Scène 3
𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟛: 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟!
Kenza
— Quoi ?
— Quoi ? rebondissent les deux hommes à l'unisson.
Elle griffonne dans son carnet en prenant la parole :
— Sans vouloir te vexer Levi, tu manques de féminité pour la scène. On devrait essayer avec une femme, tu ne crois pas ?
Levi lève les épaules et va s'asseoir aux côtés de la femme. Personne ne se soucie de me demander si je suis d'accord avec cette décision.
— C'est toi qui vois.
La femme sourit.
— Euh... le truc c'est que j'ai une audition à l'instant.
— Vous irez plus tard. Approchez... quel est votre nom ?
Ah, d'accord... une audition en plus de jouer avec Blake, la vie me sourirait-elle enfin ?
— Kenza. Je m'appelle Kenza Belbachir.
Levi et Blake échangent un regard et Levi semble se retenir de se moquer. Je sais ce qu'il pense. « Qu'est-ce qu'elle fait ici celle-là ? ». Mais il ne dit rien et son regard se reporte sur moi.
Je me rappelle alors ce soir-là, à l'hôtel, quand je lui ai pris son script, qu'il m'a coursée et que je l'ai mordu pour m'enfuir.
Fuck !! Je n'avais pas prévu qu'il serait ici puisqu'il a dit qu'il ne participait pas à l'audition. S'il me reconnaît, je peux dire adieu au rôle et à Blake ! En plus, je viens de leur donner mon nom complet, il me fera arrêter et-
— Kenza, s'il vous plaît, nous n'avons pas beaucoup de temps, veuillez retirer vos effets et vous positionner pour la scène.
OK, pas de panique. J'étais déguisée, il n'a vu mon visage qu'une fraction de seconde. Avec le nombre de personnes qu'il doit voir quotidiennement, il a sans doute vite fait de m'effacer de sa mémoire... par contre, le coup que je lui ai donné ne s'est toujours pas estompé de son œil gauche. Ça lui donne un côté encore plus effrayant.
Bon, s'il ne m'a pas déjà reconnu, c'est qu'il m'a déjà oubliée. Je vais jouer cette scène comme s'il s'agissait de ma propre audition.
— Compris.
Oh my God! Oh my God!
Calme-toi, Kenza, ne fais pas tout foirer !
Je retire ma veste et mon sac à dos et m'approche de Blake putain de Donovan. Le dieu grec me sourit et me tend la main avant de se présenter. Comme s'il existe quelqu'un qui ne sait pas qui il est !
Oh quelle humilité ! Un homme vertueux, comme j'ai hâte de le présenter à mes parents !
Bien que je me sois présenté tout à l'heure, je le refais, la main légèrement tremblante et sans doute moite, un sourire crispé pour me retenir de crier avant de m'évanouir, de l'écume s'échappant du coin de mes lèvres. Comme je n'ose pas, il prend l'initiative et pose sa main sur mes reins avant de m'attirer à lui et de prendre mon autre main dans la sienne.
— Relax, ça va bien se passer, me souffle-t-il, rassurant.
Ne t'évanouis pas ! NE T'ÉVANOUIS PAS !
Je lui rends son sourire et hoche la tête alors que je glisse dans la peau d'Alice. Déjà, une petite tension naît entre nous comme le veut l'ambiance de la scène.
— Candidats Blake Donovan et Kenza Belbachir, écorche-t-elle mon nom de famille. Scène du bal masqué, ligne 23 jusqu'à la fin, Henry et une belle inconnue masquée se rencontrent au bal et dansent ensemble- une minute, où est votre masque ?
La tension est rompue et je sors du rôle d'Alice.
— Mon masque ?
— Le masque qu'on vous a demandé d'acheter en prévision de l'audition pour Alice, où est-il ? Mettez-le.
Mon cœur accélère quand je réalise que j'ai commis ma première erreur. J'ignorais qu'on avait demandé aux candidates d'amener des accessoires. Je n'ai pas de masque... je serai mal pour l'audition de tout à l'heure, c'est super pas professionnel de ne pas arriver avec le nécessaire demandé.
— Je... j'ai dû l'oublier avant de venir.
Un silence de mort règne dans la salle. Je peux voir une forme de déception dans le regard de la réalisatrice, de la compassion dans celui de Blake et de la moquerie dans celui de Levi. La réalisatrice, Hannah, soupire.
