre l'identité des autres loups-garous. Il connaissait déjà Jug, Ladder et Su mais il fut présenté ensuite à Barny et Maro, les deux autres femmes de la meute, ainsi qu'à Boo, Daichi et Stew. A l'occasion de ces présentations, on lui avait répété que parler de la vie d'avant été proscrit. Quand on entrait dans la meute, on laissait son ancienne vie derrière soi, et donc son nom. C'était la loi. Remus avait demandé qu'on l'appelle Lunard. Personne n'avait posé de question et la meute s'était séparée.
Remus s'était construit un abri de fortune un peu à l'écart de ceux des autres, tout en remerciant le ciel de ne pas avoir à passer l'hiver avec la meute. Il en était d'autant plus heureux qu'il avait un mal fou à se nourrir, alors même que le nature était encore foisonnante. Tous ses congénères chassaient, mais lui-même n'arrivait pas à s'y résoudre. Chasser, lorsqu'on était un loup-garou, était une seconde nature – même sous forme humaine. Les animaux, reconnaissant leur nature animale, fuyaient très rarement devant eux. Ladder lui avait montré comment il pouvait attraper un lapin sans le moindre effort, avant de l'égorger avec le couteau qu'il portait toujours à sa ceinture. Comme Remus le regardait faire d'un air dégoûté, il lui avait appris que Jug le faisait sans arme. Cela avait réveillé de mauvais souvenirs chez le jeune homme ; le seul loup-garou dont il ait entendu parler qui mordait à n'importe quel moment du mois était Fenrir Greyback.
Lad lui avait donné la moitié de son lapin, que Remus avait laborieusement entrepris de faire cuire pendant que Jug dévorait un morceau de viande crue, à l'autre bout du campement. Ce spectacle n'avait fait que dégoûter un peu plus Remus de la chasse. Il n'avait pas retenté l'expérience depuis cette initiation auprès de Lad et se contentait de manger des baies et des racines. Parfois, Barny lui donnait un morceau de ce qu'elle avait attrapé, sans jamais prononcer le moindre mot. De manière générale, parler n'était pas le fort des membres de la meute. Si Barny, une petite femme aux traits vaguement asiatiques, et Stew, un vieil homme au crâne dégarni, lui adressaient quelques fois un sourire et que Lad lui donnait des instructions, les autres se contentaient de l'ignorer. Cela lui aurait parfaitement convenu s'il n'avait pas pour mission de leur arracher la promesse de leur neutralité dans la guerre.
L'occasion d'en parler se présenta enfin au début du mois de septembre, alors que Remus commençait à songer qu'il allait devoir passer tout l'automne avec la meute. La nuit commençait à tomber lorsque Boo, occupé à se préparer son habituelle bouillie infâme composée de racines et de morceaux de viande crue, se figea, le nez en l'air. En un mois, Remus avait eu le temps de remarquer qu'il avait le meilleur odorat de la meute. Il était par conséquent le meilleur chasseur, malgré son air chétif.
Tous ceux présents concentrèrent leur attention sur lui en se demandant quelle était sa proie, cette fois-là. Le ventre de Remus gronda et il grimaça, agacé par cette faim qui le tenaillait sans cesse. Il fut cependant bien vite distrait de ce problème lorsque Boo tourna la tête vers les autres pour annoncer :
- Intrus. Vers le Nord... (Il fronça les sourcils avant de terminer sur un ton interrogatif:) Nord-Est.
Remus déglutit difficilement en priant pour que Dorcas et Hagrid ne soient pas revenus dans le coin.
- Ladder ? Interpella Stew. Qu'est-ce qu'on fait ?
L'homme se redressa lentement et fixa un instant la direction indiquée par Boo. Finalement, il annonça :
- Jug, vas-y. S'il continue à se diriger vers nous, ramène-le. En un seul morceau, s'il-te-plaît.
Un sourire carnassier étira les lèvres de celui qu'il venait de désigner. Il se leva d'un bond et disparut dans les bois, aussi silencieux que tous ceux de son espèce. L'effervescence s'empara du camp dès qu'il eut disparu. Lad demanda d'un ton impérieux à Boo :
- Lycanthrope ?
- Il est trop loin, je n'arrive pas à déterminer, grogna Boo en remontant ses petites lunettes tordues sur son nez.
- Deux en deux mois, ça me paraît un peu gros, intervint Su en passant la main dans ses cheveux courts.
