Scène 22

𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟚𝟚 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟 !

Kenza
Cinq secondes de parfait silence s'écoulent. Cinq secondes durant lesquelles Levi cligne également cinq fois des yeux.

— Pardon ?

Qu'est-ce qu'il n'a pas compris ? Je me suis exprimé en anglais pourtant, c'est clair pourtant.

— On doit coucher ensemble ! répété-je. Après on doit se marier et je tomberai enceinte et on aura beaucoup d'enfants !

Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais ne trouve visiblement pas les mots, alors il lève les mains, me présentant ses paumes comme si j'avais une arme braquée sur lui.

— Wow... Wow... Wow... non !

— Mais si !

— Oh putain...

Il place ses mains derrière sa tête, son expression changeant pour la panique qu'il devrait comme moi avoir.

— Ok... je suis désolé ok ? C'était une erreur, je ne sais pas ce qui m'a pris, c'était rien de sérieux. Je suis vraiment désolé.

— Quoi ?

— Je ne sais pas qu'est-ce qu'on vous enseigne là-bas chez vous, mais c'est pas parce qu'on s'est embrassé qu'on est obligé de coucher ensemble, de se marier et tout le reste.

Un mélange de confusion et d'indignation rampe jusqu'à mon visage. Il panique encore plus.

— Le prend pas mal, c'est pas que je ne veux pas, mais on n'est pas obligé, on peut juste oublier, c'était juste un baiser-

Hein?!

— Mais de quoi tu parles ?! Je veux pas coucher avec toi !!

— Je parle de- attends, de quoi est-ce que toi tu parles ?!

— Je te parle de la prochaine scène qu'on va devoir tourner ensemble ! Quand je dis qu'on doit coucher ensemble, je parle d'Alice et Henry... est-ce que tu t'apprêtais à sortir ? demandé-je, remarquant enfin son habillement.

Levi laisse ses bras retomber le long de son corps alors que ce dernier se détend.

— Oh...

Il respire un grand coup, les yeux toujours agités, à croire qu'il a vu sa vie passer devant lui et ça ne lui a pas plu.

— C'est tout ?

J'ouvre la bouche, consternée.

— C'est tout ?! Comment ça, c'est tout ?! Ça ne te choque pas ?!

— Non ! C'est juste une scène intime, dans le livre il y en avait même si c'était assez soft et même dans le contrat qu'on a signé il était clairement stipulé que nous devions en tourner une.

Quand il dit cela, je me rappelle du moment où nous avions passé en revue le contrat avec la production et nos agents. On m'avait demandé si j'étais à l'aise avec ce type de scènes et si j'en avais déjà fait.

— Eh merde...

— Quoi ?

— J'ai menti.

— Sur quoi ?

— Mon expérience. J'ai jamais tourné de scène explicite de ce type moi. Je pensais que ça allait être comme dans le livre, un truc qui va nous faire comprendre qu'ils ont couché ensemble, sans oser le montrer.

— Le livre a été écrit il y a presque 200 ans. Bien sûr que le film va être plus graphique !

Je mets ma main sur ma bouche.

— Pourquoi est-ce que tu as menti ?

— Parce que j'étais déjà le mouton noir et tout le monde pensait que je n'aurais pas dû avoir ce rôle, que je ne le méritais pas, en plus j'avais déjà rompu la close de confidentialité et toi et ton père n'arrêtiez pas de m'attaquer !

Il serre ses lèvres dans une fine ligne pour exprimer son remords et je soupire.

— Je voulais avoir l'air d'une pro... comme toi... alors j'ai dit que j'étais à l'aise de tout faire et que je savais tout faire.

— WoW... désolé... tu sais, c'est pas grave. Pour ce genre de scène, il y a toujours une coach d'intimité présente, tu dis que tu ne sais pas faire et elle va te guider.