— D'accord, ce n'est pas votre audition alors on fera sans.
— Attends. Levi, passe-lui le masque qu'Hannah t'a donné tout à l'heure.
Levi qui tient un masque croise ses jambes avant de lever les yeux au ciel et de me tendre le masque. Morte de honte et hésitante, je m'approche de lui. Quand j'attrape le masque et tente de partir avec, il le retient.
Levi plisse les yeux.
Il m'a reconnue, c'est mort.
— Tes manières, tu les as laissées avec ton masque ?
Ouf, non, c'est juste un connard.
— Oh, désolée... merci.
Son regard alterne entre le mien qui se veut fuyant et le masque qu'il finit par relâcher. Je m'empresse de me tourner, mets le masque et retourne me mettre en position avec Blake.
— Bien. Action !
Une valse à trois temps est émise du système de son mural. Blake et moi entamons la danse sur le parquet de bois qui craque sous nos pas et dialoguons. Dans cette scène, c'est la deuxième fois que les jeunes gens se croisent. Alice qui voulait à tout prix revoir le bel homme qui était passé à la librairie s'est infiltrée dans le bal organisé par la famille Hilton.
Henry la prend pour une demoiselle de bonne famille, mais n'arrive pas à la reconnaître contrairement aux autres jeunes filles qui ont été démasquées malgré leurs efforts. Alors elle l'intrigue, il lui demande une danse, elle accepte, ils discutent et Henry lui demande qui elle est. Elle refuse de lui dire, engageant un malicieux jeu de devinette. Il lui demande alors des indices, mais ne parvient pas à les résoudre.
Sans crier gare, ce mauvais perdant d'Henry retire le masque de la mystérieuse demoiselle pour découvrir le visage de celle qui se cache derrière, visage qui lui est familier, celui qu'il n'a vu qu'une seule fois dans sa vie, mais n'a pas pu l'oublier. Celui qui habite ses songes la nuit, le plus beau qu'il n'ait jamais vu. Alice se sachant démasquée le repousse et tente de s'enfuir, mais Henry la rattrape.
— Coupé ! Blake, j'ai besoin de plus d'intérêt pour la mystérieuse inconnue dans ton regard et ta voix quand tu la questionnes, il faut vraiment qu'on sente qu'elle te dit vaguement quelque chose, mais que tu n'arrives pas à trouver. Son mystère ne doit pas venir de son masque, mais de toi. Montre-nous qu'elle t'intrigue. On refait la scène.
Blake et moi nous repositionnons.
— Action !
Et l'on refait la scène.
— Coupé, coupé, coupé !
Hannah soupire.
— Pour la scène où tu la reconnais, c'était bien, mais pour Henry, c'est plus intense que ça, plus que le fait de la reconnaître, tu dois aussi jouer la surprise de la voir dans ce type de soirée, Alice n'est pas censée y avoir accès.
— Et dans le livre, la scène est du point de vue de Henry. Il faudrait montrer plus d'émerveillement quand il revoit la sublime Alice.
Quand ma remarque est accueillie par le silence, je regrette de l'avoir ouvert. Levi pouffe de rire, mais j'ignore s'il se moque de moi pour avoir osé corriger un acteur du calibre de Blake ou de Blake pour s'être fait corriger par une nobody. Sans doute les deux.
— Elle a raison. On refait la scène.
Blake soupire et l'on se repositionne. D'un coup, il n'est plus du tout souriant. Il m'en veut ? Je n'aurais vraiment pas dû l'ouvrir. On rejoue la scène et Blake applique les conseils qu'on lui a donnés. Ce n'est pas tout à fait ça, mais c'est déjà très bien.
— Kenza, quand tu comprends qu'il te reconnaît, il faut un chouïa la plus de panique dans ton expression. Ton plan, mais aussi ta vie sont en jeu.
— D'accord. On refait la scène ?
Le regard d'Hannah passe de Blake et moi. Elle soupire une énième fois.
— Pas besoin, j'en ai assez vu. On passe à une autre scène, en espérant que Blake les a mieux répétées que celle-ci.
Levi pouffe à nouveau de rire dans son coin. Cette fois, son comportement irrite aussi Blake.
— Tu te marres dans ton coin depuis tout à l'heure, mais tu ne ferais pas mieux. Quand on est spectateur, on la boucle.
Levi arque un sourcil.
