Scène 32
𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟛2 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟 !
Kenza
Elle ferme ses jolis yeux et les maintient ainsi quelques secondes, le temps de formuler son veux puis, elle les ouvre, se penche au-dessus du gâteau et souffle sur ses six bougies.
Nous tous l'applaudissions et mon père qui n'a pas lâché son Nikon qu'il possède depuis aussi longtemps que je me souvienne l'éblouit de photos. Pour sa défense, il n'est pas le seul à avoir capturé les six ans de sa petite-fille adorée ; j'ai moi aussi filmé l'instant où ma nièce a soufflé ses bougies pour garder le souvenir.
Aya sourit de toutes ses dents, moins deux.
— Je peux ouvrir mes cadeaux maintenant ?! demande-t-elle pour la énième fois.
Soumeya lui lance une œillade de côté, lui commandant de se tenir. Sentant la colère de sa mère face à son impatience, Aya baisse le regard.
— Nous on t'emmène des cadeaux et toi, tu ne nous donnes même pas de gâteau en retour ?! m'exclamé-je pour dissiper le malaise.
— Oh- j'avais oublié, ricane Aya.
Avec l'aide de sa mère, elle coupe le gâteau en parts somme toute égales pour les distribuer parmi ses amies et les membres de ma famille ayant répondu présents.
C'est-à-dire tous, sauf Samir qui lui a tout de même chanté joyeux anniversaire de depuis les Pays-Bas à travers un appel FaceTime.
— Tiens Kenza, me dit mon père en me tendant une part de gâteau.
— Non, ça ira... je suis au régime.
— Encore ?! Mais il dure combien de temps ton régime ?
— Aussi longtemps que le tournage du film, réponds-je en éloignant la part de gâteau.
Mon père pousse de nouveau l'assiette vers moi.
— Mais une part de gâteau ça ne fait pas de mal, benti. Allez, mange.
Je m'apprête à lui expliquer que je ne veux pas jeter des semaines de travail pour atteindre le physique du nouveau rôle que j'ai récemment décroché, mais ma mère se saisit de l'assiette et l'éloigne de moi.
— Oh, mais laisse-la ! s'offusque-t-elle. Elle a dit non. Tiens, benti mange ça plutôt, enchaîne-t-elle en me tendant un bol de salade de fruits découpés à l'emporte-pièce.
— Merci maman.
— Moi aussi je veux des fruits, demande ma petite sœur, quittant enfin son téléphone des yeux.
Elle tend sa main manucurée pour piocher des fruits dans mon bon, mais ma mère donne un coup sur sa main.
— C'est pour Kenza seulement !
— Pourquoi ? s'indigne Aya.
— Parce que.
Ma sœur croise les bras et retrouve sa mine blasée d'adolescente de dix-sept ans.
— Pff, dis juste que c'est ta préférée-
— C'est ma préférée, réverbéré ma mère.
Tous à table rions parce qu'elle n'a pas hésité une seconde. Aya croise les bras. Clairement, elle qui, étant la benjamine, a été là chouchoute de mes parents prend mal le fait que je lui ai ravi la place. Même si je ne suis pas fan du fait qu'elle m'utilise pour me comparer à ma sœur, j'avoue que ça fait un bien fou d'être de nouveau la préférée de ma mère après des mois de froid.
Certes, nous nous étions réconciliés bien avant la sortie du film Outsider, mais depuis que ma tête et mon nom sont sur toutes les affiches de la ville, dans le bus, dans le métro, au cinéma, sur de la marchandise, maman me voue un culte.
Le contraste entre celle qui faisait une scène parce que supposément je gâchais ma vie et celle qui se plaît à se vanter à qui veut bien l'entendre qu'elle est la mère de Kenza Belbachir est hallucinant.
Il fallait la voir après la sortie, elle n'arrêtait pas d'en parler. Elle m'a même forcée à regarder le film avec elle pour me montrer qu'elle connaissait les répliques par cœur.
Oui.
Tout le film.
Je n'ai jamais eu autant envie de disparaître que pendant les scènes d'intimité avec Levi.
