III - Chapitre 37

Hola ! Bonne année !

On me réclame un chapitre depuis quelques jours mais, hé, lundi c'était encore les vacances ahah (ok j'ai pas été cool sur ce coup mais vu comme j'ai avancé pendant les vacances, croyez moi, ça vaut mieux)

BREF, merci pour tous vos commentaires pendant les dites-vacances, ça fait toujours plaisir ! :D Sur ce, j'envoie la sauce.

Petite note : je mentionne l'IRA dans ce chapitre = il s'agit de l'Irish Republican Army, qui luttait pour l'indépendance de l'Irlande du Nord à la fin du 20è siècle ;)

Au fait : oui je suis toute seule aujourd'hui parce que j'ai viré mon bêta BOUAHAHAH 8D


Chapitre 37


Carrie trébucha,faillit laisser échapper ses feuilles et montra son badge au vigilequi se trouvait devant l'entrée de Downing Street. Elle s'étonnaittoujours de réussir à entrer si facilement. Il vérifiait à peineque c'était elle. Pour être honnête, il avait tout de même faittout un scandale la première fois qu'elle s'était présentée maisCarrie lui avait tenu tête. Et une fois entrée, elle s'était renducompte que le gouvernement Callaghan venait d'être renversé. Marset avril avaient été des mois difficiles, tant pour elle que pourle gouvernement britannique. Elle avait eu un mal fou à fairecomprendre à Harold Minchum que la situation politique chez lesMoldus était compliquée. Finalement, Margaret Thatcher avait étéélue. Elle terrifiait Carrie, et sans doute bien plus Minchum. Dieumerci, ils ne s'étaient rencontrés qu'une seule fois.

La jeune fillegrimpa à vive allure les escaliers qui menaient au bureau du PremierMinistre et frappa. On lui ordonna d'entrer d'une voix ferme. Elles'empressa d'obéir. Elle n'aimait pas rester trop longtemps àDowning Street car on venait inévitablement lui poser des questions.Depuis qu'elle avait commencé ce travail, elle avait développé uncertain talent pour le mensonge – dont ses parents faisaientrégulièrement les frais.

Margaret Thatcherreleva les yeux de ses dossiers et lui adressa un bref sourire crispéavant de lui faire signe de s'asseoir.

- Vous êtes enretard, commenta-t-elle.

- Mon professeur demathématiques nous a retenu, expliqua Carrie, essoufflée. J'ai lesdonnées du Ministère de la Magie, à propos des réparationsqu'ils...

- Ministère de laMagie, marmonna Thatcher. Si je n'avais pas rencontré ce Minchum jen'y aurais jamais cru.

- ... Desréparations qu'ils veulent bien verser, poursuivit Carrie,imperturbable.

- A combien cela semonte-t-il ?

Carrie lui donna lechiffre. Thatcher pinça les lèvres.

- Ces gens serendent-ils compte que j'ai tout un immeuble à reloger et que je nepeux même pas leur expliquer comment le feu a pris chez eux ?Ils leur ont effacé la mémoire, bon sang !

- Je ne suis passûre que Mr. Minchum se rendent compte de ça, répondit prudemmentCarrie. Il a un peu de mal à comprendre le point de vue des Moldus.

« Comme vousavez du mal à comprendre le point de vue des Sorciers »,songea-t-elle.

- Cette satanéeguerre est en train de ruiner mon pays, marmonna Thatcher avantd'appuyer sur le bouton de son interphone pour demander du thé à sasecrétaire.

Le silences'installa, le temps qu'on apporte le thé et deux tasses, puis lePremier Ministre reprit :

- Vous savez combiende personnes ont disparu, depuis le début du mois ?

Carrie le savait,mais elle ne répondit. Elle avait appris à reconnaître lesquestions rhétoriques, depuis deux mois.

- Sept ! Septde mes citoyens ont mystérieusement disparu et je suis obligée dedire à la police criminelle de ne rien faire ! Je vais finirpar avoir le MI6 sur le dos, tout ça à cause de ses satanéesSorciers !