— Te fâche pas, Blakichou. Suffisait de répéter ton script comme je te l'avais dit et l'on n'en serait pas au point où n'importe qui peut voir tes lacunes. À défaut de nous impressionner avec ton jeu d'acteur au moins tu me divertis par ta médiocrité. Je suis peut-être spectateur, mais au moins je ne suis pas le bouffon. Bouffon.
Le regard de Blake s'assombrit quand Levi répond par la provocation. Levi abuse, le jeu de Blake n'était pas du tout médiocre. Mais connaissant Levi, ça l'est. Il est perfectionniste, il a dit une fois dans une entrevue que tout ce qui s'éloigne de la perfection pour lui est médiocre.
— Moi-moi je t'ai trouvé très bien...
Blake me toise, nullement rassuré par mon intervention avant de reporter son regard vers Levi.
— C'est facile de me juger avec ton petit air supérieur quand tu sais que tu n'as pas à faire ce travail.
— Oh, mais je l'ai fait. Et le peu de temps que j'ai passé à répéter le script est largement supérieur à celui que tu y as consacré pour nous donner cette « performance ».
— Dans ce cas, montre-le-nous.
Tous les trois, portons notre attention vers Hannah qui vient d'intervenir en cassant le conflit naissant entre les deux amis d'enfance.
— Visiblement, tu m'as menti quand tu m'as dit ne pas avoir répété ce rôle. Blake a raison, tu ne peux pas t'asseoir là et juger son jeu sur une scène avec autant de détail dans les expressions du visage et d'intonation de la voix. Même s'il joue bien, il faut qu'on y croie et ça, c'est difficile. Si tu penses pouvoir le faire, vas-y.
Levi semble réaliser la merde dans laquelle il s'est lui-même mis. On dirait que je ne suis pas la seule qui doit apprendre à se la fermer.
Bien fait !
Il soupire et se lève. Il approche Blake avec un sourire narquois avant de tendre la main pour que Blake lui passe son masque à lui. Blake le laisse tomber dans la main de son ami avant d'aller s'asseoir à sa place, piqué à vif. Levi met le masque et se tourne vers moi, me surplombant de son mètre quatre-vingt-dix.
Oh oh... je n'avais pas du tout prévu qu'il soit ici et encore moins d'avoir à jouer avec lui. Je fais quoi ?!
Je n'ai pas le temps de songer à ma question que sa main se pose sur mes reins et lui aussi m'accole à lui. Je lève les yeux et même derrière son masque, je peux ressentir une certaine hostilité émaner de lui. Il se penche et me susurre à l'oreille.
— Ne me ridiculise pas.
Pardon ? Pardon ?! Il pense que si la scène est un échec ce sera de ma faute ?!
— Candidats Levi von Neumann et Kenza Belbachir, dit-elle pour la caméra, scène du bal masqué, ligne 23 jusqu'à la fin, Henry et une belle inconnue masquée se rencontrent au bal et dansent ensemble.
Je laisse ma colère et entre dans le rôle d'Alice. De toute façon, j'ai la réponse à ma question ; je vais le ridiculiser en jouant bien mieux que lui.
Je vais faire de lui mon bouffon.
— Action !
Levi
— Action !
Aussitôt que le mot est prononcé, il est comme un interrupteur qui me fait passer de Levi von Neumann à Henry Hilton. Nous commençons la scène en faisant quelques pas rudimentaires au rythme de la valse. Mais Henry est de la bonne société, il ne danserait jamais comme ça, alors j'augmente le niveau de difficulté.
Étonnamment, et ce malgré que nous n'ayons pas répété de chorégraphie, ma partenaire pour cette scène parvient à suivre mes pas et mon improvisation. A-t-elle également étudié la valse pour cette audition ? Son jeu d'actrice est lui aussi plutôt bon. Que dis-je ? Il est excellent. Quand j'ai pris l'accent du New Jersey qu'Henry a dans le livre, elle a naturellement incliné pour l'accent sudiste d'Alice et elle l'exécute à la perfection. Les mots dans sa bouche sonnent comme du beurre.
Qui est cette femme ? Si elle a eu l'invitation, c'est qu'elle est un minimum connue ou alors qu'elle connaît suffisamment de personnes importantes. Et j'ai effectivement la vague impression de la connaître, mais je n'arrive pas à trouver dans quel film, série, publicité, affiche ou événement, je peux bien l'avoir vue.