J'ignore si mon père et mes frères l'ont également visionné. Je leur ai supplié de ne pas le regarder. S'ils l'ont fait, aucun d'entre eux ne m'en a parlé et c'est très bien comme ça.
— Psst Aya, soufflé-je quand même mère s'éloigne enfin de moi.
Ma sœur regarde en ma direction et prend le bol que je lui glisse discrètement, me remerciant d'un sourire complice. Mes yeux se portent sur Aya, ma nièce alors qu'elle déballe ses cadeaux qu'elle montre fièrement à ses amies.
Il me semble que l'anniversaire de Levi c'est dans moins d'une semaine. Le 3 mars.
Est-ce que lui souhaiter joyeux anniversaire compterait comme une entrave à ma décision de ne plus lui adresser la parole ? Ce n'est pas comme si je n'avais pas déjà enfreint ma règle en me disputant avec lui au sujet du film, à la télé et en plein direct.
Rien que ce dérapage a fait couler beaucoup d'encre. Tous les magazines se sont mis à spéculer sur notre relation et notre séparation remettant en question les conditions de celles-ci.
J'avais annoncé que nous nous séparions en bon terme... et j'ai montré le contraire.
Beatrice était hors d'elle. Parait-il la chaîne de télévision qui possède l'émission qui nous avait reçus l'a contactée pour lui exprimer leur déception et lui laisser savoir que je n'étais plus la bienvenue sur leurs plateaux.
J'aurais pu regretter mon erreur si ma réaction n'avait pas suscité l'intérêt d'autres géants médiatiques qui se bousculent pour avoir la même réaction de ma part, histoire de faire grimper l'audimat.
Chaque fois que les médias ou le public s'intéressent à moi, c'est par rapport à Levi. Avant c'était notre couple qui fascinait, maintenant c'est nos querelles qui émoustillent. Avant j'étais la petite amie de Levi, maintenant je suis l'ex de Levi. Je n'arrive pas à dissocier mon nom du sien. J'en viens parfois à me demander où j'en serais si nos routes ne s'étaient pas croisées.
« Si Henry n'était pas entré dans sa vie, Alice serait encore la pauvre et insignifiante artiste ratée qu'elle était au début de l'histoire. »
J'abats mes mains sur la table pour canaliser ma frustration face à ce propos et sa part de véracité. Les autres autour me fixent alors que je me lève et me rends dans la chambre de ma sœur avant de m'y enfermer et de fondre en larmes.
J'ai tant pleuré depuis que Blake a révélé ce que Levi avait fait que mes yeux me font souffrir à chaque nouvelle crise. J'ai eu beau résister, me raisonner, tenter de me convaincre que je n'avais pas à verser de larmes pour ce parasite, mon cœur lui n'a cessé de faire le deuil lui. De sa voix, de sa chaleur, de ses touchers, de ses « trésor ».
Bien malgré moi, j'ai dû me rendre à l'évidence :
Je suis amoureuse de Levi. Je n'en étais pas certaine avant. Il me plaisait et puis c'est tout. Je n'avais jamais pris le temps d'analyser mes sentiments pour lui, car j'étais convaincu que Blake occupait toujours cette place, combien même je ne l'y sentais plus.
Quand j'ai découvert son vrai visage, au moment d'aller barricader mon cœur, j'ai trouvé qu'il y avait déjà élit domicile. J'ai eu beau tenter de l'en sortir, sans succès. Alors j'ai décidé de laisser le temps faire ce qu'il fait de mieux, nous faire oublier.
Seulement, la seule chose que le temps m'a prise, c'est ma colère.
Je lui en veux encore. Je lui en voudrai toujours. Mais je ne parviens plus à trouver en moi la rage qui m'a donné la force de couper les ponts avec lui, malgré les protestations de mon cœur.
C'est encore plus difficile maintenant que je sais ce qu'il a fait pour Israe après que je l'aie expulsée. Il l'a soutenue dans mon dos, alors que moi je n'ai même pas cherché à prendre de ses nouvelles. Je le revois, paniqué, essayant de s'excuser sans trouver les mots justes.
« J'ai essayé de réparer mon geste... mais c'était trop tard. », m'a-t-il dit.
