Scène 34
𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟛𝟜 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟 !
Levi
Je n'ai jamais été partisan du chaos.
J'évite au possible les conflits médiatisés, les scandales et quand j'estime que quelqu'un ne mérite pas ma considération, j'évite la confrontation avec cette personne.
Toutefois, je n'ai jamais trouvé la force en moi de faire de même avec Kenza. Même quand je la détestais, elle réveillait quelque chose en moi. C'était là le premier signe que je l'avais inconsciemment élue digne d'un conflit avec moi, digne de ma considération.
En comparaison, j'ai évité la confrontation avec Blake toute ma vie. J'ai évité la confrontation avec Adélaïde toute ma vie. Et le matin où j'ai trouvé la vidéo de mon père et elle faisant des galipettes dans le téléphone de Kenza, malgré le sentiment de trahison et la colère, je n'ai pas eu la moindre envie de les confronter.
Ils ne méritent même pas ma rage.
Ils méritent tout l'amour qu'ils m'ont donné au cours des dix dernières années.
— Irina... je suis désolée, ce n'est arrivé qu'une seule fois...
Ma mère se verse un autre verre de vin, ailleurs. Il se remplit à rebord, déborde et le liquide rouge sang coule sur les papiers de divorce qu'elle vient de présenter à mon père.
Depuis qu'il les a vus il y a vingt minutes, mon père ne tient plus en place. Il marche dans toute la maison, balançant entre colère et désespoir. Des vases cassés par lui reposent au sol.
Il est actuellement de nouveau à genoux devant ma mère qui ne lui prête pas la moindre attention.
Moi je reste silencieux, jubilant intérieurement.
Ma mère enfile le verre comme si de rien n'était et recommence à y verser son vin. Elle est d'un dramatique, on la croirait en train de jouer. Quoique tout compte fait, il est très probable que ce soit le cas. Je doute qu'elle ait réellement eu le cœur brisé par la découverte de la liaison de mon père avec Adélaïde.
Voyant que jouer sur la fréquence supposément rare de ses rapports sexuels avec Adélaïde, Donald change d'angle de défense.
— Elle a profité de moi ! Tu as bien vu tous ces hommes qu'elle fréquente. Elle voulait des rôles, c'est tout. J'ai été faible, mais je le regrette... je t'en supplie Irina.
Ma mère s'arrête et le regarde enfin.
— Mon problème ce n'est pas que tu m'aies trompé, Dieu sait que toi et moi ne sommes plus fidèles depuis des années. Mon problème, c'est que tu l'as fait avec Adélaïde, une fille qui aurait pu être la nôtre. Une fille que tu connais depuis sa tendre enfance. Tu es malade, Donald, et je refuse de rester avec toi et tes tendances pédophiles.
Les épaules de mon père s'affaissent.
— Signe les papiers et arrange-toi pour quitter ma maison avant la fin de la journée, lâche-t-elle sur un ton blasé.
Elle le contourne et s'en va vaquer à quelque occupation dans sa chambre. Mon père est encore sur ses genoux, la fatigue sur le visage après deux nuits sans sommeil, l'angoisse dans les yeux.
Sa réputation a pris un coup suite à la vidéo. Il a perdu bon nombre de clients, beaucoup des parents des enfants stars qu'il représentait ont rompu leur contrat avec lui. La presse s'est chargée de traîner son nom dans la boue sans que je n'aie rien à faire.
De mon côté, je lui ai calmement demandé qu'il rompe également notre contrat, feignant la colère suite à la « révélation ». Il s'y est opposé, mais a fini par le faire.
Il ne lui restait plus que ma mère, l'iconique Irina von Neumann, pour espérer garder un semblant de dignité face à la critique et elle vient de le foutre à la porte.
Sans moi et sans elle, il n'est plus rien.
Je me lève et l'approche.
— Papa.
Il me présente sa mine déconfite et je dois faire des pieds et des mains pour ne pas sourire.