Le fait qu'elle fuit mon regard comme Alice doit le faire pour éviter de se faire démasquer par Henry ne facilite pas ma recherche de son identité.
Elle m'intrigue.
Tout à l'heure, je l'ai vue de bas, quand j'étais assis, il se peut que cette perspective ne m'ait pas permis de la reconnaître. Il faut que je la voie de haut et sans son masque. D'ailleurs, la scène où je le lui retire approche. Je vais pouvoir la voir de plus près. Nous tournoyons encore un peu dans la salle avant que je ne l'attire à moi, contraigne ses mains derrière son dos et lui enlève son masque.
Et alors je la vois.
Son visage délicat malgré son nez un peu prononcé, ses lèvres pulpeuses, ses épais sourcils parfaitement tracés et puis ses yeux de la couleur du miel, une coulée d'or à en oublier la lumière du jour. Ils s'écarquillent avec crainte.
La crainte que je la reconnaisse. Pas Henry, moi.
La fille de l'hôtel. C'est la fille de l'hôtel.
— Toi...
Quand elle voit que je l'ai reconnue, la terreur la saisit. Elle cherche instinctivement à s'éloigner de moi, mais je la retiens.
— Comment-
— Lâche-moi !
Elle parvient à se défaire de ma prise et recule aussitôt.
— Je... je dois y aller... j'ai une audition, balbutie-t -elle.
Sans attendre la réaction de quiconque, elle nous tourne le dos et fonce prendre ses affaires. Elle fonce par la suite vers la sortie, mais je parviens à la rattraper avant qu'elle ne puisse l'ouvrir.
— Tu crois vraiment que je vais te laisser t'enfuir une seconde fois ? dis-je en serrant son poignet.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, lâche-moi, tu me fais mal !
— Oh, je vais te faire mal, rien que pour te faire payer ce que tu m'as fait, dis-je en pointant mon œil marqué.
Je la traîne au centre de la pièce pendant qu'elle se débat, la panique dans la voix et les larmes bordant ses yeux. Après les injures, elle supplie que je la laisse s'en aller.
— Cette fille n'est pas celle qu'elle prétend être, elle- OUGGHH !!!
Je m'écroule quand elle me donne un coup de genou dans les bijoux de famille. Elle en profite pour se libérer une seconde fois.
— Je... je suis désolée.
Elle se courbe pour exprimer son regret. Puis, absorbé par la douleur, je n'entends que ses pas qui s'éloignent et la porte qui s'ouvre avant de se refermer.
Elle s'en est allée. Encore.
— Waouh !
J'entends des applaudissements. Je parviens à lever la tête pour voir Hannah qu'un sourire illumine applaudir comme si elle venait d'atterrir d'un avion en classe économique.
— C'était du grand art, tout, tout était parfait dans la scène ! On voyait l'intrigue dans tes yeux, la recherche dans ta mémoire et quand tu l'as démasquée, mon Dieu ! J'y ai cru tant ça semblait réel et le final ! Que dire du final ! Ce n'était pas tout à fait comme ça dans le script, mais c'est tout à fait ce que ça aurait dû être ! Je vais proposer d'ajouter l'agression pour la fuite d'Alice. Levi, ton travail ne cessera jamais de m'éblouir !
Ce n'est pas le moment de me féliciter, je souffre !
— C'est bon, tu peux arrêter de te tordre, la scène est finie, commente Blake.
— Ta gueule, m'étranglé-je. Elle m'a vraiment frappé cette barge.
— Oh... bon, moi je prendrais bien une pause. Pas vous, propose Hannah, indifférente à ma douleur.
Blake se lève et vient m'aider à me lever.
— Blake, elle-
Il tapote mon épaule.
— Tu avais encore raison, j'aurais dû mieux me préparer. Ton jeu était vraiment parfait tout à l'heure. Tu gagnes.
Parce que je ne jouais pas !
Hannah et maintenant lui.
Ils pensent vraiment que c'était du pur talent, ce qu'il vient de se produire. Mon ego est flatté dans le bon sens. Alors je me tais, concernant cette fille et le fait qu'elle est celle qui s'est introduite dans sa chambre, m'a volé mon script avant de me frapper. Surtout que c'est une humiliation de l'avoir laissé s'échapper une deuxième fois.
— Hum... merci... oui, une pause ne serait pas de refus.