— Mais tout le monde saura non seulement que j'ai menti, mais aussi que je n'ai aucune expérience dans la vraie vie. Je veux pas qu'ils sachent ça.

— Ça fait quoi si les gens savent que t'es vierge ? On s'en fout.

— Ça fait quoi si les gens savent que je ne suis pas vraiment amoureuse de toi ?

Il s'arrête pour réfléchir.

— Touché. Ok, mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ?

Je lève les yeux dans sa direction et laisse le temps à ses deux derniers neurones de piger. Quand il comprend enfin, il ouvre grand les yeux.

— Tu veux la répéter ?!

Je hoche la tête.

— Avec moi ?!

— Bah c'est toi Henry... et t'es un peu le seul acteur que je connais qui pourrait m'apprendre.

— Et Blake ? Il en a joué plein de scènes de ce type, et il est très loin de sa première fois, il pourra te montrer lui, dit-il avec amertume.

— Avec Blake, je veux que ce soit vrai, je ne veux pas faire semblant. Avec toi, je peux parce qu'on fait déjà semblant pour le film et pour notre couple. L'avantage avec toi c'est que c'est pour de faux, alors ce ne sera pas bizarre.

Je dis ça, mais dans ma bouche chacun de ses mots goûte la malhonnêteté. Je ne suis plus sûre qu'absolument tout de ma relation avec Levi soit factice. J'ai appris un peu à le connaître depuis qu'on sort ensemble et je l'aime bien, il peut être sympa quand il veut et... il est vrai que par moment, les contacts physiques avec lui me font plus d'effet que je ne le voudrais.

Hier, on s'est embrassés.

Ça m'était sorti de la tête. Je suis venue lui parler de la scène et j'ai oublié le baiser ! Moi qui me demandais comment j'allais faire pour le regarder dans les yeux sur le plateau ou à nos futurs faux rendez-vous, comment je vais faire pour jouer une telle scène avec lui après ça ?

Peut-être que c'est une mauvaise idée finalement.

Son visage se ferme après que je l'ai comparé à Blake.

— Oh...

— Alors, tu vas m'aider ?

Il passe sa main sur son visage, contemple ma requête, secoue la tête et lâche d'une voix lasse :

— D'accord.

Le ton de sa voix m'indique qu'il n'est pas du tout emballé, il semble même d'un coup exaspéré... par moi ? Est-ce que c'est parce que je suis revenue le déranger alors qu'il a bien pris soin de m'ignorer après ce baiser qu'il doit amèrement regretter ?

— Bon, on commence ?

Incertaine de si je veux encore le faire maintenant que je sais que lui ne veut pas du tout, je hoche la tête. Je sors mon script de mon sac et lui disparaît dans sa chambre pour revenir avec le sien. Il s'assoit sur le divan, complètement à l'autre extrémité alors que d'ordinaire il s'assoit tout prêt de moi. Cela me confirme ce que je soupçonnais ; il regrette.

Ce n'est pas le moment de penser à ça Kenza. Concentre-toi.

Nous entamons la répétition de la scène qui suit celles que nous avons tournées lors de notre voyage.

Oh ! Peut-être avez-vous perdu le fil de l'histoire... voici ce que vous avez manqué :

Suite à la récente mort de son père et sa séparation avec Henry après la découverte de sa trahison (Henry lui avait caché que comme il reprenait les affaires familiales, c'était lui et non son père, le promoteur qui avait fait démolir leur librairie, leur rêve), Alice retourne dans la maison qui l'a vue naître, coutant la vie à sa mère.

Il s'agit d'une petite maison de campagne dont son père avait hérité avant de la vendre pour s'installer en ville et réaliser son rêve d'ouvrir une librairie, en honneur de sa défunte femme qui adorait les livres. Par chance, une vingtaine d'années plus tard, elle était de nouveau à vendre et avec l'argent donné par les Hilton pour raser les commerces de la rue où se trouvait la librairie, Alice est parvenue à la racheter.

