Épilogue

Face à la tombe de Némée, Noraneko se tenait droite, les mains jointes devant elle et le visage sans expression. Ses larmes refusaient de couler. Elle avait tellement pleuré ces derniers jours qu'elle n'y arrivait plus. Derrière elle, Keigo, Nekomata, Mirko et Tensei. Aucun ne parlait, aucun ne se plaignait de ne plus sentir ses jambes ou sa peau giflée par le vent frais. Dans l'ombre, les vilains qui allaient continuer à surveiller Shigaraki pour le compte de la noiraude.

Cette dernière finit par remettre ses lunettes de soleil pour cacher ses yeux rouges de larmes amères qui ne coulaient pas, et alla rejoindre les autres, entrelaçant ses doigts à ceux de son blond.

Ils quittèrent le cimetière ensemble et en silence.

Au revoir, Némée...

* * *

Un mois plus tard...

Assis sur un banc dans un parc presque vide, sous le ciel bleu de début avril, Keigo et Noraneko profitaient du silence et de l'absence de monde. Le premier gardait une main dans sa poche et jouait avec une petite boîte pour se débarrasser de sa nervosité ; la deuxième avait les yeux fermés et la tête posée sur l'épaule du blond.

Tandis que l'oiseau réfléchissait à comment faire sa demande sans faire paniquer la noiraude, cette dernière esquissait un sourire en entendant les oiseaux piailler dans les arbres sous les cris de joie d'enfants qu'on entendait jouer au loin. Elle aimait ce calme et aurait voulu rester contre son homme pour en profiter. Sauf que ce dernier se dégagea, l'obligeant à ouvrir les yeux, prête à protester.

Keigo ne lui laissa pas l'occasion d'ouvrir la bouche pour râler puisqu'il posait un genou à terre, ses yeux dorés regardant partout sauf le regard de la femme face à lui, le tout en galérant à sortir la petite boîte de la poche de sa veste.

— Noraneko Kosugi, me ferais-tu l'immense honneur de devenir ma fiancée ? bafouilla-t-il, rouge tomate, en ouvrant la boîte pour laisser voir une bague de fiançailles.

La femme-chat mit un peu de temps à répondre, fixant son oiseau rouge avec de grands yeux, comme si elle n'y croyait pas vraiment. Keigo, la demander en mariage ? Après tout ce qui s'était passé ? Elle délirait, ce n'était pas possible autrement. Et pourtant... Et pourtant, elle ouvrit la bouche pour répondre.

— Oui... souffla-t-elle.

* * *

Un mois plus tard...

— Hawks, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous prenez une pause de deux ans malgré votre complet rétablissement ? demanda un journaliste sous l'œil des caméras retransmettant l'interview du numéro 3 en direct.

Ce dernier esquissa un sourire, hochant lentement la tête sous les regards des journalistes, des téléspectateurs ainsi que de Mirko et Nekomata - présentes à ses côtés en raison de leur implication dans l'affaire Bastet qui avait pris fin il y avait à peine deux mois.

— Eh bien, commença le héros, c'est tout simplement parce que je souhaite m'occuper d'une personne en particulier. Dit comme ça, cela paraît égoïste, mais j'ai longuement réfléchi à la question, et j'ai d'ailleurs le soutien de la Commission de Sécurité Publique Héroïque. Je prends cette pause de deux ans afin de soutenir ma fiancée qui a été une victime dans l'affaire Bastet, traumatisée par ce qui s'est passé. Je veux lui donner de mon temps afin qu'elle reprenne confiance et n'ait plus peur de sortir aux risques de recroiser l'homme qui a voulu attenter à sa vie en nous faisant courir après une chimère ; de plus, je veux la soutenir dans son deuil car elle a perdu une amie dans l'affaire. Afin que cela soit possible, je confie mon agence aux héroïnes Nekomata et Mirko durant les deux années qui vont suivre.