- Il y en a autantde leur côté, vous savez, tenta Carrie.

- Mais ils n'ont pasbesoin de mentir ! Dites à Minchum qu'il doit cesser cetteguerre immédiatement ! L'Angleterre a suffisamment dedifficultés comme ça sans avoir besoin de gérer un psychopathe quienlève mes concitoyens pour en faire Dieu sait quoi !

D'après Minchum,c'était pour les torturer un peu avant de les tuer, mais Carries'abstint de lui faire part de cette information.

- Je vous donne ça,soupira-t-elle en posant sur son bureau le parchemin où Minchumétablissait le nombre de Gallions qu'il versait à l'Étatbritannique.

Thatcher ne leregarda même pas et continua à assurer à Carrie que cette guerreétait une aberration. La jeune fille n'écouta que d'une oreille.Minchum passait aussi son temps à se plaindre de l'autre Ministre.Cependant, une phrase finit par attirer son attention :

- Je peux détruireleur société et mettre fin à cette absurdité !

- Quoi ?Bredouilla-t-elle.

- Nous avons l'armenucléaire.

- Mais... Quoi ?Vous n'êtes pas sérieuse ?

- Les Américains leferaient sans doute, vous savez. Je ne suis pas sûre qu'ilsacceptent aussi facilement que nous l'idée d'avoir une sociétésouterraine.

- Mais vous... cesont des humains, enfin !

- Les Anglais aussi,et ça n'empêche pas ce type de les enlever pour les assassinersauvagement !

- Ce n'est pas lafaute des Sorciers si Voldemort a décidé de mener cette guerre !

- Pourquoi nel'arrêtent-ils pas ?

- Il estinsaisissable ! Écoutez, vous vous rappelez du massacre deTrafalgar Square ?

- Bien sûr que oui.On nous a fait croire que c'était l'IRA ! Vous vous rendezcompte que le gouvernement est obligé de mentir à ses concitoyenset d'en accuser d'autres ?

Carrie se retint desouligner que cela l'arrangeait sans doute de tout mettre sur le dosdes Irlandais.

- Ce n'est pas laquestion, reprit-elle. Ce que je voulais dire, c'est que j'y étais,et que ce n'est pas si simple. Je ne sais pas comment la magiefonctionne, mais ce n'est pas si facile qu'on peut le penser. D'aprèsce qu'on m'a expliqué il y a des Sorciers très bon des deux côtés,dont certains qui n'ont aucun scrupule. C'est un peu comme si...comme si vous vous battiez contre une armée qui utilise l'armechimique et que vous refusiez de vous abaisser à faire ça.

- Pourquoirefuserais-je ? Ils ont le droit de se battre à armes égales,rétorqua Thatcher.

Carrie fut prised'une furieuse envie de se taper la tête contre le bureau maischoisit plutôt de se redresser dans son siège.

- Les Sorciersrépugnent à utiliser la Magie Noire parce que ... eh bien, c'est dela Magie Noire. Ça ... ça noircirait leur âme.

Thatcher plissa lesyeux, avala d'une traite sa tasse de thé et répondit :

- Il faut parfois sesalir les mains. Allez donc dire ça à Minchum : s'il ne veutpas avoir la mort de ce Voldemort sur la conscience, j'irai le tuermoi-même.

Elle jeta un brefcoup d'œil au parchemin que Carrie avait posé sur son bureau unpeu plus tôt avant d'ajouter :

- Et dites-lui queça ne me suffit pas. Il faut les reloger mais aussi leur verser desindemnités. Et le jour où je devrai soudoyer le MI6 pour qu'il nem'accuse pas de haute trahison, qu'il soit prêt à payer.

- Le MI6 peut faireça ?

- Le MI6 peut toutfaire. Faites attention à votre tête, Miss Butler.

La jeune fille seraidit.

- Ne me menacez pas,Mrs. Thatcher. Si j'ai accepté de faire ce travail, c'est pour aiderl'Angleterre. Ne faites pas comme si tout ça était de ma faute.