Au moins, elle ne s'est pas retrouvée le coeur brisé pour rien. Ces quelques mois à jouer les aristocrates auprès d'Henry et des siens l'ont édifiée sur ce monde inaccessible. Plus inspirée que jamais, vivant des économies de son père et avec énormément de temps à tuer, elle s'est lancée dans la suite de son roman.

Henry lui, regrettant de ne pas avoir été honnête avec elle, l'a désespérément cherchée dans la ville où il l'a rencontrée, jusqu'à ce qu'il trouve où elle était allée se réfugier. Il se présente là-bas, la suppliant de lui donner une seconde chance, lui promettant de lui faire construire la plus grande librairie d'Amérique. Alice refuse de lui pardonner, mais est quand même assez attendrie pour le laisser passer la nuit à cause de l'heure tardive.

Vous pouvez imaginer la suite.

Non?

Tant pis, vous n'aurez qu'à regarder le film quand il sortira! ( )

Puis vient le moment de passer à la pratique. Bien évidemment nous gardons nos vêtements. C'est déjà assez embarrassant comme ça. Levi m'explique la manière dont Alice est censée toucher Henry, regarder Henry. Il corrige mes fautes lorsque ma performance semble irréaliste, surjouée ou pas assez intense. Par moments, la proximité et les contacts provoquent chez moi un trouble, des hésitations et cette irrépressible envie de me jeter de nouveau sur ses lèvres, de le sentir me toucher moi comme Henry touche Alice, mais Levi me rassure lorsque je m'excuse quand je sors de mon rôle, me donne le temps de me ressaisir, me souffle la prochaine réplique lorsque je l'oublie. Comme toujours, il est stoïque, il fait preuve d'un professionnalisme qui force l'admiration. Ses réactions à mon corps cherchant le sien, ses halètements et mots doux sont ceux d'Henry, adressés à Alice.

Sur le moment, j'eus voulu que ce soit les siens, adressés à moi.

— Je n'arrive toujours pas à croire que je vais me retrouver entièrement nue devant autant de gens, dis-je en descendant de sur lui.

— Tu ne vas pas être entièrement nue.

— Ah non ?

— Non, ricane-t-il. C'est pas un porno. Comme je t'ai dit, il y aura une coach en intimité. Son métier c'est de superviser ce type de scène. Elle fournira de quoi couvrir ce qu'on ne veut pas voir. Elle va aussi te montrer comment les mettre.

— Oh...

— C'est également pour éviter les... accidents.

— Accidents ?

ll lève les yeux vers moi, l'air de me dire « je ne vais quand même pas te faire un dessin ». Alors je comprends qu'il parle de ce qui se produit physiologiquement quand deux personnes sont dans une situation simulant un acte sexuel. Un sourire vient étirer mes lèvres.

— Ça t'est déjà arrivé ?

— Non.

Je perds mon sourire. Je ne sais même pas pourquoi j'ai posé la question. C'est frustrant, combien il est parfait sur le plateau. Il n'oublie jamais ses répliques et bien évidemment, son corps ne réagit pas face à celui d'une actrice nue devant lui.

Nous reprenons la répétition de la scène, le visionnement des prises et les corrections des erreurs. Je m'améliore visiblement, si bien qu'à moi aussi, la scène ne fait plus d'effet. Tout devient mécanique, artificiel, simulé.

Après quelques heures de pratique, Levi me raccompagne chez moi comme c'est souvent le cas après nos répétitions. Quand nous arrivons à la réception, je me tourne pour lui faire face. Levi me sourit et immanquablement, moi aussi.

— Quoi ?

— Tu crois que je ne me rends pas compte que tu me voles mes vêtements ?

Je regarde le pull que je porte et qui lui appartient. J'ai pris l'habitude de rentrer avec ses vêtements de chez lui, parce qu'ils sont si confortables et sentent tellement bon et en plus le style oversized me va à merveille. Pourquoi aller perdre temps et argent en boutique quand j'ai une deuxième garde-robe à ma disposition ?