— Je suis désolé fiston... pour ce que j'ai fait... toi tu me crois, hein ? Qu'elle a profité de moi.
— Je sais, papa.
Je l'aide à se relever. Aussitôt, il me prend dans ses bras et fond en larme. Son contact me révulse, comment peut-il faire ça alors qu'il m'a planté dans le dos toutes ces années ?
Puis je me rappelle ce qu'il est. Une pourriture comme il y en a tant dans le milieu. Un hypocrite.
Et moi je suis son fils.
Je suis lui.
Alors je lui rends son étreinte et son hypocrisie.
Lorsque je suis rassasiée de sa descente aux enfers, je quitte la maison de ma mère et rentre chez moi.
J'y retrouve ma solitude.
Adélaïde a bien essayé de me contacter après les Oscar. Mais j'ai bloqué son numéro et tous ces réseaux, j'ai expressément demandé à la sécurité de mon immeuble de ne plus la laisser entrer.
J'imagine que sa chute à elle a dû être 100 fois pire que mon père, juste parce qu'elle est une femme. Mais les détails ne m'intéressent pas. Elle ne m'intéresse pas.
Celle qui m'intéresse continue de m'ignorer.
Couché dans mon lit, je regarde notre conversation, espérant un message d'elle, mais n'osant pas lui en envoyer un et violer sa demande que je ne la recontacte pas.
Après de vaines heures d'attente, je commence à sombrer dans le sommeil quand je reçois un appel.
Un appel d'Amar.
Kenza
Je suis au téléphone avec Amar depuis près de deux heures. Deux heures durant lesquelles, à sa demande, je lui ai raconté toute la soirée d'il y a deux jours dans les moindres détails. Wadih qui est non loin fait semblant de ne pas être intéressé, mais suit notre conversation depuis le début.
— Et là, tout le monde était en train de la regarder. Elle est devenue aussi pâle que cette raciste de Margaret aurait voulu qu'Alice soit.
Amar rit.
— Attends, je n'ai toujours pas compris d'où venait la vidéo.
— C'est moi qui l'ai filmé.
— Quand ça ?
— Pendant la fête de lancement du tournage.
— Et tu l'as montré à tout le monde ?!
— Non !! Je n'aurais jamais exposé ses péchés, tu me prends pour qui ?
— Mais c'est qui alors ? demande Wadih.
— Attends, j'y viens. Alors, Adélaïde s'est levée et s'est enfuie, non pas sans se casser la gueule au passage. Les organisateurs avaient l'air aussi perdus que nous. On a fait une courte pause avant de finir la cérémonie. Puis ils nous ont libérés. J'étais dans le hall quand j'ai vu Levi qui me regardait au loin.
— Mais non....
— Mais si !
— C'est lui qui a fait ça ?!
— Oui !
— Mais comment ?!
— Je n'en sais rien. Il s'est éclipsé pendant une partie de la soirée, c'est sûrement à ce moment qu'il l'a fait. J'ignore comment il s'y est pris pour projeter ce montage et sincèrement, je ne veux pas savoir.
— Mais c'est sa pote non ? Et son père !
— Il n'en avait rien à foutre.
— C'est un vrai connard, souffle Amar malgré son sourire.
— Si le monde est méchant, Levi est plus méchant, ajoute Wadih.
Je n'ai jamais rien entendu de plus vrai.
— Après je suis allée lui parler et il a avoué que c'était lui. Il a trouvé la vidéo dans mon téléphone depuis des mois. Ça fait des mois qu'il préparait ça.
— OK, il est vraiment malveillant, commente Wadih qui ne cache même plus son intérêt.
— Il est machiavélique, tu veux dire ! corrige Amar.
— T'aurais dû le voir, son regard, son sang-froid, sa posture alors qu'il me disait qu'il annihilera mes ennemis pour moi !!! Je te jure j'ai bandé ! J'allais le manger tout cru s'il n'était pas parti !!!
— Il a dit ça ?!