Le Premier Ministrese contenta de lui adresser un sourire sans joie avant de lui fairesigne de déguerpir. Carrie ramassa son bazar et s'enfuit sans lamoindre salutation. A quoi bon être polie avec quelqu'un qui ne larespectait pas le moins du monde ? Aussi intéressant que soitce travail, Carrie avait parfois du mal à garder son calme. Minchumcomme Thatcher voyaient en elle un espion de l'autre gouvernement.

Et en plus, elleavait un devoir maison de maths à finir.


***

- Mais où est-cequ'il est ?

- Pas la moindreidée.

- Je vaisl'assassiner. Je vous jure que je vais l'assassiner !

- Eh, calme-toi. Onva le trouver.

- Il fallaitvraiment qu'il fasse une mission la veille du mariage ? De SONmariage ? Bon sang, je vais le ...

- Hmm, Ethel, tu neveux pas l'emmener faire un tour ?

La jeune femmeacquiesça, passa son bras sous celui d'Alice et l'entraîna hors dusalon des Londubat. Les Maraudeurs et Fabian, restés seuls dans lesalon, soupirèrent de soulagement. Alice fulminait depuis plus d'uneheure. Elle était censée se marier dans quelques minutes, sauf queson futur époux était aux abonnés absents.

- C'est vrai quefaire cette mission n'était pas très malin, commenta Sirius.

- C'est Frank,releva Fabian en haussant les épaules. Qu'est-ce qu'on fait ?On va le chercher ?

- Et si ça faisaitcapoter sa mission ? S'inquiéta James.

- S'il arrive commeune fleur dans trois heures en disant qu'il a arrêté un Mangemort,je pense qu'Alice l'étripera quand même, commenta Peter enconsultant sa montre.

- Vous savez où ilest ?

- Pas pensé àregarder avant de partir, soupira Sirius. Queudver, tu viens avecmoi ? On va le récupérer, restez là.

Le petit blondacquiesça et suivit Sirius à l'extérieur de la maison. Remus,James et Fabian restaient pour assurer la surveillance du lieu. Leproblème, quand on faisait partie de l'Ordre, ce qu'il étaitdifficile d'inviter ses amis à son mariage puisqu'ils ne pouvaientguère tous abandonner leur poste le temps d'une journée, d'autantplus qu'un tel rassemblement hors du QG constituait une cible dechoix. Néanmoins, ils s'étaient arrangés pour échanger de posteen milieu de journée, avant que chacun ait la possibilité de passerun peu de temps avec Alice et Frank.

A condition queFrank daigne se pointer.

Sirius et Petergagnèrent l'endroit où ils avaient transplané la première foispour se rendre au QG. Dans la cuisine vide, ils se plantèrent devantle panneau et grognèrent à l'unisson. Frank se trouvait dans unendroit perdu, en plein Midlands.

- Qu'est-ce qu'ilspeuvent bien foutre là-bas ? Marmonna Sirius.

- Une maisonmenacée, ou un truc dans le genre. On y va ?

Le Worcestershireétait sans doute un endroit tout à fait sympathique pour passerl'été mais Peter et Sirius n'y prêtèrent pas attention, tropoccupé s à chercher Frank dans le village où ils avaienttransplané. Finalement, ils n'eurent pas à chercher longtemps :Peter tendit le bras vers l'ouest, où une colonne de fumées'élevait dans le ciel.

- Mais quel con,marmonna Sirius.

- Je ne suis pas sûrque ce soit de sa faute.

- Bien sûr que si,personne ne lui en aurait voulu s'il avait refilé cette garde àquelqu'un d'autre ! Allez viens, il faut qu'on le ramène en bonétat pour qu'Alice puisse ensuite le tuer.

Sirius piqua unsprint vers le lieu de l'incendie, talonné par Peter. Ils arrivèrentdevant une maison à moitié en ruines. Bizarrement, il n'y avaitpersonne autour.

- Pourquoi c'est pasplein de Moldus ? Murmura Peter alors qu'ils s'arrêtaient àbonne distance, baguette sortie.