— Tu veux que je te les rende ?

Il secoue la tête.

— J'aime te voir dedans. Mais si tu continues, je n'aurai plus rien à me mettre sur le dos. Comment je vais expliquer aux policiers que je ne suis pas un exhibitionniste, c'est ma copine qui m'a tout pris ?

Nous rions ensemble avant de nous jauger quelques secondes. Levi soupire.

— Kenza, à propos d'hier...

Oh mon dieu !

— Je suis vraiment désolé... j'ai enfreint la règle. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'espère que tu ne m'en veux pas-

— Non ! Non ! Ça va ! Je ne t'en veux pas.

Et tu n'es pas le seul à avoir enfreint cette règle.

Il semble soulagé.

— Ouf. J'avais peur que tu sois en colère et que tu veuilles mettre un terme à notre entente.

— Oh... non... pas du tout.

— Parfait. On peut simplement faire comme si ça ne s'était jamais passé ?

— D'accord. Ce n'était rien.

— Vraiment rien.

— Oui.

Nous nous regardons quelques secondes. Je sais au fond de moi que ce n'était pas vraiment rien. Ce baiser m'a fait ressentir tellement de choses merveilleuses et m'a obsédée toute la journée. Maintenant je ne peux plus le regarder sans que mes yeux fixent ses lèvres, attendant le moment où elles s'ouvriront de nouveau pour me demander :

« Je peux ? ».

— Bon, t'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi alors je vais te laisser, de toute façon, j'ai une plainte à gérer.

— Une plainte ?

— Pour voie de fait et diffamation.

— Qui a porté plainte ?

— Le bandeur de pixels, dit-il, la colère dans les yeux à la simple mention du type dont il s'est chargé hier.

— Oh... c'est grave ?

— T'en fais pas. Je vais m'en sortir... j'espère. Bonne nuit.

Il s'apprête à partir, mais je retiens son t-shirt. Il se tourne pour me questionner du regard.

— Ne devrait-on pas s'embrasser ?

Il inspecte les alentours.

— Il n'y a pas de caméra.

Je resserre ma prise sur son vêtement.

— On sait jamais. Elles pourraient être cachées.

— Elles ne sont pas cachées.

— Très bien cachées.

Il arque son sourcil droit, l'air peu convaincu, mais un sourire complice se dessine sur ses lèvres. Il passe sa main derrière ma nuque et glisse ses doigts dans mes cheveux pendant que l'autre prend ma taille pour la coller à lui.

— Juste parce que c'est pour de faux, souffle-t-il.

J'acquiesce, déjà sur la pointe des orteils, impatiente. Il dépose ses lèvres sur les miennes et m'offre un baiser de quelques secondes, mais ça suffit à libérer les papillons dans mon ventre. Il mordille ma lèvre inférieure et recule un peu son visage, juste assez pour que seuls nos nez se touchent.

— Bonne nuit, murmuré-je.

— Bonne nuit, trésor.


Levi
Elle craque de nouveau ses doigts, la nervosité la gagnant de plus en plus alors que nous entrons dans le studio où nous allons aujourd'hui tourner la scène que nous avons répétée il y a quelques jours. Ses sourcils se rencontrent au milieu de son front et sa poitrine se soulève frénétiquement.

Elle est morte de trouille.

— Ça va bien se passer.

— Je sais ! dit-elle légèrement agressive. Ce n'est pas la scène le problème.

— Quoi alors ?

— Je viens de réaliser que je vais me retrouver nue devant tous ces gens.

Je suis son regard inquiet vers les membres de l'équipe de tournage qui fourmillent un peu partout en préparation de celui-ci. L'écrasante majorité sont des hommes, à part Hannah, les maquilleuses, la costumière, la coach et une technicienne du son, il n'y a pas beaucoup de femmes puisque la scène ne requiert pas de figurants.