— Oui !!! Et il était genre : Si j'ai été capable du pire contre toi, sache que je suis capable de tellement pire pour toi, imité-je la voix grave de Levi.
Rien que de répéter la phrase, mon corps fourmille et mes poils se redressent. Je pousse un cri d'hystérique et balance mes pieds. Ma réaction amuse mes interlocuteurs. Je finis par me calmer et fais l'étoile de mer sur mon lit en me repassant la scène.
— Il me manque tellement, c'est pire depuis les oscars. Je vais finir par devenir folle.
— Moi je ne comprends pas pourquoi tu ne lui pardonnes pas. Clairement, tu veux être avec lui.
— Oui mais... je serais faible de lui pardonner juste parce qu'il a ruiné la carrière de son amie et de son père pour moi.
— Kenza.
— Quoi ? J'ai pris une décision, je m'y tiens.
— Alors, arrête de parler de lui, lâche Wadih.
— Je ne peux pas, je suis amoureuse~
— Tu me fatigues, tu sais ça ?
— Je t'aime Amar.
— Pas moi. Levi oui. Appelle-le.
— Non. C'est à lui de m'appeler.
— Tu lui as dit de te laisse tranquille.
— Quand même. S'il veut vraiment que je lui pardonne, il fera le premier pas. C'est toi qui m'as appris ça je te rappelle.
— D'accord, c'est moi qui vais l'appeler alors.
— Amar, non !
Elle coupe l'appel et je crie avant de la rappeler, sans réponse. Je la bombarde de messages lui interdisant de faire ça et appelle Wadih, mais lui aussi m'ignore. De longues secondes s'écoulent où je n'ai pas de réponse. Puis Amar m'écrit.
Amar : Trop tard.
Je reçois un message de Levi.
Levi : Salut. Amar m'a dit que tu avais du mal avec des scènes ?
Mais quelle excuse de merde !!!
Moi : AMAR !!!
Amar m'envoie un vocal d'elle, morte de rire.
Amar : Allez, fonce ! Tu le veux ou pas ?
Moi : Oui, je le veux ! J'ai tellement envie de lui...
Amar : Bah dis-lui.
Levi : Je n'ai rien à faire ce soir, tu peux passer chez moi et on répétera ensemble.
— Oh mon dieu !
Moi : Amar, il veut que j'aille chez lui pour « répéter » !!
Amar : Accepte. « Répétez » ensemble.
J'ouvre le message de Levi. En voyant que j'ai vu son message, il en envoie un autre.
Levi : Si tu veux.
Oui, je le veux !!
Contrairement à mon état mental, je lui envoie la réponse la plus froide possible.
Moi : 👍
Il écrit, écrit, écrit, mais efface son message, ne trouvant pas quoi répondre à cela.
Amar : alors ? Tu as répondu quoi ?
Je lui envoie une capture d'écran de la première conversation avec Levi depuis des mois.
Amar : Kenza t'es pas sérieuse.
Moi : Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ?!
Amar : Dis-lui tout ce que tu m'as dit que tu voulais qu'il te fasse.
Levi : Ok... à ce soir alors ?
Je like son message et écrit.
Moi : T'es folle ?! Je ne peux pas lui dire que j'ai envie qu'il me prenne dans toutes les pièces de la maison en me regardant comme il m'a regardée après les oscars. Qu'on le fasse en regardant notre film. Que je lui laisserais me faire tout ce qu'il veut, essayer les scènes les plus hard des fictions sur notre couple, que ça fait des mois que je suis tellement en manque de lui que j'ai commencé à rêver de lui se badigeonnant d'huile comme une putain d'adolescente, que je veux qu'il soit doux avec moi, mais également qu'il soit méchant, qu'il me complimente, qu'il me dénigre, qu'il se soumette à moi et me soumette à lui, qu'il m'attache, m'étrangle et me fasse mal ! Qu'il me bouffe la chatte comme si c'était son dernier repas de condamné à mort, qu'il me dise que mon corps a été moulé rien que pour l'accueillir en moi, que je suis prête à tout accueillir de lui ; sa queue, ses doigts, sa langue et même ce putain de trophée qu'il m'a offert !