Je pensais que c'était des paroles en l'air, prononcées dans le seul but d'apaiser mon courroux. Mais il disait la vérité.
La vérité.
Je sèche mes larmes et allume mon téléphone. Je vais dans les paramètres de mes messages et retire Levi de la liste des personnes bloquée. Sans surprise, je trouve quelques de ses messages où il s'excuse, m'implore de le laisser me parler, me voir, me dit au bout du premier moi sans réponse qu'il ne me dérangera plus. Et pendant trois mois, il ne m'envoie en effet plus de messages. Jusqu'à ce qu'il me contacte une dernière fois pour me dire :
« J'ai eu vent que tu as décroché le premier rôle de Before Fall. Félicitations trésor, tu l'as amplement mérité. Je sais que tu m'en veux encore et que c'est improbable, mais si tu as besoin de quelqu'un avec qui pratiquer tes répliques, n'importe quand, à n'importe quelle heure de la nuit, pense à moi, appelle-moi, réveille-moi. Sinon, prends soin de toi et encore désolé pour ce que je t'ai fait... je t'aime. »
Depuis, plus de message de sa part.
Moi qui venais d'arrêter de pleurer, je m'y remets, à la seule différence que je souris, attendrie par ses mots.
Chaque jour après, je les relis et l'imagine me les souffler tandis que nos corps sont imbriqués l'un dans l'autre. Ça me permet de patienter jusqu'à la cérémonie où je vais pouvoir le revoir...
Levi
Gris.
Tout est redevenu gris depuis que Kenza est partie. Elle a amené avec elle toute la couleur qu'elle avait mise dans ma vie, toute la chaleur, toutes les odeurs, toutes les saveurs.
J'ai tenté de recrée l'effet qu'elle avait sur moi : j'ai essayé des choses, je me suis fait des pique-niques solitaires au crépuscule, j'ai enchaîné les séries turques, je me suis essayé à la cuisine marocaine, la plus épicée possible.
Mais tout, tout est tellement fade sans elle. Sans son rire angélique, ses commentaires, les expressions de son visage et ses jolis yeux. Elle popule mes rêves et mes fantasmes, mais ça ne suffit pas, je veux qu'elle soit ma réalité
Mais elle ne l'est plus. Alors tout me semble sans intérêt. Sortir, cuisiner, m'entraîner, ma famille, ma carrière et aujourd'hui, mon anniversaire que je passe seul, étendu dans mon salon plongé dans le noir depuis des mois.
Pour une raison que j'ignore, j'espérais qu'elle s'en serve comme excuse pour me contacter. Après tout, ça a toujours été sa manière d'avoir ce qu'elle voulait de moi sans l'avouer ; trouver une excuse, aussi saugrenue soit-elle, pour qu'on s'embrasse.
Mais rien, et d'ici trois heures, ce ne sera plus mon anniversaire. Chaque heure qui passe, mon cœur se brise un peu plus qu'elle me déteste au point de ne pas m'appeler. Chaque heure qui passe, je prie pour qu'elle se pointe chez moi, qu'elle toque à la porte et-
Trois coups sont portés à la porte.
Je les ignore d'abord, certain que mon isolation et mon désespoir ont eu raison de moi, et je j'ai finalement perdu la tête. Mais lorsqu'ils reprennent, plus clairs, plus francs, plus vrais que vrais, je me redresse.
— Levi, me parvient une voix féminine, étouffée par l'isolement acoustique.
Est-ce que...
Je me lève et me précipite vers la porte que j'ouvre en hâte, le cœur battant, et tombe sur...
— Oh...
— Waouh, doucement, ne te réjouis pas trop c'est juste moi, plaisante Adélaïde devant mon apparente déception.
Ferme-la.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Elle me sourit, puis me présente la boîte blanche qu'elle tient dans ses bras.
— Je sais que notre relation n'est pas au beau fixe depuis un moment, mais je voulais quand même célébrer ton anniversaire avec toi.
Mon regard alterne entre la boîte contenant ce que je devine être un gâteau d'anniversaire et ses yeux bleus.
— Je croyais que j'étais une sangsue incapable de voir que tu ne supportes pas ma présence. Quoi, tu as eu pitié de moi ?