- Ils ont dû jeterun sort. Ils le font tout le temps.

Sirius avait cesséde plaisanter ; il avait pâli et sa voix trahissait sonangoisse.

- Tu penses qu'ilest...

- J'en sais rien,coupa Peter. Merlin...

- Foutue époque.

- Ouais. On y va ?Je te couvre.

- Ça marche.

Sirius s'avançadonc prudemment, concentré. Une pièce avait été complètementéventrée et l'étage s'était à moitié écroulé. Peter, de làoù il se trouvait, apercevait un canapé renversé et des meubles enmiettes. Aucune trace de vie.

Le jeune homme passala grille qui pendait sur ses gonds. Il fit trois pas dans le jardinavant que sa baguette ne lui soit arrachée des mains. Peter jura etse précipita dans la rue, prêt à protéger son ami – mais enrestant à bonne distance de la maison tout de même. Il fallait bienque quelqu'un puisse apporter la mauvaise nouvelle au QG, si leschoses tournaient mal.

Pourtant, rien ne sepassa. Sirius resta planté au milieu du gazon, les mains levées.Enfin, une voix interrogea :

- Qui êtes-vous ?

- Sirius Black,membre de l'Ordre du Phénix.

Peter commença pargrimacer, avant de se faire la réflexion que si leur agresseur étaitun Mangemort, Sirius serait mort depuis belle lurette.

Une voix faibles'éleva des décombres.

- Si... Sirius ?

- Frank ? C'esttoi ?

La première voixreprit :

- Il demande ce quevous avez mangé pour le dîner il y a trois jours.

Sirius baissa lesmains avec un soupir agacé.

- J'en sais rien dutout, Londubat ! Attends... Le gâteau au citron cramé deMargaret ?

Quelques secondesplus tard, une petite vieille surgit des ruines. Elle ressemblait àune pomme fripée. Ses cheveux gris partaient dans tous les sens etelle avait du sang sur le front. Ça ne l'empêchait pas de pointersa baguette vers Sirius avec détermination.

- Vous êtes un amidu jeune Londubat, donc ? Questionna-t-elle avec méfiance.

- Ouais, même qu'ilest censé se marier... maintenant, en fait.

Un gémissementmonta de derrière le canapé renversé, poussant Peter à s'avancerprès de Sirius. La vieille femme braqua aussitôt sa baguette surlui mais son ami assura qu'il répondait de lui.

- Si vous voulezqu'il se marie, il va falloir le retaper.

- Qu'est-ce qu'illui est arrivé ? Enfin... la question se pose aussi pour votremaison.

La femme leur fitsigne de la suivre et ils passèrent derrière le canapé. Frankétait allongé sur le sol, couvert de sang – le sien,vraisemblablement. Peter réprima un haut-le-cœur.

- Les Mangemortsm'ont en ligne de mire depuis que j'ai enfermé mon petit-fils dansla cave pour l'empêcher de les rejoindre, répondit la petitevieille comme si c'était parfaitement normal. Ils l'ont appris allezsavoir comment et sont venus récupérer cet imbécile de Harvey.Frank et moi avons essayé de le retenir mais ce pauvre garçon setenait juste au-dessus de la cave quand les Mangemorts l'ont faitexploser.

Peter jeta un coupd'œil inquiet aux jambes de Frank, qui semblait sur le point detourner de l'œil.

- Je ne sais pastrop pourquoi ils ne nous ont pas tué, poursuivit-elledistraitement. Peut-être qu'Harvey a eu des scrupules ! Enfin,quoi qu'il en soit, ils sont partis, et j'ai réduit les fracturesouvertes de Frank.

- « Les » ?releva Sirius avec une grimace dégoûtée. Oh, Merlin. Alice estfurieuse, tu sais.

Frank gémit, lesyeux fermés. Son visage était crispé par la souffrance.

- Je peux pas yaller, souffla-t-il. J'y arriverai jamais.

- Frank, mon petit !Protesta la vieille femme. Vous n'allez pas laisser votre fiancéedevant l'autel !

- On peut... on peutreporter.