Nous sortons tous les trois. Hannah s'en va dans la salle où se tiennent les auditions des femmes, « je veux voir Kenza jouer », qu'elle a dit. Dehors, nous croisons Adèle et allons nous chercher une boisson dans un café non loin où deux ou trois personnes nous reconnaissent avant de rentrer dans le complexe discuter des auditions.
— Alors, tu l'as fait cette audition ou pas ?
— En quelque sorte.
— En plus, il a assuré. Comme toujours.
Je regarde Blake qui me fait un clin d'œil. Blake n'est pas rancunier. Des petites disputes comme on a eu tout à l'heure sont fréquentent entre nous, mais ne viennent jamais obscurcir notre amitié.
— Dans ce cas, j'ai hâte de voir avec lequel d'entre vous je vais jouer.
— Mais je ne compte pas...
Elle fait battre ses cils en m'écoutant, en m'envoûtant.
— Moi aussi.
Blake se met à rire en voyant l'effet qu'Adèle a sur moi.
— Je dois comprendre que ton audition s'est très bien passé Adèle ? intervient Blake.
— Oh oui ! Les autres étaient assez bonnes, mais je pense que j'ai vraiment époustouflé les juges. Ils disent que je corresponds vraiment à l'image qu'ils ont d'Alice. Il y a une meuf qui a débarqué en plein pendant l'audition d'une autre. Elle a été réprimandée pour son retard et a dû s'excuser non seulement auprès des juges, mais aussi de nous toutes. Je n'aurais pas voulu être à sa place. Je ne l'ai pas vue jouer par contre.
— Kenza...
— Oui ! Je crois que c'était son nom. Vous la connaissez vous ?
— Ni d'Adam ni d'Ève, répond Blake. Elle a passé l'audition avec nous, d'où son retard.
— Je vois... mais elle n'a pas lu la partie où Alice est blonde aux yeux bleus ou quoi ?
— C'est ce que je me suis dit quand je l'ai vue, ricane Blake. Mais bon, tout le monde a le droit de rêver non ? Et puis elle était plutôt bonne, n'est-ce pas Levi ?
— Hmm. Mais ça ne suffit pas. Tu as entendu son nom de famille ? Elle ne peut pas jouer Alice, ce serait illogique.
— C'est vrai... Moi je lui souhaite quand même bonne chance rien que pour le magnifique coup dans les cojones qu'elle t'a mis.
Adèle et lui éclatent de rire. Comme Adèle a fini son audition, elle se joint à la nôtre après la pause et nous sert d'Alice. Quand Hannah a suffisamment de scène pour faire un choix entre Blake et moi, elle range son matériel vidéo et s'en va.
En sortant de la salle 14, je croise de nouveau la barge qui, elle, sort de la 13. Elle fige en me voyant et cherche déjà les issues, sauf qu'elle est dans un cul-de-sac. Je m'avance vers elle jusqu'à la coincer entre moi et la porte au fond du couloir.
— Alors tu t'introduis chez les gens, tu les voles et tu as le culot de venir à une audition à laquelle tu n'as certainement pas été conviée.
— Désolée.
— Tu me l'as déjà dit ça, après m'avoir agressé, deux fois.
J'analyse sa réaction, toute l'angoisse que ma simple proximité lui crée. Je tends la main et elle y dépose immédiatement le script qu'elle a volé.
— Je vais laisser couler pour cette fois, mais je ne veux plus jamais que tu t'approches de Blake. La prochaine fois que je te vois, je te dénoncerai aux autorités, c'est clair ?
Elle semble vouloir protester, mais finit par baisser la tête et accepter.
— Parfait, je connais ton nom, Kenza Belbachir, tu n'as pas intérêt à ce qu'on se croise à nouveau.
Elle hoche la tête. Je la toise de haut en bas et ne résiste pas à soulever son menton pour voir son visage une dernière fois, goûter la douceur du miel de ses yeux une dernière fois.
Comment peut-elle avoir un regard d'une telle intensité ? Il est si ardent que je me sens gagner en température.
Je reprends mes esprits, soupire avant de lui rendre mon script comme je n'en ai plus besoin et de lui tourner le dos. Je vais rejoindre Blake et Adèle pour fêter nos auditions réussies avant de rentrer chez moi et de m'endormir, ce visage refusant de quitter mon esprit.
Kenza Belbachir... c'est qu'elle est mignonne en plus cette barge.
Coupé !
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