Ce ne doit pas être évident dans ses conditions pour une femme de se dévoiler ainsi, dans une scène aussi intime, surtout pour Kenza qui vient d'une culture très pudique. Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle ait menti sur quelque chose d'aussi sensible juste pour sécuriser son rôle. Je ne connais personne d'aussi déterminé qu'elle.

— C'est Hollywood, des femmes nues, ils en voient des dizaines dans leur carrière, personne ne fera vraiment attention à ton corps.

— C'est facile à dire pour toi ! T'es un homme !

Je ne sais pas quoi répondre à cela, alors je dis :

— Tu veux qu'on leur dise que tu n'es pas à l'aise ? Je peux le faire si tu veux.

— Tu ferais ça pour moi ?!

À ce stade, qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi?

Je hoche la tête. Ses grands yeux retournent vers l'équipe de tournage, la peur grandissant en eux. Mais elle fronce les sourcils et secoue la tête.

— Non. Je ne leur donnerai pas la chance de me critiquer sur mon professionnalisme. Je vais le faire !

J'ai envie de lui dire qu'on n'en a rien à faire du professionnalisme et de l'avis des autres si elle n'est pas à l'aise de se dénuder, mais ce serait parfaitement hypocrite de ma part. Kenza n'a pas droit à autant d'erreurs que les autres acteurs. Ce rôle est une fine corde raide sur laquelle elle marche pour se rendre jusqu'à son rêve, le mieux que je peux faire, c'est de l'aider à atteindre l'autre rive, mais l'encourager à se jeter dans le vide.

Dieu sait qu'on ne lui tendra plus de corde d'aussitôt.

Alors je lui souris simplement. Nous nous dirigeons vers notre loge, où nous nous changeons. Une petite heure plus tard, nous sommes sur le plateau et jouons le début de la scène, mais au moment où je tente d'entrer, elle me stoppe.

— Trouve une autre loge.

Je prends quelques secondes avant de comprendre. Alors je change de direction et vais dans la loge vide d'un des acteurs du film, absent aujourd'hui comme les autres. Là, je retire mes vêtements, me préparant pour la scène.

Il n'y a rien de mieux dans la vie que de voir ses sacrifices récompenser, de savourer le fruit de son travail et de la discipline. Devant le miroir, de la loge, c'est ce que je ressens en admirant mon corps tout en muscles.

Je n'ai pas vraiment l'habitude de jouer dans des films avec comme public les jeunes femmes. Ça c'est plutôt le style de Blake, de jouer les Casanova. Habituellement, je n'auditionne que pour des films d'action, des thrillers, l'horreur ou des drames, des films avec un peu plus de substance et de difficulté technique que les romances. Ça n'a jamais arrêté ces demoiselles de faire des montages me sexualisant pour leurs plus grands fantasmes. Alors c'est la première fois que j'ai mis autant d'attention sur mon physique, pour ne rien laisser à leur imagination débordante. Je dois avouer que ça ne me déplait pas, d'incarner le riche et séduisant Henry Hilton.

— Faut y aller.

Je me vêtis de mon costume et vais sur le plateau où je trouve Kenza déjà en pleine discussion avec la coach en intimité. Pour chaque scène de ce type, il y en a une, parfois même deux. Vu la sensibilité de la chose, et le fait que bien souvent, les acteurs ne sont pas en couple, leur présence est cruciale. Elles s'assurent que tout le monde est à l'aise sur le plateau, revoient avec nous la chorégraphie, s'assurent que nos protections couvrent correctement nos parties génitales et nous donnent des indications pour assurer le réalisme et sensualité de la scène.

— Mais comme vous êtes déjà ensemble, tout devrait être un peu plus facile, intercédé-je de leur conversation.

Aussitôt, Kenza et moi nous regardons, conscients que cela ne nous aidera en rien, mais nous acquiesçons en cœur. Elle nous laisse.