- Et les laisseravoir cette satisfaction ? Certainement pas !

Elle semblaitdéterminée. Pourtant, Peter vit des larmes briller dans ses yeux.

- Ne les laissez pasdétruire votre vie plus qu'ils ne l'ont déjà fait, supplia-t-elle.

Ils attendaient tousla réaction de Frank. Sirius le fixait, impénétrable. La petitevieille semblait toujours sur le point de pleurer. Peter détourna leregard du corps brisé de Frank pour observer la pièce ravagéeautour de lui. Il aperçut plusieurs photos au verre fendu, dont unephoto de mariage. Ils avaient tout détruit sans aucun scrupule,comme ils le faisaient à chaque fois. Peter contempla un instant lesvisages souriants des mariés sur la photo et déglutit. Frank étaitcensé être en train de se marier. Ça aurait dû être un jourheureux. Au lieu de cela, on lui avait brisé les deux jambes. Etmême s'il arrivait à se traîner jusqu'à Alice, aucun doute qu'iltomberait dans les pommes juste après avoir dit oui.

- Il va falloirm'aider, murmura finalement Frank.

Peter reporta sonattention sur lui. La vieille femme eut un sourire fier, comme sielle prenait Frank pour son petit-fils après qu'on lui eut enlevéle sien.

- Je dois avoir unesolution de force, quelque p...

Elle s'interrompitsoudain et considéra son salon dévasté. Son petit corps déjàratatiné s'affaissa un peu plus.

- Ou du moins j'enavais, acheva-t-elle dans un filet de voix.

- On va sedébrouiller, assura Sirius d'une ferme. Je vais te faire léviter,tu t'accrocheras à moi et on va transplaner jusque chez toi,d'accord ? Ethel est là-bas, elle s'occupera de toi.

Frank hocha la tête,le teint blême. Deux minutes plus tard, ils avaient disparu. Peter,resté seul avec la petite Sorcière, se tourna vers elle. Ellecontemplait les restes de sa maison, les mains sur les hanches.

- Je suis désolé.

- Vous m'en direztant, marmonna-t-elle.

- Le Ministère vavous aider. On va vous trouver un autre logement.

- J'ai des amis quim'hébergeront, répliqua-t-elle d'une voix sèche.

Peter se dandina,mal à l'aise. Il mourait d'envie de transplaner à la suite deSirius mais l'éthique de l'Ordre lui demandait de l'aider.

- Je vais vousaccompagner chez eux.

- Je n'ai pas besoind'une baby-sitter !

Elle se retournavers lui. Peter frémit en apercevant les traces de larmes sur sesjoues.

- Je veux juste vousaider, balbutia-t-il.

- Ma maison estdétruite, jeune homme et Frank n'a rien pu faire pour moi !Vous croyez vraiment que vous pouvez m'aider ?

Peter blêmit.

- Nous... Nousfaisons ce que nous pouvons.

La petite femmesoupira. La lueur de rage dans ses yeux disparut.

- A quoi bon ?Murmura-t-elle. Il a déjà gagné.

Le jeune homme restasilencieux, le regard fixé sur une lampe brisée, le cœur battant àtout rompre. Il reporta son attention sur cette vieille Sorcière quiavait sans doute vu beaucoup d'horreur au cours de sa vie, connunombres de malheurs et de souffrance – entre Grindelwald et lesguerres moldues, le XXè siècle n'avait pas été de tout repos –et qui abandonnait face à Voldemort. La peur s'insinua dans le cœurde Peter sans qu'il ne puisse rien pour la contrer. C'était laprésence d'autres membres de l'Ordre qui lui permettait de la tenirà distance en temps normal. Mais cette fois, il n'y avait personnepour faire croire à Peter que ce n'était rien.

Il se racla la gorgeet annonça d'une voix qui tremblait :

- Rassemblez vosaffaires, je vais vous emmener chez vos amis.



***

Ethel laissaretomber le rideau avec un soupir. Derrière elle, une voixinterrogea :

- Toujours rien ?

- Non.