Elle ferme les yeux, visiblement gênée que je me souvienne de ses propos à mon égard.
— Écoute Levi, je suis désolée pour ce que j'ai dit sur le yatch. Je ne le pensais pas vraiment, c'est juste que j'étais amère parce que j'étais jalouse et en colère que Kenza ait été invitée elle aussi. Je t'en voulais de l'avoir choisi elle.
J'ai envie de lui dire que je l'avais choisie elle avant quiconque. Et même si je sais aujourd'hui que ce que je ressentais pour Adélaïde blêmit à côté de ce que je ressens pour Kenza, elle était la première que j'ai réellement désirée. Elle le savait et s'en est moquée.
Mais je n'ai même pas l'énergie de la confronter et puis l'idée de lui claquer la porte au nez et de retrouver ma solitude ne me plait guère.
J'aimerais au moins faire semblant que quelqu'un m'aime... ne serait-ce que les quelques heures qu'il reste à mon anniversaire.
Alors je me tasse.
— Entre.
Elle me sourit et pénètre mon appartement. Quand j'allume la lumière pour la première fois de la semaine, Adélaïde s'arrête pour regarder autour d'elle.
— Qu'est-ce que tu as fait à ton appartement ? ricane-t-elle.
— Un peu de déco... pour le rendre plus chaleureux.
Il y fait pourtant si froid depuis un moment...
— C'est joli ! J'ignorais que tu avais si bon goût.
— La plupart des choses c'est Kenza qui les a choisies.
Elle perd son sourire.
— Bon ça va, ça casse pas trois pattes à un canard non plus.
Sa mauvaise foi me fait rire et je reconnais bien là la Adélaïde avec qui j'ai grandi. Nous nous installons sur mon comptoir où elle révèle le gâteau qu'elle a fait faire pour moi. Je ne peux m'empêcher de me dire que Kenza l'aurait sans doute fait elle-même. Mais ça ne change pas que j'apprécie le geste d'Adélaïde.
Elle au moins, elle est là ce soir.
Après que j'aie soufflé la bougie, nous nous sommes servi une part de gâteau chacun et avons gagné mon salon où nous discutons depuis quelques minutes.
— Oh, je ne t'ai pas dit ! J'ai obtenu un rôle !
— Ah oui ?
— Oui ! C'est dans une série qui suit la vie de la jeunesse dorée de Londres. Je vais jouer Wren, un des personnages principaux.
On dirait que tout le monde trouve des rôles. Même Blake est en plein tournage d'un film d'action. Moi j'ai auditionné pour une comédie, parce que je voulais comme Kenza ne pas me reposer sur mes lauriers. Ils m'ont même sélectionné, mais je venais de me faire larguer par Kenza, je n'avais ni la force, ni l'envie de faire rire le public.
Je ne mérite même plus d'être acteur.
— Félicitations ! Je crois que j'en ai entendu parler. La compétition a dû être rude.
— Elle l'était ! J'ai même failli ne pas être prise, mais ton père a fait pencher la balance en ma faveur. Il connaît des membres de l'équipe.
Je la fixe longuement.
— Vous vous entendez plutôt bien toi et lui, non ?
Elle prend une autre microbouchée.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire que vous êtes plutôt proches, comparé avec ma mère par exemple. Je sais que mon père t'aide dans pas mal de projets aussi. Tu es un peu sa favorite depuis qu'on est petits.
— Oh, oui ! Donald est adorable avec moi.
— Pourquoi ne fais-tu pas de lui ton agent ?
— Il est déjà le tien.
— Un agent peut représenter plus d'une personne et officieusement il te représente déjà alors.
— C'est vrai... je lui demanderai. Merci, Levi.
Je lèche la crème sur la surface de ma cuillère en plastique, sans la lâcher des yeux.
— Mais de rien, Adélaïde.
Elle dépose son assiette qui contient encore la moitié de son gâteau et fait semblant d'être repue.
— Alors, tu penses que tu vas gagner dimanche prochain ?