Tous les regards se braquèrent sur Remus, qui se figea, incapable de trouver quoi répondre.
Lad fut le premier à le quitter des yeux pour donner ses instructions.
- Éteignez-moi tous ces feux et mettez-vous en position. Lunard, reste avec Barny.
Le jeune homme s'exécuta sans protester, malgré l'impression persistante qu'on venait de lui attribuer une maman pour s'assurer qu'il ne ferait pas de bêtises. L'obscurité se fit dans la clairière alors que la lumière naturelle continuait à décliner et que les feux étaient peu à peu étouffés. Si les ténèbres ne gênaient pas les loups-garous, l'intrus ne pourrait pas distinguer ses agresseurs.
Remus suivit Barny, qui s'immobilisa derrière un arbre. Après un rapide examen, il comprit que « se mettre en position » signifiait se placer en demi-cercle autour de l'entrée du campement. Lorsqu'ils furent tous en place, un silence oppressant tomba sur la clairière.
Un certain temps s'écoula sans que personne ne bouge. Bientôt, il fit complètement nuit. Alors que Remus commençait à s'endormir debout, des craquements retentirent près d'eux, accompagnés de grognements étouffés. Soudain, un homme fut jeté à l'entrée de la clairière. Il tomba à genoux avec un cri de douleur mais fit un geste que Remus ne connaissait que trop bien : il plia le bras et plongea la main dans la poche de sa robe de sorcier. Mais alors qu'il allait dégainer sa baguette, Lad surgit près de lui et attrapa son poignet. Il lui tordit le bras dans le dos sans tenir compte du cri de l'homme. Une nouvelle silhouette fit son apparition, sans doute Jug. Il arracha la baguette des mains de l'homme qui se débattait. Aussitôt, Lad lâcha son bras et referma ses doigts sur sa mâchoire.
- Tu n'es pas un loup-garou, gronda-t-il.
L'homme grogna quelque chose qui ressemblait vaguement à une négation.
- Nous sommes à vingt kilomètres des sentiers tracés les plus proches, continua Lad sur le même ton agressif, comment nous as-tu trouvé ? Tu nous cherchais ?
Sans doute relâcha-t-il légèrement la pression de ses doigts, car l'homme parvint à articuler :
- Pa... Parlementer...
- Comment nous as-tu trouvé ? Répéta Lad en le secouant dans tous les sens.
- Gr... Greyback... Fen...
- Greyback ? Rugit Jug sans le laisser finir, tandis que Remus se tendait. Lad, laisse-moi le...
- Silence !
Lorsque Jug se fut légèrement calmé, Ladder ordonna :
- Maintiens-le. Je vais le lâcher pour qu'il puisse parler. Toi, ajouta-t-il à l'adresse de l'intrus, au moindre geste pour t'enfuir Jug te brise la nuque. C'est clair ?
Un gémissement lui répondit. Jug donna la baguette à Lad puis força l'homme à se relever avant de lui tordre les deux bras dans le dos. Pour avoir lui-même subi la poigne de Jug, Remus savait que l'homme n'avait aucune chance de s'en défaire.
- Lunard ? Viens par là.
Bien que surpris, le jeune homme obéit. Lad lui tendit alors la baguette confisquée et dit :
- Tu as quitté le monde depuis peu, tu sais encore te servir de ça. Si besoin est, n'hésite pas.
Remus bredouilla un assentiment mais Ladder ne l'écoutait déjà plus.
- Comment as-tu rencontré Fenrir Greyback ?
- Des... Des amis communs, balbutia l'homme d'une voix éraillée.
- Admettons. Pourquoi lui aurais-tu demandé l'emplacement de cet endroit ?
- J'ai des propositions à vous faire.
- De quel ordre ?
- Lad ! Aboya Jug. Qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Ça a forcément trait aux Sorciers, et de toute façon quiconque fréquente Fenrir Greyback mérite la mort !
- C'est ton avis, objecta le chef de la meute d'une voix menaçante. Nous avons déjà discuté la question.
- Greyback...
- Je sais de quoi Greyback est coupable ! Mais s'il a envoyé une personne jusqu'à nous il pourra en envoyer d'autres ! Il faut que nous sachions de quoi il retourne. Quel est ton nom, petit ?
- Sven... Sven Hötje.
- Au nom de qui es-tu là ? Pour toi ? Pour Greyback ?
- Pour... Pour Lord Voldemort.
Remus, les doigts crispés sur la baguette de Sven, comprit que les ennuis venaient de commencer.
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