A peine eut-il terminé sa phrase que les journalistes notaient déjà sa réponse, voulant passer à la question qui brûlaient toutes les lèvres du pays, en particulier celles des fans du héros ailé. Une journaliste parvint à finir de noter avant les autres et eut donc la chance de poser la fameuse question.

— Vous avez dit "votre fiancée" ? Qui est-elle au juste ? Est-elle votre fiancée depuis longtemps ? lâcha la jeune femme, prête à noter la réponse.

— Nous nous sommes fiancés récemment, cela dit, je ne dirai pas quand puisqu'il s'agit de notre vie privée. Quant à son nom, vous le connaissez déjà, mais je ne le répéterai pas. Mais si vous tenez tant que ça à obtenir une réponse, demandez aux chats, ils vous répondront peut-être... fit Hawks sur un ton énigmatique sous les regards perdus des journalistes.

* * *

Après l'interview, le blond rentra chez lui. Enfin... Son chez lui avait bien changé : il vivait désormais à la demeure familiale des Kosugi, partageant la chambre de Noraneko qui avait été rénovée récemment pour l'agrandir et accueillir les affaires de l'oiseau. Ce dernier salua Tensei, qui revenait tout juste de sa journée de cours à l'université, avant de chercher après son chat noir.

Il la trouva penchée au-dessus des toilettes, en train de vomir. Doucement, il lui attrapa les cheveux et s'assit derrière elle. La noiraude esquissa un sourire tendre avant de continuer à vider son estomac dans les toilettes, emplissant la salle de bain de bruits peu ragoûtants. Au bout d'un moment, l'hybride se redressa pour se rincer la bouche comme elle le pouvait, laissant son homme lui embrasser la nuque et caresser son ventre.

— Tu vomis souvent en ce moment... murmura-t-il, niché dans le cou de la jeune femme.

— Ah bon ? s'étonna Noraneko, comme peu concernée par son état.

L'oiseau soupira, la serrant un peu plus contre lui en réfléchissant à la situation. Quand une femme vomit, c'est soit qu'elle avait fait une indigestion, soit qu'elle avait fait une intoxication alimentaire, soit qu'elle était malade, soit qu'elle était... Enceinte. Keigo penchait plus pour la dernière, même si le corps de la femme-chat n'avait pas tellement changé depuis le début des nausées.

* * *

— Un déni de grossesse ? proposa Mirko, quelques jours plus tard, lorsque le numéro 3 vint à l'agence pour aider à l'organisation de son départ de deux ans.

— Tu crois ? fit-il en cessant de trier les rapports d'intervention par ordre de gravité.

— Bah vu ce qui s'est passé il y a deux mois, ça m'étonnerait pas... Mais attends, ça veut dire que vous l'avez fait ?

Il vira au rouge pivoine, se cachant derrière ses ailes, tandis qu'elle poussait de petits cris de joie à l'idée d'être enfin tata Mirko - ou tata Rumi, elle n'avait pas encore décidé. Lorsque la lapine se fut enfin calmée, elle n'avait plus qu'un sourire aux lèvres.

— Prends rendez-vous chez un médecin, juste au cas où, lui ordonna-t-elle en le pointant avec une agrafeuse.

* * *

Le fameux rendez-vous arriva, le couple étant divisé entre deux états d'esprit : d'une part, Noraneko qui ne comprenait pas pourquoi son fiancé en faisait tout un plat pour quelques vomissements ; d'autre part, Keigo qui voulait savoir si, oui ou non, la jeune femme était en plein déni de grossesse.

Le médecin arriva et écarquilla légèrement les yeux en découvrant le numéro 3 et une jeune femme masquée - probablement la fameuse fiancée mentionnée durant l'interview. Comprenant qu'il allait devoir se taire, il se contenta de leur faire signe d'entrer dans son bureau, refermant la porte derrière eux.