— Ne fais pas tout foirer, dis-je pour taquiner Kenza et détourner son attention de son angoisse.

— Je ne vais pas foirer. Je suis prête. Toi ?

— Bien sûr. Ce n'est rien pour moi ce genre de scène. Ce n'est pas la première fois.

— Oui, mais c'est la première fois que c'est avec moi.

— Et alors ? Je suis un pro, je ne me laisse pas troubler, peu importe avec qui je joue. Toi, par contre...

Elle me donne un coup pour me faire taire alors que je me moque d'elle. Les derniers préparatifs sont faits et nous amorçons le tournage de la scène.

J'entre dans la peau de Henry, et devant moi Kenza devient Alice. Nous discutons, rions, échangeons des regards lourds de désirs et puis Henry, captivé par la beauté d'Alice, illuminée par les flammes dansantes dans la cheminée en fond, fait le premier pas.

Le baiser d'abord timide devient fougueux, langoureux. Ses doigts se baladent sur la peau des cuisses d'Alice, soulevant la robe qu'elle porte sans rien en dessous, car au fond, elle espérait que ça terminerait ainsi.

Quelques cordons tirés suffisent à peine à retirer la robe d'Alice et-

Elle disparait.

Alice disparait.

À présent, c'est bel et bien Kenza que je vois devant moi et combien même je force mon esprit à la figurer dans son rôle, je n'arrive pas à faire fi du fait que c'est Kenza qui se tient presque nue devant moi.

Ce sont les seins rounds et fermes de Kenza qui se tiennent devant moi, c'est sa taille fine qui se dessine devant mes yeux, c'est le magnifique galbe de ses hanches qui introduisent les plus belles jambes qu'il ne m'a jamais été donné de voir. Le teint basané de sa peau est sublimé par la lueur dorée des flammes qui brûle près de nous. Ses longs et brillant cheveux cascade son temple de corps pour s'arrêter au niveau de son nombril.

Mon cœur cogne dans ma poitrine, comme s'il voulait en sortir pour se jeter contre sa poitrine. Le souffle coupé, je demeure hébété devant elle.

— Henry... ne me regarde pas comme ça, dit-elle avant de prendre ma main et de la poser sur son sein gauche, pas sans me toucher...

Je retire rapidement mes yeux qui s'étaient attardés trop longtemps sur son corps en réalisant que ce n'est pas dans le script. Elle a improvisé pour que la scène ne soit pas affectée par mon lapsus.

Mais qu'est-ce qui me prend ?! Faut que je dise la prochaine réplique!

— Euh...

C'EST QUOI LA PROCHAINE RÉPLIQUE ?!

— Henry ?

Je cherche dans ma mémoire ce que je dois dire ensuite, j'essaie même d'improviser moi aussi, mais aucune pensée n'habite mon cerveau depuis que la sensation de la douceur et de la chaleur de son sein y a éli domicile.

— COUPÉ ! LEVI ! TA RÉACTION ÉTAIT PARFAITE ET TU VIENS DE TOUT GÂCHER !!!!

Je me tourne vers l'équipe pour voir la déception dans le regard de tous. J'ai gâché la scène. Je me suis planté.

— ON LA REFAIT, RHABILLEZ-VOUS !! ordonne Hannah dans son mégaphone, dégoutée.

Le perfectionniste que je suis n'en revient pas et quand je me tourne vers Kenza qui a retiré ma main de sur elle, elle me sert un sourire narquois.

— « Ne fais pas tout foirer », souffle-t-elle, ravie que pour une fois, ce soit de ma faute.

Quand elle me tourne le dos pour aller se rhabiller, m'offrant une vue sur son cul, je me demande comment j'ai la certitude que la prochaine prise aussi sera un échec.

— On... on peut faire une pause ? Je suis pas prêt.

Coupé!

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