La jeune femme seretourna et tenta d'adresser un sourire à Alice, assise sur le litde Frank.

- Il va arriver.

Alice leva ses yeuxbleus rougis par les larmes vers ceux de son amie. Des mèches decheveux s'échappaient de son chignon et son maquillage avait coulé.

- Je m'en fichequ'il ne soit pas là pour le mariage, tu sais, balbutia Alice. Jeveux juste qu'il revienne en vie.

- Les garçons vontle ramener, promit Ethel en s'agenouillant près d'elle.

La mariée reniflaavant de reporter son attention sur la fenêtre. Ethel prit sa mainmais le regretta un peu quand son amie commença à planter sesongles dans sa peau. Néanmoins elle ne broncha pas, et l'attenterecommença.

Les MacMillan et lesLondubat patientaient dans le salon, au rez-de-chaussée, encompagnie de Dumbledore. Alice avait chassé tout le monde de lachambre de Frank mais Ethel avait réussi à résister à la tempête.Elle était le témoin d'Alice et voulait être là pour elle, quoiqu'il arrive.

- Cette robe estvraiment superbe, commenta-t-elle.

Un sourire crispétordit la bouche de la mariée.

- Ne fais pas commesi les robes t'intéressaient.

- Elles nem'intéressent pas, mais je suis quand même très admirative de lafaçon dont tu as transformé celle-ci.

Il s'agissait de larobe de mariée de Mrs. MacMillan, qu'Alice avait modifié pour enfaire quelque chose de plus moderne. Elle n'avait guère eut le tempsd'aller faire les magasins.

- Ce n'était pastrès compliqué. De toute façon, Frank n'est même pas là pour lavoir.

- Il le serabientôt.

- Arrête de direça. Tu n'en sais rien.

- Ne sois pas aussidéfaitiste.

Alice eut un rirehystérique et lâcha la main d'Ethel pour chiffonner sa robe.

- J'attends desavoir si mon fiancé est toujours vivant à l'heure même où ondevrait être en train de se marier et tu me demandes de ne pas êtredéfaitiste ?

- Oui, parce que...

Un « crac »se fit entendre à l'extérieur, interrompant net Ethel dans sonargumentation. Alice se précipita à la fenêtre. Elle arracha lesrideaux dans sa hâte mais ne s'en rendit même pas compte.

- Il est là,hoqueta-t-elle.

Elle se rua hors dela pièce, le bas de sa robe remontée au-dessus du genou. Ethel pritsa place à la fenêtre et chancela en apercevant le sang dont Frankétait maculé. Il était allongé au sol, Sirius penché au-dessusde lui. Elle ne s'attarda pas plus et se précipita à la suite deson amie. Lorsqu'elle arriva dans le jardin, elle trouva Alice assiseprès de son fiancé, sa robe blanche étalée dans le sang et lapoussière. Les Londubat, les MacMillan et Dumbledore se tenaient unpeu plus loin ; le directeur essayait de rassurer les parents.Avant qu'elle n'ait eu le temps de s'approcher plus, Sirius lui barrale passage pour murmurer :

- Il a les deuxjambes cassées et a été soufflé par une explosion.

- Très bien.Surtout, ne le bougez pas pour le moment. Le faire transplaner étaitsuffisamment risqué comme ça.

L'air sombre, Siriusvoulut protester mais elle l'interrompit :

- Je ne t'accusepas. C'était dangereux, mais aussi la meilleure chose à faire. Tuveux bien essayer de faire rentrer tout le monde ? Je préfèreêtre tranquille pour m'occuper de lui.

Le jeune homme hochala tête et fit mine de s'éloigner mais Ethel posa une main légèresur son bras.

- Merci de l'avoirramené, souffla-t-elle avant de s'engouffrer dans la maison pourprendre ce dont elle avait besoin.

Lorsqu'elle revint,les MacMillan et les Londubat avaient regagné le salon, oùDumbledore s'appliquait à raconter des blagues idiotes. James arrivaau même moment, de retour de sa patrouille dans le quartier. Il luiadressa un regard interrogateur auquel elle répondit par un sourirefurtif avant de pousser la porte qui menait au jardin.