Après ma tirade, je dépose mon téléphone et attends la réponse d'Amar, consciente qu'elle sera choquée. Mon téléphone vibre, je le prends et regarde l'écran.
Levi : J'arrive.
Hein ?
Je me redresse et relis son message. Quand je remonte notre conversation, j'y vois le long message que je pensais avoir envoyé à Amar.
Mon âme quitte mon corps.
Je pousse un cri à en arracher la peinture des murs et jette mon téléphone sur l'un d'entre eux.
— Oh putain, oh putain ! Putain mais qu'est-ce que j'ai fait ?!!
Je prends mon oreiller et crie contre lui, me lève en panique totale et vais récupérer mon téléphone à la vitre cassée. J'ouvre ma messagerie, espérant avoir halluciné que j'ai envoyé mes désirs les plus indécents à Levi.
Mais le message est toujours là. Ainsi que sa réponse.
« J'arrive. »
Comment ça, il arrive ? Quoi, là ?! Maintenant ?! Non, non, non... je ne suis pas prête...
Les mains tremblantes, je réponds.
Moi : Ignore le précédent message. C'était une erreur.
Il voit mon message mais ne répond pas.
Moi : Levi vraiment, c'est pas ce que je voulais dire.
Levi : Je suis là dans 30 minutes. J'ai quelques accessoires à prendre en chemin vu ton drôle d'appétit sexuel.
Moi : Levi !!!
Levi : D'accord.
Je souffle enfin.
Levi : 20 minutes devraient suffire.
— NON !!!!
Une excuse, vite !
Moi : Je dois sortir de toute façon.
Levi : Ne.
Levi : Bouge.
Levi : Pas.
Levi : Toi et mon oscar attendez-moi sagement.
Fuck ! Fuck ! Fuck !
Pendant les 15 prochaines minutes, je fais les cent pas dans ma chambre, dans l'angoisse absolue. Je partage ma bourde avec Amar qui se moque de moi comme jamais auparavant.
Moi : Je fais quoi ?!
Amar : Bah tu l'as entendu, attends-le sagement. Tu peux même aller laver votre trophée.
Moi : C'est pas drôle, Levi ne comprend pas le second degré ! Amar, t'es la pire, c'est de ta faute !
Amar : tic, tac, tic, tac...
Lapidez-moi, bordel mais lapidez-moi !
Tout d'un coup, dans mon agitation, je me rappelle que je jouis de libre arbitre.
Absolument rien ne m'empêche de lui désobéir. De partir loin, chez Amar, chez mes parents, le bloquer et essayer d'oublier cette humiliation. Une chose est sure, je ne peux pas rester ici. Je suis déjà couverte de honte, si en plus il se pointe, avec son sourire en coin, ses fossettes, son air victorieux et les accessoires embarrassants que j'ai cités j'en mourrais.
Je m'empresse de m'habiller et cherche à commander un Uber, mais doute qu'il arrive avant Levi.
Pas grave, je prendrai le bus.
Je quitte mon appartement en hâte, vérifie les couloirs avant de m'y aventurer. J'évite l'ascenseur, cours dans le hall jusqu'à l'extérieur. Je cours le long de l'allée, tourne à gauche, sens mes pieds quitter le sol et me retrouve la tête à l'envers, sur l'épaule de Levi qui sans un mot fait le chemin inverse vers mon appartement.
Je résiste au début, mais finit par me laisser traîner vers mon appartement, vers ma chambre, sur mon lit.
Levi me tourne le dos, se rend jusqu'à ma table de chevet, saisit le trophée et se met à le caresser du bout des doigt. Ses yeux bleus et pleins de malice viennent à moi et dans une verve moqueuse, il me demande :
— On commence par quoi, trésor ?
Coupé !
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