Dimanche le 10 mars se tiendra la 96iem cérémonie annuelle des Oscars. Cérémonie qui récompense les acteurs de l'industrie du cinéma pour leur travail au cours de la dernière année. Parmi les nombreuses catégories présentées, Outsider a été nominée dans quatre d'entre elles.
Le meilleur acteur ; moi.
La meilleure actrice ; Kenza.
Le meilleur réalisateur ; Hannah.
La meilleure bande-son ; Thomas Higgs, le compositeur de la bande-son et l'orchestre philharmonique de Los Angeles.
— Peut-être...
La vérité c'est que j'espère ne pas gagner, car ce n'est pas lors des moments tristes et difficiles que l'on ressent le plus la solitude. C'est dans les instants de joie, quand on se rend compte que l'on n'a personne avec qui partager cette joie.
Les jours comme aujourd'hui.
Toutefois, j'espère de tout mon être que Kenza remportera son oscar. Sa performance a été renversante. Notre dernier échange a été un fiasco, j'ai parlé dans réfléchir, sans voir le parallèle entre nos personnages et nous, je l'ai blessée alors que je lui avais juré que je ne le referais plus.
Depuis je crève d'envie de la revoir, pour m'excuser, m'expliquer... lui demander si l'on peut rester uniquement amis, car bien plus que la romance, le sexe, les baisers et l'intimité qu'on a partagés pendant quelques mois, c'est la complicité entre nous qui me manque véritablement.
Elle me manque.
— Tu penses encore à elle.
Je quitte mon assiette vide des yeux pour rencontrer ceux d'Adélaïde.
— Ça se voit tant que ça ?
— C'est écrit partout sur ton visage depuis que je suis entrée. Je vais finir par être jalouse.
Je souris tristement.
— Il est temps que tu l'oublies, ça fait combien de mois que vous n'êtes plus ensemble ?
Mois ? Pour moi, ça fait des années.
— Je comprends que tu étais amoureux d'elle... non pas vraiment, mais il faut que tu comprennes que ça allait forcément se finir ainsi.
Je braque mes yeux sur elle quand elle dit cela.
— Ah oui ?
— Oui ! Peut-être que toi tu ne l'as pas vu, mais elle était clairement là uniquement pour profiter de toi et de ton influence. Une fois qu'elle a eu ce qu'elle voulait, elle t'a jeté.
Sauf qu'elle n'a pas eu ce qu'elle voulait. Elle ne me voulait pas, c'est Blake qu'elle voulait. Elle m'a donné une chance et je l'ai foutue en l'air.
Je me garde de lui dire.
— J'espère que tu retiendras au moins cette leçon.
— Laquelle ?
— Ces gens-là ne sont pas comme nous, ce ne sont pas les nôtres. Ils ne sont là que pour profiter de ce qu'on peut leur offrir. C'est pour ça qu'il est important de rester avec les siens, ceux avec qui tu as grandi, ceux qui tiennent vraiment à toi. On a parfois nos différents, mais nous au moins, on ne t'abandonnera jamais. La preuve ! conclut-elle en se pointant.
J'assimile ses mots.
Les miens... ma famille, Blake, Adélaïde. Nous sommes pareils. C'est vrai. Nous partageons tout. Nos vies, le privilège, l'hypocrisie, nos vices.
— Tu as raison...
— Voilà, ça c'est mon Levi ! Maintenant, arrête de te morfondre et agis !
— Agir ?
Une lueur sombre traverse ses yeux. À la manière d'une chatte, elle rampe jusqu'à mon côté du sofa pour planter son visage à quelques centimètres du mien et me souffler :
— Venge-toi d'elle. Anéanti sa carrière, ruine-la. Fais-la regretter d'avoir profité de toi et de tes sentiments pour elle.
Un frisson comme je n'en ai jamais ressenti me parcourt. Je m'apprête à lui dire que c'est peut-être un peu extrême, mais une idée me viens en tête.
Ma conscience me chuchote de ne pas le faire, mais je la balaie du revers de la main, elle ne m'a jamais servi jusqu'ici. Après tout, je suis comme eux.
Non...
« Tu es pire qu'eux. »
Tellement pire.
— Adélaïde ?
— hm ?
— Voudrais-tu être ma cavalière dimanche ?
Coupé !
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