— Bon. Qu'est-ce qui vous amène ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

— Cela fait presque trois semaines qu'elle vomit, souvent tôt le matin et tard le soir. J'ai bien une hypothèse, mais je ne suis pas sûre qu'elle soit prête à l'entendre... souffla le blond en regardant la noiraude agiter ses oreilles.

— Je vois. Madame, voudriez-vous bien vous installer sur ce fauteuil ? J'aimerais vérifier quelque chose.

Noraneko posa son regard doré sur les deux hommes qui se jetaient un regard sous-entendant quelque chose en particulier. Soupirant d'agacement, elle finit par se lever pour s'installer dans le fauteuil en question, remontant son haut pour dégager son ventre comme le demandait le médecin. Ce dernier appliqua une étrange pâte, gluante à souhait, avant d'attirer l'appareil pour les échographies afin de tourner l'écran vers le couple. L'hybride sembla commencer à comprendre où les deux hommes voulaient en venir vu le regard qu'elle lançait à la machine.

D'abord brouillonne, l'image se fit plus nette au fur et à mesure, laissant entrevoir la silhouette d'un enfant en construction - et vu les formes étranges dans son dos, le gamin allait être pourvu d'ailes. La femme-chat regarda son ventre, semblant douter de la présence de ce petit être dans son ventre pourtant plat. L'oiseau, lui, fixait les images d'un air ahuri.

— Eh bien, il semblerait que vous allez être parents. Et que madame faisait un déni de grossesse pour une raison que vous devez probablement connaître, lâcha le médecin avec douceur. D'ailleurs, madame, maintenant que vous savez que vous êtes enceinte, votre ventre va rattraper son "retard" et s'arrondir pour montrer la présence de ce futur bébé.

— Il va s'arrondir beaucoup ? murmura Noraneko en touchant son ventre.

— Il va simplement prendre la taille d'un ventre de femme enceinte depuis deux mois.

— D'accord.

Keigo la regarda en souriant, lui touchant le ventre avec douceur sous le regard du médecin qui sortit pour les laisser discuter, se rendant compte de la chance de faire ce métier. Voir des futurs parents réaliser qu'ils allaient l'être l'émouvait toujours, surtout quand il s'agissait d'un héros et de sa moitié.

* * *

Sept mois plus tard...

— Il est si mignon ! s'exclama Mirko en prenant son neveu de quelques semaines dans les bras.

Aoi loucha en l'observant avant d'éclater de rire sous le regard de la lapine, étroitement surveillée par les deux parents du premier Kosugi ailé. Les petites ailes rouges de ce dernier s'agitèrent dans son dos tandis que la blanche le laissait capturer son doigt pour jouer.

— Doucement, Rumi... fit Hana en regardant sa compagne jouer avec le bébé, un sourire tendre aux lèvres.

Pendant que les deux femmes s'occupaient de leur fils, Keigo et Noraneko préparaient les derniers plats de ce repas de Noël, la jeune femme ne cessant de jeter des coups d'œil derrière elle pour s'assurer que son bébé, la chair de sa chair, était toujours en vie. La noiraude, faute de sa vigilance, sursauta lorsque son petit frère apparut dans la cuisine, encore couvert par sa doudoune et le reste de son attirail d'hiver.

— Regarde, Aoi, tonton Tensei vient d'arriver ! s'exclama la lapine en se précipitant avec le bébé vers le jeune homme.

Le blond attrapa le bébé avant que Mirko ne provoque un accident. Père et fils se câlinèrent sous l'œil attendri de la mère, enfin rassurée de voir son fils dans les mains de quelqu'un de calme. Son futur mari l'embrassa sur le front, un sourire amusé aux lèvres.

— Me regarde pas comme ça, on dirait que tu es droguée... ricana-t-il.

— Dit-il ! rétorqua Noraneko.

Ils éclatèrent de rire, sachant très bien qu'ils étaient addicts à l'autre. Après tout, cet autre était comme une drogue... Leur drogue.

Fin

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