Alice n'avait pasbougé. Elle chuchotait des mots doux à Frank, qui la regardait sansrépondre, perdu dans son monde de douleur. Ethel ne les interrompitque lui faire avaler quelques fioles puis elle se pencha sur sesjambes.

Une heure plus tard,Frank était installé sur le canapé du salon, sa main fermementserrée dans celle d'Alice. La jeune femme fixait Dumbledore d'un airdéterminé, malgré sa robe sale et couverte de taches de sang.Peter était revenu, mais Fabian et James avaient cédé leur place àLily et Margaret, qui observaient la scène d'un air effaré. Aliceet Frank furent mariés malgré tout. Il n'y eut pasd'applaudissements quand ils eurent échangé leurs vœux, pas desourires et d'étreintes. Il n'y eut que le soupir de soulagement deFrank qui se laissa glisser dans l'inconscience, ses doigts toujoursrefermés sur ceux de sa femme.

Augusta Londubatchassa tout le monde du salon pour laisser les mariés tranquilles.Ils se retrouvèrent dans la cuisine, où Ethel rejoignit Sirius. Ilsirotait un verre d'alcool qu'on venait de lui tendre, appuyé contrele comptoir.

- Sacré mariage,commenta-t-il.

- Ouais. Pasl'idéal.

- Assezreprésentatif de notre époque, finalement.

Comme Ethel faisaitla moue, il haussa un sourcil.

- Quoi ?

- Essaie d'être unpeu plus optimiste, tu veux ?

- Hors de question.

- Alors tu pensesque la mariage de Lily et James va être aussi abominable ?

- Non, parce que cesimbéciles s'en sortent toujours trop bien. Mais je pense qu'un jourFrank aura moins de chance. Que n'importe lequel d'entre nous auramoins de chance. J'imagine que c'est parce que tout le monde aconscience de ça qu'on croule sous les mariages.

Ethel haussa lesépaules avant de lui chiper son verre pour en boire une gorgée. Illa laissa faire avec un air amusé.

- Pour que tu avalesça, tu dois aussi avoir des doutes sur nos chances de survie.

- Bien sûr que j'enai. Je ne suis pas complètement inconsciente.

- Tu ne l'es mêmepas du tout.

- Oh, tu n'en saisrien.

- Je t'en prie,pouffa-t-il. Cite-moi un seul truc totalement inconscient que tu aiesfait !

- Je n'ai pasd'exemple en tête, rétorqua-t-elle en lui rendant son verre, alorsqu'elle savait très bien quoi dire.

- Tu t'enfonces,Ethel.

- Non. Et de toutefaçon, on s'en fiche. Arrête d'être aussi défaitiste : Frankva se remettre, ils sont mariés et une belle vie les attend.

- A qui est-ce quetu veux faire gober ça ?

- Tu esinsupportable, Sirius, marmonna-t-elle.

Il était en trainde faire tomber cette confiance en l'avenir qu'elle s'appliquait àconstruire depuis des semaines.

- J'essaie d'êtreréaliste.

- A quoi bon quandla réalité ressemble à celle-là ?

- Tu trouves çamieux de se réfugier dans de belles idées complètement fausses ?Releva-t-il.

- Elles ne sont pasfausses, elles sont à réaliser ! Partir perdant n'avance àrien !

Il plissa légèrementles yeux pour la scruter, pensif.

- C'est une façonde voir les choses, admit-il lentement.

- Eh bien tâche deles voir comme ça, conclut-elle en plantant ses yeux dans les siens.Sinon, tu es un homme mort.

- Dommage que tuaies fini comme ça, ça aurait presque pu être encourageant.

- Sirius, tais-toi.

Il ricana et avalale contenu de son verre d'un trait. Alice arriva alors dans lacuisine, dans sa robe tachée. Elle avait les yeux rouges maiss'efforçait de sourire.

- Et vive lesmariés, commenta le jeune homme avant de déposer brutalement sonverre sur le comptoir.



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